Derrière la porte, Aliéron put découvrir de grandes ruines qui, étrangement, ne semblaient en aucun cas pouvoir se trouver sous une cité. Sur les côtés, il n'y avait qu'un vide d'apparence sans fond, et face à lui, un chemin qui menait vers un embranchement. Il y avait trois entrées, mais la principale semblait être celle de face.

« Et voilà, » déclara Hina, un air désabusé sur le visage. « Le cauchemar commence. »

Aux deux derniers mots d'Aliéron Hina leva un sourcil, mais elle s'abstint néanmoins de répondre, prenant la direction de la salle de droite, comme il l'avait demandé.

Derrière la porte, ils trouvèrent un long corridor relativement large et mystérieusement éclairé à l'architecture très proche de celle observable à l'entrée. Elle était cependant dépourvue du moindre intérêt, de prime abord. Mais à peine furent-ils à l'intérieur qu'une voix résonna à travers la pièce, comme provenant de partout à la fois.

« Eh bien, eh bien, Hina, tu t'es enfin trouvée un homme ? Et un beau, avec ceci, moi qui commençais à redouter d'être plus ton genre, avec tes venues répétées ici... »

C'était une voix suave, laissant imaginer une femme mûre et charmeuse. Immédiatement après l'avoir entendue, Hina se renfrogna.

« Oh non, » marmonna-t-elle. « Elle va nous faire chier... Je sens qu'elle va nous faire chier. »
« Voyons, c'est toi qui viens constamment dans ma demeure. Je me trouve bien magnanime de ne pas te mettre simplement dehors. »

Cette dernière remarque, la fille adoptive de Shizune l'ignora, continuant son chemin à travers le corridor jusqu'à la prochaine pièce.



Celle-ci était toute aussi vide que la précédente, et semblait presque aussi peu intéressante. Néanmoins, Hina sortit son katana de son fourreau et intima Aliéron à la prudence.

« Fais attention, c'est comme un jeu pour cette sadique, une bestiole pourrait sortir de n'importe où. »
« Non, non, il n'y a rien dans celle-ci, » démentit la voix nonchalamment. « Mais tu as raison c'est une erreur, tu vas croire que je me ramollis après. Alors que dis-tu d'une énigme, Yuiménien ? Heu... Alors : ça marche à quatre pattes le matin... »
« L'homme, » la coupa Hina avec un roulement d'yeux exaspéré.
« Mais enfin j'ai dit le Yuiménien ! » s'énerva la voix. « Oh et puis merde, pour la peine, des monstres ! »

Et aussitôt, dans un "POUF !" ridicule, trois créatures à l'aspect féroce apparurent face à eux.



« Raaaaah, mais quelle connasse ! Je prends les deux de droite, tu sauras gérer le troisième ? »

La créature tenta de s'approcher d'Aliéron d'un bond, mais, bien préparé, celui-ci parvint à éviter son assaut tout en touchant son buste de son épée lumineuse, brûlant profondément sa peau et sa fourrure. Le loup couina et recula de quelques pas, visiblement plus prudent.

La voix, elle, se fit de nouveau entendre, réagissant d'abord aux propos tenus par le Yuiménien.

« Eh bien eh bien, Hina, on dirait que tu lui as tapé dans l'œil. Mais on dirait que je lui plais également, tu devrais te montrer plus chaleureuse si tu ne veux pas qu'il succombe à mes charmes. »

L'intéressée afficha de nouveau une mine renfrognée, alors qu'elle esquivait l'assaut de l'un des loups avant de contre-attaquer avec vivacité pour lui trancher la tête d'un simple coup de katana.

« Bon, » reprit la Déesse. « Une autre énigme ! Et pour le Yuiménien cette fois ! Si tu te trompes, ou que Hina donne la réponse, trois loups de plus ! Alors, euh... Ah ! Un paysan utilise son fils unique pour empêcher les oiseaux de venir picorer ses récoltes à deux endroits différents de son champ. Comment fait-il ? Allez, et que ça traîne pas, tu as quinze secondes ! »

Ainsi, Aliéron devrait répondre aux demandes capricieuses de la Déesse. Mais, face à lui, le loup commençait à se rapprocher, malgré sa blessure. Il devrait faire face aux deux problèmes à la fois.

