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 Sujet du message: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Jeu 1 Déc 2016 22:36 
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Forêt de Nostyla


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Du même nom que le lac qui est juste à côté, cette forêt sombre est mal fréquentée. Elle est, depuis maintenant des décennies, le lieu d'une guerre sans relâche entre différentes bandes organisées de brigands. Le rumeur raconte que la raison de ce conflit incessant est plus profonde qu'un simple emplacement stratégique. Si vous parvenez à faire boire les bonnes personnes, certaines histoires pourraient vous être révélées. Certaines parlent du trésor des premiers brigands d'Ynorie, dissimulé quelque part près de leur ancien repère. D'autres d'une relique extrêmement puissante qui serait remise à celui où celle qui prendrait le contrôle total de cette forêt. D'autres encore d'une créature fantastique qui garantirait richesses et bonheur à celui qui parviendrait à la capturer.

Mais maintenant, la plupart des gens savent l'attrait qu'a cette forêt sur les étrangers et il n'est pas rare de tomber sur quelqu'un prétendant connaitre LA vérité. La plupart du temps ce sont juste des imposteurs profitant de la naïveté des voyageurs pour se faire offrir à boire. Il est même possible que depuis le début toute l'histoire n'ait été qu'un vaste canular. Toujours est-il que cette forêt semble attirer bien des convoitises et qu'il est très fortement déconseiller de s'y aventurer, surtout de nuit...

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 Sujet du message: Re: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Jeu 1 Déc 2016 23:34 
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Après avoir erré pendant un moment de village en village j’avais finis par trouver un nouveau terrain de chasse dans la forêt à côté du lac de Nostyla. Je partageais le territoire avec un groupe de brigands mais après plusieurs rencontres nous conclûmes que nos intérêts n’étaient pas opposés et qu’une coexistence était possible. La plupart du temps je les ignorais et ils faisaient de même.

La situation était stable mais je savais que je ne pourrai pas rester éternellement ici. Si le coin était riche en proies aucune d’entre elles ne présentait un quelconque défi. Je ne pouvais pas espérer venger un jour mon frère avec ce train de vie tranquille. Il fallait que je trouve un moyen de gagner en puissance. J’avais entendu dire qu’il y avait une ville non loin du nom d’Oranan dont les habitants avaient développé des techniques de combat à mains nues. On les disait capables de rivaliser avec des hommes armés. Ces histoires m’intriguaient et j’avais donc décidé de m’y rendre pour en avoir le cœur net. Mes projets furent différés quand les aurores boréales commencèrent à apparaître.

C’est les brigands qui m’apprirent ce nom. J'ignorais qu’un phénomène où le ciel nocturne était soudain illuminé de lueurs vertes existait sur yuimen. Apparemment cela n’était censé se produire que dans le grand nord. Ces manifestations sous ces latitudes étaient inexplicables. Le spectacle était d’une grande beauté mais handicapant pour mes chasses. Mon pelage noir devint un handicap pesant. On me voyait arriver de loin et je dus limiter mes traques aux nuits où les mystérieuses lumières daignaient laisser leur royaume aux créatures nocturnes.

J’entendis, peu après l'apparition du phénomène, que les brigands avaient également leurs problèmes. De ce que j’avais compris de petites créatures ailées d’une forêt voisine s’étaient soudainement mises à détrousser les voyageurs, privant les bandits de proies potentielles. De plus, peu après la première aurore boréale, ce qu’ils avaient identifié comme un autre groupe était venu contester leurs terres. C'était chose fréquente dans les environs mais apparemment celui ci représentai une vrai menace.

Mon terrain de chasse était proche des montagnes et le repère des brigands près du lac. J’évitais tant que possible de m’approcher de cette immense étendu d’eau. Mon affrontement avec le roi de marais, si il m’avait épargné physiquement, m’avait marqué d’une profonde phobie de l’élément aquatique. Ce n’est donc que par l’intermédiaire d’un des bandits, qui venait de temps en temps faire du troc, que j’avais des nouvelles des affrontements.

Leurs ennemis étaient plutôt faibles. La plupart avaient l’air de simples paysans mais c’est leur nombre qui était inquiétant. Peu importe combien ils en éliminaient il y en avait toujours d’autres qui venaient prendre leurs places. De plus beaucoup d'entre eux semblaient avoir des pouvoirs étranges. Le groupe était apparemment dirigé par un gourou, aucun des bandits ne l'avait encore aperçu. La dernière fois que je vis mon informateur il m’annonça que le repère était perdu, que les rares survivants allaient fuir et il m’encouragea à faire de même. J’avais côtoyé les brigands pendant un moment. Je connaissais l'attachement qu'ils avaient pour leur repère. Pour qu'ils fuient ainsi, leurs opposants devaient être redoutables.

Cédant à la curiosité je décidai de mener mon enquête. Malgré la présence du lac à proximité je m’approchai de l’ancien repère dans la nuit suivante. Avant d’être arrivé quelque chose attira mon attention. Il y avait une forte présence d’énergie maléfique. Maniant moi même les fluides obscures je pouvais sentir qu’ils avaient été utilisés en abondance dans les parages. Cela devait être les pouvoirs étranges auxquels dont le brigand m'avait parlé. Qu’un groupe maniant cette magie ait pu se constituer dans les environs était extrêmement curieux. Cependant plus je m’approchais plus je voyais des traces de fluides obscures. Il y en avait littéralement partout. Jamais en grandes quantités et toujours propagé d’une manière qui semblait aléatoire. Comme si ceux qui les avaient utilisé ne contrôlaient pas leurs pouvoirs.

Parmi les marques d'affrontement je vis des empreintes plus récentes. Cela piqua suffisamment ma curiosité pour que je me mette à suivre leur piste. Le groupe était composé de cinq individus. Grace la profondeur et aux pressions des traces, je déduisis qu'ils se déplaçaient en courant. Cependant ils n’étaient clairement pas habitués à la forêt et ils prenaient souvent des passages plus compliqués que nécessaire. Ce n’était donc pas des brigands mais sans doute des membres de l’étrange groupe. Je les aurais vite rattrapés.

En effet au bout d’une dizaine de minutes je pus capter une odeur portée par le vent. Ils s’étaient vraisemblablement arrêtés. L’oreille dressée je pouvais entendre des bruits de combat au loin. Peut être qu’après tout quelques bandits étaient resté se battre. J’accélérai le pas. Je n’avais aucune affinité particulière avec les brigands mais l’expansion d’un groupe maniant les fluides obscurs d’une manière aussi anarchique finirait tôt ou tard par attirer l’attention et des répercussions. Je n’avais aucune envie de me retrouver avec des pseudos justiciers chassant les mages sombres sans distinctions.

Je finis par arriver au bout de la piste. Je vis d’abord deux archers en retrait, je compris aux bruits et à la posture qu’ils avaient que le combat se déroulait juste devant eux. Se pensant dissimulés dans l’ombre ils attendaient une opportunité de tirer leurs traits. A l’odeur fortement imprégnée de fumier qui émanait d’eux je compris vite que ils n’étaient pas des brigands mais sans doute des membres du groupe qui les avait chassés.

Voyant parfaitement dans la nuit noire je me faufilai telle une ombre pour m’approcher du premier tireur. Mes déplacements n’émettaient pas le moindre son et mon pelage me dissimulait parfaitement. Du moins il l’aurait fait si ça n’avait été pour ce ciel instable. D’un coup la nuit noire commença à s’illuminer, chacun de mes mouvements était maintenant aussi visible qu’en plein jour. Heureusement l’homme était trop occupé à guetter sa cible pour regarder autour de lui, c'est à peine si il sembla remarquer le changement de lumière. Sans un bruit je parcourus le reste de la distance qui me séparait de ma victime.

