Dès sa sortie de la taverne, Eckmül se dirigeait d'un pas sur vers la première ruelle à gauche, il y faisait sombre, humide, des rats passaient régulièrement avec pour les uns des bouts de carcasses d'oiseaux dans la gueule, d'autre des fruits pourri jetés par quelques passants, ou encore des déchets trouvés on ne sait trop où dans la ville. Il se postait au bout, afin de rester dans l'ombre et de se faire le moins remarquable possible, les bras croisés, et son pied gauche sur le mur.

Quelques minutes plus tard à peine, il entendait la porte de la taverne claquer, et deux voix d'un ton assez lointain et résonnant, c'était sans nul doute les deux hommes auxquels il aurait à faire, qui d'autre aurait-ce pu être? Les pas se faisaient de plus en plus proches, passaient dans l'une ou l'autre flaque d'eau, et les deux silhouettes se faisaient enfin remarquer au bout de la ruelle. Ils s'approchaient, sans même savoir ce qu'aurait pu leur vouloir l'orc, mais sur d'eux malgré tout, et certainement en confiance de par leur supériorité numérique.

Revenons en peut-être à leur description, bien trop vague que pour s'en faire une idée jusqu'ici :

Le premier, le blond barbu, n'était pas très grand, il avait le regard vif, finaud comme pas deux, des cheveux fins, un air de bon prince, le visage élancé, assez prononcé, munis de fossettes au bas des joues, des yeux bleus angéliques, une carrure relativement fine, apparemment peu musclé, longiligne et assez grand, haut d'environ 1m80, assurément le meneur des deux, il en avait en tout cas l'allure, celle d'un véritable meneur, charismatique, qui ne laissait pas indifférent lorsqu'on le croisait.

Le deuxième était plus petit, un peu plus rondelet mais pas pour autant bouffi, les cheveux plus foncés, le visage mal rasé, de gros yeux noirs aux sourcils ébouriffés, des lèvres imposantes, l'air un peu niais, voir bête. Certainement moins agile, moins malin que son compagnon, il n'inspirait pas le respect qu'on pourrait avoir pour son compagnon. Il était certainement ce qu'on appelle un larbin.

Le premier à adresser la parole à Eckmül était évidemment le grand :

"Alors l'orc, qu'est-ce que tu nous veux !? On est pas ici pour perdre notre, sinon, tu le regretteras"
Il ne pensait certainement pas ce qu'il disait, il tentait simplement de jouer l'intimidation.

Et Eckmül de répliquer :

"La ferme, tu ne ferais pas le poids et tu le sais, pourriture d'humain. Si je vous ai appelés, c'est pour la simple et bonne raison que vous discutiez avec le tavernier, je ne suis pas idiot, je sais que j'étais le sujet de vos dires. Qu'en était-il de cette conversation?"

Intimidé par le ton de l'orc, les deux humains restaient en retrait, le second se glissait derrière son compagnon, craintif, apeuré par l'ambiance qui régnait ici.

C'était toujours le même qui répliquait :

"Il est un fait, c'est qu'il est rare de trouver un orc dans nos contrées, et notre curiosité s'est réveillée, nous pensions donc que le tavernier saurait nous renseigner, mais il en est rien, nous ne savons rien de toi, que fais-tu ici? Nous on a nos combines, et on veut pas que tu t'en mêles, tu trouveras rien pour toi ici !"

"Mouhaha, rien pour moi ici? Vous faîtes erreur mon gars! Je suis ici pour me forger un nom, je ne suis pas de ceux qui craignent les humains, encore moins des humains aussi fétiches que vous. Et puisque vous me parler de combines, vous allez parler, sinon vous ne sortirez pas vivant de cette ruelle, croyez moi !"

(((Petite demande à un GM avant de continuer, bientôt la suite)))

-Message Guilde pour Alessia-

Au début tu avais été suivie, en effet, précédée aussi par les personnes qui avaient fui les lieux ou qui étaient simplement rentrées. Mais à mesure que tu avait avancé, creusant l'écart entre ton passé et toi, tu t'étais enfoncée dans la solitude des ruelles de la ville. Il y avait bien quelques âmes égarées, des pauvres qui ne levaient qu'à peine leurs yeux creusés par l'épuisement et la mort prochaine, mais rien ne t'approchant. Rien que tu ne pus remarquer en tout état de cause.