Aux paroles d'Aliéron, la voix de renfrogna.

« Pfeuh, tu n'es pas aussi joueur que tu le laisses penser de prime abord. J'attendais comme réponse qu'il le coupe en deux pour en faire des épouvantails, mais... hum... Je suppose que l'énoncée était assez vague pour que toutes les autres réponses soient possibles... »

De son côté, Hina laissa échapper un petit ricanement moqueur avant de prendre d'assaut sa deuxième créature, la transperçant de par en par sans difficulté. Le loup d'Aliéron choisit le même moment pour sauter à la gorge de celui-ci, mais ayant attendu en garde, l'aventurier n'eut aucun mal à s'en défendre, plongeant le katana profondément dans la gorge du canidé. Somme toute, ces monstres étaient moins dangereux qu'ils n'avaient pu le laisser paraître.

« Ca va, tu te débrouilles, » constata Hina. « Avec un peu de chance tu devrais pouvoir partir d'ici sur tes deux jambes. »
« Oui, oui, je suis d'accord, » renchérit la voix. « Si tu avais un tout petit peu plus d'humour, tu serais à croquer. »

La fille de Shizune leva de nouveau les yeux au ciel avant de mener Aliéron vers la prochain salle.

Etrangement, la prochaine pièce ne révéla aucun piège, ni aucune créature. Ni même la suivante, qu'ils empruntèrent à sa suite. Hina restait sur ses gardes, sortant son katana au moindre bruit, et le gardant en main la plupart du temps, mais bientôt ils eurent traversé quatre pièces sans le moindre signe de piège, de monstre ou même de la voix narquoise de Zarha'Eïla.

« Ca sent mauvais, » confia la jeune femme. « Ca n'a jamais été aussi calme, ça cache quelque chose. »

Pour autant, malgré cette mise en garde, ils arrivèrent sans encombre à ce qui semblait être la dernière salle de ce long couloir.



Ils arrivèrent sur un tapis central qui ne semblait pas avoir subi l'épreuve du temps, et bordé de six grosses statues, trois de chaque côté. Au fond, un escalier menait à un dôme dans lequel semblait être enfermé un golem, ou une statue le représentant. Sur les côtés, de longues et hautes fresques murales représentaient des hommes et des femmes. Il y en avait tout le long de la pièce, et sur chacun des deux murs. A droite, les dessins semblaient... Presque pornographiques... Et à gauche, ils représentaient des scènes de guerre.

« On a jamais réussi à ouvrir ou péter ce truc, » fit Hina en désignant le dôme au bout du couloir.

A la première question d'Aliéron, adressée à Hina, cette dernière afficha une expression neutre avant de hausser les épaules.

« On est bien obligé de le détruire si on veut examiner ce qu'il y a à l'intérieur de ce dôme. »
« Tu vois quel genre de violations de ma vie privée j'endure tout au long de l'année ? » intervint la voix, exagérant à outrance son apitoiement.
« Tiens, ça faisait longtemps, » marmonna la fille de Shizune, visiblement peu enchantée d'entendre de nouveau la Déesse.
« Elle est si mignonne... Mais vois-tu, Yuiménien, ce n'est pas à moi de te dire à quoi sert tout ceci. C'est bien plus drôle de vous regarder chercher, et qui sait peut être trouver, un jour ou l'autre, la réponse ! »

En observant les fresques de droite, Aliéron put observer plusieurs scènes à ne pas montrer à des enfants particulièrement explicites, mais visiblement sans grand intérêt, à part pour qui voulait s'essayer à des pratiques à la fois étranges et extrêmes. Mais ce n'est qu'au bout, au fond de la salle, que quelque chose put attirer son attention. Car, complètement nue également, une femme à tête de dragon se tenait droite, faisant deux fois la taille des autres personnes représentées et se tenant droite, comme les couvant du regard.

De l'autre côté, les scènes étaient plus complexes à interpréter. Premièrement vint la scène d'une bataille entre deux groupes apparemment humains, l'un dépeint en rouge, l'autre en noir. En second vint la victoire du "peuple rouge" sur le "peuple noir". Puis, un peu plus loin sur le mur, une gigantesque femme à tête de dragon fit son apparition, pile entre les deux peuples. Pour terminer, tout au fond du mur, le peuple noir et le peuple rouge construisaient un édifice au sommet duquel trônait la femme-dragon.

