Le port d'Exech

Exech possède un petit port, aussi sale que le reste de la ville. Entre les pannes où courent de gros rats, vous pouvez voir quelques barques miteuses amarrées. Autour d'elles, vous apercevez parfois de grands poissons noirs qui vivent dans l'eau putride du port.

Mais c'est bien d'ici que vous pouvez embarquer pour retourner vers la non moins fréquentable Tulorim à bord d'un bateau faisant la liaison avec cette dernière : le Merlan Gris.

Parfois aussi, il y a des bateaux de plus grande envergure venant s'amarrer aux côtés des coquilles de noix, navires de marchandises venant de la capitale Tulorim. Ces bateaux de marchandises transportent quelquefois à bord de grands aventuriers en herbe.

Il y a également, de temps à autre, l'arrivée de grands bateaux pirates, à la recherche de malotrus pour accomplir leurs pillages sur les eaux.

Faites vos RP ici jusqu'à embarquement dans un bateau

Bateaux à la vente :

Pour plus de renseignement, se reporter à la règle spécifique sur les bateaux.

Bateau à vitesse standard (x1, 6km/h) : Gratuit (Yus non débités de la fiche mais l'achat sera à jouer en RP)
Bateau à vitesse avancée (x2, 12km/h) : 400yus
Bateau à vitesse rapide (x3, 18km/h) : 1000yus
(Il est toujours possible de faire améliorer son bateau par la suite en payant la différence !)

Un nouveau sujet sera ouvert dans la partie trajet et voyage, pour que puisse s'y faire les RP à bord du bateau acheté. Pour que le GM puisse le faire, lorsque vous voulez faire l'achat, mettez dans la demande ceci complété (Ce sera ce qui apparaîtra dans le sujet) :

Les bateaux sont rachetés à 1/4 de leur prix.


(((Si vous voulez être servi dans des temps raisonnables, n'oubliez pas de demander aux GM dans le SUJET DES INTERVENTIONS GMIQUES de s'occuper de valider vos achats en jouant le commerçant. Nous ne faisons pas le tour des boutiques... merci de votre compréhension )))

C’était le soir, nuit était maintenant presque tombée, j’étais à la recherche d’un endroit tranquille pour faire le compte de mes possessions après le coup que j’avais finement mené sur la place publique.
Même si ce que j’avais acquis n’était pas d’une grande valeur, j’étais satisfait et le jeu en valait la chandelle.

Je m’installais au bout d’un des lugubres quais du port d’Exech, assis les pieds ballants au dessus de l’eau noirâtre sous la faible lueur d’une lanterne au verre crasseux.
J’ai alors ouvert la trousse de crochetage pour me rendre compte de son contenu : deux aiguilles de déblocage, une spatule pour pêne, une glissière, une aiguille à spirale, un set de fils d’acier, un levier, un outil d’écartement, une perche pour poignée et un ouvre fenêtre.

(Je devrai apprendre à m’en servir)

Quelques outils m’étaient inconnus mais j’ai pu en deviner l’utilisation, restait à les tester…

Après la trousse, restait dans le sac de cuir subtilisé sur l’étal du quincaillier la bourse extorquée à l’imbécile qui m’avait servi d’appât.
Lorsqu’il me l’avait lancée j’avais bien senti qu’elle semblait vide, en effet elle ne contenait pas plus de trois yus mais quelque chose d’éventuellement plus conséquent retenais mon attention. La bourse contenait également un petit morceau de parchemin chiffonné. J’avais déplié celui ci, l’écriture était sans style mais le contenu du texte m’intriguait :

"Le château est impressionnant, on raconte que le comte a amassé un grand trésor qu'il garde secrètement dans les profondeurs de son antre..."

(Pas de signature… humm, étrange, le comte est mort depuis longtemps, on aurait déjà du dérober ses richesses. ? . Pourtant cette note semble récente alors quelqu'un sait ou croît qu’il subsiste un trésor au château… Est-ce une simple divagation de mon idiot ? A t’il ramassé ce bout de papier, lui à t’on donné, pourquoi ?)

