L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 82 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Ven 10 Fév 2012 23:12 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 26 Nov 2011 00:56
Messages: 28
Localisation: Bois sombres d'Omyre
Furim était très content, Heartless lui avait dit ce qu'il devait faire, il n'en attendait pas plus.

Décider dans cet environnement si étranger ne lui plaisait guère, et il faisait confiance à Heartless.

Il venait de déclarer qu'il était son maître, pour Furim, cela signifiait "humain gentil qui sort des cages où on vous tape et qui vous emmène vous promener à l'allure d'un escargot".

Furim était à présent content et sautait sur place. Quelqu'un se battait, les humains faisaient ça de temps en temps.

Pour faire plaisir à Heartless, Furim l'appela maître

Maître Heartless ! Attaquer humain en feu ?

Sans vraiment attendre, Furim commença à se frapper la poitrine. Un geste de provocation et de défi à son adversaire. Il redoutait le feu, pour lui, c'était le danger absolu. Un liykor avait été tué dans un incendie, et il n'avait jamais vu mourir d'autres liykors, pour lui, c'était la seule chose qui pouvait le tuer.

Le liykor se dressa alors sur ses pattes arrières comme à son habitude et poussa un cri pour le moins ... bestial, attendant néanmoins le top départ de Heartless, mais étant donné qu'il n'était pas là, Furim attendait, trépignant d'impatience.

_________________


Dernière édition par Attilaa le Sam 18 Fév 2012 20:16, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Sam 11 Fév 2012 01:49 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Heartless entra alors dans une petite échoppe isolée, au coin du port. Il entra en poussant des rideaux et la première personne qu'il vit alors était un vieillard grincheux qui passait le balai dans une salle joliment tapissée avec les murs couverts de diverses camelotes. Des bracelets porte-bonheur aux prétendues "lampes à djinns" en passant par l’attrapeur de rêves, le propriétaire de cet endroit avait un goût certain pour les superstitions mêlé à une incompréhension totale de la magie ( inutile de dire que la plupart de ces objets étaient tout bonnement inutiles ). Le tapis qui illuminait le sol de la pièce par la vivacité des couleurs qu'arboraient ses motifs, représentait un tigre chassant un oiseau mythique, probablement étaient-ils tous les deux issus d'antiques folklores du désert ou symbolisaient-ils tout simplement la guerre entre Yuimen tigré et Moura, représentée sous les traits d'un oiseau marin. Jolie parure de sol en tout cas. Une table basse bien vernie et une forte humeur de tabac émanant d'un narguilé en bronze venaient compléter le tableau. Il était évident que ce vieillard qui regardait avec ses yeux grisâtres le nouvel arrivant n'était pas le maître des lieux, d'ailleurs, le maître des lieux était une connaissance d'Heartless, une très vieille connaissance, la dernière personne qui se souviendrait de lui en Exech, un passage qui lui était obligé.

Derrière la table, au bout du narguilé, une imposante silhouette féminine se distinguait sans mal derrière un nuage de tabac. Cette brume gênante s'évanouit sous l'ordre strict de la femme qui incita le vieil homme soumis à écarter davantage les rideaux pour que, d'un mouvement d'éventail, ce spectre léger fugua dehors. Heartless et la femme purent enfin se regarder. La maîtresse des lieux était loin d'être une femme de plaisir, bien qu'elle ressemblât à une ignoble marâtre de contes de fées. Son corps était fort, ample, large pour ne pas dire grossier et son visage obscur de peau oscillait entre un patibulaire naturel et un maquillage raté, mais la clarté du front visible entre ses deux sourcils noirs et le bandeau rouge qui emprisonnait ses cheveux tressés intimait à chacun le sentiment d'avoir en face d'eux une dame bénie par la sagesse qui compense la laideur de son âge avancé. Heartless la reconnut autant qu'elle reconnut Heartless.

- Sirius ! s'exclama-t-elle en se levant d'un bond.

Elle accourut vers lui et le pris dans ses bras, alors qu'elle n'adressait qu'une ignoble grimace à son vieux mari qui avait, c'était palpable, perdu la culotte dans ce couple. On aurait dit une mère enlaçant son fils à peine revenu d'une longue guerre. Elle s'était pourtant jurée mille fois de ne pas verser une larme, le borgne lui tapota gentiment le dos en guise de réconfort. Une fois les retrouvailles accomplies, la vieille femme invita Heartless à s'assoir de l'autre côté de la table, partageant avec lui son précieux tabac auquel son homme n'avait jamais droit. La femme aux allures de matrone, prénommée Mouthba, était il y avait fort longtemps, une femme "au cœur aussi gros qu'son cul, c'est à dire énorme" ( dixit Garriar, son mari ) qui s’occupait d'un semblant d'orphelinat à Exech. Un orphelinat à Exech, pensait la gente, était aussi improbable qu'une chèvre galeuse dans une chambre royale kendrane, mais Mouthba le dirigeait d'une main de fer, une immense poigne qui englobait ce lieu et le protégeait des indésirables, si bien que personne n'osait la voler, tant son verbe était dur et sa force osée. Elle était le seul rayant d'espoir pour les quelques enfants d'Exech dont l'âme n'était pas encore perdue, elle leur prodiguait des enseignements utiles, non seulement les mathématiques et la lecture, mais aussi le courage et la bonté, dans l'espoir de leur donner un futur. Une parfaite bénévole et mère de substitution en somme, si son langage n'était pas digne des plus infâmes prostituées du quartier, personne n'est parfait.

Heartless s'était retrouvé dans ce "sanctuaire infantile" alors qu'il n'était encore qu'un enfant, complètement par hasard. Et cette rencontre extasiait Mouthba à chaque fois qu'elle en parlait.

- Sirius, je m'souviens, la première fois que j't'ai vu, t'était aussi petit qu'un poil de cul d'ma grand-mère, et Yuimen seul sait d'où lui venait son pelage de gorille. Tu t'prenais pour un dur, à 8 ans à peine tu traînais avec des vauriens de la pire espèce, et ça s'voyait sur ton visage, autant de cocards et d'bleus que de pains des grandes personnes pris dans la gueule. Quand tu nous observais entre les failles des murs, tu d'vais te sentir complètement largué à voir ton visage ahuri, à peine dépassait-on le chiffre 10 que tu comptais encore sur tes doigts. Pas malin d'te dire que tu y gagnerais à dévaliser des gamines plus p'tits que toi, t'avais alors gagné que du rab de claques en pleine poire. Et oui châri, toute rencontre commence douloureusement avec toi ! Et ça t'a pas arrêté, tu t'souviens ?

Elle éclata e rire, "châri" était une expression qu'elle utilisait souvent, le "a" était accentué à l'excès autant qu'elle roulait le "r", cela contribuait encore plus à lui donner un style de vieille catin à la retraite. Mais ce passé là, elle n'en parlait jamais. Ce fut à Heartless de continuer son récit nostalgique, il n'avait pas oublié. Alors qu'il n'était qu'un enfant sans foyer de plus en Exech, elle l'avait recueilli et appris non seulement à réfléchir, mais aussi à vivre et à survivre dans une certaine mesure. Toutefois, elle n'avait qu'une vague idée inexacte de ce qu'avait été la vie de ce petit freluquet avant leur rencontre prédestinée, ce passé là, Heartless n'en parlait jamais, pas même à elle, quelques cauchemars perdus dans la nuit, rien de plus.

- Oui, j'avais essayé de passer par le toit pendant la nuit. Je pensais que je pourrais vous dévaliser pendant votre sommeil et me venger sur toi en te piquant tout ton attirail de babioles sans importances ! Et Thimoros doit bien savoir la douleur que tu m'as fait endurer ce jour-là, comment faisais-tu pour viser si bien avec un balai à travers ce toit criblé de fuites d'eau ? En tout cas, tu savais où viser pour faire mal à un homme, aussi petit soit-il ! Je suis tombé et je me tordais de douleur sur le sol quand tu as ouvert la porte et tu m'as dit : "J'ai même pas eu besoin de viser juste, les p'tits salauds dans ton genre se prennent toujours un coup là où ça leur fait mal. La prochaine fois ce sera une fourche !". Et je suis encore revenu, par la porte d'entrée cette fois, et en plein jour... Et la suite coule de source.

- T'avais de la chance que j'avais un bouquin dans la main plutôt qu'une fourche, hein châri ?


Rire partagé. Le temps ne laissait plus guère de place aux réminiscences du passé, Heartless avait aussi un intérêt personnel pour ces retrouvailles. Il prépara sa demande alors qu'il parlait encore avec son "institutrice".

- Ça fait presque dix ans Sirius... Tu t'en sors dans le monde ?

- J'ai des compagnons, et mon navire, mes ennemis se tiennent à l'écart pour le moment. Rien de comparable avec cette époque là...

- Mais... t'y retrouves-tu, dans ce monde ?

- ... J'essaie. Je m'y perds parfois. Mais je n'ai pas oublié ce que tu m'as appris.

- Sois franc avec moi. Ton œil...

- C'est une vieille blessure et une longue histoire. Je le bande parce que le soleil relance la douleur. Je me suis battu. Beaucoup... Un peu trop je dirais même.


Heartless faisait preuve d'une franchise extraordinaire en face de Mouthba, il la sentait comme une confidente sur qui il pourrait compter indéfiniment. A évoquer ses combats parfois puérils pour poursuivre un rêve qui le faisait douter de plus en plus, il garda le silence pendant un instant, un silence dissipé par les paroles de la vieille femme.

- C'est dans ta nature. Au moins, les manches à balais ne sont plus aussi redoutables.

- Ha. C'est vrai.

- Pourquoi t'es venu ici ? Pas juste pour parler je suppose ?

- Non, c'est vrai. J'ai besoin de toi et de tes relations.

- Pour ?

- Je cherche quelqu'un. Quelqu'un de puissant, et j'ai besoin de volontaires, de gens de confiance. Mes voyages sont dangereux, j'en ai conscience maintenant, et j'ai besoin de toute l'aide disponible. J'aimerais que tu m'aides à mettre sur place une organisation pour le recrutement, si je veux prendre cet homme de vitesse, je ne devrais pas m'arrêter sans arrêt pour m'entourer. J'ai besoin de toi.

- ... Je vois, finalement, tu l'as fait.

- Ouais, et je vais continuer.


Mouthba effaça toute expression de son visage et sortit une pile de manuscrits poussiéreux, elle prit une posture bien moins austère et étendit ses jambes croisées sur la table. Posture professionnelle.

- Alors, châaaari... Nom du navire et du capitaine ?

- Laide-les Maines, madame.

- Et le capitaine ? Oh, j'suis bête... Bon, ce s'ra prêt pour environ une semaine, châri. Vous avez juste à signer là et là, môssieur le capitaine Heartless ! Un nom pour l'équipage ? Ça marque les esprits, les noms du genre "Amants de la Rose trucmuche" ou "Ermites de machin-chose", non ?

- Dans ce cas... "La Confrérie d'Outremer", ouais, ça sonne bien.

- Pas terrible, mais c'est vous l'chef.


Une complicité administrative ? Même dans ces rapports sobres, l'on sentait le profond respect entre ces deux êtres, ainsi que leur désaccord. Intérieurement, Mouthba défiait Heartless de réussir dans son entreprise mais aussi de revenir sur terre pour ne plus vivre dans les rêves. Heartless faisait le sourd, signa et se leva d'un geste machinal avant de se diriger par la porte avec un sourire de satisfaction. "Alors c'est parfait", dit-il.
Il fut arrêté dans sa sortie par la dernière inquiétude de sa tutrice :

- Et dis-moi, comment s'appelle celui que tu cherches à tout prix ?

- Gallion Thunderhead.


Ces mots prononcés dans un soupir précédèrent la disparition du marin. Le regard grave de la femme à la peau noire en disait long sur ses inquiétudes. Jadis connu de par les mers, elle avait maintes fois entendu parler du Gorille. Elle s'inquiéta d'une telle ambition de la part de son ancien élève, mais s'exalta aussi de savoir qu'il avait trouvé un but dans sa vie qui promettait d'être trépidante. Heartless sortit silencieusement de la boutique et fit signe à Furim Gar Gar de l'accompagner sur le navire.
La troupe embarqua pour un autre voyage périlleux et se concentra sur les préparatifs de cette nouvelles traversée de la mer jusqu'à Oranan. Sirius apprit avec consternation que Rosa les avait abandonné à leur quête sans gloire, mais à la vue de ses nouvelles recrues, il fut presque soulagé. Trois jours s'écoulèrent, assez pour que les jeunes pousses s'habituent au tangage qui n'intimidait déjà plus du tout le marin borgne. Au premières lueurs du quatrième jour, la Laide-les-Maines largua les amarres. Destination Oranan, objectif Gorilla.
Mais, tapi dans l'ombre, le mal guettait le moindre instant de faiblesse, Heartless ne devait pas oublier qu'il portait encore sur lui la Marque maudite dont il ne parvenait pas à se séparer. Un sortilège si puissant pouvait-il vraiment être l’œuvre de pirates ?

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Mar 6 Nov 2012 20:43 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 23 Juin 2010 21:46
Messages: 4612
Localisation: Tulorim
On se retrouve comme prévu le lendemain sur le port, prêt à embarquer. Pour la circonstance, je me suis vêtu d'un ensemble ynorien de type kimono, ample et léger. Blanc nacré orné de quelques dorures près des coutures, descendant jusqu'au sol et lié par une ceinture noire à ma taille. D'une part, il cache aisément mes armes présentes sous celui-ci, d'autre part, devant passer pour un simple jeune marié je me dois de paraître normal et inoffensif. Elena elle aussi a opté pour une tenue de cette ethnie. Cependant, elle porte ce style bien plus gracieusement que moi. Sa robe violette avec d'innombrables formes roses la parcourant lui va terriblement bien. Elle remonte jusqu'à ses épaules légèrement dénudées, entoure élégamment sa poitrine comprimée et se termine en un petit nœud au centre de cette dernière. Une légère partie y est laissée ouverte de façon tout à fait délibérée pour attirer l’œil sans pour autant permettre d'y voir quoi que ce soit. Les miens n'y font pas exception et mon regard se porte immédiatement sur la partie charnue.

Un instant mon esprit divague. Je m'approche d'elle, délie lentement le lien et baisse sa robe au beau milieu du port, permettant à tous les marins et voyageurs de percevoir la beauté d'Elena. Mais elle me rappelle rapidement à l'ordre, me soustrayant à mes rêves éveillés. Celui-ci n'aura pas duré longtemps.