Autour du golem, cependant, rien n'attira particulièrement son attention. La surface du dôme était lisse et froide, semblable à du verre, mais semblait bien plus résistante. Quant au golem lui-même, il ressemblait simplement à un golem typique que l'on pouvait trouver dans les histoires Yuiméniennes.

« A quoi pourrait bien servir cette pièce ? » demanda avec exagération Zarha. « Je sais ! Un nouveau jeu ! Donne moi tes théories sur ces deux fresques ! Plus tu seras proche de la vérité, plus la récompense sera belle ! Et plus tu te tromperas... Huhu... Plus te seras prêt de découvrir à quoi sert de Golem. »

Pas loin d'Aliéron, Hina leva son katana à l'entente de ces mots, non sans un roulement d'yeux au ciel. Comme si elle s'attendait à ce que l'aventurier ne perde au petit jeu de la Déesse.

La Voix laissa Aliéron à ses suppositions sans un mot, attendant qu'il ait fini avant de prendre la parole. Quand finalement elle le fit, ce fut d'abord pour lâcher un petit rire moqueur.

« Que j'aime le sexe ? Tu as vraiment besoin de ces fresques pour le deviner, Sherlock ? »

Elle laissa un léger silence avant de se reprendre.

« Heu, oublie ça, tu peux pas comprendre. Mais... Une déesse des relations charnelles... Hmm... C'est... Je ne sais pas... A la fois vrai et faux... Alors à toi de choisir, est-ce que tu veux que ça compte pour une bonne et une mauvaise réponse, ou aucune des deux ? »

Elle laissa un très léger rire résonner dans la pièce avant de continuer.

« Mais je suis, effectivement, cette femme à tête de Dragon. Mais tu ne prends pas beaucoup de risque, là. Donc, oui, je suis bien cette femme à tête de Dragon qu'ils ont vénéré. Et c'est bien ce temple dans lequel nous sommes. Mais... Jusque là tu es vague. Tu ne fais que lire les fresques, tu ne fais pas de supposition, tu ne soumets pas d'hypothèse... Penses-tu que je t'aurais soumis un jeu si facile à gagner pour toi ? Pourquoi les ai-je pacifié ? D'où suis-je arrivée ? Allez, pense à la récompense et dis-moi ce que tu vois, dis moi ce que tu devines ! Tu veux savoir si les humains d'Izurith sont les descendants de ces peuples dépeints sur les fresques ? Alors propose ! C'est uniquement de cette manière que je te répondrais. Si tu crains tant une mauvaise réponse, jamais tu ne pourras percer les mystères de ce Temple... Et de mon Temple, » ajouta-t-elle avec un gloussement.

Aux premières paroles d'Aliéron, Hina afficha une grimace et raffermit sa prise sur son arme. La Divinité, elle, éclata d'un rire cristallin.

« Un joueur, à ce que je vois. Très bien. Très très bien. »

A ces paroles, un impact se fit entendre sur le dôme du golem. Et au même moment une énorme fissure partant de son point culminant jusqu'à sa base apparut.

« Voilà donc pour la pénalité de mauvaise réponse... Et tu as maintenant un bon point ! Tu peux les cumuler pour un formidable cadeau en fin de partie, ou les utiliser pour colmater une fissure quand tu le veux ! »

A l'entente de ces mots, Hina ouvrit la bouche, une expression outrée sur le visage, avant de secouer la tête d'un air affligé.

« Mais vous êtes censée avoir plus de dix millénaires ! » s'exclama-t-elle. « Pourquoi dès que vous l'ouvrez on a l'impression que vous êtes une gamine de huit ans ? »
« Pfeuh ! Vous, les Kobayashi, vous n'avez jamais su appréhender mon génie humoristique, » s'indigna la divinité. Puis, à l'encontre du long monologue d'Aliéron, elle ajouta : « Mmh, il y a beaucoup de théories intéressantes là-dedans... Nous avons un aventurier qui aime jouer avec le feu ! »

Immédiatement après, un nouvel éclat apparu sur la surface du dôme.

« Je n'ai pas pris corps par le sang entremêlé des vivants et des morts, non. Mais je reconnais que celui-ci est un peu traître, après tout mes servants eux-mêmes ne savaient pas comment j'étais apparue, donc ils pouvaient difficilement le dépeindre ici. »

Une troisième fissure apparut.

