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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Sam 25 Fév 2012 22:18 
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Elle eut un vertige, puis un voile noir. Elle passa ses doigts sur ses yeux, persuadée qu'elle les avait fermés mais ils étaient ouverts. Elle voulut se rassoir, Thalo ne devait pas la voir. Il prendrait cela pour de la fatigue, après tout elle l'avait averti d'une certaine faiblesse. Le désir de vouloir l'approcher et apporter éventuellement un contact physique. Mauvais jugement, Il pourrait attraper le même mal qui plane sur sa tête. Quelqu'un voulait rentrer, un indésirable qu'elle connaissait et redouter, avertir son protecteur du danger déjà si proche ne ferait que le faire agir stupidement et briser toute sérénité. Le calme et la vue revinrent.

Rosa se précipita vers la sortie, Thalo sortit en premier la tête, pas de guide à l'horizon. Il se déplaçait vite.


« Ah, le revoilà. Il a du comprendre que nous ne sommes pas d'humeur à courir. »

Ce fut le contraire que l'elfe sollicita car cette fois ce n'était pas trois bandits qu'il avait attiré mais bien une douzaine.

« Je n'ai aucune envie de jouer au chat et à la souris, surtout en tant que cette dernière. »

« Avance comme tu peux, on se sépare j'ai de quoi les ralentir. »

« Il y a deux portes pour Exech et ce ne sont que des pouilleux... »

« Obéis et maintenant ! »


Il gromela puis de tout son poid entama une marche forcée du mieux qu'il pouvait. Rosa disposait au moins de l'avantage de ces ruelles étroites. Plaçant ses mains, elle visa le traqueur le plus au centre et projeta une nouvelle boule de feu. Qu'importe si elle touchait autre chose, ils la choisiraient probablement elle plutôt que le wiehl. La mage se mit donc à courir vers la direction où était parti Miurah.

Citation:
Sort lancé : Boule de feu >>> 4 pm et 6 initiative

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 01:46 
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Attaque: Réussite

Ta boule de feu file sur le groupe d'hommes belliqueux, mais elle est bien vite interceptée par la lame de l'un des hommes. Elle parvient pourtant, en se scindant en deux, à brûler légèrement le visage de l'homme. Il ne semble pas s'en formaliser et continue sa course, quand deux de ses compagnons s'écarte du groupe pour venir dans ta direction. La petite dizaine restante quant à elle garde pour cible le jeune Miurah et ton compagnon en armure.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 00:44 
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Voir sa magie se faire aussi simplement dissiper par un aussi méprisable rejeton avait de quoi dérouter. Rosa devait l'accepter vite car bien que cela paraisse surprenant ils poursuivaient la chasse. Il ne lui restait plus qu'à courir, elle détestait ça et son équilibre d'avantage encore. Thalo devait avoir pris assez de distance sur eux. Une inspiration puis tourner les talons, la shaakt songeait à comment se lancer du mieux qu'elle pouvait dans une course humiliante et inquiétante. Elle ne cessait de se focaliser sur sa manière d'avancer ses jambes, le meilleur moyen d'oublier comment marcher correctement. Deux renégats la suivaient, une diversion bien lamentable en réalité.


Elle se devait de leur réservait une petite surprise avant d'essayer de fuir. La mage leva une nouvelle fois les mains pour jeter un autre sort, cette fois elle visait l'arme d'un de ses adversaires. Sans prendre le temps de voir si le coup avait porté ses fruits, elle commença à courir pour rejoindre , du moins elle l'espérait, ce Miurah. Il avait intérêt à tenir sa promesse car il avait osé la forcer à courir. Si elle partageait une aversion avec Thalo, c'était bien celle là. Cela la mettait au même niveau que ces singes emballés qui tentaient de l'étriper. Il fallait arrêter de penser, elle s’essoufflait déjà à peine quelques dalles franchies.



Citation:
Sort lancé : Brûlure défensive >>> 4 pm et 6 initiative

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Lun 5 Mar 2012 14:36 
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Attaque: Echec critique

Probablement à cause de ta course effrénée, tu n'arrives pas à viser correctement et ton projectile incandescent passe à côté de la tête de l'un de tes poursuivants pour passer au travers d'une fenêtre et mettre le feu à une maison. Résultat, tu n'as plus simplement de hommes avides de violence à tes trousses maintenant. Car dorénavant, tu es aussi poursuivie par quelques miliciens zélés. Fort heureusement, tu approches petit à petit des portes de la ville, qui sont maintenant dans ton champ de vision.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 7 Mar 2012 19:20 
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Un échec surprenant, la mage contempla les flammes un instant – alors qu'elle ne voulait rendre bouillante qu'une épée- mais plus encore étonnant, la milice inactive, si inefficace et si aveugle tint à renforcer les rangs des malfrats. Elle s'était décidée à courir mais n'attendait pas autant d'inspiration. Le vent lui présenta les portes de la ville, une digne arche pour sa puanteur, sa moisissure et sa discorde – une lente et noire pensée, telle de la ciguë qui s'écoule le long d'un mur, lui donna assez de colère pour foncer jusqu'au corps de garde – embraser Exech, en faire un immense bûcher pour rendre à cette terre son véritable aspect, un marais stérile et inintéressant. Enflammer, détruire, calciner, raser, créer un immense holocauste pour ne rien laisser. Rosa se heurta à de l'acier, l'armure du protecteur.

A sa respiration haletante, son regard haineux, farouche, et aveuglé par les instincts survoltés, Thalo ne put que lui accorder un regard désolé. Quand était-il de leurs poursuivants ? Fallait-il encore les combattre ? Le souffle manquait, sa gorge se serrait et son ventre la torturait. Elle avait parcouru la moitié de ce cercle infernal. Lichia Vela pouvait bien attendre, la shaakt voulait se promettre de ne jamais y retourner.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 14 Mar 2012 03:31 
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A peine es-tu arrivée au porte de la ville que Miurah t'attrape par la main et te fait courir encore un peu.

"Désolé, encore un petit effort!"

Vous courez ainsi pendant encore une petite minute, une fois qu'Exech n'est plus dans votre champ de vision. Les pieds dans la boue, vous avancez péniblement. Miurah semble savoir où il va pour le moment.

(HRP: Tu répondras, dans les alentours d'Exech, dans le topic des plaines marécageuses. Je tiens aussi à m'excuser pour ma MàJ plus que tardive. :jap: )

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mar 27 Mar 2012 00:15 
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[:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. [:attention:]

Le sang sèche sur ma peau, la fange crasseuse des ruelles d’Exech s’accroche à mes pieds nus, l’odeur infecte de la ville m’agresse les naseaux, des frissons de dégoût et d’excitation me parcourent le corps, mon cœur frappe ma poitrine. Je pense à tant de choses sans avoir une seule idée en tête. Enfin libre. Je dois quitter ce quartier, cette ville, cette vie.