« Tu as gardé tes armes sur toi, comme je te l'avais dis ? »

J'acquiesce immédiatement tout en l'admirant au possible. Elle remarque sans doute l'attrait que je lui porte car rapidement, elle se retourne et s'en va. Je reprends mes bagages posés au préalable au sol et embarque sur le bateau à sa suite. Celui-ci ne part pas dans la minute, mais nous aurons tout le temps de discuter à son bord. Le trajet doit durer un seul jour, le bateau est donc aménagé de très peu de chambres et d'une petite taverne pour tenir éveillés les voyageurs n'ayant pas prit de couche. Elena m'a cependant spécifiée qu'elle en prendrait une. Elle ne veut pas rester en compagnie de soûlards toute la nuit. Mais nous n'avons pas les moyens d'en prendre une pour chacun. C'est donc ensemble que nous allons dormir cette nuit. Cette simple idée permet de rendre ce voyage et cette mission bien plus agréable.
Rapidement, nous trouvons une chambre où loger pour tout le trajet. Le lit est petit mais nous pouvons tout de même s'y reposer à deux. Elena s'y installe et me signifie qu'étant donné l'heure et le court sommeil qu'elle a eu, elle va finir sa nuit.

« Je t'accompagne, je n'ai pas dormi une seule seconde depuis hier. Le stresse de cette mission n'aide en rien. »

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Dim 18 Nov 2012 01:53 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Sam 3 Mar 2012 17:38
Messages: 1355
Localisation: Sur un foutu bateau


Même si j'avais perdu de vue le nain dans les ruelles, retrouver son navire ne fut qu'une simple formalité... Seul les thorkins pouvaient partir du principe qu'il fallait mettre autant de fer sur leurs bateaux; et j’étais quasiment sûr que celui-ci n'avait échappé que de peu au supplément "blocs de granit"...
Le vaisseau marchand était un trois mâts tout en longueur, bâti plus pour la vitesse que pour le fret de marchandises, ce qui était d'ailleurs étonnant: les nefs affrétées pour le commerce étaient d'habitude bâties sur des plans leur donnant une apparence imposante, pesante... Ce navire là était bien plus élégant, éfilé... Comment le nain pouvait-il faire du profit en vendant des biens alors que son bateau était si fin? Sa soute devait ne pouvoir contenir que peu de caisses de matériel...

Enfin... Quand je disais "fin", c'était en rapport avec les standards habituels de la marine marchande, le navire en lui même alignant avec arrogance ses quarante mètres de long au côté des malheureuses barques de pêche qui mouillaient habituellement dans le port.

Les patrouilles le long des quais pouvaient être très instructives pour qui laissait traîner ses oreilles autour de ses voisins... J'avais ainsi appris au fil du temps que les marchands faisaient en général dans la vente en gros, préférant transporter dans leurs cales beaucoup de produits ayant une valeur moindre mais qui ensemble assuraient un profit conséquent plutôt que faire du fret de marchandise ayant une forte valeur... De cette façon, les marchands de grains étaient généralement peu attaqués par les pirates (ces derniers n'allant pas se lancer dans le commerce de farine) tandis que leurs confrères transportant de l'or (entre autres marchandises de forte valeur) se voyaient souvent délestés de leur cargaison, voir parfois de leur vie. Le nain faisait donc sans doute parti de la seconde catégorie... La traversée (si l'affaire se concluait) serait donc sans doute, comme dirait Skula, intéressante.

Je poussais un soupir tout en me remettant à l'observation de mon environnement; le port était un endroit étonnamment vaste pour une ville aussi ramassée sur elle même qu'Exech... A l'image des quais par lesquels j'étais arrivé, le port donnait l'impression que la cité crasseuse se réanimait au contact de l'air du large, ce dernier purifiant les poumons de la même façon qu'une eau fraîche désaltérait un assoiffé...
Les coques des bateaux montaient et descendaient avec les remous de la mer, la forêt de mâts de différentes tailles ondulant autour du monstre métallique amarré en son centre. J'y étais... Il ne me restait plus qu'à espérer que le navire du nain desservirait Kendrâ-Kar à un moment ou un autre de son parcours maritime. Qu'importe si cela durait une semaine, un mois voire toute une année! Le but pour moi était de quitter au plus vite cette ville... Je me fichais pas mal du confort d'une telle entreprise, seul le résultat en soi m'importait.

Une voix venant de ma gauche m’interrompit dans mes pensées:

"T'aurais pas une pièce pour un coup à boire mon gars?"

Un mendiant tendit une main peu engageante dans ma direction:

"Fait froid le soir, j'aurais bien besoin de me chauffer le gosier..."

Je lui donnais une pièce qu'il empocha prestement, comme s'il craignait que je ne change d'avis en cours de route.

"Vous traînez ici depuis longtemps?"

L'homme me dévisagea, surpris par l'intérêt que je manifestais pour sa condition.

"Ouais et alors?"

Je lui désignais le navire marchand tout en continuant sur ma lancée.

"Ce bateau est arrivé ici il y longtemps?"

Son cerveau vit sans doute là l'occasion d'arrondir quelque peu ses profits au vu de ce qu'il me répondit:

"Je sais pas, ma mémoire me joue des tours si vous voyez ce que je veux dire..."

Il eu un sourire garnit de chicots avant de poursuivre:

"Mais bizarrement, elle semble se raviver à la vue de pièces brillantes... Que voulez-vous, elle est comme ça... C'est pas moi qui décide."

(Mais bien sûr...)

Je tendis toutefois à nouveau la main à ma bourse, désireux de grappiller autant d'informations que possible avant de grimper à bord du trois mâts nain.

"Et est-ce que ceci pourrait la réveiller?"

Le mendiant écarquilla les yeux devant la pièce que je lui remis en main, dix couronnes, de quoi vivre pendant une semaine dans le monde de la rue. Il referma la main dessus avant de se ressaisir, prêt à coopérer semble t-il.

"Ça se pourrait, ouais... Qu'est ce que vous voulez savoir monseigneur?" Il insista sur le dernier mot de façon à le rendre blessant.

Je l'ignorais.

"Depuis combien de temps ce navire est-il ici?"

L'autre se creusa la tête, essayant d’exhumer des souvenirs embués par l'alcool.

"Cinq jours, une semaine tout au plus je sais pas... J'ai pas vraiment fait attention..."

"Combien de membres d'équipage? Humains, nains?"

Le mendiant me jeta un drôle de regard:

"Vous préparez un coup foireux? Je veux pas me retrouver dans la merde à cause de vous moi!"

J'agitais les mains en signe d’apaisement:

"Pas le moins du monde, je suis juste... curieux on va dire."

"C'est ça ouais."

Il renifla bruyamment.

"Environ une vingtaine. J'ai vu que trois nains jusque là: un en armure qui reste toujours sur le bateau et les deux autres m'ont l'air de marchands... Y'en a toujours un à prendre des notes... Pour le reste, c'est que des humains, pas d'ici... Ils ont un drôle d'accent, encore des étrangers bah!"

"Vous les avez vu transporter de la marchandise?"

"Quelques caisses, je sais pas ce qu'il y avait dedans... Ils en ont descendus certaines et embarquées de nouvelles, des marchands, normal quoi."

Je le remerciais pour ces précieuses informations avant de me remettre en route vers le navire... J'avais donc déjà croisé deux nains sur les quais, ceux que l'homme avait décrit comme les "marchands" du groupe ainsi que leurs gardes du corps, les quatre hommes en cote de mailles qui leur tenait lieu d'escorte. Il avait toutefois mentionné un autre nain, en armure celui-ci que je n'avais pas croisé avec les autres...
Qui était-il? Un mercenaire? Un garde du corps? Le capitaine peut-être? Je doutais toutefois de la probabilité de la dernière hypothèse; aucun marin ne se risquerait à se battre avec une armure en pleine mer, le risque de passer par dessus bord était grand et une armure empêchait de flotter, c'était bien connu...

(Chaque chose en son temps... D'abord voir le nain et ensuite tirer les choses au clair...)

Tout en avançant, je lançais un regard par dessus mon épaule afin de voir ce qu'était devenu le clochard à qui j'avais graissé la patte... Avant de m'arrêter: le gars avait disparu.
Certains se seraient sans doute dit que le mendiant était juste parti se saouler un coup à la taverne du coin mais pas moi... Pas après avoir travaillé dans la milice pendant si longtemps... La majorité des forces de l'ordre de part le monde utilisaient des indics ou des infiltrateurs afin de se renseigner au plus prêt des agissements de la pègre locale. A Exech, la milice se contentait d'exploiter ceux qui ne possédaient rien d'autre qu'une bonne paire d'yeux, leur versant par la même occasion des salaires modiques, bien moins élevés que ceux des indics habituels pour des résultats d'une fiabilité tout aussi valables: en effet, la dernière chose dont voulais un mendiant affamé, c'était de se voir retirer sa seule source de revenus, aussi faibles soient-il.
A Exech, la rue surveillait ses locataires... D'une façon redoutablement efficace, il fallait bien avouer.

Et moi, pauvre imbécile, voilà que je venais d'oublier tout cela l'espace d'un bref instant... Après tout, comment aurais-je pu imaginer que tout ce système aurait un jour pu se retourner contre moi, un milicien?
Il ne me restait plus qu'à espérer que cet homme ne soit pas un de ceux utilisés par Ellias mais seulement un simple vagabond des rues comme il y en avait tant dans cette foutue cité...

Maugréant et jurant à moitié, je me surpris à hâter le pas en direction du grand navire qui tanguait paisiblement contre le quai... Moins je resterais à découvert et mieux cela vaudrait pour moi: je me faisais peut être seulement des idées (et je l'espérais sincèrement) mais les cimetières étaient remplis de types ayant crus que c'était "juste leur imagination qui leur jouait des tours". Mieux valait pour moi ne pas tenter Phaistos...

***

"Qu'est ce que vous voulez?"

"Embarquer."

"On fait pas dans le transport, on est des commerçants mon gars..."

J'avais finalement atteint le trois-mât, mais je n'en étais pas pour autant plus avancé; il avait fallu que je tombe sur une sentinelle avec un avis bien tranché en ce qui concernait les visites imprévues... L'homme (un marin avoisinant la trentaine) me dévisageait par dessus la rambarde du navire, laquelle dépassait le quai d'au moins trois mètres, me permettant de ne voir que la figure de mon interlocuteur.

"Je peux payer!"

"Mhm..."

"Ecoutez, c'est vraiment important pour moi... Laissez moi au moins parler à votre capitaine!"

"Le capitaine est occupé repassez une aut..."

Le marin ne pu finir sa phrase car à ce moment retentirent de violentes exclamations gutturales, du langage
nain à n'en pas douter.

Après quelques secondes d'un silence pesant seulement troublé par les bruits habituels du port (marins bourrés interpellant les passants, racoleuses hurlant des tarifs alléchants... Pour n'en citer que quelques uns), l'homme s'adressa à nouveau à moi, mais d'une voix penaude:

"Snorri vous attend..."

_________________
Finalement le mieux dans un combat, c'est quand on est pas impliqué.







a beaucoup aimé ce passage du blabla: an epic time qui prend fin page 13366!


Dernière édition par Vilnish le Mar 17 Mar 2015 19:31, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Mar 25 Déc 2012 02:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Sam 3 Mar 2012 17:38
Messages: 1355
Localisation: Sur un foutu bateau
On m'avait finalement mené au capitaine du navire qui était (sans surprise) un nain. Le même thorkin que j'avais croisé une demi-heure plus tôt sur les quais: Snorri (car c'était ainsi qu'on l’appelait) était un nain dans la fleur de l'âge, de stature moyenne (un mètre quarante à vue de nez) avec une épaisse barbe rousse tressée lui tombant jusqu'à la ceinture. Il ne portait pas d'armure et encore moins d'armes, à l'exception d'une petite dague ornée accrochée à son ceinturon: Snorri était un marchand, pas un guerrier. Il laissait ce genre de chose à ceux plus qualifiés que lui dans ce domaine... Des gars tels que ses quatre gardes du corps en cote de mailles, lesquels attendaient patiemment dans le couloir bordant la salle, nous laissant seuls lui et moi pour discuter calmement... Enfin, pas exactement seuls.

Il y avait aussi ce nain en armure qui s'obstinait à rester muré dans son silence et qu'on n'avait pas pris la peine de me présenter. Le thorkin nous observait converser sans mot dire, la main posée sur sa hache de façon décontractée, même si cela était difficile à déterminer chez un type engoncé dans une armure de plates naine...
Le garde possédait une barbe brune, tout aussi entretenue que celle de son supérieur: les nains semblaient presque vouer un culte à leur pilosité faciale.

Le marin qui avait été sermonné m'avait laissé en leur compagnie juste avant de disparaître, pas vraiment désireux de subir les foudres des nains une nouvelle fois: dès qu'il était question d'argent, les nabots ne plaisantaient pas...

On m'avait réceptionné dans une pièce visiblement réservée au tractations puis fait asseoir dans un canapé aux couleurs légèrement défraîchies tandis que le capitaine s'était installé pour sa part dans un siège coquet adapté à sa taille. L'autre nain était resté debout dans l'ombre de son officier, son armure luisant faiblement à l'éclairage des bougies... On nous servit des rafraîchissements, bières pour eux et vin pour moi, tant et si bien que je finis par me demander qu'est ce que je fichais ici.
Le nain s'alluma une pipe avant de m'inciter à lui narrer ce qui me menais à lui et qu'avais-je à lui offrir en échange de son aide.

Snorri m'écouta attentivement lui exposer ma situation (j'avais décidé de jouer cartes sur table) tandis que l'autre thorkin lâchait de temps à autre un commentaire dans leur langue maternelle, notamment à l'évocation de ma compagne de route ou encore ma désertion... A chaque fois le nain le fit taire d'un geste, visiblement fasciné par mon récit peu ordinaire, m'incitant à l'occasion à lui expliquer certains points particuliers:le capitaine Ellias, les maisons nobles... Et bien évidemment, Skula.
Je ne savais pas si le nain me croyait ou non, mais la liykore l'intéressait au plus haut point; sans doute se demandait-il ce qu'une créature comme elle pouvait bien faire en compagnie d'un type comme moi... Puis vint l'instant fatidique:

"Et qu'attendez-vous de moi mon cher Boer?"

Je vidais mon verre histoire de me remonter un peu le moral...

(Allons-y...)

"Nous aurions besoin d'une place à bord de votre navire pour rallier Kendra Kâr, si c'est une question d'argent, on peut..."

"Nous?"

"Je n'ai pas réussi à me débarrasser de la liykore, elle vient avec moi."

"Jusqu'à preuve du contraire, je ne vous ai pas encore accepté à mon bord."

Le garde thorkin manifesta son approbation d'un grognement.

"J'ai de l'argent..."

"Et j'en ai encore plus, je vois mal en quoi j'aurais besoin du votre."

