Le cadeau fut refusé, un peu sèchement, visiblement le présent avait été mal considéré. Le guerrier aux yeux vert se vexa et les évènements s’accélérèrent. Un cri s’éleva de l’extérieur, le propriétaire de cette performance vocale, l’enturbanné surement, rencontrait des problèmes.

Des problèmes qui nous apparurent dans la seconde qui suivit, alors que le guerrier de Jésuir invoquait ce qui semblait être les morts du clan : des victimes de guerre, à leurs plus vieux ancêtres. Serpent le devinait a la vue des silhouettes sombres aux caractéristiques physiques et vestimentaires très proche des indigènes vivant qui se tenaient devant eux.

Une armée d’ombres de haute stature, bardées d’armes, menaçantes par leur simple présence. Le barde arrondit les yeux et leva les mains légèrement avec calme, relâchant sa cape au sol. La situation était un cran plus tendue à présent. Le ménestrel se fit la réflexion intérieure que c’était un sacré challenge que de convaincre ces gaillards-là.

C’est le moment que choisit Mask, Son abominable faera-Gobelin, pour se matérialiser, assis sur son épaule, seulement visible par le ménestrel. Des journées de silences pour venir mettre son grain de sel dans la soupe à mouche. Il était vêtu d’un bel ensemble trois pièces, veste en tweed et chaussure en cuir noir cirée. Croisant ses grandes jambes longilignes, les bloquant dans cette position de ses deux mains apposées sur le genou, il renifla l’air de son long nez crochu.

((« Sniiiirf..sniff..sniff. Tu ne sens rien ? sniiff snif… Hmm ouai. Ça sent l’étron de Domon ! »))

Le ménestrel avait son lot d’apparition fantomatique. Il pensa très fort à une réponse virulente. Mais il peinait parfois à parler par pensée, ses dernières s’emmêlaient facilement entre pensée parlée, réflexions mélodiques et pensées abruptes instinctive.

((« %&#@ … Ou tu étais ? … Do ré mi fa sol… Des jours sans nouvelles !!... %§*£ j’ai chaud… T’as un conseil ? Sol do mi… » ))

Le Faera goguenard, se balançant d’avant en arrière brièvement, répondit sur le même ton grinçant.

((« Qu’est-ce que tu fais ici petit maitre ? C’est un théâtre bien morne pour se représenter et ton public semble mort d’ennui. HinHinHIN »))

((« Cesse tes piques … chaud…si chaud…. J’ai besoin d’un conseil avisé …% !§@ La Lalalaaaa… sort moi de ce pétrin. »))

Le Faera allait répondre, mais la voix froide du jeune homme aux cheveux noirs brisa le petit silence qui avait suivi les apparitions. Il semblait émoustillé par les apparitions et en venait à supplier les Ol’Tholga de leur transmettre savoir et clé de la hutte la plus proche. Serpent en restait dubitatif, le faera conclu sans cérémonie par transmission de pensée.

((« Tu t’es fait des copains nécrophile ?! Bien ! Bien ! De mieux en mieux… »))

((« Je crois surtout qu’il … #jus de bannane%… se trompe sur l’essence même de…# Sol la Mi% la magie de ce peuple. »))

Serpent interpella donc Azra, rien ne sert à cet homme qu’il se perde ici. Ce n’était ni sa culture, ni vraiment de la nécromancie comme celle des praticiens nécromants de Yuimen.

« Excuse-moi, mais je pense que tu te méprend sur la nature de leur art. La nécromancie que tu sembles connaitre est celle de notre monde. Il me semble qu’elle est basée sur la création et l’asservissement de la non-vie. »))

Le barde désigna les vivants du clan.

« La leur semble plutôt lié à leur culture, à… une sorte de rituels de connexion avec les esprits de leurs proches, je dirais. A un rapport de famille-amis-clan. »

Serpent montre ensuite l’armée des morts.

« Regarde… ce sont tous des esprits d’individu similaire à eux. Ce qui prouve qu’ils ne contrôlent pas les esprits étrangers à leur clan, à l’inverse des nécromants yuiménien qui peuvent dominer n’importe quel esprit. Ici Ce n’est visiblement pas un rapport de domination, mais un rapport de …sang…ou d’une connexion spirituelle profonde. Ça expliquerai possiblement pourquoi les Ol’thoga n’ont pas conquis les terres environnantes et pourquoi, même s’ils le voulaient, ils ne pourraient nous aider. Leurs magies si puissantes et surement fortement liée au gigantesque cimetière qu’ils chérissent tant. C’est une magie puissante mais qui n’a pas vocation à la conquête. Ce que tu apprendras ici ne t’aidera peut-être pas chez nous. »

Serpent lui tint un discours auquel il prêta peu d'attention. Le ménestrel semblait penser qu'il voulait juste utiliser ces gens et ramener leurs pouvoirs sur Yuimen !