Une fois à porté, sans hésiter, je plantai mes crocs dans sa nuque. Il n’eut même pas le temps d’avoir peur qu’il était déjà mort. La vie le quitta dans un craquement retentissant suivi de près par un cri de terreur du second archer. Je lâchai le corps sans vie et me jetai aussitôt à quatre pattes dans la direction mon nouvel adversaire. D’une main malhabile il tenta d’ajuster son tir. Il était terrorisé et laissant volontairement visibles mes canines couvertes de sang je jouai sur sa panique. Il ne le savait pas encore mais à partir du moment où il avait cédé à la peur il s’était identifié comme ma proie et était déjà mort.

Sa flèche se ficha sur ma position avec un quart de seconde de retard et d’un bond je le rejoignis. Alors dans la panique un arc sombre jailli de sa main, malgré le fait que j'étais presque collé à lui il parvint à me rater. Il avait perdu tout sang froid et tremblait de manière incontrôlable. Des larmes se mirent à couler sur ses joues et je sentis qu’il avait mouillé son pantalon. Il était lamentable et tout cet étalage de faiblesse m’écœurait. Entre ses sanglots j’entendis qu’il gémissais le mot « démon », l’expression me fit sourire. Tandis que d’une patte je le maintenais contre un arbre, je levai l’autre pour lui porter le coup de grâce.

« Attendez! Il me le faut vivant! »

Suspendant mon geste je me tournai vers la voix. Je vis un homme en apparence semblable aux deux archers. Il était pauvrement vêtu et dans les lumières dansantes qui agitaient le ciel je vis que ces traits avaient les caractéristiques typiques des hommes d’Ynorie. Une tête ovale aux contours bien dessinés. Des yeux noirs légèrement en amande surmontés par des sourcils qui s'amincissaient vers l'extérieur du visage. Des cheveux noirs mi longs attaché en un chignon derrière son crâne qui laissait un assez grand volume sur la nuque. Il avait le visage parfaitement imberbe et quelques plis commençaient tout juste à apparaître sur sa peau lisse. Il devait avoir autour de la trentaine et était sans doute considéré comme plutôt beau par ses semblables.

Malgré cette apparence anodine quelque chose de différent émanait de lui. Il ne sentait pas le paysan et tout dans sa posture, ses mouvements et sa voix évoquait une formation militaire. Il avait encore dans sa main une dague mais il n’avait pas une attitude menaçante à mon égard. Sur l’arme au repos je pouvais encore apercevoir des reflets rouges malgré qu’il vienne visiblement de l’essuyer sur sa manche. Une trainée de sang en témoignait. Regardant par dessus son épaule je vis les dépouilles de deux autres hommes qui venaient d’être fraîchement tués. L’homme avait rengainé son arme et avançait maintenant tranquillement vers moi.

Il avait l’air extrêmement sûr de lui. C’était rare qu’un homme garde un tel sang froid en me voyant, surtout de nuit la gueule maculée de sang. Je me mis à l’observer avec une attention renouvelée. Malgré le fait qu’il venait de gagner un combat à deux contre un il n’était pas essoufflé et en dehors de l’endroit où il avait essuyé sa lame ses vêtements étaient intacts. Il avait l’air plutôt amical et soutenait mon regard sans ciller. Ce n’était pas le genre d’homme que je voulais avoir comme ennemi pour le moment et de plus il était visiblement originaire d’Ynorie. M’en faire un allié pourrait être utile pour la suite.

Sans un mot je lâchai donc ma proie et m’écartais de l’arbre. Le paysan s’écroula au sol et se mis en position fœtale. Il était vraiment pathétique. L’homme mystérieux avança vers lui en me saluant d’un signe de tête. Il commença alors son interrogatoire. Ce fut extrêmement simple, sa cible était déjà totalement anéantie. Il prit une posture rassurante presque paternelle à son égard et doucement lui soutira toute les informations dont il avait besoin. Il eut juste à jouer sur la peur que l’homme avait de moi. Un peu en retrait j’admirais la manœuvre renforçant de temps en temps ses propos par un regard menaçant ou en montrant les crocs.

Je ne pouvais pas entendre distinctement ce que le paysan répondait aux questions qu’on lui posait. Il sanglotait continuellement dans l’oreille dans son interlocuteur plus qu’il n’articulait vraiment. Mais de temps en temps le mot « démon » revenait et à chaque fois il se tournait vers moi avec un regard empli de terreur. Au bout d'un moment j'en eu assez d'assister à cette étalage de faiblesse et pour m'occuper je cherchais l'endroit de l'impact du sort qu'il avait tenté de m'envoyer auparavant.

Je le trouvais sans difficulté sur un arbre à plusieurs mètres. Le tronc s'était à peine noirci sous les effets des fluides obscurs. L'attaque en plus de manquer de précision était apparemment dépourvue de puissance. La marque eut au moins le mérite de confirmer mes doutes. Elle était similaire à celles que j'avais pu voir près des affrontements. Chacune d'entre elle représentait sans doute les derniers efforts face à la mort d'un de ses paysans. Pathétique.

Je revins à ma position initiale pour attendre la fin de l'interrogatoire. En moins de trente minutes ce fut fini. L’homme se tourna vers moi avec un air interrogatif. Le paysan à ses pieds était toujours en larme et maintenant totalement recroquevillé sur lui même. Je répondis au regard posé sur moi d’un haussement d’épaule.

Sa dague se retrouva comme par magie dans sa main. L’instant d’après, à la vitesse de l’éclair, elle sectionnait la nuque du paysan encore au sol. Ce dernier cessa enfin de pleurer et sembla même trouver du réconfort dans la mort. L’action avait duré moins d’une seconde. J’avais eu raison de me méfier. Cet homme n'en était pas à son coup d'essai.

Nonchalamment, il se redressa en essuyant machinalement sa lame à l'endroit où sa manche était déjà rougie. Je notais ce toc dans un coin de mon esprit alors qu’il avançait un sourire aux lèvres vers moi. Il m’adressa calmement la parole. Je le contemplais avec un œil nouveau. Les lumières dans le ciel lui donnaient un aspect fantastique.

« Excusez moi je ne me suis pas encore présenté. Il fit mine de me tendre la main mais avisant mes griffes il arrêta son geste avec un sourire gêné. Je suis Tora, sergent de la milice d’Ynorie. C’est un plaisir de faire de votre connaissance…

-Algaries.

-Algaries. Dites moi, avez vous déjà été tenté de rejoindre un corps armé? »

Après

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 Sujet du message: Re: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Sam 3 Déc 2016 14:13 
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Après qu'il m'est expliqué en détail ce qu'était le milice, j’avais accepté la proposition de Tora de le rejoindre. Ca ne m’engageait à rien et de toute façon je comptais me rendre à Oranan. Y avoir déjà un pied à terre me serait surement utile. J'avais quand même fais remarquer que la façon dont il avait exécuter le paysans ne correspondait pas à l'image que je m'étais fait des soldats humains. Il m'expliqua en souriant que c'était la seule solution envisageable et qu'il était actuellement en mission non officiel. Il ne pouvait donc pas entacher la réputation d'Oranan. Il me fit alors un résumé de ce qu’il venait d’apprendre.

C’était un mage qui serait à l’origine des derniers événements. A l’arrivée des aurores boréales il s’était fait prêcheur de l’apocalypse et avait commencé à rassembler des fidèles. Il avait décrit le feu dans le ciel comme annonciateur de la colère des dieux. Il était visiblement très convainquant car le nombre de ses adeptes ne cessait de grandir de jour en jour.

