La nuit ayant été très calme, Parnalia se réveilla au chant du coq en même temps que les autres étudiants en songeant au fait qu'elle n'avait pas eu de si bonne couche sous un toit solide depuis longtemps.
Comme le lui avait conseillé Satomi, elle se départi de ses bijoux et en particulier de son diadème avant de sortir du dortoir, même si cela ne changeait pas grand chose à ses yeux. Elle prit ensuite un frugal repas qui se déroula dans le silence, chacun commençant déjà à se concentrer sur les exercices de méditation à venir.
Une nouvelle journée commençait.

Mais la jeune lyikor fut stoppée dans son élan en entrant dans le jardin savamment élaboré : un individu l'y attendait et lui fit signe de s'approcher.
Il s'agissait d'un homme de taille moyenne aux cheveux noirs coupés ras, habillé d'une façon similaire à maître Tanaka et qui lui empruntait visiblement aussi son allure strict et son visage rogue.
A voir la déférence avec laquelle les professeurs et les étudiants le regardaient, il devait s'agir d'une personne haut-placée dans cette école de magie.
L'homme examina rapidement la fujonienne puis se fendit enfin de quelques mots après s'être éclairci la gorge.

"Suivez moi s'il vous plait."

Elle obtempéra sans poser de question, craignant que ce personnage ne se soit également inspiré du caractère taciturne du directeur de l'école.
Elle le suivit jusqu'à un bâtiment que sa nouvelle amie Satomi lui avait décrit comme étant le bureau de Monsieur Shitashima, le vice-directeur.
L'homme se déchaussa avant d'entrer et Parnalia se contenta de frotter un peu ses pattes calleuses à l'entrée, pour la forme.
Répondant à l'invite de l'étrange personnage, elle s'installa sur un siège au milieu d'une pièce regorgeant de documents rangés avec un soin maniaque.
Puis elle attendit sagement qu'il prit la parole.

"Je suis Monsieur Shitashima. On m'a dit que vous veniez d'arriver ici et que vous vouliez intégrer l'école. Suis-je dans le vrai?"

Parnalia lui répondit avec déférence et retenue, curieuse des intentions de son interlocuteur.

- Tout à fait. J'avais remis une lettre de recommandation à maître Tanaka, mais je craint qu'il n'en ai pas pris connaissance.

-Message Guilde pour Parnalia-

Monsieur Shitashima t'écouta, la main sur le menton comme s'il réfléchissait. Il ne répondit pas immédiatement, semblant là encore réfléchir, imposant un court silence par la même occasion. Décidément, les habitants de cette ville, ou du moins de cette école, n'avaient pas l'air d'être des moulins à parole.

"Je comprends. J'imagine que cette lettre vous a été remise par quelqu'un de l'Obédience. Voyez vous, Maître Tanaka a toujours refusé d'enseigner la magie à ceux qui ne le méritaient pas. Nombre de fils sont venus avec les recommandations de leurs parents, mais s'ils n'étaient pas prêts, que le père fusse manant ou prince, ils n'étaient pas admis. Celui qui est digne d'apprendre n'a pas besoin d'être recommandé par qui que ce soit."

Il marqua une très courte pause avant de continuer son explication:

"D'où vous venez cela est peut-être bien vu, mais ici c'est un signe de lâcheté. Vous avez bien de la chance que Maître Tanaka ne vous ait pas mise dehors... Comme vous l'avez vu nous accueillons peu d'étrangers ici. La plupart des étrangers préfèrent apprendre à Kendra Kâr ou à Tulorim. L'enseignement que nous pratiquons est ancestral et propre au peuple d'Oranan. Je ne dis pas ça pour vous mettre mal à l'aise, mais uniquement pour vous prévenir."

"Pour revenir au sujet qui nous intéresse, faîtes vous déjà partie de la Nouvelle Obédience?"