Trop de questions me tournaient en tête, les réponses ne pouvaient être que des suppositions et peut-être faisais-je fonctionner mes méninges dans une mauvaise direction… ; peut-être pour rien.
Alors que je réfléchissait, un énorme poisson noir jaillit de l’eau et goba une chauve souris qui passait à cet instant. Le cri de celle ci se noya dans l’eau tandis que la queue du poisson battait la surface une dernière fois avant qu’il ne disparaisse.

(S’il n’avait pas tenté il aurait toujours le ventre vide, quelque chose ne tourne pas rond avec ce château mais s’il recèle réellement un trésor, je ne serais pas un voleur digne de ce nom si je ne tente de me l’approprier après avoir reçu une telle information.)

Je décidais d’aller m’aventurer chez le comte pour avoir la conscience tranquille, les risques semblaient minimes et la récompense pouvait s’avérer intéressante voire très lucrative. Mes doutes me poussèrent cependant à la précaution et je pris alors la sage décision de revenir sur le marché le lendemain pour m’équiper mieux que je ne l’étais pour ne pas me trouver au dépourvu dans une situation imprévue.

Cependant nous n’étions pas encore demain et étant pour l’instant pauvre et voleur de métier récemment équipé du matériel nécessaire je me mis en quête d’une serrure à forcer..

La nuit était tombée.
Après avoir déambulé quelques minutes dans les rues et eût quelques démêlés avec un enfant qui avait tenté de dérober ma bourse, j’arrivais devant des écuries où les chevaux endormis étaient surveillés par ce qui semblait être un apprenti palefrenier endormit contre la porte d’un box. J’étais passé sur la place publique où ils n’y avait plus que des étals vides, le pendu et la femme avaient disparus.

Je m’engouffrais dans une longue ruelle, au bout mon regard se porta sur la forge.

(Personne)

J’avais trouvé ma cible, je devais maintenant élaborer un plan prenant en comte tout les risques et mes possibilités.

La première chose que j'ai remarqué en entrant dans le port d'Exech c'est d'abord sa puanteur. Une odeur pestilentielle qui me fit d'abord penser a un cadavre, ou peut-être a de la viande morte. Je m'approcha du bord, et compris . L'eau était noirâtre et était souillée d'ossement et autres détritus de ce genre.

(vivement que je parte de cet endroit...)

L'air était chaud et il agressait littéralement ma peau, des mouches bourdonnaient un peu partout dans le port, se posant parfois sur une matière fécale qu'un passant avait laissé en cadeau. Paradoxalement, le bruit des vagues me reposaient, elles me rassurait en me disant, d'une langue encore inconnu des hommes, que le monde n'était pas toujours comme ça.

"Hahaha, tiens tiens , un elfe . Qu'est-ce que tu fou là gamin ?"

Un homme musclé se tenait devant moi, il avait un crane chauve ainsi qu'une énorme cicatrice sur le visage. Il avait un peu une allure de pirate.

"Bah...j'attend le prochain bateau, pourquoi ?"

"Parceque tu va devoir me donner toute ta bourse si tu veux rester vivant mon p'tit."

"Oui mais ça c'est pas trop possible tu vois...."

L'homme me prit par la gorge et me souleva tel une plume, il serra très fort. j'avais l'impression que ma tête allait exploser.
Je pris ma dague, et lui planta dans le bras, l'homme sous l'effet de la douleur me lâcha.
Une fois tombé au sol, je pris la fuite en me cachant derrière une cabane, mais par manque de chance, l'homme m'avait suivis. Il tenait son bras blessé, et me regarda avec méchanceté.

"Tu ne m'échappera pas comme ça petit !"

