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 Sujet du message: Trajet maritime sur les bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2009 13:52 
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Trajet maritime sur les bateaux pirates


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Il y a beaucoup de bateaux pirates, ils mouillent en général dans des villes de très mauvaise réputation (telles que Exech, Gwadh, Dahràm ou encore la grande Tulorim) ou au bord de falaises abruptes, dans des endroits secrets où les pirates établissent parfois leurs repères en toute sécurité et discrétion. Ce sont généralement des bateaux de belle facture, avec un équipage de pirates aguerris toujours à la recherche de nouvelles recrues fiables et obéissantes.

Ils sont redoutés partout, sur tous les continents, et sont chassés par les forces militaires maritimes de bien des villes...

Si vous avez un RP à faire sur les eaux à bord d'un bateau de piraterie, c'est ici !

Trajets possibles :

Entre Tulorim, Gwadh, Exech et Dahràm

Durée du trajet en bateau entre les villes des 4 continents

Vitesse : Standard (x1)

(Les yus dépensés ici ne seront pas retirés de votre fiche)

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


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 Sujet du message: Re: Bâteaux pirates
MessagePosté: Mer 16 Sep 2009 20:35 
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« Maître,

Après avoir envoyé ma précédente lettre, il ne me restait que peu de temps pour retourner au navire. Je me mis donc en direction des quais retrouver les pirates. L'elfe bleu m'avait invité à participer à une assemblée. Que pouvait-elle être ? J'avais imaginé que le capitaine et le bosco allaient nous faire un topo sur les postes de chacun, la discipline et tous ce qu'un maître devrait rappeler à ses sujets. Des lanternes tremblaient dans les vents marins, éclairant trop peu le port pour ne pas faire attention à chacun de ses pas. Je découvris que, peu à peu, des hommes sortaient des nombreuses veines et se dirigeaient vers le même point de rendez-vous que moi. De petits groupes parlaient entre eux sur le pont éclairé par quatre lanternes. Il y avait là vingt cinq forbans, lorsque tous furent arrivés. Quasiment tous les marins présents portaient une chemise de toile blanche, assez ample au niveau des bras pour utiliser son sabre. Nous n'étions que quatre à ne pas en posséder. Les nouveaux. Je m'assis sur l'escalier menant à la poupe et attendis en observant que l'assemblée commença.

Le petit homme que j'avais aperçu à la taverne frappait dans ses mains au milieu du pont. Son teint hâlé contrastait avec la blancheur éclatante de sa chemise barrée de l'épaule gauche à la hanche droite de couteaux. Une cicatrice effrayante rayait son cou de part en part. Il m'apparut plus vieux que la première fois ; les traits de son visage étaient ridés, ses mains cornées et sa voix cassée. Un chapeau rigide noir cachait ses cheveux poivre et sel. Il alla s'appuyer contre la rambarde. Les groupes se déplacèrent et s'installèrent en arrêtant leurs discussions.

« Salut à tous, commença-t-il. J'espère que vous avez bien profité de l'escale. Pour les quatre nouveaux, je suis le Capitaine de la précédente expédition, Rhode. En cette qualité, je préside l'assemblée. Je vais, pour démarrer, vous rappeler le code. Tout d'abord, je rappelle que le Capitaine sera élu ce soir au vote. Ceux qui ont un projet d'expédition pourront le soumettre afin de le diriger. Après cela, il n'y aura pas de retour possible. Toute mutinerie, en plus d'être punie de mort, vous déshonorera jusqu'à la fin de vos jours. En ce qui concerne les butins, chaque flibustier reçoit la même part. Le Capitaine aura deux parts de butin. Le Bosco aura une part et demie. Les trois officiers auront une part un quart. Les nouveaux recevront de plus une chemise de toile blanche après leur premier abordage. Si un pirate vole dans le butin commun, il sera abandonné sur une île déserte. Si un pirate en vole un autre, il sera aussi abandonné sur une île déserte.