Le contact sur la pierre sale mais froide était agréable, rafraichissant. Rapidement pourtant celle-ci se réchauffa, comme si ta main était de fer brûlant et ce qui était frais devint à nouveau tiède. L'air ambiant était aussi chaud qu'en plein jour, mais il n'y avait absolument aucune trace de ta troupe. Personne, juste toi, la sueur commençant à couler le long de tes tempes.

Une chose était sûr: tout ceci n'était pas naturel, loin de là...

Après m'être échappé, j'ai décidé d'aller à une boutique magique afin d'augmenter mes pouvoirs. J'ai interpellé un passant :

"Dis-moi ! Où peut-on trouver un marchand-mage dans cette ville ?"

"Non mais tu peux trouver tout seul ! Je n'ai pas que ça à faire moi !"

"Je repose ma question : OU PEUT-ON TROUVER UN MARCHAND-MAGE DANS CETTE VILLE ?"

"Euh... C'est làlàlà-bas. Au bbbbbout de lalalala rue."

"Merci, mon brave."

( C'est mieux ainsi ! )

J'ai regardé la direction qu'il m'a indiquée et je m'y suis dirigé.

Après avoir acheté un fluide, je me suis de nouveau posé la question de ce que j'allais faire ensuite :

( Maintenant que je suis plus fort magiquement, enfin quand j'aurai bu cette potion assez onéreuse, je dois trouver un endroit où me cacher la nuit et en cas de poursuites. Commençons donc par fouiller les maisons abandonnées pour voir si l'une d'elles feraient une planque potable. )

Donc je suis parti en quête d'un refuge.

suite

Enfin je pus sortir de cette auberge. Enfin j'allais pouvoir mener mon enquête dans les rues d'Exech. Enfin j'allais pouvoir accomplir ma vengeance. Du moins je l'espérais. J'étais tellement obnubilé par cette vengeance que je n'avait pas réfléchis à la manière dont je procéderai.
(Oh et puis, je verrais le moment venu) pensai-je.
Je continuai à avancer dans les ruelles sombres, j'avais un mauvais pressentiment, quelque chose qui me disait que je faisais fausse route et que je courais un grand danger. Je sortis mon épée et la plaçai devant moi, plus pour me réconforter qu'autre chose, car oui j'avais peur. Très peur, mais je devais continuer à avancer.

"Tthéo ! Tthéo !"

Le jeune homme reconnut la voix de sa sœur. Comment était-ce possible ? Était-elle en vie ? Impossible, il avait brulé son corps. Sans doute était-ce son imagination, mais lorsque l'espoir pénètre l'esprit d'un Homme, il ne le quitte pas jusqu'aux désillusions. Un groupe d'homme apparut en face de moi, tous armés jusqu'aux dents. Je prends mon arme à deux mains et la lève pour qu'elle protège mon corps, comme on me l'a enseigné. Un homme s'approche, armée d'un sabre, il frappe sur ma lame, je pare son coup, un deuxième sabre s'approche de moi, près de mes côtes, je pivote et dévie la lame. Une dernière épée s'approcha de ma gorge, m'obligeant à rester immobile dos à un mur.

"C'est un Wiehl. Faut prévenir le patron !" s'écria l'un d'eux.

"Tuons-le ici et discutons ensuite." fit un autre.

"Non on l'emmène au patron ! C'est à moi qu'il a donné cette mission c'est donc moi le chef, et je commande ! On l'emmène au patron !" cria le premier.

Soudain je sentis une violente douleur au crâne et je m'écroulai sur le sol.

suite

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Oëdline courre dans les rues d'Exech depuis dix minutes maintenant. Son bras gauche, encore douloureux, commence à prendre une inquiétante couleur violacée. Le paysage autour d'elle défile de plus en plus lentement au fur et à mesure qu'elle s'essouffle. Elle avait passé les portes de la ville sans encombre, ne croisant aucun garde. Les maisons autour d'elle semblent avoir traversé les pires horreurs de l'humanité, elles tiennent encore debout par miracle et de la boue les macule jusqu'au premier étage. La petite fille est terrifiée.

Elle glisse soudain dans une flaque un peu plus profonde que les autres et se retrouve allongée de tout son long dans la rue. Éclatant en sanglots, elle se traine jusqu'à une porte cochère sous laquelle elle se roule en boule.

