Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.
Le commerçant est reparti, et je pense que son bateau aussi. De toute façon, d’ici là qu’on me ramène le gros porc pour que je l’égorge, j’ai le temps de voir venir. Si je demande à sortir, la maquerelle va probablement refuser après m’avoir harcelée de questions, je ne vais même pas tenter. Il ne me reste qu’à attendre, comme toujours.
Ce trou à rats me soûle : les clients me soûlent, avec leurs demandes à la con. Les filles me soûlent avec leurs chicaneries. La Main Rouge me soûle avec ses exigences. Il n’y a que lorsque le vin me soûle que j’aime ça.
Le Borgne m’avait dit qu’il arriverait hier et, encore une fois, il est absent. S’il s’est fait prendre, je crains le retour du gros porc dans mon lit : Il n’y a pas que sa pine qui me transpercera, et ça dépassera sans doute les six pauvres centimètres qu’il utilise d’ordinaire.
Je dois mieux me servir de mon poignet en chambre qu’à la taverne, la maquerelle me demande de monter rejoindre un client. Alors que je lui réclame plus de renseignements j’ai droit à un simple :
« Tu verras bien, fais ton boulot, et c’est tout. »Je me rends dans la troisième chambre, une toute simple : Un lit sans fioritures, un tabouret qui tient debout par un subtil jeu du hasard, une vasque d’eau posée sur une table aussi modeste que le lit, enfin, une corbeille de fruits est posée sur le coffret à accessoires. La lumière est tamisée par le moucharabieh et quelques bougies disposées çà et là retirent les zones d’ombre de la pièce.
À peine entrée, j’esquisse un sourire. Mon client est en fait une cliente, installée sur des draps qui ont dû connaitre une toute autre couleur à leurs débuts. Elle est relativement agréable à regarder : une silhouette élancée, des cheveux ondulés attachés avec délicatesse, des yeux d’émeraude qui tranchent sur son teint ambré. Ses vêtements sont simples mais raffinés ; une robe bleue d’étoffe légère, légèrement évasée au bas et aux manches.
Une petite courbette, un sourire affable et me voilà sa propriété le temps d’une passe.
« Madame, que puis-je faire pour vous servir ? Demandez et je m’exécute pour votre bon plaisir. »« Je veux voir votre corps, nu. »Je laisse glisser ma robe à mes pieds et me place juste devant cette femme qui m’observe avec insistance.
« Tournez-vous. »L’intonation de sa voix est sévère, bien que le ton soit doux. C’est assez étrange, mais j’aime ça. Je la laisse me toucher. Elle me palpe plus qu’elle ne me caresse.
« Ouvrez la bouche. »Elle regarde l’intérieur de mes joues, mes dents et ma langue. Là, ça devient franchement bizarre, mais je ne m’offusque pas, j’ai déjà eu bien pire. Depuis celui qui me demande de lui pisser dessus à celui qui me demande d’imiter le chien, en passant par celui qui me tête les seins comme un nourrisson le ferait à sa mère.
« Tu es de la bonne marchandise. La rumeur dit vrai. »« La rumeur ? »« Je compte ouvrir une maison de passe de luxe. Je cherche les meilleures marchandises à proposer à mes clients. Je compte t’acheter. »« Je doute que ma maquerelle accepte. »« Elle n’aura pas le choix. »Je ne sais pas pour qui elle se prend, ni où elle se croit, mais elle est pleine d’espoir. Je suis déjà la plus-value de ce bordel, la maquerelle ne me vendra jamais. Et puis même, la Main Rouge refusera aussi et n’hésitera pas à brûler le lupanar où je serai. De toute façon, si je veux me barrer d’ici, c’est pas pour aller dans un autre lupanar.
« Si vous le dites… Voulez-vous autre chose ? »« Simule. »J’hausse les épaules, cette femme est belle mais idiote. Je simule, sur plusieurs variations.
« Parfaite ! Vous êtes parfaite ! Le Lys sera ravi. »« Le Lys ?! Vous parlez du Lys Noir ?! »Elle est suicidaire, ce n’est pas possible autrement.
« En effet, un de vos clients réguliers m’a conseillée de vous prendre. Je dois avouer qu’il est laid mais sait voir les belles choses. Vous serez une pièce maîtresse de notre palais des plaisirs. »« Nan mais, vous réalisez que ce bordel appartient à la Main Rouge ? »« Je sais bien. Mais ce n’est pas moi qui décide. On me demande de voir la marchandise et de l’évaluer. J’obéis et cherche les raretés qui enjoliveront mon établissement. »« Soit, je vous laisse gérer vos affaires. Après tout, vous avez payé pour disposer de mon temps et de mon corps. »Je devrais peut-être prévenir la Main Rouge. Pour que cette folle se fasse égorger et que je passe pour un membre modèle du clan. Je me demande quand même quel client lui a conseillé de m’acheter. En attendant, je suis toujours nue et elle ne cesse de m’observer, sourire en coin.
« Est-ce indiscret de demander qui a été suffisamment satisfait de mes services pour vous conseiller de m’acheter ? »Elle sourit, elle a très bien compris que je détournais la question.
« Si je vous l’annonce, il aura très probablement quelques soucis. C’était bien tenté. Je sais aussi que ma présence sera signalée à la Main Rouge, puisque cela fait partie de votre travail ici. Mais je n’en ai cure. »« Soit. Souhaitez-vous m’essayer avant de m’acheter ? »« Non, cela ira. Tenez, pour votre silence. »Elle finit sa phrase et sort, sans compter, cinquante-sept yus de sa bourse qu’elle me tend négligemment.