Snorri s'installa d'une façon plus confortable dans son fauteuil avant de me regarder attentivement:

"Qu'avez-vous à m'offrir que je ne puisse acquérir par moi même?"

Je me mis à réfléchir à toute vitesse: notre embarquement à bord de ce rafiot dépendrait de la réponse que je fournirais au nain. Une erreur et nous étions bons pour nous trouver une barque et ramer jusqu'à Kendra Kâr...

(Une idée putain...)

Le nain tira une bouffée de sa pipe et s'amusa à faire des ronds de fumée, me laissant seul face à mes emmerdes.

"Je..."

"Que savez-vous des liykors noirs mon cher Boer?"

La question me pris au dépourvu.

"Ben... Plus de choses que la plupart de gens je suppose."

Il sourit.

"Vous êtes donc au courant que vous vous trouvez du mauvais côté de la chaîne alimentaire?"

"Oui..." soupirais-je. "Mais ma chair ne semble pas vraiment l'attirer, alors..."

"Elle a besoin de vous, qu'en sera t-il ensuite? Ne risque t-elle pas de se débarrasser de vous une fois à Kendra Kâr?"

Je savais très bien où il voulait en venir, mais j'avais besoin de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre que moi...

"Ne le prenez pas mal, mais vous n'êtes qu'un humain... Une proie dont elle doit s'embarrasser et qui de plus la ralentit. Sans compter que la proie sait beaucoup de choses sur elle, en particulier le fait qu'elle existe..."

"Euh..."

"Les liykors noirs sont bannis de toutes les cités: savoir que l'un d'entre eux hante les rues d'une ville déclancherait une battue générale."

Il tira une nouvelle bouffée de sa pipe avant de poursuivre:

"Extrêmement lucrative d'ailleurs pour celui qui l'aurait dénoncée... Qu'est ce qui vous fait croire que je ne le ferais pas?"

"Vous êtes un nain..."

Snorri eu une moue de dedain.

"Un peuple fier et noble c'est ça? Porté sur les valeurs de l’honnêteté de la loyauté? Bah!"

Le barbu en armure ricana derrière son casque tandis que je secouais la tête négativement:

"Vous ne m'avez pas laissé finir: vous êtes un nain. La milice ne vous payera pas pour cette information, ce qui au vu des risques encourus ne sera pas rentable pour vous."

J'étais légèrement nerveux, espérant intérieurement que le nain ne tenterais rien de stupide... La liykore et moi pouvions semer la milice dans les ruelles mais sûrement pas toute la cité.

Le marchand croisa les mains sous son menton en souriant:

"Vous pouvez aussi me mentir..."

"Oh, certainement pas. Les gens d'ici tolèrent mal les non-humains... Et c'est d'autant plus vrai dans la milice. Pourquoi croyez-vous que les taxes d'appontage étaient si chères lorsque vous êtes arrivés ici?"

"Vous êtes drôlement bien renseigné pour un déserteur."

"J'étais l'un des rares miliciens à savoir lire; on m'avais collé à la paperasse..."

Snorri ne répondit pas pendant quelques instants, le commerçant en lui calculant les inconvénients et les avantages qu'il tirerait du fait d'avoir à son bord un liykor noir.

"Combien êtes-vous prêt à dépenser pour embarquer à bord de ce navire?"

"Ce qu'il faudra."

Il hocha la tête:

"Je suis heureux de voir que nous nous comprenons: quatre cent yus par personne me semblerait être un bon début."

"Nous n'avons pas une telle somme... Trois cent chacun."

"Trois cent cinquante."

"Trois cent et je travaille comme matelot à bord durant le trajet."

Snorri considéra un instant ma proposition:

"Vous avez des connaissances en matière de navire?"

"J'apprend vite..."

"Pas suffisant. Vous savez vous servir de ce machin?"

Il désigna mon épée.

"J'ai une liykore noire, à côté de ça une..."

"Sur mon bateau, chaque homme doit être en mesure de manier une arme afin d'assurer sa propre sécurité: mon navire n'a pas la place d'embarquer des soldats pour les défendre."

"Et vos hommes de main?"

"Ce sont avant tout des marins." Il me désigna le nain en armure. "Seul Thonin fait figure d'exception... Alors qu'en est t-il de vos compétences?"

"Je saurais me débrouiller pour rester en vie."

Une réponse qu'il pourrait interpréter comme bon lui semblerait; pour ma part, cela voulait surtout dire éviter autant que possible les combats et ainsi de se soustraire à une mort potentielle.

Le nain se leva de son fauteuil avec un grand sourire plaqué sur le visage:

"Excellent! C'est ce que je voulais entendre de votre part mon cher Boer! Je vous souhaite la bienvenue à bord du Sombrelame... Nous appareillerons dans deux jours à l'aube. Vous nous rejoindrez, vous et votre amie, demain dans la soirée. Avec les yus évidemment."

Je me levais à mon tour gauchement afin de lui serrer la main:

"Six cent yus alors?"

"Six cent yus. Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin..."

"Juste avant de partir... Avoir un liykor noir à bord ne risque t-il pas de rendre l'équipage nerveux?"

Snorri agita la main d'un air dédaigneux avant de me sourire:

"Oh... Pour ça, on à rien à craindre, nous avons de l'argent."

(De l'argent?)


_________________
Finalement le mieux dans un combat, c'est quand on est pas impliqué.







a beaucoup aimé ce passage du blabla: an epic time qui prend fin page 13366!


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Ven 17 Mai 2013 15:22 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Jan 2011 09:51
Messages: 1074
Localisation: Gwadh
Alors qu'elle marchait vers les portes de la ville, Miurah tenta de l'arrêter ou du moins de la raisonner avec une curieuse offre. Craignant les dangers d'Exech, il se refusait à l'idée de la laisser s'aventurer dans la ville seule. Au moins, Rosa s'arrêta un instant pour répondre :

« Ce geste de votre part bien qu'il soit rempli de bonnes intentions est dangereux. Lorsque nous avons parlé à la Cruche fendue, vous vous souvenez ? Les envieux de votre savoir, ceux là même qui nous ont pourchassés, doivent probablement vous attendre chez vous. »

La shaakt s'éloigna, le protecteur était partagé entre culpabilité et résignation. Triste spectacle de la voir faire souffrir ses pieds nus sur les routes infâmes d'Exech, Thalo chercha à rassurer le sindel :

« Vous savez... Je reconnais là une mage qui vient d'avoir une idée en tête et du genre bornée, très fixe l'idée. Cela dit, je ne suis moi même pas très tranquille. Hm, votre idée de l'accompagner jusqu'au port n'était pas si mauvaise. Je la rejoins par contre sur les dangers que vous courrez là bas et ne je resterai pas dans les parages si j'étais vous. Quelque soit votre choix, je souhaite que Gaïa veille sur vous. Ce fut un honneur d'avoir trouvé cette relique avec votre aide.»

Le guerrier lui adressa un signe de tête puis s'éloigna vers la zone d'embarcation. Il s'émerveilla tandis qu'il marchait à la vue d'un cynore qui atterrissait. Il fallait que dame Aqamaq voit ça, il n'y avait aucune raison d'avoir peur face à de telles merveilles !

Rues tortueuses et sinueuses, la différence entre les marécages putrides et cet endroit semblait mince. Les passants la prenaient pour une mendiante, Rosa devait faire face au pire à une attention méprisante sinon une totale indifférence. Ne cherchant pas les regards, elle avançait d'un pas pressé vers les quais se souvenant vaguement du chemin à prendre. En premier lieux, elle devait traverser la place publique, cette dernière très animée annonçait sûrement l'heure des vols à la tire. Rien qu'à cette idée, elle dissimula ses mains sous son manteau. Plusieurs bousculades, la shaakt épuisée se laissait pousser, elle évitait juste qu'une douloureuse chaussure ne lui écrase ses pieds. L'odeur d'eau croupie lui indiqua qu'elle n'était plus très loin. Les passants et habitants changeaient de visages et de vêtements pour des matelots sales, des porteurs couverts de sueurs et pourquoi pas quelques rats ? Les bateaux se dévoilèrent finalement mais pas la Laides-des-Maides. Un agent du personnel portuaire s'entretenait avec un capitaine, la shaakt ne pouvait entendre leur conversation mais saisit la conclusion, le deuxième tendit sans aucune discrétion une bourse assez conséquente puis retourna sur son navire. Empochant son bien mal acquis, le responsable n'accordait pas le moindre intérêt à la mage. Alors qu'il faisait une longue rayure sur son registre, il dut constater qu'une encapuchonnée le fixait. D'une voix monocorde, celle qui servait à congédier les indésirables, il lui lança :

« Allez mendier ailleurs. Essayez la place publique. »

Rosa dut faire un effort considérable pour ne pas envisager l’intimidation.

« Je cherche un navire et j'aimerai savoir sa destination. Je peux bien évidemment vous payer. La Laides-des-Maines.  »

« Me payer ? Ah ! Ça c'est la meilleure ! Vous ? Ah. Oui... Il s'agit bien de yus. Bon... Ça me revient. Un bateau volé n'est ce pas ? Oui, il a bien fait de ne pas trop s'attarder dans le coin. Le navire a pris le cap d'Oronan. Une bonne journée, dame. Très très bonne journée pour ma part dans tous les tous cas.»


Il ne cachait pas sa surprise de voir son salaire augmenter avec l'aide d'une va-nu-pieds au sens propre ! L'humain la regardait repartir vers la place publique dans une éphémère réflexion puis retourna à ses affaires lucratives. Cette dangereuse course s'étant finie, Rosa ne cherchait plus qu'à rejoindre Thalo avec la même vitesse.

_________________
Image


Dernière édition par Rosa le Mar 13 Aoû 2013 20:23, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Dim 21 Juil 2013 00:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Sam 3 Mar 2012 17:38
Messages: 1355
Localisation: Sur un foutu bateau


Tout se passa finalement comme prévu: j'avais atteint le navire, j'étais monté à bord... Et un nain que je n'avais pas croisé lors de ma première visite s'était empressé d'encaisser la monnaie (six-cent yus bordel!).
Je ne pus m'empêcher de marmonner un "saloperie de radin" bien senti... une fois qu'il m'eu tourné le dos et que je fus certain qu'il ne pouvait plus m'entendre.

Le "Sombrelame" était un fier bâtiment; tout de fer revêtu, les rambardes soigneusement décorées dans le plus pur style d'artisans des nains...
J'étais impressionné: on ne m'avait jamais dit que les nabots avaient une quelconque affinité dans la construction de navires... Mais comme dans toute chose qu'ils entreprenaient, les barbus y avaient mis tout leur talent (d'aucuns dirait même leur âme, mais je ne me sentais guère d'humeur poète ce soir-là).

On m'installa dans la réserve, un endroit plus spacieux que ne le laissait supposer son nom...
Le fait de payer ma place m'octroyait tout de même un petit traitement de faveur. Il n'y avait certes pas de quoi sauter au plafond (au demeurant assez bas), mais cela suffisait à égayer ma soirée.

"Heu... S'cusez moi m'sieur... M'sieur?"

La voix du jeune marin qui m'avait mené à ma "cabine" me sortit de mes pensées.
Je lui fit comprendre d'un regard qu'il n'avait pas intérêt à me déranger pour rien; j'avais beau ne pas avoir une constitution de gladiateur kendran, j'excellais en matière de visage renfrogné... Une mauvaise habitude prise lors de mes quatre années de service à la milice sans doute.

"Quoi?"

"C'est à propos de la liykore..."

Il marqua une pause, un peu trop longue à mon goût.

"Oui?" l'invitais-je à poursuivre, passablement agacé.

"Heu... C'est que j'sais pas trop comment dire ça..."

"On couche pas ensemble si c'est là ce que tu te demandes..."

J'enchaînais rapidement, conscient que je pouvais être mal interprété:

"Pas dans la même cabine j'veux dire."

Le jeunot se détendit visiblement, heureux de s'être fait ôter les mots de la bouche... Le gamin devait avoir quinze ans à tout casser, un mousse sans doute.
Je me surpris honteusement à me demander combien de temps il pourrait encore survivre en mer. Le métier de marin était (et reste) dangereux, et il était des maladies que même la magie ne pouvait soigner... Le scorbut par exemple. Une charmante saloperie qui permettait aux capitaines d'avoir de moins en moins de soldes à payer au fil de leurs pérégrinations...

"Pourquoi cela?"

"Snor... Enfin, le capitaine Snorri dit qu'on n'a pas de place disponible pour elle... On pensait la mettre dans les enclos à bestiaux mais..."

Le rat putride qui se tapissait en mon moi profond ne put s'empêcher de sourire méchamment en imaginant les marins tenter d'expliquer à la liykore où se situerait ses quartiers...
En revanche, mon air narquois disparu rapidement en devinant la suite.

"Non... Elle va pas roupiller ici dites?"

"Je crois que si m'sieur..."

Je mis un petit moment à lui répondre, non pas à cause du fait que j'allais devoir me coltiner Skula pendant la traversée mais parce que je venais de réaliser que le gamin me donnait du "m'sieur" depuis le début de notre conversation.
Avoir quelques yus en poche était un étonnant facteur d'ascension sociale.

"Heu..."

"Mhm?"

"Du coup m'sieur, c'est moi qui doit aller la chercher?"

Son visage irradiait d'un tel espoir que je n'eu guère le cœur à le contrarier.

"Non je m'en charge... Elle est où d'ailleurs?" demandais-je au gamin dont la tension se relâcha si soudainement que je cru qu'il allait s'effondrer.

"Enclos à bêtes, on a pas oser lui parler... Heu... Harold lui tient compagnie, mais je crois pas qu'il apprécie vraiment... Il a tiré la mauvaise carte vous voyez..."

***


Je suivis le gamin à travers les coursives du navire, prenant intérieurement des notes sur la disposition des lieux... Avant de cesser cette activité stupide, un bateau n'étant après tout qu'un long couloir bordé de pièces annexes.

La seule particularité notable du navire consistait en sa construction sur deux niveaux: le premier accueillant les quartiers de l'équipage, le second (et plus bas) servant de dépôt pour les vivres (l'endroit était même assez vaste pour accueillir deux vaches, lesquelles pourvoyaient l'équipage en lait frais). Quand au pont, il était pour sa part encombré de marchandises bachées diverses...
Le capitaine nain ne m'avait rien dit sur la nature exacte de son fond de commerce et je ne comptais de toute façon pas le savoir... Car si j'avais bien appris une chose à la milice, c'était qu'il y avait deux types de personnes: les gens curieux et les gens vieux... Et j'escomptais bien appartenir à la seconde catégorie.

