De par les prodigieuses proportions de cette porte aux beautés en tout divines, eût été une serrure, je m’en serais fait un passage… mais point n’est de serrure, pas plus que de crème au beurre en ces lieux de chagrin ! Et voilà, de fait, une tendre princesse en féroce position : voyez comme grand est le désarroi qui s’instigue en moi en ces heures sombres ! Car point n’est ici d’ami bienveillant qui me dît le secret de ce listel condamné en son cœur même, ni ne fît conte de ce qui se trouve derrière. Mais franchir pareille œuvre de la Très-Haute Lumière ne peut signifier pénétrer les antres du Mal, et plonger ainsi tout entière en leurs amères volutes, circonvolutions empoisonnées et létales, et enfants de ténèbres ! Point ne sont par-delà labyrinthiques limbes, de cela je suis assurée.
Mais alors, quoi ? Nulle serrure oncques ne vit jour pour recevoir quelconque clé qui ouvrît la voie : est-ce à dire qu’il fallût user de force, ou bien de ruse, encore ? Point n’ai-je vaste arsenal d’armes qui pussent tailler un chemin, ni nombre de sorts immense, malgré les leçons de Cérahe et le soutien de mon estimé Péperci Foldelune, qui eussent parmi leurs pouvoirs celui d’anéantir l’ouvrage d’un dieu ! Certes, les
Traits de Lumière ont multiples usages, et servent souventes fois les desseins de violence – n’en déplaise à mon aimée Gaïa.
Pareille force pût aisément, ainsi que dans Yscambielle la Grande, jadis, pour mon malheur, réduire vaste demeure de reines en charpie de cabane à oiseaux – par trop surannée, vous en conviendrez. Certes, elle le pût. Toutefois céans point ne s’agit d’édifice aldrydique, majestueux peut-être, mais ô combien petit au regard de ces vastes espaces ! Magie d’Akrilla, et Guérisseuse de surcroît, permit-elle jamais de vaincre ouvrages de Géants, dans les légendes d’antan ? Ne m’en firent jamais écho, ni les bardes grandement couronnés, ni les Maîtres aux savoirs immenses.
Peut-être pourtant saurai-je forger menu chemin qui conviendrait à ma taille parfaite… Voilà décision prise incontinent, bien que demeure en mon esprit kyrielle d’interrogations, car sont là de sombres créatures qui répondent sûrement aux appels du Mal, de Phaïtos, et de son frère de ténébreuse engeance. Qu'arrivera-t-il si le Monstre en vient à se détourner du simulacre, attiré qu’il serait par l’enchantement thaumaturgique ? Qu'arrivera-t-il si la présence de la divine Lumière donne âme et vie aux ombres de la Mort, enténébrées dans les bas-fonds et déjà mues par terrible et mortelle magie, et que derechef sur sa proie fond le terrible rapace qui arrache le cœur ?
(Sa proie, c’est MOI, alors pas de blague !)Mais qu’importe, en noble cœur ne peut y avoir pareil balancement. Décision prise, je m’y tiendrai, parole d’Akrilla ! D’autant que mes veines charrient le flot bouillonnant d’une magie qui ne peut être tenue prisonnière – en mon âme, je sens toute la puissance de ce don de Gaïa qui flamboie et me brûle ! Que cette cataracte farouche soit promptement déversée, et, dirigée à bon escient, qu’elle s’épande tout entière sur les métaux. Foudroyante magie !
((Trait de Lumière - lvl8))