Oëdline reste prostrée plusieurs heures contre cette porte, laissant libre court à la tristesse qui l'envahit depuis le jour où ces choses sont sorties de ces mains. Elle allait sombrer dans le sommeil lorsque un homme vieillissant, aux cheveux blancs échevelés la découvre en voulant sortir de chez lui. Il ébauche un sourire et ramasse cette petite chose afin de la mettre à l'abri devant sa cheminée.

L’elfe ouvre les yeux en sentant la chaleur sur sa peau. Elle est dans une maison douillette qui sent bon les choses anciennes. Un homme lui tourne le dos et attise le feu avec une longue branche de frêne.

"-qui... qui êtes vous?
-Quelqu'un qui ne te veux aucun mal. Que faisais-tu seule dans la rue? Exech n'est pas une ville pour les petites filles et je ne t'avais encore jamais vue.
- Je viens d'arriver... Je ne sais même pas ou je suis... mais il faut que j'aille dans une maison avec un toit bizarre.
- Serait-ce une maison avec des gargouilles près de la cheminée?
- Je... oui c'est ça!
- Et bien tu es au bon endroit!"

Oëdline écarquille ses yeux autant qu'elle le peut, observe le vieil homme et rougit en baissant la tête. Elle ne devait pas se faire repérer. Que vont dire les deux brutes? Et comment va-t-elle faire à présent pour prendre le coffret? Peut-être que si elle pose tout simplement la question à ce monsieur qui a l'air plutôt gentil... Mais elle est interrompue dans ses réflexions par la voix douce du vieil homme:

"- Quelqu'un t'aurais-t-il envoyé ici pour récupérer un coffret en ivoire?
- Oui monsieur. Ils m'ont dit que vous aviez quelque chose qui leur appartenait et que je devais le récupérer parce sinon ils m'amèneraient à leur chef.
- Et bien, je ne voudrais pas te causer d'ennuis alors je vais te le donner. Je vais juste échanger l'objet qu'il y a à l'intérieur mais ne t'inquiète pas, ils ne se rendront compte de rien. Auparavant, j'aimerais que tu me racontes comment tu es arrivée dans cette ville. Et pendant ce temps, je vais nous préparer un bon repas, ça te dirais?
- Oh! eu oui! Merci monsieur! ça serait vraiment très gentil
- Alors vas-y. Raconte moi.
- Et bien... c'est que... J'ai été chassée de ma tribu. Hum... Il s'est passé quelque chose... Je voulais vraiment gagner un duel contre un garçon du village et il y a ces trucs qui sont sortis de mes mains. Des espèces de bulles qui lui ont fait mal. Alors les gens du village ont dit que j'avais la malédiction et ils m'ont chassée. Et puis il y a eu ces hommes sur le port...
- Ce qui c'est passé ce n'est pas une malédiction, tu as un don pour la magie.
- La magie?
- Oui la magie. Tu as dans ton corps un type d'énergie particulier qui te permet de lancer des sorts. En t'entrainant, tu pourras en apprendre d'autres et devenir très puissante. Tiens, mange-ça dis l'homme en mettant devant elle une assiette remplie de différents légumes et de viande dorée."

Oëdline dévore tout, oubliant même de respirer, ce qui fait rire son hôte:

"- Tu vas devoir partir maintenant car ils doivent t'attendre sur le port. Prend ce livre, il t'apprendra beaucoup de choses sur la magie.
- C'est que... je ne sais pas lire.
- Oh! Et bien dans ce cas, prend aussi ce livre là aussi. Il y a des images qui t'aideront à reconnaitre les mots. Prend cette boîte de vivres avec. Et bien sur, n’oublie pas le coffret. Évite de fréquenter de genre de personnes à l'avenir. Et puis, tu peux revenir ici quand tu veux.
- Merci pour tout monsieur ! Ah eu… Il y a quelque chose que j’aimerais vous montrer. Je ne sais pas ce que c’est et vous avez l’air de connaître beaucoup de choses… "

L’elfette fouille dans son sac et en sort la petite pierre rouge. Elle l’a tend au vieil homme.

"-Ça, jeune fille, c’est une amulette magique. Tu te rappelles quand je t’ai parlé d’une énergie particulière dans ton corps ? Et bien cette pierre te permet de rendre cette énergie plus forte. C’est un bien très précieux, efforce toi de l’avoir toujours sur toi et de ne jamais la perdre. Et maintenant vas-t-en où tu vas avoir des ennuis !"