S'il imitait dans son attitude maître Tanaka, le vide-directeur de l'école de magie semblait par contre être d'un tout être tempérament : en effet, bien qu'il tourna sept fois sa langue dans sa bouche avant de prendre la parole, lui au moins n'était pas avare en explications.
Il annonça ainsi à Parnalia que le maître n'était pas du genre à prendre en compte les lettres de recommandation et que seule comptait le potentiel réel d'un étudiant à ses yeux, et qu'elle avait eu de la chance d'être acceptée dans ces conditions.
La lyikor marqua la confirmation de son impression première à ce sujet d'un léger hochement de tête. Après une légère pause, monsieur Shitashima poursuivit, semblant analyser le silence même de la réponse de la jeune femelle.

"D'où vous venez cela est peut-être bien vu, mais ici c'est un signe de lâcheté. Vous avez bien de la chance que Maître Tanaka ne vous ait pas mise dehors... Comme vous l'avez vu nous accueillons peu d'étrangers ici. La plupart des étrangers préfèrent apprendre à Kendra Kâr ou à Tulorim. L'enseignement que nous pratiquons est ancestral et propre au peuple d'Oranan. Je ne dis pas ça pour vous mettre mal à l'aise, mais uniquement pour vous prévenir."

Mais il ne doit pas y avoir d'aussi bon maître dans ces villes, sinon Dame lizza m'y aurait sûrement envoyé.

- Je vous comprend, l'élitisme est une façon de préserver la pureté d'un enseignement.

"Pour revenir au sujet qui nous intéresse, faîtes vous déjà partie de la Nouvelle Obédience?"

- Non, et je vous saurai gréé, maître Shitashima, de m'en dire davantage à ce sujet. D'après ce que j'ai compris, il s'agirait d'un groupe prônant la neutralité de la magie.
Mais pourquoi y-aurait-il besoin de défenseurs pour cette cause ? La magie n'est-elle pas neutre par essence ?

Le tour que prenait la conversation intriguait et interessait beaucoup Parnalia, car elle avait du mal à accepter le fait que la capacité à manipuler les flux magiques n'était pas aussi développée chez les humains que chez son peuple où la plupart des individus vivaient sur un pied d'égalité.
Encore un fossé culturel...

-Message Guilde pour Parnalia-

Le mage répondit avec une pointe d'émotion, bien cachée certes, mais visible néanmoins, comme si le sujet lui tenait à cœur.

"La magie est neutre en effet. Ce qui compte, c'est celui qui l'utilise, tout comme une épée peut servir à protéger un peuple ou à l'asservir. Beaucoup pensent, à tort, que la magie est un don des dieux et que donc pour utiliser un élément il faut servir le dieu qui arbore ce même élément. Mais les fluides sont antérieurs même au dieux, ils sont l'essence, la voie de l'existence. Utiliser la magie, c'est servir le monde, non pas une idéologie."

"Un autre problème ce n'est pas la neutralité de la magie, mais celle des régnants. La Nouvelle Obédience de la Magie a été crée pour donner aux mages leur indépendance, pour qu'ils puissent ne servir que leur art et non des maîtres mortels. C'est ce à quoi nous œuvrons. Maître Tanaka est d'ailleurs l'un des trois membres du conseil de la Nouvelle Obédience."

Au-dehors la vie de l'école avait repris, on entendait parfois les enseignants donner des conseils à leurs élèves, leur montrant la voie de la magie dans toute sa splendeur, débarrassée de siècles de souillure et de démagogie, de dogme et de politique.

Le vice-directeur avait répondu avec une pointe d'émotion tout à fait inhabituelle qui n'avait pas échappée à Parnalia.
Elle ne pouvait pourtant expliquer comment un sujet d'ordre aussi général pouvait affecter l'homme assis en face d'elle. L'heure n'étant pas aux questions personnelles, elle décida de fermer sa grande gueule, pour une fois.

"La magie est neutre en effet. Ce qui compte, c'est celui qui l'utilise, tout comme une épée peut servir à protéger un peuple ou à l'asservir. Beaucoup pensent, à tort, que la magie est un don des dieux et que donc pour utiliser un élément il faut servir le dieu qui arbore ce même élément. Mais les fluides sont antérieurs même au dieux, ils sont l'essence, la voie de l'existence. Utiliser la magie, c'est servir le monde, non pas une idéologie."

