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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Lun 11 Jan 2016 19:16 
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Rosemary sans perdre de temps se dirigea d’un pas confiant vers le marché de poissons. On devait approcher de la moitié de la journée car il fourmillait d’activité. Des ménagères d’une cinquantaine d’années, grasses et si confiantes hurlaient pour s’approprier le plus beau morceau. Cette pièce se répétait inlassablement sur les différents étals. Ces cris se mêlaient aux réponses vibrantes des vendeurs pour former un chœur intense, dérangeant.

Rosemary n’aimait pas le bruit, elle n’aimait pas grand-chose exception faite du plaisir tiré à honorer Thimoros. Ces gens qui se pressaient, s’embourbaient dans leur quotidien et se paraient des plus beaux atours dans le but de se faire remarquer… Le sang de Rosemary bouillonnait dans ses veines, ses mains se serrèrent et l’envie de tuer la démangeait. Mais elle savait que bientôt sa faim serait rassasiée. Il y avait tant de monde... Un coup d'aiguille bien placé et une vie pouvait s'éteindre. Pourtant le risque de se faire prendre, d'attiser la haine de la foule qui dès lors qu'elle se sentait en danger réagissait comme l'animal acculé. Elle devenait ingérable et même mortelle pour celui qui se trouvait être la cible de cette haine féroce qui s'emparait de la masse grouillante.

Non il était plus prudent d'attendre. Certes elle ne pourrait surement pas prendre son temps avec le milicien, mais une fois débarrassée de cette contrainte elle aurait l’occasion de s’abîmer dans sa passion, de trouver une victime en bonne forme physique… Peut-être Ingrid. Rosemary ne s’était toujours pas fermement décidée quant à l’avenir de cette jeune sotte. Elle se demandait même pourquoi elle l’avait sauvée. Ce n’était surement pas elle qui allait perdre son temps à former cette jeune pucelle si fragile. Non, s’en servir pour honorer Thimoros se révèlerait certainement plus jouissif…

Perdue dans ses pensées Rosemary se rendit compte trop tard qu’elle avait dépassé la demeure de Rodrick. Elle dut revenir quelque peu en arrière et regarda la maison aux briques grises, dotée de son jardin. Voilà, elle y était, il allait falloir guetter le moment propice. Elle s’était d’abord imaginé le tuer dans le jardin, quand il aurait été occupé à entretenir ses plantes, mais c’était une mauvaise idée… Le marché était bien trop proche, et en regardant attentivement elle remarqua que ce n’était pas le même garde. Celui d’hier était bien plus petit, lui devait bien faire trois têtes de plus… Il n’y avait qu’à espérer que ce soit les mêmes gardes qui se relayent.

Rosemary dut se résoudre à attendre quelques heures, pour ne pas éveiller de soupçons. Elle alla marcher un peu en direction des murailles qui entouraient Exech. Des pans entiers, victime du temps et des rapines brillaient par leurs absences. Ce n'était plus qu'une réminiscence d'un temps glorieux à présent révolu, ensevelit par des années de laisser-aller.

Les heures passèrent lentement, le soleil descendait dans le ciel alors que le second garde arriva en courant, trimballant avec lui un gros sac. Il semblait discuter avec l’autre homme qui s’éclipsa finalement, laissant son compagnon seul. Ce dernier alla à la porte et revint quelques minutes plus tard, sans doute devait-il signalé sa reprise. Par conscience professionnelle Rosemary continua d’attendre, laissant le gardien s’assoupir quelque peu, peut-être refaire comme hier, et se murger.

Au-moins une heure passa avant que le garde ne commence à boire, mais le bougre avait une sacrée descente ! En quelques dizaines de minutes il entreprenait déjà de boire sa troisième bouteille. Rosemary sentit des frissons lui parcourir l'échine. Son instinct lui hurlait que le moment était venu de mener son plan à exécution. Elle ne se fit pas prier, elle qui détestait attendre avait dû s’y restreindre. Mais maintenant il n’était plus question de ça, il fallait agir ! Elle frémissait à l’idée que son stratagème fonctionne comme prévu, elle pourrait alors se libérer de cette promesse faite à Jonquille.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2016 13:49 
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Rosemary entra dans son rôle de faible et vieille femme. Elle mua son visage en un masque de panique et de dépit, tâchant de s'immerger dans le personnage. Elle courba son dos et faisait mine de peiner à avancer.

L'obscur manteau de la nuit s'était abattu sur Exech, déversant ses ombres qui empiétaient sur le territoire normalement dévolu au soleil. Rosemary sortit alors de l'ombre en claudiquant. Elle sentait la morsure du vent glacial happer son visage. Il charriait l'odeur de la mort, de la moisissure qui imprégnait chaque recoin d'Exech. L'éclat blafard de la lune laissait voir à quelques mètres mais pas plus. Rosemary crut discerner quelques formes apparaitre fugacement avant qu'elles ne soient avalées par les ténèbres.

La silhouette du garde se dessinait peu à peu tandis que Rosemary progressait. C'était par chance le même qu'hier au vu de sa taille. Il semblait incapable de retenir les convulsions qui le frappaient, les trois bouteilles étaient à ses pieds.

Elle alla se planter juste devant le garde et du ton le plus convaincant qu'elle pouvait adopter lui demanda :

"Bonsoir messire, je m'excuse de vous déranger mais mon maître m'a demandé de livrer cette inestimable bouteille et je suis perdue ! Je vais encore me faire réprimander..."


Ce dernier se releva, non sans difficulté. Il tanguait dangereusement comme si son corps subissait l'assaut répété de vagues furieuses. Il apostropha Rosemary d'un ton rude :

"Et en quoi l'est ins... instimable ta vinasse ?"


Rosemary toujours dans son rôle serra ostensiblement sa bouteille et d'un ton paniquée déclara :

"Le maître ne m'en a pas parlé... Il a juste dit que ça valait le salaire d'un homme pendant un an ! Alors il y tient ! Je dois lui livrer ou je suis finie..."


Un éclair d'intelligence brilla alors dans les yeux du garde qui s'empara de la bouteille. Rosemary feinta de résister, mais n'eut même pas besoin de commencer à hurler que l'homme avait déjà débouché la bouteille et buvait avidement.

Elle se mura alors dans un silence sépulcral, un sourire sinistre ornait son visage décharné. Elle n'avait plus qu'à attendre que le poison fasse effet et le garde s'enfoncerait dans un profond sommeil...

Il frémissait de plus en plus, lâchant la bouteille qui tomba dans un tintement. Le liquide se déversait par le goulot mais le garde avait bien du en boire la moitié, cela devrait s'avérer suffisant au vu de son état actuel.

Il ne tarda pas à dodeliner de la tête, laissant un filet de bave s'échapper de sa bouche pour se répandre sur ses vêtements. Il essaya de parler mais sa langue était de plomb, il essaya de bouger mais son corps demeurait immobile. Quelques minutes plus tard il s'effondrait par terre avec fracas, son corps rencontrant les bouteilles vides.

(Parfait...)


Rosemary s'avança jusqu'à la grande porte et tendit sa main en direction de la poignée de fer mais au dernier moment s'immobilisa dans son geste. L'homme était à sa merci... Elle pouvait décider de son avenir dans ce monde cruel et impitoyable. Il ne serait qu'une victime de plus après tout.

Elle s'empara alors de son aiguille et se positionna devant le garde du corps. Ce dernier commençait de ronfler, son souffle était régulier, preuve qu'il était plongé dans un profond sommeil.

(Par Thimoros ! Qu'il est tentant de mettre un terme à sa pathétique vie...)


Elle n'en pouvait plus d'attendre, de résister à la tentation qui devenait de plus en plus forte à mesure que les minutes s'écoulaient. D'un coup sec elle enfonça son arme de mort dans la gorge de sa victime. Autant faire preuve de prudence, en lui sectionnant les cordes vocales il ne pourrait appeler à l'aide.

Ses yeux s'ouvrirent, contemplèrent avec hébétement cette vieille femme et l'aiguille plantée dans son cou. Il essaya d'hurler mais la seule chose qui sortit de sa bouche fut un flot de sang pourpre. Il tenta de se redresser mais encore assommé par l'alcool combiné au poison n'y parvint pas. Il gesticulait avec l'acharnement d'un insecte dont les pattes auraient été sectionnées.

Il n'inspirait que dégout et pitié à Rosemary qui entreprit de renouveler son assaut. Cette fois son aiguille s'enfonça avec brutalité dans l'une de ses narines. Elle rencontra un légère résistance à cause de l'os mais en vint vite à bout en s'appliquant. L'aiguille imperturbable continua, s'enfonçant de plus en plus profondément. Elle se frayait un chemin à travers la tête de sa cible.

Les tremblements cessèrent immédiatement après qu'elle eut rencontrée un amas spongieux. Rosemary dégagea son aiguille et la nettoya à l'aide du vêtement du cadavre.

L'étape suivante était probablement celle que détestait le plus Rosemary, à l'aide de ses deux mains elle traina le corps encore chaud jusqu'à un coin du jardin. Il serait vite découvert mais l'arbuste qui était devant donnerait un temps d'avance à Rosemary.

Il ne lui restait plus qu'à entrer et accomplir sa véritable mission, tuer le milicien. Elle retourna devant la porte et l'ouvrit. Aucune clef ne semblait nécessaire pour pénétrer. Rodrick jugeait probablement que le garde était amplement suffisant. Tant mieux pour Rosemamory après tout.

Elle marchait avec les pointes de ses pieds, redoutant de révéler sa présence. Bien que mal éclairé, Rosemary constata qu'elle se trouvait dans un hall richement décoré. Des trophées de chasse ornaient les murs, il y avait également quelques portraits, probablement ses ancêtres. Deux épais fauteuils en cuir étaient disposés autour d'une table en bois, des papiers étalés dessus.

Elle laissa sa vision s'adapter à la demi-obscurité et progressa d'un pas prudent. Impossible de savoir où se trouvait le valet, il fallait mettre toutes les chances de son côtés. Elle déboucha sur une deuxième salle dont les murs étaient recouverts de livres, un escalier en bois semblait mener vers l'étage supérieur. Rosemary bien que non renseignée ne doutait pas un seul instant que le milicien s'y trouverait.

Elle continua donc d'avancer avant d'entendre un grognement animal... Elle se tourna et ce qu'elle aperçue la fit paniquer. Un énorme molosse noir pointait sa gueule vers elle, crocs découverts.

Elle s'immobilisa et chercha une manière de se débarrasser sans bruit de ce nouvel obstacle...

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2016 21:53 
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( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation malsaine/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))


Le chien semblait vieux mais encore empreint de cette ferveur quand il était question de protéger son maître. Il montra ses crocs, menaçant et se dressa sur ses quatre pattes. Rosemary n’avait aucune envie qu’il alerte les alentours et évita de bouger, ne faisant aucun geste brusque. Elle balaya la pièce du regard, ne trouvant rien susceptible de l’aider. Il n’y avait que des ouvrages rangés dans des bibliothèques murales et quelques chaises. Un détail la titilla alors, un os était posé sur le sol à quelques pas d’elle. Mais il fallait encore la franchir cette distance, le tout sans que le molosse n’interprète ceci comme un geste d’agression…

Rosemary rassembla son courage et en fixant le chien dans les yeux se déplaça lentement sur le côté. Il recommença aussitôt à grogner et s’approcha à son tour. Ses muscles tendus ne laissaient pas planer le doute. Au moindre faux pas il fondrait sur sa cible, attaquant surement la gorge comme ses ancêtres les loups. Rosemary se baissa avec précaution, tâtonnant le sol avec l’une de ses mains. Elle rencontra la surface lisse de l’os et se redressa, toujours en douceur. Puis elle le tint avec l’une de ses mains et le secoua devant le museau du cerbère. Ce dernier sans doute intrigué par ce nouvel élément regarda avec attention l’os que Rosemary tenait fermement. Il grogna une nouvelle fois, se cambrant, la queue fouettant l’air avec frénésie.

Rosemary ne prolongea pas l’attente et lança derrière le chien l’os. Ce dernier tourna la tête et courra en direction du projectile. Il entreprit de le mâchouiller avec véhémence et ne s’occupa plus de l’intruse. Rosemary ne demanda pas son reste et sans lui tourner le dos, recula vers l’escalier.

