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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 23:32 
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Le souffle de la jeune fille était court. Le feu, comme par violentes et meurtrières coulées de lave, inondait ses bras, son front. Son corps entier s’était transformé en un ardent brasier, de l’intérieur ; elle s’était incarnée en douleur.
Elle ne quitta cependant pas le regard du jeune elfe. Ce que semblait signifier cette calme considération était son seul appui, un message … presque fraternel.


(Fraternel… aha, pauvre fille, toi qui ne puis avoir aucune famille, tu te permets d’évoquer ce mot de frère… Misérable, va. Au moins personne ne sera-t-il là pour inventer de fausses larmes et un pathétique discours désespéré lorsque ton cœur ne pourra plus supporter cette oppression. Je suis née dans la pierre, j’ai grandi dans le bois, voilà que je meurs sur l’étoffe.)


Puis, le sentiment des yeux gris changea. Ne comprenant plus, la pâle petite elfe fut submergée par une vague de désespoir ; se tourna à nouveau vers la fenêtre et s’appuya au dossier du fauteuil. Leva les yeux vers les cieux ; l’Astre était en un épais croissant, le dernier quartier serait dans quelques jours. Il était immense et les ténèbres qui entouraient le manoir d’une aura qu’elle aurait dû fuir… n’altéraient en rien sa splendeur. Elle veillait, reposant sur son lit de néant, la lune veillait sur sa petite enfant, et… sur son camarade également, à en juger par le doux reflet qu’elle avait dans les cheveux de l’inconnu.

Drysis plongea son regard dans cette blancheur toute-puissante, et confia ainsi sa personne entière à cet ange rond, sa personne et sa vie. Entièrement absorbée par cette salvatrice et irréelle présence, l’enfant lunaire vit surgir devant elle une sorte de sombre tentacule, qui passa devant ses yeux et disparut. Elle se retourna et balaya la pièce du regard ; mais tout vacilla, sa vue se troubla de larmes, et elle ne vit plus rien.

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Dernière édition par Pylone le Ven 15 Mai 2009 14:34, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 23:40 
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« Nous attendons tous l’éclipse, non ? »

Ces mots résonnaient dans la pièce. La voix, claire et mélodieuse reflétait un fort accent elfique.

« Nous attendons tous l’éclipse, n’est-ce pas Llewelyn ? »

Vermelh fut impotent, la voix le paralysa.

(Je connais cette voix … que fais-tu ici, Cuello.)

Il dégaina sa rapière, tremblotant. Une peur nostalgique l’envahit.

« Voyons, range ton arme ! Tu n’as jamais rien pu contre moi. »

Cependant, après avoir écouté quelques temps encore, il leva sa rapière vers la jeune fille.

(Je dois me concentrer, ce fourbe maîtrise cet élément à la perfection, les ombres, je dois me focaliser sur les ombres.)

Il fixa chaque recoin, chaque détail à la lettre pour y trouver le moindre défaut, la moindre faute que ce mystérieux inconnu aurait pu faire. Ses yeux s’arrêtèrent à l’endroit où ils se posaient le plus. Ou justement pas assez. Le trompe-l’œil de colonne derrière la jeune demi-elfe. Cuello se doutait bien qu’il ne regardait que la jeune fille et non les murs.
Il s’approcha sévèrement d’elle, commença un geste, et, une fois derrière la semi-elfe termina son geste d’une splendide feinte de coup droit qui fit mouche. Oui, mais sur quoi ?


« Tu as toujours cette rapière, Vermelh ! Ah ! Quel sentimental tu fais. »


Le bout de la lame était planté sur une sorte de grimoire que tenait l'individu. Llewelyn dégagea la rapière du grimoire puis recula lestement. Sa mobilité était faible, mais les quelques actions qu’il entreprenait semblaient claires et précises.


« Qu’allez-vous faire de nous ? Cuello. »


« Oh, mais tu te souviens de moi ! Je suis… flatté. Vraiment. Et nous ? Ciel et ombre ! Toi, le plus grand égoïste que j’aie jamais vu, tu as dit nous ? »


« Pourquoi nous espionner, Cuello, qu’attendez-vous de nous. Réponds, Cuello D’Alnelia, prince des ombres blanches ! »

« Toujours aussi formel brave Llewelyn. Notre très chère assemblée ne connaît pas cette jeune personne. Et toi, c’est un hasard mais un merveilleux hasard. Pourquoi ? Suis-moi, et tu connaîtras tout. »

( Impitoyable sindel ! Dire que j’ai partagé vingt années de ma vie avec un être aussi perfide que toi. )

« L’aniathy est à toi ? Et surtout comment es-tu arrivé ici ? »

« Que de questions, tu oses ! Tu oses, Llewelyn Vermelh, bâtard de la famille Vermelh. Tu as toujours été le plus noble de nous deux malgré ton sang humain. Moi, j’ai percé au lieu d’errer. Les ombres m’ont nommé, Thimoros me nomma ! À force d’entraînement je suis devenu ce que je suis maintenant, un des quatre intendants du manoir de la Perle Noire.
Mais toi, petit être insignifiant, je t’ai senti dès que tu étais proche de Yarthiss. Et maintenant que tu es là par la volonté de Thimoros … ou presque, nous avons une proposition à te faire. »


Llewelyn, ab irato, serra la garde de la rapière puis, la lâcha doucement l’arme et répondit avec sévérité.


« Réveille-toi ! Sens la brûlure !
Tu n’as plus le temps.

Réveille-toi ! Ou ton destin se figera, Cuello ! »


Cuello regarda l’arme tomber et sans reproche, lui déclara d'une voix solennelle.

« Jamais je ne m’étais attendu à des retrouvailles de deux décades, lorsque j’acceptais de Barc une mission d’ordre commerciale en Exech. Jamais non plus, je n’imaginais revoir la personne qui m’a trahie, être noctambule et taciturne, fantasque d’apparence et de mœurs mais d’un étrange qui ravit mon âme …
Jamais, non, jamais je ne changerai ma vengeance.

Tu sais ce que tu as fait Llewelyn ! »


« Je sais ce que j’ai fait. »

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Dernière édition par Llewelyn le Mar 2 Juin 2009 19:28, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 23:40 
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Drysis, sans s’en soucier, était lentement tombée à genoux. Si elle ne gémissait pas, c’était que ses forces, concentrées sur la douleur, excluaient tout autre mouvement.

Elle entendit un ricanement près d’elle. Le leva les yeux vers l’elfe rouge, aussi surprise de cette manifestation de cruauté que de cette voix inattendue. Son visage était sombre, presque haineux.


(La… la réaction que je n’attendais plus du tout… est-ce la mort qui nous entoure qui provoque un tel revirement ? Homme des extrêmes… qu’il me tue, lui ou un autre, cela n’a plus d’importance à présent. Il me semble d’ailleurs que je n’aurai besoin d’aucune aide extérieure pour rejoindre la Blanche… Je n’en peux plus ! Loki, pardonne ta piteuse él… Homme des extrêmes, je ne comprends pas pourquoi tu ris.)


Ses yeux s’étaient de nouveau voilés. Elle fit un douloureux effort pour regarder encore l’elfe lunatique. Les battement de son cœur étaient si forts dans ses oreilles qu’elle n’entendait rien d’autre. Soudain, l’homme eut une expression terrible, de peur et de rage mêlée, et il se précipita sur elle, l’arme au poing.

Drys ne bougea pas ; se contenta de baisser la tête… - geste parfaitement lâche. A genoux, les mains appuyées au sol et les bras tremblant sous l’effort fourni pour se soutenir, elle n’entendit ni ne vit plus rien. La douleur, en un instant, atteint le summum de sa violence ; elle était telle qu’elle ne pouvait qu’être comme détachée de l’esprit de la jeune fille, trop intense pour ce petit corps qui ne la contenait plus. La sueur perlait sur le front de la sylvestre ; elle flottait dans une autre sphère, au-delà du maléfice de l’aniathy, hors de toute pensée. C’était la plus parfaite plénitude, mais dépourvue de joie, une vide total de sensation et d’avis.

Cet état qui semblait éthernel − mais qui évidemment devait mener autre part, vers un absolu plus parfait du fait de la disparition de la seule chose qui restât… l’existence de la semi-elfe − cessa subitement. Drysis sursauta en entendant ce cri :


« Réveille-toi ! »


Elle recouvra la vue, l’ouïe et la sensation : le mal était là toujours, mais s’atténuait peu à peu. Elle leva la tête vers la provenance de l’exclamation : l’elfe se tenait là debout, lui tournait le dos. En face de lui se tenait un elfe gris immense, aux yeux glacés et féroces et aux longs cheveux d’or... Autour de cette créature s’agitaient les mêmes nuées que celles qui suivaient l’aniathy, mais plus blanches encore que les plus hauts sommets des montagnes d’Imiftil ; et plus rapides et maléfiques encore.

La créature et l’elfe aux cheveux gris se semblaient défier. Drysis, lorsqu’elle revint à elle, n’entendit que ces mots :

« Je sais ce que j’ai fait. »

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Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
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Dernière édition par Pylone le Mar 2 Juin 2009 20:14, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 23:44 
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En sortant de la ville, ils prirent donc le chemin de droite comme le décréta le Lutin.
Les deux voyageurs grimpèrent sur une colline, derrière eux s'étendait toute la forêt et il leur était encore possible de remarquer les chaumières fumantes de Yarthiss tandis que devant eux, a perte de vue s'étendaient des larges plaines verdoyantes.
- Encore de la marche, ça va nous fatiguer... soupira le Lutin, en s'asseyant sur l'épaule du Fujonien.
Effectivement, le petit être avait vu juste, les deux... Le "Pur" marchait pendant plusieurs heures avec son compagnon toujours assit sur son épaule quand ce dernier remarqua au loin une petite maisonnette tout a fait modeste.
Enfin, a quelques lieues d'où ils étaient, elle semblait modeste mais bientôt, quand ils ne furent plus qu'a quelques mètres du bâtiment, ils avouèrent qu'elle n'était pas si modeste.
En effet, devant eux trônait le Manoir de la Perle Noire qui, déjà en temps normal est assez lugubre, mais la nuit, il est carrément effrayant de parts ses hauts mûrs grisâtres, son portail forgé noir, son jardin que l'on pourrait qualifier de dévasté de par le fait qu'il n'y ait plus une trace de vie dedans.
Las de la route, le "Pur" allait pour secouer légèrement la grille pour annoncer leur arrivée au propriétaire quand tout à coup, un cri strident déchira cette nuit glaciale. Décidémment, ce Manoir Lugubre était le stéréotype même du Manoir que personne ne désire rencontrer dans sa vie.

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"L'Arpenteur"


Dernière édition par L'Arpenteur le Mer 13 Mai 2009 23:53, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Mer 13 Mai 2009 23:52 
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Lorsque le vieil Arpenteur s’apprêta à secouer la grille avec une de ses puissantes pattes , une sorte de cri strident dura l’espace d’un instant.

Jack fit un brusque mouvement , et courût le long du bras du fujonien pour se retrouver au niveau de sa main fermée en un poing solide. Il fit signe au Loup de s’arrêter sur le champ. Celui-ci, surpris, fronça des sourcils :

« Qu’est ce qu’il y’a, encore, petit ? Quelque chose ne va pas ? »

Le fujonien pouvait lire sur le visage de son ami que effectivement, quelque chose n’allait pas. Celui-ci semblait tendu, aux aguets, comme un animal qui aurait détecté du danger. Alors le lutin parla d’une voix basse.

« T’as rien entendu ? »

L’Arpenteur baissa également d’un ton, un peu plus inquiet.

« Mes sens me trompent peut-être à mon âge, tu sais…Qu’as-tu exactement entendu ? Parles ! »

Le lutin dressa ses petites oreilles pointues, qui frémirent.

« Je n’en suis pas sûr mais…je crois bien que j’ai entendu un… Cri. Oui, c’est ça. Un cri effrayé…Un cri d’Horreur , ou même de douleur ! »

La petite créature semblait dans tout ses états. Le sage Arpenteur prit alors Jack en l’empoignant d’une patte, et le posant sur son épaule.

