Pour toute réponse, Hallena se contente d’un hochement de tête et d’une moue boudeuse. J’ai bien remarqué cette expression démontrant son agacement à répondre à ma requête, mais je fais comme si de rien n’était.

Une fois vis-à-vis la représentation de la fontaine, elle me fait part d’une réalité qui me surprend :

« La pierre est bien présente, mais aucun objet n’est posé dessus… Pourtant… C’est étrange : on dirait que cette partie-ci non plus n’a pas été érodée par le temps. La pierre ressort très nettement de la représentation de la fontaine… »

(Aucun objet sur cette pierre…Je m’étais donc trompé !)

Mais avant que je ne puisse pousser plus loin ma réflexion, Anarazel fidèle à ses instincts suicidaires se précipite vers Hallena et sans préambule, il enfonce la pierre de son pouce.
Nous faisant face, d’une voix lasse et irritante, il nous explique que la pierre de la fontaine n’est que l’indice et que le dispositif de déclenchement se trouve en fait sur la murale. Son ton me déplaît et mon orgueil en prend un coup, il a réussi là où j’ai échoué. Je dois cependant admettre que ses déductions s’avèrent logiques. De plus, la pierre du bas relief a bel et bien bougé au contact de son doigt osseux.

(Que va-t-il se passer maintenant ?)

En réponse à ma question silencieuse, un déclic se fait entendre. J’ai beau examiner le bassin, je ne vois aucun jet, aucun écoulement, pas même une petite goutte d’eau jaillir de la fontaine. Mon regard se porte alors sur Ruméus qui ahuri, pointe son index vers Hallena. C’est avec le même étonnement que ce dernier, que la bouche grande ouverte je vois le bas relief monter progressivement vers le plafond pour y disparaître totalement, ne laissant qu’une statue de l’horrible individu démoniaque de nos songes. Celui-là même qui m’a troublé plus d’une fois et qui cette fois nous indique de son bras de pierre une gigantesque porte en forme d’arche.

(Une autre porte, encore une, mais en métal terni cette fois. Que cache-t-elle ?)

La première était surmontée d’un message codé, qui déchiffré contenait une énigme qui résolue nous emmena à une espèce de chambre de transition. La deuxième, de proportion normale, s’est ouverte simplement et nous a conduit à cette salle. Et enfin, celle-ci démesurément grande, qu’on pourrait croire qu’un géant habite la pièce attenante. Je redoute ce qui nous attend de l’autre côté, mais il est trop tard pour reculer, nous avons franchi trop d’épreuves pour renoncer maintenant. Je ne peux deviner ce qui se cache derrière ce mur, mais j’ai l’intuition que nous sommes prêts du but.
J’avance donc le premier vers cette immense issue. Une fois arrivée, je regarde mes compagnons.

« Et bien, je crois que nous y sommes. J’ai fait le choix de suivre les indications de cette statue bien que cela constitue un risque. Vous me suivez ou vous restez ? »

J’ai prononcé ces paroles afin de démontrer mon courage, mais l’intonation de ma voix a trahi malgré moi mon inquiétude. Je me saisis de la poignée, avant que me prenne l’envie de rebrousser chemin, et je jette un dernier regard vers Ruméus, souhaitant secrètement qu’il trouve un argument pour nous convaincre de rester ici.

Rosie :

La porte que tu pousses déçoit tes craintes de te trouver dans un labyrinthe : la pièce sur laquelle mène l’entrée par laquelle tu jette un regard ne mène à rien d’autre qu’une antique cuisine abandonnée, très sombre. De taille assez importante, sans pour autant égaler la pièce dans laquelle tu te trouves actuellement, elle est encore munie de plusieurs tables, brisées pour certaines, entière pour d’autres. L’une d’elle semble même avoir été laissée là avec de la nourriture en préparation, ce qui ne se témoigne plus que par un tas verdâtre de pourriture qui se répand lentement au bois de la table, remplissant l’atmosphère d’une odeur nauséabonde et repoussante. Quelques couteaux émoussés, un âtre depuis longtemps éteint, des marmites, casseroles, plats et couverts en tout genre, voilà tout ce qui s’offre à ton regard…