Ce n’était pas le seul groupuscule qui s’était formé de la sorte. Les aurores avaient fais surgir bien des prédicateurs de la fin du monde mais celui ci avait particulièrement attiré l’attention de la milice d’Ynorie. En effet l’illuminé, qui se faisait surnommer « le sauveur», profitait de la crédulité de ses fidèles pour leurs vendre tout un tas d’objets. Des pseudos reliques magiques censé les protéger des démons qui viendraient bientôt s’emparer du royaume des vivants. Tora me montra à ce moment qu'il avait récupéré sur un des corps. Un collier orné d'une pierre noire ordinaire. Rien de magique n'en émanait.

Cependant certains objets du sauveur devaient être réellement efficaces. Quelques uns des ses plus fervents adeptes développaient en effet des pouvoirs. Le paysan avait expliqué que les élus avaient le droit de boire un étrange breuvage, en payant évidemment un prix élevé, et c'était eux qui pouvaient à manier les fluides obscurs.

Jusque là je n’avais pas vu en quoi il pourrait avoir besoin de mon aide mais il ne tarda pas à m’éclairer à ce sujet. Dans son portrait de la fin du monde, le sauveur avait expliqué que le feu dans le ciel était le premier événement annonciateur de l'ouverture d'une porte sur les enfers. Bientôt des hordes de monstres sortiraient du ventre de la terre pour semer le chaos et la destruction. Je correspondais totalement aux démons décrits par le sauveur. La plupart des paysans n’avaient jamais ni vu ni même entendu parler des miens. Tora ajouta en souriant que part sa position de milicien lui avait déjà été confronté aux liykors noirs. Il exhiba fièrement une longue cicatrice qu’il avait à la jambe.

Se rendant compte qu’il s’égarait, il revint au sujet. A sa première approche il avait été très vite démasqué par une patrouille des alentours. Les paysans qui n’étaient pas entraînés s’étaient facilement laissés embarquer dans une course poursuite pensant pouvoir attraper un intrus craintif. En vérité il les avait juste éloignés pour pouvoir les tuer sans risquer d’être surpris. Cependant il ignorait comment ils avaient réussi à voir à travers son déguisement. En mon for intérieur je pensais qu’étant donné son attitude globale et sa façon de parler ça n’avait rien de surprenant. Si il était sans doute un excellent combattant et un fin psychologue, dans l’art de la duperie il n’était encore qu’un novice. Gardant mes réflexions pour moi je l’écoutais m’expliquer son plan. C’était extrêmement simple et ça avait donc toutes les chances de marcher.

Tora voulait que je joue le rôle de son prisonnier. Si il venait accompagné d’un des fameux démons il ne doutait pas de ses chances de parvenir à s’approcher du campement. Une fois là bas, face à un tel événement le sauveur serait obligé de se montrer devant ses fidèles. Tora m’aidera alors à m’échapper, je devrais causer le maximum de désordre avant de m’enfuir et il en profiterait pour s’occuper des chefs. Une fois la tête coupée il était sûr que les autres n’étant qu’une bande de paysans illuminés capituleraient vite. Vu l’état de terreur dans lequel mon apparition avait plongé mon précédant adversaire, j’étais tenté de le croire. Au pire si les choses tournaient mal je n’aurais aucun problème à semer n’importe lequel de mes poursuivants dans cette forêt que j’avais appris à connaître. J’aurais juste préféré que les lumières dans le ciel disparaissent. Avoir une nuit noire aurait été optimal.

J’acceptais tout de même le plan de Tora. En s’excusant platement il sortit une corde de son sac et commença à m’attacher. Après un moment d’hésitation je le laissai faire sur la promesse que les nœuds seraient fait de telle façon que je pourrais m’en défaire facilement. Il fit mine de vouloir me museler mais je lui fis comprendre d’un grognement qu’il y avait une limite à ce que je voulais bien endurer.

Après quoi nous reprîmes la route, moi les pattes de devant liées entre elles et lui tenant la corde. Nous étions revenus à l’endroit où j’avais vu ses empreintes quand je reniflai la présence d’autres humains. Je prévins Tora et aussitôt nous adaptâmes notre démarche. Je me mis un peu en retrait la tête baissée dans une simulation de soumission et lui passa devant en bombant le torse.

Un groupe vint vite à notre rencontre l’air visiblement hostile. Dès qu’ils me virent leur attitude changea du tout au tout. Sans dire un mot ils nous laissèrent passer et se mirent à nous suivre à une distance respectueuse. Le plan marchait comme prévu. Nous croisâmes d’autres groupes et tous se mirent à marcher avec nous. Nous étions à la tête d’un cortège d’une trentaine de personnes lorsque nous arrivâmes en vu du repère des brigands.

L’endroit avait l’apparence d’une taverne tout ce qui a de plus classique. Un bâtiment rectangulaire avec un seul étage. De nombreuses torches étaient disposées sur les murs et en éclairait la façade d’une lueur rouge. Dépense inutile le ciel était encore illuminé par les lumières de l’aurore boréale. Non loin je devinai les restes d’un bûcher grâce à un groupe de piquets et au tas de cendre encore fumant qu’ils délimitaient.

Le chef des lieux avait été prévenu de notre arrivée. Il était devant le bâtiment encadré par trois hommes. Il portait une grande toge noire et avait un grand bâton au sommet duquel un crâne était fixé. Des ossements étaient présents un peu partout en parure sur lui et il portait un grand nombre de bagues, bracelet et colliers, tous étaient dans des teintes sombres ou composées de restes d’êtres vivants. L’effet rendu était plutôt saisissant et il avait vraiment l’allure d’un être ténébreux de légende.

Je ne pus m’empêché d’être déçu. Malgré toute cette mise en scène je ne sentais qu’une très faible présence de fluides obscurs émaner de lui et je le vis pour ce qu’il était. Un mage de bas niveau ayant tout au plus une faible affinité avec la magie qui avait su profiter de la crédulité de quelques paysans incultes. Il fallait cependant reconnaître qu’ainsi éclairé par les torches derrières lui et les lumières vertes du ciel il avait une certaine prestance.

J’étais prêt à agir. Tora m’avait dit que j’étais libre de choisir le moment le plus opportun. Pour le moment je préférais attendre et voir comment la situation allait évoluer. Nous étions encore assez éloignés de notre objectif. Derrière nous un large groupe faisait passivement pression pour nous faire avancer et devant nous ils étaient au moins aussi nombreux à nous barrer l’accès au bâtiment. Nous continuâmes cependant notre progression et je ne pus qu’admirer le sang froid de Tora qui gardait une allure fière alors que nous nous jetions dans la gueule du loup. Nous avions commis une erreur dans l’estimation du nombre de nos adversaires mais il était maintenant trop tard pour faire demi tour.

Arrivé à une vingtaine de mètres la foule qui nous barrait le passage s’écarta pour former une haie d’honneur. Un des gardes du sauveur s’était placé en son milieu et nous barrait la route. Le chef des lieux était resté en retrait avec deux de ses protecteurs. Tora s’arrêta à un mètre de l’homme de main. Le silence n’était rompu que par le bruit du vent et le ululement d’une chouette. La tension était palpable. Tous les adeptes contemplaient la scène en retenant leurs souffles. La menace dont ils avaient tant entendu parlé était maintenant sous leurs yeux. Ce fut finalement Tora qui brisa le silence d’une voix forte est claire.

