![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
(((Rp quelque peu violent)))
Sollow passa à l'attaque sans prévenir, sans même se mettre en garde.
Il se rua sur moi; tout simplement.
Son épée courte fila en direction de ma gorge et ,au moment où je m'apprêtais à parer le coup, changea brusquement de trajectoire pour aller se ficher dans mon plastron, le traversant sans difficulté, laminant par la même occasion le manteau de mailles que je portais en dessous.
Une pluie de petites boucles de métal s'écoula au sol depuis le pan d'armure sectionné, évoquant brièvement le bruit d'un ruisseau.
Mon plastron m'avait sauvé la vie mais venait subitement de se voir délesté d'une grande partie de son efficacité...
Je repoussais le milicien masqué avec de larges moulinets, le forçant à reculer s'il ne voulait pas être blessé.
"C'est tout ce dont tu es capable? Brasser de l'air avec ton épée?" Il dansait littéralement entre mes attaques, les esquivant avec de simples pas de côté ou en sautant en arrière... Sollow
jouait avec moi, profitant encore un peu de sa proie avant de se décider à la tuer.
J'étais condamné: plus faible, moins rapide, moins entraîné, totalement épuisé...
Mais il était hors de question d'abandonner, je voulais vivre bordel! Vivre!
"Trop lent!"L'homme venait à nouveau d'éviter un de mes piètres coups, le laissant libre de riposter (chose dont il ne se priva pas).
Sa lame me força à reculer à mon tour, au risque de me faire acculer contre un mur...
Athis s'était pour sa part remit de ses émotions: il se contentait de nous regarder, une expression béate plaquée sur le visage, ayant visiblement oublié que sa main pissait le sang... Rien à redouter de son côté, du moins, tant que je ne prenais pas l'avantage sur son acolyte virevoltant (ce qui ne risquait pas d'arriver).
"Mais défends toi un peu! Quel honneur y a-t-il à tuer pareil couard?"Je ne lui répondis pas. A vrai dire, j'étais tellement focalisé sur ma propre survie qu'il aurait pu annoncer qu'il m'épargnait sans que je n'en prenne note...
Mais ma concentration avait quelques avantages; j'avais ainsi pu remarquer que son style de combat le laissait sans défense pendant environ une seconde après ses passes d'arme complexes. Un bonne chose pour moi donc? Pas vraiment...
Ce type de faille était exploitable pour un type équipé d'une arme légère (épée courte, poignard, fourchette,...) mais totalement inutile pour le genre d'idiot maniant une épée à deux mains (moi donc): l'exemple parfait de situation que feu le sergent instructeur Haelis nous présentait comme "
franchement merdique " (peu avant son décès dans des circonstances comparables).
L'épée de Sollow siffla brutalement à mon oreille, me ramenant à une réalité que j'aurais préféré ne pas affronter... Dire que j'étais dans la merde tenait de l'euphémisme: ce type était simplement trop fort pour moi. Autant en finir tout de suite.
La moindre de mes attaques était déviée d'une pichenette par l'épéiste; qui plus est, je m'épuisais rapidement, la fatigue accumulée due aux événements des derniers jours se faisant de plus en plus ressentir...
(C'est la fin...)Il y eu un grand choc métallique suivit d'une explosion d'étincelles: mon épée venait de se briser en deux alors que je parais une de ses estocades.
Ma lame rebondit une fois avant de s'immobiliser sur les carreaux de la pièce dans un grand bruit d'acier heurtant la pierre tandis que je serrais inutilement le manche de mon arme dévastée: tout ce pour quoi je m'étais battu... Tout ce pour quoi j'avais lutté pendant toutes ces années... Tous mes espoirs... Tout cela venait de se volatiliser avec la disparition de mon épée.
"C'est terminé Morington" se contenta de me dire Sollow, arrivant visiblement à la même conclusion que moi.
J'étais incapable de bouger, comme paralysé par l'horreur de l'instant: j'étais vaincu. J'allais mourir...
Mes forces refluaient petit à petit, comme si mon organisme lui-même comprenait que ce n'était plus la peine d'entretenir un corps pour un combat déjà perdu.
Je m'effondrais au sol tandis que l'autre s'approchait:
pourquoi? Qu'avais je fais au monde, aux dieux pour que le destin s'acharne ainsi sur moi?