« Mais quelle tourte ! S'énerva le garçon. Pourquoi revenir sur Yuimen si je peux trouver un foyer ici ?! »

Cahlas expliqua ensuite qu'il ne contrôlait aucunement ces âmes. Sous le village se trouvait une immense nécropole, demeure des défunts Ol'Toga. Mais ceux-ci avaient transcendé la mort et vivaient maintenant comme des ombres. Ils s'affaibliraient et disparaîtraient s'ils s'éloignaient trop, mais pouvaient sans problème défendre les lieux.

Mais la réponse qu'attendait le jeune homme arriva bientôt et il s'y consacra entièrement :

« Nous n’avons jamais accueilli d’étranger dans nos rangs. Nous ignorons même si leur âme survivrait au rituel. Mais… Jamais personne ne nous l’a demandé. Nous ne vous connaissons que trop peu, encore, pour vous inclure dans notre tribu. Prouvez-nous que vous êtes fort, prouvez-nous que vous être brave… Et vous pourrez rester. J’ai parlé. »

Un rituel ? Une mort imminente ? Rien d'inhabituel. Rien qu'il n'ai déjà surmonté plusieurs fois dans sa chienne de vie ! Que l'instinct de conservation aille chez Phaïtos, il fallait qu'il trouve un moyen !

Mais à ce moment-là un phénomène étrange se produisit : le soleil... changea ? Il crut un instant que c'était les ombres des Ol'Toga qui brouillaient sa perception de la lumière. D'un coup, il fut debout et se précipita dehors.

« Qu'est-ce que... »

Il ne finit pas sa phrase. À quelques dizaines de mètres, se trouvait un être semblable à un énorme garzok à moitié d'acier. Et aussi quelqu'un d'autre. Un homme en armure noire qu'il avait déjà vu. Il avait pourtant subtilement changé. Sa jambe était maintenant d'acier et il émanait de lui une sensation diffuse de menace. Comme face à un loup affamé. Azra sentit ses cheveux se hérisser sur sa nuque.

« Ezak d'Arkasse... »

Cet homme l'avait sauvé d'adversaires bien trop nombreux pour lui. Il était fort et rapide... indiscutablement bien plus puissant que le nécromancien.

Et un serviteur d'Omyre, ainsi que l'avait compris Azra Fan'ming.

Quel malheur ! Il était encore épuisé par l'embuscade du fleuve Andel et ne voyait pas comment il allait pouvoir se tirer de là. Heureusement, les ombres des Ol'Toga étaient partout. Pour l'instant, elles n'intervenaient pas, mais peut-être allaient-elles faire quelque chose ? Azra devait les avertir... et aussi, il devait quand même dire quelque chose. Ezak l'avait sauvé à une époque. C'est quelque chose qu'on ne peut oublier.

« Ezak d'Arkasse ! Cria-t-il. Finalement, ce n'est pas sur le champ de bataille, ainsi que je l'avais dit, que nous nous retrouvons... »

(Joliment formulé...) s'amusa Chandakar

« Mais peu importe. Je ne t'ai pas dénoncé à Fan'ming, parce que je te devais la vie. Mais ma dette est payée, maintenant, chien d'Oaxaca ! Tu ne troubleras pas la paix de ces lieux ! »

Brandissant son bâton, Azra invoqua Rendrak. Dans son état de fatigue, il doutait de pouvoir faire appel à beaucoup d'autres pouvoirs. Mais même le liykor paraissait frêle à côté de la monstruosité d'acier. Face à Hellfest, le monstre de lord Kain, il avait semblé tout juste à égalité. Mais là... Bon, s seulement il pouvait tenir ce monstre à distance quelque temps, Azra pourrait peut-être se débarrasser d'Ezak assez vite pour l'aider ensuite. Si seulement Karin pouvait venir l'aider encore une fois ! Et Ombos... le loup était trop loin, mais s'il pouvait le récupérer...

Il allait voir, pour l'heure, Rendrak terminait de se matérialiser, promenant ses orbites depuis longtemps blasées devant un énième spectacle ahurissant que lui valait la connaissance d'Azra. Il siffla tout de même d'un air admiratif :

« Tu as fait fort sur ce coup-là. Bon, c'est le moment où on meure bravement et inutilement, c'est ça ? »

((Hannn ! Il t'a traité de Tourte mon jeune maitre !")) ricanna Mask.