« Il ne sera accepté aucune bagarre sur le navire. Cependant, garder des rancunes ne peut que provoquer des couacs dans notre équipe. Les querelles se règleront suivant cette procédure : un homme qui se sent injurié demande au bosco qu'un duel soit préparé. Chacun prendra un fleuret et la victoire sera à celui qui fait couler le premier sang. Un duelliste qui s'acharnerait après que le bosco lui ait indiqué que le combat était terminé sera abandonné sur une île déserte. Il est interdit de reparler de la querelle, sous peine d'être abandonné sur une île déserte. Pour les mêmes raisons de cohésion, jouer de l'argent aux cartes et aux dés est interdit, et ceux qui voudront boire après huit heure du soir devront le faire sur le pont et sans lumière.

« Nous sommes une bande. Un lien nous lie invariablement lorsque nous voguons sur les flots. Il nous empêche de tomber dans la solitude, la nuit et l'océan nous emportant vers notre tendance naturelle à la mélancolie. Chacun compte sur vous pour être là lorsque nous sabordons un navire. C'est pour cela que personne ne pourra quitter le navire et changer de vie avant que chacun de nous n'ait reçu 300 Yus. Quand ce pécule sera atteint, tous ceux qui le souhaitent pourront disparaître de la vie pirate. De plus, nos armes doivent toujours être prêtes à servir. Celui qui n'en a plus devra en faire part au bosco. Bien entendu, si l'un de nous déserte pendant l'abordage, il sera abandonné sur une île déserte, les yeux crevés. L'insubordination sera traiter au cas par cas par le Capitaine, qui peut décider de mettre le pirate en cale jusqu'à ce qu'une assemblée ne se prononce sur le cas. Vous pouvez partir si vous n'acceptez pas ces règles. » Il fit quelques secondes de silence. « Comme personne ne se manifeste, passons à l'élection du Capitaine du Crépuscule ! Houba ! » Les pirates reprirent en cœur le cri, et je les imitai avec quelques secondes de retard.

Les iris ténébreuses de l'homme qui se leva pour se rendre au milieu du cercle que formaient les pirates ne laissaient dépasser que de très fines bandes claires à leur périphérie. Sa chemise blanche portait une coupure nette, comme celle d'un couteau qui lui aurait taillé une boutonnière dans le ventre, qui permettait d'entrevoir sa peau d'ébène. Ses cheveux teints en pourpre, rasés sur les côtés, formaient une crête de quelques centimètres. Alors qu'il transportait sa maigre carcasse, les autres discutaient à voix basse. Un vieux loup de mer à la jambe de bois serrait la main de l'elfe bleu à ma gauche, tandis que le reste de la troupe les observait discrètement. Les tractations avaient sans doute déjà eu lieu bien avant cette réunion. Mais chacun était libre de changer son vote à la dernière seconde d'après ce que je commençais à comprendre, et personne ne l'en blâmerait. C'était cependant ce qui se dégageait de cette assemblée ; son seul but n'était pas de savoir qui aurait du pouvoir sur les autres mais bien de monter le meilleur coup possible.

« Salut. Je suis Tomère pour ceux qui ne me connaissent pas. J'ai déjà fait quatre expéditions sur le Crépuscule et je suis pirate depuis maintenant huit ans. Voilà maintenant des mois, alors que j'effectuais un raid au Sud du continent, j'ai rencontré un étrange magicien. Ses pouvoirs semblaient puissants et pourtant, même la dague sous la gorge, il ne s'en servait pas. C'était encore un gamin comparé à beaucoup d'entre nous, la vingtaine, peut-être vingt trois ou vingt quatre ans maximum ; seulement, des rides creusaient sa bouille de gosse, remplies de sable. Ses yeux étaient du même marron terreux que sa cape. Il était sur un navire marchand que nous pillions, dans les cales, à pleurer de grosses gouttes de boues. Sa gorge émettait un son qui ressemblait à l'écho, à travers une caverne par six cents mètres de fond, de son murmure intérieur. Il ne cessait de répéter qu'Elle l'avait trahi, qu'Elle avait menti.

