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Le serpent RougeLe fanatique quitta alors les sombres rues pestilentielles pour retourner dans ce vaste et torride désert qui bordait la ville d'Exech. Il n'eut pas à chercher bien loin les pierres de la maladie, elles étaient là, fièrement tournées vers le ciel, à l'horizon. La marche jusque là fut pénible, la chaleur était plus intense que jamais et le sable ralentissait les pas du fanatique. Il suffoquait sous sa lourde cape, ayant la sensation d'être dans un four de forge, mais il savait que sa peau pâle et ses yeux clairs ne supporteraient pas longtemps les rayons du soleil réverbérés par le sable orange.
Lorsqu'il arriva finalement, les quatre piliers de pierre orangée se levaient fièrement devant lui, formant les quatre angles d'un carré. En leur centre un petit autel de la même pierre avait été fondé, ensablé mais encore en bon état. Sans prendre gare aux rumeurs qui circulaient sur ce lieu maudit, Winsor s'avança vers l'autel, sur lequel il trouva une petite pierre d'Onyx. Espérant qu'elle ait peut-être une valeur pécuniaire, le fanatique la fourra dans sa poche, sans même se soucier de la magie qui l'habitait peut-être.
Winsor essaya de pousser le couvercle en pierre de l'autel, mais sa lourdeur surpassait largement les maigres forces du fanatique. Il s'y reprit à plusieurs fois, donnant même parfois des coups de pieds, mais sans succès. Recouvert de sueur, prit de légers vertiges à cause des efforts sous cette chaleur, Winsor fut forcé de s'arreter un moment, et de prendre quelques gorgées d'eau dans sa bourse.
Dans ce genre de moments, il serait utile d'avoir un orque ou autre musculeux à disposition! Voyant que la force ne donnerait rien, le fanatique contourna méticuleusement le rebord de l'autel, ôtant le sable qui s'était déposé entre le couvercle et le support à l'aide de sa baguette. Il lança à deux reprises son sort souffle de Thimoros sur l'autel, et poussa un soupir de satisfaction lorsque le lourd couvercle de pierre bougea légèrement. A la force de ses maigres bras, il le poussa à nouveau, le faisant se mouvoir de quelques millimètres. Le plus dur était fait !
Après presque une heure d'efforts acharnés sous ce soleil de plomb, la couvercle était enfin assez déplacé pour pouvoir y entrer ses bras. Winsor eut beau regarder, cet hôtel ne contenait qu'un noir complet et ténébreux, impossible de voir à l'intérieur. Il y enfonça alors ses bras, et chercha sa récompense à tatons. Il ne fut pas déçu de constater que la protection de torse s'y trouvait! Il la sortit de son tombeau avec maintes précautions. Elle ne comportait même pas le moindre grain de sable. Noire, en cuir léger mais résistant et décorée de multiples bandes de cuir entrelacées, et dans laquelle était incrustés de minuscules éclats de rubis. Sublime, magique, chaotique et démoniaque.
Le fanatique ôta sa cape sombre et sa chemise, et vêtit immédiatement cette armure, légère et confortable. Il étouffa un rire sarcastique, avant de rire à pleins poumons, au milieu du désert. Il jeta négligemment le carnet qui l'avait mené jusqu'ici dans l'autel.
Revigoré par la fierté et la confiance en lui que lui procurait cette armure, le fanatique marchait torse bombé et épaules au carré, en direction d'Exech. Il se sentait invincible ainsi vêtu.
Et pourtant, il était loin de l'être... Tandis qu'il était trop absorbé par la fierté de sa protection de torse, il n'avait pas vu le gaz vert sortir de l'autel, et le suivre lentement jusqu'à Exech, se faufilant vaporeusement comme un serpent...
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Poigne de fer