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RP un peu violent (mais pas trop quand même)
A vrai dire, je n'arrivais toujours pas à trouver le sommeil quand l'alerte fut donnée.
Pour ce que j'en entendais depuis les dortoirs, un homme avait rejoint la cloche à proximité des cachots et l'agitait frénétiquement.
Il continua ainsi pendant deux ou trois secondes supplémentaires avant que le son de la cloche ne cesse brutalement, rapidement suivit d'un cri d'agonie.
Cela ne signifiait qu'une chose: un prisonnier (ou plutôt une prisonnière pensais-je avec un sourire) s'était échappé.
Toujours courbaturé par la "fausse évasion" de Skula, je rejoignis en courant un groupe de miliciens s'équipant à la hâte de pavois que nous utilisions lors des émeutes, des mutineries de prisonniers et autres évènements aussi désagréables que courants à Exech: à cet équipement venait s'ajouter un gourdin et un casque à visière (sans compter notre armure et notre épée réglementaire).
Le poste de milice résonnait maintenant de bruits de combats qui à l'oreille semblaient provenir de directions différentes. Quoi qu'ai fait Skula, je commençais à douter du fait qu'elle s'était évadée seule.
Le groupe que j'avais rejoint se composait de cinq miliciens qui avaient du mal à cacher leur appréhension: la menace n'était pas clairement identifiée et un nombre inconnu de détenus parcourait les sombres couloirs du bâtiment.
Tant qu'ils n'atteignaient pas l'armurerie, il y aurait un espoir de les repousser... Dans le cas contraire, on n'aurait qu'à espérer que le "nombre inconnu" ne dépasse pas la dizaine d'individus, sinon... Mieux ne valait pas y penser.
Mais ce n'était pas cela qui inquiétait ces soldats aguerris; nous avions une liykore noire en liberté dans les couloirs en pleine nuit. On ne pouvait imaginer de scénario plus catastrophique.
Pour ma part, je m'en foutais royalement: Skula ne me ferait pas de mal ou, tout du moins, à sa manière (j'entends par là qu'avec un peu de chance je serais en vie le lendemain avec trois côtes cassées et un bras brisé).
Avec les cinq types, nous nous dirigeâmes en direction des geôles, bien décidés à faire le point sur la situation et à trouver des renforts.
Un bourdonnement se fit entendre dans notre dos et l'instant d'après, l'homme à côté de moi s'effondra, une flèche plantée dans la nuque à l'endroit où ni son casque, ni son armure ne le protégeait. Avant que son corps n'eut touché le sol, un autre homme l'avait rejoint dans la tombe, une flèche dans le cou alors qu'il se tournait pour voir notre agresseur.
Au fond du couloir que nous venions de quitter, se dressait un elfe qui nous visait avec un arc qu'il avait dû récupérer sur le cadavre d'un milicien. Il portait à sa ceinture une épée magnifiquement ouvragée, sans doute son arme à lui cette fois-ci.
Une autre flèche fila dans notre direction mais le soldat visé la para avec son bouclier.
Nous, les quatre survivants, dégainâmes nos épées et nous jetèrent sur lui dans un cri
de guerre inarticulé.
(Trente mètres...)Isaak, le milicien qui chargeait à côté de moi se pris une flèche dans la jambe et s'effondra dans un hurlement.
(Vingt mètres...)La flèche suivante m'était destinée mais se ficha dans mon plastron. Elle ne le traversa pas mais l'impact me coupa le souffle, me ralentissant alors que les autres continuaient de charger.
(Dix mètres...)L'adrénaline s'empara de moi et je partis d'un grand rire hystérique. La flèche était toujours plantée dans mon armure et refusait de la quitter. D'un coup d'épée, j'en coupais la hampe tout en continuant de courir.
L'elfe lâcha son arc et dégaina son arme, se campant solidement sur ses jambes pour nous faire face.