Les marches grinçaient légèrement quand elle posait ses pieds dessus. Elle réprima un soupir et pria pour que cela n’alerte pas les résidents de la demeure.
En quelques minutes elle avait atteint l’étage. Elle tomba dans une grande salle pourvue d’un riche mobilier, un globe était exhibé sur un bureau en bois. Des canapés occupaient une majorité de l’espace. Une cheminée était installée dans le mur du fond mais ne pourvoyait aucune chaleur. Il était tard et le bois couteux, peu de personnes pouvaient se permettre de l’alimenter lors de la nuit afin de se réveiller dans un environnement agréable et chaleureux.

Rosemary poussa ses recherches, un corridor partait vers la gauche, dévoilant quelques portes. Elle ne savait laquelle emprunter, redoutant de tomber nez à nez avec le valet du milicien. Heureusement ces portes étaient pourvues d’une serrure qui autorisa Rosemary à guetter à l’intérieur. Dans la première ne se trouvait pas de lit, elle ne perdit pas de temps et passa à la suivante. Les planches craquèrent sous son poids et Rosemary se maudissait en silence. Elle regarda dans la seconde serrure, cette fois il y avait un petit lit, la pièce elle-même semblait sobre au possible. Celle-là devait être celle du serviteur. Elle se retourna et rejoignit la porte située de l’autre côté.

Elle l’avait enfin trouvée, enfin c’était presque sûr. Le lit présent était somptueux et surmonté d’un palanquin. Quelques tableaux décoraient les murs bien qu’elle ne put en distinguer les formes représentées.

Elle agrippa la poignée et la tourna lentement. La porte s’ouvrit en silence et Rosemary sur la pointe des pieds pénétra dedans. Un léger ronflement résonnait dans la chambre, sa source demeurait en cet homme qui dormait sous un épais édredon. Il semblait si fragile… Totalement impuissant. C’était Rosemary qui allait le délivrer de sa morne vie, elle qui mettrait un terme à sa futile existence.

Elle s’empara de son aiguille précédemment souillée par le sang impur du garde. Elle s’avança et se pencha au-dessus de l’homme, jouant avec son aiguille. Elle hésitait encore, quelle partie du corps allait-elle frapper en premier ? Peut-être la gorge comme son sous-fifre… Au-moins il ne ferait pas de bruit. Pourtant elle ne se sentait pas d’user de la même technique. Son sang bouillonnait… Elle voulait s’amuser, prendre son temps avec cet asticot. Pourtant Jonquille et sa menace restait omniprésente dans la mémoire de Rosemary qui dut se résoudre à agir rapidement et proprement. Elle ajusta son geste et entreprit d’enfoncer l’aiguille dans la gorge de sa cible.

A peine eut-elle effleurée la chair, qu'à ce moment précis l’homme ouvra des yeux alertes et réagit avec tant de vitesse…. Il se roula sur le côté tandis que l’aiguille s’abattait. Sans céder à la panique Rosemary grimpa sur le lit et lui sauta dessus ! Elle avait toujours son aiguille et le milicien sous elle, elle pouvait encore le faire rapidement… Elle frappa avec rage mais l’homme ne se démonta pas, levant l’un de ses bras en guise de bouclier. L’aiguille pénétra dans la peau sans ressortir toutefois. Il avait toujours une main de libre et d’un revers frappa la mâchoire de Rosemary qui s’affaissa sur le côté, ses jambes toujours enserrées autours de la panse de Rodrick. Il continua dans son élan et d’un mouvement de bassin se dégagea de l’étreinte mortelle de Rosemary. Le coup qu’il lui avait infligé laisserait une cicatrice, un filet de sang s’en écoulait mollement.

Rodrick se campait devant elle, les jambes fermement ancrées au sol. Il ouvrit la bouche et commença d’hurler à l’aide alors que Rosemary comme une furie se précipita vers lui. Elle le bouscula et le déséquilibra. Mais l’homme aguerri par des années de combats et de patrouilles ne tomba pas, fléchissant juste un genou à terre pour accompagner la poussée de Rosemary qui ne rencontrant pas plus de résistance ne put garder son équilibre. Elle tomba aux pieds de Rodrick qui sans doute enflammé par la bataille se saisissait de ses cheveux et la força à se lever. Il lui donna un violent coup dans la pommette gauche, la peau éclata et une gerbe de sang se déversa. Elle sentit l’une de ses molaires se déchausser en passant sa langue dessus. Le goût du sang envahissait lentement sa bouche. Il la sonna en frappant sa tempe, elle manqua de s'effondrer mais Rodrick la maintenait d'une poigne de fer par la tignasse. Rosemary voyait flou... Elle essaya de se reprendre mais l'homme frappait sans discontinuer. Il s'attaqua à son ventre, la bourrant de violents coups qui lui firent cracher l'air contenu dans ses poumons. Il la rejeta avec dédain sur le lit et avec difficulté tentait de reprendre son souffle. Rosemary profita de ce répit pour reprendre possession de ses moyens. Elle se savait encore faible mais Rodrick avait commis une erreur… Il avait négligé l’acharnement de Rosemary, pensant que ces coups suffiraient à la faire choir ! Elle qui tenait pourtant dans sa main l’objet de mort…

Rodrick regarda d'un air suspicieux Rosemary qui faisait mine d'être évanouie. Elle respirait lentement, le moins bruyamment possible. Le milicien sembla rassuré et alla se regarder dans un miroir rond, suspendu dans un coin de la pièce. Après s'être rapidement inspecté il alla héler son serviteur. Rosemary n’attendit pas et avec précaution descendit du lit. Elle rampa à quatre pattes jusqu'à l'homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Celle en face s'ouvrit dans un claquement, le valet d'un cri épouvanté demanda à son maître ce qui l'avait abîmé de la sorte. D’une impulsion Rosemary se releva ! Son aiguille n’était plus que le prolongement naturel de son bras et c’est avec une vivacité propre à la vipère qu’elle frappa à la base du cou. L'aiguille pénétra sans mal et une fois extirpée laissa un petit trou d'où le sang s'écoulait, formant une petite rigole écarlate.

Il poussa un cri de douleur et son serviteur fit de même en l'entendant. Rosemary profita jusqu'au bout de l'effet de surprise et planta son aiguille dans la tempe. Rodrick remuaient ses bras fébrilement. Même si elle s’arrêtait là, il mourrait. Le sang coulait abondement et il périrait avec les poumons emplis de son propre sang.

Le valet était totalement immobile, ne sachant visiblement comment réagir. Cela arrangeait bien Rosemary qui d'une ruade fit tomber Rodrick qui ne parvint pas à se rétablir, s'affaissant sur le sol. Elle enjamba le futur mort et avec son aiguille ensanglantée alla vers sa dernière cible. Mais l'homme, encore en robe de chambre et affublé d'un grotesque bonnet de nuit ne l'entendait pas comme ça. Il hurla une insulte qui donna à Rosemary envie de rire avant de courir vers l'escalier en criant à l'aide.

(Quel lâche...)

Sans perdre plus de temps avec Rodrick qui essayait de se relever sans succès elle se retourna et se précipita vers les escaliers à son tour. Le valet avait déjà atteint le bas des marches et s'élançait vers la porte de sortie.

Rosemary s’élança à son tour, ne souhaitant pas qu’il s’échappe. Ils sortirent de la maison et elle commençait à perdre espoir. L’avance qu’il avait sur elle risquait d’être payante… Elle le voyait qui s’éloignait de plus en plus alors qu’elle redoublait d’énergie pour le rattraper…

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Dernière édition par Rosemary-Sangdebouc le Mar 19 Jan 2016 00:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Ven 15 Jan 2016 21:28 
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RP VIOLENT
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En entrant dans la ruelle couverte d’immondices, aux quelques pavés mal agencés baignant dans une boue putride que même les parasites ne daignent pas honorer de leur présence, j’entends au loin des cris, et des bruits d’éclaboussures s’approchant rapidement, signale que quelqu’un court vers ma position.

Je ne ralentis pas. Ce n’est pas moi qui dois m’effacer devant ces rebuts de la nature. C’est à eux de se soumettre, devant le choix incontestable de notre environnement. J’avance donc tranquillement. Si elle a un tant soit peu de jugeote, la larve trépidante s’esquivera. Je regarde dans la nouvelle ruelle que je croise. Un être ridicule court vers moi, le regard tourné vers l’arrière. Je regarde dans la même direction que lui. Ma vision nocturne ne me permet que de distinguer une silhouette floue…et dans cet amas de pierres arrachées à leur sol natal, mon sens de l’odorat est presque entièrement neutralisé, monopolisé par les effluves fortes et pestilentielles qui montent du sol orné de défécations et d’urine.

L’homme, penché dans sa course, est vêtu d’un ensemble lâche et usé, un vêtement qui surpasse en ridicule tout ce que j’ai pu voir jusque maintenant. Dans toutes les tenues humaines que j’ai pu voir jusqu’à maintenant, certaines étaient garnies de fanfreluches incroyables, d’autre dépourvues de tout choix de couleur : mais toujours, l’habit avait un but, un objectif. Ici, le seul but qui me vienne à l’esprit est d’allier le ridicule à l’inutilité. Comme pour parfaire le tableau de la déchéance de sa race, sur sa tête se trouve un bonnet dont la pointe molle est affligée d’un pompon clair. Un horreur esthétique, effaçant l’unique potentiel avantage qu’il pouvait posséder face à ses congénères. Dans mon incompréhension, je note qu’il ne quitte pas du regard ses arrières.

Il ignore que je suis devant lui. Il va le regretter : il s’agit d’une leçon élémentaire. Ne pas négliger son environnement. Un apprentissage foulé aux pieds par toute la populace humaine, depuis la nuit des temps. La rage gonfle en moi. C’est pour cette raison qu’ils ont besoin de s’abriter dans leurs maisons, leurs villes, leur cités ! Rien d’autre ! Ne pouvant asservir l’environnement, ils se sont construit le leur propre ! Au mépris de toutes les lois naturelles ! Au mépris même de l’évolution de leurs descendants ! Ils se déchargent depuis trop longtemps de livrer leur peuple et leur sang au monde.

Aujoud’hui, devant leur refus de sortir de leur trou, c’est l’extérieur qui vient leur rendre visite. Comme des lapins qui restent dans leur terrier risquent de voir le renard arriver, leur ville répugnante ne les cachera plus au monde.

Lorsqu’il arrive à portée, je l’attrape par le cou, l’élevant avant de le rabattre brutalement dans la boue. Son souffle s’interrompt. Mais ses yeux cherchent avec terreur une sortie, avant de s’immobiliser sur moi. Un hurlement se fraye un chemin malgré ses poumons en état de choc. Je passe mes griffes dans sa bouche ouverte. S’il tente de me mordre, il sera bien déçu s’il croit trouver ma chair. Il essaie de se retirer, suffocant. Mais je le tiens bien fixé au sol, sa tête n’a nulle part ou aller. Je le regarde prendre compte avec horreur de sa situation.

« Voilà le monde qui vient à vous… »

Je tiens sa mâchoire d’herbivore fermement. Je lâche son cou fragile. Mes griffes déchirent son habit pitoyable. Il n’oppose aucune résistance. Mes griffes tracent des sillons sanglants sur sa poitrine. Il se débat, heurtant de ses mains molles mon bras – c’est tout ce que sa pitoyable constitution lui permet d’atteindre. Réalisant que cette méthode ne donnera rien, il mord violement.

La force de sa mâchoire se retourne contre lui : faisant pivoter les griffes, les dagues naturelles pénètrent dans le palais, allant jusque gratter l’os supérieur de sa bouche, emplissant sans doute celle-ci de sang. Sous la douleur, l’homme réussit à ne pas se crisper et aggraver ainsi son cas. A moins que ce ne soit que son envie de crier qui le pousse à desserrer les dents. Qu’importe. Ses yeux roulent dans les orbites. Je suis presque sûre qu’il ne m’écoute plus, perdu dans les méandres de ses petits malheurs personnels. Aucun intérêt à ce qu’il s’en aille ainsi, prouvant que sa race ne forge comme lui que des faibles, des lâches et des égoïstes.

Je le libère des lames qui fouaillent sont palais. Il se tord de douleur sur le sol, tandis que je me redresse. Je le domine de toute ma taille, avant de tonner à son intention, comme à celle des couards terrés derrières leurs barrières de pierre. Mon indignation se révolte devant cet être chétif qui vit aux crochets de ce lambeau de terrain que les opportunistes qu’ils sont ont arraché à la nature.