« Sauveur! Votre prédiction était juste en voici la preuve! Il tira sur la corde pour me faire avancer à ses côtés. La tête baissée je jouai le jeu. Je suis parvenu à capturer ce démon alors qu’il se repaissait des chairs encore chaudes de vos disciples. Je pus entendre leurs cri d’agonis alors que cette affreuse bête déchirait leurs membres et brisait leurs os. »

L’image eue son effet et la foule eu un murmure de frayeur mêlé de colère. Tora profita de la réaction générale pour avancer discrètement vers le garde du sauveur. Instinctivement il s’était écarté en me contemplant et nous pûmes continuer notre progression. Tora regardait maintenant directement le sauveur dans les yeux. Il était toujours encadré par deux de ses hommes.

« La bête s’est cependant aussitôt soumise à la simple vu de votre amulette. Il exhiba le collier qu’il avait récupéré sur un des cadavres. Vos sorts fonctionnent et nous n’avons rien à craindre des ces monstres. J’étais de ceux qui avaient douté de vous et je me rends maintenant compte que j’avais tord. Le sauveur fit un signe discret à ses deux gardes qui s’avancèrent pour arrêter notre progression. Tora s’agenouilla comme si il n’avait pas vu ce geste. Je vous en prie acceptez ma capture comme signe de mon remord. »

Le silence retomba. Tora na bougeait plus. Nous étions à moins de cinq mètres du sauveur mais les deux gardes nous empêchaient maintenant d’avancer. La situation semblait vouée à s’éterniser. Je voyais Tora qui commençait imperceptiblement à perdre patience, sa main glissant doucement vers sa dague. Je m’apprêtais de mon côté à bondir sur le garde le plus proche. C'est alors que le sauveur prit la parole. Je me rendis compte que si sa maîtrise des fluides obscurs était limitée il avait d’autres dons.

« C’est une bien belle histoire que vous avez là. Tora de la milice d’Ynorie. »

Sa déclaration contrasta fortement avec l’éclat que le sergent venait d’avoir. Sa voix était extrêmement douce et pourtant parfaitement audible. Elle sembla raisonner directement dans ma tête. Je savais que toutes les personnes présentes l’avaient entendue aussi clairement que moi. Comme pour confirmer cette impression je vis Tora se crisper soudainement et un murmure parcourra la foule. L’instant d’après je sentis comme une présence qui murmurait directement dans ma tête. Je sentis mon esprit être fouillé par une présence pernicieuse.

J’avais entendu parlé de cette magie neutre que ne correspondait à aucun élément naturel. Elle permettait de pénétrer les pensées des gens et d’y imposer sa volonté. J’avais visiblement affaire à un mage qui en avait fait sa spécialité. Je compris comment il avait pu rassembler aussi vite autant de fidèles. Moi même qui avait conscience de la puissance qui était à l’œuvre je sentais que mes pensées commençaient à m’échapper. J’avais sous estimé ses capacités en me basant uniquement sur son aura sombre quasi inexistante. Prévoyant d'intervenir bientôt, je défis de manière imperceptible mes entraves. Je n'avais pas finis que le sauveur repris de nouveau la parole.

«Algaries, malgré ton apparence tu es bien loin d’être… »

J’ignorais ce qu’il allait dire mais il était hors de question que je le laisse s’immiscer d’avantage dans mon esprit. J'étais maintenant libre de mes mouvements et d’un bond je me jetai sur le garde le plus proche. Je le pris par surprise alors qu’il attendait les ordres du sauveur et qu'il me pensait encore attaché. Il se retrouva sur le dos avec moi sur lui. D’un coup de croc je lui arrachai la jugulaire.

Me redressant, j’engloutis le morceau de chair en fixant dans les yeux le sauveur. Il me regarda avec stupeur et quand il cria son ordre tout son calme avait disparu.

« Tuez les! »

L’ordre pénétra l’esprit chacune des personnes présentes. Je sentis la foule dans mon dos qui se mouvait vers nous. Tora s’était relevé et avait éliminé son vis à vis d’un coup de dague à la gorge avant qu’il ne puisse réagir. Il se tourna vers moi et parla avec une voix incroyablement calme. Je cru même y sentir une pointe d’amusement.

« Occupez vous du sauveur. Je vais retenir les autres. »

J’acquiesçais et sans un bruit fonçait vers ma proie. Il fit volte face et fuit vers la maison, refermant la porte derrière lui. Suivit de près par Tora qui tenait en respect de sa dague et d’une épée les paysans qui avançaient vers nous. D’un coup d’épaule j’enfonçais la porte qui céda sans problèmes sous ma masse et me ruait à l’intérieur. Derrière moi j’entendais le bruit de l’acier contre l’acier et les cris de Tora qui narguait ses ennemis. Je ne doutais pas de ses capacités mais, malgré l’étroitesse de la porte qui imposait aux ennemis de se présenter un par un, il ne pourrait pas tenir indéfiniment. Il fallait que j’agisse vite.

Après

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Dernière édition par Algaries le Lun 2 Jan 2017 19:51, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Sam 3 Déc 2016 19:15 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente et gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

L’intérieur de la bâtisse était éclairé par des centaines bougies de cire noire. Il y en avait partout sur les tables et sur les murs. Assis sur une chaise me faisant face le sauveur me regardait avec un air serein. Il avait tombé sa capuche et, à la lumière d'une dizaine de cierges, je pouvais maintenant discerner son visage. Il n’était pas humain.

Il avait la peau gris sombre et je voyais la lumière des bougies danser dans ses yeux violets. Ses cheveux blancs coupés courts étaient encadrés par des oreilles pointues. J’avais déjà entendu des histoires à propos des elfes noirs mais c’était la première fois que j’en voyais un. Je fus un instant décontenancé par son air tranquille. J’en oubliai presque la raison de ma présence ici mais les bruits du combat dehors me firent revenir à la raison.

Dans un rugissement je bondis sur lui les griffes en avant. Il resta parfaitement immobile alors que je passais au dessus de la table. Arrivé à porté je lui donnais un grand coup de pattes à la tête. Mes griffes le traversèrent comme si il était faite de brume. Avant d'être emporté par mon élan je cru voire son visage onduler et disparaître sur un sourire. Je tombai à la renverse en entraînant avec moi la chaise sur laquelle il était assis l'instant d'avant. Je me relevai aussitôt.

Soudain le plancher autour de moi commença à se craqueler et à partir à la dérive. Je me retrouvai vite sur une parcelle de bois à peine plus large que moi. Tout autour il n’y avait que de l’eau. Je flottais sur mon frêle esquif entouré des restes du bâtiment qui s’éloignait petit à petit. Je tombai à quatre pattes, terrorisé. Le moindre de mes mouvements faisait dangereusement bouger mon embarcation. Je risquais à tout moment de me retrouver plonger dans ce qui semblait être un immense lac. Je n’osais pas bouger.

Quelque part dans mon esprit, au delà de la terreur, je sentais confusément que la situation n'avait pas de sens. Tout ceci ne pouvait pas être réel. Je fermai les yeux tentant de quitter ce cauchemar. Rien n’y fit. Je sentis mes appuis tanguer sous le poids de mon corps. Tous mes muscles se crispèrent. C’était à peine si je parvenais à respirer.

Soudain il y eut un mouvement tout autour de moi et l’eau se fit plus instable. J’ouvris les yeux. Il faisait grand jour et le soleil était à son zénith. Sa chaleur était insupportable et de la vapeur commençait à s’échapper de l’eau. J'étais pétrifié sur mon minuscule bout de bois au milieu de l’infinité qui m’entourait. J’avais chaud et la sueur commença à coller mes poils à ma peau. C’était une sensation abominable. Je voulais que tout s’arrête mais tout ça était loin d’être finit.

