1) Je ne vois pas vraiment où je confonds exemple et argument.
Oui, il y a des choses qui passent outre le tamis, ça je ne le nie pas, et je ne critique pas la vidéo sur ce point. Ce qui me gène, je le répète, c'est qu'il ne se contente pas de donner des exemples, mais qu'il en fait un ensemble, qu'il qualifie "d'affirmations extraordinaires", et auquel il se propose d'appliquer LE programme-tamis.
2) Quant à Google Scholar, à aucun moment je ne dis qu'il dit que c'est LA solution à tout. J'ai simplement trouvé l'exemple mal exploité contenu du sujet de la vidéo et de la manière dont je le perçois, ce qui a accentué mon sentiment de malaise.
3) Je ne l'ai entendu dire ça nulle part, je ne l'ai d'ailleurs pas cité, je n'ai pas non plus dit qu'il l'avait dit. J'ai soulevé un effet pervers du message de la vidéo. Et cette marge de réflexion est ménagée par le discours qu'il tient sur l'homéopathie, notamment les moments où il mentionne une chaine du service public "payée par le contribuable" qui traite d'un sujet qu'il considère qu'elle ne devrait pas traiter (donc gaspiller les sous du contribuable alors que les scientifiques invalident, je suppose) et le remboursement par la Sécu de l'homéopathie. Son propos prend une dimension politique, puisque ce qu'il met en avant, c'est le lien entre l'homéopathie et la gestion des revenus des impôts en France. Sachant que précédemment dans la vidéo, il a assimilé l'homéopathie à un certain nombre "d'affirmations extraordinaires" d'ordre social ou politique, je pense que je suis en droit de soulever le fait que la vidéo implique, un gouvernement des choses humaines par les scientifiques, ou, si tu préfères, par des gens qui appliquent la méthode scientifique.
A affirmation extraordinaire preuves plus qu'ordinaire ?
Un tamis pour toutes les idées qui passent outre le tamis relève pour moi d'une affirmation extraordinaire, j'attends donc des preuves plus qu'ordinaires (en l'occurrence ici qu'une simple affirmation). Les critères qu'il retient pour la méthode scientifique est l'étude du réel à la recherche de phénomène reproductibles et falsifiables. Le critère de falsifiabilité qu'il retient renvoie à une conception particulière de ce qu'est la science et ses méthodes, et des processus de validation des théories scientifiques ; ou, ici, du processus d'invalidation des théories scientifiques (Popper ce me semble), que l'on ne peut jamais vérifier mais que l'on peut invalider. Or, ce me semble être une entorse au programme qu'il se propose que d'affirmer que la méthode scientifique qu'il propose est la méthode d'évaluation des affirmations extraordinaires sans prendre le temps de la questionner un minimum.
Le fond de mon propos et de mon malaise est là. Je ne critique pas la vidéo pour la descendre en flamme gratuitement. Cette vidéo représente pour moi une chose que j'ai appris, à force de la fréquentation des sciences sociales notamment, à mettre en question : la place de la science et des méthodes scientifiques dans notre société. Tu le dis bien Azra, on appelle cette méthode "méthode scientifique" parce que les scientifiques l'utilisent, mais est-ce que tout le monde devrait l'appliquer ? Au nom de quoi ? Parce que tous les scientifiques l'utilisent, ou parce qu'elle est bonne ? Et bonne selon quels critères ? A cela, la vidéo ne propose même pas une approche de réponse. Au fond, ce qui est cultivé, c'est une affirmation extraordinaire qui, selon moi, passe outre le tamis. Une manifestation du fait que certaines choses de cette vidéo passe outre le tamis est justement la référence à Google Scholar, qui passe outre tout ce qui est proposé avant.
Est-ce à dire qu'il faut tout remettre en question, douter de tout, faire des tonnes sur les sources ? Non. Il me semble que nous ne pouvons pas pousser trop loin le scepticisme sans nous perdre dans des méandres et réseaux d'explications tant notre monde est complexe. Ici, je n'attendais pas de l'auteur de la vidéo qu'il vienne présenter une tentative de réfutation complète de sa théorie au nom de la conception de la science qu'il mobilise, ni même qu'il justifie, ou qu'il mette en doute point par point ce qu'il affirme.
Comme je l'ai indiqué plus haut, je préfère de loin une subjectivité revendiquée à une objectivité de façade qui cache une subjectivité honteuse. J'ai reconnu que le projet initial était louable, sans doute la vidéo a-t-elle pour but de sensibiliser les gens à l'exercice de leur esprit critique dans les domaines de leur existence qui passent outre le tamis. Mais dans cette démarche, ce qui m'aurait semblé un minimum aurait été de leur montrer que cela commence par cette vidéo, par la méthode scientifique.
Oui, c'est un jugement subjectif sur la vidéo, qui tient à mon approche de la pédagogie, de l'enseignement de certaines disciplines, de la mise en avant d'éléments de société comme la science.
Et sans doute cela tient-il aussi à la subjectivité de ce qu'on appelle des affirmations extraordinaires. Pour moi, cette vidéo cumule des affirmations extraordinaires, et se contente d'arguments trop simples pour que je les accepte. Si pour certains c'est une affirmation ordinaire, ce qu'il propose comme argument peut être suffisant.
Silmeria a écrit:
Je ne regrette pas vraiment d'avoir stoppé ma musique pour ça. Ca illustre quelque chose qu'on devrait mettre en place pour ne pas prendre l'information telle qu'on la donne. Je vais essayer un peu google scholar.
Je trouve qu'elle a raison. Un projet louable. Sauf qu'au lieu d'aller voir ce qu'on dit de l'homéopathie ou de l'enfouissement des déchets nucléaires, je commence par ce que j'ai sous la main, la vidéo.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4