« Comme je l’ai entendu.Alors peut-être nous ferions mieux de ne pas s’attarder ici. Seuls les esprits malins savent ce qu’il pourrait se passer dans cet étrange lieu. A vrai dire, moi non plus je ne ressens rien de bon à propos de.. . »

A peine eût-il eu le temps de prononcer le mot qu’une lueur pourpre émana d’une des fenêtres de l’étrange propriété, puis un autre cri, celui-ci plus plaintif, déchirant. Le pauvre petit lutin tremblottait alors que le Loup se figea. Après un instant de réflexion, Le fujonien prit la parole, d’une voix en demie teinte.

« Nous voici face à un cruel dil… »

Il ne pût pas finir sa phrase, qu’il s’aperçu que le lutin avait déjà sauté de son épaule pour atterir sur la lourde grille noire du portail, pour passer entre deux barreaux. Une fois ceci fait, il déclara.

« On peut pas laisser des gens souffrir seuls, ils faut les aider ! je vais voir ce qu’il se passe par là bas !

-Petit inconscient ! Que crois-tu pouvoir faire ? Tu aurais trouvé la porte des enfers que tu te jetterais dedans ! Reviens !

-Hors de question ! »

Le petit lutin était déjà parvenu jusqu’à la serrure rouillée de la porte, en escaladant celle-ci, aidé de ses mains et pieds gluants. Il sorti d’une main un grand outil , et plongea celui-ci en même temps que son bras à l’intérieur. Après quelques instants de bidouillage, un léger cliquetis se fit entendre. Après avoir retiré son bras et rapidement rangé son outil de crochetage, il fit signe à son compagnon d’ouvrir la vieille porte branlante.

« Une porte aussi facile à ouvrir est rare de nos jours, c’est quasiment une invitation, soit prudent, copain. »

Jack sauta de la porte jusqu’à un bras de l’Arpenteur, puis grimpa jusqu’à sa tête, avant d’inspecter les alentours minutieusement.

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"Hé! Ca brille!" Jack le Lutin


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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Ven 15 Mai 2009 15:44 
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« Le soir, lorsque les astres et la lune même bénissent la ville, lorsque le soleil se couche et que les nuages disparaissent comme de la vilaine poussière, j’entends Les bruits qui sonnent en moi.
Comme un son étrange, l’écho lointain d’un temple mais je ne peux savoir lequel ; ce son dure toujours un instant et toujours au même moment. Les bruits mondains l’étouffent tout de suite.

Ce bruit, c’est ce que tu m’as fait Llewelyn, ta lâcheté attira l’obscur Thimoros sur moi. Je l’accepte. Il n’empêche que tu es fautif ! »


« Si tu acceptes l’infamie et le chaos, pourquoi m’accuses-tu de t’avoir légué ce que tu avais toujours en toi ? »

« Mensonges ! Tu ne racontes que des mensonges, tu abandonnas Litrana, Barc et moi pour vivre comme un vagabond ! »

Vermelh souriait agréablement en repensant aux deux noms qu’il venait d’évoquer.

«Tu n’es qu’un aveugle. Dans les ombres, la couleur n’existe plus. Et sans couleur, rien n’existe. Je n’ai abandonné personne. Litrana est morte, son destin était de mourir, Barc a disparu et quant à toi… nous t’avons éloigné pour t’éviter la mort d’icelle. Nous pensions que les ombres s’éveilleraient en toi. Et en réalité, c’était inévitable. Mais il n’importe. Explication ou non, ton aveuglement causera ta perte. Je ne vois en toi nulle malédiction, je vois juste un fou qui n’accepte pas sa folie. »

Une sombre rage se cumula en Cuello ; vexé, outré et surtout dans une colère noire, marmonna très rapidement une incantation. La pièce se chargea d’une aura lourde et âpre. Une kyrielle de runes tournoya autour de la main du prêtre obscur ; à la vue de ces runes, la petite aniathy semblait s’amuser et se délecter du spectacle en lançant des yeux de petits « Plus vite maître, plus vite ! ».
Le prêtre était dans un niveau de concentration tel que, ni la semi-elfe et encore moins Llewel ne pouvaient agir ; les deux trop faibles pour contrer une attaque et aussi affreusement inférieurs en puissance face à ce terrible sindels.


« Vermelh, je ne dois pas te tuer. Mais je peux te faire souffrir ! Don ou malédiction, elles sont avec moi, les ombres, le chaos… il brûle dans mes veines. Et tu vas le découvrir ! »

Il lâcha une légère vague d’ombre sur le pauvre Llewelyn, suffisamment forte pour le mettre à terre. La douleur étant trop intense, il tomba à la renverse. Il n’y eut aucun cri, et icelui s'obligea à garder un visage calme bien que tout le trahît. C’était une vague visant à le déstabiliser, non à lui infliger une blessure. Vermelh aurait pu se relever après ce choc, mais il ne le fit point. N'importe quel mouvement aurait été trop dangereux dans son état ; il en avait déjà trop fait.

L’aniathy, étonnement bien cachée derrière Cuello, pointa son minuscule et gracieux doigt vers la jeune semi-elfe, signe d’avertissement en animant sa douce voix.

« On le prend avec nous, tu ne bouges pas, hihi. »

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Dernière édition par Llewelyn le Mar 2 Juin 2009 18:52, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Manoir de la Perle Noire
MessagePosté: Ven 15 Mai 2009 21:09 
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L'Arpenteur regardait vers le manoir avec les yeux plissés, comme pour mieux voir ce qui aurait pu être vu, sans succès.
Il baissa alors la tête (( ce qui fit tomber logiquement le Lutin, je vous passerai les détails de ce qu'il dit a ce moment sous peine d'être banni pour vulgarité )) et posa un genou sur le sol desséché. Il secoua d'un revers de bras la poussière et quelques petits cailloux minuscules afin de mettre en évidence une pierre plus imposante :
- Es-tu prêt ?
- Je suis toujours prêt, boule de poils, sache le.
- Bien.

Pendant que le Fujonien ramassait la pierre et la soulevait doucement, le Lutin accourut jusqu'au seuil de la porte et se colla contre le mur de la façade, emmitouflé dans sa cape qui lui assurait une discrétion totale ; il fit finalement un hochement de tête et le "Pur" le regarda d'un air entendu. Ce dernier porta la pierre au dessus de lui et la lança de toutes ses forces vers la porte, ce qui fit retentir un "BOM" sonore a travers tout le domaine.
Tandis que l'Arpenteur s'était élancé derrière un arbre mort pour se cacher et observer, le Lutin se tenait prêt a agir, persuadé que le fracas alerterait un habitant du Manoir.

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 Sujet du message: LE NAIN ET LE SORT
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 20:56 
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Les événements s’enchaînaient trop rapidement devant les yeux de Drysis ébahie. L’Aniathy sembla lui adresser quelques mots accompagné d’un froid sourire sadique ; la jeune fille ne les comprit pas. Les vapeurs pâles ou pourpres tourbillonnèrent plus vite à chaque instant, devinrent plus denses et se concentrèrent autour de l’elfe blond et de la poupée qui avait traîné le jeune homme jusqu’aux pieds de son maître. Ils furent tantôt engloutis dans les auras maléfiques, dérobés aux yeux de Drys ; elle baissa la tête et couvrit son visage de ses mains tandis qu’une vive lumière illuminait le salon et qu’une explosion résonnait entre les quatre murs.

Lorsqu'elle releva la tête, le salon était vide, il n'y avait plus d'auras blanches ni pourpres, plus ce « Llewelyn », plus d’elfe gris, plus d'Aniathy. Un silence parfait régnait à nouveau dans la pièce redevenue un paisible salon bourgeois. Cette immobilité avait quelque chose d'effrayant ; les gens qui étaient là à l’instant s'étaient soudain évaporé, et la piteuse hallucinée restait seule dans la salle vide.

Elle parvint à se seoir dans le gros fauteuil ; pas celui qui semblait le complice de son gros compère le canapé, ces deux-là paraissaient à présent d'approbateurs témoins qui n'avaient rien fait pour empêcher les événements qui s'étaient déroulés sous leurs yeux. Elle choisit plus-tôt une bergère blanche ourlée de mauve qui tournait le dos aux traîtres.


(Je... je suis en train d'accuser les meubles.)


Ferma les yeux. Des curieuses formes rougeâtres planaient dans la seule obscurité qu’elle connût, imprimées sur sa rétine. Sur le large écran de son imagination se succédaient de confuses visions, trop rapides pour devenir des images stables et quitter le domaine de l’imaginaire. Des boucles blondes, transparentes dans la lumière trop jaune. Deux prunelles grises implorantes, bienveillantes envers elle, presqu’amies. Le visage masqué de son premier tortionnaire. Puis, vinrent les sons et ceux-ci ne se contentèrent pas de se suivre, ils résonnèrent tous ensemble dans son esprit, tandis que les images continuaient de dérouler leur fantaisiste variété à une vitesse folle. Un rire cynique mais enfantin, en grelots, charmant et railleur. Une aile noire qui s’abat sur ses yeux. Une douce voix, harmonieuse et tranquille, qui dit son nom, un jour devant un temple. Une lumière blanche et sereine qui croît et absconse toute autre image, le souffle d’un vent de l’est qui fait taire, une à une, chaque clameur. Cette lueur et ce doux bruit, peu à peu, occupèrent seuls sont esprit.

Un grincement retentit pourtant dans le silence parfait. Drysis ouvrit les yeux et fut éblouie par les rayons de lune qui tombaient à présent sur elle, c’était cela la lumière opalescente qui avait chassé ses visions. Elle revint tout à fait à elle, et se tourna vers la porte : elle était grande ouverte, et une sorte de ... créature se tenait dans l’encadrement. L’enfant regarda l’apparition qui se présentait à elle, interdite : un gros nain qui passait malaisément le chambranle de la porte. Particulièrement massif, il était laid, sale, rustre. Il portait une sorte d’armure légère qui n’aurait protégé son cuir d’aucun coup, mais dont sans doute il n’avait nul besoin. Ses longs cheveux emmêlés traînaient au sol. Ce nain aux dimensions éléphantesques – pour un nain, s’entend – s’avança vers Drysis qui, ; assise dans la bergère et tournée vers lui, examinait cette grotesque vision, interdite. La boule de nain se mouvait de façon fort gauche, ainsi finit-il par heurter un joli luminaire qui alla se briser sur le sol, répandant son huile noire sur le précieux tapis.


( Un grogneur sylvestre dans un jeu de quilles… )

Cette image cocasse et ridicule inspira un sourire à la jeune fille, qu’elle ne put réprimer. Il est probablement heureux que le torkin géant ne vît pas ce sourire. Ce pendant, il était arrivé jusqu’à elle. Sans même la regarder, comme s’il ne se fût pas rendu compte qu’elle était un être vivant, il saisit son bras, la tira brusquement pour qu’elle descende de la bergère où elle était perchée, puis sortit du salon en la tirant derrière lui. Au passage, il répandit l’huile du luminaire brisé et fit choir une statuette.

Ils marchèrent un moment ainsi, Drysis suivant péniblement l’horrible nain qui le tenait toujours par le poignet, comme le ferait un professeur indifférant emmenant un élève insoumis vers des autorités plus compétentes que lui. A plusieurs reprises, elle tenta de libérer son bras – pour voir – mais en vain. La grosse main calleuse la tenait et il eût été insensé, pour elle si frêle par rapport à lui, de prétendre se débattre et s’enfuir.


(Je vais mourir... mon sort est réglé. Cela n’importe plus, et quelques soient les souffrances, dès les premières tortures je ne serai plus moi. Encore un peu, encore un rien et je serai morte. Mais... pas par lui, je vous en prie, pas par la torture de ce ... de cet amas de stupidité. Que nous croisions quelqu'un, et il me sera facile de périr par une autre main.)

Ils ne rencontrèrent pourtant personne. Les corridors, de distingués et chaleureux, étaient devenus de pierre épaisse et inégale, humides, résonnants. Le nain se perdit plusieurs fois avant de trouver sa cellule ; il y poussa Drys, qui ne put s'empêcher de sourire ironiquement. Il croisa son regard, et le sourire de la jeune fille s'élargit.

