Avant
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Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente et gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))
L’intérieur de la bâtisse était éclairé par des centaines bougies de cire noire. Il y en avait partout sur les tables et sur les murs. Assis sur une chaise me faisant face le sauveur me regardait avec un air serein. Il avait tombé sa capuche et, à la lumière d'une dizaine de cierges, je pouvais maintenant discerner son visage. Il n’était pas humain.
Il avait la peau gris sombre et je voyais la lumière des bougies danser dans ses yeux violets. Ses cheveux blancs coupés courts étaient encadrés par des oreilles pointues. J’avais déjà entendu des histoires à propos des elfes noirs mais c’était la première fois que j’en voyais un. Je fus un instant décontenancé par son air tranquille. J’en oubliai presque la raison de ma présence ici mais les bruits du combat dehors me firent revenir à la raison.
Dans un rugissement je bondis sur lui les griffes en avant. Il resta parfaitement immobile alors que je passais au dessus de la table. Arrivé à porté je lui donnais un grand coup de pattes à la tête. Mes griffes le traversèrent comme si il était faite de brume. Avant d'être emporté par mon élan je cru voire son visage onduler et disparaître sur un sourire. Je tombai à la renverse en entraînant avec moi la chaise sur laquelle il était assis l'instant d'avant. Je me relevai aussitôt.
Soudain le plancher autour de moi commença à se craqueler et à partir à la dérive. Je me retrouvai vite sur une parcelle de bois à peine plus large que moi. Tout autour il n’y avait que de l’eau. Je flottais sur mon frêle esquif entouré des restes du bâtiment qui s’éloignait petit à petit. Je tombai à quatre pattes, terrorisé. Le moindre de mes mouvements faisait dangereusement bouger mon embarcation. Je risquais à tout moment de me retrouver plonger dans ce qui semblait être un immense lac. Je n’osais pas bouger.
Quelque part dans mon esprit, au delà de la terreur, je sentais confusément que la situation n'avait pas de sens. Tout ceci ne pouvait pas être réel. Je fermai les yeux tentant de quitter ce cauchemar. Rien n’y fit. Je sentis mes appuis tanguer sous le poids de mon corps. Tous mes muscles se crispèrent. C’était à peine si je parvenais à respirer.
Soudain il y eut un mouvement tout autour de moi et l’eau se fit plus instable. J’ouvris les yeux. Il faisait grand jour et le soleil était à son zénith. Sa chaleur était insupportable et de la vapeur commençait à s’échapper de l’eau. J'étais pétrifié sur mon minuscule bout de bois au milieu de l’infinité qui m’entourait. J’avais chaud et la sueur commença à coller mes poils à ma peau. C’était une sensation abominable. Je voulais que tout s’arrête mais tout ça était loin d’être finit.
Par endroit la vapeur commença à s’intensifier. Elle se condensa prenant des formes de plus en plus distinctes autour de moi. Bientôt des larges tentacules aqueux m’entourèrent. Ils se dressaient sur une dizaine de mètres et m’encerclaient totalement. J’étais totalement à la merci des éléments. L’image de mon combat contre le roi des marais se superposa avec ce que j’étais en train de vivre. Pour la seconde fois de ma vie j’étais fasse à un adversaire qui me surpassait totalement. Contre lequel je ne pouvais rien faire.
Les membres aqueux de mirent à onduler doucement autour de moi. Je regardais impuissant ce spectacle qui me terrifiait. Je revis mon frère qui s'interposait entre moi et une menace similaire. Je revécu le coup qui lui avait été fatale. Ce qui était en train de se passer était affreusement similaire. Soudainement les tentacules se balancèrent simultanément en arrière, prenant de l'élan avant de frapper. Dans une synchronisation terrifiante ils s’abattirent tous sur moi. Je fermai les yeux attendant l’impact qui ne vint jamais.
Lorsque je les rouvris j’étais de nouveau dans le bâtiment des brigands. Ma bouche était pleine de sang. Dans un effort désespéré je m’étais mordu la langue dans l’espoir de retrouver conscience. Ca avait en partie marché mais j’avais sous estimé la puissance de mes crocs et j’avais sectionné une bonne partie de mon muscle. Sur ma tête baissée je sentais le contact d’une main qui instillait sa magie pernicieuse dans mon esprit.