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La petite tombe à genoux dans la boue, vidée de ses forces. Les quelques instants précédents se sont déroulés à une vitesse folle et elle n'a pas encore réalisé ce qui vient de se passer. Serait-elle libre? Enfin? Il lui faut plusieurs minutes pour reprendre son souffle et arrêter de trembler. Elle serre contre elle le petit sac que lui a donné l'homme aux yeux violets et repense à ses paroles.

(Je dois fuir. Encore.)

Oëdline se relève péniblement en s'appuyant contre le mur de la maison la plus proche. Sa petite main laisse une trace claire dans la crasse qui le recouvre. Ses jambes peuvent à peine la porter, elle ne pourras pas courir.

(La cape!)

L'enfant enlève son sac à dos et l'ouvre. Elle en retire un grand morceau de tissu d'une couleur étrange. C'est la cape elfique qu'elle a emporté lorsqu'elle a quitté son village.

(Si je la mets, personne ne pourra me voir).

Un frôlement d'étoffe. L'elfette se confond maintenant avec le décor environnant. La cape est bien trop grande pour elle et elle doit redoubler d'ingéniosité pour ne pas trébucher dessus. La sensation est étrange. Tout en marchant dans la rue en direction du port elle croise de grande silhouettes bruyantes mais aucune ne la remarque. Cela ne vas pas sans difficultés car elle doit parfois slalomer entre plusieurs groupes de passants.

Soudain, une éclaboussure. Le dernier groupe se retourne. La petite comprend trop tard qu'elle a marché dans une flaque d'eau. La cape ne camoufle ni ses traces ni le bruit de sa progression dans la puanteur d'Exech. Elle s'arrête, espérant que personne ne vas chercher à savoir ce qui s'est passé.

Quelques secondes passent durant lesquelles elle n'ose pas respirer. Les passants se détournent. Oëdline reprend sa progression plus lentement. Son trajet est plus réfléchi, plus prudent. Enfin, elle aperçoit la porte de la ville. C'est un passage très fréquenté, il va falloir bien calculer le moment où elle va s'élancer afin de n'alerter personne.

Un groupe de marchands portants de lourds fardeaux. Des marins en permissions pressés de dépenser le peu qu'ils ont dans la boisson ou les catins. Une femme richement vêtue encadrée d'hommes sales et repoussants. Quelques secondes entre ces derniers et trois enfants en haillons qui courent dans cette direction. Oëdline s'élance. Accélérer. Vite. Se concentrer sur ses mouvements. Les enfants passent à côté d'elle sans la toucher. Elle est sur le port.

L'elfette prend quelques instants pour contempler les navires avant de poursuivre son chemin vers la grotte dans laquelle elle a élu domicile.

Tome 4 : Renouveau

Partie un : Préface


[HRP : A cause d'une longue absence, mes rps n'auront plus la même nature et seront d'un type complètement différent. Pour relancer l'histoire de Rayd et justifier ces changements, une ellipse temporelle d'approximativement un an va être faite. Le résumé est disponible ci-dessous. ]

La mission qui leur avait été donnée était un piège. Levy et Svan était mort, tandis que Jest avait été gravement amoché. C'était une embuscade organisée par leurs supérieurs dans le but de supprimer tous les agents numérotés. Une "mesure radicale" selon eux, pour nettoyer et purger l'organisation. Apparemment, un espion d'une organisation concurrente s'était glissé parmi les agents, mais aucun moyen n'était possible pour savoir lequel. Plus tard, alors que Rayd et Jest fuyaient Exech en vitesse, ce dernier avoua à Rayd qu'il était lui-même l'espion recherché. Après quelques révélations sur les procédures et les antécédents de l'organisation, Jest réussi à rallier le quatrième numéro à sa cause. Ils prirent alors la route menant vers le repère où ils pourraient rejoindre l'autre camp, mais n'y trouvèrent que les vestiges de ce qu'elle pouvait être. Il n'y avait plus d'autre camp et ils n'avaient plus aucun alliés. S'en suit une fuite longue et éprouvante pour tenter d'échapper à leurs anciens camarades, ou plutôt, leurs remplaçants, plus menaçants et dangereux que les précédents encore.