Je vais retrouver ce bateau dont me parlait le commerçant de l'autre fois, en espérant qu'ils me laissent monter. Bateau, donc port. Facile. Enfin, à dire, pas à faire. Je ne me suis pas souvent promenée dans Exech, si ce n’est pour passer d’un bousin à un bordel. Je m’enroule bien dans la cape et longe les murs, je finirai bien par trouver un point de repère.
Je m’approche des écuries, facilement reconnaissables à l’odeur qui s’en dégage, je suis donc partie dans la bonne direction. Je ne traverserai pas la place publique. Il y a trop de monde, éviter les personnes présentes relèverait de l’impossible. Il me faut donc contourner la taverne de la Cruche Fendue, et arpenter le quartier de la Confrérie.
Des frisons parcourent mon corps tandis que je repense aux spasmes morbides du moribond. Voulant rester discrète, je me retiens de rire, mais je ne peux m’empêcher de sourire béatement. : le rictus de douleur, de haine et d’étonnement de ce sale gros porc me revient en mémoire. J’aurais dû lui cracher dessus ! Ou le faire taire pour continuer à le lacérer et m’en délecter.

Je soupire longuement. Il faut que je me calme. Ces ruelles ne sont vraiment pas sûres. Pas moyen d’aller tout droit dans ce dédale dégueulasse. Droite, gauche, merde, une impasse ; demi-tour, tout droit, droite, gauche… Il y a des ombres partout, je ne vois rien de ce qui pourrait se cacher dans les recoins. Je serre ma dague à en faire craqueler le sang durci sur ma main, si je me fais repérer, je n’hésiterai pas à l’enfoncer dans la chair, comme avec le gros porc.

Me voilà enfin pas bien loin du port. Ça pue la vinasse et la poiscaille et… le brûlé. Comment ça le brûlé ?! Et merde ! J’vais me faire repérer si y’a du monde. Je ralentis et tends l’oreille. Je perçois à peine les jurons des dockers, par contre j’entends sans aucun soucis les appels de femmes hurlant au feu. Qu’ils se démerdent !

Je contourne et poursuis. Mes pieds glissent sur les pavés poisseux, je me cale dans un coin relativement sombre et, après avoir jeté un rapide coup d’œil aux environs, je retire ma précieuse cape.
Je dois avoir l'air présentable avant de me présenter. Enfin, un minimum ; ce qui signifie sans ce sang séché séchant ma chair. Je crache dans mes mains et les frotte. Le sang s'étale plus qu'il ne s'efface. J'essuie mes mains le long de ma robe. Je crache à nouveau et retire comme je peux, avec le bas de ma robe, le sang sur mon visage. Je profite d’une fenêtre crasseuse d’une bicoque probablement abandonnée pour regarder ce que ça donne. J’ai tellement frotté que j’ai la tronche rouge, je vais attendre un peu.

Il me faut retrouver ce bateau, un des gars présent ici voudra bien me renseigner, surtout vu comme je suis habillée. Je n’ai que cette robe en batiste rouge, longue et largement fendue, découvrant ma peau jusqu’à la mi-cuisse droite, une robe classique mais efficace. Une rose incarnat orne la poitrine, attirant le regard sur mon décolleté. Il suffit que j’aborde le premier gars qui passe, histoire de savoir où est le… la… la Grossesse ? Nan, c’est pas ça. La Négresse ? Non plus… merde. La Diablesse ? Nan, y’avait un « R » dedans… Chier.

Bon, je verrai bien. Le gars assis, juste là, ira très bien. Foutre qu’il est laid ! On sourit, on se détend et on glousse.

« Bonjour bel homme. Je ne parviens pas à retrouver mon bateau, pourriez-vous me donner un coup de main ? Je vous en serai TRÈS reconnaissante ! »

Je me penche et serre un peu les bras, pour augmenter l’effet persuasif de mon décolleté. C’est limite si cet imbécile ne laisse pas couler un filet de bave.

« Un… un coup de main ? Beh ouais ! Je veux ! »

« Je recherche mon bateau. Un navire marchand dont le nom m’échappe. Un truc en "esse" à la fin. Je suis sûre que vous connaissez le port comme votre poche, vous pourriez me guider ? Je reste près de vous. »

« Euh… ouais. »

Cet abruti ne sait absolument pas de quoi je parle, cela se voit dans son regard bovin… Il est totalement inutile ! Bon, autant le suivre, au moins, je ne serai pas une fille seule au beau milieu du port. Le lourdaud ne me lâche pas du regard, les hommes sont tous des mous du cerveau sitôt leur sang accumulé dans leur entre-jambes.

« Le Capitaine du bateau est un homme tout à fait charmant, un blond, avec un bandeau dans les cheveux et très souriant. Cela vous dit quelque chose ? »

« Ah… Ah ouais. Ouais, ouais, je vois. »

Bah il lui prend quoi à l’autre ? Le voilà redescendu de son nuage, il tire la gueule d’un coup. J’ai dû dire une connerie.

« On peut pas l’louper, c’lui la. C’est au bout d’ce quai. Son rafiot, c’est l’Allégresse. »

« Ah oui ! L’Allégresse, c’est bien cela ! Merci mon joli. »

J’envoie un baiser dans le vent et avance rapidement vers le bout du quai, tête haute.


Le bateau, moins grand que je ne le croyais, est toujours là. J’accroche un sourire radieux et m’engage sur la passerelle. Je monte lentement, comme pour laisser le temps à un matelot de me regarder… ou de m’arrêter, sans cependant baisser la tête.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mar 15 Mai 2012 10:04 
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Les ruelles étaient comme dans mon souvenir; sales, puantes et fréquentées par des gens sales et puants.

Le tout-Exech s'éveillait dans la lumière matinale tandis que les voleurs et assassins partaient se coucher après leur nuit de rapines et de meurtres. Les prostituées relayaient celles ayant fait leur quart de nuit, vendant leurs charmes aux marins et autres personnages désœuvrés ayant les moyens de se les payer.

L'une d'elle me fit un clin d'œil enjôleur en dégrafant son décolleté.

J'accélérais le pas, quatorze ans à vivre dans cette crasse ne m'ayant pas fait pour autant en apprécier l'endroit.

Mes jambes étaient fatiguées, et mon armure me semblait exceptionnellement lourde: j'avais surestimé mes forces, la magie du guérisseur ne me les ayant pas totalement rendues...

Si quelqu'un se décidait à m'agresser, c'en serait fini de moi et je doutais que j'aurais la force de manier mon épée...

(Si seulement j'aurais pu rester un peu plus longtemps chez le guerisseur...)

Je me rendis compte que je connaissais même pas son nom: ça la foutais mal de ne même pas savoir l'identité du type qui vous a sauvé la vie...

Mon équipement produisait un cliquetis agaçant à chacun de mes pas et je commençais à me faire de l'inquiétude pour ce qui était de ma discrétion...

"Plus vite bordel..." marmonnais-je, comme si le fait de le dire allait me faire avancer plus vite.

Une voix rauque dans mon dos me héla:

"Hé! Toi là-bas!"

Je poursuivais ma route, faisant celui qui n'avait rien entendu.

"Ho! Je te causes!"

(C'est ça, parles à mon c...)

Une énorme paluche se posa sur mon épaule, me forçant à m'arrêter et à faire face à mon interlocuteur, un grand milicien accompagné d'un de ses frères d'arme plus fluet.

Il eu un petit sourire narquois en me baissant la capuche de son autre main:

"Montres-nous un peu ta jolie bobine..."

L'homme se figea comme s'il avait vu un revenant, me reconnaissant soudain:

"Morington? Que...?"

"Vous ne pouvez pas savoir comme c'est bon de vous revoir les gars..."

(Et merde....)


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Dernière édition par Vilnish le Mer 15 Aoû 2012 19:04, édité 14 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 23 Mai 2012 08:55 
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Nous étions quatre soldats.