Mathis :

Hallena, à la plus grande surprise, est la première à répondre :

« Nous venons… Il serait ridicule de reculer maintenant. »

Par le ‘nous’, elle évoque sa personne et son aigle, très certainement…Ou toute l’équipe. Anarazel, lui, arrive à ta hauteur sans rien dire, te regardant d’un air sévère avant de se placer devant la porte, à tes côtés. Ruméus met plus de temps et soupire, mais ne trouve visiblement rien à dire… aussi se contente-t-il d’opiner lentement du chef et, brandissant son arc, il avance à votre suite. C’est alors qu’un cri retentit de l’entrée du hall :

« Bordel !! Attendez Rosie ou j’vous étripe ! »

C’est Shrez’Zarth qui arrive, furibond, la lame à la main, en trottinant vers vous…

Mais la porte est poussée, sous l’impulsion de Mathis qui a tourné la poignée. Elle s’ouvre dans un sourd bruit de frottement, laissant place à un spectacle inattendu et hors du commun… La salle d’Esprit…



[Vous ne serez considérés comme présents dans la salle d’esprit que lorsque vous y aurez posté votre entrée. Tout ce qui se dit avant dans cette salle n’est pas audible par vous. (donc tout ce qui s’est dit avant votre post es inconnu de votre personnage.) Vous pouvez continuer à poster ici, ou dans la Salle d’Esprit, selon votre bon vouloir, et les actes de vos personnages…]

Main sur la poignée, je n’ai pas longtemps à patienter. Hallena, alors que je ne m’y attendais pas est la première à me donner son avis.

« Nous venons… Il serait ridicule de reculer maintenant. »

Perplexe, je regarde cette ravissante femme :

(Nous venons…)

Elle parle ainsi d’elle et de son compagnon ailé ou bien de notre équipe d’aventuriers ?

(Nous…)

Sommes-nous devenus un nous ? Formons-nous à présent une vraie équipe ? Avons-nous cette confiance réciproque qu’ont entre eux les soldats qui forment le même détachement ? Cette adversité à laquelle nous avons été confrontée, nous a-t-elle rapprochés au point que nous serions prêts à sacrifier nos vies pour sauver l’un de nous ?

(Sacrifier ma vie pour l’un d’eux ! Ma précieuse vie ! Non… non, non et non.)

Si une équipe s’est formée et bien je ne peux en faire partie sous ces conditions. Ce serait par contre mentir que d’insinuer que je ne me suis pas attaché à ces femmes exquises ou encore de nier que je respecte ce guerrier musclé que je trouve tout de même trop parfait. Mais de là à sacrifier ma vie, il y a un fossé que je ne traverserai. Si j'étais dans la peau du drow, avec un si petit cerveau, je penserais sûrement autrement, mais ce n’est heureusement pas le cas; ma belle âme intelligente habite un corps des plus splendides.

Ruméus et Anarazel sont maintenant à mes côtés. Le premier, non sans avoir hésité et soupiré démontrant ainsi sa désapprobation; le second, conservant le mutisme dans lequel il est retombé après avoir poussé la pierre du bas-relief.

Avant que je n’aie le temps de me questionner sur l’absence du drow, celui-ci apparaît à l’embrasure de l’une des portes latérales, et tout en courant vers nous et conservant les bonnes manières qui lui sont coutumières, il nous crie aux oreilles :

« Bordel !! Attendez Rosie ou j’vous étripe ! »

« Rosie ! »