« Pauvre être… pauvre hère, plus-tôt. Ton esprit doit être particulièrement restreint, je vois dans tes yeux que tu n'as jamais d'idée, de pensée claire. As-tu seulement un langage développé? Sans doute, non. Ta force est destinée à la seule violence de la mort... pauvre myrmidon minable. »

Ce dernier ne saisit que l'intention, l'inflexion de voix ; vexé, il lui assena un coup de son gros poing graisseux sur la tête. Elle tomba à terre parmi les instruments de torture jetés là pêle-mêle ; le nain, trouvant obscurément qu'il serait dommage de la tuer inconsciente, sortit du cachot et en ferma la lourde porte de solide bois incrusté de pierre brute.

La jeune fille ne resta pâmée que peu de temps. Lorsqu’elle revint à elle, elle fut surprise de se trouver seule.


(Il faut sortir d’ici. Il faut absolument que je sorte. Pas de fenêtre, bien sûr, la porte… n’y songeons pas. Il est inutile d’espérer quelque faiblesse d’une porte de salle de torture. Je ne vais quand même pas… Leur si cher Thimoros ne s’intéressera pas à moi, et son obscur frère voudra-t-il de mon âme ? Si elle subsiste… Non, ne mourons pas. Debout, ma fille. Ce bourreau est une chance, il doit être aisé de se jouer de lui. Debout.)

Elle se leva en effet ; les murs du cachot lui semblèrent tournoyer sur eux-même, elle se retrouva à terre. La tête lui tournait terriblement. L’état vaporeux qui résultait de son récent évanouissement se dissipait, et les douleurs diverses regagnaient de l’emprise sur son système nerveux. Elle était considérablement faible…

(Bien trop faible pour tenter quelqu’action désespérée. L’unique espoir qui me reste semble vain, mais enfin… dieux, faites qu’il ne revienne pas encore ...)

Elle s’allongea à nouveau sur le sol, prenant soin d’éloigner les roues dentelées, les pointes acérées, les aiguilles trempant dans des fioles de poison. Ferma les yeux. Ses cheveux sombres gisaient autour d’elle, mêlés par l’eau qui couvrait le sol de la cellule, découvrant son visage plus pâle que jamais. Une des manches de sa robe, arrachée peut-être par la poigne du geôlier, eût dévoilé à un hypothétique observateur le contraste entre l’épaule blanche et la main émeraude.
Drysis concentra ses dernières forces en elle-même ; elle sentait chaque blessure. Une douce lueur vert sombre − résultat de deux forces, l’une verte et l’autre noire − s’éleva au-dessus d’elle et l’enveloppa. Au fil des minutes, elle devint plus puissante, plus large. Lorsque la jeune fille entendit les lourds pas du nain qui revenait, elle rayonnait dans le cachot, soustrayant chaque chose au regard par son intensité.





Le nain était content. Il venait d'achever lentement le hobbit dont il s'occupait avant d'être dérangé. Alors même qu’il allait commencer son travail, on était venu lui ordonner d'aller quérir une nouvelle proie dans un des salons de l'Etage. Il avait alors suivi cette frêle créature si curieuse, son seul interlocuteur dans le Manoir, tous les autres semblaient ne pas le voir. Les Maîtres vivaient en haut, ne descendant que rarement dans les sous-sols, et les petits criminels qui erraient et le pouvaient encontrer céans le tenaient pour rien ; et à raison. Le seul être à lui adresser un regard, une parole, même méprisante, il le connaissait bien. Du plus profond de son esprit annulé, anéanti dès le plus jeune âge, et dont très-peu de choses subsistaient, un vague sentiment d’admiration et de crainte était né pour cette petite chose si énergique. Il était rare qu’elle le vienne voir, mais alors elle lui parlait vivement, les yeux allumés des choses qu’elle disait, et qui devait être merveilleux, son petit visage animé et changeant, ses mains s’agitant au rythme des mots. Elle était en quelque sorte sa semblable, davantage que tous les autres ; elle aussi était occise et maintenue morte, elle était, tout comme lui, inversée, viciée malgré elle ; enfin elle était, à son exemple, condamnée à rester ainsi et à ne jamais changer, pour l’éternité, du moins jusqu’à ce que leur Maître ne meure. Voilà ce qu’aurait jugé le nain si son cerveau amputé et envoûté lui avait permis pensées et sentiments si évolués.

Sa petite semblable l’était donc venue visiter dans une autre cellule où il tenait un entretien privé avec un petit hobbit. Il avait laissé ce dernier crucifié à la roue et avait suivi la petit poupée jusqu’à l’Etage ; là, elle lui avait désigné une jolie porte avant de le quitter sans un mot.

Après que d’avoir estourbi sa nouvelle victime − moins bruyante que la plupart des autres − le nain était allé achever sa proie. Les mains tachées de sang, ennuyé d’aucun plaisir, d’aucune peine, rien ne venant peser sur son esprit prisonnier, il revint voir la dernière venue. Il s’égara à plusieurs reprises et, après s’être retrouvé pour la seconde fois devant la cellule du ho… des restes du hobbit, il atteint enfin celle qu’il cherchait. En s’en approchant, il remarqua sous le seuil une raie de vive lumière verte. Il s’arrêta, surpris, considéra un instant cet étrange phénomène, puis se décida à entrer. Il enclencha machinalement le mécanisme de la lourde porte du cachot, l’ouvrit d’un geste ; l’éclat était tel qu’il ne vit rien, ses yeux habitués aux ténèbres éblouis par la lumière la plus intense qu’il ait jamais dû percevoir. Il recula de quelques pas, ébaubi, tandis que le violent rayonnement s’atténuait peu à peu. Lorsque la pénombre revint et que le nain put à nouveau ouvrir les yeux, il reçut probablement le plus éprouvant étonnement depuis sa capture, du moins celui qu’il ressentit le mieux. La salle de torture était vide, la proie s’était envolée. Le tortionnaire dont on venait de voler la victime resta sur le seuil un long moment, incapable de comprendre. Puis, la surprise ayant quelque peu stimulé son intelligence
*, il réagit et commença à fouiller la pièce. Il souleva les plaques de tôle, déplaça les bouteilles d’acides, alla jusqu’à soulever les plus fins tisons et ouvrir les fioles vides, comme si une jeune elfe eût pu s’y dissimuler. Après vingt minutes de ce frénétique manège, il parvint à conclure qu’il avait perdu sa victime. Il décida d’aller avertir sa petite maîtresse blonde. Toi qui regardes se dérouler ces événements, ne ris pas et ne tiens pas cette décision pour naturelle et allant de soi ; un progrès considérable venait de s’effectuer dans l’esprit du grossier bourreau, par la pensée comme par l’émotion. Il quitta donc le cachot ; ses gestes étaient plus vifs que jamais ils n’avaient été.


*A prendre au premier sens du terme.

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Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
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Tout sera-t-il vraiment toujours vain?


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 Sujet du message: De la sortie du salon à la salle des intendants.
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 20:57 
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Les bruits des pas résonnaient lourdement dans les longs et silencieux couloirs du manoir ; trois types de pas bien distincts se faisaient sentir : les grâcieux et légers de l'aniathy, les déterminés et fiers du prêtre obscur et pour finir les lourds et longs pas de Llewel.

« Marche, tu es bien capable de marcher, non ? hihi »

(Des paroles si tendres dans les yeux d’une poupée si perfide et aussi détraquée que celle-ci. Bien entendu que je marche.)

« Len’drä, ne sois pas trop dure avec notre invité. Nous lui devons respect et courtoisie. »

« Mais, mais … Maître, il vous a fait du mal, nous devons faire pareil !»

Là étaient les mots de la petite en gesticulant vivement des mains, dans une exaltation propre aux petits enfants.

« Après, nous aurons d’autres opportunités, il est à nous. »

Les trois marchèrent dans d’immenses couloirs de pierre naine, tous aussi gigantesques les uns que les autres. Cuello mena la marche, suivit de Len’drä puis, dans une douloureuse transe, de Llewelyn qui ferma le cortège. La fatigue se sentait en lui, il échappa à l’idée d’une mort directe, pas encore, mais il eut une pensée pour sa voisine de salon qui n’allait peut-être pas avoir la même chance.

Les couloirs étaient parsemés de peintures datant d’époques reculées : montrant des rois, princes, bourreaux et riches commerçants qui s’étaient fait une place de choix parmi les disciples de Thimoros. Tous l’ayant servi avec brio, tous ayant fait pleuvoir les immensités du chaos en Imiftil et même bien plus loin pour certains.

(Les œuvres des ombres et du chaos, la folie des êtres sous les marques du Dieu sombre … celui-ci n’avait-il pas un frère ? Oui, ne le nommons pas. Mais lui me nommera bien s’ils décident de me tuer après. Mais blasphémons, j’oublie que Phaïtos est le frère du plus haineux des dieux. N’importe, ils sont comme ils sont. Plus mortels que les mortels, sans destinée.)


« Cuello, Cuello ! C’est encore loin ? Dis-moi Cuello, on va marcher encore longtemps ?»


L’exaspération de l’aniathy faisait sourire Cuello, l’être froid et cruel possédait un point faible face à son aniathy, comme bon nombre de sindeldi face à leurs créations.

« Bientôt, bientôt. Les couloirs te semblent si longs que cela ? oh, ma belle petite créature, tu te reposeras bien assez tôt. Encore ce long corridor et tu pourras t’asseoir sagement. »

« Oh, oui ! »

Et cette dernière voie semblait des plus sinistres. Plus de peinture mais uniquement des miroirs, de formes différentes. Il y avait en tout cinq portes pour cinq miroirs.
Le premier miroir, orné d’un métal triste et usé, n’avait pas de reflet ; chose étrange mais possible car tous ceux qui passaient devant lui n’avaient aucun reflet. Tous ? Peut-être le maître du miroir. On ne voyait pas de reflet mais des ombres, des ombres suaves ainsi que des manifestations spectrales. Dans une harmonie des plus incroyables, Llewelyn regarda ce miroir avec un grand intérêt. Quand ses yeux purent voir, ne serait-ce que quelques secondes cet enchantant spectacle, les ombres disparurent.
A la gauche du mage, se tenait une autre porte, et un autre miroir. Plus que banal, celui-ci était aussi doté d’une capacité spéciale : il inversait toutes les situations. Quand Llewel le regarda, il se vit sans blessure, sans fatigue mais aussi habillé tout à fait autrement. Le second pouvoir de la glace étant une parfaite amnésie de celui qui s'y mirait dès l'instant où il détournait le regard, le jeune mage oublia l'instant d'après toutes les supposées merveilles qu'il y avait vues.
Il ne vit pas le troisième miroir, une marche trop saccadée le forçant à un rythme digne des danses Ynorienne. Le quatrième était totalement différent des deux autres. Il semblait plus féminin, plus décoré, plus beau à regarder. Il reflétait autre chose, un autre monde comme une porte qu’on ne pouvait passer, vue sa taille.
Le dernier était simple, normal. Sans capacité apparente mais la porte était lourdement incrustée de pierres et on pouvait lire sur un panneau à côté de celle-ci :


« Salle des quatre intendants.»

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 Sujet du message: ERRANCE DANS LES COULOIRS, SORTIE.
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 20:59 
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Lorsque Drysis avait entendu le nain revenir, elle s’était levée en tout hâte, et s’était adossée au mur tout près de la porte. Dès qu’il l’eut ouverte, et profitant de son éblouissement, elle était parvenue à se glisser dehors en le contournant − il est pourtant malaisé d’éviter une telle masse de muscles. Alors, voyant le stratagème encor inconnu de celui qui en était la dupe, elle s’élança dans les couloirs humides. Elle courut tant qu’elle put, la tête affolée, ses pas résonnant régulièrement en frappant la pierre recouverte d’un huitième de pied d’eau. Lorsqu’elle finit par s’arrêter, véritablement à bout de souffle, elle s’appuya au mur et écouta. Quel soulagement de n’entendre rien le clapotis de gouttes d’eau qui tombaient régulièrement sur le sol ! Pas de nain à sa poursuite, pas de bourreau, pas non plus la petite racaille qui hante ces sous-sols. Drysis était seule… mais tout à fait perdue.