La brute chargea et, tomba devant moi. Surprise! Quelqu'un lui avait tiré une flèche dans le dos. Mais d'où venait-elle ? Quelqu'un me surveille peut-être...Ou peut-être que la flèche m'était destiné !
Je jeta un coup d'oeil dans ses poches, et j'y trouva quelques yus .
Content d'avoir enfin récupéré un butin, je retourna sur la rive avec un air joyeux.
J'ai remarqué que le bateau était arrivé.

(ça va surement être payant, je ferais mieux d'y rentré sans que personne me voit)

Je pris ma cape de dissimulation, et m'en servit pour rentré dans le bateau. Une fois a l'intérieur je pu constaté que le bateau était dans un état beaucoup plus respectable que le reste de la ville.

(Une nouvelle vie commence schizophra)

Je n'avais pas été de bonne humeur le matin. Nous étions passées sur la place où le Sindel avait été exécuté, l'odeur de cochon grillé m'ayant donné envie de vomir. Nous cherchâmes de nouveaux vêtements, mais hélas ne pûmes trouver grand chose. Je m'en sortis avec un pantalon en gros cuir et une tunique un peu plus fine. Je ne trouvai pas de manteau comme je le souhaitais, et il faudrait sûrement attendre un autre rivage pour cela. Hildegarde ne fut pas très ravie non plus, mais elle n'était pas d'humeur à tergiverser. Un moment elle me demanda tout de même:

"Pourquoi personne ne fait rien? Il y a tellement de misère dans cette ville. Entre le pauvre el... Enfin ce matin, les miséreux qui périssent à même le sol jonché de détritus, les vieilles femmes malades... Pourquoi personne ne les aide? Tous ces gens?
-Ceux qui ont le pouvoir ne connaissent pas ce monde. Toi même, le connaissais-tu avant de venir avec nous?
-Non...
-Ce sont les gens comme toi qui peuvent changer tout ça. Si tu deviens duchesse, et que tu te souviens de tout ce que tu as vu, peut-être participeras-tu à faire de ce monde un lieu meilleur.
-Je ferai de mon mieux."

J'étais fière de la gamine. Elle était peut-être gâtée, mais pas encore pourrie. L'ironie que de l'avoir enlevée ait été positif pour elle, et peut-être pour la vie de beaucoup.

Nous arrivâmes finalement sur les docks. Les bordels et les tavernes louches se succédaient, des matelots sales et bruyant criant à qui voulait bien l'entendre qu'ils allaient se faire de la catin. Plusieurs tournèrent les yeux dans notre direction, nous sifflant parfois. J'avais envie de les tuer. Tous.

L'eau était marron même en plein jour. Tout un tas de déchets flottait et se mouvait au grée des vagues. Des embarcations, des barques minables bougeaient tels des fantômes, leurs coques fendues s'écrasant bruyamment contre les appontements. Tout cela avait un goût de fin du monde, lorsque les humains ne seraient plus qu'une race agonisante ayant réduit en bouillie leur habitat.

Un navire se détachait tout de même du paysage. Un petit deux-mâts, mais qui ici faisait office de géant. Un pavillon rouge sang et un autre aux couleurs du royaume d'Exech pendaient mollement au mât le plus haut. Pas de doute, bien des corsaires. Ou plutôt des pirates agissant soi-disant pour le compte du bedonnant qui se croyait encore roi de toute cette merde.

Nous trouvâmes sans trop d'encombres une petite échoppe qui vendait sur le tas des vêtements pour des aventurières de notre espèce, c'était en tout cas ce qui disait la bonne dame qui nous avait laissée entrer dans sa boutique. Elle ne paraissait pas vraiment méfiante envers nous, ne nous surveillant que d'un oeil égaré.

Je fouillai rapidement dans tous les vêtements et ne trouvai qu'un ensemble de cuir et de tissu presque neuf quoique trop grand pour ma taille, mais je n'allais pas faire la fine bouche de cette ville. Isulka et Hildegarde ne trouvèrent pas franchement de tenues taillées à leur corps et après avoir donné à contrecœur nos yus nous partîmes dans la noirceur et la puanteur des docks.