Tout en prononçant son nom, je la cherche du regard. Elle n’est effectivement pas parmi nous, elle doit être dans cette pièce où le drow semble émerger à l’instant. Trop occupé par la fontaine et le bas relief, je ne me suis pas aperçu de l’absence de celle-ci.
Et bien, en voilà un qui se sacrifierait pour l’un de nous, où plutôt l’une de nous. Par conséquent, je crois de plus en plus que l’équipe dans laquelle il veut être ne comporte que deux membres. Shrez semble vraiment épris de Rosie et je le comprends bien, elle est intelligente, très jolie, douce, intentionnée, tout le contraire de lui. , Pour ma part, je considère cette jeune demoiselle comme la petite sœur que j’aurais aimé avoir. Je suis le premier à l’avoir connue et c’est sa générosité de cœur qui m’a épargné des coups supplémentaires. J’ai une dette envers elle, dette dont je ne me suis pas encore acquitté.

« N’aie crainte, Shrez, je ne partirai pas d’ici sans Rosie, je vais l’attendre moi aussi. »

Dans l'attente de Rosie pour traverser l’immense porte noire ternie, je fixe donc celle par laquelle j’ai vu le drow arriver.

La vue qui s’offrait à Rosie était autant rassurante que décevante. Derrière cette porte, il n’y avait qu’une pièce désolante, encore plus même que la précédente. Alors que la première pleurait sa solitude, celle-ci était carrément déchirée par l’abandon. La jeune fille s’avança dans ce qui avait été jadis une cuisine. Maintenant, ce n’était que pourriture et poussière. Même dans la noirceur qui hantait les lieux, elle arrivait à distinguer ses nombreuse tables de bois abîmé autour desquelles devait autrefois s’activer toute sorte de gens tous prêt à satisfaire ceux qui séjournaient dans la salle voisine. Aujourd’hui il ne restait de leur travail que quelques restants de nourriture demeurés sur l’une de ces tables, condamnés à verdir. Dans chacune des pièces qu’elle avait visitées en cette tour de corail, la jeune fille avait remarqué que le mobilier et les biens étaient tous demeuré en ces lieux. On n’avait pas jugé bon de transporter tout cela avec soi. Quoi que ça n’aurait pas été évident puisqu’ils se trouvaient dans les profondeurs de l’océan, mais tout de même. Le fait que de la nourriture fut abandonné en cours de préparation donnait beaucoup plus l’impression que tous ces gens avaient dû quitter la citadelle en hâte suite à une menace. Sois ils avaient fuit les lieux, sois ils y sont tous mort.

« Mais pourquoi ? »

Mérové l’avait suivit dans la pièce, poussant à plusieurs reprise de petits gémissements, témoignant son dégout face à l’odeur putride qui flottait dans la cuisine obscure. Il s’assit lourdement au côté de Rosie qui posa sa main sur son crâne tout velu pour le caresser gentiment entre les oreilles alors qu’avec l’autre main, elle sortit sa lampe, réveillant les petites créatures luminescente qui y vivaient. Même avec un peu plus de lumière, la scène était toujours aussi inintéressante. Tout en soupirant, elle lâcha l’ours pour soulever du bout des bois, une vieille cuillère de bois qui avait pris l’humidité.

« Hieuk! Tu as faim Mérové? Il y a comme une bouillit verte là bas. »

À ces mots, elle laissa tomber l’ustensile de bois qu’elle tenait toujours, alors que l’ours répondait d’un grognement profond signalant qu’il n’avait pas du tout envie de ce truc grouillant de petites créatures microscopiques.

« On devrait retourner rejoindre Shrez et les autres. J’ai peur de ce qui peut bien leur être arrivé. Je ne sais pas ce qui a bien put ce produire pour qu’il y ai un tel vacarme, mais je sens qu’on a peut être besoin de nous. »

L’adolescente rangea sa lampe, après avoir remercié ses amies minuscules, et s’approcha de Mérové toujours assis, les yeux brillant malgré la pénombre. Elle prit sa belle grosse tête ronde entre ses mains plongeant ses yeux d’émeraude, dans les puits de soleil qu’étaient ceux de l’animal.