***


Au final, nous tombâmes sur la liykore au moment où elle semblait sur le point de dévisser la tête du dénommé Harold, un marin potelé qui peinait à retrouver son souffle alors que ses pieds patinaient à une dizaines de centimètres du sol...
Pas besoin d'être un génie pour comprendre qu'il avait dû aborder (contre son gré) le sujet épineux du "où loger".

Et il en payait visiblement le prix.

Cher.

Je me décidais à intervenir avant de nous retrouver avec des morts... Un simple raclement de gorge suffit à attirer l'attention de Skula.

"Le problème est réglé très chère... Vous dormez dans la réserve ce soir." lui annonçais-je avec un sourire forcé.

"Merveilleux." me répondit-elle froidement, relâchant au passage un Harold surpris d'avoir toujours un cou.

Elle me dépassa sans mot dire, me bousculant presque, avant de disparaître dans les coursives... La traversée s'annonçait folichonne.

Une toux rauque me fit me retourner vers les deux membres d'équipages encore secoué de leur rencontre avec ma compagne de route. Harold tentait de reprendre son souffle tandis que le mousse serrait à s'en blanchir les phalanges une amulette d'argent qui, selon la croyance populaire, était censé repousser les liykors noirs (ceux-ci l'ayant, d'après les légendes, en horreur).
Pas franchement efficace, il fallait bien le reconnaître.

Ce fut finalement Harold qui rompit le malaise ambiant, d'une voix encore un peu enrouée.

"Je... Bordel de merde, on va vraiment l'embarquer à bord?"

"Elle est arrivée il y a longtemps?"

"Comment ça, vous êtes pas arrivés ensemble?"

"On a eu un léger différent..."

"Vous savez quoi? Je m'en fiche. Donnez moi juste une seule putain de bonne raison pour pas aller régler son compte à cette grognasse!"

"Euh... Je n'essaierais pas à votre place, du moins, pas tout seul..."

"J'ai une putain d'arbalète!"

"M'est avis qu'il lui faudrait plus qu'un putain de carreau dans la gueule pour la crever... Et je crois pas que vos jambes puissent vous portez assez vite si elle est encore en état de bouger." répliquais-je d'un ton aussi diplomatique que possible, le gros commençant sérieusement à m'agacer...
Bien sûr, sa colère à l'encontre de la liykore était parfaitement légitime (se faire étrangler sans raison valable n'a en soit rien d'agréable) mais...
Quelque chose dans ce gars donnait envie de le rosser à coup de semelles cloutées. Sans doute son apparence proche des poivrots que nous passions à tabac aux sorties de tavernes avec mon unité.

"Tu te foutrais pas de ma gueule mon gars?"

J'étais à peine arrivé sur ce foutu navire que je me mettais déjà un membre d'équipage à dos. Magnifique.
Mon premier réflexe fut de porter la main à mon épée. Le second fut d'interrompre ce geste en cours de route, mon cerveau se rappelant subitement que ma lame était pour le moment portée disparue. Enfin, le troisième fut de dévisager Harold de la tête au pieds pour finalement me rendre compte qu'une rixe avec ce gros tas suant (et à l'observation, plutôt musclé) se solderait par beaucoup de bleus. Pour moi.

"Pas le moins du monde." lui répondis-je tout sourire.


_________________
Finalement le mieux dans un combat, c'est quand on est pas impliqué.







a beaucoup aimé ce passage du blabla: an epic time qui prend fin page 13366!


Dernière édition par Vilnish le Sam 21 Mar 2015 03:02, édité 55 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Dim 4 Aoû 2013 15:32 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 22 Juil 2013 20:41
Messages: 471
Localisation: quête 30

____________________________________________________



"Maintenant suis-moi, nous allons en ville. C'est là-bas que tu vas apprendre ta prochaine technique."

Armelle fut un peu étonnée de cette annonce. C'était excessivement rare d'aller en ville. Ce n'était pas un lieu pour la famille Belmont, la cité n'apportait rien de bon. D'une part, plus on avait de contacts extérieurs, plus on risquait d'attirer l'attention. D'autre part, chaque quartier était contrôlé par un gang mafieux différent. Chacun avait une manière bien à lui de gagner de l'argent, mais ils étaient tous dangereux.
La jeune fille se demanda si elle pouvait demander à son oncle la raison de leur présence ici, mais elle se ravisa. Il était plus que probable qu'il ne dirait rien avant d'être à destination. Elle suivit alors en silence la longue traversée. Ils devaient passer par les marais, c'était une région peu agréable. Il y faisait chaud, c'était rempli de moustiques à cause des nombreux trous d'eau qui parsemaient la région. Il s'y dégageait une odeur de pourriture sans discontinuer toute la journée.
Ils arrivèrent à l'entrée de la ville. Son oncle s'arrêta net et se retourna vers elle en sortant une corde.

"Tes poignets, je te pris."

Sans réellement hésiter, elle se demanda à quoi tout ceci rimait à la fin. Elle tendit alors ses deux mains vers son oncle. Il commença alors à l'attacher solidement en passant plusieurs fois la corde autour de chaque poignet, avant de faire un nœud. Le reste de la corde lui servait à tirer sa prisonnière dans la ville. Comme si de rien n'était, comme si tout était normal, il affichait un grand sourire satisfait lorsqu'il lui expliqua.

"Je vais te faire combattre dans une arène privée en tant que mon esclave. Si tu veux pouvoir t'en sortir, il va falloir que tu tues ton adversaire. Ne t'en fais pas, comme tu es prétendue nouvelle, tu rencontreras un débutant également. Tu devrais pouvoir t'en sortir, mais méfie-toi quand même. Une femme est très rare dans ces arènes, tu vas avoir beaucoup de succès.
Plus que le combat lui-même, l'important est de gagner le cœur de la foule. Tu ne pourras pas communiquer avec moi, tu seras seule une fois dans l'arène.

Les règles sont simples, deux combattants dans une fosse assez petite, qui fait bien ses vingt mètres. Les armes sont normalement tirées au hasard, mais cette fois-ci cela sera truqué. Tu auras des couteaux de lancer.
Tu dois te demander pourquoi tant de spectacle seulement pour un entraînement. Disons qu'il est important que tu ressentes les sensations du danger et d'un réel combat. Je veux que tu apprennes également une technique.
Elle permet de renverser ta cible et même de l'assommer si tu te débrouilles bien. Cela te sera utile presque en toutes circonstances. Le principe de cette technique, c'est que tu dois accumuler ton ki suffisamment, mais juste ce qu'il te faut. Tu dois faire comme Ortega te l'as enseigné.
Tu n'auras pas autant d'essais que tu le voudras, alors concentre-toi bien. Nous arrivons, tais-toi maintenant.

(Mais je n'ai absolument rien dis ... )

Nous arrivâmes dans le quartier du port, il y avait beaucoup de monde. Plusieurs regardaient alors cette jolie jeune femme que l'on amena poings liés et apparemment docile. Elle les regarda bizarrement de leurs réactions étranges. Elle sentait leurs regards explorer son corps sans s'en cacher une seconde. Son oncle tira d'un coup sec sur la corde, certainement pour la remettre à l'ordre. Le garde sourit légèrement en regardant de haut en bas, mais d'un regard différent.

" Ah ! Alors la voilà enfin cette fameuse donzelle dont tu nous rabâchais les oreilles ? Pas mal ... pas mal du tout. On en mangerait."

Le garde de cet établissement plutôt glauque avança sa main vers les fesses de la jeune combattante. Immédiatement, Son oncle le mit en garde sur le ton de la plaisanterie.

"Fais attention, elle est farouche celle-là. Tu risques d'y laisser des doigts !"

Tous rirent à cette remarque plutôt justifiée. Au moins, ce garde n'en avait pas profité. Très rapidement, son oncle la fit entrer afin d'éviter tout problème. Il semblait bien connaître les lieux, et ce combat était apparemment prévu de longue date. Il la guida vers une pièce en sous-sol dégoûtante. Il y avait du sable souillé certainement par du sang des combats, il y avait différentes armures sur des présentoirs. Il posa un sac de jute devant elle en montrant d'un mouvement de la tête un banc.

"Change toi et prépare-toi. Le combat ne va pas tarder maintenant. Dorénavant tu es seule à pouvoir te sauver la vie. Bas-toi et donne tout ce que tu as ma petite."

Son oncle la laissa alors dans cette pièce, tandis que l'on referma à l'aide d'une grille par où elle était entrée. Sans plus attendre, elle ouvrit le sac en toile de jute et découvrit une armure assez sexy en cuir moulant. Elle douta quelque peu de l'efficacité de l'armure réelle, c'était plus pour la galerie qu'autre chose. Elle se changea rapidement ne se posant pas de question, il était bien trop tard pour fuir la situation. Il aurait fallu y penser bien plus tôt.
Une fois l'armure bien mise comme il fallait, la jeune archère découvrit que la protection était faite pour mettre en valeur certaines parties de son corps. Elle avait un casque qui ne protégeait pas grand-chose, mais qui était joli. Il était en cuir créé à partir d'une cervelière avec de petites ailes sur le côté. Son plastron offrait une vue avantageuse vers sa jeune poitrine à tout à chacun. Elle se demanda l'espace d'un instant, si c'était réellement pour se protéger. Une partie de ses bras était découverte, malgré une protection au niveau des épaules et des mains. Le haut de ses cuisses était à libre entre une petite jupe en cuir et des cuissardes. Enfin, son ventre plat était à découvert offrant une vue parfaite vers son nombril.
Armelle secoua vivement la tête trouvant tout ceci bien stupide. Elle préférait largement son armure habituelle. Soudain vers la sortie de la pièce barrée d'une grille, elle entendit de plus en plus d'hurlements et une voix qui haranguait les foules.

" Messieurs ! Messieurs ! Ce soir, nous avons pour le premier combat deux nouveaux-venus ! De la viande fraîche ! Un combat à mort bien évidemment ! Que du beau spectacle ce soir !
D'un côté, il nous vient du désert, un homme des sables. Il est fort, il est vigoureux, il est flamboyant au combat !
Quant à l'autre combattant, c'est une femme ! Oui messieurs ! Mais ne croyez pas que le combat est déjà gagné d'avance ! C'est une vraie tigresse ! Et je l'ai vu tout à l'heure ... Elle est magnifique ! Cependant du calme, elle n'est pas à vendre, seulement à boire des yeux !

Allez messieurs ! À vos paris !"

(Alors c'est à cela que ça rimait ? Un simple combat pour de l'argent ? J'espère qu'il y a bien plus que cela quand même. )

Armelle commença à s'étirer légèrement pour faire chauffer ses muscles. Elle savait que ce ne serait pas du tout le même combat, que contre le petit gamin voleur blessé. Cette fois-ci, c'était un combattant en pleine forme dans un espace clôt. Ils auraient tous deux les mêmes avantages et inconvénients.

(Si je veux gagner facilement, je vais devoir prendre l'avantage dès le début du combat. Ensuite vu ma tenue, il faut que je l'utilise au maximum. Je dois jouer de mes charmes pour lui faire baisser la garde. Et si je jouais à la fille apeurée ? Il faut que je gagne la foule à ma cause, cela sera un énorme soutien.)

Quelques minutes plus tard, les hurlements de la foule se faisaient plus grands encore. La grande voix reprit alors.

"Et maintenant, ils vont devoir choisir leurs armes ! Faites entrer les combattants !!!"

À ces mots, la herse devant la jeune fille se leva rapidement. La foule était encore plus en délire, son adversaire devait être entré maintenant. Elle sourit légèrement en prenant son temps, elle voulait jouer à la pauvre fille après tout.

"Dépêche-toi d'entrer. Ne me force pas à venir te chercher, tout le monde t'attend. De toute façon, tu sais très bien que tu finiras par y entrer alors en avant."

Dit alors un garde par la herse de là où elle était entrée. Elle tourna la tête vers lui, et sans attendre elle entra dans l'arène avec de petits pas, peu rassurée. Toute la salle rit alors doucement à cette pauvre fille face à l'homme qu'elle découvrait.


Image

Il devait avoir le même âge qu'Armelle. Il était roux avec un style plutôt étrange à cause d'une partie de ses cheveux rasés, ses piercings. Il avait de beaux yeux bleus, la peau claire, certainement de la même ethnie que la sienne. Il avait une armure pas de meilleure protection qu'elle. Il portait une cervelière également sans décoration, le torse à découvert excepté une épaulière et une bande de cuir en travers du torse. Lui aussi portait une jupe en cuir avec de hautes bottes.
Malgré tout ceci, il ne faisait aucun effet à la jeune femme qui le regardait sur le côté. Il la regardait avec un peu de peine, elle ne comprenait pas ce regard. Il ne pouvait plus supporter cette idée, il prit la parole lorsqu'on lui tendit un sac pour choisir son arme au hasard.

"Je ne peux pas la combattre, c'est ridicule. Non mais regardez là, elle ferait une femme parfaite pour ma maison, mais rien de plus ! Amenez-moi un autre combattant et je ferais tout ce que vous voudrez."

Dit alors le jeune homme. C'était le discours classique de l'homme de wielh, cela ne la surprit pas du tout. Elle se contenta de lui sourire doucement faisant la vierge effarouchée, lorsque le commentateur reprit la parole d'une voix claire.

"Allons allons, pioches donc une carte gamin ou c'est toi que l'on saigne. Tu n'as pas le choix ! Combats la ! Alors maintenant pioche une carte pour savoir ton arme ! "

La mort dans l'âme, le jeune homme tourna sa main lentement dans le sac et en sortit un papier. Il ne voulait même pas regarder. Il tendit le papier au commentateur qui prit immédiatement la parole.

" Ho ho ho ! Le fléau d'armes ! En voilà une arme magnifique ! Tiens et bonne chance, tu en auras besoin. Allez à la demoiselle ! "

Il me tendit le même sac que précédemment, sauf qu'elle vit parfaitement l'ajout du papier sur la pile. Comme si elle n'avait rien vu, elle prit le papier du dessus et le lit à haute voix en le montrant.

"Les couteaux de lancé."

On lui tendit deux bandes en cuir avec une dizaine de couteaux de lancé sur chaque. La jeune fille passa immédiatement les deux réserves en cuir le long de son torse. Il était facile pour elle d'accéder à chacun rapidement. C'étaient des couteaux de lancer classique sans manche et très aiguisé. Quant à son adversaire, il disposait d'une arme assez spécifique. C'était ce que l'on appelait un fléau d'armes, un manche avec deux chaînes et une boule de métal avec des piquants. Bien utilisée, cette arme pouvait s'avérer fort puissante, mais pour cela il fallait réussir à s'approcher.

"Je rappelle que c'est un combat à mort ! Pas de pitié ! Tous les coups sont permis ! Allez !"