De nombreuses barques et bateaux paraissant échoués plus qu'amarrés étant donné leur état, ce qui rendait la noirceur de ce lieu encore plus abominable. De nombreux marins pâteux et sans gêne criaient, gueulaient leurs futures conquêtes de catins, tout en gesticulant d'un air malsain. Que leur existence était pauvre. Mais malgré ce mépris, j'admirais leurs voyages à travers les eaux, quel bonheur de combattre les flots et voyager au gré du vent.

Quand ma bourse serait assez pleine peut-être irais-je me payer un beau navire flamboyant. Je restai quelques instants dans ma rêverie avant de sortir de cet état par la vue d'un navire beaucoup plus beau et plus gros que les précédents. De longues voiles rouges flottaient au vent. A son bord des hommes astiquaient le monstre de bois qui venait certainement d'arriver dans la ville.

"C'est ton Capitaine qui a ce navire ?"

Hildegarde ne répondit pas à ma question peut-être trop absorbée ou admirative du spectacle.

"Oh mon Grand Capitaine Brassort est sur son navire, je l'ai vu mon Prince !"

Je suivis la demoiselle qui était de plus en plus nerveuse, accélérant son pas en direction du vaisseau.

La petite sembla toute excitée, et crut même avoir aperçu son prince. Ce que je savais, c'est que les corsaires d'Exech étaient des enfoirés, sans foi ni loi qui pillaient à tout va pour leur propre compte. Combien de villages avaient été rasés par ces salauds, les hommes abattus et les filles violées ou réduites en esclavage? Brassort ne faisait sûrement pas exception et devait être traité comme l'être dangereux qu'il était.

"Aglaeka murmurai-je. Fais attention, ce sont tous des hommes, et des purs salauds."

Je pris la gamine par le bras, pour ne pas qu'elle se laisse trop aller, et me dirigeai vers le navire en question. Nous arrivâmes à son niveau, deux grands gaillards faisant le guet devant la passerelle. Le profil type des loups de mers, aussi dangereux que des requins.

"Ola mesdemoiselles. On vient pour nous? Pas d'femmes à bord il a dit le cap'taine. Mais on peut toujours s'trouver un p'tit coin tranquille. Hein Arkor?
-Ouais...
-Je suis la fille de...
-Nous sommes là pour voir le capitaine. Et je pense pas qu'il apprécie qu'on se mêle de ses affaires.
-Hé ma belle, t'as d'la gueule de me parler comme ça. Tu sais, le capitaine il partage tout. Et t'étais pas dans sa part du butin minette, alors je te prends si je veux.
-Essaye donc, gros tas."

Il porta la main à son sabre alors que j'armais ma magie. Heureusement pour moi une voix forte se fit entendre.

"Qu'est-ce que c'est que ce raffut?
-Nous sommes venues voir le capitaine.
-Ah ouais? Et en quelle honneur ma jolie?
-Je crois que ces relations avec le duc Von Pummel doivent rester bonnes. Nous sommes là pour ça. Sinon tant pis. Mais votre prochaine sortie en mer, c'est pas des sirènes qui vont vous noyer mais des enfoirés de Tuloriens."

Cela sembla les calmer. Faîtes peur à un marin en lui parlant de mourir en mer, et soit il vous couper la tête, soit il vous laisse passer. Jugez-en par vous-mêmes.

"Ça roule, suivez moi. Je vous conduis."

Les quelques marins qui nous avaient bloqués pendant un instant se plièrent aux désirs de leur premier supérieur de bord, qui nous laissa passer après qu'Isulka ait prononcé le nom de Von de Pummel. Cette femme avait toujours le mot, je l'admirai presque pour son franc parlé tout en féminité.

Nous marchâmes alors à bord du bateau., l'homme nous guidant dans les cales où nous entrâmes dans un bureau ou plutôt un placard à balai où de nombreuses cartes, boussoles et instruments de navigation traînaient.