Par endroit la vapeur commença à s’intensifier. Elle se condensa prenant des formes de plus en plus distinctes autour de moi. Bientôt des larges tentacules aqueux m’entourèrent. Ils se dressaient sur une dizaine de mètres et m’encerclaient totalement. J’étais totalement à la merci des éléments. L’image de mon combat contre le roi des marais se superposa avec ce que j’étais en train de vivre. Pour la seconde fois de ma vie j’étais fasse à un adversaire qui me surpassait totalement. Contre lequel je ne pouvais rien faire.

Les membres aqueux de mirent à onduler doucement autour de moi. Je regardais impuissant ce spectacle qui me terrifiait. Je revis mon frère qui s'interposait entre moi et une menace similaire. Je revécu le coup qui lui avait été fatale. Ce qui était en train de se passer était affreusement similaire. Soudainement les tentacules se balancèrent simultanément en arrière, prenant de l'élan avant de frapper. Dans une synchronisation terrifiante ils s’abattirent tous sur moi. Je fermai les yeux attendant l’impact qui ne vint jamais.

Lorsque je les rouvris j’étais de nouveau dans le bâtiment des brigands. Ma bouche était pleine de sang. Dans un effort désespéré je m’étais mordu la langue dans l’espoir de retrouver conscience. Ca avait en partie marché mais j’avais sous estimé la puissance de mes crocs et j’avais sectionné une bonne partie de mon muscle. Sur ma tête baissée je sentais le contact d’une main qui instillait sa magie pernicieuse dans mon esprit.

Dans le même geste je crachai un bout de langue sur le sol et arrachait, à l’aide de ma mâchoire, la main du sauveur au dessus du poignet. Aussitôt la magie cessa. En même temps que laissai tomber le membre du sauveur je revins totalement à moi. Je ressentis totalement la blessure qui m'avait permis de reprendre contact à la réalité. Ce fut comme une explosion qui vrilla mes sens. Je tentai de crier mais cela fit bouger ma langue amputée et accentua ma douleur. J'entendais, au delà de ma propre souffrance, le shaakt qui hurlait. Je parvins finalement à limiter ma plainte à un grognement. La douleur était encore atrocement présente mais je l'ignorais pour le moment. Ma proie était encore en vie.

Tenant son moignon ensanglanté je vis que le sauveur était tombé à la renverse. Il continua de reculer en étant assis me contemplant avec horreur. Il faisait des efforts futiles pour diminuer le flot de sang qui s’écoulait de sa plaie. Tous mes muscles me faisaient souffrir. Dans l’illusion qu’il m’avait infligé je les avais tendus à l’extrême sans m’en rendre compte. Je sentais maintenant qu’ils étaient arrivés à la limite de la rupture. Sans rien en laisser paraître je me relevai doucement. Je ramassai théâtralement la main du sauveur en le fixant avec un regard empli de haine. Je me mis à la déchiqueter en faisant volontairement craquer le plus possible le moindre de ses os. Cela provoqua une terrible vague de douleur dans ma bouche mais ça en valait la peine. Je sentis un plaisir indicible m'envahir alors que le visage du sauveur se décomposa en voyant son membre se transformer en une pulpe sanguinolente informe. Il n'était pas dans mon habitude de provoquer des souffrances inutiles mais je tenais à ce qu'il ressente la même terreur qu'il m'avait infligée. Sauf que pour lui tous ça serait bien réel. Soudain le bruit du combat de Tora à la porte me rappela l'urgence de la situation. Avant de mettre fin à la pitoyable vie du sauveur j'avais cependant une ultime question à lui poser.

« Pourquoi…Liykor ? »

Ma voix était atroce et chacune des syllabes prononcées m’avait fait terriblement souffrir. Je pense qu’il me compris uniquement parce qu’il avait déjà vu la question dans mon esprit auparavant. Les sons que j’avais émis étaient en réalités incompréhensibles même pour moi.

« Wulfin! C’est lui que j’ai décris, c’est lui qui me vend mes objets! »

Entendre ce nom me stoppa net. Wulfin avait été banni du clan des Blakalangs peu après ma naissance. Aussi peu loin qu’allait cette notion dans le clan il y’avait une eut une rumeur comme quoi il pourrait être mon géniteur. Cette idée était fondée sur le fait que six mois avant ma naissance, il était un des seuls membres du clan à maîtriser les fluides obscurs. Que ce fantôme de mon passé revienne soudainement à moi provoqua un court moment de stupeur.

Le sauveur le vit et en profita pour finalement atteindre son objectif. J’avais cru qu’il se déplaçait au hasard tentant de s’éloigner de moi. En réalité depuis le début son mouvement était dirigé vers un sac qui était posé à proximité de la table. Utilisant ses dernières forces il créa une ombre épaisse qui vint me gêner la vue alors qu’il plongeait la main dans sa sacoche.

Prit par surprise je me débattis contre l’ombre intangible qui se dissipa vite. Hélas le temps que le shaakt avait gagné lui fut suffisant. Quand je pus de nouveau le voir clairement il tenait dans la main trois fioles remplies d’un liquide noir. La magie qui en émanait était oppressante. J'avais entendu dire que les humains avaient trouvé le moyen d'enfermer les fluides magiques dans des flacons mais c'était la première fois que je le voyais. Un sourire mauvais se dessina sur le visage du mutilé. Je compris ce qu’il comptait faire et me ruai sur lui. Un instant trop tard.

D’un geste il vida le contenu des trois fioles dans sa bouche. C’était un acte désespéré. L'absorption d'une telle quantité de fluides obscurs d'un seul coup entraînerait forcement sa mort. Cependant j’ignorais quelles capacités il allait développer avant qu’elle ne survienne. Je n’avais aucune envie de le découvrir. Il lâcha les fioles qui se brisèrent avec fracas sur le sol au moment où mes griffes allaient lui lacérer la gorge.

Alors que j'allais atteindre sa chair une vague d’énergie fut émise par son corps. Les bougies dans la salle s’éteignirent, les tables et les chaises furent renversées. Moi même je fus éjecté comme un vulgaire fétu de paille dans une tempête. Je m’écrasai avec violence contre l’un des murs de la bâtisse. L’impact me secoua et je sentis ma perception se troubler.

Secouant la tête je me redressais en grognant. Le shaakt s’était relevé. Il était maintenant complétement absorbé par la contemplation de sa main restante. Une ombre tournoyait autour de ses doigts. Il était visiblement captivé par ses nouveaux pouvoirs. Il semblait m'avoir totalement oublié. Il n’avait pas l’air de subir le moindre effet secondaire des fluides qu’il venait d’absorber. Je sentais maintenant une puissante magie émaner de lui. Il était terrifiant.

Soudain il referma sa main sur l’ombre. Une légère fumée noire s’échappa de son poing fermé. Il leva le visage vers moi et me regarda. Le fond de ses yeux était passé du blanc au noir. Ses pupilles étaient maintenant d’un violet brillant. Les rôles s’étaient totalement inversés. Maintenant s’était lui qui avançait vers moi. Je voulais reculer mais j’étais littéralement dos au mur.

Le shaakt marqua un temps d'arrêt, savourant visiblement sa supériorité. C'est alors qu'il remarqua mon bout de langue gisant dans une flaque rouge. Il le contempla un instant avant de nouveau tourner son visage vers moi. Il avait une sourire diabolique sur le visage. Je sentis un frisson parcourir ma nuque. J'avais peur de cet homme.

Lentement il ramassa le bout de chair au sol et le tint dans la paume de sa main. Il ne dit pas le moindre mot et recommença à avancer vers moi avec cet air malsain qui me glaçait le sang. Impuissant je vis alors sa vengeance abominable commencer à se produire. Le bout de chair, après s'être mis soudainement à noircir, disparut dans un nuage de fumée noir. Je pus alors seulement détacher mes yeux de la main du sauveur. Un seul regard sur son visage me fit comprendre ce qui allait suivre. Toute sa face était déformée par un rictus sadique.

