"Rayd Rayd, réveillez-vous ! Vite !" "Hey ben blondinet, debout ! Magne toi ! "
Rayd se réveilla en sursaut. Andy et Levy étaient près de lui. Tous deux partirent dès qu'ils le virent réveiller, et il les suivit tout de suite. Ils coururent tous trois jusque sur le pont. Tous les hommes y étaient agglutinés, ainsi que le capitaine et Svan, tous prêts au combat, leur épée en main. Rayd regarda au loin et vit un grand bateau muni d'une voile noire ornée d'une tête de mort. Personne ne pouvait s'y tromper, c'était un bateau pirate. Andy essayait de se dissimuler derrière Rayd, mais le capitaine la remarqua et lui ordonna de rentrer immédiatement dans la cabine, ce qu'elle fit sans plus tarder.
Le navire ennemi se dirigeait droit vers eux à une vitesse plutôt grande. Petit à petit on pouvait apercevoir les moussaillons se préparer à la bataille. Les deux vaisseaux étaient en effervescence. Chacun guettait le moment où leurs forces entreraient en conflit, où tous se livreraient un combat sans merci, où beaucoup de vie quitteraient ce monde. Rayd avait le cœur qui battait à tout rompre, ses bras tremblaient instinctivement, de peur, mais aussi d'excitation. Il avait prit son wakizashi dans une main, l'autre tenant fermement un de ses saïs.
(Voilà le bon moment pour les essayer !)
Lorsque, au fond de lui, il eut prononcé ces paroles, un sourire mauvais, sadique, presque machiavélique se dessina sur son visage. La bataille commença alors. Les hommes de l'autre navire sautèrent par dessus bord et arrivèrent sur le bateau. Près d'une centaine d'hommes s'entrechoquèrent les uns aux autres. Le début de la bataille rappelait les vagues se heurtant contre la falaise. Les pirates ennemis se heurtant à l'équipage de Stryker. Le bruit des épées se percutant les unes aux autres sonnait dans tout le vaisseau, les cris des hommes ayant reçut une blessure ou mourant affreusement résonnait encore bien plus. Nul doute que, depuis le fond de sa cabine, Andy la belle humaine devait entendre tout ça, cloitrée dans un coin de la pièce, attendant sagement la fin de la guerre maritime.
Rayd couru dans la mêlée soutenu par Levy et Svan, tous deux portant leur katana haut au dessus de leur tête. S'arrêtant sur place, il vit ses deux acolytes mugirent de bonheur tendis qu'ils laissaient leur instinct faire rage. Leurs victimes étaient bien plus nombreuses que celles des autres hommes. Rayd lui, était aux prises avec un pirate d'âge mûr, le teint cireux, les cheveux grisonnants. Il portait sur sa tête un foulard noir, et avait en sa main un sabre large et arrondi. Le combat fut bien plus court que ne l'aurait imaginé ce dernier. Le pirate assena un violent coup vertical à Rayd, qui l'esquiva de peu. Ce dernier en profita pour lui enfoncer son saï dans les côtes. L'homme rugit de douleur et reçut juste après un coup de sabre d'un homme de l'équipage en plein dans le ventre. Il s'effondra à terre dans un fracas qui passa inaperçu avec tout ce brouhaha. Tout de suite après, Rayd vit un autre assaillant arriver. Il tituba quelques secondes, puis, tomba aux pieds de l'assassin, un katana planté dans le dos. Levy lui succéda juste après, reprit son arme, adressa un clin d'œil à Rayd et s'en retourna au combat. Rayd était dépassé par les évènements. Combattre un ennemi était une chose, combattre une armée d'hommes en était une autre. Il regardait ci et là pour savoir quoi faire, mais il restait perdu. Ne sachant comment procéder il guettait les opportunités de pouvoir placer un coup de sabre et par la même occasion d'aider les pirates de son côté. La bataille dura un bon moment. Rayd continua ainsi pendant quelques minutes jusqu'à ce qu'un des corsaires ennemis se fraye un chemin jusqu'à lui. Il était vêtu d'un manteau argenté avec des liserait blancs, le tout maintenu contre lui par des sangles et une ceinture en cuir. De longues bottes noirs lui remontaient jusqu'au dessous des genoux, des gants similaires lui empoignaient les bras, et un pantalon gris sombre se laissait entrevoir sous sa veste à chaque pas. Sur le dessus de sa tête trônait un chapeau noir orné d'une petite tête de mort discrète. De part ses oreilles pointues on aurait pu supposer être devant un elfe, mais le teint de sa peau colorée et sa grande pilosité trahissaient son appartenance à la race humaine. Surement un semi-elfe. Il arborait une immense barbe grisâtre qui lui descendait jusqu'au sternum. Son allure assurée, son physique et sa dominance montrait son grade élevé au sein de la hiérarchie de son équipage.