Je les prends, forcément. Mais c’est pas pour autant que je vais me taire si ça peut me rendre service de la dénoncer. Je verrai bien. Je la reconduis à la taverne et lui commande un verre de vin qu’elle refuse avant de s’éclipser rapidement.
« Kahlyndra, tu es attendue. » Ma chère maquerelle me montre d’un mouvement du menton le gros porc. Il est là ! Enfin ! Par contre, j’espérais le voir en mauvaise compagnie du Borgne ou alors, d’avoir un peu de temps pour me préparer.
« J’arrive, je vais… me rafraichir un peu avant. »Je cours chercher ma dague et ma cape dans mon tiroir et je les dépose en vitesse dans la chambre habituelle puis, en un tour de main, je me rince l’entre-jambes, justifiant ainsi ma courte absence. Je me présente en haut des escaliers, lui faisant un signe entendu. Qu’il monte et qu’on en finisse. Je vais l’égorger et lui soutirer des informations que je revendrai contre ma liberté. Enfin, plutôt dans l’ordre inverse. Il me rejoint, le souffle court ; les escaliers l’épuisent.
« Je pensais ne plus vous voir ! »« Ta gueule, salope. Tu voulais me voir crevé, c’est ça ?! »Merde, pourquoi il me dit ça ?! Je suis sûre qu’il sait, pour l’entente avec le Borgne. Je fais mine d’être aussi surprise qu’outrée.
« Mais pourquoi dites-vous cela ?! Vous êtes un de mes meilleurs clients ! Je ne souhaite que votre bien… et donc le mien. » Mes yeux sont grands ouverts, je force le trait de la candeur. Il semble hésitant, voire confus. Tel un serpent, j’insinue l’incertitude dans son esprit soucieux aussi vicié que viscéralement vicieux. Son subconscient oscille, vacille et cesse sa suspicieuse résistance. Il me suit sans prononcer une seule assommante protestation supplémentaire.
Il me laisse à peine le temps de pousser la porte qu’il me jette sans délicatesse aucune sur le lit à baldaquin.
« Je suis énervé, sale garce. Tu vas payer chère. »Fait chier, je ne sais pas s’il agit comme il le ferait d’ordinaire, ou s’il soupçonne quoique ce soit. Je me force de ne montrer aucun trouble différent de ceux que j’affiche habituellement.
« Maître, je suis désolée. Je subirai votre châtiment pour me faire pardonner. »« Tu ne fais pas si bien dire, sale pute ! Je vais te frapper de ma trique et t’enfoncer la tête dans l’oreiller jusqu’à l’étouffement. Tu gémiras comme jamais, sale chienne ! »Il me fait flipper. S’il sait, il va véritablement m’étouffer jusqu’à mon dernier souffle. Je le laisse se saisir des cordes pour m’attacher. Il agrippe mon poignet gauche qu’il lie avec aisance à un des piliers du baldaquin. La corde frotte sur ma peau et me brûle. S’il m’attache le second poignet, je suis perdue. Je dois agir, maintenant ou jamais. L’hésitation n’est plus de mise. Je glisse ma main sous l’oreiller, feignant, plus ou moins, de me débattre et me saisis de la dague offerte par la Main Rouge. D’un mouvement vif j’abats la lame. Le premier coup est porté. Il hurle comme un goret, la lame s’est plantée dans la jugulaire. Il tente de m’attraper le bras mais faiblit déjà. Je retire la dague pour échapper à son emprise et pour frapper une seconde fois, le flot sanglant inonde le lit et mon corps. Il faut qu’il se taise. Je vise la gorge. Le bougre bouge, la lame ripe et entame sa trachée sans l’égorger complètement. Je tire sur la corde attachée à mon poignet pour me dégager de son poids, le lien me cisaille un peu plus la peau, mais je n’en ai que faire. Je le frappe avec mes genoux, l’étendant sur le dos. Je coupe aussi rapidement que possible cette foutue corde et me place à côté de lui. Les cris ont laissé place à des gargouillis inaudibles. Je le regarde avec un sourire carnassier, mon sang frappe mes tempes, mon cœur s’emballe, ses yeux sont révulsés de peur, de colère et de douleur. J’aime ça !
« De la part de la Main Rouge… et surtout de la mienne. tu as gémi comme jamais, chien. »Je me saisis de ses bourses et les cisailles. Le coup de grâce est donné. Un porc émasculé et une escarcelle remportée.
Je devais lui soutirer des informations, tant pis. Il me faut fuir maintenant, et au plus vite. Je me saisis de la cape de dissimulation et me dirige sans plus attendre vers la sortie. J’entrouvre la porte de la chambre et me faufile, en prenant garde à ne frôler personne, vers l’extérieur. Mon absence ne sera pas repérée de suite. Même les cris de cet abrutis n’éveilleront pas les soupçons… ces bruits sont si habituels.
J’attends qu’un client sorte pour passer cette maudite porte.
Me voilà libre. Libre comme je ne l’ai jamais été. J’ai envie d’hurler de plaisir, de soulagement, de rage. Je me retiens en me mordant la lèvre inférieure au sang. Je dois partir de cette ville où il ne fait pas bon vivre, et encore plus maintenant. Le port est la meilleure destination.
(((Jets de dés pour le "combat" sous la direction de GM15. Coup dans la jugulaire : 96. Coup à la gorge : 63.)))