"Sollow? Je... J'ai entendu du bruit provenant de l'étage..."L'assassin masqué se détourna de moi pour faire face à son coéquipier:
"Et t'attends quoi pour y aller? Ce doit être un domestique qui s'était caché..."Il s'arrêta brusquement: on entendait maintenant distinctement les sons auxquels Athis faisait allusion... Des pas lourds, faisant grincer les lattes du plancher au-dessus de nous.
"Un gros domestique alors..." lui répondit-il en riant jaune.
"Vas-y Athis."L'interpellé roula des yeux, visiblement mal à l'aise:
"Je... Mais Sollow! Tu veux que je me batte avec quoi? Je suis blessé et je peux plus manier ma hallebarde! Ce fils de chien s'en est assuré..."Il me décocha un coup de pied dans la jambe pour faire bonne mesure.
"Je m'occupe de lui, toi prends ça et charges toi de ce que tu trouveras en haut."Sollow lui tendit le poignard qu'il portait au niveau de sa ceinture:
"Ne déçois pas le maître."Athis s'empara de la petite arme avec sa main valide, ses gestes rendus maladroits à cause de l'appréhension grandissante qui l'habitait.
"Je le sens pas ce coup-là Sollow... Tues vite Boer et barrons-nous fissa avant que ça ne dégénère...""Dépêches-toi de monter ou t'auras bien plus à redouter que quelques grincements venant du plafond...""Tu n'oserais pas me t...""Si. J'y pendrais même un certain plaisir si tu tiens vraiment à le savoir... Alors montes avant que je ne te plante cette épée dans le cul!"J'observais l'échange entre les deux hommes qui s'envenimait sans rien dire: je tenais ma chance... Aucun d'entre eux ne semblait faire attention à moi et la voie vers la porte était libre; je me mis donc à ramper vers mon salut, essayant au maximum de me fondre au décor (même s'il est certain qu'un milicien en haillons détonne un peu au milieu des meubles).
"Et où croyez-vous aller comme ça sieur Morington?" me lança Sollow avec une pointe d'ironie.
"Ben... Vers la sortie quoi..."(Meeerde)En tournant la tête dans leur direction je vis qu'Athis, nerveux, avait entreprit de monter les escaliers menant au premier, me laissant bientôt seul avec le soldat masqué...
Je me relevais lentement sur mes jambes flageolantes: quitte à mourir, autant le faire avec dignité.
"Ah? On continue à lutter à ce que je vois..." me dit-il en marquant un arrêt.
"Pas vraiment non... Fait ça vite avant que mes nerfs ne lâchent...""On se croit en mesure de dicter ses conditio..."Il n'eu pas le temps de finir sa phrase; un bruit sourd derrière nous attirant soudainement notre attention.
"Que...""Par tout ce qui est saint..."Le corps sans vie (et accessoirement sans tête) d'Athis dévalais lentement l'escalier, tapissant son chemin de sang frais...
"Oh putain... C'est pas bon ça... Mais pas bon du tout..." ânonnais-je bêtement, le peu de bravoure que j'avais réussis à rassembler il y a quelques secondes fondant comme neige au soleil devant ce cadavre mutilé.
Le dernier milicien en vie ne sembla pas s'en émouvoir, tenant son épée à bout de bras tout en restant parfaitement immobile, aux aguets.
Au-dessus de nous, les grincements reprirent de plus belle, la
chose se remettant en mouvement.
Je me mis rapidement à la recherche d'une arme, l'instinct de préservation prenant l'ascendant sur la peur qui risquait de me faire mouiller mes chausses à tout moment.
(putainputainputainputai...)Il n'y a rien de pire qu'une terreur intense: vous êtes lent, maladroit, incapable de réfléchir efficacement... Ce
truc qui nous avait rejoint me paraissait d'un coup bien plus menaçant que Sollow qui, dans le fond, n'était qu'un humain (imbu de lui-même, extrêmement habile et passablement psychopathe).
L'unique source de lumière du rez-de-chaussée s'éteignit brusquement, nous plongeant subitement dans une obscurité uniquement perturbée par la clarté de la lune qui filtrait par les rares fenêtres de la bâtisse...
Je faillis lâcher un cri de terreur lorsque les marches de l'escalier se mirent à grincer à leur tour... Il me fallait maintenant chercher à tâtons la hallebarde d'Athis, l'arme sur laquelle j'avais jeté mon dévolu.
Sollow affichait pour sa part un calme de marbre: s'il avait peur pour sa vie, il n'en montrait rien. Une flegme que j'étais pour ma part bien loin d'égaler...