Le ménestrel arqua un sourcil à l'insulte du jeune homme. Son sourire se figea et son visage pris une allure profondément hautaine. Sa sympathie avait des limite et s'il y avait bien une chose que le barde exécrait avant même oaxaca, c'était le manque de respect. Le freluquet nécromant avait franchit une barrière de trop. Sans se démonter, Serpent rétorqua d'une voix glaciale, insistant sur le vouvoiement:

" Je n'ai aucune once de similitude avec votre tarte salée, et contrairement à vous jeune homme je connais mes bonnes manières et sais gérez mes émotions. Vous n'avez ni les liens spéciaux que possèdent ces hommes avec les esprit, ni la connaissance sur les propriétés qu'à ce monde sur notre magie. Modérez votre langage et vos sautes d'humeurs !"

Mais le petit trou du cul blafard, mis à profit une de ces autres variations de luminosité extérieure, dont le ménestrel c'était déjà vu gratifié à Fan Ming, pour laisser le débat en plan et sortir de la masure, comme un pet impromptue hors d'une tente.

"Hooo... il commence à me plaire celui là... Je suis pas là pour gérez les crises d'adolescence !" siffla le ménestrel.

Il fixa les habitant de la tente avec un peu de gênes.

"Mes excuses Ol'thoga, je ne sais pas trop quel mouche pique mon compatriote."

Il reprit la conversation, en laissant Azra quitter la cabanne.

"Je comprend enfin ce qui bloque votre peuple et pourquoi on le dit maudit. Vous êtes donc condamnés à vivre dans ce désert ? Quelque chose me dit que vous espérez quelques choses d'autre, toute personne résignée à son sort se contenterait de vivre sans chercher à entrer en contact avec des étrangers. Mais vous, vous nous avez pourtant accueilli et renseigné sur votre cultures. Est ce que vous attendez quelques chose ? N'y a t'il aucun moyen pour que nos deux peuple trouve un terrain d'entente ? Je cherche quelques nouveaux don ou magie que je pourrais utiliser contre l'ennemie, même une cuillère maudite, un pagne enchanté où un moyen de ne pas me faire repérer par les troupes ennemis... une tenue orque par exemple."


Il fut coupé par la voix du nécromancien qui semblait parler à haute voix à quelqu'un d'autre à l'extérieur. La personne enturbannée peut-être?

HRP :
[Serpent tente sa capacité de charme pour obtenir quelques chose du clan Ol'thoga]

À peine étions nous arrivés à notre destination que le cheval disparu, nous laissant seul dans un lieu que je n’avais pas encore eu le loisir de visiter. L’endroit était sec. La terre craquelée par manque d’humidité et les herbes séchés ayant pris une couleur tirant sur le marron faisaient peine à voir. En observant le paysage, je pouvais presque l’entendre crier sa soif. Dans cette savane, seules quelques huttes subsistaient pas plus d’une poignée.

Mais ces éléments ne furent que des détails pour mes yeux, car autre chose de bien plus impressionnant cernait l’endroit : Une armée d’ombres impressionnante par son nombre. En observant bien ces ombres guerrières, on pouvait observer des traits humains. Un homme en turban faisait tâche dans ce paysage, seul au milieu de tout ces esprits, un peu en retrait. Je devinais assez vite que cet homme était un Ol’Thoga et que ces âmes devaient être les siennes. Ainsi, ils étaient en vie.

Je restai calme mais sur mes gardes, certes impressionné par le spectacle, mais nullement apeuré sous mes écailles. Une ombre s’approcha de moi, lentement, l’air menaçante avec son arme qui avait l’air aussi immatérielle que lui. Devant ce mouvement, je me préparais à héler l’homme pour lui dire que je venais en paix, quand une voix m’interpella avec des accents de colères.

Je fronçai les sourcils, ayant reconnu d’emblée cette voix qui m’avait accompagné un court moment. C’était celle d’Azra, le nécromant. Avec tous ce qui m’était arrivé j’avais presqu’oublié cet empoté et le fait qu’il me pensait affilié à Oaxaca. Mes yeux se posèrent sur lui, il était près d’une des huttes et venait surement d’en sortir. Il s’était mis en tête de m’invectiver, me menaçant une nouvelle fois de mort et me traitant comme lors de notre dernière rencontre de chien d’Oaxaca. Sauf que cette fois, il était bien décidé à se battre et il matérialisa son Lykior squelette;

Je l’observai faire sans dire le moindre mot. Sachant pertinemment qu’il n’était pas un de mes ennemis, je n’avais réellement aucune envie de me battre contre lui. Bien au contraire, il était dans la même situation que moi, et je l’avais couvert devant les têtes de l’armée Oaxienne. Mais quand je me rappelais de la manière dont s’était passé notre dernière entrevue, son attitude m’agaçait quelque peu. Et je comptait le lui faire comprendre avec mon arme préféré, la provocation.