« Et ce monde qui vous rejette autant que vous le rejetez, vous n’y échapperez pas ! Vous êtes trop faibles ! Adaptez vous, ou mourez ! Toi, la larve qui se tortille, tu as déjà été jugé : tu ne fais que peser sur ce monde sans rien lui apporter !»

Je le ramasse, le tenant par le cou comme un lapin. Ayant repris un peu de ses esprits, il se tord désormais en tous sens dans ma mains. Il me rappelle les sangsues que j’avais en main pas plus tard que ce matin, flasque, pompant tout ce qu’il peut une fois fixé, et se tortillant sans vigueur, sans force, sans dignité lorsqu’on le détache du support qui l’a toléré jusque là. L’existence de ces races conçues uniquement pour fonctionner sur d’autres me rebute ! Comme j’ai hâte de les forcer à s’entretenir en tête à tête avec leur créatrice qu’ils renient !

« Tu comprends, homme ? »

Je lui souffle mes propos dans un grognement de colère.

« Vois-tu pourquoi rien ne vous sauvera ? Vous avez engagé la guerre contre votre mère nourricière, cette terre. Vous l’utilisez pour subvenir à vos besoins, sans rien lui apporter ! Sans lui donner ni vos efforts, ni votre sang, ni votre force ! Pour qui vous prenez vous ! Mais désormais, vous ne pouvez plus fuir ! Nous allons voir ce que vous valez ! »

Chaque phrase correspond à une morsure. Ses cuisses blanchâtres et ses bras flasques se teintent de rouge, abreuvant le sol déjà saturé d’eau. Lorsque j’ai finis ma diatribe, je l’envoie contre le mur de la ruelle. Des os craquent, et lorsqu’il retombe à terre, sa nuque a pris un angle révélateur. Néanmoins, il continue de s’épancher de son sang dans la boue. Je détourne avec dédain mon regard du cadavre vers la ruelle, lorsque mon handicapée me coupe de ma contemplation macabre. Mon parasite n’a pas bronché pendant la scène : son éternelle figure de renoncement et sa voix calme m’apaise. Elle, elle a compris. Peut être que d’autres le pourront. Je tâche de garder espoir.

« Quelqu’un d'autre est là. »

Je me retourne lentement.

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Dernière édition par Ericke Lenuhm le Mer 20 Jan 2016 15:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Sam 16 Jan 2016 19:39 
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( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation malsaine/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))


Rosemary voyait ses chances de rattraper le couillard s’amenuiser au fil des minutes qui passaient. Elle n’avait pas eu à courir ainsi depuis longtemps et ses muscles peinaient à suivre le rythme. Il avait une bonne longueur d’avance mais elle ne perdait pas espoir. L’homme dans sa fuite éperdue pouvait très bien chuter ou se tordre le pied.

Son envie de sang se faisait pressante, impérieuse. Elle devait éliminer ce cloporte, seul reliquat de son erreur. Rosemary nourrissait à son encontre une haine farouche, non pas car il avait fui. Cette réaction elle pouvait encore la comprendre, elle-même avait fait preuve de prudence et de prévoyance. Non elle le haïssait car ce pleutre n’était qu’un déchet. Un homme qui vivait sur le dos des autres, se reposait sur leurs épaules...

Rosemary aperçu alors une forme sombre se dresser sur la route. Le valet regardant constamment par-dessus son épaule ne semblait pas l’avoir remarqué et couru en ligne droite.

En l’espace d’un instant tout s’enchaîna, l’homme fut soulevé d’un coup sec, ses pieds n’atteignaient même plus le sol et trépignaient inutilement. Il hurla comme un porc et Rosemary mit ce temps à profit pour combler l’écart creusé. Elle s’arrêta à une dizaine de mètre et que ne fut le spectacle qui s’offrit à ses yeux. Elle adopta un pas plus calme, savourant la scène. Ces cris résonnaient comme une douce mélopée pour elle, ils l’emplissaient d’une joie sourde et malsaine.

La forme, s’anima, révélant une musculature saillante, un pelage sombre et luisant. Rosemary devina qu’il s’agissait d’un de ces fameux liykor, les loups capables de marcher et de penser. Elle n’en avait jamais vu de si près qu’aujourd’hui.
La liykor enfonça ses griffes acérées dans la bouche ouverte du valet qui continuait d’hurler. Cela eu le mérite de le faire taire. La liykor le flanqua ensuite à terre, lacérant ses vêtements, labourant sa chair mise à nue. L’homme se débattait avec l’énergie du désespoir mais c’était peine perdue. Il devait deviner que sa vie allait prendre fin.

Rosemary ne comprit pas ce qu’il se passa mais l’homme semblait en baver, la liykor le lâcha et le laissa agoniser sur le sol. Il se tordait de douleur, la différence entre lui et un ver de terre devenait mince… Mais la louve ne semblait pas décidée à abréger ses souffrances, de nouveau elle se saisit de lui par le cou et se redressa de tout son long.

Elle commença à parler d’une voix rauque mais Rosemary n’en saisit que des bribes. Il était presque certain que cette chose, quelle que soit son nom, était très attachée à la nature, la terre nourricière comme elle semblait aimer la nommer. Rosemary ne s’était jamais vraiment posée la question… Elle avait toujours vécu entre ces murs de pierres à l’exception de quelques excursions dans les alentours proches d’Exech.

Alors qu’elle songeait à son propre rapport à la nature, la louve elle sembla se lasser de ce petit jeu. Avec une force inhérente à ceux de sa race et de son gabarit elle catapulta l’homme qui s’affaissa comme un pantin contre le mur. Des os craquèrent et sa tête partit de traviole. Il goûtait enfin au sommeil éternel, et bien que Rosemary eut préférée en finir avec lui elle-même, elle savait qu’elle avait eu de la chance que cette liykor empêche le valet d’aller plus loin. Pourtant elle ne pouvait se résoudre à remercier cette voleuse… Cela serait bien trop demandé.

Rosemary entendit alors une autre voix, plus féminine, pour cause une jeune femme se dévoila et interpella sa camarade, révélant la présence de Rosemary.

La louve se retourna avec lenteur et se dressa devant Rosemary qui d’un ton glacial lui déclara :

« Ton intervention n’était pas nécessaire. »

Elle ajouta quelques secondes après, arborant un sourire morbide :

« Toutefois je suis d’humeur partageuse et ta technique bien qu’à améliorer a le mérite d’être impressionnante. »

Rosemary prononça ses mots en regardant la liykor dans les yeux, l’air confiante. Elle ne saurait expliquer comment, mais cette louve semblait appartenir à la même catégorie qu’elle.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 20 Jan 2016 15:24 
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Mes pupilles de feu se fixent sur la menue silhouette qui se trouvait derrière moi. Une ancienne, humaine, les yeux vitreux comme un poisson mort depuis longtemps déjà, dont le corps n’aurait pas voulu retourner à la terre. Elle est petite et le dos courbé, ce qui la rapetisse encore. La nature a dû la pourvoir de talents bien singuliers pour qu’elle puisse survivre jusqu’à un âge avancé. Reste à savoir si cette survie a été de son fait, ou garantie par les ridicules murs de pierre auxquels les humains attachent tant d’importance.

« Ton intervention n’était pas nécessaire. »

Le ton est froid, et le reproche n’est qu’une couverture : on sent la vexation de l’ancêtre de façon palpable. La vieille humaine est vexée ? Mais de quoi ? Je suis un bref mouvement de tête de sa part. Le cadavre ? Cette larve en tenue ridicule était sa propriété ? Son gibier ? J’ai peine à le croire. La proie était plus rapide qu’elle, c’est évident. Je ne sais que penser de cette faible et frêle créature, qui m’arrive ou peu s’en faut au niveau des hanches. Elle fait preuve d’un aplomb face à moi que je n’ai vu que chez une seule personne. L’aveugle qui m’accompagne. Est-ce donc une prérogative des handicapés que de me surprendre ? Elle reprend la parole presque immédiatement, un sourire étrange aux lèvres.

Elle m’agace. Elle m’intrigue. Je ne parviens pas à savoir ce qu’elle veut dire. Tantôt elle m’insulte, me traite de voleuse, me parle comme à un inférieur, tantôt elle me complimente sur la façon dont j’ai instruit le fuyard. Pour qui se prend-elle ? Se croit-elle supérieure à moi ? De toute évidence, elle tente de prendre l’ascendant sur moi. Mes crocs se révèlent, mes oreilles se plaquent en arrière : qu’elle prenne garde, nos présentations sont finies ! Je ne me laisserai pas soumettre par une humaine décatie et prétentieuse, et encore moins sans qu’elle remporte la lutte qui lui en donnerait le droit.

Je prends conscience soudainement que mes pensées sont celles d’un loup : pourquoi une humaine chercherait elle à construire une meute ? Rien dans cette vie ne leur convient : ils sont trop égoïstes, trop peu à l’écoute du monde qui les entoure, pour ne serait-ce que prétendre faire un groupe soudé. Ce qu’ils appellent communauté n’est en réalité qu’un abri dans lequel ils sont contraints de rester ensemble pour survivre. Livrés à eux-mêmes, ils n’ont pas une chance.

Sauf quelques un. Une aura étrange entoure la vieille représentante de la maladie qui ronge le monde. Non dépourvue de peur et dépouillée de sentiments, comme la femelle qui m’accompagne, mais un mélange d’agressivité, de volonté et de certitude de bien faire, même l’ignorance de la cause qu’elle défend réellement est évidente. C’est une chasseuse…je le sens…et dans les globes laiteux qui lui tiennent place d’yeux, elle semble prendre conscience que je n’appartiens pas à la catégorie de ses proies. Il n’en reste pas moins ses provocations.

Après l’avoir jaugée de toute ma hauteur, je réponds à sa réplique d’un ton non pas glacial, mais grondant. Brulant. Si sa voix cache d’acérés cristaux de glace, la mienne coule comme de la lave flamboyante : un roulement sourd, voilà l’image qui colle à mon ton.

« Mon intervention était plus que nécessaire. Parmi vous autres humains, beaucoup ont plus que tout besoin de comprendre ce qu’est ce monde et que sa volonté ne peut connaître aucun obstacle. Qu’importe que tu en sois le vecteur ou que j’en sois l’instrument : le résultat seul compte. »

« Cette proie ne t’appartenait pas. Nous ne faisons qu’ôter à ce monde des parasites, mais ces parasites n’appartiennent bel et bien qu’à cette terre. Ce n’est pas une chasse nourricière que nous menons. »


Voyant qu’elle ne s’enfuit pas en courant devant moi, ou qu’elle ne se pétrifie pas de terreur, je me mets à sa hauteur. Je dois pour cela me mettre à quatre pattes, mais cette position m’est tout aussi naturelle que debout. Ainsi, ma tête est quelques centimètres au-dessous de sa tête, à la même hauteur que son cou : les veines bleutées ressortent sur sa peau pale comme un réseau de racines. Si je fais cela en preuve de respect pour une chasseuse potentielle –même si je peine à le croire ! – qu’elle ne s’y méprenne pas : je suis prête, si elle désire désigner l’une d’entre nous comme une femelle dominante. Je ris presque intérieurement. Je n’ai aucun doute. Si elle m’attaque, elle mourra, car je ne peux faire confiance à une femelle soumise du peuple humain. Ils n’ont aucune notion d’allégeance à autre chose que leur propre cause : c’est ce qui leur fait renier la terre qui les a conçus, vêtus, nourris.

Je laisse passer une dizaine de secondes pour lui donner l’opportunité, si elle le souhaite, de donner le signal de sa mise à mort. Puis, voyant qu’elle n’en a manifestement pas l’intention, je m’adresse de nouveau à elle.

« Je cherche un homme, en cette… ville. »

Je crache presque le dernier mot. C’est ainsi que les larves dégénérées nomment leur offense suprême face à la nature.

« Rasputin. Il doit pouvoir m’apprendre comment mieux apporter la compréhension du monde à sa propre race. »

Je m’interromps ici : mon ton interrogateur appelle une réponse, sans équivoque.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Jeu 21 Jan 2016 23:22 
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La liykor et Rosemary se regardaient dans les yeux. Pendant un court instant, Rosemary ressenti la peur, une crainte viscérale d’être détruite par cette louve. Ce sentiment lui était peu familier, même en face de Jonquille elle avait su garder la tête froide. Mais de cette louve exsudait une puissance brute, un esprit guidé par une logique que nul ne saurait comprendre à Exech. Elle était à la fois maître et esclave. Enchainée par son instinct primaire, celui de la bête et pourtant dotée de suffisamment de conscience pour agir avec discernement.