La lyikor comprenait à présent le raisonnement de son interlocuteur, même si elle n'avait jusqu'à présent pas eu à témoigner d'une utilisation criminelle de la magie.
Elle ne digéra pourtant pas la réfutation de la nature divine des fluides magiques. Celui ou celle qui les employait n'empruntait-il pas une part de la force de la nature pour la remodeler ? Ne s'agissait-il donc pas de puiser à la source même du pouvoir de la Mère et du Père, sources de toute vie en ce monde ?
Parnalia s'arque-bouta mentalement contre cette hypothèse qui allait à l'encontre de ce qu'on lui inculqué depuis sa plus tendre enfance, mais laissa maître Shitashima poursuivre son propos.

"Un autre problème ce n'est pas la neutralité de la magie, mais celle des régnants. La Nouvelle Obédience de la Magie a été crée pour donner aux mages leur indépendance, pour qu'ils puissent ne servir que leur art et non des maîtres mortels. C'est ce à quoi nous œuvrons. Maître Tanaka est d'ailleurs l'un des trois membres du conseil de la Nouvelle Obédience."

La révélation de l'existence d'une telle organisation pour lutter contre des problèmes à grande échelle qu'elle n'aurait pas pu imaginer il y a peu laissa la lyikor songeuse.
Un rassemblement de magiciens luttant pour instaurer ce que les siens pratiquaient inconsciemment depuis des lustres, cela avait de quoi faire sourire.
Il s'agissait là d'une cause noble opposant des êtres civilisés contre d'autres, tandis que des sauvages vivaient tranquillement cet état de fait de leur côté. C'était risible.

Le silence s'installa peu à peu et les bruits des différents exercices de méditation filtrèrent à travers les vitres du bureau : ordres, sifflement du vent, conseils...
Parnalia comprit que c'était à elle de reprendre la parole.

- Je trouve cet engagement envers la liberté de la magie admirable, même si j'ignorais jusqu'à présent qu'il exista de tels problèmes quant à son utilisation. Les lyikors n'ont jamais eu à y faire face, probablement à cause du fait que nous sommes peu nombreux. Si je peux vous aider pour cette noble cause, je le ferai.
Maintenant, maître Shitashima, pourriez-vous me dire exactement pourquoi vous m'avez fait mandé ?

-Message Guilde pour Parnalia-

"Oui, il est vrai que les lykors, tout comme certaines ethnies nomades ne faisant pas partie du jeu politique, sont moins touchés par cet état de fait. Moins touché ne veut hélas pas dire non touché. Les groupes indépendants ont en effet beaucoup de mal à découvrir d'autres voies de la Magie que celle qui est traditionnelle à leur peuple, et de ce fait leur maîtrise est limitée. Cela est aussi vrai pour nous, mais en luttant ainsi pour une alliance des magiciens sans entrave, nous favorisons le transfert de connaissance, et la diffusion de la magie avec le moins de limites possibles. C'est peut-être abstrait, mais je suis certain que vous vous ferez bientôt une idée sur la question."

Ses explications terminées, il passa à un sujet bien plus pragmatique, à savoir ton intégration à l'Obédience, qui était un temps soit peu ritualisée.

"Je voulais voir avec vous si vous pouviez faire partie de notre école et de l'Obédience. Maître Tanaka a déjà jugé que aviez le potentiel, mais il vous faut comprendre notre cause avant de l'adopter. Je viens donc vous apporter un choix: nous pouvons à dater de ce jour faire de vous une membre de l'Obédience. Cela voudra dire que vous œuvrerez à l'indépendance de la magie et à la diffusion de la connaissance, en profitant bien sûr de notre influence et de notre savoir. Si vous préférez ne pas vous investir, vous pourrez tout de même suivre l'enseignement qui est prodigué aussi, mais moyennant une rémunération financière pour couvrir nos frais."

