À l’annonce de la contrariété de la déesse, Keynthara souffla bruyamment, prenant un air exaspérée. Qu’avait-elle donc bien pu faire pour froisser cette divinité ? Elle n’en avait pas la moindre idée et ainsi, ressentait une oppressante impression de persécution.
Plaquant ses bras autour de son corps pour se serrer elle-même, la Petite chercha le soutien de son ami de voyage du regard, la lèvre inférieure tressaillante, tandis que ses grands yeux bleus nacrés se mouillaient de larmes.
« Dit lui que c’est pas vrai, que j’ai rien fait de mal, Kraemer. »
Malheureusement, il ne put qu’osciller de la tête en signe de négation. Il avait lui-même était témoin de la scène et avait vu avec quel désinvolture elle s’était adressée à la déesse dont elle devait la vie et qui lui conférait tous ses pouvoirs.
« Je suis navrée, Keynthara, mais ce qu’il dit n’est que trop fondé. C’est une belle leçon de vie que te donne la déesse Gaïa. Tu es allée trop loin, cette fois-ci. »
Le Shaakt savait qu’il tenait des paroles rudes à l’attention de la poupée magique, mais il n’avait pas le choix s’il souhaitait que le message soit clair et que son amie tire les apprentissages nécessaires de cette situation. Keynthara gardait pourtant toujours le silence, regardant les paumes de ses mains tremblantes. Elle était en train de constater par elle-même que sa magie n’agissait plus de la même façon dans son corps.
« La déesse Gaïa s’est probablement détournée de toi parce que tu t’es montrée si indifférente à sa présence. Elle a dû reprendre un peu de sa magie. Tu devais sans doute tenir une place importante pour elle, si elle est apparue à ta demande. Elle a dû se sentir humilier et utilisée. Tu comprends princesse ? »
Ses mots s’étaient peu à peu adoucis et comme toujours, il avait fini par fondre, face à l’adorable petit minois enfantin de l’Aniathy en pleure. Il s’était alors agenouillé et avait pris la poupée dans ses bras en la serrant très fort. D’un mouvement brusque qui fut accompagné d’un profond soupire de rédemption, Keynthara se jeta contre Kraemer.
« Je ne voulais pas. Je suis désolée... Je ferai tout ce qu’elle voudra, c’est promis juré. »
Dans son cœur, toujours blottie contre l’elfe noire, elle adressa une puissante vague de rédemption à l’attention de la déesse qu’elle avait choqué. Lorsque quelqu’un venait à la rejeter, Keynthara était la plus malheureuse du monde. Alors une divinité...
« Nous ne devrions pas tarder. Tu as entendu ce que le prêtre a dit. »
Il le remercia d’avoir dit la vérité à la Petite d’un signe de tête entendu, puis se releva en continuant de tenir l’Aniathy dans ses bras. Si elle ne pleurait plus, elle continuait de respirer de façon saccadée en tremblant.
« Que les dieux bienveillants vous protèges, tout autant que vous les respecterez à l'avenir, jeune Aniathy. », conclut leur interlocuteur après avoir assisté à ce touchant spectacle, sur un ton enjoué destiné à chasser le fatalisme dont s'était affublée Kenthara. Il se dirigea ensuite vers la porte de sortie du temple de Jéri pour les raccompagner vers la sortie. Il ne voyait pas pour quelle raison il aurait dû garder ces invités et protecteurs de Warshaarin plus longtemps. Ils étaient à présents libres de circuler dans Lùinwë comme bon leur semblait.
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