« Ses yeux se posèrent alors sur moi, devenant d'un jaune désertique. Il me fit signe d'approcher mon oreille, ce que je fis avec précaution. Il m'expliqua que, dans les forêts qui entourent Yarthiss, une créature très puissante vivait. Elle était une partie même des forêts, pouvant devenir ce qu'elle voulait en son sein. Il l'avait aimé plus que tout, lui avait offert ses services et oublier son honneur pour son nom. La seule contrepartie qu'il avait demandé était de l'aider, un jour, à venger son amant. Elle ne lui avait jamais répondu mais il avait pris cela pour un accord. Le jour où il voulu se venger, Elle lui dit d'oublier et qu'elle ne l'aiderait pas. Il était alors rentré dans une rage folle. Un membre de l'équipage m'expliqua qu'ils l'avaient trouvé sur une plage, le sable coulant autour de lui. Ils voulaient le ramener à un prêtre.

« Là où l'histoire nous intéresse, c'est qu'il m'a indiqué que toutes les nouvelles lunes, une partie des serviteurs de la créature ramènent par bateau les reliques qu'Elle les avait envoyé chercher. Beaucoup d'argent et beaucoup d'objets précieux me disait-il. J'ai ainsi vérifié si les bateaux qu'il me décrivait effectuaient bien ces amarrages réguliers à Yarthiss. On me le confirma, ainsi que le fait qu'un grand homme d'une trentaine d'année, qu'on me décrivit comme « ressemblant à un druide » sans trop de précision, transportait toujours avec lui un coffre plein et qu'il interdisait qu'on s'en approche. J'ai déjà contacté des revendeurs possibles pour tout ce qui est reliques religieuses et autres machins magiques. Je pense qu'il y a pas mal de fric à se faire dans cette histoire, sans compter que je désire hardiment savoir la part de vérité dans cette affaire. »

Les messes basses et les regards en coin fusaient d'un groupe à l'autre lorsque Tomère retourna à sa place. Le brouhaha se fit de plus en plus constant et les derniers indécis se faisaient une idée sur la première proposition. L'histoire semblait invraisemblable, mais pas une fois je n'entendis quelqu'un la remettre en cause. Pourquoi, d'ailleurs, raconterait-il des sornettes ? Les zones de flou portaient plutôt sur les gains. Ce que nous allions pouvoir en tirer semblait trop aléatoire. Je me prenais peu à peu au jeu de devenir pirate, en essayant de comprendre leurs buts et leurs motivations. L'idée que l'argent n'était pas le seul horizon de leur vie ; l'aventure, conquérir sa vie lui donnait sans aucun doute un goût sucré et le mystère de cette proposition nous en promettait.

Le mastodonte de la taverne souleva difficilement de sa place son corps trop imposant. Une large chaîne d'or à laquelle s'accrochait un pendentif en forme d'œil pendait sur sa chemise blanche. Son dos m'impressionnait par sa surface titanesque. En le mettant à côté d'un autre homme, il m'aurait été impossible d'affirmer qu'ils étaient de la même espèce. Il frappa dans ses mains en un bruit tonitruant et se les frotta pour se réchauffer. La température diminuait grandement maintenant que les torches repoussaient péniblement les ténèbres. Le menton levé, ses doigts bagués dénouaient sa barbe noire. Il exposa de sa voix grave à vous coller à la chaise le coup qu'il avait monté.

« Je m'appelle Barry pour les nouveaux, je suis sur ce navire depuis plus de vingt deux ans et j'ai commencé ma carrière dessus. J'ai déjà été élu Capitaine trois fois. Ceux qui s'intéresse à la passionnante politique du continent ne sont pas sans savoir que la belle Myriam, fille du propriétaire du plus grand filon d'or de tout le royaume d'Eniod, le très sympathique Goran Autri, va se marier avec l'aînée de la famille Bruge, qui cumule trois mandats à la direction du comté de Nélys ces trente dernières années. Cette tendre union nous réchauffe à tous le cœur, et j'espère bientôt, nous remplira les caisses.

« Assez déconner. Le mariage a lieu dans trois semaines. Le tonton du marié, dans sa grande bonté, compte leur offrir une tapisserie venue de Naora. Elle a maintenant deux cents ans et a été entretenue au poil depuis qu'elle est arrivée sur Imiftil il y a soixante ans. C'est un type de Nirtim qui m'a donné le coup, il reprendrais la babiole pour une valeur – attention, accrochez vous bien les gars – de dix milles Yus ! De plus, j'imagine que les cales ne transporteront pas que cela, c'est un mariage de la haute quand même !