Je restai près des demoiselles quand la porte claqua, emmenant dans la pièce un homme assez grand, les cheveux sombres et longs qui illuminaient les deux saphirs des ses yeux.

"Hildegarde ! Nom d'un piranha volant !"

La demoiselle se jeta au coup de ce dernier qui parut tellement plus âgé que cette enfant blonde et raffinée. Quand leur étreinte fut terminée, il s'enquit enfin des deux femmes qui étaient dans la pièce.

"Qui sont donc tes compagnes que tu m'amènes donc ?!"

Son regard passable et creusé invitait à la méfiance. Au final je n'avais pas réussi à détourner Hildegarde de cet homme ou d'un quelconque mâle, mais m'étais-je véritablement donnée la peine ? Je fus triste de cette défaite et ne le laissai paraître que par un regard vague posé sur le sol.

L'officier nous conduisit à bord, nous menant à travers de petits corridors éclairés à la lampe à huile. J'avais la curieuse impression de m'enfoncer dans la gueule d'un requin ou d'une murène, mais de toute façon nous avions une marge de manœuvre très limitée.

Finalement nous entrâmes dans une pièce au foutoir monstre, qui semblait vraiment être l'antre du capitaine. Celui-ci ne tarda en effet pas à venir, et je fus saisie de voir un si bel homme. De longs cheveux bruns, des yeux au bleu éclatant et une attitude régale. Un vrai régal pour les mirettes. Hildegarde lui sauta au cou, alors que non seulement il la reconnaissait mais lui rendait aussi son étreinte.

Il se retourna vers nous, demandant qui nous étions. Aglaeka avait un regard plutôt mauvais, aussi conclus-je que la négociation féminine passait par moi.

"Nous avons accompagné Hildegarde de Tulorim à ici. Bon, tout d'abord sans savoir qu'elle se trouvait dans une caisse parce qu'elle avait été enlevée par un comte comploteur, qui d'ailleurs nous envoya ses hommes afin de nous trouer la peau.
-Pardon?
-Oui, elle a été enlevée à son père et a insisté pour qu'au lieu de la lui rendre on vous l'amène. Contre rémunération bien sûr?
-C'est vrai Hildegarde?"

La gamine fit un oui de la tête, avant de me lancer un regard assassin. L'histoire n'était peut-être pas à son avantage, mais il fallait bien jauger le fameux Brassort. Et à son expression étonnée j'en conclus que soit il était hors du coup, soit il était un expert au poker.

"Vous avez bien fait.
-Pardon? Quoi? Enfin vraiment?
-Oui. Son père est un tyran, un homme incapable de mener à bien ses terres."

Je me retins de lui dire que lui était un pirate et que son boulot était de mener à la mort des marins par dizaines. Cela dit ses bonnes intentions cachaient quelque chose.

"Donc vous allez prendre Hildegarde en otage?
-On peut dire ça. Je vais surtout l'épouser, et ainsi prendre le contrôle de ce qui m'a été volé si longtemps auparavant par son père.
-Je vois, un pirate idéaliste...
-Ne soyez pas si sarcastique. Si je suis dans la piraterie, c'est pour mes idéaux de liberté.
-C'est sûr que l'or, c'est tellement ennuyeux.
-Ne vous méprenez pas, l'or m'a été très utile dans ma quête. Enfin, cela ne vous regarde pas.
-Parfait. Alors pour notre rémunération...
-Ce sera la vie sauve?
-Oui oui... Et quelques yus, et un passe pour Nirtim. Ça vous va?
-Comme vous l'avez dit je suis un pirate. Et un pirate a besoin d'argent. Je pense qu'on vous achètera suffisamment cher à Khonfas. Deux jolies jeunes filles.
-Arthur! Ces jeunes femmes m'ont sauvé la vie et ne m'ont pas ramenées à mon père. Si vous les vendez, alors vendez moi avec elle et allez au diable!"