Partie deux : Retour au bercail

L'insécurité est constamment présente dans mon esprit. Traverser les rues d'Exech n'est jamais simple. Ma capuche bien sur ma tête, recouvrant en grande partie mon visage, je fil en direction de la ruelle la plus proche. Qu'elle plaie. Voilà près d'un an que je n'ai pas arpenté les rues de cette ville. Mon regard se porte sur tout ce qu'il peut atteindre. Je me retourne régulièrement pour voir si personne ne me suit, sans pour autant relâcher ma garde. Jest sous-estime l'organisation lorsqu'il me dit que nous sommes en sécurité tant que nous ne nous faisons pas remarquer. J'en suis sûr. Je suis certain qu'ils savent très bien où nous sommes. Peut-être pas exactement, mais lors de notre voyage, ou plutôt de notre fuite, il est presque assuré que notre position approximative leur était connue.
Nous ne savons même pas qui nous allons devoir affronter. Je me rappel encore ce que m'avait dit mon comparse.

- "Après avoir entendu mes paroles, beaucoup d'entre vous ont rejoint notre cause. Tu n'es pas le seul que j'ai réussi à convaincre. C'est pourquoi tout ça est arrivé. Il ne fait aucun doute que nous sommes les seuls survivants dans cette affaire. Jamais l'organisation ne les aurait laissé en vie."

Mais... Et nous ? On a bien réussi à s'en sortir. Pourquoi pas d'autres ? Je ne suis pas aussi pessimiste que lui. Je ne peux pas croire que Clay soit mort lui aussi. Svan et Levy sont mort sous mes yeux. Mais on ne sait rien des autres. Apparemment, Deadry serait mort selon certaines sources. Deadry, celui que l'on surnommait l'invincible. Le prodige. Le meilleur d'entre tous. J'aimerais beaucoup savoir quel stratagème fourbe ils ont utilisé contre lui pour en venir à bout. Quand Jest parle de lui, c'est avec un mélange d'admiration et de peur. Pourtant, lui, c'est à moi qu'il fait peur. Je n'ose même pas imaginer le niveau de Deadry. Notre survie doit dépendre surtout du fait qu'ils nous aient prit à la légère. Car ils ont prouvés avec ce dernier qu'ils peuvent tuer n'importe qui, même leurs meilleurs agents.

J'arrive près de la bouche d'égouts menant à notre repère et m'y glisse sans plus attendre. Une fois l’échelle descendue, je me dirige expressément vers l'endroit où l'on réside depuis quelques jours. Là, Jest m'y attend, le sabre brandi. Cela fait plusieurs jours qu'il me promet un entrainement et me parle d'une certaine technique. Il veut que je puisse me battre à armes égales face à nos ennemis. Ses paroles ressemblaient plutôt à :

- "J'aimerais ne plus avoir à perdre un bras en te sauvant la vie. Tu es faible et couvrir tes arrières est un passe temps dont j'aimerais bien me passer."


En effet. Il a perdu un bras dans la bataille nous opposant à l'organisation. Son bras gauche. Sa première phrase avait été optimiste cependant, lorsque nous prenions la fuite. Si je me rappel bien, s'était une boutade ironique sur le fait qu'il lui restait le membre le plus important, son bras droit. Son adresse avec celui-ci est stupéfiante cela dit.

Partie trois : Apprentissage de la CC Estoc droit

A peine arrivé, il me tend mon arme et s'éloigne de quelques pas. Je ne pouvais me balader en ville avec un katana si long sans risquer de me faire remarquer.

- "La technique que je vais t'apprendre aujourd'hui est un coup violent et très utile au combat. Je ne m'attend pas à ce que tu la maitrises en un jour, mais tu pourras t'y entrainer seul ensuite. Sois attentif."

Je me rend compte alors que ce qu'il tient en main n'est pas un sabre ordinaire. C'est celui qu'il utilise lorsqu'il veut me montrer quelque chose. Son sabre en bois. Celui qui lui permet de me frapper sans hésiter, sachant que le coup ne sera pas mortel. Celui que je crains le plus. Je me crispe alors soudainement, santant le coup arriver. Je sais déjà que je vais souffrir. Ce n'est pas forcément la motivation dont j'avais besoin, mais bon...
Il place alors l'une de ses jambes en retrait et se stabilise. J'épie chacun de ses mouvements, n’imprégnant de la posture recherchée. Comme par réflexe du temps où il lui restait toutes les parties de son corps, il avance son moignon dans le prolongement de son sabre, presque comme s'il le tenait encore. L'autre le maintenant fermement, il se propulse alors vers moi, me heurtant de plein fouet. Son coup est précis et violent. Il m'atteint en plein milieu du ventre, me coupant le souffle et me faisant chuter. Même à une main, ses techniques étaient tout autant redoutables.