Elle erra un moment, choisissant chaque fois la voie qui semblait monter le plus. Elle rencontra plusieurs êtres de races quelquefois indéfinissables, et après quelques uns ne s’en cacha plus, se contenta de s’arrêter pour laisser passer ces errants aveugles qui tâtonnaient leur chemin. Certains d’entre eux se perdraient sans doute, et mourraient dans un recoin de ces couloirs infinis, là était l’un des pièges du lieu ; il fallait quelqu’habileté pour y pouvoir survivre, même si l’on n’y était pas en victime.
Par chance, Drysis retrouva quelque peu son chemin. Elle le sut en entendant indistinctement, au loin, la voix de l’aniathy. Elle se cacha derrière un grand orque abruti qui avançait lentement à l’aveuglette, et put ainsi écouter sans être vue. La petite poupée venait en effet par-là, accompagnée du nain ; elle était en colère, une colère de petite fille capricieuse, et semblait trouver un infini plaisir dans ces reproches auxquels son compagnon n’entendait probablement goutte, et qu’il écoutait en silence − incapable, par nature, de concevoir ni de formuler une réponse − hésitant entre un sourire niais et une expression contrite non moins cocasse, imitée de l’une ou l’autre de ses victimes.


« … perds ? Imbécile de nain. Bête brute. Sans-cervelle. Voilà qui est fort, par Thimoros ! oui, tu es fort. Une petite chose faible, qu’on te demande seulement de tuer, qu’en fais-tu ?
(Elle imita le geste de la main qu’il avait probablement utilisé pour lui faire comprendre la chose) Tu la laisses s’en aller ! Tous les nains sont stupides. Tous les nains n’ont rien dans leur grosse tête poilue et ne savent que grogner. Eh quoi ? toi tu n’es même pas un nain. Tu ne sais même pas grogner. Il est heureux que nous ayons aussi des bourreaux d’une autre trempe, tu ne sers qu’à tuer ceux dont on n’a pas besoin. Vois-tu, les autres au moins sont subtils, précis, ils utilisent des choses… (en vérité, elle ignorait bien ce qu’utilisaient les tortionnaires, vivant en haut et non dans les souterrains) des choses autrement intelligentes que tes armes à toi. On devrait tuer tous les nains. Toi, tu sers à rien. »

L’Aniathy continuait à parler ainsi, sans doute davantage pour elle-même que pour offenser réellement le pauvre nain.

« Oui, voilà. Tuer tous les nains. Et tous les humains, aussi, parce qu’ils sont comme les nains, tu comprends, tout pareil. Sauf qu’eux, les humains, se vantent de savoir des choses, d’être savants. Toi, le nain, au moins n’es-tu pas arrogant. Bon. Maintenant, tu vas me ramener en haut, sinon je me perdrai, je ne vois rien. Barbares! vivre là-dedans où c’est humide alors qu’on n’y voit rien. Et après, quand je serai là-haut, tu vas aller à la sortie des caves pour vérifier que cette fille ne sorte pas par là. Je vais dire à Malïn de s’assurer des autres sorties. Tu vas là-bas et tu ne bouges pas ! Ramène-moi maintenant, imbécile de nain. Vraiment on devrait… »


Ils s’éloignèrent. Drysis les suivit de loin.

[color=#004000](La sortie des caves ! Je n’imaginais pas même qu’il pût y avoir une issue à ces labyrinthes. Quelle chance ! Suivons-les, l’Aulëonna
* me mènera lui-même à mon dernier recours. Une sortie souterraine, je n’y aurais pas songé… quelle chance…)

Elle suivit donc le petit couple jusqu’à ce que les allées se fissent plus larges. Là, elle se risqua à s’arrêter, en espérant que le nain repasserait par là. La fortune lui sourit une fois encor, le bourreau repassa, un large sourire stupide aux lèvres, et la descente commença. Drysis prit soin de suivre de loin son guide inattendu, mais il ne se retourna pas une fois vers elle ; et le bruit que faisaient ses grosses chaussures de cuir grossier en heurtant la pierre était tel, qu’il n’eût pu l’entendre.
Ainsi passa une heure. Ils allaient toujours plus bas dans les tunnels qui se faisaient, au fur qu’ils descendaient, plus délabrés et fragiles, soutenus seulement par de fines plaques de pierre craquelée soutenant la terre gelée. Le torkin cheminait en avant, marchant à la manière d’une femme enceinte ; Drysis, l’esprit engourdi et les membres transis, faisait de son mieux pour ne pas le perdre de vue.
Son attention fut soudain éveillée par son guide qui venait de s’arrêter, arrivé au bout d’une impasse. La jeune fille gelée attendit à quelque distance derrière lui.


(Il doit s’être égaré. Et s’il ne trouvait pas la sortie ! je serais perdue. Et s’il revient sur ses pas, il risque de me heurter ! Là derrière, une alcôve. Et si… Dès qu’il bougera, je pourrai aller m’y cacher, pour l’instant le silence ne me permet pas le moindre mouvement.)

L’ahuri se retourna vers elle, et la fixa étrangement.


(Heureusement que l’obscurité est totale ici, sinon je croirais bien qu’il peut me voir. Qu’il fasse seulement un pas, cela me suffit pour avoir le temps de gagner l’alcôve. J’espère que leur issue n’est plus trop loin, je n’en puis plus. Etrange qu’il reste ainsi à regarder dans ma direction. J’aurais été perdue s’il avait été un elfe, mais les nains ne sont pas ny… Ils ne sont… Oh, misère…)

L’enfant se figea, pétrifiée de peur. Il est bien évident que les nains voient dans le noir, par ailleurs celui-ci n’eût pas pu vivre dans les sous-sols du Manoir s’il n’en eût pas été ainsi. Le bourreau l’avait vue, il alla droit sur elle, Drysis se retourna et courut dans la direction inverse. Elle ignorait qu’avec cette physionomie, son ennemi fût capable de vitesse ; l’expérience la détrompa. Il la rejoint bientôt, l’attrapa violemment par un bras et la ramena sans un mot, sans un bruit, au bout de l’impasse, où il la laissa tomber sur le sol. Attrapant une de ses cheville, il la tordit brusquement ; Drysis retint un cri de douleur. Puis il s’en alla, laissant la piteuse affalée et sûre de mourir tantôt. La tête basse, désespérée, elle n’attendait plus rien.
Soudain elle sentit un contact froid sur sa main, puis sur son épaule.

(De l’eau… ?)

Elle leva la tête et manqua de s’étouffer de surprise : au-dessus d’elle, le plafond de pierre ne continuait pas jusqu’au mur qui obstruait le couloir, et la terre restait découverte sur une peu plus d’un mètre. Une ouverture y était creusée.

(De l’eau ! Le passage ! Oh, Gaïa, tu n’as aucune emprise sur ces lieux, mais merci, merci… Il ne s’était donc pas perdu ! Il attendait simplement, comme le jouet le lui avait ordonné, et veillait à ce que je ne m’échappe point par ici… J’ai donc encore une chance.)

Il lui fut bien mal-aisé d’atteindre l’issue, à plus de cinq coudées du sol. Sa cheville, abîmée, était fort douloureuse, et incommode pour sauter. Elle y parvint cependant, aggravant sa blessure à chaque tentative ; plus pénible encor fut l’entrée dans le passage terreux, tout juste assez large pour qu’elle y pût passer.

Et l’ascension commença. Etroit et pentu tout d’abord, le boyau se fit rapidement plus vaste, et Drysis y put progresser debout, courbée sous le bas plafond. Cela montait moins, mais cela montait toujours. Elle fut deux heures ainsi, transie par le froid, les pensées endormies par l’effort, boitillant et s’agrippant aux racines et pierres qui saillaient des parois, pour ne point choir. Ce tunnel semblait infini, mais il n’était plus de choix que de continuer ; du moins, puisqu’il ne descendait jamais, ne pouvait-il point être une boucle.

Au terme de ce temps, l’esprit absent à force du même étroit paysage, la jeune fille vit soudain la terre se dérober sous ses pieds; elle ne put, en son état, se recevoir correctement, ainsi la douleur fut-elle encor particulièrement vive lorsqu’elle vint à tomber de trois mètres sur un sol dur. A bout de forces et hors d’elle, Drysis s’évanouit sous le choc de la surprise et du mal que lui fit sa cheville en se tordant encor. Elle tomba au sol dans une triste plainte.

A sept coudées d’épaisse glaise du sombre lieu où reposait la jeune fille, le paysage était tout autre. Le vent de l’aube soufflait à travers les branches mortes fossilisées avec un sourd grincement. De lourds nuages retenaient depuis tant d’années, et retiendraient encor au-dessus des hautes flèches du Manoir, une eau tiède et triste. De sinistres craquements, un constant souffle presque vivant eussent fait frémir les plus braves et les plus inconscients. Un cri de détresse se fit entendre, bref, ne recommença pas ; qui eût pu dire avec certitude de quel genre d’être venait cet appel au secours ? Quoiqu’il en fût, cette plainte fut vaine, car plus rien ne bougea dans le ténébreux jardin des disciples des Thimoros. Le dieu lui-même semblait avoir apposé son empreinte sur ces lieux ; en vérité, on ne sépare pas d’un homme, fût-il un puissant ase, l’influence de celui qui est son frère, son camarde et son complément. Le maître des enfers avait imprimé son sceau sur ce temple du mal tout autant que l’idole des fanatiques qui le peuplaient. Pas une vie, animale ou végétale, n’eût pu naître ni survivre dans ce domaine entièrement voué à la destruction. Tout était noir, souillé et pur à la fois, dépourvu de toute vie, de toute histoire, pas une trace au sol, pas une racine vivante, rien, rien, cet espace était précisément cela, le néant. Le vent de l’aube soufflait à travers les branches mortes fossilisées de ce jardin de néant.






Du plus profond de son épaisse inconscience, la jeune semi-elfe perçut une légère clameur. Infime, mais elle suffit pour lui redonner quelque sens. Elle écouta le silence un moment, toute l’attention dont elle était capable employée à attendre, à entendre. Mais hormis des gouttes d’eau qui venait heurter le sol avec la régularité d’un métronome, plus rien de vint troubler son abandon. N’ayant plus aucune raison de se relever, pour tenter de ne pas mourir, Drysis allait laisser glisser à nouveau son esprit dans l’inconscience, lorsque le bruit se reproduit. Il était si faible que l’on se demandait si ce n’était pas un illusion, une sorte de grincement ténu, qui durait un instant puis se taisait. Ainsi, plusieurs fois, tantôt près d’elle, tantôt s’évanouissant au loin. L’enfant fit un violent effort pour s’éveiller et se redressa, jeta un rapide regard autour d’elle, puis écouta avec ferveur ; elle se trouvait dans un énième couloir, mais non de boue cette bois, ni pierre, celui-ci était soutenu par des planches du bois imbibé d’eau, suintantes de glaise, mais solides encor. Elle était seule. La rumeur résonna à nouveau, et Drysis se jeta contre la paroi du mur dont elle semblait venir. Elle parlait à mi-voix, la voix altérée par les sanglots.

« Ce bruit… ce cri… Je connais cela, c’est … Loki ! »


Le cri se fit différent, plus fort et plein d’espoir.

« Oh, Loki, tu m’as trouvée ! Ne pars pas, guide-moi. Parle, augure, parle à ta petite élève, ou sinon je suis perdue
*2 ! Tu es dehors, n’est-ce pas ? Crie encore et je te suivrai. Va, je te suis. »


Le son retentit cette fois à quelques coudées vers la gauche. La jeune fille, boitillant, claudiquant, le suivit en courant à moitié, tombant quelquefois sur l’inégal plancher. Cette promenade fut longue et pénible, le salvateur ailé allait parfois trop vite pour l’infirme demoiselle, il fallait revenir en arrière et la trouver, puis repartir vaillamment de l’avant. Des deux, c’était sans doute le noir volatile qui courait le plus pressant péril, volant sans discrétion tout autour du Manoir, il devait vaincre sans trêve les forces qui faisaient que nul, hormis les gardiens, n’eurent pu survivre dans cette aire dont nous avons déjà parlé. Si Drysis risquait la mort, quiconque s’aventure dans le néant y encourt bien pire…

Enfin, avec un soulagement que l’on eût peine à dépeindre, elle vit à l’extrémité du couloir qu’elle suivait une sorte de trappe de lourdes planches. Elle dut peser dessus de toutes ses faibles forces pour qu’enfin elle cède, et l’enfant épuisée tomba, entraînée par son élan, sur un tas de brindilles mortes. Elle inspira avidement l’air qu’elle aurait cru plus pur que celui, corrompu et suffocant, de l’intérieur du Manoir, et manqua de s’étouffer : il y avait en effet très-peu d’air respirable céans ; une boule de plumes fondit sur elle et atterrit dans ses bas.

