À force d’efforts, nous parvenons à nous frayer un chemin dans cette passe étroite, et il me faut à plusieurs reprise me servir de mon glaive pour déblayer un peu notre avancée du sable ocre et rigide qui forme les falaises nous entourant. Sidë me suit, silencieuse et prudente, et je préserve là la discrétion qu’elle m’impose. Nous sommes en territoire inconnu, et je ne tiens en aucun cas à me faire repérer par d’éventuels ennemis, ou personnes qui nous prendraient pour des ennemis, armes au clair, venant les envahir.
Mais après quelques mètres, les parois de sable s’affinent et laissent transparaître un mur de pierres grisâtres bien plus solides. Je le suis, sans trop avoir le choix, et bien vite, je me retrouve dans une salle sortie de nulle part, dont j’ai franchi le seuil sans même m’en rendre vraiment compte. Elle est gigantesque, immense, et je ne peux que serrer davantage mes mains sur mes armes, mon regard balayant la salle de gauche à droite.
Je me rends compte que ma vue n’est pas altérée par l’obscurité, malgré que nous soyons désormais loin de tout éclairage solaire. C’est seulement à cet instant que je remarque que la lueur qui stagne dans cette pièce provient de curieux cristaux accrochés au mur, et qui changent régulièrement de couleurs, passant par le jaune, le blanc, le vert, le bleu, et autres coloris divers qui me laissent quelque peu pantois.
(À quoi sert cette salle…)
Mes yeux se posent alors sur ce qui pourrait peut-être constituer une réponse à ma question mentale : au centre de la salle repose un sarcophage de pierre, un gisant majestueux représentant un homme barbu aux longs cheveux rehaussés d’une couronne.
(Un tombeau…)
Prudent, je m’avance vers le sarcophage et y distingue plus nettement une lame, grande, belle, ténébreuse, posée sur le corps de pierre. Elle est entièrement noire, tant la lame que la garde, et seuls des joyaux à la rougeur intense marquent une note colorée sur le bord de la poignée.
(Mortelle comme la dent de Shwaragah…)
(Quoi ?)
(Mortelle comme la dent de Shwaragah, c’est la signification des runes de la lame…)
En effet, quelques runes savamment forgées décorent la lame noire et terrible, et ce nom me fait presque frissonner.
(Voilà une arme qu’il vaut mieux avoir de son côté, et non face à soi, à n’en pas douter…)
(J’aime quand tu penses comme ça…)
(Hein ? Mais j’énonçais juste une logique élémentaire, voyons, que crois-tu ?)
(Allez, ne fais pas l’innocent, prends-là !)
(Mais je ne peux pas, elle ne m’appartient pas !)
(Allons, Cromax, je doute que son propriétaire actuel en trouve encore la charge… Ca serait lui faire honneur que de s’en servir à nouveau.)
Je cède, un peu facilement, sous son argument mental, et après avoir jeté un regard à ma compagne bleue, je m’approche du tombeau pour saisir la garde de l’épée, tout en soufflant à la statue, au cas où…
« Excusez-moi… Je peux ? »
Qui ne dit mot consent… Et par manque de réponse, je n’hésite pas plus à m’en emparer…
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