Elle était plus dangereuse que beaucoup ici, utilisant toutes ses ressources sans toutefois succomber à une folie meurtrière qui la condamnerait à coup sûr. Elle la vue alors cédée à ses pulsions, devenir agressive. Son corps exprimait une rage animale à peine contenue. Rosemary se serait-elle trompée ? Cela signifierait sa mort, trop fatiguée pour combattre une monstruosité pareille. La liykor plissait ses oreilles et exhibait ses crocs, prête à fondre sur sa cible.

Mais aussi soudain qu’était survenue son agressivité, elle sembla se calmer, un peu. Rosemary lâcha un petit ricanement satisfait, elle ne s’était finalement pas abusée sur le compte de la liykor. Elle parvenait à se dominer, ses crocs se réfugiaient dans son épaisse mâchoire. Elle se redressa ensuite de tout son long et déclara avec force et conviction que c’était le monde lui-même qui l’avait amené à agir ainsi, que le seul résultait comptait, peut importait ce qui avait mené à son aboutissement.

(Cette louve est décidemment un mystère. Mais elle est forte et ne semble pas stupide. Si elle brûle de la même passion ardente que moi… Je ne peux qu’en être heureuse, enfin quelqu’un qui pourrait me comprendre en dehors de Thimoros et de ses prêtres…)

Au même moment la bête lui parla justement de ce désir morbide. Celui qui consistait à tuer. Pour Rosemary, peu importait au final la raison qu’on se donnait… Pour la louve, tel était le désir de cette terre que nous foulions, pour Rosemary c’était une passion personnelle partagée avec un dieu en personne. Elle aimait à croire qu’Il la regardait à chaque fois qu’elle agissait en Son nom, qu’Il écoutait ses prières.

Rosemary réfléchissait en continuant de scruter la liykor qui commença à s’approcher en se mettant à quatre pattes. Elle ressemblait à une énorme louve sauvage, incarnation de cette grâce mortelle. Elle alla se placer juste devant Rosemary et resta immobile quelques secondes, ses yeux se confrontaient aux pupilles laiteuses de Rosemary. La liykor mit fin au silence et questionna Rosemary à propos d’un homme nommé Rasputin, le dégout se lisait sur son visage, et provoquer le dégout de cette louve était surement l’un des meilleurs moyens de mourir, éventré. Elle continua en détaillant une chose intéressante… Rasputin pouvait l’aider à accomplir l’un de ses buts…

Rosemary avait beaucoup de mal à imaginer Rasputin aider qui que ce soit ! Cet homme était puissant… Il avait de l’influence et des hommes à ses ordres, elle ne l’avait pas vu depuis longtemps quand elle y pensa. Au-moins cinq ans. Il trempait surement toujours dans ses histoires de contrebande et de divers trafics. Rosemary ne l’aimait pas, elle le respectait. Ce dernier avait toujours des quantités d’objets de mort, certains étaient même exotiques. Elle se perdait dans ses pensées et vit la louve braquer un regard interrogateur sur elle.

(Bon, tout cela pourrait se révéler intéressant, je ne vois pas avec quoi cette louve pourrait payer Rasputin… Elle prévoit surement de le tuer ! Une occasion en or d’avoir un moment avec lui… Ou ses laquais… Qu’importe !)

Rosemary d’un ton neutre déclara :

« Je peux te mener jusqu’à ce cher Rasputin… J’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer et je connais sa demeure et le moyen d’y parvenir. »


Puis d’un ton fervent et austère rajouta :

« Tu auras ainsi l’occasion de me rembourser car quoi que te dictes ta terre, cette proie me revenait, il m’incombait de la tuer. Je ne peux en aucun cas décevoir une nouvelle fois Thimoros. »


Puis sans attendre de réponse Rosemary recommença à avancer vers les bas-fonds. Elle savait que Rasputin y séjournait. Il vivait dans une maison convenable mais l’extérieur se confondait avec la pauvreté qui sévissait là-bas. Il était donc difficile de le trouver sans connaître les lieux mais Rosemary pouvait se targuer de connaitre Exech comme sa poche. Après une vie entière passée ici-bas elle ne pouvait en espérer moins.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mar 26 Jan 2016 19:32 
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La vieille aveugle me regarde avant d’affirmer qu’elle peut me mener jusqu’à l’homme que je cherche, me dévoilant qu’elle le connait en personne. Voilà peut-être pourquoi cette femme s’est jugée suffisamment bonne pour commenter ma façon de faire regretter leurs erreurs aux insolents parasites.

« Je peux te mener jusqu’à ce cher Rasputin… J’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer et je connais sa demeure et le moyen d’y parvenir. »

Je souris. Un sourire lupin, comme il convient : un étirement et retroussement des babines qui en révèle beaucoup plus qu’une de ces grimaces humaines. Elle poursuit en prenant un ton plus sur d’elle, et mon sourire disparaît.

« Tu auras ainsi l’occasion de me rembourser car quoi que te dictes ta terre, cette proie me revenait, il m’incombait de la tuer. Je ne peux en aucun cas décevoir une nouvelle fois Thimoros. »

C’est ce dont je me doutais : cette femme poursuit le même but que moi, sous couvert d’autres raisons, propres à la faiblesse humaine. Les religions dont les hommes se drapent pour s’inventer une raison de vivre selon leurs propres envies. Mais la divinité choisie par cette femme révèle qu’elle est sur la bonne voie. Seuls des siècles de cultes et de modifications des honneurs rendus au dieu de la mort, mêlée à une dose d’égoïsme propre aux rats de cette planète, l’ont fait se fourvoyer sur la véritable signification et l’objectif de son but. Une erreur qu’il sera toujours temps de corriger par la suite.

Tandis que je secoue la tête pour marquer le dépit que m’inspire cette réplique, l’aveugle se remet en route. Elle doit connaître, à son âge, la moindre rue, le moindre pavé de cette ville, car elle avance sans trébucher une seule fois au travers du répugnant furoncle dont les humains ont jugé bon d’orner les marais. L’odeur empire. Je ne suis pas familière des villes : mon monde est bien plus vaste que ces murs qui en enferment d’autres. Néanmoins, je sais ce que signifie la puanteur rance qui investit mon museau et la totale absence d’entretien des rues.

Nous approchons des quartiers les plus mal famés. Je suis surprise : jusqu’où va la débilité profonde de cette race ? Un homme avec autant de talent devrait ne pas avoir à s’enfermer pour s’isoler de ses semblables ! Il devrait pouvoir ouvrir sa maison aux quatre vents sans craindre qu’elle soit souillée par les immondices ! Comment la lie du monde ne s’en est elle pas rendue compte ? Il devraient se précipiter pour lui permettre de vivre aux yeux de tous, dans l’espoir d’un jour acquérir un peu de ce don qu’il semble cultiver ! Le corps tout entier de ma sangsue de compagnie est la preuve irréfutable de son talent ; je suis béate d’incompréhension devant l’acharnement d’enfermer dans un lieu aussi représentatif de la faiblesse et de la bêtise humaine un des plus grands génie de leur peuple. Et d’autant plus que celui-ci détient la clef qui peut les faire sortir de leur apathie nombriliste et dégénérescente.

Je doute trop, et j’ai assez perdu de temps. Je me tourne vers la forme encapuchonnée qui me suis de très près. Je sens son envie d’agripper les poils de ma fourrure, envie que je ne m’explique pas. Elle continue de trébucher dans les rues, s’étalant parfois par terre dans la boue mélangée par la pluie aux urines et aux étrons dont l’odeur me prends à la gorge. Mais elle se relève toujours, et marche alors plus vite jusqu’à me rejoindre. La différence de son comportement avec celui de la vieille aveugle est si forte qu’on dirait qu’elles ne souffrent pas du même handicap.

« Nous approchons ? »

Sa voix est atone, plate, sans envie. Mais il contient un sentiment que je ne sais identifier. De trop lointains souvenirs sur lesquels je ne remets pas la main, un sentiment trop éloigné de ma nature ? Je ne sais pas. Et cela n’a aucune importance. C’est une sorte de fierté avec laquelle elle s’exprime.

« Le quartier est sans doute le bon. »

Elle me regarde et dit plus bas, de façon à ce que la femme qui avance devant nous ne l’entende pas :

« Mais je ne connais pas les rues…nous devons faire confiance à la vieille. »

Je ne perds pas de temps à demander à notre guide si sa destination est la nôtre : de toute façon, sa réponse ne m’éclairerait en rien, puisque je ne sais rien de ses intentions. Je me contente donc de suivre, pour une fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Dim 31 Jan 2016 14:35 
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Rosemary progressait avec assurance à travers les ruelles malodorantes et les rues bondées d’Exech. L’odeur atteignait ici son paroxysme, preuve irréfutable que les bas-fonds étaient proche. Rosemary s’engagea dans une ruelle familière… Pour cause, le cadavre de cette sans-logis qu’elle avait tué il y a peu traînait encore ici.

Des formes se déplaçaient sous les amples vêtements, au vu de la taille il devait s’agir de rats. Le travail avait donc déjà commencé, bientôt il ne resterait que des os… Qui eux même deviendrait avec le temps poussière. Le processus de la mort laissait toujours Rosemary songeuse… La mort permettait à la vie d’éclore et ce cycle ne connaissait pas de fin. Ce qu’elle faisait, c’était son devoir, elle autorisait par ses actions la vie à croître, au détriment de quelques détritus.

Rosemary se rendit compte qu’elle était restée immobile plusieurs secondes devant le cadavre, la louve et sa protégée attendaient quelques pas derrière, murés dans un silence sépulcral.

« Nous ne sommes plus loin. Tu vas bientôt pouvoir rencontrer Rasputin. »

Et comme la précédent fois, Rosemary recommença à avancer sans attendre de réponse. Elle déboucha sur une grande rue et se dirigea derechef vers la droite. Si elle ne se trompait pas la demeure de Rasputin ne devrait plus être très loin. Elle continua d’avancer tout droit et sans prendre la peine de prévenir la louve s’engagea dans une petite ruelle qui obligeait les plus imposants à se mettre de profil.

A mi-chemin de la ruelle se laissait apercevoir un petit escalier de pierre qui descendait pour mener jusqu’à une petite cour de quelques mètres. Rosemary descendit les marches et s’arrêta soudainement. Un petit sourire vint altérer son expression sérieuse.

Deux hommes de mains de Rasputin étaient stationnés ici, il y avait également un molosse à la mâchoire saillante. Ils étaient équipé d’un plastron en cuir bouilli et d’épées courtes. Le premier défia du regard Rosemary tandis qu’un silence lourd s’instaurait. Le chien se redressa et montra légèrement ses crocs. Le deuxième posa la main sur la garde de son épée, prêt à parer toutes éventualités. Rosemary entendit alors la bête arriver. Elle ne savait pas encore quelle serait vraiment l’approche de cette louve et jugea préférable de la laisser décider. Du moment que Rosemary avait la possibilité de rendre grâce à Thimoros, cela lui allait.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Ven 12 Fév 2016 16:38 
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J’avance dans les ruelles, observant la démarche de l’humaine. Elle n’hésite pas : quel que soit l’endroit où elle me mène, elle connait le chemin pour s’y rendre. Elle finit par s’arrêter devant une ruelle. Ce ne peut pas être le point de chute que je recherchais. Si elle a cru fin de profiter du calme dont j’ai fait preuve envers elle, je la déchiquèterai. Sa tête est tournée vers un tas de chiffons remuants qui couvrent mal le corps humain qui doit refroidir depuis maintenant quelque temps dans les ordures, la boue et la pisse qui se mélangent sous mes pattes. Je ne dis rien.

Se recueille-t-elle ? Qui sait à quel niveau la foi peut pousser l’imbécilité de cette race… Je commence à perdre patience. Mais une question me traverse l’esprit, me distrayant un instant… Comment cette vieille aveugle peut-elle voir quelque chose qui ne bouge pas ? Elle a pu entendre les rats. Mais des rats ne l’auraient pas fait s’arrêter. J’en suis certaine : cette femme ne fait pas partie de celles qui se figent lorsque ces animaux répugnants sont dans les parages. C’est donc bien le cadavre silencieux que la petite chasseuse regarde. Regarde. C’est le mot.