« Loki… Mais dans quel état te voilà ? A moitié déplumé, contre qui t’es-tu battu ? Voilà comment je te protège… Ecoute. Je ne sortirai sans doute jamais d’ici. Je suis sortie du Manoir mais son enceinte est encore plus terrible et meurtrière, je n’ai pas d’espoir. Je ne vois pas comment… Reste avec moi encore, quand je te le dirai tu t’envoleras au plus vite et tu iras remplir ton office. »

Elle se leva, le pauvre augure déplumé reposant dans ses bras, et frissonna à la vue du paysage chaotique et dévasté qui l’entourait - d’un côté, cet effrayant jardin ; de l’autre, la noire muraille de pierre du Manoir qui s’élevait avec, au pied du mur, la trappe qui béait encor, invisible à quiconque aurait ignoré son existence.


« T’es mal barrée, gamine. »




* « enfant d’Aulë », autre nom pour les nains.
*2 Est-ce que cela n’évoque rien à personne ?

_________________
Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
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Dernière édition par Pylone le Mer 1 Juil 2009 21:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Des instructions de Pà à la sortie de la salle des intendant
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 21:00 
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Cuello empoigna la porte et l’ouvrit adroitement, il afficha un sourire tyrannique à ce qu’il put voir. L’aniathy tenta difficilement de l’imiter mais sans vif succès ; son sourire ressemblait plutôt à une joie profonde qu’à un sourire machiavélique.

Quand Llewelyn passa à son tour la porte, il vit avec stupeur les silhouettes de trois personnes qu’il reconnut facilement.


(Les trois personnes de la taverne ! Nul doute que le quatrième était … Cuello. )


« Foutaises » déclara fermement le géant en armure en reposant le parchemin sur le bureau, le regard planté dans les yeux de la jeune femme qui lui faisait face.
Celle-ci resta aussi sereine qu’elle le put, malgré le fracas assourdissant des espoirs de félicitation s’écroulant en elle.
« Je vais être franc avec vous : votre démonstration est de qualité, et vos conclusions sont remarquablement pertinentes, comme toujours… mais il n’y a pas une once d’ombre dans vos prémisses. Vous prenez pour des faits ce qui n’est qu’ordre et lumière. »
Elle resta muette, et le chevalier adoucit son ton.
« Vous êtes une excellente mage. Pourquoi perdre votre temps à poursuivre des chimères lumineuses, alors que tant d’aspects de notre passé restent inexplorés faute d’esprits brillants ? Pourquoi vous laisser séduire par des mystères frelatés, quand la réalité de Thimoros vous appelle ? »
« Tlévo… je conviens que mes prémisses sont considérées comme douteuses… mais… »
« Joli euphémisme Pà ! »
« … mais je pense que, malgré les apparences de contrefaçon, elles ne sont pas totalement mensongères. Dans la lumière se tare l’ombre, Gaïa est une possible entité de Thimoros !»

Il y eut un silence, puis l’intendant soupira.
« Essayez de me comprendre, voulez-vous ? Je dois justifier les fonds que j’alloue au grand chef du manoir, et je ne puis soutenir un tel projet. Il y a bien trop de chances qu’il ne rapporte rien qu’un espoir déçu. De plus, c’est contre nos préceptes ; je sais que vous n’avez pas l’air de faire partie de la haute sphère de Thimoros mais c’est le cas. Nuls prêtres de Gaïa ne vous laisseront étudier chez eux. Pour finir, si vous continuez à consacrer votre temps de travail à des sujets si vains, votre poste d’intendante pourrait être remis en question. »

« Tlévo, tu es trop dur avec elle ! Cesse donc cela, elle tente de percer les secrets de la florissante union des ombres avec la lumière »


Cuello, Len’drä ainsi que Vermelh avait entendu la conversation ; les trois juste assez discrets pour ne pas qu’on note leur présence. L’air badin et enjoué du sombre prêtre irrita Tlévo.

« Arriviste. Malheureusement pour moi, je suis heureux de vous revoir. Vous avez mon paquet, c’est bien. »


« Pédant chevalier. Heureusement pour moi, vous n’êtes pas malheureux de me revoir. J’ai le paquet de Thimoros, c’est … »

« Ce n’est pas fini cela ! Voulez-vous que j’embroche un de vous deux avec ma lance ? »


Une autre voix siégea au fond de la salle, celle d’un homme aux allures de guerrier émanant tout juste d’une guerre. Son armure, rouge de sang faisait planer une vague odorante, une odeur acre et sévère d'autant plus forte que l'humeur du guerrier était plus sombre.

« Je suis d’accord avec Karnel.»

Là était la voix de Pà, unique présence féminine – si personne ne compte l’aniathy – de l’assemblée. L’organe semblait saccadé mais plein de calme. Un peu comme si résonnait en elle la vérité.

« Nous devrions en finir rapidement avec cet individu, Llewelyn, c’est cela ? Cuello ne vous a pas fait de tord, j’espère. Nous voudrions vous charger d’une tâche. »

(Drôle de femme, mais aux dires du chevalier, elle est aussi importante que les trois autres. La bonté est toujours plus vile parmi les plus diaboliques. Méfiance.)

Tlévo reprit, l’air amusé :


« Ha, les femmes ! … »

« … Laissez-moi finir, Chevalier Tlévo. Pardonnez aussi, les rustres qui sont présents, d’ordinaire ils sont bien pis. J’aimerais vous traiter comme un individu de marque, vue la mission que vous allez faire, je me le dois. Tout d’abord permettez-moi de vous expliquer comment vous vous êtes trouvé chez nous. »


Tous se turent, dans ce silence mesquin l’aniathy ouvrit sa petite bouche.

« Maître ? Pourquoi tout le monde écoute la dame, hein, dis-moi ! »


Pà jeta un regard vers Len’drä ; non un regard d’une grande douceur mais l’apparat d’une puissance infondée et incompréhensible. Dès que la petite poupée croisa ses yeux, elle comprit rapidement. Une peur profonde l’envahit et sur les recommandations muettes de Cuello, elle partit discrètement de la pièce.

« Nous vous trouvâmes, nous quatre : Tlévo, Cuello, Karnel, et moi dans une rue quasi-déserte de Yarthiss, amorphe. Je dois dire que cela nous facilita le travail car nous ne voulions pas vraiment vous faire de mal. Mis à part Cuello qui, malgré son statut d’intendant ici, recevra un blâme, faites-moi confiance. Vous conduire ici ne fut pas un exploit. Le pourquoi, j’y viens, ne vous en faites. »

Llewel tenta de lui couper la parole en demandant de manière fébrile :


« Mai… »

« Mais, la jeune dame qui était avec vous ? Elle vous plaît, n’est-ce pas ? je le vois dans vos yeux. Vous vous souciez de son sort au lieu du vôtre. Je dois dire que cela ferait un magnifique otage mais Cuello vous connaît, et ses dires prouvent que vous l’abandonneriez si elle devenait une sorte de prime. Donc nous allons la tuer ou … la laisser partir, je ne puis vous dire. Elle agonise ou fait agoniser un jeune bourreau. Moi ? je m’en moque. »

(Incroyable, je n’ai pas le temps de parler, elle ressent les flux et les pensées de manière si fluide. Comment se fait..)

« -t-il ? Je suis aveugle, aveugle dans ce monde. Mais dans celui des pensées, je suis reine. Voilà pourquoi tout le monde me craint ici. Et me respecte, aussi. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus. Revenons à notre but : Vous êtes un catalyseur. Le catalyseur idéal pour le cristal des brumes bleues. Vous êtes bien faible pour comprendre le cristal mais tout à fait habile pour nous l’apporter. Pourquoi vous et surtout pourquoi ne pas le faire nous-mêmes ? Vous parce-que le cristal des brumes bleues ne comprend qu’un cœur neutre, parfaitement clair comme la lune. Il ne comprend aussi que les passions bafouées. Demi-elfe, vous êtes parfait pour le travail. Vous connaissez le désert et vous connaissez aussi la magie. Vous avez le sang des nomades en vous, vous en avez même la peau. Cela vous rend vraiment beau, le saviez-vous ? »

( Qu’est-elle, elle me fait de plus en plus peur. Elle lit en moi, me complimente, m’incite à faire une quête tout à fait suspecte. Pourquoi vais-je accepter d’ailleurs ? Répondez-moi, vu que vous êtes si forte.)

« Je déteste cela. »

« Nous sommes deux, Cuello. »

« Trois. C’est terrible comme nous avons l’air de … larves face à elle. »


« Alors taisez-vous. Pardonnez-moi mais je n’ai pas fini, vous discuterez avec plus tard. Pourquoi allez-vous accepter ? vous êtes curieux, vous ne désirez pas le pouvoir, vous voulez juste voir. Nous vous donnons la chance de voir et de nous apporter le cristal et même, si vous le voulez, quand le maître n’est pas là, de revenir pour étudier cela avec nous. Ce cristal est un bijou capable de détruire ou de corrompre selon la puissance de son possesseur. Oui, nos intentions ne sont pas nobles mais je sais que vous allez accepter ; au fond vous vous moquez bien que des personnes meurent. »

( Certes, mais si je garde le cristal pour moi ? )


« Vous ne pouvez pas, vous n’êtes pas assez habile pour le maîtriser. Vous pouvez en devenir fou, ou vous tuer si vous le gardez trop longtemps. D’ailleurs, c’est pour cela que vous êtes un bon catalyseur, vous êtes doué de raison. J’ai d’ailleurs déjà compris comment vous allez fonctionner.
Vous allez refuser dans le but de fuir mais, rongé par le désir du cristal, vous allez tout de même le prendre et c’est là que nous interviendrons. Nous avons juste besoin que vous sortiez le cristal, pas que vous l’apportiez ici ; vous allez être suivi de loin par nos vigiles. Ne vous en faites pas, nous ne sommes pas la folie, c'est nous qui l'infligeons. Alors acceptez-vous ? »


« Ai-je le choix ? non. Alors, oui. J’accepte d’être votre pion à condition que vous me laissiez aller seul. »

« Oui. »


Malgré le frisson que lui causèrent ces paroles, Llewelyn se mit à mesurer l’importance de la mission, certainement un des plus beaux pièges dans lesquels il s'était jamais fourré, car elle avait peut-être dit la vérité, l'étrange était qu'elle sembla songer à le laisser partir. Ce puissant cristal, dans les mains d’un parfait inconnu, n’était pas sans poser de sérieuses questions.
Il est temps de revenir aux trois personnages que nous avons momentanément perdu de vue.
Tlévo, Karnel et Cuello bien entendu.


Les trois semblaient toujours un peu perdus quoique pour eux, cela ne méritât pas un rassemblement des quatre intendants. Mais maintenant cela importait peu, ils étaient réunis et en profitèrent pour discuter de tout et de rien discrètement tandis que continuait la conversation un peu plus sérieuse de Pà et de Llewelyn.

« J’ai bien eu peur que le mage semi-gris ne meure dans son lit, et cela aurait été dommage, en vérité, car ses atours lui vont à merveille. »

« Hé ! Hé ! Brave garçon, tu as plus de chance que tu n'en mérites ! D’ailleurs pour un garçon … il fait bien fille.»

« Cela lui passera, cela lui passera. »

« Il n'importe, cela est dans son sang, ce sont les traits d’un sindel que nous avons là. »


« Et bien, cela lui va comme un gant.»


« Le cœur de notre maître d’arme Karnel aurait un penchant vers les hommes ? »


Karnel ne sourcilla pas et bailla.

« Et le cœur de Tlévo, mon bon chevalier, existe-t-il autre part que dans les contes pour enfants ? »

« J’ai un cœur. »

« Trèfle, oui. »

« Tlévo excitant Karnel, vous n’avez que l’ennui à vos trousses pour vous chasser ainsi. »

Les deux répondirent dans une fougue presque commune.