(Trois contre un, pauvre imbécile. Tu es mort) Je haïssais les elfes et je les haïrais toujours. Tout en eux m'irritais: leurs manières hautaines, leur sentiment de supériorité envers les autres races, leurs corps androgynes que certains trouvent magnifiques... Et ces ridicules oreilles pointues. Affreuses oreilles pointues... Je me fis la promesse de les lui faire bouffer à celui-là.
Et pourtant: je n'avais jamais eu la moindre once de racisme envers le moindre peuple (ce qui était d'après moi ma plus grande force). Mais pas pour les elfes, pas depuis qu'Iriel m'avait volé Runat'...
Nous percutâmes de plein fouet l'elfe qui avait trop lent à s'écarter, boucliers en avant, puis nous nous fendîmes à l'unisson comme lors des entraînements. L'elfe bondit et s'écarta avant que nos lames ne l'atteignent. Il contre attaqua, son arme décrivant un arc devant lui, nous forçant à reculer pour éviter d'être blessés.
Le combat se rompit pendant quelques secondes, les deux camps se fixant comme chiens de faïence, attendant une ouverture pour attaquer.
On continuait d'entendre Isaak gémir dans notre dos, la flèche toujours plantée dans sa cuisse. Le bruit des combats dans le poste s'était encore accru, comme s'ils se déplaçaient dans notre direction: le choc des armes, les cris des combattants et le râle des blessés se faisant maintenant entendre dans chaque couloir annexe.
L'homme à ma gauche, Deric, fit une erreur qui fut sa dernière: il jeta un rapide coup d'œil en direction d'Isaak.
L'elfe se jeta sur lui et sa lame lui trancha la gorge.
Le malheureux tomba à genoux, ses mains cherchant à comprimer l'horrible blessure. Il émit un gargouillis étranglé avant de s'effondrer complètement dans un grand bruit de métal, son armure heurtant les carreaux du sol.
Isaak hurla, appelant le nom de son ami qui ne lui répondait plus, se vidant de son sang. Dites ce que vous voulez de la milice d'Exech; mais pour chaque dizaine de salopards qui la compose, il y a un type bien. Deric était de ceux-là. S'il s'était engagé dans la milice, c'était pour fuir un passé trouble et tenter de l'oublier.
Mais c'était avant et Deric n'était plus.
L'elfe rit alors de façon méprisante, comme s'il venait d'écraser un moucheron sans importance:
"Et maintenant? A qui le tour?"Le dernier milicien en état de se battre, Rael, était à deux doigts de tourner les talons. Il fallait lui remonter le moral sinon, c'en serait fini de tous deux: je n'étais pas assez fort pour vaincre l'elfe seul et il nous tuerait dès que nous ferions mine de nous enfuir.
Les lamentations d'Isaak et les bruits de lutte emplissaient maintenant le couloir. Je vis même derrière l'elfe des miliciens tentant de contenir des ex-prisonniers qui les attaquaient avec des armes diverses, allant de l'épée au tesson de bouteille.
Je me remis en garde, levant mon bouclier et lui répondit d'une voix plus forte que je ne l'aurais voulu, tellement chargée en haine et en mépris que je m'étonnais moi-même:
"Moi. Et je t'assure que c'est avec un grand plaisir que je débarrasserai Imiftil et ma ville de ta lamentable existence, elfe."Je crachais presque le dernier mot.
L'autre me dévisagea sous un œil nouveau, comme s'il jugeait que finalement la proie se défendait un peu plus que prévu.
"Comme tu voudras, humain."Il se remit en garde avec nonchalance, certains de sa victoire.
"Rael, prépares-toi."L'autre milicien m'obéit sans protester (chose qu'il aurait faite avec beaucoup d'entrain d'habitude), son moral quelque-peu restauré par mon sang-froid. Pour ma part, je me pisserais volontiers dessus mais n'en montrais rien.
Rael se mit en position et leva son pavois, prêt à m'épauler pour le combat à venir. Ses yeux luisaient de peur et de colère à travers sa visière tandis qu'il fixait l'elfe.