_________________
Image


Dernière édition par Armelle le Ven 9 Aoû 2013 14:17, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Lun 5 Aoû 2013 12:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 22 Juil 2013 20:41
Messages: 471
Localisation: quête 30

____________________________________________________







Le garçon dont elle ignorait le nom n'était guère motivé à attaquer. Il tenait l'arme sans grande conviction dans sa main droite. Il la regardait ennuyé, mais il n'avait pas le choix. Il se frotta de sa main de libre les cheveux réfléchissant.

"Tu sais, tu peux abandonner. Je ne te ferais pas souffrir et tout ira bien. Sinon ça risque de durer un moment, et tu mourras de toute façon."

Armelle hocha la tête lentement en le regardant avec un sourire pincé. La foule essayait de pousser les deux combattants à s'entretuer, après tout ils étaient tous venus pour cela. Elle n'avait pas pris de couteau de lancé en main encore. Elle se contentait de garder ses distances envers l'homme, décrivant un cercle le long du mur.
L'arène était en terre battue de couleur rouge, les murs étaient faits de cette même terre. C'était davantage un trou d'une vingtaine de mètres qu'une réelle arène en fin de compte. Il y avait des pieux en bois rougis par de multiples sans tout en haut des murs, afin de dissuader quelqu'un de s'échapper. Enfin, il y avait une grille en bois qui protégeait plus ou moins les spectateurs. Des personnes armées d'arbalètes et d'épées faisaient le tour de l'arène. Ils étaient autant là pour protéger d'un mouvement de foule du public, que de surveiller les combattants.

"Je comprend, faisons cela alors. "

La jeune femme prit sa voix la plus douce pour lui répondre. Son adversaire hocha la tête lentement en baissant sa garde, tandis qu'il s'approchait avec un sourire gêné. La foule ne comprenait pas du tout ce qui se passait. Elle lui tourna le dos lentement jusqu'à le sentir contre elle. La jolie brune prit délicatement et sans se faire voir un couteau dans sa main, qu'elle glissa le long de son corps.
Le garçon avait dans l'idée de lui briser le cou d'un coup sec. Elle se colla sensuellement contre lui, se laissant faire totalement penchant la tête sur le côté droit. Elle laissait libre vu à sa jolie poitrine par le décolleté et à la peau de son cou nacré. Le garçon ferma les yeux en humant son doux parfum. Il glissa ses mains sur les épaules de la belle.

"Cela ne va pas te faire de mal, je te le jure."

"Cela j'en doute quelque peu ..."

"Mais si, je t'assure que ... AAAAAAAAAAAAAAAAAH !"

Sans aucune espèce d'hésitation, Armelle planta une dague de lancée dans la cuisse droite de son adversaire, qui poussa un cri de surprise et de douleur. Elle s'éloigna bien rapidement le laissant bien comprendre ce qui s'était passé. Elle avait perdu son regard niais et gentil, pour un visage ferme au regard de glace. Ses beaux yeux brillants étaient plongés dans les siens.
La foule hurlait à ce coup en traître, ils avaient semblé adorer cela. Le jeune homme se tenait la jambe en poussant un autre cri de douleur, il venait de réaliser que cette charmante jeune femme c'était bien moquée de lui.

"Ca, tu vas me le payer ! Je te jure ! Sale garce ! Ce genre de choses ne se fait pas !"

"Tu peux abandonner si tu veux. Ta mort sera douce, je te l'assure. "

La foule était de plus en plus hargneuse de ce retournement de situation. La frêle jeune femme, qui devait se faire tuer par l'homme, se voyait en faite commencer à avoir un sérieux avantage. Le jeune homme était blessé à la jambe, il aurait du mal à se déplacer rapidement maintenant. Cependant, il était très motivé maintenant pour abattre la femme en face de lui. Il avançait pas-à-pas vers elle en grimaçant tenant fermement son arme en main.
Armelle était bien décidée à garder son avantage face à son adversaire. Elle faisait de petits pas rapidement au sautillant en rond, essayant de garder le maximum de distance avec lui. Cela l'agaçait encore plus, il forçait sur sa jambe pour la rattraper. Elle prit dans sa main droite trois couteaux de lancés. Elle était gauchère, cela lui permettait surtout de frapper rapidement.

La jeune femme n'avait pas oublié le pourquoi de sa présence ici, apprendre une nouvelle technique. C'était une situation difficile pour se concentrer, esquiver les attaques et tenter la technique. Le jeune homme en face lui en voulait énormément, et il ne rêvait que de lui faire la peau.

(Rappelons nous ce qu'à dit le moine, je dois sentir mon énergie intérieure partout dans mon corps. Je dois le créer profondément en moi, jusqu'à l'emmener vers l'endroit que je veux. )

Armelle essaya de se concentrer malgré la nécessité de fuir le jeune homme, qui se rapprochait rapidement. Elle ne pouvait pas non plus ne plus attaquer, la foule lui en voudrait et changerait de champion. Tout en essayant de commencer sa technique, elle essaya d'envoyer un couteau de lancer une fois du ki accumulé. Malheureusement, toute son attention était tournée vers sa technique, et elle échoua lamentablement. Son arme de jet lui glissa des mains, manquant de lui trancher son propre pied. Elle ne pouvait se permettre de se baisser pour ramasser son couteau, le garçon était à quelques mètres. À cette vitesse, elle allait se faire rattraper.
La jeune femme recommença le même processus. Elle s'imaginait son ventre être le lieu de création de son énergie. Elle achemina son ki à travers ses veines ou le long de ses os vers son torse, puis son bras gauche pour commencer à s'accumuler dans un nouveau couteau de lancer.
Une fois une bonne dose d'énergie mit dans son arme de jet, elle ne savait pas trop combien était nécessaire, elle se décida qu'il était temps de tester. Le garçon serait là à son niveau dans pas longtemps. Elle envoya le couteau de lancer chargé de son énergie vers sa cible. Il se détourna légèrement sur le côté esquivant partiellement la lame, qui lui trancha net le côté du torse. Sans qu'il puisse s'en apercevoir, l'arme de jet se planta dans le sol avec violence dû au ki accumulé.

Le garçon était enfin au contact. La jeune femme eut juste le temps de prendre une dague de lancer dans chaque main, avant qu'il ne l'attaque. Il donna un coup à la verticale au niveau de son épaule gauche. L'attaque était assez lente, certainement due à la blessure. Elle put alors parer le manche avec un couteau non sans difficulté. Cependant, elle avait oublié les chaînes avec les masses d'armes qui passèrent sa garde et vinrent lui frapper l'épaule.
Armelle grimaça en sentant ses chaires se faire meurtrir. Elle réussit à bloquer son gémissement de douleur. Elle fit un pas en arrière et très rapidement chargea avec son ki la lame de lancer. Elle l'envoya comme elle le put avec sa douleur contre le torse dénudé du jeune homme. Il fut totalement surpris lorsqu'il fut éjecté en arrière avec une force insoupçonnable, mais il ne tomba pas à la renverse.

(Mince ... je n'ai pas dû mettre assez de ki dans la lame. C'est pour cela que l'attaque a été si faible. Si je ne gagne pas rapidement ce combat, je risque d'y passer ! Il faut que je récupère un peu mon souffle, mais c'est le risque que lui aussi en fasse de même.)

Armelle était légèrement essoufflée et tremblante à cause de la blessure. Le jeune homme recommença à foncer sur elle. Elle n'aurait pas le temps de charger son ki de la bonne façon. Le premier coup, elle avait mis trop d'énergie ce qui rendait le projectile trop lent et trop puissant. Le second, elle en avait mis pas assez à cause de l'angoisse du combat. Elle devait prendre son temps afin de faire une attaque entre les deux, mais pour cela, il lui fallait un minimum de temps.
Le pari était très risqué, soit cela passait, soit elle y passait. Elle n'avait pas oublié que le combat était à mort. La présence des hommes armés dans les gradins n'était certainement pas fortuite. La jeune femme tenta un coup de bluff afin de se préparer. Elle avait une lame de lancer dans chaque main, le jeune homme lui fonçait dessus. Elle tenta de lui parler, il lui fallait quelques secondes pour bien mesurer la force du ki et la mémoriser.

"Tu es plutôt doué, je dois l'avouer. C'est même dommage que l'un de nous deux doive mourir, tu ne trouves pas ? "

Un brin étonné en se demandant si ce n'était pas un piège, le jeune homme s'arrêta dans sa course à quelques mètres d'elle. Elle ne semblait guère agressive maintenant, elle gardait cependant ses armes en main. Son couteau de lancer dans sa main gauche bougeait légèrement. Elle était en train de calibrer la bonne puissance nécessaire dans l'arme de jet. La jeune femme commençait à avoir des sensations dans ses mains, qui lui permettaient de bien mesurer la force dans l'objet. Elle savait qu'avec de la pratique, elle réussirait bien plus rapidement sa technique.

"Oui, et bien je crois que l'on n'y peut pas grand chose maintenant, non ? On est tous les deux esclaves. On doit juste se battre pour la galerie, et puis ..."

Le jeune homme retira la lame de lancer dans sa cuisse en grimaçant. Il la jeta à terre accusant tout de même le coup. Sa blessure maintenant ouverte saignait le long de la cuissarde en cuir. Il semblait être de plus en plus pâle, cette blessure commençait à dater depuis le début du combat.
Armelle savait que tous deux n'étaient pas des combattants hors pair. Ils n'avaient pas la résistance nécessaire de subir plus de deux ou trois blessures sans être très handicapé pour poursuivre le combat. Ils en étaient à une blessure partout, la fin approchait pour l'un ou l'autre. Impossible de deviner l'issue de cette rencontre.

"Ce n'est pas comme si tu m'avais pris en traître ! "

"Désolé, mais il faut dire que tu avais tout de même l'avantage. "

Soudainement, le jeune homme vit que quelque chose n'allait pas avec la jeune femme en face de lui. Elle était dans une position de combat en train de jouer avec sa lame dans sa main. Elle n'arrivait pas à garder simplement son arme en main, peu habituée encore à la sensation de ki massive. Il ne savait pas trop ce qu'elle faisait, mais cela ne sentait pas bon du tout. Au regard du jeune homme sur sa main, elle sentait qu'il avait compris. Elle se mit naturellement plus en défense s'attendant une à réaction agressive.
Ce fut alors le signal de départ pour le jeune homme, il fonça littéralement sur elle. Armelle choisit de subir l'attaque avant de répliquer. De toute façon, si elle réussissait elle gagnerait obligatoirement. Et si elle ratait une nouvelle fois sa technique, elle n'avait pas la force de la tenter encore. L'attaque fut à nouveau verticale en pleine tête, Armelle décida de bloquer l'attaque plus en avant que la dernière fois. Elle évita la plupart des dégâts en croisant ses deux lames contre le manche du fléaux d'armes, mais subit à nouveau des dégâts à cause des chaînes.
La jeune de la famille Belmont lâcha un gémissement de douleur en plissant les yeux. Elle n'avait pas le temps de se morfondre sur elle-même. Elle devait se dépasser, oublier la douleur et vaincre son adversaire ou mourir. Elle fit un saut le plus long possible en arrière afin de surprendre le jeune homme.
Armelle envoya sa lame de lancer de la dernière chance vers le torse de son ennemi, qui se planta sans difficulté. Immédiatement, il fut éjecté en arrière à nouveau avec une force surprenante. Il tomba en arrière dans les vapes lâchant son arme. Sans attendre, elle lui sauta dessus à califourchon, glissant sa lame sous sa gorge. Elle regardait la foule qui hurlait comme des damnées de la surprenante jeune femme.
Très rapidement, tous crièrent à mort le poing levé. Les hommes armés se figèrent et observèrent le couple réunit dans l'arène. Il était certain qu'ils n'hésiteraient pas à les abattre tous les deux si elle ne faisait rien. Alors que le jeune homme commençait à émerger de l'attaque assommante, Armelle en profita pour lui trancher la gorge de long en large.

Maintenant, le combat était terminé. Le vainqueur était désigné par les hurlements de la foule.

_________________
Image


Dernière édition par Armelle le Jeu 8 Aoû 2013 18:57, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Mer 7 Aoû 2013 11:15 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 22 Juil 2013 20:41
Messages: 471
Localisation: quête 30

____________________________________________________

 
 
 
 
Armelle se releva lentement après avoir égorgé son adversaire. La foule hurla de rage du beau spectacle, elle en redemandait. D'autres combats n'allaient pas tarder à suivre, qui serait certainement bien plus impressionnant que le sien. Les hommes armés dans la foule poursuivirent leurs rondes après la fin du combat. Il fallait croire que la jeune femme avait fait ce qui était nécessaire.
Elle regarda sa propre main armée de son couteau de lancer recouverte de sang. Puis son visage revint vers le pauvre homme des sables qui était pris de spasmes incontrôlables. Elle se dirigea vers lui découvrant une chaîne avec une petite lune en argent autour de son cou. Elle lui enleva avec soin pour le prendre et se le passer au cou.
 
"Ce n'est pas comme si tu en avais encore besoin là où tu vas ? Permets moi de le prendre, je me souviendrais alors toujours de toi. Encore une vie que j'ai dû prendre. "
 
Armelle se releva lentement en regardant sa nouvelle prise, elle sourit légèrement. Dans le public son oncle lui faisait signe de se rendre vers la sortie. L'annonceur promettait déjà que le prochain combat allait être encore plus épique que celui-là. Elle ne prit pas mal du tout de n'être qu'un combat faible servant uniquement d'ouverture. Cependant, elle était heureuse d'avoir pu apprendre cette technique au prix de quelques blessures.
La jeune archère se dirigea alors vers les grilles qui s'ouvrirent pour lui permettre de partir. Elle entra dans la pièce où déjà un homme se préparait pour le prochain combat. Il semblait avoir l'habitude et avait un meilleur matériel qu'elle. Il la regarda l'espace d'un instant, mais ne dit rien du tout.
 
"Laisse donc toute ton armure et tes armes ici, habille-toi. Ton maître t'attend déjà petite." 
 