Avant que je ne puisse faire quoique ce soit je sentis sa présence s'immiscer dans mon esprit. C'était une force écrasant cette fois, rien de comparable avec le léger murmure que j'avais entendu à l'extérieur du bâtiment. Je fus réduis à l'état de spectateur impuissant. Il posa son unique main sur mon museau. C'était une sensation abominable que de se voir le pantin d'un tel être. J'aurais préféré la mort mais il n'était visiblement pas décidé à m'accorder cette grâce tout de suite.

Je me sentis impuissant ouvrir la gueule. En me regardant avec un grand sourire il plongea sa main entre mes crocs. Il m'aurait suffit d'actionner ma mâchoire pour le rendre manchot. Je luttai de tout ma force contre se volonté mais rien n'y fit. Je ne parvins même pas à faire trembler mes muscles. Une larme coula sur ma joue quand il saisit ma langue blessée. Ce n'est pas la vive douleur que je ressentis qui en fut la cause, mais l'immense haine que j'éprouvais pour cet homme.

Toujours prisonnier de mon propre corps je sentis les fluides obscurs de mage pénétrer dans ma plaie encore vive. La douleur m'aurait fait hurler si j'avais pu mais même ça m'était refusé. Je dus endurer la torture dans un silence forcé. Je sentais la magie sombre s'immiscer comme un acide dans mon corps. Je faillis m'évanouir mais même ça ne fut pas permis. Le sauveur s'accrochait à ma conscience comme un tique à sa proie. Il refusait de me laisser partir.

J'atteignis et dépassai des seuils de souffrance inimaginables. Ma langue finit par céder sous les assauts des fluides obscurs. Elle disparut dans un nuage sombre. Une épaisse fumée noire me masqua le visage du sauveur. Je le sentis qui retirai doucement sa main et alors seulement il me rendit le contrôle dans mon corps. Sa précaution fut bien inutile. J'étais totalement vidée de mes forces tant physiques que mental. Je m'écroulai aussitôt haletant au sol. Bientôt une tâche de bave épaisse, sombre et rougeâtre, se forma devant moi. Je sentis ma vision se troublera lors que le sauveur s'éloignait de moi avec un rire dément.

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 Sujet du message: Re: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Dim 4 Déc 2016 14:52 
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((( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente et gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))

Le sauveur comptait visiblement tuer Tora avant de m'achever. Il ne put cependant pas aller bien loin, son hilarité se mua en une forte quinte de toux. La crise gagna rapidement en violence. Il se trouva vite à quatre pattes, crachant du sang. Une fumée noire sortait de sa bouche. Il subissait finalement les conséquences de son gain de pouvoir.

Il finit par s'écrouler à quelques mètres de moi. J'entendais, comme provenant d'une toute autre réalité, le combat de Tora dehors. Il allait devoir attendre. Je viendrai l'aider mais pour le moment j'avais vaincu mon adversaire. Il me fallait juste récupérer un peu de force. Doucement un voile obscure se mis sur ma vision. Il s'intensifia doucement et les sons qui m'entouraient se firent de plus en plus lointains.

Nous étions tous les deux à bout de forces. Le combat aurait pu s’arrêter là. Ce ne fut pas le cas. Dehors j’entendais encore Tora se battre. Tôt au tard il serait vaincu par le nombre. Avec lui mort je serai le prochain. Le sauveur survivrait. Avec ces nouveaux pouvoirs et les rumeurs qu’il répandait sur les Blakalangs, il pourrait devenir un danger pour le clan. Il était hors de question que je le laisse faire.

Avec l’image de la forêt noire en tête je me relevais. Je ne laisserai pas un mage de second ordre détruire ma terre natale. Il était maintenant allongé sur le ventre devant moi, inconscient. Il était ma proie. Renonçait une mise à mort douloureuse je me penchai sur son corps. Je saisi sa nuque entre mes crocs et, d’un coup de mâchoire, détachai sa tête du reste de son corps. Une partie des fluides obscurs qu’il avait ingéré coula en moi. En sentant ma puissance qui m'emplissait je fus soudain pris d’une faim incommensurable. Dans ma frénésie alimentaire je me mis à dévorer le reste de son corps. Lorsque je fus enfin rassasié il ne restait plus rien de son torse et se son abdomen. Il ne restait du sauveur que ses deux bras, la moitié inférieur de son corps, une tête décapitée et une grande tâche rouge qui reliait les différents membres.

J’avais récupéré une grande partie de l’énergie qui m’avait était enlevée. Je saisis la tête du sauveur et regardai vers la porte. Tora se battait toujours mais je vis que ses mouvements se faisaient de moins en moins fluides. Il fallait que j’intervienne.

Je me précipitai à ses côtés brandissant la tête de sauveur. En me voyant arriver son adversaire eut un moment de stupeur. Ce lui fut fatal. Tora saisit l'ouverture pour l’empaler de son épée. Il repoussa ensuite son corps dans le foule amasser devant lui. M’entendant arrivé il s’écarta un peu pour me laisser passer. Ses vêtements étaient en lambeaux et son corps était couvert de blessures. Devant lui gisait une dizaine de cadavres et j’entendais les gémissements de plusieurs blessés derrière le gros de la foule.

Tora était essoufflé. Il profita du temps calme que mon arrivé provoqua pour essuyer sa dague sur ce qui restait de sa manche. Je me dressai devant la foule brandissant la tête de ma victime mes griffes plantées dans son crâne. La scène provoqua un mouvement de recul parmi les disciples du sauveur. Je jetai mon trophée parmi les paysans. Ils s’écartèrent avec un cri de terreur commun. La tête tomba au sol avec un bruit mat. Le sauveur avait été tué par un des démons.

Les disciples étaient totalement perdus et ne savaient pas du tout comment agir. Ils commencèrent à reculer doucement. Tora faisait de son mieux pour se tenir le plus droit possible à mes côtés mais je sentais qu’il était à bout de force. Moi même je n’avais pas autant récupéré les miennes que je l'espérais et je sentais mes genoux trembler imperceptiblement. Heureusement le mouvement de repli devint général. Bientôt ils décamperaient dans la forêt sans se retourner.

C’est à ce moment qu’un homme se détacha du groupe. Il nous lança un regard mauvais à Tora et à moi. Je reconnu le garde du sauveur qui était venue premier à notre rencontre. Le seul encore en vie. Il nous tourna le dos à Tora et à moi pour faire face aux fidèles. Il allait parler et rassembler ses troupes. Il fallait à tout prix que l’on en empêche. Tora à mon côté grimaçait et avait la respiration sifflante. Je compris qu’il ne pourrait rien faire.

Je ne pouvais pas non plus aller de l’avant pour affronter l’homme. Sortir du cadre de la porte m’aurait exposé à un encerclement, à une mort certaine. Il ne me restait plus qu’une solution. Sondant en moi je cherchai la puissance que je venais d’acquérir. Je la sentais bouillonner dans mon estomac. Les fluides n’étaient pas encore tout à fait assimilés par mon organisme et je n’en avais pas totalement le contrôle. Tant pis je n’avais pas vraiment le choix.

Puisant au maximum dans cette énergie, je préparai le plus puissant souffle de Thimoros dont j’étais capable. La puissance se déchaîna en moi et sembla vouloir jaillir par chacun des pores de ma peau. Je n’avais plus le contrôle. Je revis la vision abominable que m’avait infligée le sauveur. Encore une fois j’étais à la merci d’éléments que je ne contrôlais pas.

