L'oudio observe la scène sous ses yeux sans jamais y participer, ni communiquer avec ses hommes de main. Il consent tout de même à répondre à Maâra.
Il l'informe être né après les frères, sans pourtant préciser quand et reste évasif concernant son physique, annonçant simplement à l'elfe qu'ils ont fait beaucoup de mal et qu'ils vont lui payer ce qu'ils lui doivent. Des propos plutôt mystérieux qui visiblement ne ravissent pas la Sindel, bien au contraire, mais le temps n'est pas au babillage ou à la réflexion. Toutefois, elle ne peut s'empêcher de penser que ce comportement sert à cacher le véritable dessein des gens.
Pendant ce temps, deux des mercenaires descendent l'échelle sous le regard peu confiant de leurs confrères qui lancent un regard étrange vers l'Oudio ; ce dernier reste en retrait, l'écorce immobile.
- Vous fermez la marche Tartaros ?
Maâra s'approche de la trappe après les deux hommes et descend à son tour, suivit de près par Stor Varg, étonnamment adroit sur une échelle, puis d'Arken.
Elle lève alors les yeux vers la tour et ne semble pas surprise de constater que Tartaros ne les suit pas. Sans se décontenancer, elle accueille le sourire énigmatique de l'Oudio d'un regard froid et inébranlable. Car depuis peu, elle sait que les réponses qu'elle ne peut pas avoir du vivant de quelqu'un, elle pourra les lui arracher dans son trépas.
Elle se détourne de Tartaros et fait soudain face aux quatre hommes et leurs torches.
- Vous vous mettez au milieu, ordonne l'un d'eux d'une voix mal assurée.
- On veut pas d'poignard dans l'dos, rajoute un autre
- Ni qu'tu nous emmènes dans un piège, la noiraude, gonde le plus éloigné.
Arken, diplomate, lève les mains en signe de bonne foi et s'avance dans la file en demandant à Maâra de se joindre à lui. Elle s'exécute sans gestes brusques, son compagnon grondant sur ses talons.
En file indienne, ils avancent dans les boyaux de la tour maudite et s'aperçoivent rapidement que le terme souterrain est bien plus adapté au décor. Il ne s'agit pas d'une cave de la taille de la tour avec quelques dépendances de petites tailles, mais plutôt de cavernes creusées sous la tour et s'étendant bien plus loin à en croire l'écho que produisent leurs voix dans l'obscurité.
Et tout comme elle, les mercenaires sont assurément étonnés de cet état de fait.
Le tunnel où ils sont est haut et étroit, l'humidité y règne en maître, le sol est mou, les parois tapissées d'humus. Du plafond pendent des racines noires et une forte odeur de matières en décomposition charge l'air moite. Et dans ces souterrains, la vie ne manque pas car une multitude d'insectes, de larves, de vers et autres rampants recouvrent la moindre aspérité des murs. Les hommes de l'Oudio sont de plus en plus mal à l'aise et Maâra se demande s'ils le sont à cause de leur présence ou à l'atmosphère sentant bon le traquenard.
Régulièrement, ils croisent ce qui à une époque lointaine, devait être des ramifications obstruées depuis par l'effondrement du plafond. Ils tournent et virent à plusieurs reprises, suivant l'unique chemin qui semble à un moment monter vers la surface et le tunnel suivant s'enfonce un peu plus dans les profondeurs de la terre mais, à un moment un premier embranchement se présente à eux.
Arken se propose alors pour vérifier rapidement si le chemin est un cul-de-sac et revient en confirmant que le couloir continue.
- On se sépare, déclare alors une Maâra qui semble retrouver l'aplomb dont elle a su faire preuve dans d'autres mystérieux souterrains, au cœur d'un volcan.
- Hors de question, réagit l'un des bandits tandis que deux autres acquiescent.
- On perd du temps en restant tous ensemble, à se marcher les uns sur les autres. Plus vite on trouve ce que cherche Tartaros, plus vite on en est débarrassé.
- J'vous ai dit hors de question. On vous fait pas plus confiance qu'à l'arbre.
- Vous préféreriez sans doute qu'on y soit nous, dans ce tunnel. Dans votre dos … pendant que vous vous enfoncez dans ces boyaux. Intervient alors Arken.
- On se sépare, dit alors le bandit en tête de cortège d'une voix autoritaire.
En quelques secondes, la séparation est faite. Deux d'entre eux, torches et armes en mains s'engouffrent dans l'embranchement et le reste avance au même rythme, jusqu'à se retrouver à nouveau à une bifurcation. Cette fois, la séparation se fait sans discussion. Maâra choisit de prendre le tunnel qui descend et laisse les mercenaires prendre l'autre.
Après quelques pas, Arken rompt le silence en demandant à Maâra si son choix avait été dicté par la magie, si elle savait où elle allait.
- Je ne flaire pas la magie, comme un fauve flaire une proie. On avance autant à l'aveugle qu'eux. D'ailleurs … que pensez-vous d'eux ?