« C’est marrant. La dernière fois que je t’ai vu, tu as fuis la queue entre les jambes, incapable d’assumer tes menaces. Il semble que des testicules ont fini par te pousser. Où est-ce le fait d’être en supériorité numérique qui te donnes soudainement du courage ? »

Je serrai les dents, tout en respirant profondément.

« Si je voulais te tuer, je t’assure qu’il te faudrait bien plus qu’une armée pour m’empêcher de t’atteindre. Vois-tu, contrairement à toi, personne ne pourra jamais dire que j’ai fuis le moindre combat. Ceux qui t’accompagnent pourraient bien me tuer mais je te premets sur le nom des d’Araksse que tu iras m’ouvrir la voie au royaume de Phaistos. Et tu dis vouloir sauver l’Ynorie ? Comment pourrais-je seulement laisser ma patrie entre les mains d’un lâche comme toi ? »

Ma main vint se glisser sur le manche de Mongoor, prêt à le dégainer.

« Tu es dans la même situation que moi nécromant. Entravé sous une bannière que tu tiens à voir brûler. Mais si tu tiens vraiment à m’arrêter sache que ce mur d’ombre ne sera pas assez pour te protéger de moi. Car toute personne qui tentera de couper ma marche en ce monde sera un ennemi de l’Ynorie à mes yeux. D’autant plus que tu viens de me mettre dans une situation très désagréable. » Dis-je en jetant un regard en coin à Légion.

«Alors, dis-moi quelle sera ta sentence nécromant ? On marche ensemble on se tiens la main jusqu’à Phaistos ? »

Chandakar s'était lancé dans un discours de stratégie qui s'annonçait beaucoup trop long par rapport au temps qu'ils avaient devant eux. Il expliquait qu'en de telles circonstances, il fallait au contraire concentrer ses forces sur un ennemi. Si Azra et Rendrak pouvaient vaincre rapidement et par surprise le garzok géant, ils pourraient se concentrer sur Ezak. Mais le jeune homme ne l'écoutait qu'à moitié, car le guerrier noir avait lui aussi la parlotte. Il le traitait de lâche, ce qui n'était pas nouveau, même si Azra préférait le terme de « survivant », à cause d'une prétendue supériorité numérique. Le nécromancien fronça les sourcils :

« Comment ça, supériorité numérique ? »

Et l'autre de continuer en se proclamant loyal à son Ynorie natale... Le patriotisme était une notion relativement étrangère à Azra, mais il savait que ça existait, mais il avait tout de même du mal à comprendre ce que voulait dire le guerrier.

(On s'en fiche ! Balaya Chandakar. Tu le massacres et puis c'est tout. Ah, et il faut que tu récupères ton loup... et que tu convaincs Karin de se faire tuer... enfin de détourner l'attention quelques instants. Ensuite...)

Azra le laissa continuer son monologue, tandis qu'un sourire s'étendait sur ses lèvres. Il comprenait enfin l'histoire de la supériorité numérique et soudain, il éclata de rire. Non pas un rire mauvais comme précédemment, mais un rire franchement amusé. Il fit un large geste de la main pour désigner l'assemblée des ombres.

« Allons, n'insulte pas ces braves gens en les traitant d'invocations d'un nécromancien de bas étage comme moi ! »

(C'est moi que tu traites de nécromancien de bas étage ?) s'exclama l'esprit-liche, coupé dans son exposé stratégique.

(Non, je parle de moi.)

(C'est exactement ce que je viens de dire !)

(Non, je ne parle pas de toi.)

(Qui ça, toi ? Lui ? Tu parles de l'Ezak de la Crasse ou je ne sais plus quoi ?)

Le laissant monologuer dans cette nouvelle confusion de personnalité, Azra sourit au guerrier. Il n'avait assurément pas envie de le combattre. Il pouvait s’agir d'un piège, bien sûr... mais il avait envie de croire qu'il s'était bien trompé sur son compte.

« Du coup, je charge vers une mort certaine, oui ou non ? S'impatienta Rendrak. J'en ai marre de faire le rat mort... ah ah, elle est bonne celle-là ! Enfin... bon, j'aimerais quand même finir ma vie sur mieux que ça... »

Azra fit quelques pas vers Ezak, restant tout de même à distance de sécurité.

« Tu comprendras que, sachant que tu viens d'Omyre comme moi et que tu es présentement accompagné d'un... garzok... »

L'hésitation marquait bien l'incertitude sur la nature du colosse.