« Je suis désolé que sitôt sortit d’une prison de pierre, tu sois déjà confronté à un nouveau combat. Je ne te force pas à venir. »

Malgré cela, Rosie sut lire dans les yeux de Mérové que tout comme elle, il ne partirait sans elle pour rien au monde. Et c’est avec soulagement que, les mains toujours plaqué contre la tête de l’ours, elle posa un léger baiser sur sa truffe noire et humide.

« Avec toi dans notre camp, on n’est que plus fort. »

À son tour, l’énorme bête lècha du bout de la langue le nez de la jeune fille, la faisant rire.

« Allons-y. »

Elle sortit de la cuisine, imiter par la bête qui avançait d’un pas incroyablement silencieux pour sa masse. Alors que les pieds de la semi-elfe claquaient contre le dallage, les immense pattes poilus de Mérové semblaient étouffer le son de chacun de ses pas. Seuls sa respiration et ses reniflements trahissaient sa présence. De nouveau dans la pièce ou ce dernier avait si longtemps séjourné dans sa prison de pierre, lui et Rosie allèrent vers la porte qui menait à la grande salle où la jeune fille et les autres aventuriers étaient entrés. Elle l’ouvrit et la traversa toujours suivit de son fidèle compagnon.

Il fallait faire vite.

Enfin, je vois apparaître Rosie dans l’embrasure de la porte latérale, mais elle n’est pas seule, derrière elle une imposante masse brune semble la suivre.

(Mais que vois-je ?... un ours ?)

« Un ours ! »

Au même moment que ce cri est sorti de ma bouche, ma main droite empoigne Persévérance et la retire de son fourreau. Dague en main, je suis prêt à me défendre.
Et oui, un ours en plein océan, sous des centaines de mètres d’eaux dans une citadelle abandonnée depuis des lustres. Et pas n’importe quel ours, un énorme, un mastodonte. D’ordinaire, j’aurais admiré cette magnifique fourrure brune avec ses reflets blonds cendrés, cette grosse bosse musclée au-dessus de ses épaules qui donne la force à ces membres antérieurs pour blesser tout adversaire, et que dire de cette truffe, seule tache noire dans cette tête massive et ronde. Il s’agit en effet d’un magnifique spécimen, mais en ce moment, c’est mort devant un feu de foyer que je voudrais le contempler et surtout pas derrière ma petite Rosie qui, à la course, tente de nous rejoindre.
Sans quitter des yeux Rosie et l’ours qui la poursuit, j’ai trouvé le moyen de me débarrasser de cet opportun. Dès que Rosie nous aura rejoints, j’empêcherai l’animal de nous suivre en l’attaquant de ma nouvelle acquisition. Je sais que je ne serai pas seul, Ruméus et Hallena et même Anarazel m’apporteront leur aide.

(Mais si elle ne parvient pas jusqu’à nous ?)

Pas de doute à ce sujet, elle y parviendra. De toute façon, notre fidèle guerrier cornu a déjà brandi son arc, il est prêt. Si Rosie est en danger, il n’aura qu’à tirer un trait.
Quant à ce drow d’ordinaire toujours prêts à tout défoncer et tout massacrer, il a laissé une de ses équipières seule avec ce bétail et a préféré sauver sa peau. Je ne comprends rien à rien, je l’ai pourtant vu se battre auprès des pirates des plus féroces et je n’ai jamais observé la peur dans ses yeux, au contraire on y voyait même un certain plaisir malsain.

(Pourquoi a-t-il agit ainsi alors?)