« Cuello, lui n’a pas de cœur ! »

« C’est pour cela que j’ai ma place ici. »

« Trois gobelins valent plus que vous, mon brave Cuello. »


« Préjugés envers ceux qui sont immortels ? »

« Taisons-nous, nous allons nous faire rosser par la divine Pà. »


Les trois riaient pendant que Vermelh engagea son ultime question.

« J’accepte, oui. Mais je veux le plus d’informations possible. Donnez-moi tout ce qui peut m’aider. »

Cuello, méprisant, rétorqua dans un sifflement de serpent.

« Ne comptez pas sur moi pour aider cette chose. Il va peut-être se rendre utile mais je ne travaillerai ni ne donnerai d’information à ce substitut d’elfe ! »

« Alors ne l’aidez pas, Cuello. Moi, je vais le faire. Des informations, le cristal se trouve dans une zone assez dangereuse entre le désert de la famille Kel Attamara et les grottes des El Abhar. Le cristal était un des plus vieux bijoux de la famille Attamara, mais étant fabriqué par les El Abhar l’objet leur revenait de droit selon eux. Il y eut une petite guerre entre les deux peuples, puis le bijou fut scellé dans une grotte hantée et rongée par les morts qui s'entretuent toujours, d’après la légende. Pour accéder à la cave, vous allez avoir besoin d’un sceptre Attamarien et d’une lame de lance sacrée des Abhar. Oui, je pense que cela va être difficile, mais largement possible. Le sceptre était détenu par un vieux prêtre sénile, quelque part dans le désert. Et la lame de lance est détenue par un marchant ambulant, je ne sais plus son nom mais vous le trouverez facilement aussi, haha. Pardon. Avec les deux objets vous passerez la grotte. D’ailleurs, vous vous informerez sur place sur son emplacement précis. Le désert, c’est votre passion il paraît. Je crois que c'est tout. Karnel, pour vous servir. »

« Maintenant, Tlévo va vous raccompagner vers une salle ou vous pourrez vous reposer un peu. Vous partirez au zénith. Mangez, reposez-vous faites ce que vous voulez mais ne sortez pas trop de votre pièce, nous n’aimons pas la curiosité chez nous.
Adieu, Llewelyn Vermelh. »


Tels furent les derniers mots de dame Pà, s’inclinant courtoisement vers le mage.
Tlévo lui fit signe de départ et les deux se dirigèrent vers le premier étage, lieu de repos et de ‘détente ‘ pour les amis du dieu Thimoros.

_________________


Dernière édition par Llewelyn le Mer 1 Juil 2009 21:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: RENCONTRE AVEC MALÏN, COMBAT ET FUITE
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 21:02 
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« T’es mal barrée, gamine. »

La voix résonna juste à son oreille, claire, altérée d’un léger accent vulgaire. Drysis se figea, puis fit vivement volte-face et leva la tête. Une sorte de haute créature, couverte d’une fourrure sable, rayée de tries sombres, se tenait à côté d’elle. Il était vêtu d’une grossière cuirasse noire et d’une large culotte serrée sous les genoux. Il pouvait mesurer deux mètres, ainsi la sylvestre eût-elle dû reculer pour apercevoir son visage. Avant qu’elle eût fait un pas, pourtant, elle sentit dans son dos quatre points froids – les griffes.


« J’te conseille pas trop d’t’agiter, petite. Si tu bouges… »

L’avertissement était assez clair pour qu’il n’eût point besoin de finir sa phrase. Drysis, terrifiée, tenta de reprendre empire sur elle-même.

« Ton nom. »


La monstrueuse créature s’éloigna d’elle, voyant qu’elle obéissait, et relâcha la menace de ses griffes contre l’épaisse robe de l’enfant. Celle-ci put en fin dévisager son ennemi : sa tête étaient entièrement couverte de la même fourrure flamme, et ornée de deux petites oreilles rondes. Il n’avait ni nez ni bouche mais un museau plat qui le faisait ressembler à un peluche d’enfant ; trois longues moustaches saillaient de chaque côté. Ses yeux avaient la forme de grosses amandes et une couleur qui rappelait celle de l’opale.

(Un Woran…)


Il la toisait avec mépris.


« Eh, j’te cause. Qu’es-ce t’as à m’reluquer comme ça ? J’ai dit : ton nom. Tu comptais quand même pas t’faire la belle sans qu’on t’alpague ? T’es gonflée, toi. Mais là, c’est affiché que t’est pas à la noce. On s’tire pas d’icigo. On bosse pour les patrons ou on passe direct l’arme à gauche. Ton blaze ! »

« Euh… pardon ? »

« T’es bouchée, toi, hein ? »

« C’est que… »

« Pas d’comptine. Juste ton matricule. »


Il était primordial qu’elle taise son patronyme. Par sécurité, tout d’abord, bien qu’il n’y ait probablement plus personne sur Yuimen toute entière qui portât son nom ; mais surtout par honneur. Elle mourrait donc anonyme. Sa décision vacilla quelque peu lorsqu’elle sentit à nouveau le douloureux contact des griffes, dans son cou cette fois.

« Tu dis ton nom, la blonde, ou t’as plus d’caboche. »

A ce moment, Loki poussa un faible piaillement. Loki ne piaille jamais pour rien, il ne fait d’ailleurs jamais rien sans raison. Drysis songea qu’il était blessé et qu’elle devrait l’avoir déjà soigné, pourtant ce n’était pas ce qu’il lui demandait. Le digne augure ne se plaint jamais. Elle tourna légèrement la tête vers lui, consciente du réel péril que représentaient les griffes acérées du tigre plantées dans son cou. Elle vit, entre les serres de l’oiseau, un étrange éclat. Tandis que le Woran, bâillait bruyamment, elle tenta de se saisir de l’objet ; elle eût du mal à détendre les serres de son ami, complètement raidies par l’effort fourni pour ne le jamais lâcher. Elle y parvint pourtant, et jeta un coup d’œil au précieux objet. C’était un bijou circulaire, un morceau d’ambre polie cerclée d’une fine monture dorée. La sylvestre contempla cela, perplexe. Si Loki lui avait donné, cela devait avoir une utilité quelconque… comment l’utiliser ?
Tandis qu’elle extrayait la broche des serres du corbeau, elle parlait distraitement. Dire n’importe quoi, pour gagner du temps.


« Mon nom ? Voyons, mon nom… Mais quel est le vôtre ? Oh, vous ne me le direz pas. Vous savez, je ne suis point si blonde que cela… C’est l’obscurité. La nuit, tous les… hum, oui. Mais vous êtes un Woran, n’est-ce pas ? Et un pur Woran, pas humain, juste Woran. Ce doit être bien. Non ? Lâche ça, Loki… Mais les moustaches, est-ce que cela ne vous gêne pas pour vous nourrir ? Non sûrement, vous devez avoir l’habitude. Allons, augure, donne-moi ça… Euh… Mais il fait toujours nuit, ici ? »

Le tigre émit un grondement sourd.


« Mon nom, oui, bien sûr. Je m’appelle… Que veux-tu que je fasse d’un broche, petit maître ? Je m’appelle… Line… Ambre. Line Ambre, voilà. »

Elle accompagna ces mots d’un grand sourire peu crédible. Le Woran resta silencieux un moment, ce qui fit frémir la petite menteuse. Lorsqu’il parla, sa voix n’avait plus rien de menaçant.

« Line Ambre ? Inconnue au bataillon. Affirmatif, Woran pur de chez pur. J’suis pas un bâtard, moi. T’as pas la trouille toi, c’est bonnard. Les aut-là, … »

« Pardon ? Les quoi ? »

« Les aut’, là, y chougnent, y bieurlent pendant des plombes. Oh ! t’as un piaf. On prend pas les corbaques, icigo. On prend par les vivants, Madone ! t’as de la veine. Mais ça va pas durer. »

« Dites, monsieur le Woran… »

« Malïn. Moi c’est Malïn. »

« Dites, monsieur Malïn, vous êtes ici pour me tuer, j’imagine. Alors qu’attendez-vous ? »


« S’appelle comment, ton corbuche ? »

« Mon cor… ah. Euh… Kilo. »


L’auguste et puissant corbeau émit un son réprobateur. Drysis sourit.

« Kilo ? … T’es une drôle de môme, toi. »

Le son d’une cloche résonna dans le Manoir. Drysis leva les yeux vers les flèches des tours, d’où semblait venir le son plein et rond, le sinistre glas. Loki frémit, elle se retourna. Le sourire désabusé du gentil Malïn avait laissé place à une expression de fureur . Ses dents luisaient au clair de Lune. Ses yeux brillaient d’un éclat terrible. Il leva une patte et en frappa Drysis au visage, elle fut projetée et roula à terre. Par chance, elle n’avait pas eu le temps de reculer, surprise de la brusque métamorphose du tigre, ainsi fut-elle heureusement heurtée par sa patte et non par ses griffes acérées. Etourdie, elle se releva lentement, encor avait-elle eut fort de la chance que sa cheville n’eût pas été touchée. Elle s’appuya à un rocher, elle ne voyait plus rien. Elle reprit ses esprits juste à temps pour voir le monstre fondre sur elle, et armer à nouveau son bras ; elle se baissa, le coup finit sur le froid rocher, qui explosa. La jeune fille couvrit sa tête de ses bras, les éclats de pierre semblait pleuvoir des cieux.

( Loki... C’est bien, tu n’es déjà plus là… )

« Vole, oiseau, va-t’en, va faire ton office ! Lok… »


Un morceau de roc heurta son dos, elle tomba à terre. Un nuage de poussière entravait la vue, et les bloc de caillasse qui l’entouraient la dissimulaient aux yeux du Woran furieux. Il hurla, dans un cri qui n’avait plus rien d’humain, un mugissement qui était celui d’un animal :

« Line Ambre ! »


(Il me reste encore quelques instants, puis la poussière retombera. Toute lutte est vaine, je suis trop faible… je suis déjà morte. Que reste-t-il ? Ah… le fluide ! Si j’avais le temps… Cachons-nous d’abord.)[/i]

Elle se glissa derrière le pauvre rocher décapité. A quelque distance d’elle, le monstre écumait de rage, frappant de ses poings les rochers, les branches mortes fossilisées, hors de lui. Il semblait s’éloigner, ainsi Drysis crut-elle avoir assez de temps pour faire ce qui aurait pu, non la sauver, mais du moins lui permettre de combattre. Elle plongea donc une main dans sa sacoche de toile qu’elle avait réussi à conserver et chercha l’étrange force, qu’elle n’avait pas encor bien comprise, qui l’eût aidée à effectuer une guérison plus rapide. Ne trouvant pas, elle baissa les yeux un instant sur son sac déchiré, y vit le fluide ; mais à l’instant où elle l’attrapait, elle entendit le grondement s’approcher à une vitesse anormale, et encor une fois elle leva les yeux juste à temps pour éviter, de très-peu, un coup peu précis du Woran. Il l’avait vue et ne la lâcherait plus du regard, il se tenait là, les bras ballants, comme un chien enragé prêt à mordre n’importe quel être ou objet sans distinction aucune. La semi-elfe se releva, prit pour appui une autre pierre pour tenter de soulager sa cheville blessé de quelque poids ; lâcha, dans son sac, le fluide et attrapa vivement le petit couteau à la longue lame effilée qui était cousu dans une discrète poche de sa longue robe. Elle tira d’un coup sec, arrachant les fils qui l’y retenait, tandis que le tigre semblait consumer sa rage ou être consumé par elle, il ne se pressait pas, il avait le temps. L’ordre qu’il avait de la tuer serait accompli, mais le seul paiement qu’on lui accordait étant le triomphe qu’il avait appris sentir, il ne se hâtait pas d’achever la chétive petite elfe. Celle-ci, levant les yeux vers lui, fut presque attristée du brusque changement qu’elle avait vu, entre un garçon aux manières et au langage douteux, mais point malfaisant, et cette machine tueuse conditionnée par le son d’une cloche.
Puis, ce fut l’assaut. Le Woran était très-puissant, mais il était lourd et ses coups, s’ils eurent terrassé un être de n’importe quelle race, manquaient de vitesse. Il fondit sur elle ; la guérisseuse tira son couteau, réfléchit un instant, affolée…


(Un Woran… constitution féline… comme les Liykiors, mais pas tout à fait, la principale différence… la différence c’est…)

A l’instant où le prédateur bondissait sur sa proie, elle sauta également sur lui en prenant appui sur son unique cheville viable, le couteau à la main, et elle fut la plus rapide. Elle n’eut besoin que d’un coup du poignard pour trancher la carotide, puis d’un coup de poing dans l’œil droit et le Woran s’arrêta net, le sang jaillissant de son épaule. Il poussa un cri de douleur et tenta, avec ses mains, d’arrêter l’hémorragie. Drysis en profita pour passer derrière lui et se mit à marcher, marcher si vite qu’elle le pouvait en traînant sa jambe dont le mal était presque éclipsée par la terreur. Elle avait eu de la chance. Elle ne s’était pas trompée. Elle se hâta, les larmes aux yeux et hors d’elle, de gagner le coin d’un mur, ainsi Malïn ne la verrait-il pas lorsqu’il se retournerait.