- "Mon coup n'était pas puissant. C'est une technique qui nécessite de tenir son arme à deux mains. Tu peux aussi le faire avec une seule, lorsque la lame est courte. Mais je ne te conseil pas de le faire avec un katana comme le tien."

Je me relève alors et le regarde, complètement essoufflé. Me dire, après m'avoir mit à terre avec une telle facilité, que son coup était léger était un peu vexant. Tandis que je me prépare à l'attaquer et à me mettre dans la bonne position, il m'arrête d'un geste de la main.

- "Essaie sur ce sac de grain maintenant. Et prend mon sabre en bois."
- "Pourquoi ne pas m'avoir montré ce coup sur le sac dès le début ?!"
- "Et râter l'occasion de te foutre un coup ?! Tu rigole j'espère ! C'est bien trop marrant."

(Foutu Jest. Il se foutait bien de ma gueule.)

J'attrape alors le sabre qu'il me brandit, plus léger et plus souple que mon arme habituelle. J'entreprends alors de lancer la même attaque sur le sac de grain posé contre le mur. Mais le moindre geste de ma part est contesté immédiatement par mon maitre. La jambe, pas assez éloignée. Le bras, pas assez tendu. Le corps, trop en avant. Le pied, pas assez tourné vers l'extérieur. La tête, pas à sa place...

- "Hein ?! Quoi ?! Tu te fou de moi ?! Qu'est-ce que le placement de ma tête a à faire là-dedans ?!"
- "Hahaha ! T'es trop drôle ! Bon, jte laisse te démerder avec tout ça. J'ai des choses à faire en ville. Et tâche de ne rien casser. "

Tandis qu'il s'éloigne en ricanant, je me repositionne correctement. Je me concentre, prend une bonne bouché d'oxygène, ferme les yeux une seconde. Le plus important est le placement du corps. C'est sur lui que réside toute la technique. Pour celle-ci, il faut avant tout soigner ses appuis et son équilibre. Le coup en lui-même n'a rien d’extraordinaire. Si ce n'est qu'il ne permet pas d’échec, auquel cas la mort est assurée étant donné qu'elle laisse plein de failles que l'adversaire peut exploiter facilement.

Je ne réussirais pas à apréhender cette technique rapidement. Il me faudra m'entrainer chaque jour. Néanmoins, Jest avait raison. Je n'ai plus besoin de lui pour apprendre ce coup. Il me suffira d'améliorer ma gestuelle au fur et à mesure.

Le flou guide mes pas et mes yeux vitreux ne détectent rien d'autre que des silhouettes. Une foule en effervescence s'amasse dans la rue et les gens filent comme des boules de lumières informes, tandis que je reste stoïque et immobile au milieu des pavés. Je ne suis que haine confuse qui ne sait à quoi s'accrocher, tentant vainement de trouver une cible à détruire.
Aujourd'hui est le jour du choix du changement. Pour la toute première fois de ma misérable existence, mes pieds fouleront un autre sol que celui d'Exech.

L'avantage d'avoir grandit dans les rues est de connaitre beaucoup de monde. Des personnes parfois toxiques, parfois inintéressantes, mais parfois utiles et très bien informées. Et c'est grâce à l'une de ces personnes que je vais prendre mon envol en ce jour, en quête de vérité sur moi-même, de puissance et d'or.
S'il y a bien une chose que j'ai compris depuis ce temps à moisir au bas de l'échelle, c'est que les deux derniers arguments cités sont intimement liés.

Mes poings se serrent, je remonte le menton et porte mon regard droit devant moi. Roxanne, Lia et Maëlle sont les seuls visages qui m'apparaissent encore distinctement. Elles seront présentes durant tous mes voyages et veilleront sur moi. Je n'ai pas le droit de baisser les bras et me dois d'être fort, pour accomplir leur vengeance.

Le flou guide mes pas mais cette fois, je ne remarque même plus les silhouettes. Il n'y a que les remparts de la cité qui attirent mon attention et je ne perds pas de temps pour m'y diriger.