Et moi qui croyais qu’il avait un faible pour notre demi-elfe encapuchonnée de rouge, je me suis bien gouré. Même moi, pour qui ma personne passe en premier, je n’aurais pas laissé cette jeune demoiselle seule avec le monstre; je n’aurais sûrement pas défié cette bête sanguinaire, mais au moins j’aurais apporté la jeune femme avec moi dans mon escapade.
Déterminé et en colère, je me tourne vers le drow et cette fois c’est moi l’enragé qui lui crie ces paroles au visage :

« Shrez, bon sang, tu n’es pas foutu de t’occuper décemment d’une femme, au lieu de porter secours à Rosie, tu as pris la fuite devant cet ours ! »

En voyant l’ours arriver, comme prévu par la pensée déductive de Mathis, Ruméus lève son arc en direction de l’animal et y encoche une flèche, prêt à la faire fondre sur le compagnon de la demoiselle en rouge. Il semble hésiter, de peur de toucher Rosie, sans doute, dans sa course. C’est alors qu’Hallena crie :

« Non !! »

Elle s’approche du guerrier casqué en courant et pose son bras sur son arme alors que son aigle la rejoint pour se nicher sur son épaule. Elle regarde sévèrement Ruméus et dit cette fois d’une voix froide :

« Non… Cet ours n’est pas un ennemi… »

Pendant ce temps, la remarque de Mathis a fait un effet surprenant sur Shrez. Enfin… Pas si surprenant que ça si on tient compte de son caractère violent et colérique. Aussitôt les dernières paroles de l’humain prononcées, il se précipite vers lui avec un rictus haineux et l’empoigne tout bonnement, le soulevant de terre en saisissant son col de ses deux poings serrés, fixant avec rage le visage du voleur kendran.

« Toi, l’intello, t’avise pas de me juger sur mes actes. J’ai été le seul à la protéger, lorsque vous étiez tous ici. Alors ferme-la, sinon c’est toi qui devras fuir… »

Anarazel, resté près de la large porte menant vers la Salle d’Esprit, pousse un soupir et s’exclame avec fatalité :

« Bon… Maintenant que les joyeuses retrouvailles sont passées, si on avançait ! »

Et suivant son propre conseil, il passe dans l’immense salle Esprit, alors que Shrez repousse violemment Mathis en grognant…

Lorsque Rosie poussa la porte c’est avec grand étonnement qu’elle constata que le bas relief qui tapissait le mur du fond un peu plus tôt, n’y était tout simplement plus. En y entrant la première fois, elle n’avait pas prêté vraiment attention au objet dans la pièce, mais elle n’aurait tout de même pas put manquer de voir, ne serais ce du coin de l’œil, cette énorme fresque abîmée pas les années et la solitude. Elle avait disparut. À la place il ne restait qu’une troisième porte incroyablement grande et une statue dont les traits n’auraient au grand jamais échappé à la semi-elfe. Ce regard inhumain, cette froideur, ces étranges… moustache?

( L’homme... ou plutôt la créature du rêve. )

La simple vision de cet être obscure dans son costume tout aussi sombre, la main tenant un bâton qui ne rappelait que la mort, devenais insupportable aux yeux de l’adolescente. Tout au long de la quête, Il avait toujours été présent sans l’être vraiment. Déposant ici et là embuche et danger, offrant même à certain, la mort. Elle lui en voulait de jouer de la sorte avec des vies. Combien encore y passerons afin qu’il satisfasse sa soif de sang. Quand est ce que ce petit jeu meurtrier s’arrêtera, s’il peut s’arrêter un jour. La jeune fille sentit un frisson lui traverser l’échine. Devant cette statue elle aurait tout aussi bien put se retrouver face au vrai personnage, la sensation aurait été la même. Cet effroi qui vous glace le sang, vous paralyse les muscles et altère la raison.

C’est alors que dans son dos, Rosie sentit Mérové la pousser doucement du bout du museau, laissant échapper un reniflement. C’est d’ailleurs à cet instant que Rosie remarqua enfin et pour la première fois, la présence des autres aventuriers près de la troisième porte. Ils allaient partir, et sans elle.