« Et je n'ai absolument rien fait pour empêcher la domination des Sindeldi sur l'homme. Pourquoi, d'après toi ? »

Puis une quatrième.

« Ouuuh... On approche du moment fatidique de l'ouverture ! La raison pour laquelle personne ne me vénère est parce que mon existence est tenue secrète par les autorités d'Izurith. Mais... Je crois que l'on approche de quelques informations que tu aimerais avoir, mon bel aventurier, » susurra-t-elle. « Prendras tu le risque de proposer plus d'hypothèses pour avoir tes réponses ? Prendras tu le risque de me dire... Pourquoi les autorités d'Izurith laissent la population dans l'ignorance me concernant ? »

Aussitôt, Hina s'interposa.

« Nous savons très bien pourquoi. Nous avons peur que le peuple vous vende son âme pour récupérer nos terres et nous débarrasser des elfes ! »
« Je ne parle pas des mensonges de Valaï, trésor. Je parle de la vérité. La vérité vraie. »

Un silence s'installa dans la pièce. Vite brisé par Zarha'Eïla.

« En comptant le premier, cela te fait quatre bons points, bel aventurier. »

La balle était dans le camp d'Aliéron.

Aux paroles d'Aliéron, la Divinité éclata d'un nouveau rire, visiblement satisfaite d'elle-même.

« Tu te trompes, bel aventurier, » le rectifia-t-elle cependant. « Il y avait des vérités dans tes premières hypothèses. Sinon il y aurait plus de fissures sur ce dôme. J'ai effectivement pacifié les humains de ce monde en leur imposant ma vénération, les empêchant ainsi de s'entretuer. Mais ils m'ont bel et bien tourné le dos. »

Elle laissa planer un léger silence avant de continuer.

« Et... Je dois le reconnaître, j'ai fini par leur prêter main forte pour les sauver du joug elfique. Que veux-tu, je suis une sentimentale. »

Elle laissa échapper un nouveau petit ricanement, qui fit se tendre Hina ostensiblement.

« Tu t'énerves, mais tu continues de jouer, bel aventurier, » continua-t-elle. « Ne rejette pas la faute sur moi si ce golem te brise tous les os. Mais je dois admettre que tes propositions sont intéressantes. Peut-être échapperas-tu à son courroux si tu continues comme cela. »

Une cinquième fissure apparut et la surface du dôme, de moins en moins stable, sembla légèrement trembler.

« Ou pas. Car mon anonymat pour le peuple d'Izurith n'a rien à voir avec mon caractère... amusant. Je t'accorde cependant un autre bon point, car, effectivement, je n'ai pas sauvé les humains des elfes plus tôt car je ne leur devais rien. A peine quelques millénaires ont passé qu'ils m'ont abandonnée, tous autant qu'ils étaient, retournant à leurs guerres puériles et à leurs Divinités sans envergure. »

Finalement ce fut Hina qui répondit à ses dernières questions.

« Elle reste là pour protéger quelque chose au bout de ces ruines. Nous ne savons pas quoi, mais elle ne veut pas que nous y allions. »
« Faux, » s'interposa Zarha'Eïla. « Vous avez le droit de venir, mais selon mes règles. Et cette zone est le dernier niveau, l'ultime épreuve. Et puis je n'ai aucune raison de quitter mon palais. Mais revenons à nos moutons, si vous le voulez bien. Cinq points, cinq fissures. C'est le moment décisif, bel aventurier. Veux-tu continuer notre petit jeu, ou bien obtenir ta récompense ? »

A la réponse d'Aliéron, un éclat de rire cristallin résonna dans toute la pièce, alors que Hina serrait les mâchoires en réprimant une grimace.

« Très bien, très bien, » finit par lâcher la Déesse, apparemment heureuse de la tournure que prenait les événements. « Que dis-tu d'une question à choix multiples pour cinq points ? Si tu échoues, c'est l'ouverture immédiate du dôme ; si tu réussis, c'est l'accès à la plus haute récompense qu'un étranger peut obtenir en ces lieux. »

Hina raffermit une énième fois sa prise sur son sabre à ces mots, fixant avec détermination le dôme fissuré et s'en approchant même lentement, prête à en découdre.