« … j'ai du mal à croire que tu sois fidèle à ton pays... Alors soit, admettons que tu dises vrai, quelle est ta justification ? »

Le nécromant m’écouta attentivement et je pus lire la perplexité sur son visage. S'il ne croyait pas totalement à mon histoire, il ne la balaya pas d’un revers de main. Il semblait s’être même détendu quelque peu, à en juger par son attitude plus ouverte. Il avait d’abord ri, en me précisant que ces apparitions n’étaient pas les siennes.
Je le savais. De ce puissant pouvoir, il n’en avait pas usé. Même lorsque qu’il était assailli par des Omyriens dans les bois sombres. Mais sa façon de les considérer me rendit perplexe. Il en parlait comme de véritables personnes. Mon esprit titillé, je glissai un regard plus aiguisé à l’esprit qui me barrait le passage directement, avant le redirigé vers ses semblables.

Des esprits, aux traits différents, mais fort semblables, comme s'ils ne formaient qu’un seul peuple. Avec mes maigres connaissances en magie et surtout en nécromancie, je ne pu tirer aucune conclusion de ces observations. Et je n’avais de toute façon pas le temps, car Azra se rapprocha un peu de moi, un sourire sur les lèvres. Il disait avoir du mal à croire mon patriotisme et me demandait de me justifier.

Devant son attitude un peu plus détendu, je devins moi-même un peu moins sévère. Relâchant la garde de ma lame pour bien signifier que je n’avais pas l’intention d’attaquer, mais juste de me défendre.

« Mes justifications ? » Répétai-je avec un sourire en coin.

« Sincèrement, que veux tu que je réponde à ça ? Que je dise ou non la vérité tu seras seul juge. "

J'étais sincère. Je ne pensais pas pouvoir réussir à le convaincre juste avec le pouvoir des mots. A mon tour, je montrai dans un geste les esprits qui encerclaient l'endroit.

"A vu d’œil plus d'un millier d'apparitions prêt à me tomber dessus au moindre de mes faux pas. N'est ce pas suffisant pour t'assurer une tranquillité d'esprit ? "

Le guerrier sembla se détendre, affirmant qu'il n'avait pas de justifications qui puissent le convaincre définitivement. C'était sans doute vrai, et comme il le signalait également, il y avait un bon millier de spectres prêts à intervenir en cas de mauvais geste de sa part. Azra hocha la tête :

« En effet, mais j'aimerais quand même bien savoir ce que vous faites avec un garzok... enfin, je suppose qu'il faudra l'expliquer dans la maison du chef... »

Il désigna la hutte à côté de lui. Puis, sur une inspiration soudaine et ignorant les plaintes de Chandakar, furieux de voir que son superbe plan de bataille ne serait pas appliqué, il se tourna vers un fantôme :

« Hum... d'ailleurs... bonjour, mais... nous entendez-vous ? Pouvez-vous nous répondre ? »

À sa grande surprise, l'ombre répondit. Une voix étrange, surgit de nulle-part.

« Je vous entends. Mais quelle réponse pourriez-vous attendre de nous. »

Azra frémit légèrement, sans pouvoir dire si c'était de peur ou d'excitation. Ils étaient bien là, tous ces hommes qui avaient transcendé la mort. Terrifiants... et impressionnants. Ils ne pouvaient vraiment être tué, de toute évidence, sauf, comme avait dit le chef, s'ils s'éloignaient trop. Mais s'ils pouvaient tuer... ils formeraient une armée invincible ! Sauf... que la magie erratique des lieux avait déjà provoqué plus d'un phénomène étrange. Si Oaxaca amenait des magiciens, ces derniers pourraient bien détruire définitivement ces gens.

Derrière lui, les deux guerriers sortirent et, voyant Ezak et son compagnon, demandèrent de qui il s'agissait. Azra répondit sobrement :

« Ezak d'Arkasse... un homme de mon monde. Je ne suis pas sûr qu'il soit notre ennemi. Par contre, son compagnon à l'hygiène douteuse est visiblement un énorme guerrier garzok, donc un ennemi potentiel... Je suppose qu'il va falloir éclairer ça... »

Mais il avait maintenant plus important à faire. Azra se tourna vers l'ombre qui avait parlé et rassembla son courage. Ce n'était pas le moment de se laisser impressionner par cette sinistre assemblée ! Il devait les convaincre, il n'aurait peut-être pas d'autre chance...

« J'ai commencé une discussion avec le chef, permettez-moi de la terminer avec vous. La sorcière Oaxaca a commencé à envahir ce monde. Elle a ravagé Esseroth et s’apprête à déferler sur Andel'Ys. Je sais que vous vous pensez en sécurité, et je comprends cela... mais soyez bien sûr que si Oaxaca entend des rumeurs de trésors et de savoir magiques à Jesuir, de gens ayant atteint l'immortalité... Alors elle viendra ! Vous pourrez la repousser pendant un temps, mais chacune de vos victoires sera un affront qu'elle voudra laver ! Et ses forces, qu'elles soient physiques ou occultes, sont gigantesques ! Si vous devez finir par être le dernier endroit d'Aliaénon à résister, vous finirez par tomber ! »

Sa volonté et son ardeur de survivant, fanatique de ses propres convictions, s'éveillaient. Malgré son tempérament défaitiste, Azra n'avait pas survécu jusqu'ici en se montrant timoré. Il s'animait et ses paroles avaient la chaleur de la vie que son corps ne reflétait pas. Emporté par ses propres paroles, il frappa le sol de son bâton.