Je refermais finalement ma main sur la hampe gainée de cuir de l'arme de feu-Athis, ma vision s'accoutumant progressivement à notre environnement de semi-obscurité, me permettant de reconnaître certaines formes: le cadavre de Galec, la silhouette légèrement vouté d'un Sollow prêt à se battre et... une grande créature recouverte d'une cape mité.
Le milicien fit alors une chose que je croyais impossible de sa part:
il tourna les talons... Ce n'est qu'en me dépassant qu'il me poussa violemment en direction du nouvel arrivant; lequel se contenta de m'écarter de sa route d'un revers de patte qui me fit m'écraser contre un mur, sonné.
Sollow cracha une insulte particulièrement inspirée à l'encontre des géniteurs de la
chose en voyant que celle-ci ne daigna même pas s'intéresser à moi, continuant à se rapprocher de lui d'un pas décidé... Sentant qu'il était dans une impasse, l'homme au masque de démon dû se résoudre à la combattre.
J'avais beau le détester depuis notre (récente) rencontre, je ne pouvais nier l'héroïsme dont il fit preuve en chargeant la créature: hurlant comme un damné pour se donner du courage, le soldat se rua sur elle en brandissant son épée, laquelle étincela brièvement lorsqu'il dépassa une des fenêtres de la pièce (les seules sources de luminosité depuis que les bougies s'étaient éteintes).
Le monstre esquiva l'attaque dans un froissement d'étoffes, son manteau en lambeaux ondoyant autour de lui... Je pouvais maintenant mieux le distinguer; grand avec un corps musculeux, affichant un visage canin, le tout étant complété par une longue queue ainsi qu'une fourrure noire... Peut-être grise sombre (la luminosité quasi inexistante ne m'aidant pas vraiment à trancher), un peu comme...
"Skula...?" laissais-je échapper à mi-voix, complétement surpris de sa venue après m'être fait à l'idée d'un abandon de sa part.
A peine avais-je prononcé son nom que les yeux de la liykore se détournèrent du combat où elle était engagée pour me fixer un court instant, trahissant par la même occasion son identité... Elle n'avait laissé transparaître aucune émotion durant ce bref contact visuel, me poussant brièvement à me demander s'il fallait que je l'aide ou que je prenne mes jambes à mon cou: après tout, n'était-elle pas maintenant un monstre sanguinaire en liberté? Ce n'était sûrement pas Athis qui dirait le contraire...
Le milicien masqué profita de sa distraction passagère pour lui porter un coup qu'elle dévia en un éclair avec une sorte de brassard métallique d'avant-bras. Suite à son échec inattendu, Sollow battit en retraite, plus prudent et soudain moins confiant quant à ses capacités à la vaincre...
Skula ne comptait pas pour autant le laisser s'en tirer à si bon compte... Dans un grognement de colère, elle commença à le harceler avec des directs de ses énormes paluches que le milicien peinait à esquiver.
J'étais pour ma part admiratif devant cet homme qui luttait contre l'inéluctable... Continuait-il à se battre par courage? Par désespoir? Sollow esquivait, ripostait... Perdu dans un ballet mortel avec des griffes et des crocs rutilants, tous tranchants comme des rasoirs... L'épéiste faisait face à la sauvagerie brute de la liykore sans se départir un seul instant de son sang-froid, là où j'aurais moi-même perdu toute dignité, suppliant vainement pour que l'on m'épargne...
Puis tout cessa brusquement dans un craquement écœurant: Skula venait de réussir à porter un coup au milicien, en plein thorax... L'armure de Sollow avait beau pu amortir en partie le choc dû à l'impact, elle n'avait pourtant pas pu empêcher la liykore de briser quelques côtes à son porteur (ce qui vous donne à peu près l'idée de la force inhumaine de ma
partenaire de route).
L'homme recula en titubant, laissant tomber son arme pour porter la main à son thorax, au niveau de ce que je supposais être l'endroit de sa blessure; on entendait maintenant distinctement sa respiration sifflante par-delà son masque, le malheureux devant souffrir un véritable martyr... Ce n'est qu'alors que je ré-aperçus Skula, cette dernière se rapprochant de lui avec sa démarche féline caractéristique (une chose étrangement dérangeante vis à vis de son apparence lourde et canine; un peu comme si vous voyez quelque chose, mais pas les sons qui l'accompagnent habituellement).
Elle ne s'arrêta qu'au moment où je crus qu'ils allaient se percuter puis se pencha lentement à son niveau (Skula le dépassant de deux bonnes têtes), tel un vautour analysant la bête mourante qu'il ne tardera pas à dévorer...