« Allons, allons, tu as donc si peu confiance en lui ? » s'amusa la voix. « Alors, jouons. La question, tu la connais déjà : pourquoi Valaï garde-t-il secret mon existence ? »

Devant Aliéron, dans les airs, des lettres d'or se dessinèrent, formant des lettres. Et à mesure qu'elles apparaissaient, la Déesse les énonçait.

« Petit a : parce qu'il a peur que le peuple ne me vende son âme pour se débarrasser des elfes. Petit b : parce qu'il a peur que l'on découvre que je suis celle ayant placé sa famille au pouvoir. Petit c : parce qu'il a peur que l'on découvre que ce n'est pas sa famille à qui j'ai donné le vrai pouvoir. Petit d : parce qu'il a peur que je dévoile la vérité concernant la mort de son fils. »

A mesure que la voix énumérait les différentes propositions, le visage de Hina se décomposait, comme si elle-même ne comprenait absolument rien à ce qu'il se passait.

« Attention, il y a un piège, » prévint Zarha'Eïla avec un petit rire qui, dans d'autres circonstances, aurait pu être charmant.

Zarha'Eïla ne répondit pas à la demande d'Aliéron, attendant apparemment sa réponse à l'énigme qu'elle lui avait soumise avant de se prononcer. Lorsque celle-ci se fit enfin entendre, Hina se crispa plus encore, si c'était possible. Puis, après quelques secondes sans réaction, alors qu'un silence de mort régnait dans la salle, les fissures du dôme se résorbèrent. Et enfin, la déesse se fit entendre.

« Bien vu, bel aventurier. Alors, comme promis, voici la plus belle récompense que je pourrais donner à un individu. »

Et, la seconde d'après, les yeux d'Aliéron ne voyaient plus rien d'autre que le noir le plus complet. Après quelques secondes, la voix de Zarha'Eïla se fit de nouveau entendre, mais cette fois elle paraissait proche.

« La voilà, ta récompense. »

A ce moment apparut, devant ses yeux, une silhouette casquée. C'est à ce moment là qu'il put se rendre compte que si ses yeux ne voyaient rien d'autre que du noir, c'était qu'il se trouvait dans une pièce absolument dépourvue de la moindre nuance. Tout, du sol aux murs, était simplement d'une couleur ténébreuse qui ne semblait pourtant pas gêner le moins du monde sa vision.

« Une entrevue avec ma divine personne ! »

Un léger rire, cristallin et élégant, sortit de la silhouette casquée.

« Alors, quelles étaient tes questions, bel aventurier ? »

[HJ : Tu peux poser tes questions en privé, par skype ou par MP, pour gagner du temps.]

Aux dernières questions d'Aliéron, la Déesse leva un bras devant elle, paume vers le ciel ; la seconde d'après, un objet se matérialisait à quelques centimètres de ses doigts, flottant au dessus de ceux-ci. C'était le manche d'un sabre en tout point identique à celui du maître d'armes.

« Rien n'arrive ici sans que je n'ai de prise dessus, mon beau, » déclara la divinité.

Puis elle claqua des doigts et l'objet disparut comme il était apparu.

« Il sera à toi dans quelques secondes. Si tu es encore en vie. Mais d'abord revenons en à ce petit service. »

D'un geste ample du bras droit, elle pointa une direction à mi-chemin entre eux deux. Et, encore une fois, quelque chose se matérialisa. Cette fois, c'était une armure.

« J'aimerais que tu revêtes cette armure quelque peu... spéciale, » déclara-t-elle. « Elle te rendra... difficile à abattre. Crois-moi. Tout ce que tu as à faire en échange est de... »

Elle prit son temps avant de continuer.

« Disons... M'appeler lorsque tu seras de retour sur Yuimen... Que je puisse visiter ce charmant monde qu'est le tien. »

La Divinité laissa un nouveau rire caractéristique s'échapper aux nombreuses questions d'Aliéron.

« Je serai honnête avec toi, bel aventurier : je suis liée, physiquement, à Izurith, et ne peux la quitter seule. C'est pourquoi j'ai besoin qu'un Yuiménien de souche ne m'invoque sur votre planète. »

Elle poussa ensuite un léger soupir.