Quatre soldats emmitouflés dans de larges capes, fendant l'obscurité avec leurs torches flamboyantes, jetant des reflets diffus sur les rares pièces d'équipement qui étaient encore visibles sous notre attirail.

Il faisait nuit et il était impossible de savoir s'il était trop tôt ou trop tard... Matin ou soir?

Je ne réfléchissais plus. Chaque pas était maintenant un martyre... Je me rapprochais progressivement de ce qui avait couté la vie à mes parents en devenant l'un de ces sombres assassins de la milice.

Quatre miliciens dans les ombres... La lance que j'avais prise à l'armurerie tambourinait sans cesse contre les brassards en cuir que l'on m'avait fourni et les pièces de ma bourse produisaient un tintement métallique étouffé alors que nous avancions. Le prix de la traitrise; cent-quarante-six yus, payés avec mon propre argent.

Je m'inspirais un profond dégoût... Tuer pour de l'argent? Et puis quoi encore?

J'allais assurer ma propre survie en assassinant d’autres personnes...

Survivre? Bien sûr que non. Ellias avait sans doute promis le contenu de ce que j'avais sur moi ainsi qu'une prime aux miliciens que j'accompagnais pour me voir mort. Quand on s'engage dans la milice, c'est pour la vie: on ne laisse pas partir quelqu'un en sachant autant sur son organisation (quasi-inexistante, il faut bien le dire) et ses "contrats" avec certaines organisations criminelles. Rien d'officiel, mais en ayant servi à l'intérieur pendant quatre ans, j'avais fini par en comprendre les grandes lignes.

Galec, Sollow et Athis me jetaient tellement de regards en coin que ça en devenait prévisible...

Le premier d'entre eux était un être à la panse conséquente et dont l'hygiène semblait être la dernière des préoccupations... Pour ce qui était des deux autres et bien... Leurs têtes ne me disaient rien, sans doute des nouvelles recrues.

(De nouveaux imbéciles partis gagner leur croûte en tuant leur prochain...)

Je trouvais ça ridicule de disparaître d'un coup de couteau dans le dos après avoir survécu à une épée qui avait manqué de me fendre le crâne.

"Tout se paye un jour..." murmurais-je pour moi-même, me rappelant les derniers mots d'Ellias à mon égard, juste avant que je ne quitte la pièce.

"Hein? C'que tu dis?"

C'était Galec, il me lança un regard embué par l'alcool et la drogue, passablement interrogatif. C'était un vétéran des groupes d'extermination, d'où son habitude de consommateur de substances plus ou moins licites à Exech.

"Nan rien, je parle tout seul..."

Il commença à chercher dans ses sacoches avant de renoncer et d'en détacher une entière. Le gros milicien la regarda avec regret avant de me la lancer.

"De l'hyraë, et du bon... Tu verras, une portion et tout passe mieux..."

"Je pense pas que je vais l'utiliser maintenant..." lui répondis-je en regardant à l'intérieur. Quatre doses. Ça pourrait être intéressant si je survivais aujourd'hui.

"Si tu la veux pas, je peux toujours la récupérer, que ça serve au moins à quelqu'un!"

Il tendit une main pour reprendre son présent, devenu soudain très agressif avant que je ne recule pour l'en empêcher:

"C'est bon je le garde, t'énerves pas pour si peu!"

L'homme fit demi-tour en grommelant des insultes à moitié étouffées par son capuchon... Les troubles de la personnalité étaient l'un des nombreux effets secondaires de cette drogue; surtout lorsque l'on en consommait autant que lui.

Je le regardais s'éloigner avant de détourner le regard pour me concentrer sur mon environnement.

Dire que les rues me rappelaient des souvenirs était trop faible... Chaque embranchement tortueux, sentier mal famé, étal de marchand fermé s'imposait à moi comme autant de rappels à ma mémoire fatiguée...

Un mur attira toutefois mon attention plus que tous les autres, tel un ami vous saluant des années après s'être perdus de vue.

Je courais vers lui, faisant fi de l'air étonné de mes collègues devant ma soudaine agitation.

(Serait-ce possible...?)

J'enlevais frénétiquement la crasse et les diverses traces qui le recouvrait depuis des années sans prendre la peine d'éviter de me salir avant de finalement trouver ce que je cherchais.

(Les marques... Elles sont toujours là...)

***

Tracer ces marques dans la pierre avec le couteau que j'avais réussi à dérober était rapidement devenue une habitude... Chaque jour à l'aube, mon arme de fortune entaillait la pierre, rajoutant une barre à la longue liste de celles l'ayant précédé...

Cela fait bientôt un an que je m'y attelle, inlassablement... Une entaille par jour pour ne pas perdre le fil du temps, pour ne pas devenir fou... Je suis Boer Morington et j'ai dix ans.

"Un grand cap" aurait sans doute dit mon père en riant...

Repenser à sa mort me mis tellement en colère que je brisais la lame de mon poignard par inadvertance, me blessant par la même occasion. Tout en jurant, j'entrepris de sucer ma plaie...

De mon arme, il ne restait plus que la garde et quelques centimètres de lame.

(Oh non...)

"Qu'est-ce que tu fais?"

Je me figeais brusquement. Quelqu'un se tenait derrière moi et m'observait depuis je ne sais combien de temps.

Les secondes passaient et j'espérais l'entendre partir mais il se contentait d'observer un silence poli, redevenant aussi discret qu'à l'origine.

J'entrepris de rassembler les restes de mon couteau sans lui accorder un regard:

"Je grave des marques."

"A quoi ça te sers?"

"Je compte les jours, ça m'occupe."

Pendant que je parlais, j'entreprenais de me dresser un portrait physique de mon interlocuteur... Une voix douce, mélodieuse, à coup sûr une fille. Elle était toutefois empreinte d'un fort accent, sûrement pas quelqu'un qui était né à Exech...

"Passionnant passe-temps."

"Si c'est pour se moquer de moi tu peux t’en aller...."

Elle ne partit pas, observant toujours le même silence religieux.

"Comment tu t'appelles?"

"En quoi ça t'avancerais de connaître mon nom?"

"Vu que t'es pas décidé à me montrer ton visage, que je sache au moins à qui je m'adresse serait déjà un bon début..."

Au ton de sa voix, je compris qu'elle (qui ou quoi qu'elle soit) devait être à peine plus âgée que moi...

"Je le connais pas... J'ai pas de nom."

"Tu mens, tout le monde à un nom... Moi c'est Runat'."

"Runatte..." murmurais-je pour moi-même.

"Non! Ça se prononce Runath. Essaie encore..."

Elle me reprit à chacune de mes tentatives, car je n'arrivais toujours pas à imiter son accent... Je commençais à apprécier sa compagnie, aussi me décidais-je enfin à me retourner.

Grossière erreur...

La créature que j'avais en face de moi était tout bonnement terrifiante... Un loup se tenant sur ses pattes arrière, le pelage crème, quasiment blanc... Sa façon de parler différente étant due à une gueule garnie de crocs rutilants, et non pas à un quelconque accent comme je l'avais pensé au début.

J'en restais sans voix, la bouche ouverte comme un imbécile... C'était la première fois que je voyais une créature non humaine; un cauchemar pour un pauvre gosse d'une dizaine d'années.