« Problème, le commanditaire m'a affirmé qu'il y aurait une bonne défense. Dans le cadre de la collaboration entre les elfes et les humains, une troupe de sept archers aux oreilles pointues sera présente sur le pont de nos chères proies. Ce qui signifie que les attaques de nuit seront plus vite repérées, que l'on va se faire flécher à vue dès que sera hissé notre, pourtant si beau, drapeau adoré. En clair, un butin alléchant, une bataille épique et un mariage loupé ! Mon programme n'est-il pas tentant ?

« Les détails plus techniques , pour vous montrer que je n'ai pas non plus rien glandé. Vu les fortes marées et les vents faibles de cette période, et comptant qu'ils décollent de Dehant dans une semaine d'après les dires de mes charmantes sources, ils passeront, après deux jours à longer la côte, pendant deux autres jours en pleine mer. C'est là que nous auront notre chance. Nous y sommes bien plus rapides et bien plus habitués, et surtout ils ne pourront ni fuir dans une crique d'où ils nous tiendraient en respect, ni rejoindre rapidement un poste avancé ou une patrouille maritime. Nous avons donc une semaine et deux jours pour nous rendre sur place. »

Le chahut fut plus fort que pour l'intervention précédente. Les objectifs me semblaient ici mieux perceptibles, la récompense plus palpable. Les mines amusées par les boutades de l'intimidant marin l'observaient se rasseoir à sa place. Quelques minutes passèrent où tous discutaient mais aucun ne se présentait. L'ancien capitaine demanda à la volée si quelqu'un avait quelque chose à rajouter ou si nous pouvions passer au vote. Quelques encouragements furent lancés à côté de moi et un grand type, la peau bronzée et le crâne rasé alla rejoindre le centre. Il commença à bafouiller en regardant le sol.

« Lors de … euh... enfin la dernière fois, bah on s'est fait attaquer par un navire shaakt. Euh, enfin, je pense que vous vous en souvenez. Et même que... hé bah, ils ont pris mon frère. Et puis, bah, nous, enfin, on trouve pas ça normal les esclaves, et tout ça, et du coup, nous, on veut bien te suivre Barry, mais on veut qu'on attaque un bateau qui vient de Khonfas avant. Pour leur montrer, que nous, bah on est libre et que jamais faut s'attaquer à nous ! »

Ce simple d'esprit avait réussi à faire taire tout le monde. Barry beugla de sa place qu'il n'y avait pas de problème, que nous nous activerions pour arriver à temps mais que nous aurions au moins un de leurs navires à ces pourris. Tous reprirent alors le « Houba » quatre ou cinq fois, toujours plus fort, telle une menace montant vers les cieux envers tous ceux qui essaient de leur interdire leur vie. Le vote qui suivit choisit de s'inviter au mariage. Peu avaient voté pour Tomère. Il leur fut demander si ils voulaient tout de même se joindre à Barry. Personne n'était forcé de se mettre sous les ordres de quelqu'un pour qui il ne voulait pas travailler. Tous acceptèrent.

Pour la dernière nuit d'escale, la plus part des flibustiers dépensèrent leur maigre monnaie au profit des taverniers et des filles de joies. Ces derniers instants hors du groupe avant l'immersion totale se lisaient sur leurs yeux comme la chose la plus nécessaire. Je ne comprenais pas encore comment tant apprécier l'isolement lorsque l'on aimait le groupe dans lequel on évoluait. Ne restaient sur le pont que les trois pirates de la taverne. Ils allaient vers la cabine du capitaine et, voyant que je les observais, me firent un signe de la main afin que je les rejoignis.

La cabine se paraît d'un luxe discret et d'un confort appréciable, mais ne débordait pas de somptuosités. De nombreux bibelots et sculptures ornaient les meubles en bois massif incorporés au navire. Une moquette vert clair couvrait le sol et se tachait de rhum aux alentours de la table basse entourée de cinq fauteuils en cuir. L'elfe bleu se nommait Tom et l'ancien capitaine Bartholomé – mais tous l'appelait Bart. Ils devaient passer la nuit à discuter les postes que chacun se verrait attribuer. L'équipage ne changeait pas beaucoup mais les postes tournaient régulièrement pour une question d'équité. Il fut décidé que je serais vigie, le regard de ceux de ma race perçant distance comme nuit.