La tête tournée vers le tas, elle ne tend pas l’oreille pour entendre les rats. Elle voit. L’astuce de l'ancienne humaine me donne raison sur l’opinion que je me suis faite d’elle. Ne pas révéler ses atouts avant le moment propice, garder ses cartes pour une situation particulière…c’est ce qui fait l’apanage d’un chasseur. D’une chasseuse. Sait-elle que je sais ? Je suis comme elle : je ne dévoile mes cartes que le moment venu. Elle brise le silence sur cette constatation.

« Nous ne sommes plus loin. Tu vas bientôt pouvoir rencontrer Rasputin. »

Elle reprend son avancée, et je ne suis maintenant plus étonnée par la connaissance qu’elle a des lieux : ayant des repères visuels, ce n’est pas si impressionnant. Au bout de quelques minutes de marche, elle finit par s’engager dans une ruelle étroite. Je suis trop imposante pour ce trou de souris. Je dois me mettre de profil pour pouvoir suivre la décatie. Cette ville est bien bâtie pour les humains, qui aiment se sentir serrés entre deux murs même lorsqu’ils avancent. Deux d’entre eux, de front, ne pourraient se croiser ici. Préférer troquer la liberté pour une sécurité illusoire. C’est ainsi qu’ils vivent. Terrés. Mais lorsque le chasseur trouve le trou, la fin est aussi proche que les murs qui m’enserrent. Une fois encore, je suis surprise que l’allée qui mène au personnage sans doute le plus important de cette ville ne soit pas une avenue colossale, permettant un nombre important de visiteurs. Sans doute la consanguinité, dans une telle prison, a fini par venir à bout du maigre appendice qui leur tient lieu de cerveau.

Ma position me ralentit dans mon déplacement. Du coin de l’œil, je vois que mon aveugle me suit. Son habit est maintenant imprégné de l’odeur fétide des ruelles. De l’autre côté, la vieille humaine sort de ce carcan de pierre et semble descendre un escalier.
Lorsque j’émerge à mon tour de la ruelle, je retrouve la guide qui fait face à deux hommes visiblement préparés pour un combat, accompagnés d’un chien au poil hirsute. Le comportement du chien est agressif, hargneux.

Mes oreilles se plaquent instinctivement vers l’arrière tandis que mes babines remontent sur mes crocs, reflet de la mâchoire du canidé modèle géant. Je suis supérieure. Je suis la meneuse, retourne dans les pattes des vermisseaux que tu as laissés devenir tes maîtres ! Le chien est surexcité, prêt à me sauter dessus. Un grondement sort de sa gorge, aussitôt doublé du mien. Plus grave, plus rocailleux. Qu’attends tu pour t’aplatir, cabot ? Souhaite-tu que ta vie quitte tes entrailles ?

A mon grondement, un des hommes a tiré sa lame au clair. Mes pupilles pourpres se fixent sur les siennes. Le besoin de voir ceux qui prétendent outrepasser leurs droits naturels comprendre leurs erreurs, l’envie de rétablir les principes fondamentaux me démangent. Je souris, écarte légèrement les mâchoires…

« Je suis de retour. »

La voix fluette vient briser la tension qui régnait dans l’impasse. Le chien bondit, et est retenu de justesse par le deuxième homme en armure. Les visages des soldats ont pivoté vers la petite femelle, et sont béats de surprise, visiblement.

« La Liykor est avec moi. Laissez-nous passer. »

La mâchoire de l’un des mercenaires est presque sur sa poitrine bardée de cuir. L’autre réagit de façon moins ridicule, sans cacher cependant la stupeur qui l’a frappé.

« Alors là, ma petite catin, tu manques pas de cran ! Revenir ici ! Tu aimes ça, pas vrai ? Tu peux plus t’en passer… Mais on ne rentre pas comme ça chez ton père… Pas même toi. Surtout pas toi, en fait. Tu sais ce qui t’attends, pas vrai ? »

La jeune femelle ne répond pas. Ses yeux sont invariablement vides. Son renoncement est la preuve qu’elle suit les mêmes principes que moi. Je n’ai pas la moindre idée de ce que veut dire le garde, et peut m’importe. Mais il semble vouloir nous barrer le passage. Prétention, valeur universelle de cette race des bas-fonds.

« Artus, va donc chercher deux trois collègues et prévenir… »
« Laissez nous ent… »

Je m’avance vers l’ouverture qu’ils prétendent m’interdire pendant qu’ils sont occupés à piailler.

« Ho là, le loup ! On recule ! On recule et on reste calme, le toutou ! »

Le ton de ma réponse est posé, tout en étant soutenu par un grondement furieux qui lui rappelle que je ne suis pas si éloigné des prédateurs desquels il se protège en s’abritant lâchement derrière ces remparts de pierres. N'eusse été la situation, j'aurai arraché chacun de ses membres du tronc malingre qu'il arbore. C’est au tour de l’excitation du moment, cette fois-ci, de laisser la place à la tension…

« Tiens tu vraiment à me contrarier, humain ? Ton maître est décidément peu judicieux dans le choix de ses serviteurs ! »

Je pose ma patte sur la main qu’il tient sur le pommeau de son épée, l’empêchant de dégainer. Puis je serre, et mes griffes font pression sur le fragile épiderme qu’il tente de retirer sans crier.

« Je lui apporte ce qu’il devrait avoir déjà, et tu veux faire obstruction ? Le bien-être de ton maître passe après ta risible existence ? Et certains ouvrages de votre race louent la loyauté…quelle pitié. »

L’autre homme sort la lame du fourreau. Je laisse l’autre homme se débattre en tournant vers lui un regard furieux. Comment donc est-il possible de les raisonner sans en venir à bout ? La race abjecte n’a pas plus de valeur que d’honneur, et j’aurais déjà dû réduire cette perte de temps sans état d’âme ! Mais ce sont les sous-fifres d’un homme auquel je pense devoir au moins un certains respect…tuer ses subordonnés ne fait pas partie de ce respect.

Je me contente donc de claquer des mâchoires en lui destinant un grondement qui laisse transparaître ma colère. J’appuie plus fort sur la main de son acolyte, la pressant contre la poignée de l’arme. Mes dents blanches se referment à un pouce de son visage, devant son nez inutile et ses yeux équarquillés par la surprise et la peur. Le feu de leurs torches se reflètent dans mes pupilles, et fait luire mon pelage d'une façon sinistre. Courbée vers eux, je suis l'incarnation de leurs peurs, de ces angoisses qui les hantent depuis des générations. Monstre noir surplombant leur vie de proie.

« N’y songe même pas… »

L’homme hoquète avant de baisser sa garde. Je libère la main de l’autre, qui s’empresse de la retirer en jurant, tandis qu'un revers de main l'envoie bouler dans la fange. Sa chute déstabilise également le brasero, qui s'effondre et crépite un instant avant de s'éteindre en un grésillement faible. Dans cette lumière atténuée, il se relève en pestant, reconstituant une scène qui m’apparait comme un déjà vu.

« Espèce de bâtard ! Je vais te … »
« Garde tes mots, humain ! Le vent ne m’intéresse que lorsqu’il est libre. »

Je le regarde de toute ma hauteur, mon regard oscillant entre la haine que j'éprouve pour ces rats et le dédain qui en est la source. Je m’engage sous le portique d’entrée, suivi par la Renonçante. Ce mot me vient à l’esprit. Je n’aurais pu trouver mieux. D’un regard derrière moi, je vois la vieille femme prétendument aveugle suivre le mouvement. Je la laisse passer devant, de nouveau, avec un mouvement de tête dû à une chasseuse.

« Tu n’as pas encore tenu parole. »

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Ven 26 Fév 2016 00:24 
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La louve s’approcha de la porte gardée avec assurance et se posta devant les hommes de main de Rasputin. C’était dorénavant elle qui devenait leur priorité, la vieille n’était guère un danger n’est-ce pas ? Cela convenait à Rosemary qui était curieuse de voir cette liykor passer à l’action. Le molosse allait sans doute attaquer le premier, par conséquent Rosemary jugea préférable de s’armer de son aiguille tout en se déplaçant légèrement vers la droite.

Le chien devenait de plus en plus agité, exhibant des crocs et grognant férocement aussitôt succédé par celui de la louve. Son grondement était guttural, profond, elle dévoila ses canines dont l’épaisseur laissait deviner de formidables outils de morts. Elle agissait comme le faisait les loups sauvages, chaque prétendant éprouvait l’autre, essayait de le dominer afin de devenir le chef, celui qui menait sa meute comme il l’entendait.

Rosemary trouvait cette pratique désuète, il était préférable d’user de la ruse, faire preuve d’intelligence et non se reposer uniquement sur sa force physique. D’autant que tous, les animaux comme les hommes ne pouvaient éternellement lutter contre l’âge. Un jour ou l’autre la vieillesse vous attrapait et jamais plus il n’était possible de se défaire de sa funeste étreinte. C’était à ce moment-là qu’il fallait pouvoir compter sur la force qui surpassait toutes les autres, celle de l’esprit.

L’un des gardes dégaina, son expression ne laissait pas place à l’erreur ! Il allait attaquer, quel fieffé imbécile ! Rosemary s’en réjouissait d’avance mais fut vite obligée de se rendre compte que cela n’allait pas arriver. L’enfant annonça qu’elle était de retour et s’avança, confiante, le chien bondissait alors mais fut retenu au collier par l’autre gardien. Rosemary n’avait jamais eu vent de l’existence d’une progéniture concernant Rasputin. Pourtant, l’expression de surprise qui se dessinait sur le visage des gardes, le ton qu’usait la jeune fille, c’était maintenant évident. Elle demanda à ce qu’on la laisse passer avec la liykor.

La demande était simple, directe, mais inutile. L’un des gardes s’adressa à elle, l’insultant et la provoquant avec un large sourire, avant de lui annoncer qu’elle ne pouvait pas entrer aussi facilement et ainsi accompagnée. Il termina en demandant à son camarade d’aller mander de l’aide.

A l’instant où la porte s’ouvrit la louve s’avança et effraya l’homme qui, d’un ton paniqué lui hurla de rester loin. Il n’avait même pas eu le temps de dégainer que la patte de la louve entravait sa main. Sa réponse fut souveraine, défiant le garde de la contrarier. La pression sur la main dut s’accentuer car l’homme avait le visage crispé et haletait légèrement.

Elle lui demanda encore une fois de ne plus la gêner mais les… employés de Rasputin n’étaient pas dans les meilleures dispositions. Leurs vies ne tenaient qu’à un fil et pourtant ils persévéraient, c’était consternant.

Celui qui était resté dans l’encadrement de la porte essaya de sortir sa lame totalement et tout se passa très vite. La louve le regarda en grognant et le brava d’essayer quoi que ce soit. L’homme rengaina totalement l’épée dans son fourreau, s’admettant vaincu. La louve relâcha l’autre qui lâcha un juron avant d’insulter celle qui venait de lui faire endurer cette souffrance.

(Quel imbécile…)


C’était enfin terminé, tout ce temps perdu en palabres pour finalement arriver au seul résultat envisageable pour cette situation. La louve invita Rosemary d’un signe de tête à entrer la première, lui rappelant qu’elle n’avait toujours pas respecté sa promesse.
Rosemary marcha et s’arrêta devant la louve avant de rétorquer d’un ton glacial :

« Je le sais bien. Je te conduirais à Rasputin lui-même, inutile de me le répéter. Et puis, il me semble que tu n’as pas non plus tenu ton engagement. »

Rosemary, comme c’était son habitude continua de marcher sans attendre de réponse et pénétra dans la maison. Enfin, pouvait-on appeler cela une maison ? Le hall d’entrée était vide à l’exception de quelques tables de bois entourées par des chaises de mauvaises factures. Quatre hommes étaient présents dans la salle, mangeant et discutant. Ils s’arrêtèrent tous de concert en voyant la vieille et la forme sombre lui succédant. Des râteliers figuraient sur les murs et diverses armes y étaient accrochées.

Alors que la tension était palpable, Rosemary s’avança et déclama avec autorité, prenant tout le monde de court :

« Remuez-vous ! Allez chercher ce cher Rasputin ! »


La plupart restèrent figés, les yeux écarquillés, mais l’un d’eux se décida à y aller et couru en direction d’une trappe installé dans le fond de la pièce. C'était là la véritable entrée. Des galeries abritaient le logement de Rasputin, sa richesse et ses instruments également. Quand il était question de prudence, Rasputin ne lésinait jamais. Exech était une ville sombre, peuplée par des citadins peu scrupuleux. L'homme toqua, une série de coup bref, suivant un rythme précis, le signal sans doute. La trappe s’ouvrit dans un claquement sourd et un homme chauve de grande stature en sortit.