Voyant que je ne réagissais pas, elle tendit une patte griffue pour m'aider à me relever tout en esquissant un faible sourire qui se voulait rassurant (qui ne se traduisit par rien d'autre qu'un rictus carnassier, achevant ainsi de m'effrayer).

"Besoin d'aide?" me dit-elle en me fixant de ses yeux bleus, la patte toujours tendue.

Je crois que je ne me suis jamais aussi vite enfui de toute ma vie.

***

Les marques que j'avais repérées étaient maintenant à moitié effacées, le poids des ans ayant fait son œuvre...

Je rigolais tout seul devant le mur en me rappelant ma première rencontre avec la bratienne... Rien qui ne laissait supposer la naissance d'une grande amitié durant les années suivantes.

Les trois miliciens qui m'accompagnaient me regardaient bizarrement.

(Qu'ils pensent ce qu'ils veulent... De toute façon, c'est le cadet de mes soucis de savoir l'opinion qu'ont des types sur la personne qu'ils vont bientôt tuer!)

Athis et Sollow se remirent en marche, la lumière de leurs torches nous éclairant le chemin. Galec me rejoignit en trottinant, sa démarche rendue comique par sa panse considérable (imaginez-vous un tonneau à qui il aurait subitement poussé des jambes et qui s’essaierait aussitôt à la marche rapide).

"Alors? Je t'avais bien dit que c'était du bon! Effet immédiat! De l'hyraë premier choix importé par bateau... Pas étonnant que tu rigoles mon salaud! Alors tu voulais pas en prendre direct, hé? On la fait pas à tonton Galec!"


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Dernière édition par Vilnish le Jeu 30 Aoû 2012 23:27, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Ven 1 Juin 2012 14:59 
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Cela fait près d'une semaine que Jest m'a laissé dans ce trou à rats. Un endroit dont ces derniers ne voudraient même pas. Je tourne en rond, ressanssant ses paroles sur la technique qu'il m'a montré, reproduisant les mouvements un à un. De temps à autre, je me pose sur mon lit d'apoint et lis un des nombreux livres qu'il m'a donné. Des ouvrages censés m'apprendre tout ce que j'ignore sur ce monde, sur l'organisation, sur les combats, sur tout un tas de sujets en fait. Il est vrai que je dois la majeure partie de mes connaissances à ces pages. Je commence même à m'y connaitre en cuisine. Cela dit, un livre m'a complètement ennuyé et je n'ai presque rien compris. "L'amour détaillé". C'est un sentiment qui m'est encore incconu.

Cependant, il y en a un que je connais de plus en plus. L'apréhension. De jour en jour, celle-ci augmente. Jest ne m'a jamais laissé plus d'un jour. Je crois encore à son retour, c'est pourquoi je n'ai pas écouté son ordre, celui de m'enfuir s'il venait à être absent plus de trois nuits. Mais je m'attends bien à recevoir une remarque cinglante lorsqu'il me verra là.
[Fin du livre Un.]

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Dernière édition par Rayd le Lun 17 Aoû 2015 04:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 15 Aoû 2012 19:28 
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Je m'adossais brutalement à un mur, le souffle rauque: j'avais trop couru...

Crachant un peu, je tentais de reprendre le contrôle de mes poumons tout en réajustant mon pauvre plastron en lambeaux; la peur donne des ailes, c'est bien connu... Mais c'est une créancière qui récupère bien plus que ce qu'elle veut bien nous accorder; je m'étais surpassé et on ne me verrait plus courir avant une bonne paire d'heures.

Je ne devais plus être très loin du port (si mon sens de l'orientation ne me trompais pas), aussi entrepris-je de tituber d'un pas mal assuré vers ce que je supposais être la bonne direction, mes bottes s'enfonçant dans de la terre humide; les pavés ayant disparus lorsque j'avais quitté (précipitamment) les "hauts-quartiers" pour rejoindre ceux des gens du commun de cette cité... De misérables ruelles muettes et sombres, le silence ambiant étant seulement troublé de temps en temps par un miaulement plaintif de chat errant ou un jappement de chien domestique à peine mieux lotit question bouffe... Tout ici respirait la pauvreté, que ce soit à cause de l'aspect lamentables des chaumières qui peinaient à tenir debout ou bien à cause de l'absence pure et simple de poubelles (quand on est pauvre, rien ne se jette; tout se recycle).

Fatigué, mon fourreau vide cognant contre ma jambe gauche, je fis à nouveau une pause après avoir seulement parcouru quelques mètres: j'étais exténué... Les mains engourdies par la fatigue, je réussis malgré tout à boire quelques gorgées de la gourde que je portais à ma ceinture, l'eau tiédasse qu'elle contenait m'apportant un peu de réconfort pendant que je portais une attention toute nouvelle sur le quartier: j'avais grandis ici...

Enfin, pas exactement: j'avais plutôt élu domicile temporairement dans les greniers de quelques maisons abandonnées pendant la période de ma vie où j'étais complétement seul... C'est à dire avant même que je ne rencontre Runat'; chapardant dans les hauts quartiers pour ensuite semer mes éventuels poursuivants à travers les ruelles grouillantes de monde, rejoignant en douce mes refuges de fortune... Ce n'était pas ce que l'on aurait pu appeler une vie, mais je dois reconnaître que c'était une des meilleures périodes de mon existence... Tout paraissait alors plus simple, le jeune Boer n'ayant pas réellement d'ennemis, en partie à cause du fait que je n'étais qu'un orphelin anonyme parmi tant d'autres... Alors que maintenant...

J'interrompis le fil de mes pensées, apercevant plus loin un tonneau servant à recueillir l'eau de pluie; j'avais vraiment besoin d'un décrassage: du sang avait séché sur une partie de mon visage et une déplaisante odeur de sueur rance avait pris quartier dans mes haillons (mes vêtements n'étant plus vraiment dignes de continuer à en porter le nom)...

Mi titubant, mi boitant, je parvins à rejoindre tant bien que mal l'objet de mes convoitises après quelques minutes plus que laborieuses, me rattrapant à son bord rouillé pour éviter de tomber une fois arrivé à sa hauteur. Fier de mon exploit, je profitais pleinement de ma "récompense" en y plongeant ma tête avec délectation, espérant par la même occasion m'éclaircir les idées... Sans grand succès. La seule chose qui pourrait me faire aller mieux serait une bonne nuit de sommeil. Sur un bateau. Très loin d'ici.

(Bouger... Se remettre à marcher... Vers le port...)

J'étais maintenant assis en tailleur au pied de mon tonneau, parfaitement incapable de me relever tant ma fatigue était grande... Bah, je ne risquais pas grand-chose à vrai dire: il n'y avait pas de voleurs et encore moins de coupe-gorges dans ce type de quartier... En partie à cause du fait qu'il n'y a que peu de pièces à dérober dans la bourse des plus démunis.

Bon; tant qu'à être immobile, autant faire le bilan de cette journée si catastrophique (et passablement traumatisante), ce massacre en bonne et due forme... Trois miliciens morts (dont deux infiltrés de la lame de l'ombre), une famille et ses serviteurs assassinés... Et pour couronner le tout, Skula se découvrait soudainement une personnalité de psychopathe (qu'elle devait sûrement déjà posséder avant, mais le découvrir d'une façon aussi directe n'avait rien de très enchanteur).