Dit alors un garde à travers la grille par où Armelle était entrée. L'autre combattant qui se préparait au prochain combat la regardait avec une certaine impatience. Elle n'avait guère le choix que de se plier à ce petit jeu pervers. Le garde et le combattant me regardèrent, comme si c'était le prochain spectacle de l'arène qui s'annonçait. Cela ne la dérangeait pas du tout d'être regardée, elle n'était guère pudique. Elle commença par retirer ses gants, les posant délicatement sur le banc tout à côté. Puis ce fut le tour de son pourpoint, le garde à la grille lui lançait un regard avide sur son corps de jeune femme.
Cependant, c'était douloureux avec la blessure dans le dos. La Belmont entendit le combattant se lever en étant juste derrière elle. Soudainement, elle se demandait ce qu'il comptait faire dans cette situation. Sans un seul mot, il posa ses mains sur ses épaules en arrêtant ses mouvements pour retirer son armure. Elle ne résista pas et se laissait faire avec son cœur battant la chamade.
Le combattant très délicatement finit de retirer le pourpoint d'Armelle qui lui cachait son dos. Il posa ses mains de part et d'autre de cette blessure, qui la brûlait légèrement. Elle n'osait pas trop bouger ne sachant pas ce qui allait arriver. Elle put entendre un bruit d'un pot s'ouvrir et des senteurs fort en plantes se dégager dans la pièce. Le grand et terrible guerrier passa avec une douceur surprenante deux doigts avec ce produit apaisant contre sa blessure. Cela faisait tant de bien qu'elle ferma les yeux. Il fit de même avec l'autre blessure sur son épaule. Sa main était si grande et puissante, c'était impressionnant. On aurait dit comme son oncle, sauf que lui était doux, gentil et attentionné, malgré son regard. Ce n'était qu'un homme après tout.
Une fois finie, le combattant donna une petite claque sur les fesses de la jeune femme qui sursauta. Il rit légèrement en refermant le pot qu'il avait en main.
 
"Allez file maintenant. Une gamine comme toi ne devrait pas perdre son temps ici. Ce n'est pas pour toi, dis le à Francis." 
 
Armelle fut bien surprise et le garde assez déçu de n'avoir pas plus de spectacle. Elle sourit gentiment au combattant qui ne semblait pas faire vraiment attention. Il était certain cependant que son oncle et cet homme se connaissaient. Elle ne poserait sûrement pas la question des circonstances. Elle se dépêcha de retirer le reste de son armure, pour pouvoir remettre ses vêtements habituels.
La jeune demoiselle Belmont sortit alors de sa cage devant le regard noir du garde. Son oncle l'attendait dans le couloir contre le mur. Il la prit par la main et la guida hors de l'arène. Il semblait être ravi avec deux bourses de pièces bien remplies à sa ceinture.
 
"Tu as faits du beau travail, même si tu fus bien trop sensible. Tu dois te détacher du combat, tu n'as pas à mettre autant de sentiments, cela pourrait te nuire. "
 
"Oui mon oncle, je tacherais de faire plus attention."
 
Répondit alors la jeune brune aux yeux bleus avec un air fatigué. Certes, ses blessures avaient été guéries avec un baume, mais le combat quoi que court fût intense. C'était son véritable premier combat en face à face. L'assassinat du petit voleur dans les catacombes n'avait rien à voir. Il n'y avait pas la même intensité dans le combat. Dans l'arène, leurs regards s'étaient croisés, ils avaient souffert ensemble. Elle avait senti parfaitement son dernier souffle s'en aller. Elle avait même gardé un souvenir de lui. Que pouvait-il bien signifier ce collier pour lui ? 
Armelle passa sa main sur sa tunique en sentant le bijou en forme de croissant de lune contre sa poitrine bandée. Elle sourit légèrement bêtement. C'était comme si cet homme dont elle ignorait le nom ne le quitterait plus jamais.
 
Le retour au manoir se fut dans la douleur, la marche était fort longue. Ils devaient traverser presque toute la ville, pour se rendre dans les marais. C'était terriblement épuisant et son oncle ne l'attendait pas vraiment. Il ne lui apporta aucune aide, ce qu'elle ne lui reprocha pas d'autre part. Vu que c'était elle qui devait aider Alécia pendant sa mission, qui l'aiderait elle ? Personne ! Elle devait donc être totalement indépendante en tout, survie, premier soin, trouver un lieu en sûreté.
 
"Cela te forge le corps ma nièce. Deviens forte, dépasse-toi. Allez Armelle ! Toi tu as le droit d'être blessé, même de mourir, mais ta mission ne doit pas en pâtir. "
 
Elle ne put que hocher la tête doucement. Ce fut une leçon cruelle, mais importante selon elle. L'arrivée au manoir fut des plus agréables pour la jeune femme. Elle avait des cernes sous les yeux de fatigue, la tête basse. Elle traînait les pieds en entrant dans le manoir, tandis que son oncle s'en retourna vers ses appartements. Il sembla ignorer totalement l'état de sa nièce, désintéressé par son sort.
Le pire, c'était qu'Armelle ne lui en veuille absolument pas, c'était une faiblesse de sa part, sa faute en somme. Elle tomba à genou épuisée par la longue marche dans un bruit sourd, le souffle court. Son oncle ne s'arrêta pas une seule seconde, ni aucun regard derrière lui. D'autres de la famille principale la regarda à terre à bout de forces, mais ils ne dirent rien. Elle ne demandait pas non plus d'aide, cela se passait ainsi dans la famille Belmont.
 
Heureusement pour Armelle, sa mère accourut rapidement à ses côtés. Il était certain que quelqu'un avait dû la prévenir en voyant sa fille dans un état pareil. Elle s'agenouilla à côté en la regardant dans les yeux.
 
"Tu as la mine pâle, tu en as fait beaucoup trop. Que s'est-il passé ? "
 
  "Un entraînement, un simple entraînement. J'ai manqué de prudence et d'efficacité. "
 
"Ah, vous faites vraiment la paire toi et ton oncle, c'est d'un facile pour avoir une réponse ! Bon allez vient, je ne vais pas te laisser là comme cela tout de même."
 
"C'est bon, j'ai juste besoin de dormir et tout ira bien."
 
" Et bien pour le moment, tu vas devoir écouter le docteur. Un bon bain, tu manges un petit quelque chose et après au lit. Et plus d'efforts pendant un moment. "
 
"Oui oui maman ... Très bien ... "
 
Armelle ne contesta pas la prise de contrôle de sa mère. Elle semblait assez préoccuper, et elle ne voulait pas la contrarier. Elle glissa son bras autour du cou de sa mère, et se mit en route pour leur petit appartement.
Sa mère lui fit couler un bain dans une grande cuvette en bois. Elle savait que sa fille était très fatiguée. Elle se devait de la surveiller pendant tout ce temps de peur qu'elle ne se noie. Elle déshabilla sa fille qui se tenait à peine sur le mur, en découvrant ses blessures.
 
"Qui t'a soigné ? "
 
"Un combattant de l'arène, très mignon d'ailleurs, il t'aurait plu. "
 
"Et voilà maintenant qu'elle divague ... "
 
Armelle ne put se retenir de rire à la réflexion. La fatigue la rendant quelque peu malléable. Sa mère inspecta avec minutie les deux principales blessures, assez surprise.
 
"Hmmm bon ... cela ira. Tu diras à ce charmeur qu'il a fait du bon travail."
 
Une fois le bain prêt, sa mère l'allongea dans l'eau en restant toujours à ses côtés. Cela faisait un grand bien de se sentir toute légère et entourée de cette matière chaude et agréable. Quelque partie de son corps lui brûla au départ, puis tout s'apaisa bien vite. Elle tomba dans un sommeil profond dans le bain.
À ce moment, la mère d'Armelle la prit dans ses bras en râlant qu'elle avait bien grandi depuis tout ce temps. Puis la coucha dans  son lit .


____________________________________________________

Chapitre 1 :

1. Une dette d'honneur

____________________________________________________

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Ven 9 Aoû 2013 18:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 22 Juil 2013 20:41
Messages: 471
Localisation: quête 30

____________________________________________________





Armelle arriva au port d'Exech qui n'était pas bien grand d'ailleurs. Comme le reste de la ville, c'était complètement en train de pourrir à l'abandon. Le long des pannes des quais couraient des énormes rats bien gras. Au fond de l'eau putride nageaient des poissons noirs indéfinissables. Tout était rance dans cette cité depuis l'abandon total de son roi. La prise de contrôle des clans de bandits n'avait en rien arrangé les affaires des habitants.
La jeune femme était heureuse dans un certain sens d'habiter un manoir loin de la ville. Elle n'aurait guère supporté une vie dans de pareils lieux. À moins qu'elle ne quittât sa famille pour rejoindre le clan qui dirigeait le port.

"Quelle sottise. Jamais je ne pourrai quitter ma famille. Notre mission est bien trop importante. "

Elle se dirigea alors vers le quai où mouillait une aynore. Un accès au navire volant avait été mis en place, des gardes et un préposé à l'embarquement bloquaient le passage. Elle sourit légèrement voyant plusieurs personnes rebrousser chemin. C'était juste de penser que le voyage était hors de prix pour la plupart des personnes de cette ville.
Armelle était habillée comme une dame de compagnie d'une famille bourgeoise, elle faisait sensation sur le port. Elle ignorait les regards et les sifflements sur cette charmante personne seule, mais armée d'au moins un arc et d'une lame à la ceinture. Elle se rapprocha en essayant de prendre un l'air le plus distingué possible, mais cela n'était que pour mettre en rage les badauds du port.

"Je suis attendue pour une mission en ville de Oranan, j'ai un sauf-conduit. Il me faut déjà aller à Tulorim, vous vous en doutez bien. Tous les frais de voyage seront à la charge de la cité comme le dit ce papier. "

Armelle tendit alors le parchemin à la personne sous des regards suspicieux des deux gardes. Le préposé déroula le parchemin et le parcourut rapidement du regard. Le papier avait tout d'officiel, et portait de plus le sceau de la cité. Il hocha la tête et fit un signe de la main de monter à bord.

"Fort bien madame, nous partons bientôt. Le voyage durera deux petites heures si tout va bien. "

" Tout ceci est parfait, je vais aller visiter votre charmant bateau. "

"Un navire madame, un navire. "

Armelle l'avait faite exprès, elle le savait fort bien, mais c'était mieux dans ce rôle de faire la niaise. Elle lui sourit et regarda à droite puis à gauche."

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Dim 29 Sep 2013 09:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 2 Aoû 2010 05:51
Messages: 186
Localisation: Le désert de l'Ouest
(((Post précédent: La place publique)))

Rester ici n’a aucun sens. Mendier, quêter, recevoir tout juste assez pour me nourrir... et recommencer. Lutter pour garder ma place, cette place débile dans cette ville odieuse. Tout ça pour ne pas TE rejoindre, pour ne pas mourir... pour continuer à survivre.

Survivre, en sachant que TU m’as tout pris. Survivre en sachant que le bonheur est impossible, interdit, maudit... Survivre encore un jour. En sachant bien qu’il y aura une fin à la survie... JE TE HAIS! Car TU n’as qu’à attendre, n’est-ce pas? Attendre que la survie, que MA survie prenne fin. Pour m’avoir. Comme tu as eu Leticia, Ophelia... maman.

Attendre la prochaine obole. Pour acheter à manger. Pour payer le maître et garder ma place. Pour pouvoir encore être là demain...

Attendre et ne pas devenir fou.

Dormir, enfin. Mettre fin à une autre journée, trouver le repos, non, l’oubli. Peut-être que demain, mes yeux reviendront. Peut-être que demain, on me donnera assez de yus pour ne plus avoir à mendier. Peut-être que demain...

Marcher. Vers le port, vers la plage. Dalle de pierre sous mes pieds... Boue... sable. J’y suis. M’étendre. Mes vêtements qui m’enveloppent. Une autre nuit qui arrive... Miséricorde...

Réveil brutal. Sensation de froid. Où est passée la chaleur étouffante de ce bourg moisi? Disparue, vide, tout semble vide... Sable. La plage, je suis toujours sur la plage. J’entends les vagues. Tout est normal. Et pourtant, ce froid...

"Eurm... Y’a quelqu’un? "

Silence. Rien. Odeur de sel et de poisson... la mer. Sons de vagues, craquements des quais en bois. Brise légère sur mon visage... Normal. Et pourtant...

Là, un son! Faible, comme un frémissement... Un chuchotement dans le vent... Provenant... d’en haut? Non, ça se déplace, ça... Perdu. Qu’est-ce que c’est, merde qu’est ce que c’est!

Chair de poule. Le froid ne recule pas, au contraire. Il envahit, pénètre, viole mon corps. Froid déprimant, froid tenaillant... froid terrifiant. Froid connu. Car je l’ai déjà ressenti avant, n’est ce pas? Moura, mais qu’est-ce qui se passe?

Crissement à peine audible. Odeur de... de charogne? Là, dans le vent... Ça sent...

"CROÂÂÂ!"

ARGH!! Là, là, là, à gauche, juste à gauche! Un oiseau, non, un corbeau... TON corbeau! Car c’est TOI, le froid, je le sais! TU n’en as pas assez de jouer avec moi, merde, merde, merde!

Bruit de froissement, à nouveau. Envolé... Battement d’ailes. Où, où va-t-il, où... Par ici, merde, par ici!

Sensation de plumes contre mon visage. Nausée. Vomir, je veux vomir... Agiter les bras. Rien.

À droite! Plumes sur mon visage, sur mon nez, dans ma bouche...

"Vas-t-en! FOUTU ORDURE VAS-T-EN!!"

Perte de contrôle. Mes bras battent l’air sans que j’y pense. Rien. Trop rapide. Parti. Battre l’air, chercher, mes mains cherchent... Rien.

Froid intense. Douleur naissante, comme si mon sang s’était transformé en glace et voulait faire éclater mes veines.

"À l’aide!"

CALME-TOI. Il va revenir, attend-le, trouve-le. Ignore le froid, ignore la nausée, écoute... LÀ!

Raclement sur mon crâne. Cheveux tirées, arrachés. Peau qui cède sous... des serres.

"AIE!"

Explosion de douleur dans mon orbite. Un bec, il me becquette l’œil! Me l’aurait bien arraché si je l’avais encore... Sang poisseux, sur ma joue gauche. Mais que me veux-TU??? Mal. L’agripper, vite... trop tard. Envolé. Mais POURQUOI, POURQUOI???

CALME, calme, calme, calme. Pense. Pen... Vomir.

"Beurrrgghhh"

Convulsions dans mon corps. Goût aigre dans ma bouche. Déglutir. Encore. Ignore, ignore le mal de cœur, le corbeau, trouve le corbeau! MAIS RÉAGIS DONC!

"CROOÂÂÂÂÂ"


Trop tard... Orbite, encore! Douleur fulgurante, mal de tête. Le froid... Mon cerveau... Penser... Mal à la tête... Battre des mains... Trouver, agripper... Touché! Je... Parti, le corbeau est parti, MERDE! Brûlure aux doigts. Une, non deux plûmes... Elles brûlent!

Fou, je deviens fou... Calme-toi, pense, brûle, froid!

Partir, me sauver, SURVIVRE. Me lever... Là, tranquillement... ENCORE! Plûmes sur mon visage. Un bec qui me lacère la joue. Je dégueule, je vomis... Malade...