"Vous n'êtes bien sûr pas obligée de choisir maintenant, vous avez le temps de la réflexion. Cet engagement est important pour vous comme pour nous, il se doit d'être mûri et d'être sincère."

Il se tut une nouvelle fois, te laissant le temps d'absorber toutes les informations qu'il t'avait communiquées. Cela ne lui semblait en rien naturel d'autant s'étendre sur des explications, mais il semblait être habitué à donner ce discours, certainement nécessaire pour les nombreux pratiquants peu au fait de la philosophie de la guilde. Dans tous les cas, il semblait sincère dans ses paroles.

Maître Shitashima se fendit d'une explication encore plus longue concernant les objectifs de la Nouvelle Obédience à la Magie reprenant les principaux points de sa précédente réplique : désir de faire comprendre les bienfaits de la magie même à ceux qui y étaient farouchement opposés, tenter de l'étudier et de la faire partager dans la pluralité de ses formes...
Parnalia remarqua néanmoins qu'il ne faisait aucune référence au châtiment qui attendait les magiciens déviants. sans doute était-ce là un sujet à passer sous silence pour le moment, même si l'humain semblait d'humeur pédagogue.
L'humain passa ensuite au plat de résistance de la conversation, à savoir le désidérata de la guilde envers la lyikor.

"Je voulais voir avec vous si vous pouviez faire partie de notre école et de l'Obédience. Maître Tanaka a déjà jugé que aviez le potentiel, mais il vous faut comprendre notre cause avant de l'adopter. Je viens donc vous apporter un choix: nous pouvons à dater de ce jour faire de vous une membre de l'Obédience. Cela voudra dire que vous œuvrerez à l'indépendance de la magie et à la diffusion de la connaissance, en profitant bien sûr de notre influence et de notre savoir. Si vous préférez ne pas vous investir, vous pourrez tout de même suivre l'enseignement qui est prodigué aussi, mais moyennant une rémunération financière pour couvrir nos frais."

L'offre surprit beaucoup Parnalia : elle qui était venue de si loin pour apprendre et perfectionner ses pouvoirs, voilà qu'on lui proposait de rejoindre une organisation pour la défense de la magie !
La proposition était alléchante : pouvoir accéder au savoir des maîtres de magie plus aisément, pouvoir escompter avoir un toit au-dessus de la tête dans les grandes villes le jour où elle repartira à l'aventure...
Mais il restait la question des droits et des devoirs.

- Votre proposition m'honore, maître Shitashima. Je vous promet de ne pas décevoir la confiance que maître Tanaka et vous placez en moi si je rejoins votre organisation.
Mais je souhaiterai néanmoins savoir quels seraient mes devoirs envers celle-ci : il est clair que je n'ai pas l'expérience nécessaire pour enseigner, alors que pourrais-je faire pour me rendre utile ?

Parnalia attendit la réponse, les oreilles dressées. Selon la nature de celle-ci, elle se déciderait à rejoindre ou non la Guilde dont l'objectif et les moyens lui plaisaient déjà.

-Message Guilde pour Parnalia-

Une fois que tu eus fini de parler, l'homme se leva, se dirigeant vers un petit meuble sur lequel était posé un pichet et de toutes petites coupes, bien loin des pintes de Dahràm. Il apporta aussi bien le récipient que deux coupelles, les remplissant d'un liquide blanc qui semblait encore tiède. Il t'en proposa une, avant de lui-même vider sa coupe.

"Vous avez raison, vous ne pourrez bien pas commencer par enseigner, il vous faudra apprendre avant, cela va sans dire. Par contre il y a toujours de nombreux besoins qui ne concernent pas directement l'aptitude magie. Il peut s'agir de rechercher des artefacts, d'aider des membres dans leurs activités, aider des populations faisant appel à nous."

Il marqua une courte pause, avant de reprendre:

"Notre travail est très riche et prenant, vous vous en rendrez compte bien vite. Alors, qu'en pensez-vous? A moins que vous ne préfériez y réfléchir sereinement."