Il était torse-nu et sa large barbe lui tombait au niveau de la poitrine. Les bras croisés sur le torse, il avait un regard féroce et s’avança jusqu’à Rosemary.

« Et pourquoi qu’tu veux l’voir Rosemary ? Et non attends, j’m’en fous. T’as vu c’que t’amènes là ? Tu crois qu’on va laisser un… Putain de liykor s’approcher de Rasputin ?! T'es bien conne d'croire ça, c'est pas parce que tu as eu quelques rapports avec le boss par l'passé que ça t'autorises à débarquer comme ça, sans invitation ! » il s’adressa alors à ses hommes « Aller mes bichons ! Prenez la catin, le boss va être ravi de retrouver son ancien jouet, ah et… Tuer les autres. »

Il se retourna, confiant en ses hommes et semblait vouloir s’éclipser par la même trappe qui lui avait permis d’entrer.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Jeu 24 Mar 2016 18:08 
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RP VIOLENT
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« Je le sais bien. Je te conduirais à Rasputin lui-même, inutile de me le répéter. Et puis, il me semble que tu n’as pas non plus tenu ton engagement. »

La chasseuse prétendument aveugle se met aussitôt en route, sans attendre une quelconque réponse. C’est ainsi qu’il doit en être. Agir, et non palabrer. J’avance à sa suite. Les humains ne nous ont pas suivi dans l’enceinte de la maison, et mon invalide semble savoir précisément où nous sommes. Je le sais aussi : au bon endroit. Que m’importe comment la sous race de ce monde nomment ces quatre murs contraignants et ce toit imbécile. C’est ici que je peux rencontrer celui qui m’apprendra comment exceller.

Je passe devant des meubles qui ne font que trahir l’incapacité notoire de leur concepteur à se servir de ce que la nature leur offre. Tables, chaises et armes. J’en reste bouche bée. Comment peut-on tenter ainsi de se hisser contre l’ordre naturel des choses alors qu’on détient un talent susceptible de faire comprendre à chacun que l’acceptation de cet ordre naturel est une obligation ?

« Remuez-vous ! Allez chercher ce cher Rasputin ! »

La vieille femme s’exclame cela d’un coup, brisant le silence qui était arrivé en même temps que nous. L’apostrophe me vrille les tympans, et mon poil se hérisse presque par reflexe, gonflant ma silhouette. Je m’interroge un instant sur le besoin de s’exclamer ainsi : la pièce n’est pas si grande pour forcer ainsi sur ses cordes vocales âgées. Certains des hommes présents, délaissant apparemment leur imbécilité pour un court instant, écarquillent les yeux, se faisant peut-être la même réflexion que moi. Leurs iris oscillent entre moi et la vieille femme décrépite qui ouvre la marche, sans s’attarder un seul instant sur la frêle silhouette qui se fond dans mon ombre.

Puis je la sens. La peur. L’effroi qui monte, d’un coup, empuantissant la pièce d’effluves acides aux relents répugnants. D’un geste saccadé, un homme toque à une porte, posée à l’horizontale, à même le sol. Ces mammifères creusent donc ? Mais pourquoi bouchent-ils leurs propres terriers ? La stupidité crasse de la situation m’indiffère, mais je ne peux que noter avec un certain agacement que même dans leur monde artificiel et isolé de toute menace, ils continuent de se terrer comme des lapins.

Peu après que l’homme ait fini de tapoter sur la planche, un homme écarte le panneau de bois pour s’en hisser. Il ne revêt pas le moindre habit de protection. Indéniablement, il est supérieur à ses congénères. Son regard se fixe dans les yeux de la vieille dont il s’approche, avec assurance et apparemment décontracté. Mais si la tension ne se lit pas dans ses yeux ou son attitude, elle est parfaitement visible dans les infimes contractions qui agitent ses muscles, son regard vif qui ne s’immobilisent sur un point que pour mieux voir tout ce qui l’entoure. Il n’a pas arrêté son regard un seul instant sur moi, mais je ne doute pas un seul instant qu’il me voue une attention toute particulière. Ses propos me confortent dans cette idée. Il sembler inquiet que je puisse faire du mal à son maître.
C’est bien ce que je pensais : il n’est lui-même pas conscient de la véritable valeur de son propriétaire. Sinon, il saurait que j’en ai bien plus à en tirer en bonne santé qu’abimé !

« Aller mes bichons ! Prenez la catin, le boss va être ravi de retrouver son ancien jouet, ah et… Tuer les autres. »

Mes oreilles s’agitent un court instant, réaction instinctive lorsque l’amusement me tient. Puis mes canines se découvrent lorsque je me rends compte que ce n’était pas une plaisanterie. Je parcours une nouvelle fois du regard la pièce pauvre, et les quatre êtres qui tiennent à peine sur leurs pieds. Je ne suis pas à l’aise, ici. Le plafond est trop bas, ma liberté de mouvement en est diminuée. Mais jamais, au grand jamais, ces vermisseaux ne pourront prétendre s’opposer à moi. Le statut de proie ne dépend pas du milieu. Cela rend juste la chasse plus difficile.

Tandis que l’homme se retourne, je jette un regard à la vieille femme. Elle qui me demandait de lui offrir des vies…elle n’aura qu’à se servir. J’ai faim. Cela fait maintenant une longue journée que je ne me suis pas restaurée. Les hommes ont saisi leurs armes aussitôt après l’ordre de leur chef. Ils sont bêtes. Ce qu’ils appellent courage. Ce qu’ils se pâment de pouvoir présenter. Une volonté vaine de renverser l’ordre des choses. Un espoir inutile qu’un coup du sort les favorisera. Ils comprendront, bientôt. Les proies fuient, et se soumettent. Les épées se tendent vers moi et la vieille chasseuse. Des épées. Une ridicule extension de métal. J’ai conscience de mes faiblesses : l’allonge n’en fait pas partie. Ils ne peuvent m’acculer avec leurs cure-dents. Je m’élance vers l’homme qui m’est le plus accessible, avec la ferme intention de le couper en deux. Ils sont perdus, et j’en ai assez de perdre mon temps à enseigner à des morts en sursit. C’est mon tour d’apprendre, et ces larve me bouchent la route !

Il pare mon premier coup de patte d’un geste maladroit, faible et lent. Le choc le fait reculer, trébucher et tomber en arrière, tandis que sa lame ouvre sur mon bras une estafilade. La blessure me démange, mais me donne la sensation de me réveiller. La nuit est le règne des loups, des prédateurs. Restez chez vous, faibles créatures, et espérez voir le matin suivant ! Je me rue sur ma proie une nouvelle fois, lorsqu’une seconde brulure, dans mon dos, fait flamboyer mes pupilles. Je rugis, crachant la haine et le mépris que m’inspire leur faiblesse. Attaquer de dos n’est pas chez eux respectable, c’est simplement la volonté de profiter de l’immonde loi du nombre ! Qu’importe ! J’attrape celui qui rampe par la cheville, mes griffes passant au travers de la botte usée pour gratter son mollet. Un second coup taillade ma cuisse lorsque je brandis le pantin hurlant de douleur. Je joins mon cri au sien. L’épée m’a profondément entaillée, cette fois-ci. Je pivote, faisant tournoyer ma proie vers l’abruti qui croit que je vais lui offrir mon sang indéfiniment. La gueule ouverte, je rugis, et le bruit doit porter bien plus qu’aux limites de la pièce. Soyez avertis ! J’arrive, et que vous le sachiez ne change rien ! Voilà mon message. Je le graverai dans les os de ces soldats, et le sang versé attestera de cet état de fait.

L’homme que je tiens décrit une parabole tandis que je me retourne, et sa tête heurte le nez de son médiocre camarade dans un craquement réjouissant. La recrue laisse tomber son arme pour se toucher le visage, vérifiant ce que la douleur lui disait déjà. Il regarde ses mains qui ne présentent qu’un peu de sang lorsqu’un nouveau flot vient teinter celles-ci d’un rouge plus brillant, plus vif. La gorge déchiquetée, il tombe à terre, semblant peiner à comprendre que sa vie pitoyable est arrivée à son terme. Je mets un genou au sol. Ma cuisse me fait souffrir, et si la blessure a le mérite de me réveiller, elle n’en reste pas moins un handicap. Mon regard se dirige vers l’autre côté de la salle, où la vieille femme semble maintenant maitriser un agresseur de deux têtes de plus qu’elle. Mon regard se pose aussi sur la Renonçante, qui attend, à l’entrée de la salle, que son destin la rattrape. C’est de loin la plus raisonnable, ici, ce soir. Je m’étonne de ce constat tandis que mes yeux poursuivent leur course pour revenir à moi. J’ai toujours en main un homme gémissant, les yeux clos. Le choc contre son acolyte l’a sérieusement secoué. Il semble hors du jeu. Je me redresse, haletante, la langue pendant entre mes crocs.

Le premier homme a manifestement disparu par la trappe, confiant dans les capacités de ses hommes. Le dernier soldat debout dans la salle est en position de garde, devant moi, et un sourire en coin orne son visage lorsqu’il voit que je peine à m’appuyer sur ma jambe gauche. Un duelliste ? Plissant les yeux par douleur, je n’y crois qu’à moitié. Son visage sournois en lame de couteau me fait penser à un serpent. Celui-ci n’est pas une proie ordinaire…il ne fait pas masse avec les autres. Il attend patiemment leur sacrifice pour juger ensuite de ses chances de succès. Il a bien fait. Je reste consciente de mes capacités, et de ma supériorité. Mais il a indéniablement plus de possibilités de victoire que les autres. Il ne compte ni sur la chance ni sur le nombre, du moins pas directement. C’est un stratège vicieux. Comme ces reptiles, qui font les morts pour mieux mordre lorsqu’on veut les manger. Il s’approche avec prudence. Je le regarde de même. Je raffermis ma prise sur la cheville de l’inconscient.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Sam 16 Avr 2016 10:04 
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( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation malsaine/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.)))


Le second de Rasputin s’évada par la trappe lui ayant permis d’entrer tandis que ses hommes dégainent leurs lames. La peur marquait chacun de leurs gestes, saccadés, hésitants. Mais ils avancèrent quand même, galvanisés qu’ils étaient par le discours de leur chef. Rosemary souriait tandis que la louve s’élançait, démarrait le bal et d’un coup de patte sonnait le glas de l’espoir. Son ennemi, désemparé, peinait à repousser ses assauts bestiaux, il ne semblait résigner à mourir et pourtant il ne faisait rien, ne tentait rien pour renverser la situation. L’un de ses camarades venait alors en renfort et frappa d’estoc le dos de la bête.

(Bien…)

L’homme usait d’un point mort, il n’était donc pas tout à fait sot… Quand la force brute vous faisait face, il n’était jamais bon de s’acharner dans cette voie, il fallait innover, improviser. Rester mobile et frapper, encore et encore, tout en ne se laissant jamais happer par la mort. Rosemary regardait non sans une certaine délectation ce morbide spectacle quand elle apercevait à la périphérie de sa vision une ombre se mouvoir. Le troisième sous-fifre essayait de faire profil bas afin de surprendre la vieille. Espoir voué à l’échec… Elle se détourna du combat opposant la louve aux deux hommes et fixa l’homme à la peau hâlée qui s’approchait. Il était plutôt imposant et possédait un avantage sur elle. Il disposait de son épée dentelée alors qu'elle devait se contenter de son aiguille. Le combat n’allait guère être aisé.

Rosemary extirpa son arme tandis que ses cheveux retombaient devant ses yeux. Elle se hâta de les balayer afin qu’ils n’entravent pas son champ de vision mais l’homme n’attendit pas ! Il fonça, la lame en avant. Il voulait embrocher Rosemary, la faire mourir d’un seul coup mais elle esquiva avec vivacité. Elle ne pouvait plus faire semblant maintenant. Le masque de la vieille femme faible se voyait remplacer par celui de la guerrière. Son visage arborait un sourire exalté, la mort était si proche… Cette perspective alléchante faisait bouillir le sang de Rosemary. Elle allait offrir à son dieu un spectacle superbe, ponctué par les cris de souffrance de sa cible. Il n’était plus question d’essayer de leurrer quiconque.