(Marcher… jusqu’aux grilles, je ne sais même pas où elles sont exactement, tout se ressemble dans ce … maudit jardin…
Tu n’y survivras pas, pauvre fille, soit réaliste. Tu vas mourir ici d’un coup de griffe de ce fou furieux, il n’y a pas d’issue… pas d’espoir… Jeri, à l’aide ! Llewelyn, dont j’ai emprunté une partie du nom tout à l’heure, où donc es-tu ? Pas ici, ce serait trop beau. Tu ne peux pas, tu ne peux plus maintenant. Mais tu ne veux pas… )

Le délire la gagnait. Sans espoir, elle continuait sa route, trébuchante, moins perdue dans l’immense néant qui l’entouraient que dans celui qui l’emplissait peu à peu. Marcher, acte devenu automatique, elle eût marché jusqu’à ce qu’elle tombât. Elle entendait encor le Woran loin derrière elle. Soudain, quelque chose attira son regard et lui fit revenir quelque peu à elle, sa vue était brouillée et incertaine, sa réflexion chaotique. Des bârres qui s’élevaient au loin, à égale distance les unes des autres, une alternance comme fanatique de barre et de vide, qui donna le vertige à Drysis qui ne comprit pas immédiatement.

(Les grilles…)

Elle redoubla sa marche forcée, et vint s’écrouler au pied des hauts grilles maudites qui s’élevaient haut devant la petite semi-elfe épuisée.

_________________
Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
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Tout sera-t-il vraiment toujours vain?


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 Sujet du message: Des réflexions à l'apprentissage du sort.
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 21:03 
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Le trajet fut silencieux, les pas de Tlévo résonnaient lourdement à en faire peur même aux disciples qui passaient en l’observant escorter le jeune sorcier. Mais arrivé à destination il lui lança un regard noir, sans vraiment savoir pourquoi ; il ajouta :

« Être dans les grâces de Pà ne fait pas de vous un invité de marque ici. Pour moi, vous n’êtes juste qu’un outil impie qu’on utilise avec des pincettes. Reposez-vous, le voyage risque d’être long. »

(De la jalousie ? Bien entendu que je ne repasserai pas ici ! Je fais votre stupide travail et vous ne me reverrez plus. Avec Cuello dans les parages, je ne pense pas revenir de toute manière. )


C’était une chambre des plus ordinaires, une décoration simple mais toujours élégante ; rien à voir avec le premier salon, mais toujours agréable. Plus agréable qu’une chambre de taverne.
Il s’allongea sur le lit puis commença de longues pensées.


(Cuello … je l’envie. Il sert le mal, certes mais à sa place, je serais fier de servir quelque chose. Surtout que ses capacités sont bien plus grandes que les miennes. Il a trouvé sa famille. Je ne peux pas lui en vouloir et je ne peux pas jouer les moralistes. Je vais l’oublier après cela, il m’en veut mais avec la vérité peut-être que …)

« Que rien. »


(Il est dans une sombre assemblée, moi, je suis libre. Tant mieux pour lui, c’est tout. Il n’a jamais été bon. Moi non plus d’ailleurs, et puis qu’est-ce qu’être bon ?
De tout ce qu'il est possible de concevoir dans ce monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une bonne volonté. L'intelligence, le don de saisir les ressemblances des choses, la faculté de discerner le particulier pour en juger, et tous les autres talents de l'esprit ; mais ces dons peuvent devenir aussi extrêmement mauvais et funestes si la volonté qui doit en faire usage, comme le cas de Cuello, n'est point bonne.
Il en est de même quand on dit qu’une personne est plus chanceuse qu’une autre. Le pouvoir, la richesse, la réputation sont, à proprement dit, identiques à cela. Quoiqu’ils forgent la volonté vers tout ce qu'il y a de mauvais, cela doit exister tout de même car la conception du bonheur ne se fait pas sans cela. En tout cas, c’est ce que j’ai pu voir chez les humains.)


Il revint à son parchemin et se décida d’en achever l'apprentissage, une bonne fois pour toute.

(Le froid n’est pas si grand ; parfait, chaque forme s’épanouit une infinité de fois ; Moura est la déesse que les mortels ont apprivoisée dans toutes ses formes. Mais là, il s’agit de glace et ce n’est pas le même Dieu. Hélas ! Les enseignements du froid font que je sais faire quelque chose … je pense que ce parchemin m’apprend à faire une forme plus basique que mes flèches.
Et comme aucun élan ne cesse, dans le Passé ni dans l’Avenir, le glace éternelle est depuis toujours.

Je pense avoir compris la douce mélodie du froid. Pour m’être concret, je me servais de mon esprit pour former le mot et de mes paroles pour le verbe. Je condensais pour former une arme ; là, je dois condenser pour former une simple vague de froid. Je dois m’arrêter en cours de transformation. Ce parchemin était simple. Mon esprit divagua juste à cause de cette jeune fille. )



L’encre magique du parchemin s’effaça lentement, puis le parchemin lui-même se gela doucement. Llewelyn le lâcha mais ne sentit pas le froid qui envahit ses mains. C’était lui qui avait gelé le parchemin. Un froid agréable mais dangereux, un froid tournoyant dans la salle comme une nuée cristalline. Tout, aux alentours de Llewelyn, fut recouvert d’une petite couche de glace. Fine et très légère, mais c’était le début d’une longue progression dans cet élément. Après la faible vague de froid, Vermelh s’engouffra dans le lit puis continua ses pensées.


(La jeune fille … je ne connais pas ton nom mais toi, tu connais le mien. Je t’aborde sans courtoisie dans mes pensées car tu m’es un peu sœur maintenant. Mais uniquement dans mes pensées, si tu es toujours en vie, tu auras toutes mes grâces et même aurais-je l’envie de discuter vraiment avec toi. Qui es-tu ? J’aimerais te revoir … mais d’abord j’ai un acte complètement … insensé à accomplir. Kel Attamara, je vous connais de nom. Vous êtes une famille bien secrète et vous pillez tous sans vraiment trop de respect car selon vous, le désert est vôtre. Voler ces objets ne va pas être une partie de plaisir. Comment faire ? Bah, là-bas, j’aurai la réponse.)

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Dernière édition par Llewelyn le Mer 1 Juil 2009 21:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: DIALOGUE MENTAL MALÏN/TLEVO/LE MAITRE DU MANOIR ET FIN.
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 21:04 
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- (Maître.)

- (Esclave Malïn.)

- (Maître, vous m’avez envoyé estourbir l’aut’gamine.)

- (Je sais, Malïn. Eh bien, est-ce fait ?)


- (Nan, patron. La traître, elle a fait sa mine de faiblarde, et puis elle m’a troué la peau.)

- (Tu sais ce qui va t’arriver, Woran, si tu ne la tues pas.)


- (Ouais, je sais, ouais. Mais y a pas d’problème, je l’achève comme je veux. L’est partie, là, mais elle peut pas courir, la gueuse. J’voulais vous d’mander si j’va la laisser s’crever sur les grilles, pasqu’elle y fonce droit, ou si que j’dois la démolir moi-même.)


(La petite semi-elfe se défend donc encore. Et elle espère toujours quitter l’enceinte du Manoir. Elle doit avoir perdu tout bon sens après les dernières heures qu’elle a vécu.)

- (Malïn.)


- (Ouais.)

- (Dans combien de temps la demoiselle sera-t-elle aux grilles ?)


- (J’sais pas. Dix minutes, à tout va.)

- (Bien. Attends et ne fais rien.)




- (Monsieur. La jeune semi-elfe qui est arrivée hier soir s’…)

- (Je sais.)

- (…)

- (Que penses-tu, Tlévo ?)


- (Je… la manière importe peu…)


Quelques secondes passèrent en «silence».


- (Elle partira.)

- (Mais, maître… Bien. Doit-on lui appliquer quelque chose ? Ces petites pierres qui nous diront où elle va… ou un enchantement ? Ou un virus ? Ainsi elle pourrait répandre une endémie là ou elle ira, ou contaminer toutes les plantes qu’elle approchera ; certains de nos tous nouveaux virus sont même spécialisés pour anéantir tous les individus de la race de celui que les portent en eux. Nous pourrions ainsi offrir au Frère chaque elfe et chaque humain des deux peuples dont elle est issue et qu’elle croisera, et ains…)

- (Notre pire virus. Mortel et lent. Pas à elle. L’oiseau.)


- (L’oiseau ? Mais, monsieur…)

- (Tlévo.)




- (Malïn.)

- (Présent.)

- (Tu vas attraper l’oiseau, le corbeau qui doit accompagner la cible.)


- (Kilo ?)

- (… Pardon ? )

- (Ouais, nan, rien.)


- (Tu lui injectes la dose d’AH 09/45-1 et tu retournes dans ton trou. Entendu ?)


- (Mhm.)







Drysis leva la tête. Tout était silencieux. Plus un cri, plus un grondement, et plus un souffle de vent. Elle regarda autour d’elle, cherchant Malïn, cherchant un autre esclave de Thimoros qui viendrait l’occire, mais rien n’était là, et rien ne vint. Désorientée, elle considéra devant elle les grilles qui délimitaient l’enceinte du Manoir ; sachant, par une première tentative qu’elle avait fait lorsqu’elle était entrée, plus de vingt-quatre heures auparavant, que le simple contact avec ces barreaux n’était pas dangereux, elle les effleura. Elle fut bien surprise de ne pas sentir à nouveau cette sensation de froid mortel, de danger imminent ; il y avait là une petite porte basse, l’enfant y jeta une petite pierre, qui tomba à l’extérieur sans que rien ne se passât.


(La pierre passe… Moi aussi peut-être, qui sait ? Même si les chances sont nulles, il faut essayer… la pierre passe… Oui, la pierre passe.)


Elle soupira, puis poussa la porte de fer, qui s’ouvrit sans un bruit. Les événements étaient trop étranges pour l’esprit fatiguée de la petite elfe, elle se hâta de sortir et prit même soin de refermer la porte derrière elle. Elle ne mourrait donc pas encor ici.

_________________
Drysis Kantoeller, semi-elfe, guérisseuse.
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Tout sera-t-il vraiment toujours vain?


Dernière édition par Pylone le Dim 23 Aoû 2009 12:45, édité 3 fois.

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 Sujet du message: De la folie de Karnel à l'ultime sortie.
MessagePosté: Mer 1 Juil 2009 21:05 
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Curieux de découvrir ce que pouvait cacher les salles aux miroirs, il décida d’en visiter une. Le chemin n’était pas si difficile car même si tous les couloirs se ressemblaient, de nombreux détails venaient faciliter l’exploration. Il se leva après une petite heure de repos dans l’espoir de ne rencontrer personne et, à sa grande surprise, personne ne le gêna. Il y avait un miroir qu’il n’avait presque pas vu : c’était le troisième, un miroir cassé, sale et usé. La porte de cette pièce était entr’ouverte et courte fut la tentation avant que Llewelyn poussât la porte.