Dans le même geste je crachai un bout de langue sur le sol et arrachait, à l’aide de ma mâchoire, la main du sauveur au dessus du poignet. Aussitôt la magie cessa. En même temps que laissai tomber le membre du sauveur je revins totalement à moi. Je ressentis totalement la blessure qui m'avait permis de reprendre contact à la réalité. Ce fut comme une explosion qui vrilla mes sens. Je tentai de crier mais cela fit bouger ma langue amputée et accentua ma douleur. J'entendais, au delà de ma propre souffrance, le shaakt qui hurlait. Je parvins finalement à limiter ma plainte à un grognement. La douleur était encore atrocement présente mais je l'ignorais pour le moment. Ma proie était encore en vie.
Tenant son moignon ensanglanté je vis que le sauveur était tombé à la renverse. Il continua de reculer en étant assis me contemplant avec horreur. Il faisait des efforts futiles pour diminuer le flot de sang qui s’écoulait de sa plaie. Tous mes muscles me faisaient souffrir. Dans l’illusion qu’il m’avait infligé je les avais tendus à l’extrême sans m’en rendre compte. Je sentais maintenant qu’ils étaient arrivés à la limite de la rupture. Sans rien en laisser paraître je me relevai doucement. Je ramassai théâtralement la main du sauveur en le fixant avec un regard empli de haine. Je me mis à la déchiqueter en faisant volontairement craquer le plus possible le moindre de ses os. Cela provoqua une terrible vague de douleur dans ma bouche mais ça en valait la peine. Je sentis un plaisir indicible m'envahir alors que le visage du sauveur se décomposa en voyant son membre se transformer en une pulpe sanguinolente informe. Il n'était pas dans mon habitude de provoquer des souffrances inutiles mais je tenais à ce qu'il ressente la même terreur qu'il m'avait infligée. Sauf que pour lui tous ça serait bien réel. Soudain le bruit du combat de Tora à la porte me rappela l'urgence de la situation. Avant de mettre fin à la pitoyable vie du sauveur j'avais cependant une ultime question à lui poser.
« Pourquoi…Liykor ? »Ma voix était atroce et chacune des syllabes prononcées m’avait fait terriblement souffrir. Je pense qu’il me compris uniquement parce qu’il avait déjà vu la question dans mon esprit auparavant. Les sons que j’avais émis étaient en réalités incompréhensibles même pour moi.
« Wulfin! C’est lui que j’ai décris, c’est lui qui me vend mes objets! »Entendre ce nom me stoppa net. Wulfin avait été banni du clan des Blakalangs peu après ma naissance. Aussi peu loin qu’allait cette notion dans le clan il y’avait une eut une rumeur comme quoi il pourrait être mon géniteur. Cette idée était fondée sur le fait que six mois avant ma naissance, il était un des seuls membres du clan à maîtriser les fluides obscurs. Que ce fantôme de mon passé revienne soudainement à moi provoqua un court moment de stupeur.
Le sauveur le vit et en profita pour finalement atteindre son objectif. J’avais cru qu’il se déplaçait au hasard tentant de s’éloigner de moi. En réalité depuis le début son mouvement était dirigé vers un sac qui était posé à proximité de la table. Utilisant ses dernières forces il créa une ombre épaisse qui vint me gêner la vue alors qu’il plongeait la main dans sa sacoche.
Prit par surprise je me débattis contre l’ombre intangible qui se dissipa vite. Hélas le temps que le shaakt avait gagné lui fut suffisant. Quand je pus de nouveau le voir clairement il tenait dans la main trois fioles remplies d’un liquide noir. La magie qui en émanait était oppressante. J'avais entendu dire que les humains avaient trouvé le moyen d'enfermer les fluides magiques dans des flacons mais c'était la première fois que je le voyais. Un sourire mauvais se dessina sur le visage du mutilé. Je compris ce qu’il comptait faire et me ruai sur lui. Un instant trop tard.
D’un geste il vida le contenu des trois fioles dans sa bouche. C’était un acte désespéré. L'absorption d'une telle quantité de fluides obscurs d'un seul coup entraînerait forcement sa mort. Cependant j’ignorais quelles capacités il allait développer avant qu’elle ne survienne. Je n’avais aucune envie de le découvrir. Il lâcha les fioles qui se brisèrent avec fracas sur le sol au moment où mes griffes allaient lui lacérer la gorge.