Repenser aux corps mutilés me fit avoir un haut-le-cœur particulièrement salissant, achevant ainsi de dégueulasser mon plastron (lequel affichait maintenant une intéressante composition vomi/sang séché/boue)... Je ne pus m'empêcher de songer que s'il devait jamais s'écrire une balade de mes aventures, ce serait surtout un recueil pathétique d'anecdotes désolantes. Poussant un soupir (et me relevant tant bien que mal), je fis glisser les lanières qui retenaient mon armure avant de la balancer dans le tonneau où elle s'abîma rapidement (une armure en fer flottant à peu près aussi bien qu'un caillou); je ne porterais pas plus longtemps un tel agglomérat d'immondices...

De toute façon, à quoi bon la garder? Etre un milicien seul et sans arme dans Exech équivalait à se balader avec un panneau "tuez-moi' dessus: j'aurais bien plus de chances de survie en civil que dans une quelconque armure, aussi renforcée soit elle... J'avisais rapidement mon fourreau vide avant de le détacher lui aussi: il ne me serait pas d'une grande aide lors d'une agression, à part pour me ralentir.

C'est donc vêtu de mes seuls haillons (autrefois un uniforme pourpre de la milice et maintenant des habits déchirés, puants et affichant une couleur malsaine) que je repris ma route... Avant de m'effondrer dans la boue quelques mètres plus loin tout en lâchant une bordée d'insultes. Je résistais tant bien que mal à l'envie de hurler de frustration: les ruelles avaient beau être désertes, les beuglements d'un type seul auraient tôt fait de rameuter du monde... Et pas de celui qu'on avait envie de croiser à des heures pareilles désarmé.

"Besoin d'aide gardien?"

Je me figeais brusquement: elle m'avait retrouvé... La voix avec laquelle Skula s'était adressée à moi était atone, sans émotion... Un peu comme lors d'un jour de pluie où l'on constate que "merde, j'ai écrasé un escargot"...

"Sans..." je déglutis difficilement ma salive, la peur m'ayant soudainement asséché la gorge.

"Sans façon, merci..."

Je me retournais pour lui faire face (ou plutôt me démenais pitoyablement dans la boue pour pouvoir l'inclure à mon champ de vision) avant de rapidement le regretter: tout comme moi, elle ne semblait pas avoir pris le temps de faire un brin de toilette... Ce qui dans son cas aurait fait pâlir un troupier aguerri des légions d'Oaxaca (une prétendue déesse d'un autre continent): le sang frais qui maculait son pelage luisait faiblement sous la lueur de la lune tandis que ses yeux en reflétaient l'éclat dans la pénombre...

Elle ne sembla pas prendre note de mes dernières paroles car elle commença à s'approcher de moi. Lentement.

"Non... Non, c'est bon... Je vais pouvoir me lever tout seul..." lui dis-je d'une voix tremblante, plus pour gagner du temps que par réelle conviction.

L'autre garda le silence mais son allure accéléra légèrement; si bien qu'au fur et à mesure que la distance qui nous séparaient se réduisait, je pouvais mieux distinguer l'équipement qu'elle portait: un harnais de cuir, un couteau de combat sanglé sur sa jambe droite... Ainsi que les brassards métalliques qu'elle avait utilisés dans son combat contre Sollow, qui s'avéraient être en fait ses chaînes de détention enroulées autour de ses avants bras.

A vrai dire, j'étais perdu. Je ne savais plus que penser d'elle, les derniers événements me l'ayant rendu aussi terrifiante qu'un liykor no... Qu'un liykor noir justement.
J'avais eu la naïveté de croire que ce qui se disait sur cette race n'était que des racontars mais ce qui s'était passé cette nuit tendait à me faire penser le contraire. Je devais maintenant en assumer les conséquences... Qui promettaient d'être désastreuses à première vue.

Je tentais de mettre un maximum d'espace entre elle et moi, reculant alors qu'elle avançait... Tant et si bien que je me retrouvais finalement acculé contre le mur d'une bâtisse, sans aucune échapatoire possible. Nous nous fixions mutuellement sans mot dire, chacun plongeant son regard dans les yeux de l'autre (ce qui étais une expérience que je ne souhaitais à personne: fixer les yeux d'un liykor noir équivalait à regarder la mort en face. Littéralement)... Ce fut finalement elle qui brisa le silence par un long grondement canin, dévoilant par la même occasion une rangée de crocs effilés.


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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mer 12 Sep 2012 23:19 
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Après être sorti de la milice, je décidais d'aller directement au Tripot du Lys. N'ayant pas d'autres pistes, il était inutile que j'arpente les rues de la ville en attendant que les informations tombent du ciel. Rues qui, comme à leur habitude, étaient malodorantes et remplies de personnes peu fréquentables. L'odeur de pourriture, qui résumait bien l'ambiance d'Exech, agressait mes narines. Même si j'étais née dedans, le relent fétide me dérangeait toujours. C'est d'ailleurs pour ça que je m'étais installé dans le quartier Nord, l'odeur du port et du poisson moyennement frais étant plus supportable.

Mais, en ce moment même, le problème n'était pas la sensibilité de mon orifice respiratoire. Non, ce qui me préoccupait le plus était mon manque d'argent. Car sans lui il m'était impossible de parier et, donc, de remplir ma mission. Et bien sûr, la milice ne m'avait pas prêté de Yus...

"Merci connard !"

L'insulte qui venait de mettre adressé provenait d'un gamin qui me bousculât en courant. Etant pressé, je ne me saurai pas mis à sa poursuite si, au passage, il ne m'aurait pas délesté de ma bourse.

*Attend que je t'attrape sale morveux !*

La course était maintenant engagée. Les ruelles défilaient devant moi sans que j'y prête attention. L'important étant de ne pas perdre de vu le jeune voleur. Je gardais toujours un oeil sur lui, sachant qu'à la moindre occasion il disparaîtrait et que je ne le reverrai plus jamais... Je n'avais pas vraiment besoin de regarder devant moi, les rues de ce quartier étant larges et peu fréquentées.

Après une dizaine de minutes, la poursuite s'arrêta enfin. Effectivement, le jeune gredin s'était retrouvé coincé dans une impasse. En prenant mon temps pour le rejoindre, j'en profitai pour l'observer un peu mieux. Il devait n'avoir que dix années, vu sa taille. Chose plutôt rare à Exech, ses cheveux étaient roux comme la carotte. Une fois arrivé devant lui, il se recroquevillât sur lui-même en pleurant puis, essaya de m'entourlouper.

"Désolé monsieur. Je vous ai volé car ma mère est gravement malade. J'ai besoin d'argent pour payer les guérisseurs..."

Pour toute réponse, je lui envoyai mon pied dans la figure. Lui faisant perdre quelques molaires au passage. Voyant que son charabia ne marchait pas sur moi, l'enfant me rendit ma bourse. Seulement voilà, cela ne me suffisait pas. J'avais besoin de plus que mon argent et, le jeune Exechois était la solution. Quand je lui demandai le reste, il essayât encore une fois de me mentir.

"Mais je..."

"Ta gueule ! N'essaye pas de me mentir, ne fais pas d'histoire, et je te promets que tu resteras en vie."

"D'accord ! Tiens c'est tout ce que j'ai, je t'assure. Ne me tape plus s'il te plait !"