Je sentis le désespoir menacer de m’envahir de nouveau. Je luttai, il était hors de question que je me laisse une fois de plus mon esprit se faire dominer par quoique ce soit. Dans un ultime effort je parvins à expulser de mon corps toute la magie noire que j’avais accumulée. Mon début de frayeur me quitta au même moment.

Une grande forme noire s'expulsa de mon corps et se rependit tout autour de moi. Toutes les personnes présentent se trouvèrent bientôt prise dans cette étrange fumée, Tora également. Ma lutte interne n’avait pas duré plus d’une seconde. L’homme de main venait juste de lever les bras, prêt à se lancer dans un discours, quand la magie le traversa.

Dans un premier temps le sort sembla n’avoir aucun effet et pendant quelques secondes les fidèles regardèrent juste la fumée avec un air un peu craintif. Puis soudain toutes les personnes présentent se mirent à gémir. Je vis Tora tomber à genou à mes côtés se tenant la tête dans les mains. C’était comme si le désespoir induit dans la vision que j’avais eu c’était transmis via ma magie. J’ignorais qu’une telle chose était possible.

Il n’était pour autant pas temps de me réjouir. J’avais épuisé mes dernières forces et je me retrouvai d’un coup à genou à côté de Tora. La brume se dissipa rapidement et tout le monde eu l’air de retrouver ses esprits. Mon compagnon d'infortune me jeta un regard triste. Cette fois c’était la fin, nous avions sous estimé nos adversaires et maintenant nous allions payer le prix fort.

L’homme de main se redressa et se tourna vers nous avec un air de frayeur. Quand il vit l’état de faiblesse dans lequel nous étions une ombre passa sur son visage. Il renonça à faire un discours et avança vers nous en dégainant lentement son épée. Le long bruit de l’acier contre le fourreau, les lumières vertes qui dansaient dans le ciel et la foule qui reprenait ses esprits derrière lui. Je ne pus m’empêcher de penser que tout ça donnait du sublime à cet homme, à cette mort.

Dans une dernière note cristalline son épée quitta totalement son étui alors qu’il arrivait à portée. Tora leva faiblement sa dague, faisant mine de se défendre. D'un coup de pied le fidèle l’envoya voler. Tora n’émis pas la moindre plainte quand la dague alla se planter dans la terre mais je vis la colère dans ses yeux. Théâtralement notre bourreau leva lentement son arme. Derrière tous les fidèles contemplaient la scène sans faire le moindre bruit. Tora et moi le regardions dans les yeux. Il était impossible de savoir qui il allait frapper en premier mais nous tenions tous les deux à voir notre fin en face.

Alors que l'épée était arrivée à son point culminant un sifflement suivi d'un bruit sourd se fit entendre. Une expression de douleur s’inscrivit sur le visage de l'homme de main. Il se figea totalement puis son arme lui échappa, rebondissant avec un bruit métallique sur le sol. L’instant d’après c’était lui qui s’écroulait. Nous pûmes voir ce qui avait causé sa chute, il avait une flèche plantée dans le dos.

Les fidèles se retournèrent simultanément pour voir d’où venait le trait. La seule réponse qu’ils eurent fut une volée de projectiles qui sembla venir de tous les endroits à la fois. Toutes les flèches était ciblées sur le groupe compact et venaient du couvert des arbres tout autour de la clairière.

Ce fut la panique générale. Il y eut un cri de ralliement parmi eux et ils se précipitèrent vers le bâtiment. Tora et moi étions encore sous le choc d’avoir vu la mort de si près que déjà une foule nous fonçait dessus. Les flèches continuaient de pleuvoir sur eux mais ils étaient juste trop nombreux. Nous allions mourir piétiner par une foule paniquée.

C’est à ce moment qu’un autre cri retentissant se fit entendre. De derrière la bâtisse un groupe d’une dizaine de brigands surgit soudain pour barrer la route aux fidèles. Bientôt ils furent rejoints par leurs camarades surgissant tout autour de la clairière. Les paysans se retrouvèrent vite encerclé. Après un simulacre de combat les rares survivants déposèrent les armes et se rendirent. Ca en était définitivement finit du sauveur et de ses fidèles.

Après

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 Sujet du message: Re: Forêt de Nostyla
MessagePosté: Dim 4 Déc 2016 18:15 
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Tandis que ses hommes s’occupaient d’attacher les rescapés, de trier et de rassembler armes et objets de valeurs le chef des brigands vint à nous. Je l’avais déjà rencontré à plusieurs occasions mais je n’avais jamais entendu son nom. Tous ses hommes l’appelaient chef. C’était un homme de taille moyenne avec le teint légèrement hâlé. Il portait une épaisse moustache et une barbe de plusieurs semaines. Il avait de courts cheveux noirs et surprenamment bien coiffés. Il avait les yeux noirs et pour le moment arborait une expression franchement amicale.

« Algaries, tu m’as rendu un fier service en coupant la tête de ce serpent. Il fit un signe à un de ses hommes qui amena ladite tête. Le chef s’en saisit avec un large sourire. Littéralement en plus! Tu sais je t’ai vu lancer ton sort c’était vraiment impressionnant. Puis je ne sais pas comment tu t’y es pris mais t’as réussi à buter cet enfoiré. Il agita la tête du sauveur sous mon museau. Du coup je me suis dis que peut être tu voudrais rejoindre mon gang. Si tu deviens membre ce butin, il désigna les affaires que ses hommes continuaient à rassembler, te reviendrai de droit. Avec un grand rire il ne put s’empêcher d’ajouter, enfin ce qu’il en restera une fois ma part prélevée! Reprenant un visage plus sérieux mais toujours souriant il finit sa proposition. Qu’en dis tu ? »

Il y avait une véritable fortune en matériel amassée là bas. Si l’’argent ne m’intéressait pas le sauveur m’avait dit qu’il achetait ses objets à Wulfin. Il était plus que probable que les fioles qu’il avait ingérées venaient également de lui. Avec la somme que représentait ce butin je pourrais donc facilement gagner en puissance en achetant des objets à ce dernier. D’autant que j’ignorais ce que recelait encore le sac du sauveur et les pouvoirs potentiels des nombreux objets que portaient ses bras droits. Si c’était une proposition sérieuse, cela méritait réflexion. Je voulais avoir du temps devant de donner ma réponse. J’ouvris ma gueule pour montrer l'emplacement béant qui faisait maintenant place à ma langue. Il ne put s'empêcher de grimacer mais se reprit vite.

« Je vois. Ceci dit je n’ai rien contre les muets ils ont tendances à moins…enfin tu me comprends. Mais je manque à tous mes devoirs. Se tournant vers ses hommes. Vous deux! Aidez Algaries à s’installer à l’intérieur. Toi, vas chercher du papier et de quoi écrire! Il se tourna alors vers Tora. Quand a toi, mon beau sergent. Si tu peux tromper une bande de paysans sache que je suis dans les affaires depuis bien trop longtemps pour ne pas reconnaître ton joli minois. Il avait susurré ces dernières paroles. Il parla à l’adresse des deux hommes qui étaient venu me relever. Un seul de vous deux sera suffisant pour aider Algaries. Tu n’es pas si mal en point que ça? Parfait. Il ne m’avait même pas laissé le temps d’acquiescer ou de nier. Donc toi tu vas l’aider et toi tu vas attacher monsieur le sergent. Je verrai ce que je ferais de lui plus tard. »

Je montrai les crocs à cette déclaration. Le chef me regarda d’un air surpris puis la compréhension s’installa sur son visage. D’un signe de la main il arrêta son subalterne qui s’approchait de Tora une corde à la main et un air mauvais sur le visage.