Bon sang que cette gamine avait du cran. Arthur de son petit nom nous jaugea du regard, puis baissa les épaules en signe de rédition.

"Ce que mademoiselle veut mademoiselle a. Très bien, je vous ferai conduire à Nirtim. Pour ce qui est de la rémunération, prenez cette bourse. Maintenant déguerpissez, et revenez demain matin, pour la marée."

Je m'apprêtai à partir quand Hildegarde sauta dans mes bras, puis dans ceux d'Aglaeka. Les larmes aux yeux elle nous remercia de tout ce que nous avions fait pour elle. Je ne lui dis pas que j'étais fière d'elle et que c'était une fille bien. J'aurais sûrement du. Je me contentai juste de la serrer fort en retour, cachant moi-même l'émotion. Je m'étais attachée en quelques jours, moi qui étais une sorcière mercenaire, une vagabonde sans attache.

Nous partîmes finalement, le cœur lourd mais l'avenir devant nous.

Isulka prit la parole en expliquant au capitaine notre venue et contant brièvement nos aventures après avoir ramassé ce colis si mystérieux. Méfiant à notre égard, il demanda confirmation à Hildegarde qui témoigna dans notre sens. J'eus un instant peur qu'elle se dérobe, trop honteuse de son rôle dans cette histoire, mais cette jeune demoiselle avait vécu de telles choses à nos côtés, pourquoi aurait-elle agi de la sorte ?

Le capitaine Brassort nous indiqua que nous nous étions bien conduites et nous précisa que le père de que la jeune demoiselle blonde était un tyran et un incapable. Charmant, vraiment ...

Je compris l'arrangement du bien aimé d'Hildegarde et continuai d'écouter le dialogue entre ce dernier et la mageresse. Isulka demanda notre récompense et un laissez-passer ou plutôt un laissez-voyager pour le continent de Nirtim, mais le maître du navire refusa, préférant nous vendre à Khonfas, ville certainement tout aussi infâme qu'Exech. La fille du duc vint à notre secours déclarant que nous lui avions sauvé la vie et utilisant le chantage pour espérer une meilleure fin.

Le capitaine soupira, et déclara que ce que la petite Hildegarde veut, elle l'obtient. Après tout cette réalité que nous lui avions montrée, voilà qu'un homme pauvre détruisait notre travail par une seule parole, mais je gardai bien ce commentaire puisque cela venait de nous sauver la vie à Isulka et moi-même.

Il nous balança aune bourse un peu molle en gage de paiement et nous demanda de revenir le lendemain matin. Avant que nous franchissions la porte, la tendre demoiselle serra chacune de nous dans ses bras frêles, nous remerciant pour tout ce que nous lui avions fait, une goutte larmoyant au coin de son œil. Toute émue je la serrai comme une sœur même si je ne l'avais pas faite changer d'avis je l'estimais, elle avait du courage, beaucoup de courage pour une jeune fille de son âge et de son rang.

Quand nous sortîmes du navire sous l'air pestilentiel, je réalisai à quel point cette ville n'allait pas mes manquer. Ces hommes, ces catins sans estime, ces ruelles sombres et humides. Vraiment je fus soulagée de la quitter au plus vite. Mais aussitôt surgit un autre sentiment beaucoup plus douloureux cette fois-ci, celui de quitter le continent de mes soeurs. Je n'avais il y a encore quelques jours, jamais quitté ma Sororité et voilà qu'à présent je m'apprêtais à disparaître du continent.

Tout en marchant en direction de l'auberge que nous avions tout juste quittée, j'essayai de me remémorer les quelques informations sur Nirtim. Les quelques ouvrages qui avaient pu m'apprendre quelque chose sur ces contrées m'avaient révélé un climat doux et tempéré pour la grande partie du territoire. Kendra-Kâr la Grande se situait sur ce continent.