« Oaxaca se croit tout permis sur mon monde, et maintenant elle fait de même sur le votre ! Ni vous, ni aucun autre peuple ne mérite ça ! J'ai voyagé avec un esserothien, il était arrogant et hautain, comme beaucoup de son peuple... je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve que même ainsi, ils ne méritent pas leur sort ! Mais Oaxaca se croit tout permis et elle se fiche du mérite des gens. Elle va tout ravager, alors qu'au fond, votre monde n'est qu'un moyen d'attaquer le mien par une petite porte de derrière... mais elle va quand même tuer et soumettre sur le chemin ! Quel irrespect ! »

Il se calma quelque peu :

« Je sais que vos moyens sont limités, et je ne vous demande pas de gagner cette guerre. Nul ne peut vraiment vaincre Oaxaca. Mais si nous lui infligeons une défaite suffisamment cuisante... Si nous lui montrons, alors qu'elle n'a à peine conquis que quelques villes, que son chemin ne sera pas si facile. Si nous lui montrons que les peuples d'Aliaénon sont prêts à se battre et se soutiennent... alors peut-être qu'elle renoncera ! Peut-être qu'elle préférera trouver un autre moyen d'attaquer mon monde ! Et au moins, le votre sera sauvé. »

Il écarta les bras et conclut :

« Alors voilà... allez-vous attendre qu'elle possède ce monde en entier et n'en lâche plus une parcelle ? Ou allez-vous nous aider à lui adresser dès le début un message clair : qu'elle n'est pas la bienvenue ici ? Le choix vous appartient... mais sachez que j'aimerais croire en la paix d'un lieu isolé et protégé. J'aimerais... pouvoir m'installer ici. Cependant, que vous me suiviez ou non, je partirais me battre... pour que votre paix demeure. »

Enfin, il reprit son souffle, épuisé mais restant aussi droit que possible pour montrer sa détermination. Son cœur se serra. Bien des vies, et peut-être même l'avenir de ce monde et de ce peuple, allaient se jouer sur la réponse qui allait venir.

la proposition du chef du village résonna un moment dans l'esprit du ménestrel. Il lui assurait d'avoir une chance d'échapper à la mort. c'était inespérée bien qu'il n'était absolument pas convaincu d'avoir envie de mourir pour user de leur offre.

Le rituel permettait d'atteindre, grâce à l'art Ol'thoga, l'état d'ombre morte vivante doué d'intelligence et de volonté, cette transformation permettrait de se rendre à Escar'olth pour un laps de temps assez court afin de retrouver son corps s'il venait à mourir. Serpent se gratta nerveusement la joue et Mask restât (et c'était inquiétant) curieusement muet.

Cela semblait être un signe d'extrême honneur que lui faisaient le clan. Le chef l'assura de l'exclusivité du secret et le pria de l'emporter avec lui dans la tombe. Le ménestrel prit un temps de réflexion sous le regard du chef du clan avant de demander:

"De combien de temps disposerais-je ? Je veux dire... Vous avez dit que l'existence même des ombre est rattachée à cet endroit. Je ne veux pas m'évanouir comme une ombre face au levée du soleil." la voix du barde semblait nerveuse et sa pâleur inhabituellement accentuée, il était évidement terrifié.

" Et ...ma forme me permettra elle d'agir sur des éléments physiques ? D'user de magie ? Si mon enveloppe physique initiale est... trop abimée ?" les questions se bousculaient et son cœur s'accéléra. ces questions n'avait pas de réponses pour un simple kendran pour qui la mort était fatale.

Se rendant compte de son manque de politesse il se rattrapa tout de même, passant une main pâle sur son visage d'albâtre. "Merci pour cet honneur, je suis navré d'avoir réagit de cette manière, mais la mort est un concept définitif pour les miens... j'honorerais ma part de l'accord en scellant à jamais le secret dans ma mémoire".

Serpent souffla et jeta un œil autour de lui, finalement aucun artefact ne se cachait ici et sa quête devait se poursuivre ailleurs. Il remercia chaleureusement le chef et la sorcière et se prépara à partir. Toutefois, Avant de sortir rejoindre le nécromancien qui braillait dehors, et à qui il avait la furieuse envie d etirer les oreilles, il se retourna pour ajouter.