Une fois ces Yus en ma possession je le laissai filer avant de reprendre la route vers ma destination première, le Tripot du Lys.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Dim 16 Sep 2012 23:21 
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"Euh..." commençais-je, incertain de la marche à suivre dans une telle situation.

Skula me dévisagea encore un moment, avant de pousser un long soupir:

"Es-tu blessé?"

Elle s'agenouilla à ma hauteur et huma l'air à plusieurs reprises:

"Non apparemment."

La liykore dû noter mon regard interloqué car elle se tapota la truffe en guise de réponse.

"Le flair. Je connais ton odeur depuis que je t'ai assommé dans les cellules... Enfin, plutôt celle de ton sang. Et tu ne la portes pas sur toi, je suppose donc que tu n'es pas sérieusement amoché... A moins que tu ne fasses une hémorragie interne. Mais personne ne cours aussi vite avec une hémorragie..."

"C'est délicat à poser comme question mais..."

"Oui?"

"Tu ne me tues pas?"

"Je devrais?"

La liykore l'avait dit avec le sourire mais... Enfin, avec le type de rictus qui vous promettait une mort lente et douloureuse si on s'avisait de décevoir son propriétaire.
Sans dire un mot, elle me saisit par un avant-bras et me remit rapidement sur pieds, comme si je ne pesais guère plus qu'un vulgaire sac de farine.

"Je suppose que non..." lui répondis-je d'une petite voix, peu motivé à subir le même sort que feu mes collègues.

Skula me dévisagea encore un moment avant de rabattre les oreilles, comme un chien que l'on aurait grondé:

"Je suis désolée que tu ais eu à assister à ça..."

"Y'a pas de mal... Je... Je pense que je m'en remettrais..." mentis-je, certain que les hurlements de Sollow me hanterais jusqu'à la fin de mes jours.

Elle changea de sujet, visiblement mal à l'aise à l'idée de continuer sur un terrain de discussion instable...

"Peux-tu marcher?"

"Pas vite si tu tiens à le savoir..." je marquais une courte pause tandis qu'elle poussait un léger grognement de déception.

"Skula?"

"Mhm?"

"A quoi je vais bien pouvoir te servir?"

Je me sentis soudainement tout petit lorsque ses yeux lupins se posèrent sur moi.

(Touchée...)

"Pardon?"

"Je veux dire... Soyons réalistes: je suis un déserteur recherché par ses anciens camarades, je suis pas foutu de savoir manier correctement une épée et en plus de ça, je vais te ralentir... A quoi je vais bien pouvoir te servir? Tu n'as plus besoin de moi, tu es libre... Y'a plus de "gardien" ni quoi que ce soit qui tienne encore ici... Alors je me demande juste pourquoi je suis encore en vie? Tu m'as toi-même avoué que tu ne supportais pas les humains..." je repris mon souffle après ma tirade, espérant juste que ce discours n'aura pas de répercussions sérieuses sur ma longévité...

Elle eut un claquement de mâchoires impatient, étant semble-t-il peu motivée à s'expliquer...

"J'ai... besoin de ton aide."

Ses poils se hérissèrent, comme si le fait d'être dépendante de quelqu'un l'agaçait au plus haut point. Elle ricana:

"Disons que j'aurais besoin d'embarquer sur un bateau et que ceux de ta race ne voient pas d'un très bon œil d'avoir à bord un de leur prédateur naturel en liberté. Le loup et le mouton ne cohabitent pas très bien ensembles si tu vois ce que je veux dire..."

"En quoi est ce que j'interviens là-dedans?" lui rétorquais-je tout en me sentant pincé par la comparaison peu reluisante.

"Tu serais un I'ol, enfin un ambassadeur-diplomate-négociant dans ta langue..."

"Un intermédiaire?"

La liykore secoua la tête.

"Appelles-ça comme tu veux..."

"Ça marchera jamais... Comment veux-tu que l'on nous laisse monter à bord alors que tu es..."

Elle me jeta un objet lourd qui produisit un tintement métallique lorsque je l'attrapais au vol par pur reflexe, m'interrompant au passage... Une bourse...

"Tes copains avaient ça sur eux... Ça devrait te faciliter la tâche non?"

Je m'emmurais à nouveau dans le silence: trouver un bateau avec tout cet argent ne serait qu'une simple formalité mais le vrai problème serait ensuite la fiabilité de l'équipage... En effet, qu'est ce qui nous garantissait qu'on n'essaierait pas de nous égorger durant notre sommeil? Et puis, avais-je vraiment envie de faire équipe avec cette tueuse?
J'observais Skula qui attendais poliment que je prenne une décision tout en essayant de paraître la plus inoffensive possible (effet quelque peu gâché par le sang qui maculait son poitrail et les lambeaux de miliciens coincés entre ses crocs); je pouvais lui faire confiance, ou tout du moins, jusqu'à ce que l'on trouve un bateau... Mais pour aller où d'ailleurs?

"Et quelle sera notre destination?"

"C'est une ville côtière dans laquelle j'ai combattu à mes débuts... Une grande arène... Une foule en délire... Des cris... Du sang coulant à flots..." ses yeux se perdirent dans un monde à l'intérieur duquel je n'avais pas ma place, peuplé de souvenirs lointains et violents... Une onde parcourut sa fourrure, sans doute lorsqu’elle se remémora un combat particulièrement éprouvant et glorieux.

Je me raclai la gorge afin de la ramener à la réalité:

"Un nom m'aiderait bien si tu veux mon avis..."

Elle rabattit ses oreilles, honteuse:

"Je ne me rappelle plus du nom... J'étais encore très jeune à l'époque et je ne parlais pas votre langue... A vrai dire, je passais plus de temps à essayer de mordre mes gardiens qu'à essayer de les comprendre..."

"Pour résumer, on ne sait pas où l'on va..."

Je poussais un soupir avant de passer une main dans mes cheveux gras: au moins, on avait de l'argent... Et tout devenait possible dans cette foutue ville du moment que l'on avait quelques yus.

"Je sais par contre la situer sur une carte si ça peut t'aider".

"Tu connais l'emplacement d'une ville mais pas son nom?"

Il y eu un blanc et je me rendis compte que j'avais répondu un peu trop sèchement... La fatigue, l'odeur métallique du sang dont mes vêtements étaient imbibés... Tout me portait sur les nerfs et j'avais soudainement oublié à qui je m'adressais.

La liykore se hérissa et découvrit les crocs:

"Ne prends jamais ce ton avec moi... Je t’apprécie, mais pas au point de..."

J'agitais mes mains en signe d'apaisement:

"Je suis désolé... La fatigue... Tout le reste... Enfin, tu comprends..."

Elle eut un son de gorge qui équivalait à un "mouais" chez les humains avant de poursuivre:

"Tout le monde n'a pas eu le privilège de savoir lire gardien... J'ai mémorisé tant bien que mal durant ma détention les routes de transit des esclaves que l'on importait des autres continents. Malheureusement, un accord entre esclavagistes et propriétaires les empêchent de divulguer nos pays d'origines ou d'achat... J'ai donc dû improviser en faisant jouer mes yeux plutôt que mes connaissances."

