Origine des humains Sang-Pourpre
Vers -22620, avec la fin de l'ère glacière, les Phalanges de Fenris reculèrent. Un certain nombre d'entre eux résidaient sur l'île d'Aësoris, située quelque part entre Nirtim et Nosvéris. À cause de l'émigration massive de la population d'Ernestör, due à la chaleur et aux épidémies qui l'accompagnaient, la population d'Aësoris ne cessa de croître, et la ville de s'étendre.
C'est ainsi que cette dernière devint brièvement le siège d'une grande puissance commerciale, militaire et scientifique. Comme l'océan remplaça progressivement la banquise entre Nirtim et Nosvéris, la navigation se développa avec l'invention de navires à fort tirant d'eau, parfaitement adaptés aux les longs trajets en mer. Pour préserver de la montée menaçante des eaux l'île et la civilisation qu'elle abritait, un formidable rempart fut bâti face à l'océan.
La puissance de la cité s'affirma surtout au travers de sa puissance maritime, tournée dans un premier temps vers le commerce. Mais très vite, les dirigeants de l'île donnèrent à cette marine une vocation guerrière, et la cité indépendante déclara la guerre à plusieurs nations de Nirtim. Avec succès, ils attaquèrent et pillèrent Imora, cité que les shaakts rebâtiront plus tard sous le nom de Caïx Imoros.
Les raids côtiers de ces Phalanges de Fenris furent ensuite dirigés vers les garzoks d'Astërok, puis vers les autres Fenris et d'une manière générale vers toutes les colonies humaines du nord de Nirtim, y compris la ville d'Ernestör. La qualité révolutionnaire de leurs armes et la férocité des Aësoriens leur valurent le nom de « Peuple du Sang ». Nom qu'ils assumèrent d'autant mieux que leur prières, s'élevant autrefois en l'honneur de Moura, commencèrent de plus en plus à célébrer Thimoros, auquel ils sacrifièrent nombres de prisonniers faits au cours de leurs pillages.
La situation se renversa lorsque les shaakts réussirent à dérober les plans des navires aësoriens. Aidés par les autres Fenris, ils purent lever leur propre flotte de guerre. S'ensuivit alors de terribles batailles navales qui durant de longues années endeuillèrent les familles des deux camps.
Face à cet état de fait meurtrier, les éarions allèrent trouver les aësoriens pour tenter de les convaincre d'adopter à nouveau des moeurs plus pacifiques, et de renoncer au culte de Thimoros qu'ils avaient fini par embrasser. Les autorités de l'île refusèrent malgré le siège dont ils faisaient l'objet et les multiples attaques fragilisant le rempart. Lorsqu'une terrible tempête éclata, il devient évident qu'Aësoris allait être engloutie, ses fortifications n'étant plus à même d'assurer la sécurité qu'elles offraient par le passé. Malgré la colère des dirigeants de la ville, la population, consciente de la menace qui pesait sur elle, se tourna massivement vers Moura, implorant son pardon pour l'égarement dont ils avaient fait preuve et promettant une dévotion sans faille en échange de la sauvegarde de leur peuple.
Lorsque, sous les assauts combinés des éléments et des navires de guerre, le rempart céda, les eaux submergèrent l'île, et avec elle furent engloutis en grand nombre les assiégeants ; de la cité naguère florissante, il ne reste aujourd'hui qu'un pic et des ruines sous-marines. Cependant, Moura avait entendu les appels des aësoriens sincères et leur avait accordé sa bénédiction en modelant les survivants selon sa volonté. Ils devinrent des créatures de la mer et formèrent un farouche peuple de pirates, refusant désormais de se soumettre à une autorité centralisée semblable à celle qui avait manqué de les mener à l'extinction. Les anciennes querelles oubliées, ils se lièrent d'amitié avec les éarions. Mais il est des choses qui jamais ne s'effacent des mémoires et, reconnaissants pour le salut qui leur fut offert, ils vénérèrent et continue de vénérer Moura avec une profonde dévotion.
En mémoire de leur puissance passée, sans doute autant que pour ne pas oublier quels égarements furent les leurs, et le châtiment qui s'abattit sur eux, ils gardèrent tout de même le nom de Peuple de Sang. Au cours des années, se nom se changea en « Sang-poupre », référence au coquillage qui servait à l'origine à colorer en rouge leur corps pâles et désormais à teindre leurs vêtements.
Quant aux shaakts, ils conservèrent longtemps de cet épisode une puissante marine qui leur permit de coloniser Nosvéris et l'Imiftil.
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L'éveil de hommes-bleus
Entendez le récit de l’orgueil qui sonna le glas,
Du peuple de sang, le sang de Moura.
C'était alors que le monde était jeune, à l'aube des temps,
Les hommes du nord régnaient en maîtres sur les océans.
Leur fureur au combat, maîtres du fracas, était légendaire,
Mais le mal les rongeait, empoisonnait leur chair.
Vindicte et vengeance supplantaient la vaillance,
Mais les elfes virent la source de leur puissance,
Voiles solides ils tissèrent, navires rapides ils bâtirent,
Cinglant sur l'océan, les shaakt venaient clamer leur ire.
Entendez le récit de l’orgueil qui sonna le glas,
Du peuple de sang, le sang de Moura.
La force de Moura croît avec la marée,
Et ses flots s'élevaient, menaçant la jetée.
Les hommes qui l'avaient défiés élevaient le mur,
Mais toujours, l'eau montait, triomphant à l'usure.
Aësoris, l'île assiégée, par les shaakt et l'océan défiée,
Résistait, opiniâtre, mais sa fin était décidée.
Alors, les elfes de l'eau élevèrent la voix,
Pour clamer la colère de Moura.
Entendez le récit de l’orgueil qui sonna le glas,
Du peuple de sang, le sang de Moura.
Prêtres et seigneurs restèrent silencieux,
Thimoros leur semblait bien mieux.
Mais le peuple, voyant approcher la mort,
Clama haut et fort que les rois étaient en tort.
Prière ils offrirent, louange ils chantèrent,
Fidélité et repentir, en Moura ils prièrent.
Offrant leur vie et leur âme, ils étaient prêts à mourir,
Suppliants que la déesse leur accorde le repentir.
Entendez le récit de l’orgueil qui sonna le glas,
Du peuple de sang, le sang de Moura.
Les rois voulurent les faire taire,
Les prêtres, à la trahison crièrent,
Thimoros, le guerrier, était le seul maître, disaient-ils,
Moura leur montra le contraire, en submergeant leur île.
Mais ceux qui avaient reconnu sa valeur,
N'attendant rien d'autre que leur malheur,
Ils se virent offrir une nouvelle vie en lieu de trépas,
À jamais, ils resteraient dévoués à Moura.
Ainsi prend fin le récit du peuple de Moura,
Enfants des flots, indomptables ennemis des rois,
Morts et pourtant toujours vivants,
Sans maîtres jurés, ils vont au gré des vents.
Chant de Leyna'sëraya, prêtresse de Moura.
[Mise en chant de la légende de l'origine des Sang-Pourpre, proposée par Leyna'sëraya]