( Non attendez! )

Alarmer, elle se mit à courir en leur direction sans vraiment penser que la présence d’un ours à ses côtés pouvait être plutôt déstabilisant et inquiétant. D’ailleurs, elle comprit son erreur lorsque Ruméus souleva son arc prêt à abattre le pauvre animal qui ne tarda pas lui-même à comprendre la menace lançant un râlement inquiet. Elle était trop loin pour l’arrêter, elle ne pouvait rien faire, d’un instant à l’autre une flèche se ficherait dans l’ours et par les compétences qu’avait démontrées Ruméus au cours de l’aventure, il n’y avait pas à douter qu’il réussirait à l’atteindre. La vision de la jeune fille devint trouble sous les larmes qui s’accumulaient dans ses yeux, jusqu’à en devenir complètement aveugle.

( Non )

Elle allait se jeter sur l’ours afin de le protéger tout en s’époumonant pour que l’archer cesse son attaque, mais quelqu’un réagit plus vite.

« Non !! »

Cette voix appartenait à une femme, c’était Hallena. Rosie pouvait l’entendre d’où elle était.

« Non… Cet ours n’est pas un ennemi… »

À ces mots, l’adolescente se sentit devenir molle après avoir passé aussi près d’une tragique perte, erreur qu’elle ne se serait jamais pardonné. D’un seul coup, les larmes quittèrent ses yeux pour s’affaler sur ses joues et lorsqu’elle arriva enfin à leur hauteur, dans un élan de reconnaissance, sauta dans les bras de celle qui avait sauvé la vie de Mérové et peut être même la sienne par la même occasion, et la sera aussi fort qu’elle le pouvait, la joue humide contre son épaule.

« Merci. »

Elle qui n’avait jamais vraiment apprécié cette femme au tempérament froid et distant, elle éprouvait maintenant une énorme reconnaissance ainsi qu’un sentiment de respect à son égard. Il semblerait que cette femme s’intéressait un peu aux autres de temps en temps. Soudain, un déclic se fit dans le cerveau de l’adolescente qui, l’instant d’après, s’écarta rapidement gênée elle-même par le geste qu’elle venait de poser.

« Désolé, je voulais pas… »

Toutefois, cette gêne fut brève, rapidement oublié à la vue de la confrontation qui avait lieu juste à côté entre Shrez et Mathis. Rosie ignorait complètement ce qui s’était passé, mais elle était certaine que l’humain avait bien dû raconter quelque chose qui déplut au drow pour que ce dernier l’empoigne ainsi. À ce même instant, Anarazel sembla reprendre vie un instant, poussant une réplique où on pouvait lire toute son impatience avant de disparaître derrière la porte devant laquelle ils se trouvaient tous. Pendant ce temps, l’ours, de ses yeux de miel, fixait Ruméus d’un air menaçait et après un bref regard en direction de sa nouvelle amie, ouvrit doucement sa gueule, présentant discrètement ses dents à l’humain qui plus tôt, menaçait de l’abattre de son arc, tout en laissant échapper un léger grognement grave et profond. Malgré sa tentative de ne pas se faire voir, son geste n’échappa à Rosie qui lui jeta un regard sévère qui le sommait d’arrêter. L’ours fixa d’un mauvais œil l’homme casqué avant de trottiner joyeusement en direction de la jeune semi-elfe comme si rien n’était. Cette dernière lui déposa quelques mots dans l’oreille.

« S'il te plait ne lui en veut pas, il voulait me venir en aide. »

Toujours pas tout à fait convaincu, l’animal jeta un dernier regard soupçonneux en direction de Ruméus. Mais Rosie n’y prêta pas attention soudainement troublée par Shrez dont le cerveau fulminait toujours. Mathis et Anarazel avaient déjà traversés, imités rapidement des deux autres. La demi-elfe s’approcha donc de l’elfe à la peau sombre et lui agrippa le poignet le tirant doucement avec elle vers la porte.

« Allons-y-nous aussi. »

Elle le relâcha une fois la porte passer et entra alors dans une pièce qu’elle n’aurait jamais crut pouvoir exister, suivit du drow et bien sûr de Mérové qui désormais ne serait jamais bien loin de la fille en rouge.