"Je ne sais pas ce que ça vaux, mais voici un cadeau qui ne passera pas pour une bête tentative de corruption. Vous avez mon amitié et si je le peux, j'agirais de façon à vous aider, si d'aventure la situation m'en donne l'occasion. Aurevoir Clan Ol'thoga...."

Ezak resta silencieux, tout comme les ombres, et ce silence sembla assourdissant dans la savane. Azra abaissa les épaules, vidé. Il sentait une nouvelle vague de désespoir s'annoncer, et voilà que les ombres disparurent dans le sol, regagnant leur demeure souterraine, sans un mot.

À quoi bon se battre ? Ce monde était perdu. Ce ne serait qu'un échec de plus dans la longue succession qui avait ponctué sa vie. Il disparaîtrait sans laisser de trace, comme il se doit.

(Azra...)

Les maux de tête reprenaient. Combien de temps lui restait-il ? Impossible à dire. Tout ce qu'il savait c'était que...

(Azra !)

(Laisse-moi m'apitoyer sur mon sort ! C'est tout ce qui me reste...)

(Il en reste une...)

Le jeune homme leva les yeux... et vit que l'ombre qui s'était adressé était toujours là. Ne sachant comment réagir, il resta planté debout, hésitant. Finalement, l'ombre parla. Elle ne croyait pas à la menace. Si Oaxaca les détruisait, ils disparaîtraient avec leurs secrets. Elle répéta qu'il n'y avait pas à craindre pour eux. Azra haussa un sourcil. Il ne comprenait pas vraiment cette remarque, surtout à la lumière de ce qu'il savait déjà.

« Mais n'avez-vous pas des trésors, sous terre ? Creuser pour aller les chercher ne lui fait pas peur. Elle retournera toute la contrée si nécessaire, il paraît qu'elle devient complètement barge dès qu'elle perçoit un potentiel gain. Elle a des milliers d'esclaves à travailler pour elle. Et elle en aura encore plus une fois qu'elle aura soumis ce monde. »

Finalement, l'ombre avoua vouloir éventuellement l'aider, sans trop savoir ce qu'elle pouvait faire. Le cœur du jeune homme bondit. Avait-il bien entendu ?

(Tu vois ! Il ne faut jamais désespérer !) s'amusa Arek.

(Félicitations, mon grand, s'exclama Chandakar, tu sais que tu me rappelles ma jeunesse ? Enfin, j'étais moins stupide, bien sûr, mais tout de même tu arriverais presque à la cheville de ce que j'étais ! Et peu d'hommes peuvent s'en vanter !)

Azra écoutait maintenant avidement ce que disait l'ombre des capacités de son peuple. La lande noire... reprendre Esseroth... garder les frontières des forêts... elle affirmait qu'ils ne pourraient pas aller plus loin. D'un mouvement brusque, Azra sortit sa carte et la déplia pour regarder le rayon que ça représentait.

(Hum... pas mal...) apprécia son hôte interne.

Rendrak s'était aussi approché pour voir, intéressé. Azra sourit à son étrange interlocuteur, emplis d'un nouvel espoir. Ces créatures étaient vraiment l'aboutissement ultime. Des êtres immortels, pleinement libre et conscients, juste lié à un lieu... l'ombre lui proposait même de venir trouver la paix ici, ensuite. Mais les maux de tête rappelèrent le jeune homme à l'ordre. Son sourire s'assombrit :

« Vous êtes décidément l'une des personnes les plus aimables que j'ai rencontré en ce monde monsieur... quel est votre nom, d'ailleurs, si je peux le demander ?... Vous voyez, tous, y compris les miens... ils ne pensent qu'à eux-même. À une époque je les aurais compris, mais maintenant... Bah, ils se débrouilleront au nord. Si vous pouvez nous aider au sud... c'est déjà plus que tout ce que j'espérais. »

Il prit une profonde inspiration. L'ombre avait gagné sa confiance et il sentait qu'il n'avait rien à lui cacher. Autant être honnête jusqu'au bout...

« Quant à ma présence, soyez rassuré : elle ne vous causera pas de trouble... Pour être honnête avec vous jusqu'au bout je dois vous dire : Je ne gouterais pas longtemps à cette paix que je recherche depuis si longtemps... Je suis mourant. D'un mal contre lequel, je le crains, vos pouvoirs n'y pourront rien. Je ne rejoindrais pas votre demeure souterraine mon âme va simplement... disparaître au loin, déchirée de l'intérieur. »

(Comment-ça déchiré ? Je n'ai jamais parlé de ça !) protesta Chandakar.