La liykore tendit alors une de ses mains griffues en direction de la tête de Sollow et lui retira délicatement son masque, comme si elle avait peur de le blesser, avant de murmurer à son oreille d'une voix à peine perceptible:
"Je veux te voir hurler d'agonie..."Elle s'empara ensuite de l'homme blessé au niveau du col, le soulevant à sa hauteur, me rappelant ainsi notre première rencontre dans les geôles de la milice au moment où j'avais subit le
même sort (à la différence notable que j'étais encore là pour en parler, ce qui semblait plus que compromis pour Sollow...).
En guise de réponse, l'assassin démasqué/soldat (faute de meilleur terme pour le désigner) lui asséna un violent coup de poing sur la truffe qui la fit lâcher prise dans un glapissement de douleur.
Le souffle rauque, Sollow se rua sur la porte à la vitesse d'un homme dont plusieurs côtes sont cassées (inutile de préciser que ce n’est pas la plus rapide) tandis que derrière lui la liykore noire continuait de se tenir le museau de ses deux mains (pattes?) mi grognant, mi geignant...
Il s'arrêta brusquement et je me rendis compte que je me tenais sur sa route:
"Casses-toi Morington..." siffla-t-il entre ses dents serrées.
"T'as pas vu ce qui est derrière-moi? Bouges!"Comme pour appuyer ses dires, Skula poussa un nouvel hurlement qui le fit jeter un rapide coup d'œil en arrière, terrifié (non sans raison). J'étais incapable de bouger, tétanisé, la hallebarde d'Athis pendant mollement dans ma main...
Il se passait trop de choses en si peu de temps... Dire qu'il y avait seulement quatre jours je me prélassais mollement dans mon job de planqué à la milice, Skula étant toujours derrière les barreaux... J'aurais dû la laisser dedans à celle-là, tout était de sa faute! Ma blessure à la tête, la bataille dans le poste de la milice... La mort de Deric, de tous les autres... Après tous, n'étais-je pas plus proche d'eux que d'une inconnue? Qu'étais-je donc pour briser autant de vies sur un coup de tête? Où était passée la Skula rigolarde avec laquelle je discutais devant sa cellule? Etait -elle vraiment cette abomination piaffant de rage et de douleur en face de nous...?
Me voyant toujours immobile, Sollow s'apprêta à me décocher un direct dans la mâchoire pour m'écarter de son chemin puis... disparut brusquement de mon champ de vision, rapidement remplacé par la liykore ivre de colère qui s'était écrasée sur son dos, le précipitant face contre terre à seulement un mètre de ma propre personne.
Elle cracha des paroles incompréhensibles issues de sa langue maternelle à l'homme à terre qui essayait désespérément de se dégager avant de plonger vers lui crocs et griffes en avant, arrachant de gros paquets de chair sanguinolente à chaque coup tandis que les hurlements de sa victime se répercutaient dans la pièce.
Je regardais avec un air horrifié l'assassin qu'on avait envoyé me tuer se faire dévorer vivant... Skula avait évoqué brièvement ses tendances "humanivore", son maître lui faisant dévorer les gladiateurs des maisons nobles rivales après les duels dont elle sortait victorieuse (tous semble-t-il)... Mais je n'y avais pas vraiment prêté attention, pensant que c'était de l'histoire ancienne, des "désagréments" appartenant maintenant au passé... Mais là... Là... C'en était trop.
Il y avait sans doute une limite aux nombre d'horreurs auxquelles un homme pouvait être confronté dans une journée (et dans mon cas pour toute une vie)... N'écoutant que mon instinct, je réagis d'une façon conne mais purement humaine: je pris mes jambes à mon cou, lâchant mon arme et détalant à travers les ruelles, fermement décidé à embarquer dans le premier bateau venu puis à noyer mes cauchemars dans l’alcool une fois hors de vue des côtes…
(Ouais songeais-je,
un bon plan... Je suis un type normal, je n'ai jamais assisté au moindre massacre et je n'ai jamais croisé aucune liykore... Ouais, c'est ça. Je n'ai pas vu de corps sans tête. Je n'ai pas vu de type se faire bouffer vif... Je...)Mon cerveau me dit alors d'arrêter de penser et de courir plus vite "
crétin" ce que je fis (mon cerveau étant souvent de bon conseil), me ruant comme un dératé vers le port à travers la nuit et le claquement de mes bottes sur les pavés.