Je m'abstins de lui demander pourquoi: un esclave qui ne savait pas où revenir s'il parvenait à s'enfuir était moins susceptible de vouloir prendre le large... L'appel de la liberté était toujours présent, mais un peu moins engageant: ne pas savoir où retrouver ses proches (ou les salopards qui vous avaient capturés) si l'on parvenait à se tailler malgré tous les risques avait quelque chose de dissuasif.
Bien entendu, cela n'empêchait en rien des tentatives d'évasions. Pour tout dire, il s'agissait plus d'une mesure de sécurité pour les esclavagistes afin de ne pas se retrouver avec d'anciennes "marchandises" prêtes à leur faire la peau une fois qu'elles avaient retrouvées leurs traces... Les esclaves étant pour la plupart analphabètes (et donc incapables de lire une carte), on pouvait parler librement devant eux des étapes successives de voyage avant de les livrer à leurs nouveaux propriétaires, du moment que l'on ne donnait pas de nom de villes de vive voix en leur présence, d'où l'utilisation d'une carte.
Le fait que Skula ait pu relever malgré tout quelques données sur une de ces étapes était sans doute dû à une baisse de vigilance de ses gardiens... Après tout, qui aurait pu supposer que les liykors noirs avaient une quelconque intelligence?

"Et donc tu aurais une carte? Ou quoi que ce soit qui me permettrais de t'aider?"

"Pas sur moi non... Mais je sais où en trouver une bien grande... Tu ne peux toujours pas marcher?" me répondis-t-elle en souriant.

"Je suis encore un peu faible si c'est ta question... Pourquoi? C'est loin?"

"Assez oui... Certains de ne pas pouvoir marcher?"

"Marcher oui, courir non..." lui repondis-je tout en commençant par me sentir agacé par ses questions. Moi devenant irritable... Ah! Je devais vraiment avoir besoin de sommeil...

Skula poussa un soupir:

"Si on commence à trainer, on risque de tomber sur une patrouille nocturne... Le mieux serait donc que je te porte alors..."

"Je suis pas sûr que..."

"Et inconscient tu seras plus facile à transporter."

"Qu...?"


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Dernière édition par Vilnish le Sam 29 Sep 2012 00:07, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mar 25 Sep 2012 20:23 
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La filature venait enfin de commencer. Mikaël, le fidèle de Vaylus, était sorti il y a cinq minutes du tripot. Je m'étais mis discrètement à sa poursuite. Bien que n'étant pas un professionnel dans ce domaine, ma victime ne m'avait pas encore repéré. La nuit venait de tomber sur Exech et, les zones d'ombres étant plus présentes, je pouvais facilement me camoufler dedans. Les ruelles qu'empruntait Mikaël se faisaient de plus en plus étroites, jusqu'à qu'il s'arrête dans un cul de sac. Pourquoi était il donc venu ici ?

"Pourquoi est-ce que tu me suis depuis le Tripot du Lys ?"

Donc, il m'avait remarqué depuis le début... Tans pis ! Cela ne changeait rien au fait que je lui déroberai son accès à la salle privée. Je sortis de ma cachette avant de lui répondre.

"Je suis venu pour ton yus de bronze ! Soit gentil et donne le moi sans faire d'histoire."

"Tu oses me menacer ! Tu ne sais donc pas qui je suis ? Pars, avant de regretter tes paroles !"

"Ton bluff ne marche pas sur moi Mikaël. Et ne crois pas que ton dieu viendra te sauver..."

"Je vois que tu es plutôt bien renseigné... Il ne me reste donc plus que le combat comme possibilité !"

Je m'élançai directement sur mon ennemi, ne voulant pas lui laisser l'avantage de commencer. Celui-ci ne réussit ni à m'esquiver, ni à me bloquer. Je l'enchaînai de coups de poings et de pieds sans qu'il ne puisse rien faire. Le combat se terminerai rapidement. Du moins, c'est ce que je croyais jusqu'à que je sente une décharge électrique. Surpris, je reculai vivement. Mikaël profita de ma retraite pour reprendre ces esprits puis, tout en rigolant, il s'adressa à moi.

"Tu m'as bien amoché mais, c'est fini. Tu ne peux plus me toucher sans te faire électriser par mon sort de protection... Maintenant, à mon tour !"

A ces mots, je mettais mis en garde, pensant qu'il allait venir au contact. Seulement, le fidèle de Vaylus avait opté pour une autre stratégie. Effectivement un éclair, qui m'avait frappé au torse, venait de me propulser un mètre plus loin. Etant un expert du combat rapproché, je me trouvai dans une mauvaise situation. Je ne pouvais qu'essayer d'éviter ces attaques magiques et, même si j'arrivai à me rapprocher de mon ennemi, celui-ci était entouré d'un halo électrique. Dans tous les cas la douleur viendrait à moi.

N'écoutant que mon instinct, je courrai rapidement vers ma cible. Mon visage affichait une expression de détermination et de concentration. Un autre éclair se dirigeait vers moi mais, je parviens à l'esquiver en me décalant sur la droite. Arrivé près de Mikaël, je le voyais préparer un nouveau sort. J'ai donc bondi sur lui, espérant le frapper tout en évitant son attaque. Malheureusement pour moi, il eu le temps de réorienter son sortilège en hauteur. L'arc électrique avait de-nouveau fait mouche et, il me propulsât de-nouveau en arrière. Je me relevai tant bien que mal, luttant contre la douleur qui rongeait mon corps.

Il me fallait terminer au plus vite ce combat car, je le sentais, la prochaine décharge me mettrai hors d'état de nuire. Je tentai donc le tout pour le tout. Une attaque frontal, sans feinte ni détour. Je me ruai comme un forcené sur mon ennemi, en espérant que celui-ci n'aurait pas le temps d'appeler sa magie. Seulement voilà, le magicien était plutôt rapide. Je le vis lever sa main et, je réalisai qu'il était trop tard pour éviter son sort. Je n'aurais pas non plus le temps de le frapper. C'était fini, j'allai perdre ce duel !

*Non !*

Mon cri mental de désespoir était fort, je ne pouvais pas mourir ici à seize ans ! Il me reste tant de choses à faire... Et, à ce moment-là, tout s'enchaîna. L'éclair de mon ennemi fût dévié par une puissante onde de choc qui me vida de toute mon énergie. Mickaël lui s'était retrouvé propulsé violemment dans les airs, assommé sur le coup. J'était abasourdi et choqué de ce qui venait de se passer. J'étais en vie et j'avais gagné ! Ne perdant pas de temps à m'expliquer la raison de ma victoire, je me saisit du yus en bronze de Mickaël avant de rentrer chez moi, exténué.

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 Sujet du message: Re: Les Ruelles d'Exech
MessagePosté: Mar 23 Oct 2012 23:39 
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On ne pouvait sûrement pas dire que la patience était un des points forts de Skula; à peine remis sur pieds que me voilà à nouveau en train d'arpenter les rues d'Exech... Mais nous manquions cruellement de temps. Nous n'avions que très peu de nourriture et pas la moindre idée de la durée que prendrait la milice à faire passer mon signalement à toutes les patrouilles de la cité: il fallait agir tant que mon relatif anonymat me couvrait encore... Je devais juste éviter de croiser les quelques rares miliciens qui me connaissaient vraiment et de toutes façons, j'avais peu de chance que l'on m'identifie en temps que fugitif; la plupart des gars ne se rappelaient pas de mon visage, seulement d'un type insignifiant en train de trier la paperasse et les comptes rendus de patrouilles sur une table pliante dans un coin du poste... "Boer? Oh, celui-là..."
Enfin... Dans le pire des cas, je n'étais plus vraiment reconnaissable; sans mon uniforme de la milice, je ressemblais juste à un type dans un gilet de mailles armé d'une épée merdique et chaussé de bottes ferrées. Un autre de ces hommes parti chercher la fortune en vendant sa lame au plus offrant... Un mercenaire... Qui ne risquait sûrement pas de trouver un boulot au vu de sa carrure ridicule selon les critères du métier.