Cependant son adversaire restait un homme dans la force de l’âge, rompu aux combats et tout comme Rosemary, sans doute endurci par la vie à Exech. Elle ne devait pas le sous-estimer au risque de mourir stupidement. Elle le jaugeait du regard, essaya d’abord de le provoquer, de le faire sortir de ses gonds. Un adversaire en proie à la colère constituait toujours une cible plus facile à abattre. Mais il ne se laissa pas prendre au jeu et avança, cette fois plus lentement.

Puis, d’une impulsion il bondit en avant ! Son épée traçait un arc de cercle dans l’air avant de s’abattre soudainement vers la gauche. Rosemary plongea en avant et percuta l’homme qui de sa main libre attrapa le crâne de la vieille.

« Déjà ? » disait-il d’un ton moqueur.

Rosemary ne daigna pas lui répondre, elle était suffisamment proche et à la bonne hauteur pour faire ce qu’elle voulait. Elle planta avec hargne son aiguille dans la cheville de l’homme qui hurla avant de lui donner un violent coup de son pommeau. Il lui bourra ensuite le ventre de coup de pieds en l’insultant.

La vieille avait la vision trouble quand elle crut entendre, parvenir du fin fond de son esprit une voix sépulcrale :

(Est-ce là ta dévotion pitoyable humaine ? Est-ce là la preuve de la foi que tu prétends me vouer ? Tu n’es pas digne de Moi ! Misérable déchet !)

Rosemary ne comprenait pas… Thimoros lui parlait… Elle le décevait donc …. Non ! Hors de question ! Elle lâcha un râle bestial et quand le coup de pied de son agresseur lui percuta le ventre, s’enroula autour de la jambe et malgré la douleur frappa plusieurs fois la jambe déjà meurtrie de l’homme. Ce dernier hurla encore et dans un hurlement déclamait qu’il n’allait plus faire durer et souleva le bras qui soutenait son épée. Rosemary d’une roulade en arrière se dégagea hors de portée et se redressa, essoufflée.

(Ô divin Thimoros ! Je ne faillirais pas ! L’homme succombera dans les affres de la souffrance je te le promets !)

Mais rien ne vint répondre à la promesse de la vieille. Elle était encore ébranlée par cette voix qui l’avait ainsi apostrophé, était-ce vraiment son dieu ou le fruit d’un délire ? L’homme de main peinait à rester debout, se tenant la jambe avec un rictus de douleur qui fit frissonner de joie Rosemary. Cette brève accalmie lui avait permis de reprendre son souffle. Elle s’avança en louvoyant, passant son aiguille d’une main à l’autre. L’homme mue par le désespoir brandissait sa lame en avant, hurlant à la vieille de ne plus s’approcher. Elle profita alors qu’il soit occupé à hurler et à prononcer ces paroles futiles pour bondir. L’homme surpris recula instinctivement mais sa jambe mutilée l’empêchait de garder un solide équilibre. Rosemary en profita et comme le prolongement de son bras planta l’aiguille dans la joue de l’homme. Il hurlait encore et d’un geste rageur balaya à l’aide de son épée l’espace devant lui.

Rosemary n’arriva pas à esquiver correctement et son épaule fut lacérée, laissant couler le sang le long de son corps. Mais son ennemi était maintenant dans l’incapacité de frapper immédiatement et elle frappa avec la vivacité d’une vipère. Elle lui mutila le visage, le privant tout d’abord de sa vue, puis de son odorat pour finir par l’ouïe. L’homme avait lâché son épée lorsqu’il fut totalement privé de sa vue, il s’effondra alors sur le sol comme une loque et pleurait des rigoles pourpres. Il geignait, me suppliait de l’achever…

« N’y compte pas. Gloire te soit rendue Thimoros ! Aujourd’hui le sang coule en ton honneur, l’écho de la souffrance de cet homme atteindra peut-être tes divines oreilles ! » clama-t-elle avec férocité et ferveur.

Elle jeta ensuite un bref regard vers la louve qui avait à présent terminé les deux premiers hommes. N’en restait qu’un qui s’était contenter de nous jauger, d’attendre que nos forces s’épuisent également. Il n’était pas à ranger dans la même catégorie que les autres mais Rosemary devait déjà terminer avec son propre jouet et décida de laisser agir à sa guise la louve.

Elle se reconcentra donc sur l’homme, le lardant de coup, le privant de chance d’avoir un jour une progéniture. Ce fut sans doute le moment où il hurla le plus. Puis elle s’attaqua à ses jambes, ses bras, tout en murmurant le nom de Thimoros.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 23:58 
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Rhazel s'éloigna de l'auberge et rabattit son capuchon. Tout s'était bien passé, il s'était vraiment attendu à pire lorsque Jonas lui avait donné une première tâche pour voir s'il ferait l'affaire. (Tant mieux) songea-t-il avec amusement. (Au moins ils n'ont pas peur, remettre une bourse assez bien remplie à un novice pour l'envoyer faire une transaction, et me faire ramener une dague d'une si bonne qualité... J'en connais plus d'un qui se serait fait la malle avec soit l'un soit l'autre). Cette pensée le fit sourire. (J'espère que je ne suis en fait pas tombé sur des naïfs quand même, cette histoire risquerait de tourner court pour nous tous sinon). Une pensée lui vint alors subitement à l'esprit, et lui fit entrevoir cette « mission » sous un tout autre jour... Comment n'a-t-il pas trouvé plus tôt bizarre le fait qu'on lui remette une somme d'argent assez confortable et une marchandise de cette qualité, alors qu'au final Jonas et sa bande ne le connaissent pas, voire très peu . (N'est-ce pas moi qui ai été naïf?).
Il fronça les sourcils à mesure qu'il prenait conscience d'autres possibles, et réels enjeux. Tout cela n'était en fait sûrement qu'une sorte de test, pour s'assurer de sa fiabilité, car s'il rejoint vraiment ce groupe il sera amené à l'avenir à faire transiter bien plus que tout ça.
Actuellement et sans doute depuis le début, il était sûrement filé par un voir plusieurs hommes de main de Jonas. A cette pensée Rhazel s'empêcha à grande peine de jeter un œil derrière lui. (Non, tu as tout fait comme ça devait se faire. Donc respire, ne montre pas que tu as vu clair dans leur jeu, et fais ce qu'ils attendent de toi. Tu as ton entrée au sein de ce groupe accrochée à la ceinture, tu n'as qu'à leur ramener et l'affaire sera pliée).

Il ne s'était éloigné de l'auberge que de deux rues et était en train de bifurquer à un tournant, lorsqu'une masse d'à peine un mètre le heurta de plein fouet et l'arracha de ses pensées. Le souffle coupé, le jeune guerrier eût cependant le réflexe de saisir la chose au vol. Une chose qui se mit à piailler.
« Pardon m'sieur j'vous avais pas vu ! Pardon ! »
Courbé, reprenant son souffle, Rhazel dévisagea alors le gamin qui lui faisait face. Ou plutôt la gamine, et reconnut les deux yeux de ce violet si étrange, qu'il avait vu quelques minutes plus tôt à la fenêtre de l'auberge. La fillette était vraiment petite, même pour son âge, que le jeune homme pensait situer autour des 6 ou 7 ans. Des boucles brunes, sales, encadrait un visage angélique terni par la crasse. La gamine, vêtue de haillons, était d'une maigreur inquiétante, impression accentuée quand Rhazel sentit l'épaisseur du bras qu'il tenait. Inconsciemment il relâcha même un peu sa prise, comme par peur de la casser. La mioche sembla le sentir ,car elle leva vers lui un regard larmoyant et essaya vivement de se dégager, son autre bras replié sur elle-même.
« Pardon ! »
Le jeune guerrier n'insista pas et relâcha sa prise.
« Fais attention la prochaine fois, tu risques de tomber sur bien moins tolérant que moi ».
Mais pas de réponses, la fillette était déjà en train de filer, ses boucles brunes au vent.
Rhazel secoua la tête et par réflexe porta la main à sa bourse. Elle s'y trouvait toujours. (Bien). ll se sermonna de n'avoir pas vérifié pendant qu'il tenait encore la petite, ce genre « d'accident » était monnaie courante à Exech, au détriment des individus assez naïfs et pas assez rapides. Il tâtonna ensuite à l'endroit où il avait glissé la dague. (…) (LA MORVEUSE !).

Faisant rapidement volte-face il s'élança à sa poursuite, la voyant juste à temps bifurquer dans une ruelle sombre. Celle-ci était si étroite qu'on y voyait pas très bien. (La laisse pas filer Rhaz) se dit-il le cœur battant à tout rompre, (c'est ton entrée dans le groupe de Jonas qui est en train de se barrer en courant). Les réflexions qu'ils s'étaient faites juste avant la fâcheuse collision lui revinrent alors en tête. Il sentit son cœur s'accélérer et la colère se mêler à la peur quand il mesura les conséquences qu'entraînerait la perte de cette dague. Comment expliquer qu'il se l'était faite dépouiller par une môme haute comme 3 pommes ? Non ils croiront plutôt qu'il se l'est mis de côté, bien à l'abri, ce serait bien plus plausible.
Il serra les dents, essayant de ne pas déraper sur les nombreux déchets qui recouvraient les pavés.
(Non mon gars c'est ta vie qui est en train de partir en courant !). Il accéléra l'allure tant bien que mal , essayant malgré l'obscurité de ne pas perdre de vue la petite silhouette qui s'enfuyait et les nombreux obstacles tous aussi traîtres les uns que les autres.

Le jeune homme remarqua ensuite une forme mouvante, quelques mètres devant la gamine, se détacher d'un petit monticule de détritus. Il identifia un vieillard osseux et rachitique, qui tendit les bras vers le petit être qui accourrait dans sa direction. Le vioque alla à son devant en émettant de curieux halètements, ce qui fit pousser un petit cri d'effroi à la fillette, mais qui ralentit cependant à peine sa course.
(Ralentis-la, ou choppe-la, le temps que j'arrive en tout cas).
Au lieu de cela un coup sec et sonore résonna le long des murs étroits et humides. Rhazel vit le vieux débris tomber sur le dos en beuglant tout en se tenant le front, quant à la morveuse, elle reglissa sous ses haillons la dague toujours bien rentrée dans son fourreau. Deux secondes après le jeune guerrier sauta par-dessus la fâcheuse victime en pestant, manquant de peu de glisser à l'atterrissage.
Il vit la fillette aux yeux violet lui jeter un regard par-dessus son épaule et reprendre sa course folle. Diantre, elle se déplaçait avec tant d'aisance malgré ses petites jambes ! Rhazel ne douta pas du fait qu'elle devait bien connaître ces quartiers. Le cœur battant la chamade il ne pouvait se permettre de se laisser distancer, lui aussi connaissait un peu ce coin. Assez en tout cas pour savoir que la ruelle dans laquelle il venait de s'engager finissait à son extrémité de deux manières. Par une autre allée menant sur les docks, et sur un cul-de-sac. Plus que 3 mètres les séparaient et l'embranchement n'était plus loin. Le jeune homme vit alors une caisse délabrée traîner contre un mur. Il la prit au vol, et la jeta sur le chemin de la gamine alors que celle-ci allait prendre la ruelle à sa droite. La caisse s'écrasant sur le mur à ce moment-là, la morveuse fit volte face et prit l'autre allée, celle du cul-de-sac.

Rhazel souffla intérieurement mais ne cria pas trop tôt victoire. Il s'engagea à son tour dans l'impasse, et vit la gamine regarder autour d'elle tel un chat perdu. Lorsqu'elle tourna la tête vers lui elle poussa une exclamation apeurée et entreprit une escalade désespérée le long d'un mur d'une bâtisse délabrée. L'humidité lui rendit cependant la tâche difficile et elle tomba à la renverse. Le jeune homme ralentit sa course et se dirigea vers la fillette gémissante d'un pas vif, tout en reprenant son souffle et calmant la colère qui battait à ses tempes.
Les deux yeux violets se levèrent vers lui, Rhazel y lut alors une peur authentique.