Avant de lui répondre, le vice-directeur de l'école de magie s'était levé pour aller fouiller dans le petit meuble qui se trouvait derrière son bureau, avant de revenir avec deux petites coupes dans une main et une carafe dans l'autre.
Il remplit les deux récipients d'un liquide blanchâtre qui semblait exhaler un peu de chaleur et en posa un devant Parnalia qui s'en saisit délicatement.

Il ne s'agissait que d'une simple coupelle de bois, d'un raffinement exquis certes, mais d'un style également très épuré qui lui rappela les productions artisanales de son clan.
Tout en essayant de ne pas paraître impolie, la lyikor renifla un peu l'odeur du liquide, sans sentir autre chose que celle de l'alcool avec peut-être un arôme de fruit.
Elle en prit une petite gorgée qui lui fit l'impression qu'on lui passait la gorge à la limaille de fer mais s'efforça de ne pas tousser. Il faut savoir que les lyikors purs dans leur cavernes glacées, s'ils parviennent à distiller de l'alcool à partir de racines macérées, ont tendance à le couper largement d'eau. Moralité, ils ne tiennent pas vraiment l'alcool et n'ont aucun goût pour cette boisson.

Parnalia garda donc la coupelle en main en s'abstenant de goûter à nouveau à l'âpre breuvage. La reprise de parole de maître Shitashima, qui avait lui but sa coupe d'un trait, lui permit de se redonner une contenance.

"Vous avez raison, vous ne pourrez bien pas commencer par enseigner, il vous faudra apprendre avant, cela va sans dire. Par contre il y a toujours de nombreux besoins qui ne concernent pas directement l'aptitude magie. Il peut s'agir de rechercher des artefacts, d'aider des membres dans leurs activités, aider des populations faisant appel à nous."


Voilà qui me plaît davantage. Au moins pourrais-je continuer à explorer ce monde si vaste tout en me rendant utile. Ce serait parfait.

"Notre travail est très riche et prenant, vous vous en rendrez compte bien vite. Alors, qu'en pensez-vous? A moins que vous ne préfériez y réfléchir sereinement."

Parnalia ne cacha pas son contentement et sourit de toutes ses dents tout en faisant balancer sa queue touffue.

- Je peux vous annoncer ma décision dès à présent, maître Shitashima : j'accepte avec joie d'entrer dans votre guilde et de vous aider dans la mesure de mes possibilités.

La lyikor resta un instant songeuse, semblant examiner un point de fâcherie éventuelle. Elle fixa ensuite son interlocuteur avec une lueur de perplexité dans le regard.

- Je suppose que vous avez prévu quelque chose pour officialiser mon adhésion à cette guilde, pouvez-vous me renseigner sur les formalités ?

L'anxiété de Parnalia ne venait non pas de l'éventualité de l'existence d'un rite de passage comme c'était le cas chez les lyikors, mais bel et bien celle d'un document à signer. Elle avait remarqué depuis quelques temps à présent cette manie chez les humains de tout coucher sur papier et d'y laisser des traces personnelles appelées "signature". Se sachant pertinemment analphabète, elle éprouvait pourtant une étrange répugnance à l'avouer.

-Message Guilde pour Parnalia-

Il pesa la question un moment, avant d'y répondre avec simplicité:

"Votre décision vous appartient. A Oranan et dans cette école, la parole donnée avec foi a plus de valeur qu'un document signé. Ce n'est pas le cas chez nos confrères j'en ai bien peur, mais c'est ainsi que nous fonctionnons. J'espère que cela ne vous pose pas de problème. Nous pouvons vous fournir un document si vous en ressentez le besoin, mais il n'aura jamais autant de valeur que votre engagement."

Il se servit à nouveau de cet alcool fort, t'en proposant par la même occasion.

Parnalia soupira intérieurement en entendant la réponse de son interlocuteur : à Oranan, les humains avaient davantage confiance à une parole donnée qu'en un morceau de papier couvert de signes.
Cela lui laissait donc le temps d'apprendre un minimum à écrire avant de demander un certificat à l'intention des autres écoles de magie de la Guilde.
Elle répondit donc à maître Shitashima en souriant, sa coupelle toujours aux trois quarts pleines entre les mains.