(Arrête... tu sens comme moi la façon dont ces maux de tête me vrillent le crâne. Si ça se trouve, dans quelques jours, je ne serais même plus en état de me battre. Et après ? Cette... fusion comme tu dis... ce sera juste notre mort. Un débris d'âmes mélangées et brisées... sans conscience. Je le sens au plus profond de moi.)

Il ne répondit pas. Il savait, sans doute. Peut-être depuis longtemps. Il était très doué pour cacher ses pensées.

(Alors si je peux avoir ne serait-ce que quelques jours de paix ici... c'est tout ce que je demande. Et toi... tu voulais te venger d'Oaxaca et de Tal'Rabhan ? Eh bien nous allons l'avoir cette vengeance. Sur ce monde. Ce n'était peut-être pas ce que tu attendais, mais c'est mieux que rien.)

Après un instant de silence, la liche marmonna faiblement :

(Ne baisse pas les bras, voyons, je peux encore trouver une solution. Si seulement nous avions plus de fluides à porté... je savais bien qu'aller sur ce monde était une mauvaise idée...)

Mais il semblait lui-même abattu. L'ignorant, le nécromancien poursuivit :

« Voilà aussi l'une des raisons pour lesquels je souhaite aider... et enfin trouver le repos. Mais peu importe. Ce n'est pas le moment d'avoir de sombres pensées. Je ne voudrais pas trop vous en demander, alors choisissons juste un objectif. Vous dites que vous pourriez vous rendre à Elscar'Olth... ou à Esseroth... Je peux m'y rendre instantanément, mais vous, combien de temps vous faudrait-il ? Combien nous suivrons ? En m'y rendant, je pourrais déterminer s'il reste des Esserothiens à sauver. Encore faut-il que vous arriviez à temps. Mais le mieux... serait de boucher le fluide d'Elscar'Olth. Cela mettrait définitivement fin à la menace qui pèse sur ce monde. J'ignore comment faire, mais reprendre la ville serait déjà un bon début. Qu'en pensez-vous ? »

Même si, selon ses dires, les Ol'Toga n'avaient rien à craindre, étant déjà morts, il leur demandait quand même de partir en guerre, et il n'imaginait pas prendre une décision sans les consulter. Et puis, de toute façon, il pourrait difficilement les forcer à quoi que ce soit ! D'autant plus qu'il restait une inconnue : toutes les ombres étaient partie, voilà pourquoi il avait posé la question sur combien suivraient. Celle-là parlait-elle en leur nom, ou était-elle la seule à réfléchir à la possibilité de les aider ?

Serpent surgit hors de la tente, pour voir se dissiper dans l'instant qui suivit une gigantesque armée d'ombres. Son haussement de sourcil, imperceptible derrière son masque d'or, marqua la surprise du jeune ménestrel alors qu'il balayait le village désolé du regard. Seul subsistait Une ombre solitaire, qui répondait au questions du petit tout pâle.

Ce dernier, élucubrait, marmonnait, grognait près de son amis enturbanné. Il semblait s'être calmé mais en proie à un fort orage de pensées. Le ménestrel décelait des attitudes de mal-être dans tout ces mouvements et même la tenue générale du nécromancien indiquait que le croque-mort semblait torturé mentalement. Serpent ne put en connaitre les raison exactes, mais peut être que l'étrange homme qui se tenait à l'autre bout de la place, flanqué d'un garzok patibulaire y était pour quelque chose.

Soudain comme animé d'un souffle de vie, le nécromancien lanca une dernière bouteille à la mer à l'ombre impassible. Il semblait tellement prit dans ses pensées qu'il ne s'était pas aperçu que l'ombre avait répondu de manière claire à ses attentes. Serpent mis les mains sur ses hanches, laissant sa cape légendaire se débattre dans le vent inexistant. Il observa brièvement le nécromancien, est ce que petit maigrichon pouvait l'aider en quelque chose ? Son comportement d'adolescent en pleine crise avait tendance à l'agacer mais dans le fond il avait connu pire comme compagnon de route. Un nécromancien après tout pouvait avoir son utilité.

Il souffla un moment pour attirer l'attention du nécromant. Puis fit quelque pas dans sa direction, il cherchait les mots exact pour communiquer avec cet hurluberlue sans provoquer encore une réaction imprévisible chez le drôle de jeune homme.

" Ils défendront leurs terres et, au vu de ce que l'on a pu en voir, ils risquent d'être une belle épine dans le pied du colosse. C'est mieux que rien. " commença-t-il sans préambule. Son regard se dirigea vers Ezak et son compère au allure de Garzok domestiqué.

"Je suppose que ces gaillards là..." Il les désigna "sont des visiteurs d'importances, au vu de ta réaction quelque peu...disproportionné de tout à l'heure. Sont-ce des ennemies ? As-tu besoin d'aide ?