"Maintenant?""Maintenant!"Nous le chargeâmes à l'unisson, le forçant à reculer. Il tenta un coup d'estoc afin de m'empaler sur sa lame mais Rael le percuta avec son bouclier.
"Pour Deric et tous les autres! Vengeance!" hurla-t-il comme si c'était un mantra l'empêchant de paniquer; on percevait d'ailleurs une note d'hystérie dans sa voix.
L'elfe fut un moment déstabilisé par l'attaque et j'en profitais pour lui lacérer le bras gauche.
Un sang pourpre jaillit, bien plus clair que celui d'un humain et l'elfe recula vivement. Il me fixa comme si je l'avais violé.
"Personne n'a jamais... Maudit fumier!"Il contre-attaqua avec une force dont je ne l'aurais jamais cru capable, laminant peu à peu mon pavois de son épée.
"Meurs! Meurs! Meurs!"Il avait perdu tout semblant de flegme, ses pupilles dilatées par la rage qui l'habitait et ses cheveux flottant autour de lui telle une tornade... Il était effrayant.
Il fallait en finir au plus vite avant que je ne perde le contrôle de ma vessie ou de l'un de mes membres.
Mon bouclier se fissurait sous ses assauts répétés et je faiblissais, mes muscles tétanisés par l'effort mobilisé pour lui faire face.
Rael revint à la charge arme levée, prête à s'abattre sur l'elfe.
Ce dernier se retourna à une vitesse hallucinante et d'un geste ample le décapita.
"Dégages!"Le corps sans tête continua sur son élan avant de tituber et de tomber sur le dos.
"Non!!!"Je me ruais sur l'elfe qui avait à peine terminé son attaque. Je n'avais plus d'armes, les ayant abandonnées: trop lourdes pour mon idée et, de toute façon, je n'avais aucune chance contre lui en combat régulier.
Ses yeux s'agrandirent de surprise lorsqu'il me vit arriver. Un centième de seconde plus tard, je fus sur lui.
Le choc le souleva du sol mais cette fois-ci, je ne comptais pas le lâcher.
Nous nous battîmes au sol tel des chiffonniers. Un coup de tête de ma part lui brisa le nez. Je le rouais de coups pour Isaak, Deric, Rael et les deux autres. Ils ne m'aimaient pas, je ne les aimais pas mais nous avons servis ensemble pendant quatre ans dans la milice: ça tisse des liens.
L'elfe ne pouvait se défendre, son arme inutile dans un combat aussi rapproché... ma supposition s'était avérée juste: l'elfe avait un redoutable niveau d'escrimeur mais ne connaissait rien au combat sans arme alors que j'avais pour moi l'expérience d'un enfant des rues, devant se battre pour sa survie bien avant de rallier les miliciens.
Il ne restait pas inactif pour autant mais ses poings ne rencontraient que mon armure: les miens par contre s'en donnaient à cœur joie.
Ce n'est que quelques minutes après que je me rendis compte que je rossais un cadavre.
(Nous avons vaincu un elfe... Impossible...)Je m'effondrais contre un mur, le corps soudain parcouru de tremblements. J'étais épuisé, couvert de sueur et de sang... Je me répugnais moi-même.
(Comment des types normalement constitués peuvent-ils aimer ça?)L'elfe était défiguré, sa "beauté" passée ayant complétement disparue. Il abordait à la place un masque d'ecchymoses et de plaies béantes.
Il était hors de question de m'accorder le mérite de mes camarades tombés: sans eux, rien n'aurait été possible.
Tout en me relevant, je pris le pavois de Rael (le mien étant en miettes) et récupéra mon épée.
Tous étaient morts, Isaak ayant péri d'une hémorragie... Je ne croyais en aucun dieu mais prononça malgré tout une prière pour eux, ils l'auraient voulu.
Les combats continuaient toutefois et c'est le cœur miné par le remord que je rejoignis un nouveau groupe de miliciens bien plus conséquent, ses membres fermement déterminés à "nettoyer" tout le poste.