La petite se redressa, et saisit fébrilement la dague qu'elle avait dérobée. Elle la sortit du fourreau, jeta ce dernier, et prit le manche de l'arme à deux mains, pointant la lame vers l'individu furibond qui arrivait, et qui ralentit le pas.
« Ne... Ne... Ne m'approchez pas ! »
Rhazel ralentit le pas et s'arrêta à deux mètres d'elle, la main tendue.
« Pas avant que tu m'aies remis ça petite .»
« Je ne vous la remettrais ! Laissez-moi ou si.. sinon.... » Elle semblait chercher ses mots.
« Sinon quoi ? Repose ça tu vas te faire mal. » Renchérie Rhazel, glacial.
« Si.. Sinon... Je.. Je... Je coupe un bras! »
« C'est pas avec ça que tu y arriveras petite. »
« A.... Alors je vous tuerais ! »
Là-dessus elle redressa un peu plus son arme. Les tremblements qui agitaient ses bras et le regard paniqué de la gamine en disaient long.
Rhazel soupira, las. Il avait suffisamment perdu de temps et tenait à en finir rapidement, cependant il ne voulait faire de mal à la petiote. Il la regarda quelques secondes en silence, puis lui dit, d'une voix plus calme.
« Tu n'as jamais eu à faire de genre de chose, hein ? »
La gamine ouvrit la bouche, mais aucun son en sortir, elle la referma, la rouvrit, mais ce fut le même résultat.
«Faire ça n'a rien de glorieux tu sais. »
Rhazel survivait depuis des années dans les sombres rues d'Exech, il était piètre combattant, novice en la matière, mais il lui était déjà arrivé de tuer, même si cela pouvait se compter sur les doigts de la main. Il avait essentiellement agi par légitime défense, et une fois pour pouvoir apaiser son ventre vide, qui criait à ce moment-là famine depuis plusieurs jours. Il n'en avait ressenti aucune satisfaction, juste celle de pouvoir vivre un peu plus. Mais au final à quoi bon.

Il tendit une nouvelle fois la main, et demanda d'un ton calme.
« Maintenant s'il te plait, rends-moi cette dague, j'en ai besoin. »
La petite secoua négativement la tête et se mordillant la lèvre inférieure, ses yeux commençant à s'embuer de larmes.
Le jeune guerrier commença à perdre patience .
« Montre toi raisonnable ! Que comptes tu faite avec, t'attaquer à un des temples ou au Roi ? »
Une première goutte perla, traçant une ligne sur la joue salle de la fillette.
« Je... Je peux pas vous la rendre. » Sa voix se faisait de plus en plus tremblante. « Moi aussi j'en ai besoin ».
« Et pour quoi faire ? » Rhazel, recommença à perdre patience, pourtant il ne sut pourquoi, mais l'intense détresse qu'il sentait en son interlocutrice ne le laissait pas indifférent.
« C'pas vos oignons !!! »
Le jeune guerrier dégaina son épée d'un mouvement brusque, mais avec pour seul but d'intimider la fillette aux yeux violets, chose qui visiblement fonctionna quand il la vit se ratatiner à vue d'oeil.
« Non.... S.. S'il vous plait. Je.. Je peux pas, j'peux pas.. J'en ai besoin. »
« Pourquoi ? »
La gamine tomba à genoux et fondit en larmes, baissant la lame, plus à cause du malheur qui semblait soudain accabler ses frêles épaules, qu'à cause de la menace de Rhazel.
Jamais le jeune homme n'avait vu quelqu'un pleurer ainsi, le désespoir et l'angoisse qui pétrifiaient la petiote étaient authentiques.
Il baissa rengaina doucement son arme en s'approchant, arrivé devant la fillette il mit un genou au sol.
« Pourquoi tu ne peux pas me rendre cette dague ?»
La petite aux yeux violets leva vers lui un visage inondé de larmes, où se lisaient un désespoir et une détresse tels qu'ils touchèrent Rhazel plus qu'il ne voulut.
« Il faut tuer le vieux Grorik. »



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Dernière édition par Rhazel le Lun 20 Juin 2016 17:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Lun 20 Juin 2016 17:14 
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Rhazel s'attendait à tout sauf à ça... Interloqué il fit doucement lever le menton de la petite pour pouvoir la regarder.
« Qui est le vieux Grorik ? .. Commence plutôt par me dire comment tu t'appelles.»
« Pie m'sieur .» Renifla la petiote.
« Pie ? »
Elle hocha la tête, frottant ses yeux afin de chasser les larmes qui avaient inondé son visage couvert de crasse.
« C'est l'nom qu'on m'donne ».
Orphelins, il était monnaie courante pour ces enfants d'adopter ou de se voir assigner des surnoms, en fonction de leur allure ou de leurs prouesses. L'agilité avec laquelle la petite lui avait dérobé la dague ne put que faire sourire le jeune homme quand il y repensa. Cette dernière était visiblement loin d'être un coup d'essai et avait dû s'attaquer à bien des bourses et bijoux pour s'être vu attribuer pareil surnom.
« Il te va bien .» Dit Rhazel.
Pie sourit timidement.
« .. Qui est le vieux Grorick ? ».
La fillette baissa le regard, son faible sourire s'évanouissant sous une vague d'affliction. Alors elle lui raconta son histoire, que le jeune guerrier écouta sans interrompre.

Pie faisait partie de ses nombreux enfants des rues qui se rassemblaient en groupe afin de survivre dans cette faune urbaine cruelle et impitoyable, propres à Exech. Ils étaient ainsi une quinzaine de bambins à arpenter les quartiers sud de la ville, mendiant, fouillant les détritus, fauchant les passants isolés et en commettant de petits larcins. Ils avaient élu domicile dans un taudis laissé à l'abandon un peu au sud de la forge du vent des sables, qu'avait trouvé Riot, « leur Grand frère ». Ce dernier était en fait le chef de la bande, le plus âgé, et agissait dans un souci constant de protection envers ses « petits frère et soeurs ». Ca avait l'air d'être un brave gamin.
Cependant un jour un vieux et effrayant bonhomme avait débarqué dans leur cache. Ne s'attendant pas à les trouver là, il leur ensuite déclaré qu'ensemble ils pourraient devenir une vraie famille, qu'il deviendrait leur « papa » et qu'ensemble ils pourraient manger à leur faim et avoir plein de sous. D'abord méfiants et anxieux, les gamins n'osèrent pas accepter la proposition de l'inconnu, ce dernier était donc reparti sans un mot.

Le lendemain il était revenu avec une quantité impressionnante de miches de pain, jamais les enfants avaient pu manger ainsi. Il recommença la semaine suivante, et déjà la plupart d'entre eux commencèrent à accepter ce bizarre et intriguant personnage. Ce dernier représenta alors petit à petit une figure paternelle bienveillante et protectrice. Il élut alors domicile avec eux. L'homme leur donnait des astuces et les bons coins pour voler, ils ramenaient l'argent et lui se chargeait ensuite de ramener de quoi manger. Et ça marchait. Ils étaient certes loin de manger à leurs faims, mais ils purent quand même à partir de ce moment-là mieux se nourrir. Tout se passait bien, mais Riot, le grand frère, se méfiait. Certains disaient qu'il était juste jaloux, mais Pie savait que c'était parce qu'il se faisait de soucis pour eux, et qu'il n'avait aucune confiance en ce gros bonhomme. Les semaines passaient, et soudain le vieux Grorick leur imposa une certaine quantité d'argent à ramener par jour. Il entrait dans des colères noires et effrayantes lorsque cette quantité n'était pas atteinte. Mais dans ces moments-là Riot s'imposait, lui disant qu'ils n'avaient pas besoin de lui et qu'ils pouvaient très bien vivre sans lui. Grorick lui criait alors qu'il n'était qu'un ingrat, que sans lui ils ne pourraient pas manger et vivre comme c'était le cas maintenant. Que maintenant ils étaient une famille et que s'il n'était pas content il n'avait qu'à dégager. Riot n'insistait pas, mais il essayait de convaincre ses « petits frère et soeurs » de quitter cet endroit ou de se débarrasser du vilain bonhomme. Seulement ces derniers étaient trop effrayés pour quitter leur seul refuge, ainsi que trop appâtés par la nourriture pour oser quoique se soit, de plus Grorick était effrayant.

Puis un jour Riot fut découvert à deux pas de leur taudis, gisant sur les pavés, la tête éclatée. Le vieux avait dit que ce ne serait pas arrivé s'il n'avait pas quitté le refuge en pleine nuit, seul, comme il leur avait déjà dit. Il avait demandé que tout le monde voit le corps pour « qu'ils comprennent la leçon ».
Cependant Pie, elle, avait tout vu. Grorick avait attendu que tout le monde dorme pour entraîner leur Grand frère dehors. Elle, cependant, ne dormait pas. Elle les avait épié à travers une lucarne et tout s'était soudain passé rapidement. Il avait commencé à le frapper tout en l'empêcher de crier, puis il lui avait fracassé le crâne contre les pavés.

La petite, gagnée par un sanglot interrompit son récit. Rhazel la laissa verser ses larmes, passant une main réconfortante sur son épaule. Il profita de ce moment de répit pour digérer l'histoire de la fillette. Il sentait une bile de dégoût et de rage lui remonter le long de gorge. Le jeune homme avait déjà connu et côtoyé des pourritures, elles étaient légions dans cette sinistre cité. Cet individu cependant semblait cependant battre tout les records. Ici, entre adultes, concurrents, et membres de clans rivaux, tous les coups étaient permis. Absolument tout. Mais utiliser ainsi des enfants, qui perdraient de toute façon leur innocence bien trop tôt, révulsait le jeune guerrier. (S'il existe parmi les dieux une tisseuse de destin, ayez juste la décence d'épargner ces enfants, tous, au moins quelques années, ils seront confrontés à la violence bien assez tôt.)
Le reniflement de Pie l'arracha à ses pensées, car elle continua son récit d'une voix chevrotante.

Elle avait beau dire à ses camarades ce qu'elle avait vu ce qu'elle avait vu, ces derniers ne voulaient pas l'entendre. Ils avaient bien trop peur, d'autant plus qu'à partir de ce jour le comportement du vieux Grorik empira. Il demandait de plus en plus d'argent et ramenait de moins en moins de nourriture. Il devenait brutal et faisait des choses effrayantes.
Cela fit froncer les sourcils de Rhazel mais il n'interrompit pas la petiote dans son récit.
Le vieux n'arrêtait pas de leur répéter en les nourrissant qu'il était maintenant leur père, qu'ensemble ils étaient une famille et qu'il les protégeait du « monde extérieur ». Puis elle étouffa un nouveau sanglot, incapable de continuer.

Le jeune guerrier tint aussi le silence, faisant tous les efforts du monde pour maîtriser la fureur qui embrasait son corps.
« S'il vous plait.. Aidez-moi, laissez-moi emporter cette dague avec moi ».

Rhazel ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit de suite. Sa tête était confuse, diverses réflexions s'y affrontaient, le tout agrémenté par un océan bouillonnant de rage et de ressentiment.
« Tu n'auras pas cette dague .» Dit-il d'une voix qui lui parut bien plus grave qu'à l'ordinaire.
La petiote aux yeux violets brillant d'innocence leva vers lui un regard mêlant imploration et détresse.
« Mène-moi au vieux Grorick ».




Rhazel et Pie arpentaient les ruelles jusqu'aux quartiers sud depuis une dizaine de minutes, la nuit était tombée depuis un moment déjà. Le jeune guerrier avait récupéré la dague et l'avait glissé à sa ceinture, tout en la fixant cette fois bien mieux. La petite s'était montrée bien plus coopérative une fois que le jeune homme lui avait demandé de le mener au vieux Grorick. Jamais il ne l'aurait laissé abattre cet homme, aussi détestable était-il et même s'il l'avait mille fois mérité. Car au fond des yeux violets de l'enfant qui trottait à coté de lui, brillait encore une étincelle d'innocence, qui au regard du guerrier, valait tout l'or et toutes les pierres du monde. Cet éclat s'éteindrait hélas bien assez tôt, il serait donc inutile et outrageux d'étouffer cette lueur plus tôt que « nécessaire ». Il était hors que question que cette petite ne souille ses mains avec le sang de ce déchet.
Il arrivèrent enfin devant devant une bâtisse qui tombait presque en ruine. La grande majorité des bâtiments d'Exech étaient en piètre état, mais de tous, celui-ci semblait remportait la palme. (Tu m'étonnes que personne d'autre n'en approche et que cela leur serve du coup de refuge). Il leva un regard inquiet vers la toiture branlante et en partie détruite.
« C'est ici. » Annonça nerveusement Pie. Elle approcha son visage d'une des fenêtres brisées et inspecta l'intérieur.
« J'crois qu'il dort... » Chuchota t'elle.
Elle lui prit alors la main et l'entraîna à l'intérieur, poussant une porte délabrée qui tenant à peine sur ses gonds.



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