Le Serpent Bleu - Chapitre IVLe Serpent Bleu
Chapitre V
Alors qu'il se pressait à la recherche de ces compagnons, il put apercevoir que la foule sur les quais avait considérablement augmenté. La cause ? Au début, il crut à un genre de parade militaire, ce qui était bien étrange dans un endroit pareil. Quels étaient donc les empafés qui pouvaient se permettre de se pavaner sur ces quais comme s'ils leur appartenaient ? Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il le découvrit : Il s'agissait de sangs-pourpres ! Et pas n'importe lesquels en plus, les mêmes salopards que ceux qui avaient attaqué la Rascasse Volante ! Plus de doute n'était donc possible : C'était bien eux les caïds du bled ! L'équipage de la Rascasse avait survécu à leur attaque maritime et ils venaient maintenant finir le boulot !
Par Gaïa, il espérait que les camarades qui étaient resté sur le navire ne se sont pas fait salement trucider par ces connards. Son cœur commençait à palpiter, sa fourrure à se hérisser, ses babines à se retrousser, ses griffes à se déployer mais ce n'était pas son instinct de prédateur qui l'y incitait... C'était la crainte de l'animal acculé qui s'apprêtait à livrer son combat de la dernière chance.
Il n'était cependant pas au bout de ces surprises.
Sa soudaine panique s'apaisa lorsqu'il vit la capitaine ainsi que tous ceux qui avaient débarqué se tenir sagement à un endroit du quai. Tous ? Non, où était donc passé la prêtresse ? Il détourna légèrement le regard et la vit alors, avec une démarche plus qu'étrange, se joindre au cortège.
Il hurla à s'en faire péter les cordes vocales :
"Leyna ! P'tain Leyna ! Qu'est-ce tu fous bordel ? C'les méchants, eux ! Reviens ! J'te jure qu'j'me foutrais plus jamais d'tes rituels à la con ! Hé les cyanosés d'l'occipupute, faites pas comme s'vous m'tendez pas !"C'est donc un Mercurio qui avait gagné plusieurs centimètres d'épaisseur, les yeux écarquillés et le plus agité qui arrivait à la hauteur de ces compagnons.
"P'tain v'foutez quoi, là ? 'peut pas les laisser l'm'barquer comme ça !"Il n'eût pour réponse que le regard noir d'Eliwin et le visage fermé de la capitaine. Il ne comprit absolument pas pourquoi ils restaient là sans rien faire et se rabattit sur Samrik.
"Samrik, mon bon Samrik ! Qu'est-ce tu fous, planté comme un piquet dans un tas d'purain, là ?! C'pas dans ta culture, ton code d'honneur ou j'sais p'us quelle conn'rie dans l'genre d'aller d't'latter la gueule même quand y a aucune chance ?! Ben c'ton moment là, on va les embrocher ces fils d'p..."Samrik sort soudainement de sa léthargie pour lui envoyer un violent revers du bras dans le museau qui l'envoie par terre, le semi-garzok s'écartant de quelques pas comme si de rien n'était après ça.
C'est le regard désolé de Nahoriel et sa main à nouveau tendue qu'il rencontrera avant de se relever :
"Faut vraiment que t'arrêtes de t'emballer comme ça, Mercurio..."Portant la main à son museau sanguinolant, s'étant à peine calmé, il continua à hurler avec un ton à peine plus bas :
"M'emballer ? Comment v'voulez qu'j'm'emballe pas, par les dieux ?! Not' vaisseau est à la main d'ces foutus peaux-bleus, les gars qu'étaient d'ssus sont p't'être en train d'nourrir la poiscaille à l'heure où on parle et même si c'tait pas l'cas, 'va pas la laisser s'faire embarquer ! J'dois vraiment vous rappeler qu'ils ont buté deux d'nos gars ? Et on va les laisser filer sous not' pif, là, comme ça, avec Leyna sous l'bras ? Naho, bordel, tu devrais êt' l'premier à courir à sa rescousse ! Non, mais, 'y s'passe quoi sans déconner ? J'suis l'seul à tr...""Mercurio ! Silence !", dit Eliwin en l’interrompant sèchement.
"Mais 'va pas rester comme des gl...""Mercurio ! Tu la fermes ou je t'étrangle de mes propres mains !""Je..."Un dernier regard assassin d'Eliwin, doublé de son autorité naturelle, avait enfin réussi à le faire taire.
Il était perdu, largué dans la confusion de tous les événements de la journée. Il avait du mal à accepter de rester les bras ballants, alors qu'il y avait tant matière à agir. Il ne réfléchissait plus vraiment. Tout était immédiat. Le calme irréductible de ces camarades le forçait cependant à tempérer ces hardeurs.
La capitaine, profitant de cette trêve d'après tempête, lui demanda alors :
"Un ami à vous ?"L'humoran, encore confus, dût suivre son regard pour voir que le pirate au visage simiesque de tout à l'heure les avait suivi. Lui aussi semblait un peu perdu face à la scène à laquelle il venait d'assister.
"Lui ? Qu'est-c'qu'on s'en fout d'lui ? Ce... C'personne, c'un connard d'la taverne. On a pas des trucs plus urgents à régler ?!""Comment ça, un connard d'la taverne ?!", réagit-il avec plus de surprise que d'énervement.
"Heu... Bon, je me permets hein... C'est un pirate sans équipage qui s'était montré intéressé pour nous rejoindre. Mais heu... Bon, ça c'était tout à l'heure... Quand on avait encore un navire... Oui en fait, pourquoi vous nous avez suivi du coup ?"Le Serpent Bleu - Chapitre VI (Nouvelle base)
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Playlist de Mercurio
A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !
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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi