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GuérisonLe fanatique se retrouva alors dans les rues, avec la désagréable impression de s'être fait avoir, et de sentir sa bourse allégée. Au moins, il était vivant, et ne se sentait pas trop mal. Satisfait de retrouver une intériorité mentale, et un usage de son corps, il étira allégrement ses bras jusqu'au ciel, plia les genoux, et se mit en route dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant à faire avant la tombée du soir.
Il énuméra mentalement les choses qu'il lui restait à faire avant de prendre la route et quitter cette ville dangereuse et misérable. Apprendre quelques techniques de combat et de défense serait indispensable, il avait déjà expérimenté son inaptitude à la joute et il était loin d'être capable de se défendre en cas d'attaque surprise sur la route. D'autant qu'il avait la ferme intention de poursuivre seul, cette fois. Nul compagnon plus compréhensif et reposant que la solitude.
Il pourrait également être intéressant de se fournir un peu de matériel : s'il se dirigeait vers le désert, sa cape serait inadaptée au soleil de plomb, bien trop lourde et sombre pour cela, mais s'il s'orientait vers les montagnes, elle serait trop légère pour le protéger du froid en altitude. Quoi qu'il en soit, pour l'instant il venait de se remettre d'un nouveau malaise, empoisonnement, malédiction ? Quoi qu'il puisse s'agir, il avait faim, et un copieux repas dans une auberge ne serait pas refusable.
Il ne connaissait pas encore bien la ville et ignorait où se trouvait une auberge, mais repoussa l'idée de demander à un des rares miliciens en ville; nul doute qu'il faille payer pour la moindre indication, dans cette citée de corrompus. Finalement, après avoir marché quelques temps, Winsor trouva au loin un bâtiment portant une enseigne représentant une cruche fendue. Il devait surement s'agir de ce qu'il cherchait.
Une silhouette était adossée au mur de pierre de l'auberge. A première vue, Winsor pensa qu'il s'agissait d'un mendiant, comme il y en avait beaucoup ici, ou de quelqu'un de blessé ou affamé, se laissant mourir sur les cotés des rues. Mais un coup d'œil plus insistant laissa découvrir un visage de jeune femme, pas miséreuse. Elles semblait maigre et fragile, sans aller jusqu'à dire qu'elle était chétive. Ses cheveux blancs masquaient son visage, et elle semblait si pâle que seule la teinte de sa peau laissait deviner qu'elle était une Shaakt. Son attitude également. Elle semblait crispée, presque énervée, si bien que son corps était agité de très légers tremblements. L'atmosphère qui se répandait autour d'elle était si sombre qu'on pourrait presque y voir des flammes invisibles.
Mais quelque chose attira davantage encore l'attention de Winsor. Au creux de ses clavicules se logeait un collier en argent, habillé d'une pierre couleur rubis. Une sensation de déjà-vu frappa le fanatique, sans qu'il ne sache pour autant trouver le tiroir mental dans lequel ce trouvait ce souvenir. Ce sentiment fut si intense qu'il ne put en détacher son regard pendant quelques secondes, avant de s'approcher lentement de la jeune femme, et posant sa main sur épaule, murmurer :
- Excusez-moi. D'où vient votre collier ?>
Regard améthyste