Il s'avança vers Rayd rapière à la main. Celui-ci empoigna ses deux armes avec force, se préparant à l'affrontement. Ils se jugèrent un moment. Moment où, l'un comme l'autre, analysèrent leur adversaire, tournant en rond comme un duel officiel, la tension montant en eux. Chaque geste devait être réfléchi et calculé. Le moindre faux pas pouvait apporter la victoire pour l'un, comme la défaite pour l'autre. Leurs yeux restaient fixés dans ceux de leur ennemi.
La première attaque vint du pirate qui s'était jeté sur Rayd, pointe de l'épée en avant. L'estocade fut cependant évité par le jeune assassin qui s'était projeté au sol pour esquiver le coup, heurtant au passage un râtelier de mât. Se relevant tant bien que mal, il vit arriver une nouvelle attaque qui aurait pu être fatale s'il avait prit ne serait-ce qu'une seconde de plus. Roulant sur le côté, il passa au travers de la botte de son rival et en profita pour se relever complètement, armes en mains. Voulant passer à l'offensive, Rayd fonça vers le semi-elfe, son sabre amorçant la décente, son saï en retrait. L'homme fit un écart sur sa gauche, déstabilisant l'assassin dont l'attaque vint frapper le vide. Tous deux s'écartèrent l'un de l'autre, évaluant leur assaillant.
Le pirate affichait une mine réjouie, un sourire en coin. le combat tournait largement en sa faveur. Rayd lui, le visage plein de sueur dévisageait le corsaire. La tension montait en lui et il essaya de mettre de côté ses idées pessimistes. La simple notion de défaite lui était interdite. Il essuya une goute de sueur de sa joue avec sa main et y vit du sang. Son visage en était parcouru. La chute lui avait ouvert une plaie au dessus du crane. Laissant ce détail de côté il reprit un air calme et déterminé.
Repartant au combat, il tenta une nouvelle attaque de front. En un petit enchainement, l'homme lui ôta ses deux armes, blessant sa main droite au passage. Rayd était perdu. Il recula de quelques pas, tendis que son ennemi avançait vers lui. Mais dans sa hâte, l'assassin ne remarqua pas être si près du bastingage. Il recula si brusquement qu'il buta contre le garde-fou et passa par dessus bord. Retenu d'une seule main à la balustrade, il tenta de remonter. Son ascension fut difficile de par sa blessure profonde. Mettant toutes ses forces à rude épreuve il parvint tout de même à se hisser sur le navire. Revenu à bord, il constata que son adversaire était aux prises avec un moussaillon pubère, allongé sur le sol, attendant la sentence.
(Voilà l'occasion que j'attendais !!!)
Frémissant d'excitation, il empoigna de sa main valide son dernier saï accroché à sa ceinture, leva le bras au dessus de son épaule, et se concentra à l'utilisation de sa technique fraichement acquise. Il canalisa toute son énergie dans son bras gauche, et, avec un adresse formidable, décocha son arme qui alla directement se loger dans la jugulaire du semi-elfe. Ce dernier tituba une seconde et s'écroula sur le sol, parcouru de spasmes, du sang coulant abondamment sur le pont.
Rayd ramassa ses armes sur le sol, les rangea et vint aidé à se relever son partenaire, qui, visiblement, lui avait sauvé la vie. C'était la première fois qu'il ressentait de la gratitude envers autrui. Encore un sentiment nouveau pour lui. Le combat touchait à sa fin sur le navire. Levy et Svan, indemnes, semblaient presque s'amuser. Ils déchiquetaient les corps un à un, laissant une multitude de cadavres sur leur chemin. Lorsque plus aucun adversaire vivant ne fut sur le bateau, la tension qui y régnait retomba d'un coup. Les bruits s'estompèrent, les pirates abaissèrent leur arme, et le calme revint subitement. Le navire en revanche était devenu un véritable champ de bataille. Les corps jonchaient le sol, éparpillés un peu partout. Certains étaient sur le pont, d'autres affalés sur le bastingage, d'autre encore étaient tombés dans les rares canots de sauvetage accrochés sur les côtés du vaisseau. Nul doute que certains avaient même dut tomber à la mer. Les voiles avaient été déchirées, le ponton était parsemé d'impacts, le beaupré menaçait de lâcher à tout instant, et nombre de cordages avaient été sectionnés. Les victimes étaient à déplorer sur les deux fronts, bien qu'il restait encore une bonne partie de l'équipage de Stryker. Celui-ci ne montrait aucun signe de fatigue, ni de blessure apparente. Il arborait un visage à la fois réjoui d'avoir gagné, et à la fois attristé de la perte de ses hommes.
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