« Quant à ce que je pourrais apporter à ton monde... Absolument rien. Mais je ne désire pas y aller pour y être vénérée. Je veux juste... changer d'air. Observer les mêmes paysages, les mêmes lieux, toute la journée, toute l'année, et ce pendant des millénaires, a quelque chose de lassant. »

Un petit silence s'installa avant qu'elle ne conclut.

« Cette armure te liera à moi. Grâce à elle, je pourrais converser avec toi et, le moment venu, venir jusqu'à toi, après évidemment que tu aies employé le bon rituel. Et en échange... Tu recevras une partie de mon immortalité tant que tu la porteras. N'est-ce pas... intéressant ? »

Lorsqu'elle obtint l'accord d'Aliéron, la Déesse posa une main sur son casque. Immédiatement après, celui-ci se désintégra, progressivement, jusqu'à laisser apparaître son visage. Aussitôt, un violent flux d'émotions s'abattit sur le maître d'armes, que la vision de la Divinité troublait grandement.

« Pardonne-moi, » s'excusa-t-elle, « regarder ma véritable forme peut-être... dangereuse. »

La seconde d'après, la partie draconique de son visage se résorbait pour ne plus laisser voir que ses traits humains, et la vague de sentiments contradictoire que ressentait Aliéron disparut.

« Maintenant, Yuiménien, passons aux choses sérieuses. »

Et elle adressa un geste de la main vers lui. L'expérience de fusion avec l'armure ne fut pas agréable pour l'aventurier : il sentit, peu à peu, tous ses organes défaillir, comme s'il mourrait. Pour autant, il ne ressentit aucune douleur, que de la gêne, un malaise gigantesque... Qui s'arrêta d'une seconde à l'autre, lorsqu'enfin l'armure fut complètement moulée à sa peau. Son cœur ne battait plus. Il ne ressentait plus la faim, ni même la fatigue physique. Mais une impression de toute puissance et de bien-être irradiait dans tout son corps.

« Te voilà mien, me voilà tienne, Aliéron de Yuimen. Tu peux manger, boire, dormir, faire l'amour... mais aucune de ces choses ne sera plus jamais un besoin pour toi. Car la vie comme la mort n'ont plus aucune prise sur ton existence, tant que je serai et que nous serons unis. »

Aux paroles d'Aliéron, la Déesse éclata d'un rire cristallin, visiblement terriblement amusée par la situation.

« Je ne prétendrai pas ne pas être flattée, Yuiménien, mais tu as fort à faire, pour le moment, » rétorqua-t-elle. « Nous reparlerons de cette alléchante proposition lorsque je parcourrai librement les terres de Yuimen. Vois cela comme une motivation supplémentaire pour ne pas te défiler de tes engagements. »

Elle lui lança un clin d'oeil provocateur avant de faire réapparaître le sabre convoité d'un claquement de doigts. Il apparut, cette fois, à quelques centimètres d'Aliéron, de sorte à ce qu'il puisse l'attraper simplement en tendant le bras.

« Une promesse est une promesse, » lâcha-t-elle. « Et pour que tu apprennes à me faire confiance, pose donc les questions qui te brûlaient les lèvres, il y a quelques minutes à peine. Je ne promets pas de répondre à toutes – où serait le plaisir s'il ne te restait pas quelques petites choses à apprendre par toi-même ? - mais il y a bien quelques informations encore que je pourrais te dévoiler. »

A la réapparition d'Aliéron devant ses yeux, Hina réprima un sursaut de surprise. Puis ses yeux se plissèrent en observant le nouvel attirail, fort surprenant, de l'aventurier. Ses yeux s'écarquillèrent, cependant, quand il s'adressa finalement à elle. Et, s'il faisait attention, le guerrier pourrait même apercevoir les joues de sa chaperonne rosir à ses paroles.

« Heu... Eh bien... » bafouilla-t-elle, visiblement décontenancée. « Tu as eu tout ce que tu voulais ici ? Dans ce cas, je suppose que nous pourrions retourner chez moi, et je verrai à te préparer une escorte pour le Quartier Cramoisi en arrivant sur place. »

[HJ : Si tu désires rentrer à la Maison Kobayashi, je te laisse RP le chemin du retour, qui se fait sans heurt. Tu peux voir avec moi en privé si tu veux interagir avec Hina.]