VI.10 Ma première monture (2).La femme m’écoute visiblement sans être gêné par ma race. C’est une chose bête, mais être reçu comme n’importe qui d’autre me procure une véritable joie. Elle m’explique ne pas louer de montures, mais les vendre. Elle enchaîne sur l’importance des chevaux. Qu’ils sont des compagnons fidèles pour ceux qui se donnent la peine de bien les traiter et de les respecter. Seul de gros efforts et une preuve de dévouement m’aideront dans cette tâche.
Elle me fait venir jusqu’à trois chevaux puis m’arrête. Selon elle je dois laisser le cheval faire le premier choix. Elle place dans mes mains des quartiers de pommes et déclare qu’elle acceptera de vendre un de ses chevaux uniquement si l’un d’eux daigne manger dans mes mains.
Je m’avance vers un premier, couvert entièrement du même poil brun à la crinière jaune et reste à bonne distance. Il s’avance jusqu’à moi, renifle les pommes, puis décide finalement d’aller brouter ailleurs. Je m’avance ensuite vers un second, à la crinière noire et aux poils noirs avec une bande blanche entre les yeux le long de sa tête, ainsi qu’à ses quatre pattes comme des chaussures. Il vient également renifler vers moi et m’ignore comme le premier. Un peu dépité je fais quelques pas non loin du troisième. Blanc tacheté de noir à la crinière jaune comme les blés. Celui-ci ne me regarde même pas et s’éloigne rapidement.
(Je dois avoir une odeur qui leur revient pas !)Les bras pendant le long du corps, je me lamente sur mon sort. Même les animaux d’ici ne veulent pas de moi. Je m’apprête à partir quand quelque chose de froid et d’humide s’approche de ma main contenant les morceaux de pommes. Je me tourne légèrement pour voir le cheval noir en train de manger dans mon dos, cependant mon mouvement le fait reculer. Je lui fais face et lui tends les pommes, bras tendus. Il revient manger dans ma main et lentement je m’approche de lui pour le caresser la tête. Dès lors qu’il n’a plus rien à manger, il recherche sur moi s’il n’y a pas d’autres morceaux à manger.
"Tu ne serais pas un peu timide toi ?" Lui dis-je en flattant son encolure.
Je vois la propriétaire arriver vers moi.
"Je crois avoir trouvé. Enfin c’est plutôt lui qui m’a trouvé. Si je peux vous le prendre, vous acceptez de me montrer comment m’occuper de lui convenablement ?"VI.10 Ma première monture (4).