Du sable. Dans ma bouche. Qui se mélange au vomi. Mes jambes qui se dérobent... Chute. Le visage dans le sable. Me recroqueviller... Protéger... Loin du corbeau... à l’aide...

Penser, réfléchir. Brume dans ma tête... Froid... Mal...

Crissement. Il s’est posé. Près de moi. Rester dans le sable, tête entre les genoux, lui présenter mon dos... Pitié...

Il me rend malade. Il m’arrache peau et chair. Il... il me tue. Ne m’enlève pas ça, non, non, non, non, pas ma SURVIE!

Je le sens. Sur mon dos. Il picoche, picoche, picoche... Troue mes loques, rompt le tissu... Atteint ma peau. Lacère ma peau. Sensation de sang qui coule le long de mon torse...

Rester. Ne pas partir, ne pas mourir... de froid. Ne pas... perdre... connaissance.

Phaitos. C’est un envoyé de Phaitos, je le sais. Incohérent... Réfléchir... Rester, c’est mourir. Peux pas bouger. Penser, penser... Trop rapide. Trop silencieux. Trop... trop froid. Il picoche, picoche, picoche... Mal...

La fiole. Cette fiole maudite, TA fiole. TON pouvoir. TA fiole... mais MA survie. Une chance, peut-être, seule chance... Donnez-moi une chance...

Ma main dans mes vêtements. Tremblante. Poche intérieure, voila. Tâtonne... Verre. Froid. La voila. Et il picoche, picoche, picoche... Mon dos, il remonte, mon cou, mon crâne... Picoche... Finir, je veux que ça soit fini...

Déboucher la fiole. Ne pas penser, ne pas réfléchir... Liquide. Dans ma bouche. Avaler, d’un coup. Pitié...

Glace, c’est de la glace. Liquide. Ma bouche, ma gorge, mon estomac. Partout. Froid, tellement froid... glacial.

Aucune sensation. Aucune nausée. Juste le froid. Et le vide. Plus de corbeau, plus de douleur, plus de mal de tête. Rien.

Vide.

Vide.

Vide.

Faiblesse.

Dormir, je veux... dormir. Pourtant, le corbeau... Son bec.... Toujours là. Je le sais, mais je ne le sens pas. Indolore. Dormir...

Lerce! Réveil, pense! La survie est en jeu. Réveil-réveil-réveil-réveil-réveil...

Le corbeau. Priorité. Le corbeau, c’est LUI. Il est là pour te pousser à en finir, à mourir... Non. Pas maintenant.

Sortir le froid. Il faut... sortir le froid. Le repousser. Sur LUI, sur son corbeau.

Redonne-moi ce que tu m’as pris. Redonne-moi mes esprits. Redonne-moi mes yeux! Redonne-moi Ophelia. Redonne-moi ma force. MEURS...

Le corbeau, toujours sur mon dos. MEURS. Il picoche. MEURS. Sois froid, sois vide, TOI. Pas moi, TOI. Redonne-moi ma vie. Redonne-moi ma force. Redonne, redonne, redonne...

"CROÂÂÂ?"

Les serres quittent mon dos. Le corbeau s’envole. Sensation... étrange. Comme... comme une chaleur. Faible, mais... réconfortante.

"CORBEAU! Redonne-moi ma vie!"

Ça continue. Le vide, le froid... Non, un peu de chaleur. Un peu plus. Tranquillement. Espoir... Espoir!

"CRRR..."

Le corbeau. Je l’entends... Froissements de plumes. Devant, devant... LÀ!

"Redonne, redonne! À MOI!"

Bond. Mes jambes se détendent d’un coup... Presque. Les mains devant. Contact... Plûmes! Ah, non. Échappé. La nausée... elle est là. Mais la chaleur aussi. REDONNE!

Clair, pense clair... Le vide, la chaleur... Non, focus! Pense. Pense. Écoute. Là. À gauche... il... il... croasse? TU le sens aussi, maintenant, hein? TU sens le froid? Le vide? La... mort?

Envoyer le froid... Sur lui... Dehors le froid, dehors, DEHORS! REDONNE-MOI! Il est là, je le sens, je... Encore une fois... Raidir mes muscles... Bondir!

"Redonne-moi TOUT"

Mains qui fendent l’air. Rien. Chute, retombé dans le sable...

"CROÂÂÂÂÂÂ!!"

"Cratch!"

L’oiseau... Coincé! Sous mon ventre! Non... Une aile. L’autre bat frénétiquement mon flanc gauche. Et il picoche, picoche, picoche... Croasse sans cesse. Coincé, il est coincé, coincé avec MOI! Je SUIS sur son aile! MEURS.

Vomir le froid. Sur LUI. Prendre SA chaleur. Pour MOI. Chercher, ma main qui cherche... Trouvé! Plûmes, mes doigts qui s’enfoncent dans ses plûmes... Nausée, mais le froid est plus fort. Je TE tiens! Peau, je sens la peau! Serrer, secouer, serrer plus fort... TU m’appartiens maintenant.

Rouler sur le dos. Mon autre main saisi l’aile demeurée libre, la tortille, la... "CRAC! "

CASSÉE! Tiens salaud, essaye de voler! Meurs, meurs de froid, aller! Mes deux mains dans le plumage maintenant, remonter, trouver la tête... Ignorer les coups de becs, de serres, ignorer le sang qui coule librement... Débats-toi comme tu veux. Comme un forcené. Je ne sens rien. Juste le froid, juste l’étincelle de chaleur en dedans, juste... La mort. La TIENNE.

La tête, SA tête. Immobilisée entre mes mains, mes mains qui forment un carcan. Les serres qui poussent contre mes doigts, tentent de briser mon étreinte... AH! Les yeux... Tu vas voir ce que c’est, être aveugle!!! Humides, poisseux, gluants au bout de mes doigts. J’enfonce, j’enfonce, j’enfonce! Bruit écœurant, succion baveuse. J’espère que ça TE fait MAL!

"CROÂOÂOÂOÂOÂOÂOÂ!!"

Difficile à tenir. Plûmes et serres giflent mes mains, mes bras, frénétiquement. TU veux te sauver, hein!

Plus creux, enfoncer mes doigts dans ses yeux... Étrange. Beurk. Un autre... Un... Un troisième œil! Beurk! Sursaut. Surprise. Je lâche...

"Pfuish ROÂÂ!"

Échappé. Merde je l’ai échappé! Retrouver, finir, plumer, écorcher, tuer, massacrer... Bondir. Retrouver. Mes mains fouillent l’air, cherchent, cherchent... OÙ ES-TU??

Rien. MERDE! Rien. Écouter, il doit être là... Peut pas voler... Rien.

RIEN!

"REVIENS! REVIENS EN FINIR!"

Rien.

Ne pas bouger, écouter... Rien.

Me calmer... Me calmer... Quelle nuit. Folle. Ne plus dormir, jamais. Écouter. Guetter.

Le froid en dedans... Souillé... TON froid... Reste. Il reste. La chaleur est partie, partie avec le corbeau... mais le froid reste.

Et le vide.

(((Post suivant: Le port d'Exech)))

_________________
Lerceval Talrion, Demi-elfe, Fanatique


Dernière édition par Lerceval Talrion le Mar 29 Oct 2013 08:19, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Dim 29 Sep 2013 21:04 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 2 Aoû 2010 05:51
Messages: 186
Localisation: Le désert de l'Ouest
(((Post précédent: Le port d'Exech)))

Mon corps sur le sable. Le murmure de l’eau qui clapote. Grincements des premières portes qui s’ouvrent. La ville s’éveille.

Je n’ai pas dormi. Mes plaies au visage, au dos, aux mains et aux orbites élancent sans arrêt. Lancinants rappels de TES méfaits. De toute façon... Comment dormir, maintenant? Comment pourrai-je jamais retrouver le sommeil? Le froid, dans mon ventre, dans mes tripes, il ne dort pas, lui...

Est-ce pour ça que tu as envoyé TON corbeau? Pour me souiller de TA froidure? Me marquer, encore? Me forcer à ouvrir cette fiole, maudite, MAUDITE! Car TU l’avais placée sur mon chemin... Je le savais pourtant! Tout était noir dehors et maintenant, tout est noir en dedans... Comme si tu n’avais pas déjà assez ruiné ma vie...

Trois ans de survie pour en arriver là, gelé de l’intérieur, presque terrassé par un... un oiseau... J’ai survécu. Soit. Mais pour combien de temps? S’il faut tôt ou tard mourir... Tôt ou tard... Te rejoindre... Nausée.

Impasse. Engourdissement... Engourdi dans ma tête. Lourde. Et il fait si froid...

Pourquoi lutter? Pour m’acharner à survivre? Pour qu’un autre corbeau, demain -ce soir!- ne vienne me tourmenter, me démolir, membre par membre? Ça T’amuse, ÇA?

Calme-toi. Pense... Une sortie, il doit y avoir une sortie... Il faut qu’il y en ait une... Pitié...

TU m’as enlevé ma mère, par ma faute. Je n’ai rien pu faire. TU m’as enlevé Leticia, le zénith de ma chienne de vie. Je n’ai rien pu faire. TU m’as enlevé Ophelia... et ma vue. Impuissant. Chaque jour, TU m’arraches ma dignité, mon essence... IMPUISSANCE!!

Si vraiment il ne me reste que ma survie... rien. J’en ai marre, marre, marre de lutter. De me battre pour pouvoir continuer à me battre. De souffrir chaque minute. Si vraiment, c’est tout ce qui me reste... Alors...

Alors...

Bander mes muscles. Me relever. Ignorer les pics de souffrance de mon corps lacéré. Me relever. Voila.

Un pied devant l’autre. Mouillé... mon pied dans l’eau. L’autre.

Tout droit, maintenant. Le fond qui descend, doucement, guidant mes pas. L’eau qui monte. Brûlure du sel sur mes plaies à vif. Ignorer et continuer. Mes vêtements deviennent lourds, handicapants. Gorgés d’eau. Continuer. Vers la mer. Vers le large.

Puisque même la survie n’en vaut plus la peine... Puisque jamais je ne me sortirai de ta mortelle étreinte. Puisque tout ne doit être que douleur, déchirement, perte et mort... Autant... Autant aller tout droit. Tant qu’à mourir, autant choisir l’endroit. Autant mourir entouré de la dernière chose qui me tienne encore à cœur. De la seule chose qui me réconforte encore un tant soit peu. Partir dans l’eau, partir sous l’eau.

Qui sais... Peut-être que TU ne m’auras pas, Phaitos. Peut-être que je dériverai éternellement, sans mourir. Peut-être que Moura m’acceptera et que je deviendrai poisson. Si seulement je pouvais ne pas mourir... Être simplement oublié...

L’eau au niveau de mon cou. De ma bouche, de mon nez. Je plonge.

Peut-être que TU ne m’auras pas, finalement. Ma dernière chance. Moura, ait pitié, oh pitié... Prends-moi avec toi.

(((Post suivant: Le port d'Exech)))

_________________
Lerceval Talrion, Demi-elfe, Fanatique


Dernière édition par Lerceval Talrion le Ven 4 Oct 2013 20:27, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Ven 4 Oct 2013 18:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 2 Aoû 2010 05:51
Messages: 186
Localisation: Le désert de l'Ouest
(((Post précédent: Le port d'Exech)))

"Tu tu tu tu! Humpf, il est lourd ce con..."

De l’eau dans ma bouche. Qui remonte. Vomissement...

Raclement du sable contre mon dos, contre mes vêtements mouillés. Je me sens soulevé. Par coups. Encore un. Mes pieds dans l’eau... sur le sable. Sur la plage.

"Beeuuhhh..."

"C’est ça, crache, jeune inconscient. Aller se foutre en pleine mer... Innocent! Ouf, c’est que tu m’as l’air amoché en plus! Aller, viens là... Voilaaaaaa..."


Deux mains contre mon dos. Pression, je suis tourné sur le côté.

"Oh... Je... Pourquoi...?"

"Pourquoi?! Parce que tu allais faire une grosse connerie, jeune homme. Elfe. Peu importe."

Mes esprits qui reviennent... La douleur aussi, pas vive, mais lancinante. Toutes ces plaies... L’air qui passe dans ma gorge, de mieux en mieux. Pourquoi...

"Je ne veux pas... être ici. Ça ne vaut pas la peine, impossible, ohhhh..."


"Je ne veux pas le savoir. Honnêtement, ton histoire, je m’en fou. À mon âge, aller me faire des baignades pour empêcher un jeunot dans ton genre d’aller en finir... Oh, ça va piquer."

Brûlure! Les plaies au fond de mes orbites, sur mes joues et sur mon crâne sont en feu. Il doit être en train de me verser de l’alcool dessus!

"AIIE!"

"Tu tu tu tu. Je viens de te sauver la vie, c’est pas pour te voir crever d’une infection quelconque dans les jours à venir. Faut désinfecter. Prends une grande respiration."

Une main s’empare de mes bras, retrousse les manches et... "ARGH!! Ça brûle!!!"

"Mais qu’est-ce que vous en avez à foutre, de toute façon!? Je... je ne vous avais rien demandé!"

"Tu tu tu tu. De toi, j’en ai rien à cirer, effectivement. Si tu étais mort normalement, tiens, à cause de ce qui t’a fait ces plaies-là, disons... Pas de problème. Ce qui me dérange, c’est que tu allais le faire toi-même. Unilatéralement."

Incompréhension. Comprends, cherche... C’est qui ce type? Tout est compliqué... J’avais fait mon choix, mais maintenant... Maudit sois-tu!

"Unilaté... De quoi vous parlez là? Qui êtes-vous?"

"Oui, unilatéralement! As-tu eu un accident? Étais-ce le temps pour toi de mourir? NON! Tu l’as décidé TOI-MÊME! C’est intolérable. Bon aller, assieds-toi. Voilaaaa. Tu tu tu tu."

Confusion. Je cherche, mais... Pourquoi c’est si compliqué, soudainement? Moura, tu ne voulais pas de moi?

"Vraiment, je cherche, mais... je ne comprends pas pourquoi ça vous dérange. Vous devez être la seule personne d’Exech à vouloir empêcher quelqu’un de se sui..."

"TU TU TU! Écoute, écoute-moi bien. Si tu meurs, c’est normal. Quelqu’un d’autre va naître quelque part. Par contre, si tu t’enlève la vie unilatéralement –Toi-même, que ça veut dire! –, alors... Tu romps l’équilibre. Et ça, ça me concerne!"

"Rompre l’équilibre... Je... Vraiment, je ne comprends pas... Vous auriez dû me laisser en paix..."