Je poussai la porte de l'auberge, ayant tout juste fini avec mes réflexions et réclamai une nouvelle chambre pour deux à la femme de l'aubergiste. Clef en main, je montai, Isulka à ma suite et m'arrêtai net devant la porte, les yeux rivés au sol.

"Elle va me manquer cette petite. N'avons-nous pas fait une erreur de la laisser à un homme aussi dangereux ?"

J’interrogeai ma compagne, espérant ainsi alléger ma conscience et ma tristesse.

Nous trouvâmes rapidement le chemin du port qui commençait à s'éveiller. Des marins du navire du Capitaine Brassort finissaient de charger le navire pour notre traversée pour le continent de Nirtim. Bientôt, nous aperçûmes Hildegarde qui nous faisait de grands gestes sur le pont aux côtés du maître du navire.

Cette fois nous n'eûmes aucun mal à pénétrer sur le bateau, malgré quelques regards soupçonneux.

"Bien le bonjour mes demoiselles. Prêt à partir pour Nirtim ?
- Tout à fait. Combien de temps prendra la traversée ?
- Trois jours !
- Trois j..."

Ce fut la jeune demoiselle qui coiffa au poteau son "bien-aimé". Je viens embrasser doucement le jeune femme, ses yeux paraissaient êtres encore endormis, mais sa bouche était déjà prête à alimenter notre voyage. Je fus ravie qu'elle fasse partie de l'équipage de la traversée, elle était peut-être une personne un peu trop bavarde, mais ce défaut pouvait se révéler être une qualité pour un long périple où rien de palpant allait se passer.

Quand les retrouvailles furent terminées, le navire déploya ses immenses voiles, le pont qui reliait la terre ferme et le monstre de bois disparut et je sentis bientôt les remous de l'eau frapper la coque du bateau libre. Je fus étrangement bien de ce lieu surchargé de mâles. Le bateau se délogea bientôt des autres, manœuvrant doucement pour ne rien toucher et nous voilà partit.

J'observais à présent les hommes d'équipage s'affairer à leur travail pendant que le capitaine criait des ordres incompréhensibles à mes oreilles. Une bouffée de plénitude rentra en moi, mais ce ne fut pas le cas pour le tout le monde ...

Dirigé de Rayd

A ton arrivée au port, tu te rendras vite compte de l'ambiance glauque et néfaste qui règne dans les parages. Les badauds passant dans le coin avaient tous au moins un cicatrice sur le visage, tous cet air méfiant et renfrogné et point le plus important, ils marchaient tous en gardant la main sur le pommeau d'une épée ou le manche d'une dague. L'odeur ambiante n'est pas des plus rassurantes, ni des plus agréables non plus. Fragrance combinant l'odeur de poisson pourris à celle de la crasse et du sang. Sans même faire attention à toi, tes deux comparses passent devant, te bousculant chacun leur tour et se mettent de manière discrète à chercher quelqu'un.

C'est alors que sans que tu puisses savoir de quelle manière il est arrivé derrière toi, un homme te tape sur l'épaule et te dit:

"Jest vous attend. Il est à la Taverne de la Chope Renversée. Ne trainez pas!"

Tu n'as pas le temps de voir à quoi ressemble le mystérieux inconnu car à peine te seras tu retourné qu'il sera déjà parti. Levy et Svan doivent avoir l'ouïe très fine car ils se mettent en route sans t'attendre, sans dire un mot et il en sera ainsi jusqu'à votre arrivée à la fameuse taverne.

Après notre réveil, nous descendîmes tout trois du bateau pirate qui nous avait porté pendant plus de cinq jours, suivit de peu par Andy. Ce fut avec une certaine nostalgie que je remarquai que Exech était une deuxième Darhàm. Les rues étaient dans un aussi sales état, puantes et nauséabondes, le port était imbibé d'une odeur poisseuse et humide de poisson pourri, l'ambiance était morne et peu accueillante, et les citadins étaient armés jusqu'aux dents, fier symbole de Darhàm. Tous arboraient fièrement une ou plusieurs cicatrices biens voyantes, et j'en eus presque pensé que certain se serait eux même fait ces stigmates, pour paraitre plus impressionnant. Leur air méfiant montrait bien dans quel climat d'insécurité ils évoluaient, et aucun ne semblait voir la venue d'un bateau pirate comme chose agréable, ou bienveillante.