Il était assis dans un large fauteuil près de la cheminée, les coudes aux genoux, les mains tendues vers le feu, il parlait d’une voix lente, s’arrêtant brusquement pour murmurer : « Oui… oui… . » Cet «il», c’était Karnel, l’un des quatre intendants.
Sur la table traînaient des papiers, des chiffons, des livres de tous types. Llewel y voyait mal, les lumières extérieures étant assez faibles ; il ne voyait qu’une face grise, des mains qui, sous la flamme de sa pièce faisaient deux longues lances.

Le feu était d’un fantasque troublant, le crépitement des bûches où dansaient de bizarres lueurs, troublait le triste silence. Karnel semblait parler de très loin, comme si icelui était dans un rêve.


« Oui… oui… Ce fut le grand, le plus grand malheur de ma vie. J’aurais pu supporter d’être réduit à la misère, de devenir infirme… tout… mais ça ! Avoir vécu dix ans auprès d’une femme adorée, la voir disparaître, et rester seul, tout seul, devant le sombre avenir solitaire… C’est bien dur !… Il y aura six … ans bientôt qu’elle est partie !… Que c’est long !… Encore, si je l’avais eue malade quelque temps, si l’on m’avait laissé comprendre ! Les ombres l’auraient sauvée … C’est horrible à dire, mais quand on sait, n’est-ce pas, la raison se prépare… le cœur se vide peu à peu, et l’on s’habitue… tandis que là ! »

Il savait qu’il n’était plus seul dans la pièce mais il n’y prêta pas réellement attention ; Vermelh, dans un sentiment de pitié, lui demanda avec fébrilité :



« De qui parlez-vous ? Votre femme, je suppose. Était-elle malade ? »


Il hocha la tête en guise de confirmation.

« Du tout, du tout, non … Jamais les médecins et autres guérisseurs ne purent me dire ce qu’elle avait eu. Ce fut fini en deux jours. Depuis, je ne sais ni comment, ni pourquoi je vis. Le jour, je suis le serviteur de Thimoros, je rôde et surveille, l’oubliant. Mais son odeur me guette toujours, elle flotte parmi nous … »

Il frappa de ses mains sur la table.


« Hier encore, oui… j’ai retrouvé cela…ce petit mouchoir, dans une de mes poches. Elle me l’avait brodé un soir, nous allions voir un spectacle, et il me semble que ce mouchoir sent son parfum, qu’il est encore tiède de sa chaleur…Non ! Non ! Tout s’en va ! Tout ! Seul le chagrin demeure… il reste bien quelque chose, mais pas ça ! »

( Prend garde à toi, Llewelyn, ce type a un sérieux problème, lunatique. Thimoros doit le toucher tout les soirs, ce Dieu profite de la perte de sa bien-aimée)

« Dans le premier moment de douleur, il vous vient toujours des idées incroyables … ha ha …Croyez-vous que je l’ai peinte sur son lit de mort ! Dans cette pauvre chambre à Exech où son âme venait de partir, j’ai installé tout mon attirail, j’ai lavé mes pinceaux ; enfin, j’ai commencé mon chef-d’œuvre ! Malgré tout, quand j’y pense, je me dis qu’elle est là, que je pourrais la voir telle que je la vis pour la dernière fois ! »

« Où est ce portrait ? »


Il s’avança un peu vers le mage, et lui répondit à mi-voix , la peur et le chaos se mêlaient dans ses paroles :


« Je… je ne l’ai plus, ou plutôt, si… je l’ai… j’ai la toile. Mais je ne me suis jamais senti la force de l’afficher, ni même de le montrer… il est caché quelque part dans la pièce … j’ai peur d’y toucher, et pourtant … !
Comme je voudrais, comme je voudrais, oui comme je voudrais ! »


Il posa son bras sur celui de Llewelyn, celui-ci ne s'était pas rendu compte qu’il était aussi proche de lui.

« Ecoutez, ce soir … votre présence … d’avoir parlé d’elle… je me sens un peu mieux… un peu plus fort. Je vais … chercher ce tableau pour vous … nous voulons le voir ? »

Dans un moment d'hésitation, Llewel se souvint vivement que cet intendant n'avait pas toute sa tête et que l'écouter serait une judicieuse idée pour éviter tout ennui futur.


( Accepter, ai-je le choix ? Non, bien entendu depuis que je suis dans le manoir je n'ai d'autre choix que d'écouter et accepter. Tout de même, sa peinture m'intéresse. La détresse humaine est incroyable.)

« Oui, oui. Montrez le moi, je vous en prie. »


( La question est : Comment vais-je faire pour sortir d'ici vivant ? )

La grande pièce recelait d'étrangetés digne des expositions de Tulorim: trophées de guerre, armes antiques et autre objets s'alliant à l'art de tuer.
Karnel s'avança vers une armoire d'un bois elfique très coûteux et surtout très ancien, son allure semblaient celle d'un homme qui aurait perdu sa compagne – ce qui était certes son cas mais il y a fort longtemps – cette attitude l'envahissait chaque nuit, chaque nuit le désespoir et le sublime chaos s'abattaient dans son esprit. En ouvrant l'amoire avec sa clé en cuivre rouillé, il en sortit une toile représentant sa femme sur son lit de mort : la femme en question n'était pas très belle, mais cela était sans doute lié aux douleurs de ses derniers instants ; ses vêtements étaient assez ordinaires et l'expression sur son visage vraiment sinistre. Empreinte d'une force obscure, la rondeur du clair visage de l'humaine paraissait fondre aux yeux du spectateur. L'expression tragique de la bouche ainsi que les yeux rouges et faibles de la défunte laissaient croire que la mort même lui tendait la main.

La Mort ... ou son frère.


« Thimoros m'a prit ma femme, Thimoros me prend mon espoir dès la nuit tombée. Vous le voyez ? Dans les yeux, les yeux de ma belle ! La peur, on n'a pas peur quand Phaïtos ou un de ses émissaires nous prend. Mais elle c'est la peur ! La peur, oui, la peur ! »

Il s'arreta un instant puis s'approcha d'un vase qu'il atomisa – et le mot semble bien bas face à l'action de Karnel – de son poing ; il brûlait d'une rage et d'une folie inconcevables.

« La peur ! oui ! La peur face à la lumière noire du grand Thimoros, hahaha ! Elle est morte par le grand et la main du grand me fait l'honneur de me permettre de le servir en m'offrant un peu de la peur qu'il peut infliger, un peu de son chaos virulent, un peu de sa haine sanguinaire ! »

Il s'avança vers le mage, le dépassa, et revint vers son bureau. Dessus, il ouvrit un coffre contenant de nombreux fluides ; jetant un regard assassin à Llewelyn, il lui demanda avec hargne :


« Tu sens le calme et le froid ! Le froid, oui ! Tiens ! attrape, tu en auras besoin pour le travail que nous t'offrons ! »

Karnel jeta le fluide gelé à Llewel qui l'attrapa, puis lui manda de partir, ne prétextant aucune autre excuse que l'envie de solitude.

( La folie le consumera, ou le sauvera. Peu importe, je ne veux plus avoir affaire avec ces partisans des ombres. Il n'empêche que tout les intendants sont louches et instables. )

Vermelh rentra sans trop de bruit dans sa chambre-cellule, un fluide de glace en poche et ne sachant pas trop qu'en faire pour l'instant. Dans un réel souci de discrétion – qui est en réalité de fatigue – Llewelyn était dans une position morbide, courbée, preuve d'une léthargie certaine. Il rentra dans ses 'quartiers' serein qu'aucune mésaventure ne l'ait touché au retour puis, sans trop réfléchif, se tourna vers son lit où il s'endormit.



Court fut le repos mais d’un vital absolu pour le jeune sorcier. Il ne vit pas le temps passer et Tlévo revint au zénith, comme prévu. Par modestie, il frappa à la porte et lança.

« Vous êtes réveillé ? Il est temps. »

« Oui, bien. »


Cependant Llewelyn, désolé de n’avoir pu parvenir à revoir sa compagne de chambre, résolut de rôder aux alentours une dernière fois avant de partir vers le grand désert de l’est. Ce midi-là même, Tlévo avait l’air meilleur. Quelques soupçons, provoqués par une courtoisie trop visible, portèrent le mage à penser cela.
Dès que le chevalier crut enfin pouvoir échapper à la vue de Vermelh, il lâcha quelque fin sourire ; et bizarrement n’en émanait aucune cruauté
.

(Heureux de me laisser partir, c’est agréable de le voir ainsi quand même. Cela m’évitera peut-être des choses douloureuses.)


Le demi quitta lentement cette société importune bien enveloppé dans sa veste rouge de sang séché. Ils s’acheminèrent à grands pas vers la sortie du terrible manoir de la perle noire.


« Votre amie est sauve. »

« Pardon, quelle amie ? »

« Votre amie de cellule. »


Ce fut un des rares moments où Llewel avait l’envie de sourire ; un sourire de satisfaction, mais il ne pouvait montrer cela envers son geôlier et souligna la remarque par une autre plus glacée que celle de Tlévo.

« C’est une bonne chose pour elle. »

(Diable ! Pourquoi lui avoir fait subir cela c’est si pour la libérer ? Une expérience, peut-être.)

« Ne cachez pas votre joie, je la ressens de là. Ahah, je suis capable de sentir la joie d’autrui, pour mieux repérer les cibles à neutraliser. Mais elle s’est échappée, je pense que pour m’amuser j’enverrai des disciples à sa recherche. »

« Si … vous voulez. Il se peut que je retrouve vos disciples avant. »

« Ou pas, ne manquez pas votre chance de partir et d’effectuer ce travail pour nous. Si vous tuez des compagnons de Thimoros, nous ne pourrons plus traiter avec vous. »

« Et si ce sont vos compagnons qui … »

« Oh, personne ne vous touchera. Pas même Cuello, vous avez la bénédiction de Pà … sur toute la durée de votre mission. N’en abusez pas. Nos yeux sont partout. »

« Je doute qu’ils soient dans le désert, sinon vous n’auriez besoin de moi. »


Il toucha une corde sensible et lui sourit doucement. Tlévo lui rendit son sourire en répondant :

« Certes. Obtempérez ou mourez. Voilà la consigne. Vous êtes dans de bons termes pour obtempérer. Profitez, c’est l’unique conseil que je vous donne. »


Llewelyn hocha la tête, insatisfait . Mais il fit à peine attention à ce discours ; il n’accordait pas grande importance au droit qu’il pouvait encore posséder dans cette mission. Il lui semblait beaucoup plus urgent de comprendre l’ensemble de sa situation ; mais, en présence de ces gens, il ne pouvait même pas réfléchir ; le culte de Thimoros s’aplatissait à chaque instant sur lui de la façon la plus cordiale et polie, mais lorsqu’il levait les yeux, il découvrait un clan vil et adepte du mal, armée de l’ombre et du chaos, qui n’allait pas sur la bonne majorité des disciple et, même, sur les plus grands de la hiérarchie.

(Les clichés ont la vie dure … la bêtise aussi.)


Quels hommes étaient-ce donc ceux là ? Quelles sont leurs intentions véritables ? Soulèvent-ils des ordres venant d’une autorité plus haute ? La paix n’existe certes pas sur Yuimen mais le fragile équilibre semblait un peu respecté. Le mage avait toujours tendance à prendre les choses légèrement - ou trop sérieusement - à croire au pire en riant d’icelui et s’armer de précautions pour l’avenir, même lorsque tout menaçait ; mais, dans le cas qui se présentait, cette attitude lui sembla déplacée. Sans doute toute cette situation aurait-elle pu n'être une plaisanterie, une grossière plaisanterie ; mais ce n’était pas le cas, malheureusement.

« Voilà, la sortie. Mais pas encore la liberté, brave Llewelyn. »

« Je ne peux que vous remercier de l’escorte. »


« Ha, revenez avec ce qu’on veut et tout ira pour le mieux. Revenez. »

(Malheureusement, je crois que oui. Mais pas avant longtemps … pas avant d’être apte à tout comprendre.)


Après l’ouverture du portail, Vermelh était libre d’action : écouter la requête ou fuir en risquant pire ? Peu importe, pour le moment, son but était de retrouver, encore une fois, sa mystérieuse amie-prisonnière et essayer de résoudre les derniers ‘pourquoi’ de l’habile et infortuné mage.

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