« En fin de compte dans l’état dans lequel il est il ne représente pas un vrai danger. Va l’installer à une table avec Algaries.

-C’est trop d’honneur.»

Sans relever la provocation de Tora le chef se dirigea à l’intérieur de la bâtisse. Il lâcha un sifflement sonore en voyant l’état des lieux qui se termina en un cri de surprise en voyant les restes du sauveur. Sous ses ordres le corps fut évacué en même temps que la tête qu'il donna à un de ses hommes, une table redressée, des bougies allumées et nous nous installâmes tous les trois. Il reprit la parole sans se départir de sa bonne humeur.

« Ecoute Algaries, je sais que t’es quelqu’un de réglo et personnellement j’ai aucun problème avec le fait que tu sois…poilu. Ca fait peur aux gens et c’est plutôt une bonne chose dans le métier. En plus ce que t’as fais tout à l’heure c’était vraiment fou, t’as un vrai potentiel. Tu sais, aucun de mes gars ne maîtrise la magie. Toutes les babioles qui trainent avec des pouvoirs on pourrait te les laisser y a pas de problèmes. Moi en échange je récupère juste la monnaie et l’or. De toute façon c’est pas comme ci c’est des trucs qui t’intéressent. Par contre il va falloir que je me débarrasse de ton ami. J’ai des connaissances qui paieraient très cher pour sa tête.

-J’ignorais que j’avais une telle valeur, vous me flattez

-Ho tu n’as même pas idée… »

C’est alors qu'un homme mal à l’aise vint déposer un livre et un bout de charbon à côté de moi. Je pus lire sur la couverture « 101 recettes de bouloum ». Celui qui avait apporté ça me regardait gêné. Sans me formaliser je saisis le livre et le bout de charbon tandis que le chef congédiait l’homme visiblement rassuré.

Je griffonnai quelques mots sur le livre sous le regard inquiet de Tora qui ne parvenait pas à voir ce que j’écrivais. Je le tendis ensuite au chef sans faire le moindre bruit. Son sourire disparu et son visage retrouva une expression fermée après qu'il ai lu mes mots.

« Très bien, je comprends. Comme tu m’as rendu un grand service aujourd’hui je veux bien accéder à ta demande. L'argent que tu m'as fais gagner vaut bien celui qu'il aurait pu me rapporter Se tournant vers Tora. Tu as de la chance pour cette fois. Je suis un homme d’honneur et que j’ai une dette envers ton ami mais si jamais tu reviens dans les parages… »

Il laissa sa phrase en suspend. Un autre de ses hommes qui attendait depuis un moment à ses côtés en profita pour intervenir.

« On a trouvé ce sac et on sait pas trop où le ranger »

Il posa la sacoche du sauveur sur la table. Le chef regarda ce qu’il y avait à l’intérieur en sortit un petit parchemin qu’il lut rapidement avant de le remettre dans le sac. Il récupéra une petite bourse dont il compta le contenant. Ce fut vite fait. Il remis le peu d'argent qu'elle contenait dans la sacoche en ajoutant le livre que je lui avais tendu et poussa le tout vers moi.

« Tiens prends ça. Au moins tu n’auras pas tout perdu. Maintenant, si toi tu seras toujours le bienvenu ici. Tes fréquentations sont mauvaises et je vais devoir vous demander de quitter ma demeure. Si jamais tu changes d'avis tu sais où me trouver. »

D’un signe il fit venir deux de ses hommes qui nous mirent dehors sans ménagement. Tora et moi nous éloignâmes du campement en claudiquant dans l’indifférence générale. En chemin Tora ramassa discrètement sa dague qui était resté planté au sol. Elle était à l’écart du combat personne n’avait remarquée. Arrivé hors de vue des brigands nous nous écroulâmes au sol simultanément pour reprendre notre souffle. Nous restâmes un moment assis adossés contre deux arbres côte à côte sans dire un mot. Nos respirations sifflantes qui se répondaient était le sol dialogue que nous avions. Au bout d'un moment le silence s’installa. Ce fut Tora qui le rompit.

« Qu’est ce que t'as écrit dans ce livre ? »

Je ne pus m’empêcher de remarquer que c’était la première fois qu’il me tutoyait. C’était légitime. Après ce que nous venions de vivre de son point de vue on était sans doute devenu suffisamment proche pour qu’il n’ait plus à s’encombrer de telles formalités. J’ouvris le sac que m’avait donné le chef et en sortis le livre. Je l’ouvris à la première page et je pus voir les mots que j’avais écrit commençant déjà à s’effacer.

«Préfère solitude
Pas butin
Libérer Tora »

Je tendis le livre à ce dernier qui lut les mots alors qu’un large sourire se dessinait sur ses lèvres.

« Algaries, tu m’as sauvé la vie deux fois en une seule nuit. Il est vrai que la première fois j’aurais sans doute pu m’en sortir seul face à ses paysans mais c’est l’attention qui compte. J’ai maintenant une grande dette envers toi et je ne l’oublierai pas. »

Il me rendit le livre avec une expression chaleureuse sur le visage. Je me contentai d’acquiescer. Mon choix n’avait pas du tout été fait avec se vie au premier plan. C’était en réalité juste un calcul de ma part. Durant cette nuit j’avais vu des puissances dont je ne soupçonnais pas l’existence. Que ce soit la magie du sauveur ou l’habilité à l’arme blanche de Tora. J’avais pris conscience que la force que je pensais mienne n’était que l’illusion d’un petit poisson dans une marre encore plus petite. C’est ce qui avait causé la perte de mon frère contre le roi des marais.

Rester auprès du chef revenait à me cantonner à une nouvelle petite zone et je voulais à tout prix éviter ça. Tora était pour moi une porte ouverte sur un monde beaucoup plus vaste. J’ignorais combien de personnes aussi fortes que lui existaient mais j’avais l’intime conviction qu’en le suivant je m’ouvrirais de nouveaux horizons. Comme pour confirmer mes pensées il sortit de son sac un papier et me le tendit. Alors que je le saisissais et commençais à lire il prit la parole.

« Tu as fait tes preuves en tant que combattant et maintenant ma confiance t’est acquise. Une expédition se prépare vers un tout autre monde. Je ne sais pas ce qui attendra ceux qui répondront à l'appel mais je suis sûr que la milice apprécierait qu’un être comme toi fasse parti du voyage. Est ce que l’aventure te tente ? »

Un tout autre monde ?! Je dus faire un effort pour contenir mon excitation. Evidemment que j’étais partant. En guise de réponse je saisis le bout de charbon qui était dans la sacoche et marquait deux lettres sur le parchemin avant de le redonner à Tora.

« OK »

Il me sourit et se releva avec difficulté. Avant de l’imiter je rangeai le livre dans mon nouveau sac. Ce faisant j’avisais divers objets que j’aurais tout loisir d’étudier durant le trajet qui s’annonçait mais mon attention fut capter par le parchemin que le chef avait sorti précédemment. C’était une lettre manuscrite qui indiquait que son expéditeur serait présent à Oranan dans le mois à venir et qu’il avait des objets intéressants à vendre. Une adresse était marquée. C’était signé d’un grand W. Une ombre passa sur mon visage que Tora ne remarqua pas. Trop occupé à s’étirer en émettant quelques plaintes de douleurs par moment. Quand il eut finit j’avais rangé la lettre et retrouvé une expression neutre.

« Et bien alors c’est dit. Nous avons une longue route avant d’arriver jusqu’à Oranan j’espère que tu es d’attaque! »

Je me contentai de me relever et de passer mettre la sacoche en bandoulière pour montrer que j’étais prêt. Il m’adressa un grand sourire et nous partîmes sous les lumières vertes qui dansaient encore dans le ciel.

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