- Je pense également qu'un engagement oral à plus d'importance qu'un écrit, même si je respecte également les preuves plus... concrètes.
Je ne sais pas si vous avez une formulation appropriée pour ce genre de situation, maître Shishima, mais je vous jure sur l'honneur de mon clan et sur les noms secrets de la Mère et du Père que je ferai honneur à l'enseignement et aux valeurs de la Nouvelle Obédience à la Magie.
Je jure de faire passer l'intérêt de la magie avant tout et de ne jamais l'utiliser à mauvais escient, de transmettre le credo de la guilde si l'occasion m'en est donnée et de l'aider dans la mesure de mes moyens.

Pendant tout cette tirade, Parnalia avait fermé les yeux, savourant chaque mot d'un serment qui allait la lier pendant longtemps à des idéaux.
Elle rouvrit les yeux sur l'humain assis derrière son bureau.

- Ce serment vous convient-il ou ai-je omis un détail par mégarde ?

-Message Guilde pour Parnalia-

Maître Shitashima avait écouté avec grande attention ton engagement, semblant satisfait avec celui-ci.

"Non, vous y avez mis les formes et le fond était bien présent. Au nom de la Nouvelle Obédience de la Magie et de l'École des Magies d'Oranan, je fais de vous un membre à part entière."

Au-dehors les premiers oiseaux se faisaient entendre, ainsi que le bruit des passants et des marchands un peu plus lointains. La vie reprenait, mais dans un sens tellement différemment de la veille.

Shitashima sembla réfléchir un moment, avant de reprendre la parole:

"J'ai une proposition à vous faire. L'archonte de Tulorim nous a demandé notre aide dans une affaire qui lui est propre. Il a besoin des écrits de Sato Miyamashi, pour une recherche qui lui est propre. Ces textes sont très importants, car si chez nous la parole donnée a plus de valeur qu'un contrat, la sagesse des anciens se doit d'être mise par écrit. Ces textes sont la sagesse d'un ancêtre de cette école, l'un des élèves même de l'illustre fondateur. Ce ne sont pas les originaux, je vous rassure, mais si vous acceptiez de les apporter à Maître Alianof, vous conclurez par les actes votre engagement."

Il attendit patiemment ta réponse.

Maître Shitashima avait paru satisfait de la formulation du Serment de Parnalia envers la guilde et n'avait rien trouvé à y redire.
Il l'ordonna donc d'une simple phrase.

"Non, vous y avez mis les formes et le fond était bien présent. Au nom de la Nouvelle Obédience de la Magie et de l'École des Magies d'Oranan, je fais de vous un membre à part entière."

Une douce chaleur envahit les sens de Parnalia. Qui aurait pu croire que elle, qui se morfondait il y a encore un mois au fond de sa grotte glacée, en arriverait à vivre tant d'aventures trépidantes et à s'engager dans une organisation visant à rendre le monde meilleur grâce à la magie ?
Elle eut une pensée émue pour ce traqueur qu'elle avait rencontré dans la montagne et qui l'avait convaincue de partir à la découverte du monde, son tambourin à la ceinture et son sac sur l'épaule. Puisse-t-elle un jour le revoir pour le remercier à sa juste valeur.
Maître Shitashima interrompit cette immersion dans ses souvenirs en lui soumettant une proposition.

"J'ai une proposition à vous faire. L'archonte de Tulorim nous a demandé notre aide dans une affaire qui lui est propre. Il a besoin des écrits de Sato Miyamashi, pour une recherche qui lui est propre. Ces textes sont très importants, car si chez nous la parole donnée a plus de valeur qu'un contrat, la sagesse des anciens se doit d'être mise par écrit. Ces textes sont la sagesse d'un ancêtre de cette école, l'un des élèves même de l'illustre fondateur. Ce ne sont pas les originaux, je vous rassure, mais si vous acceptiez de les apporter à Maître Alianof, vous conclurez par les actes votre engagement."