Il faisait nuit mais les ruelles étaient pourtant encore noires de monde; en effet, j'avais opté pour un itinéraire longeant les quais d'Exech, des lieux débordants (ou plutôt dégoulinants) de vie quelque-soit l'heure de la journée. Qui plus est, les gardes postés ici était bien moins vigilants, leurs sens tellement saturés par les informations qu'ils en devenaient inefficaces. Pour ma part, j'étais ballotté dans une foule compacte constituée de citoyens, de commerçants rougeauds, de pêcheurs ivres et parfois de marins partant à la recherche de femmes à la vertu négociable... Et encore, je n'avais même pas atteint les quais. Tout ici était parcouru d'une énergie frénétique, comme si les habitants de cette ville s'animaient soudainement en sentant l'air du large à la place de celui des pots de chambre pleins...
Un homme de haute stature qui fendait la foule manqua de me faire tomber en me bousculant; un garde du corps... Bon pour moi ça. En y regardant mieux, ce géant n'était pas seul, loin de là! Ils étaient quatre grands costaux en cote de mailles qui protégeaient un... Un nain, dur à voir dans la foule en plus.

Je plissais les yeux, les petits barbus étaient connus pour leur amour de l'or, des matières pouvant se vendre contre de l'or, des yus en général, des... En bref, de tout ce qui pouvait leur rapporter plus qu'il n'étaient capables de porter. Celui-là était plutôt grand selon les standards de la race (il avoisinait le mètre cinquante) et affichait un petit sourire suffisant tandis que ses gorilles lui ouvraient la marche... De temps à autre, il lançait quelques mots à l'adresse d'un de ses congénères qui tenait une liasse de parchemins tout en y griffonnant des annotations au fusain au fur et à mesure que son employeur lui donnait ses instructions...
Ce nain ne pouvait être qu'un marchand car les rares qui s'aventuraient hors de leurs montagnes natales n'en sortaient que pour la recherche de nouveaux profits ou pour trancher les jarrets de quelques types peinant à se défendre contre une petit teigne vociférante leur arrivant seulement au niveau de l'entrejambe... Et celui-là n'avait rien d'un guerrier.

Skula et moi avions environ six-cents yus au château (pas fou, j'avais préféré laisser cette petite somme en lieu sûr, histoire de ne pas la perdre connement en se faisant chaparder la bourse)... Peut être qu'en négociant un peu, nous pourrions embarquer à bord? Non... Même-moi je n'arrivais pas à me convaincre: qui serait assez fou pour embarquer sur son navire un liykor noir?
Enfin, rien ne m’empêchais d'aller quérir une audience auprès de ce nabot à la barbe rousse... Qu'est-ce que j'y risquais après tout? Me faire vendre à la milice contre une belle somme? Misère...

Ce n'était sûrement pas en m'imaginant les pires scénarios possibles que j'allais me trouver un rafiot pour Kendra-Kâr, aussi (et ce malgré le doute qui me tenaillait les entrailles) je me résolus finalement à suivre le nain et son escorte discrètement... Ce qui n'était pas vraiment compliqué dans une telle foule.

Suivre ce thorkin était malheureusement plus facile à dire qu'à faire; le nabot avait une garde d'honneur qui lui ouvrait le passage alors que je galérais moi-même à avancer à contre courant dans une foule compacte de citoyens. Je poussais un juron lorsque je le perdis de vue alors qu'il tournait dans une ruelle annexe. En désespoir de cause, je me mis à bousculer des personnes; accélérant la cadence pour ne pas laisser filer pareille occasion de fuir cette ville... Les thorkins étaient réputés pour leur droiture et leur loyauté (surtout une fois payés), je ne pouvais rêver meilleur moyen de transport dans tout ce foutu port!

"Regardes où tu vas crétin!" me lança un type apparemment de mauvaise humeur.

Je l'ignorais, continuant à jouer des coudes pour avancer vers la venelle par laquelle avait disparu le nain...

"Mais c'est qu'il continue ce con! Oh! Je te cause!"

La populace qui m'entourait commença à me regarder d'un drôle d'air, attendant visiblement que je réponde à cet abruti pour respecter la grande tradition des altercations de rue... Malheureusement pour eux, je n'étais pas vraiment un traditionaliste, aussi profitais-je de la baisse de mouvement devant moi pour regagner du terrain sur celui qui, je l’espérais, accepterais de m'amener jusqu'à Kendra-Kâr.
L'homme derrière moi déversa un torrent d'insultes à mon encontre, dont certaines impliquaient ma mère et un certains nombre d'animaux fermiers.
Je m'en foutais: d'une part parce-que mère était morte et d'autre part parce-que j'avais autre chose à faire que cracher mes dents sur les pavés.

Finalement, je parvins à me mettre hors de portée du mécontent et de ses vociférations... S'énerver pour si peu, bah. Un sentiment d'agacement diffus s'installa en moi: non pas à cause de l'idiot de tout à l'heure mais de ce qui m'arrivais ces derniers temps... Tout se passait trop vite; le massacre dans cette maison, ma désertion et finalement mon départ prochain... Ce qui d'ordinaire se déroulait sur plusieurs mois était dans mon cas compacté en l'espace d'une semaine.
D'abord "heureux" (sauf pour la boucherie nocturne, je ne suis pas du genre à me réjouir pour ça) de tout ces bouleversements dans mon existence mollassonne, je ne pus progressivement que constater à quel point je n'y étais pas préparé; qu'allais-je devenir à Kendra-Kâr? Y trouverais-je un métier ou à défaut un logement? Allais-je y mourir de faim ou égorgé dans une ruelle? Tant de questions sans réponses mais qui me trottaient néanmoins dans la tête...

Je finis par déboucher dans ce qui devait être l'équivalent d'une place, bien moins remplie en monde que les quais... Tant mieux. Je commençais à manquer d'air au milieu de toutes ces personnes en sueur. Pour le reste, il n'y avait pas grand chose à dire sur le lieu : un endroit pavé relativement aéré au centre duquel trônait un poteau en bois croulant sous les planches de directions... Ces dernières avaient étés rajoutées au fur et à mesure par la populace au fil des décennies ; laissant les plus anciennes disparaître à travers l'écran compact de celles plus récentes. Après un examen approfondi qui me prit environ deux minutes, je fini par dénicher ce que je cherchais, une planche usée affichant pitoyablement le mot « docks » cachée derrière « plats pas chers » et « filles de joie »...

Réajustant mon fourreau qui avait commencé à se faire la malle durant ma traversée des quais, je me remis en route, fermement décidé à faire face comme un homme à ce que m'enverrait le destin dans la tronche... Enfin, ouais... Pour ce dernier point, on verra plutôt ça sur le moment.


_________________
Finalement le mieux dans un combat, c'est quand on est pas impliqué.







a beaucoup aimé ce passage du blabla: an epic time qui prend fin page 13366!


Dernière édition par Vilnish le Mar 8 Jan 2013 02:08, édité 27 fois.

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