C'était une estimation juste, étant donné que l'on venait pour assassiner une ou plusieurs personnes. Même moi je ne le savais pas, la discrétion et le secret étaient les deux points cruciaux de l'organisation, choses qui me frustraient au plus haut point. L'ignorance avait guidée toute ma vie jusqu'alors, mais j'aspirais maintenant à connaitre la vérité, sur moi, ma vie, et l'organisation. Les réponses que je cherchai étaient peut-être enfouies, ici, à Exech, berceau de l'organisation, ou, comme on l'appelait au secteur quatre, la communauté noir. Levy semblait connaitre des choses sur elle, et je m'étais juré de lui arracher ces informations.

Lui et Svan passèrent devant moi, me bousculant légèrement au passage et commencèrent à chercher le quatrième et dernier membre de l'équipe. Cette mission devait être rudement importante et difficile pour exiger un rassemblement de quatre agents, et qui plus est, pas les moins forts. J'avais une certaine appréhension de cette rencontre, surtout par rapport à ce que m'avaient dit mes deux comparses sur les penchants sadiques et cruels de notre équipier.

Dans un sifflement, une voix intervint derrière moi, sans que je n'ai même pu entendre quelqu'un arriver, au même moment, sa main vient me tapoter l'épaule, pour se faire signaler. Sans être ni prétentieux, ni présomptueux, mes talents dans le domaine de la discrétion étaient assez important, et pour échapper à mon attention, l'homme qui se trouvait dans mon dos devait être assez redoutable lui aussi, et très entrainé. Il me stipula que notre dernier compère, Jest, nous attendait à la taverne de la Chope Renversée. Le temps que je me retourne, mon interlocuteur était déjà parti, à ma grande stupéfaction. Son talent me fit froid dans le dos, et mes poils se dressèrent sur ma peau. Même Svan ou Levy n'étaient surement pas capable d'en faire autant, bien que les seuls talents qu'ils m'eurent montré étaient plus de l'ordre de la boucherie que de la discrétion.

Ces derniers devaient avoir entendu la phrase chuchotée, et partirent directement, sans même m'attendre, en direction du centre de la cité. Je les suivais rapidement à travers les rues et ruelles de la ville, jusqu'à arriver à notre point de rendez-vous, ladite taverne.

-Message Guilde pour Alessia-

Si les ruelles de la ville avaient été vides et silencieuses, il en était pas de même pour le port dont l'activité nocturne n'avait rien à envier à la diurne. Certes il n'était plus question de chargement et de déchargement de caisses, ni de la criée où poisson et marchandises étrangères étaient vendues.

Non, en cette nuit où la marée était basse, l'activité était présente avant tout dans les tavernes et les bordels à la réputation douteuse. Les ivrognes vomissaient dans les caniveaux, des prostituées attendaient dans des ruelles, voir y exerçaient leur sombre métier. Des yeux rouges te fixaient de temps à autre, les rats étant légion en ce lieu de perdition.

La chaleur ne t'avait pas quittée.

Si tu décidais de t'arrêter un moment, tu te serais très vite rendu compte que cela semblait aussi gêner les sinistres individus qui rôdaient sur les docks. De même, aucun rat ne passa entre tes jambes, alors qu'ils ne semblaient pas se gêner pour grimper sur des poivrots affalés.

Cette courtoisie de sa seigneurie rongeuse ne fut hélas pas partagée par un groupe de marins au teint mauvais, deux d'entre eux te sifflant joyeusement, lançant des obscénités sordides. Cela n'avait rien de rassurant.

La chaleur, elle, ne t'avait pas quittée.