Voilà qui ressemblait fort à un rite de passage, ce qui n'étonnait pas la lyikor.
Bien que cette histoire de papier détenteur d'un savoir immémorial la laissa un peu dubitative, elle se promit de faire de son mieux pour accomplir cette tâche qui allait la porter vers de nouveaux horizons.

- J'accepte cette tâche avec joie, maître Shitashima.
J'aurai cependant plusieurs questions, à commencer par celle-ci : qu'est-ce qu'un archonte ? Vous semblez en parler comme d'une personne importante, mais ce terme ne m'évoque rien.
Je souhaiterai ensuite savoir où se trouve Tulorim. Je suppose qu'il s'agit d'une ville et je suppose que si je dois prendre un navire pour y aller, il me semble que l'Hirondelle est toujours à quai.
Et enfin, pourriez-vous me dire comment je pourrai m'identifier comme membre de la Nouvelle Obédience à la Magie face au destinataire de ces écrits ? Me faudra-t-il montrer un tatouage, une lettre, quelque chose ?

Parnalia se tut brusquement en s'apercevant qu'elle avait encore laissé filer sa langue, ce qui n'était visiblement pas très bien vu dans cette ville.
Elle s'était laissé emporter par son excitation et son sens pratique pour tenter de se préparer à une situation exceptionnelle.

-Message Guilde pour Parnalia-

L'homme sembla un peu perdu par toutes tes questions, hésitant un moment avant d'y répondre à peu près dans l'ordre:

"Maître Tanaka est un archonte lui-aussi, c'est un membre du conseil. J'imagine que vous pouvez utiliser l'Hirondelle une nouvelle fois, je ne suis pas au fait de son itinéraire, je vais me renseigner."

Finalement, concernant le signe de reconnaissance, il alla chercher une petite boite en bois décoré. Il en sortit une bague, ou plutôt une chevalière qui montrait un N et un O s'entrelaçant. Il te la tendit:

"C'est le signe de l'Obédience. Comme tout pratiquant de la magie peut la rejoindre, les contrôles ne sont pas très strictes la plupart du temps. En attendant votre départ, vous pouvez vous entrainer avec les autres étudiants. Je vous donnerez les écrits quand j'aurai vérifié le départ du navire."

Après une courte hésiation, maître Shitashima répondit aux questions de la nouvelle membre de la guilde, lui révélant que le destinataire de ces écrits était l'équivalent à Tulorim de Maître Tanaka à Oranan : l'un des principaux membres de la Nouvelle Obédience à la magie et probablement lui aussi le directeur d'une école de magie.
Parnalia espéra que les deux hommes ne partageaient pas le même caractère en sus de la même fonction.

Le vice-directeur lui confia ensuite un anneau d'or qui était orné des deux symboles que la lyikor avait déjà remarqué sur le cachet de cire entourant la lettre que Dame Lizza avait rédigé pour elle et que maître Tanaka avait déchiré sans la lire.
La jeune femelle en conclut donc qu'il s'agissait là du sigle de la guilde. Ce bijou étant beaucoup trop grand pour ses doigts fins, elle se promit d'aller chercher dès que possible un lien de cuir et le passer autour de son cou poilu. En attendant, elle le garda dans son poing serré.

Elle remercia ensuite maître Shitashima pour son accueil et ses conseils, avant de prendre congé de lui et de retourner s'entraîner avec les autres étudiants tandis que le vice-directeur se renseignait sur son conseil du plan de route du navire de la guilde l'Hirondelle qui devait toujours être à quai.
Hélas, l'excitation due à son intégration et à sa mission à venir, si modeste soit-elle, eut un effet visible sur elle et les professeurs surveillant le groupe durent intervenir plusieurs fois pour la forcer à ralentir ses gestes et son énergie à manipuler les flux glaciaux. Ce ne fut que lorsqu'on lui fit remarquer que la pilosité faciale de son voisin direct était couverte de givre qu'elle se força à se calmer et qu'elle poursuivit les divers exercices durant l'après-midi.