Alors que j'allais atteindre sa chair une vague d’énergie fut émise par son corps. Les bougies dans la salle s’éteignirent, les tables et les chaises furent renversées. Moi même je fus éjecté comme un vulgaire fétu de paille dans une tempête. Je m’écrasai avec violence contre l’un des murs de la bâtisse. L’impact me secoua et je sentis ma perception se troubler.
Secouant la tête je me redressais en grognant. Le shaakt s’était relevé. Il était maintenant complétement absorbé par la contemplation de sa main restante. Une ombre tournoyait autour de ses doigts. Il était visiblement captivé par ses nouveaux pouvoirs. Il semblait m'avoir totalement oublié. Il n’avait pas l’air de subir le moindre effet secondaire des fluides qu’il venait d’absorber. Je sentais maintenant une puissante magie émaner de lui. Il était terrifiant.
Soudain il referma sa main sur l’ombre. Une légère fumée noire s’échappa de son poing fermé. Il leva le visage vers moi et me regarda. Le fond de ses yeux était passé du blanc au noir. Ses pupilles étaient maintenant d’un violet brillant. Les rôles s’étaient totalement inversés. Maintenant s’était lui qui avançait vers moi. Je voulais reculer mais j’étais littéralement dos au mur.
Le shaakt marqua un temps d'arrêt, savourant visiblement sa supériorité. C'est alors qu'il remarqua mon bout de langue gisant dans une flaque rouge. Il le contempla un instant avant de nouveau tourner son visage vers moi. Il avait une sourire diabolique sur le visage. Je sentis un frisson parcourir ma nuque. J'avais peur de cet homme.
Lentement il ramassa le bout de chair au sol et le tint dans la paume de sa main. Il ne dit pas le moindre mot et recommença à avancer vers moi avec cet air malsain qui me glaçait le sang. Impuissant je vis alors sa vengeance abominable commencer à se produire. Le bout de chair, après s'être mis soudainement à noircir, disparut dans un nuage de fumée noir. Je pus alors seulement détacher mes yeux de la main du sauveur. Un seul regard sur son visage me fit comprendre ce qui allait suivre. Toute sa face était déformée par un rictus sadique.
Avant que je ne puisse faire quoique ce soit je sentis sa présence s'immiscer dans mon esprit. C'était une force écrasant cette fois, rien de comparable avec le léger murmure que j'avais entendu à l'extérieur du bâtiment. Je fus réduis à l'état de spectateur impuissant. Il posa son unique main sur mon museau. C'était une sensation abominable que de se voir le pantin d'un tel être. J'aurais préféré la mort mais il n'était visiblement pas décidé à m'accorder cette grâce tout de suite.
Je me sentis impuissant ouvrir la gueule. En me regardant avec un grand sourire il plongea sa main entre mes crocs. Il m'aurait suffit d'actionner ma mâchoire pour le rendre manchot. Je luttai de tout ma force contre se volonté mais rien n'y fit. Je ne parvins même pas à faire trembler mes muscles. Une larme coula sur ma joue quand il saisit ma langue blessée. Ce n'est pas la vive douleur que je ressentis qui en fut la cause, mais l'immense haine que j'éprouvais pour cet homme.
Toujours prisonnier de mon propre corps je sentis les fluides obscurs de mage pénétrer dans ma plaie encore vive. La douleur m'aurait fait hurler si j'avais pu mais même ça m'était refusé. Je dus endurer la torture dans un silence forcé. Je sentais la magie sombre s'immiscer comme un acide dans mon corps. Je faillis m'évanouir mais même ça ne fut pas permis. Le sauveur s'accrochait à ma conscience comme un tique à sa proie. Il refusait de me laisser partir.
J'atteignis et dépassai des seuils de souffrance inimaginables. Ma langue finit par céder sous les assauts des fluides obscurs. Elle disparut dans un nuage sombre. Une épaisse fumée noire me masqua le visage du sauveur. Je le sentis qui retirai doucement sa main et alors seulement il me rendit le contrôle dans mon corps. Sa précaution fut bien inutile. J'étais totalement vidée de mes forces tant physiques que mental. Je m'écroulai aussitôt haletant au sol. Bientôt une tâche de bave épaisse, sombre et rougeâtre, se forma devant moi. Je sentis ma vision se troublera lors que le sauveur s'éloignait de moi avec un rire dément.
Après