"Tu tu tu tu. Non. L’équilibre, jeune homme, c’est le centre. La clé. Le but. L’équilibre, c’est Brytha. Je suis son prophète. Enfin, j’étais..."

"Si vous décidez de ne pas me foutre la paix, expliquez-moi au moins! Je ne comprends rien de rien... Vous m’avez dérangé dans... dans..."

"Dans une grosse connerie, oui. Bon, puisque tu es curieux et ignorant... Je suis Jules. Prophète... ex-prophète de Brytha. L’équilibre, jeune être, c’est tout. C’est la pureté. L’irrévocable. L’infini. L’équilibre transcende la vie et la mort... C’est le but ultime. Brytha, LA déesse, est venue le rétablir sur ce monde. Finies, les fausses croyances, finis, les Dieux absents... Il n’y a que Brytha. Crois-moi."

Voix posée. Presque machinale. Comme un discours appris par cœur.

"Mais... Et Gaia? Yuimen? Et.. et... Phai...tos?"

"Partis! Ils ont quitté notre monde, s’ils ont même jamais existé... L’équilibre, jeune homme."

"Mais non! Ils sont là, je le sais, je l’ai senti..."

"Tu penses l’avoir senti. Il n’en est rien. Prouve-le seulement. Voila, tu en es incapable et c’est normal! L’équilibre est tout."

Et pourtant... Maman, Leticia... Ophelia... Mes yeux... Le corbeau. Non. TU existes, je le sais!

"En te tuant toi-même, tu vas à l’encontre de l’équilibre... De l’équilibre entre la vie et la mort. Ce choix n’est pas le tiens."

"Je..."

"Bon, assez. Maintenant, prends ceci. C’est une dague d’équilibre, elle est parfaitement balancée et... elle existe pour rectifier les excès. Maintenant, tranche-moi la gorge."

La poigne d’une arme glissée entre mes doigts. Mon pouce sur le fil... Aiguisé.

"Merci pour la lame, mais je ne... PARDON?"

"Vas-y! Je suis vieux, fatigué et... je n’en peux plus. Tranche!"


"Une minute vous me sauvez de la noyage, l’autre... ça n’a aucun sens!"

Confusion. Je ne comprends rien! Joue-t-il avec moi? Est-ce une blague? Est-ce TOI Phaitos qui me nargue, encore??

"Si tu meurs unilatéralement, tu romps l’équilibre. Par contre, si TU me TUES, ce n’est pas ma faute... l’équilibre est préservé. Vas-y, depuis le temps que j’attends!"

Une main contre ma main, celle qui tient la lame. Traction rapide. Une gorge, je sens une gorge... Une main sur mon autre main, on la pose... sur une tête. Chevelue. Des cheveux secs et longs.

"Voila, tranche! Fais-le maintenant, avant que je ne... Je t’en pris!"

Hésitation, surprise, dépassement. QUE SE PASSE-T-IL?

"Euh...!! Je... NON."

"MAIS ALLER!"


Note plaintive. Quasi une supplique. Qui est cet homme??

"Non. Pas sans comprendre. Tu... Tu veux que JE te suicide, en fait!"

"Je... Tu ne comprendrais pas."


"Essayez."

"Je... Je n’en peux plus. Je ne peux plus... être le prophète de ma Déesse."

"Pourquoi?"


"L’équilibre... C’est trop parfait. Trop... trop demandant. Trop difficile. Trop... Flou!"

"Flou? Je croyais que c’était tout, le but ultime!"

"Oui... et non. Pour Brytha, oui. Elle sait tout, elle est l’équilibre. Mais pour nous... Comment le trouver?"

"Et pourquoi c’est si important, de le trouver?"

"Parce que... Parce que, sinon, l’équilibre devient... subjectif! Comment peut-il est ultime, si... si chacun peut l’imaginer! Ça me ronge, j’ai peur d’avoir équilibré moi-même, d’avoir... d’avoir INTERPRÉTÉ l’équilibre divin! Je n’en peux plus... mais comment en finir sans... sans affecter l’équilibre!"

Pantelant. La voix se brise... S’enroue. Écho de larmes.

Que penser? Un fou, c’est un fou. Qui souffre... mais fou quand même. Confusion, dans ma tête... Hésitation...

"Mais alors... pourquoi me... me sauver? Si vous voulez mourir, en fait....?"

"Je... Pour l’équilibre! En donnant une vie, je... je peux disposer de la mienne..."

"Je..."

"Pitié. Je n’en peux plus. Je t’ai sauvé, aidé... expliqué. Il faut que tu comprennes, il faut que tu me... délivres!"

La voix assurée qui m’avait accueillit à mon réveil n’est plus. Brisée, elle est brisée. Je ne comprends pas l’équilibre. Ni Brytha. Je comprends la souffrance... Je connais la souffrance. Peut-être... Peut-être que même après toutes... toutes les horreurs de ma vie... Peut-être que je ne suis pas QUE survie? Peut-être qu’il reste un peu de... de... compassion? Après tout, c’est la souffrance qui, quelques heures plus tôt, m’avait... m'avait prise...

"Vous... vous êtes vraiment certain?"

"OUI! L’équilibre, Brytha m’entendes : OUI! Pitié, fait cela rapidement..."

"Alors... Alors... Au revoir, monsieur Jules. Je... je ne sais pas si je suis content de vous avoir rencontré."

Pression et mouvement leste. Moyenne résistance. Plus de pression. Un liquide chaud sur mes mains... Un bruit sec et écœurant. Un gargouillement. C’est tout. Un corps qi s’affaisse. Devant mes genoux. Je le laisse tomber.

Maintenant que j’y pense... C’est ma première fois. La première fois que je prends une vie.

(((Post suivant: La place publique)))

_________________
Lerceval Talrion, Demi-elfe, Fanatique


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Port d'Exech
MessagePosté: Mar 29 Oct 2013 08:18 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 2 Aoû 2010 05:51
Messages: 186
Localisation: Le désert de l'Ouest
(((Post précédent: La place publique)))

Épices, bois... poisson. Odeurs connues, familières. Le port. Hésitation.

Vivre. Pour vivre, quitter ce trou puant. Pour quitter ce trou puant, trouver le Maître... Oui, mais ensuite? Jamais, il ne me laissera jamais partir... À moins que... les poches du vieux fou, après sa mort, elles étaient pleines de pièces. Ça suffira, il faut que ça suffise! Mes doigts dans les replis de mon manteau... Contact du métal. Une dizaine de pièces, certaines avec le gros nez caractéristique des yus exechois, mais d’autres aussi... Métal différent... Sensation au toucher inconnue. Pourvu qu’elles aient de la valeur!

Marcher. Les pierres d’un mur au bout de mes doigts, à gauche. Trouver le maître, ou plutôt... me laisser trouver.

Perceptions olfactives surchargées. Les étals du port. Brouhaha constant, bribes de conversations. Étourdissement. Mes mains, me guider avec les mains... Avancer lentement, tout droit...

"CRAPAUD!!!"

Inspirer fortement, expirer. Me calmer... plonger. Advienne que pourra.

"Maître... Bonjour. Je..."

Claque massive sur mon dos qui me fait presque trébucher. Sensation de brûlure qui se poursuit pendant quelques secondes.

"Ça fait toujours plaisir de revoir un vieux copain! Encore besoin d’un p’tit coup d’main?"

"Non, je... En fait, je... je voulais vous parler et..."

"Ça tombe bien, moi aussi! Viens par là!"

Une main s’empare de mon poignet et le tient comme dans un étau. Traction soudaine et forte qui me soulève presque. Courir, courir pour ne pas tomber!

Trop vite, tout va trop vite. Impossible de m’orienter. Courir...

Un bruit. Une porte qu’on ouvre, qu’on referme. Odeur de renfermé. Une masure quelconque, sans doute...

"Voila, on sera plus intime! Alors crapaud, on a une p’tite requête à faire au maître?"

Relaxe, pense! Ne te laisse pas intimider. C’est ta chance, la seule peut-être, d’en finir avec ce calvaire... Pense bien. Réfléchis.

"Oui maître, en fait, je... Je n’en peux plus... plus d’Exech et je... je me demandais si vous... euh... si vous ne sauriez pas où... euh... où je pourrais rencontrer, euh..."

"Tu me chantes quoi là?!? Tu veux partir?"


"Euh... euh... euh... Oui, en fait, oui, je... Je peux payer!"

Merde. Ça merde. Ne te laisse pas faire, ressaisis-toi! Confiance, ait confiance... Ma main dans mon manteau, ramasser les pièces, les présenter et...

"Cling clang!"

Sensation d’étouffer. Une main sur mon cou, d’un coup. Qui serre. Qui soulève... Mes pieds qui battent l’air sans trouver le sol. Mon dos contre un mur de bois. Mes mains qui s’ouvrent dans un spasme, la monnaie qui résonne sur le plancher... Panique. Haleine poissonneuse sur mon visage. Il m’étrangle!

"Assez de conneries, l’aveugle. Tu devrais déjà savoir pourtant que c’est grâce à moi que tu peux jouer au petit mendiant en paix. Grâce à moi que tu VIS. Tu penses vraiment que tu peux partir comme ça? Faire des petites demandes quand l’envie t’en prend? OH! Attend un peu toi là..."

La pression sur mon cou amplifie soudainement. Râlement... Je bats des pieds, des mains. PANIQUE!

"Arguh je... rhhh..."


"C’est quoi ça? Du bronze? Et où est-ce qu’une merde dans ton genre peut trouver des pièces de bronze? C’est la Main rouge qui t’envoi, c’est ça? Vous autres, fouillez les environs!"

La main me relâche d’un coup. Mon dos cogne contre le bois... Je m’écroule.

"Eurff, arhh... Je... Non! Je... Trouvé... Je ne connais pas... cette Main rouge..."

"Toi, ta gueule."

Silence. Panique... Mon cœur qui bat à m’en défoncer les tympans. Mauvaise idée, c’était vraiment une mauvaise idée! Pitié, laissez-moi survivre...

"Rien, maître."

Voix tierce. Obséquieuse. Pitié...

"Bon, tu es venu seul. Tu dois être juste con, pour me faire perdre mon temps comme ça. Je garde l’argent; tu me devais quinze yus et le reste, c’est pour m’avoir dérangé. Compte-toi chanceux que je ne cherche pas plus pour savoir comment tu as mis la main sur du bronze... Aller!"

"Mais..."

Une main sous mes aisselles, l’autre sur ma bouche. Interrompu, ignoré... On me tire vers l’avant. Bruit de porte qui s’ouvre, air salin du port.

"Aller crapaud, bon vent! Tu reviens quand tu veux, vieille limace!"

Claquement d'une porte. Cette voix tonitruante, bonne enfant... Enfoiré! JE VEUX PARTIR! Ignorer les quelques rires que j’entends... Partir...

Mon coin. Me voila de retour dans ce trou perdu, mon seul petit coin à moi... À éternellement attendre l’obole... C’était stupide de penser partir, impossible, impossible... TU ne le permettrais pas, hein, Phaitos? Rien de bien ne m’est jamais permis...

Et le temps passe...

Et passe...

Et passe...

Survie de merde...

Et le temps passe...

Et je n’en peux plus...

Partir seul? Comme ça? Impossible... Pour aller où? On me retrouverait, on me ramènerait ici... Ou je mourrais de faim... NE PAS MOURIR! Mais rester... Pitié...

Et le temps passe...

Et passe...

Et le temps... Qu’est-ce que c’est que cette odeur?? Ça sent frais, clair, presque fruité... Avec pourtant une touche prenante qui ne veut pas quitter mon nez... Me tourner, chercher la source...

"Ça, il l’a senti de loin!"

"Bon signe, bon signe... Crapaud, mon vieux!"

Même claque retentissante sur mon dos... Le maître. Que me veut-il encore? POURQUOI??

"Tu vois, après notre petit... entretien de ce matin, je n’ai pas arrêté de penser à toi!"

"Vraiment...? Je... je n’ai rien fait, je... je jure!"

"Évidemment, tu n’as rien fait! Pas encore! Aller, sens-moi ça!"

Odeur omniprésente, saturée. Encore ce sentiment de fraîcheur, de piquant... Beaucoup plus piquant, d’aussi proche. Et cette touche de fruit...

"Oui, bon, voila. Maintenant, sens-moi ça!"

Euh...? Même odeur, même senteur... Fraîche, vivifiante... Un peu trop? Oui, une touche plus aérée, un brin plus fruité... Et mon nez ne pique pas autant... Qu’est-ce que ça signifie, tout ça!?

"Alors, c’est pareil, non?"

"Sans... sans déplaire à votre Maîtrise, euh... Non, je... non, je ne crois pas. Mais je peux me tromper, hein..."

"Voila, je vous l’avais dit! Y’a qu’un aveugle pour sentir la différence, je vous l’avais dit!"

"Oui bon, ça pourrait être un coup de chance..."

"Coup de chance mon cul! Il y voit rien, faut bien qu’il ait appris à sentir! Crapaud?"

"Oui... Maître?"

"Tu veux toujours quitter Exech, non?"

Incompréhension. Une minute il me bat... Maintenant il m’offre de partir? Piège, un piège...

"Je... Non, oui, je... Comme vous le voulez..."

"Eh bien, je veux que tu partes! J’ai quelques gars à moi qui prendront demain la route du désert, pour aller chercher des épices. Tu pars avec eux."

"Je... Hein??"

"Excellent, c’est réglé!"

Une main sur mon épaule, bruit de froissement d’étoffe. Murmure.

"Ce que tu as senti s’appelle larme du désert. C’est une épice qui vaut une fortune. Ces peaux brûlées m’ont déjà refilé du faux... Ça ne doit pas se reproduire. Voila, prends ça, c’est un échantillon. Une fois là-bas, s’ils essaient de vendre à mes hommes quelque chose qui ne sente pas EXACTEMENT comme ça, tu fais signe à Herbert que voici."

"C’est moi Herbert."

"Tu es chanceux, l’aveugle. Si tu veux avoir encore cette chance et retrouver ton trou à ton retour, tu as besoin de faire ce que je t’ai dis... Compris?"

"Je... Oui, maître!"

"Bon. Mes hommes viendront te prendre demain."

Le murmure cesse.

"Et merci encore, vieux batracien!"

Jubilation. Moura soit louée!! Je pars, je quitte Exech! Tout, tout pour ne pas sentir cette pourriture pour quelques jours, quelques semaines... Et, qui sait, peut-être trouver l’équilibre, ce fameux équilibre? Trouver comment vivre, comment ne pas mourir, jamais? Comment T’échapper?

Au fait... c’est quoi, un désert?

(((Post suivant: Les plaines autour d'Exech)))

_________________
Lerceval Talrion, Demi-elfe, Fanatique


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 82 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016