Sevothyr arriva à la porte de leur chambre et s'interrompit brutalement alors qu'il avait posé la main sur la poignée. Les yeux rivés sur la porte de ce qu'il supposait être la « réserve », il constata avec stupeur que le cadenas.... ne s'y trouvait plus.
Le souffle lui manqua... Que cela voulait-il dire ? Il regarda derrière lui pour voir si quelqu'un arrivait dans le couloir ou si un détail quelconque lui avait échappé en venant.. Mais il ne vit rien. 
Il tendit alors l'oreille, il entendit des ronflements provenant d'autres chambres, des pas de marins se trouvant sur le pont, au-dessus de sa tête, mais c'est tout. Il s'approcha donc lentement, l'oreille toujours tendue, arrivé devant la porte, il s'arrêta et écouta .
 Il capta comme de petits bruissements de tissu, mais cependant très discrets et une petite exclamation étouffée, mêlant la surprise et la colère, du moins lui semblait-il. Le demi-Shaakt posa donc ses doigts sur la poignée et tira doucement la porte, malheureusement il crut que son coeur et ses tympans allaient exploser quand les gonds usés émirent un sinistre grincement. Sevothyr se figea sur place...
 L'individu l'avait-il entendu ? Il retendit l'oreille en quête d'un bruit, d'un signe qui pourrait lui donner la réponse. Mais le silence dans la pièce s'était soudainement fait total. Prenant donc son courage à deux mains il retira la porte vers lui et risqua un coup d'oeil à l'intérieur. 
A ce moment un bras armé d'un poignard jaillit dans sa direction, par réflexe il recula vivement la tête et claqua la porte en s'aidant de son épaule droite, sur l'avant bras de son agresseur.
Un cri de douleur retentit et l'arme tomba sur le sol, aux pieds de Sevothyr, ne s'arrêtant pas là, il donna un violent coup avec son poing gauche sur l'avant bras de son agresseur, qui était coincé. Il fut ravi d'entendre simultanément d'un sinistre craquement, un second hurlement, celui-ci étant plus fort que le précédant. 
Son coeur battant la chamade, le semi-Shaakt se pencha alors rapidement pour ramasser le poignard mais son adversaire poussa à son tour brutalement la porte. Se la prenant de plein fouet Sevothyr tomba sur le coté en émettant un juron particulièrement grossier, quand il redressa la tête, un humain chauve et à la longue barbe brune se tenait déjà devant lui. 
Il était vêtu comme les autres marins de la caraque, il tenait avec sa main gauche son avant bras droit, qui formait légèrement un angle inquiétant, pour lui en tout cas. Il toisa le semi-Shaakt d'un regard haineux qui fit déglutir ce dernier et s'avança d'un pas brusque vers lui. 
(C'est qui ce mec ?? Aie aie aie il n'a pas l'air content!) Sevothyr se redressa aussi vite qu'il ne put, cependant pas assez rapidement car le prétendu matelot le saisit de suite par la gorge à l'aide de sa main gauche et le plaqua violemment au mur. Heureusement, ayant anticipé cette attaque ce dernier avait eu le temps d'inspirer le maximum d'air qu'il put. 
(Bon sang mais que font tous les autres, ils sont sourds ou quoi???)Il entendit avec soulagement les ronflements qu'il avait entendus plus tôt faire place à des voix, et à des bruits de pas, comme des personnes sautant de leurs couchettes. 
Il plissa les yeux, la pression qu'exerçait son adversaire sur sa gorge lui faisant mal. Heureusement il sentit l'air qu'il avait eu le temps d'inspirer et qu'il avait gardé dans ses poumons, vrombir et se réchauffer d'une manière caractéristique. Il souffla alors au visage de son assaillant, l'air se brouillait et semblait aspirer la lumière qui se trouvait sur son passage. 
L'homme poussa un mugissement, porta sa main valide à son visage et recula prestement. Ne ratant pas cette occasion Sevothyr lui envoya son talon et niveau ventre, lui coupant ainsi le souffle et l'envoya à son tour dos au mur. Pendant que son assaillant se plia en deux sous l'effet de la douleur, le demi-Shaakt tourna la tête avec espoir vers les escaliers qui menaient sur le pont, il entendit un vacarme venant de là-bas, mêlant cri et bruits d'affrontements.
(Mais que se passe t'il bon sang?!)Il ramassa le poignard qui était toujours par terre de sa main gauche d'un geste tremblant, seulement le temps qu'il se redressa son adversaire s'était déjà ressaisi et glissé prestement derrière son dos.
 Le prétendu marin attrapa de sa main gauche celle du semi-Shaakt qui tenait l'arme et amena cette dernière au niveau de sa propre épaule droite, tout en passant son coude sous le menton de sa victime, l'amenant en même temps contre lui et arqua son dos en arrière, soulevant presque Sevothyr qui de nouveau eut la respiration quasiment bloquée. 
Extrêmement limité dans ses mouvements et ne pouvant pas se dégager, le semi-Shaakt commença sérieusement à désespérer. 
(Heureusement que je lui ai bousillé un bras d'entrée de jeu sinon je n'aurais eu aucune chance..)Avec soulagement il entendit enfin des portes de chambres s'ouvrir, se ressaisissant un cala un violent coup de coude dans les côtes de son assaillant. 
Ce dernier grommela sous le choc et se pencha légèrement, cessant d'arquer son dos en arrière. Les pieds de Sevothyr touchèrent alors à nouveau le sol, il écrasa les doigts de pieds de l'homme et celui-ci relâchant un peu son étreinte en étouffant un gémissement de douleur, il bascula ensuite violemment sa tête en arrière, contre le nez de son agresseur. 
Ce dernier poussa un énième mugissement et relâcha sa prise. Le soulagement submergea Sevothyr aussi sûrement que l'air remplit de nouveau ses poumons. 
(C'est maintenant ou jamais !)De nouveau libre de ses mouvements il abattit le poignard au niveau de la cuisse de son adversaire et sans prêter attention aux vociférations sonores de ce dernier, il pivota sur lui-même et abattit l'arme dans le poumon gauche de celui-ci. 
Ses mugissements cessèrent brusquement, l'homme baissa les yeux sur le poignard planté dans sa poitrine et releva la tête vers Sevothyr, les yeux écarquillés. Le semi-Shaakt qui soufflait bruyamment, encore essoufflé, tint le regard, les dents serrées.
(Souviens toi de mon visage dans l'au-delà pourriture !.)Il ressentit la même chose que lorsqu'il avait dominé le loubard dans les rues de Dahràm, un sentiment de puissance et d'infini supériorité, un sentiment dont il se délecta. 
Cependant, son cou le lança subitement, il grimaça et lança un regard mauvais à l'homme qui lui faisait face et qui le regardait toujours d'un air hagard. Obéissant à une impulsion rageuse, il ressaisit la garde du poignard, la retira d'un mouvement sec et la planta au niveau du flanc. L'individu leva brusquement la tête sous l'impact, les yeux au ciel, émit un gargouillement inaudible et bascula lentement sur le côté, pour tomber lourdement sur le plancher, mort.
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Mauvais endroit au mauvais moment