Les rôles attribués, nous allâmes nous allonger sur le pont, faire corps avec le bois tanguant et perdre nos yeux dans les étoiles. Tom bourra une pipe tandis que Bart me contait avec mélancolie que chaque départ semblait similaire mais que tous étaient différents.

« Tu vois, à chaque fois, nous nous allongeons ici, et nous répétons ce rituel. Nous discutons parfois, nous fumons souvent. Mais, au final, nous en revenons toujours au même point : nous nous demandons si notre vie a un sens. Tiens, par exemple, le raid sur le navire shaakt que Gary a proposé, comment le prendre ? Comme une vengeance ? Ils ont capturé son frère, c'est un de nos potes, du coup nous les attaquons ? Ce n'est pas comme cela qu'il l'a présenté. Il s'est appuyé, avec toute sa simplicité, sur le fait qu'ils sont esclavagistes et que nous voulons vivre libres. Ils sont une entrave à notre liberté et à celle de tous nos frères et sœurs qui rêvent. Nous devrions nous attaquer à tous ceux qui utilisent des esclaves sur notre route mais là, nous allons les attaquer par ce qu'ils ont l'un de nos amis. Tu perçois mon raisonnement ? Dans la théorie, nous faisons ça pour la libération de tous et de toutes ; dans la pratique, nous n'agissons que lorsque nous sommes attaqués, lorsque nos proches sont attaqués. Ce sont ces questions qui animent nos soirées de départ. Je les trouve douces, elles m'interrogent sur ma vie, afin de ne jamais la prendre pour complète, de toujours me rappeler que je dois encore évoluer, sur d'autres points. Tu me saisis ? »

Parfaitement bien. J'appuyais mon dos contre le pied de mat et souriais. Je me demandais si vous connaissiez ces gens aussi bien que vous ne me connaissiez pour m'avoir envoyé à eux. Je me contentai de lui répondre que j'étais troublé par ses questionnements car ils correspondaient aux miens. La fumée de Tom emplissait l'air d'un parfum fruité et doux. Devant mon ignorance, il m'indiqua qu'il s'agissait d'une herbe originaire de Naora. Considérée comme sacrée par de nombreuses tribus nomades m'indiqua-t-il, ils la fument depuis toujours. Le nom qu'ils lui donnaient était jerìch. Il me passa la pipe.

La fumée onctueuse enveloppa ma bouche et passa dans ma gorge. Je savourais quelques instants et la recrachais calmement. Puissant et fruité, le goût de l'herbe s'intensifiait à chaque bouffée. Le premier effet fut l'illusion d'une pression qui s'exerçait sur moi. C'était comme si quelque chose me poussait vers mon dossier et comme si je pesais plus. D'un autre côté, le bois devenait au fur et à mesure aussi confortable qu'un fauteuil de luxe. Puis rapidement, ma tête s'alourdit et se pencha en arrière. Chacun de mes muscles se décontractait petit à petit, partant des épaules jusqu'aux poignets. Lorsque je passai la pipe, une agréable fatigue m'envahissait.

Seulement, elle m'alourdit progressivement les yeux. Ma vision se troubla et mon champ de vision rétrécit. Puis rapidement, je perdis le contrôle de la mise au point des images qui me parvenaient. En effet, ma vision perçante alternait avec la vision d'ensemble que j'imaginais être celle commune. Mêlés au tangage du navire, l'éloignement et le rapprochement des objets me donnaient la nausée. Je m'accrochai au bastingage et déversa une salve de bile libératrice sur le port. Ma vue se calma quelques dizaines de minutes après, sous les petits rires moqueurs des initiés. J'expliquai ce qui m'arrivait et Tom me répliqua qu'il avait connu les mêmes gênes.

« Je pense que nos yeux fonctionnent à peu près pareil. Lorsque nous contrôlons l'avantage qu'est notre grande vue, c'est fantastique ; cependant, ce n'est pas aussi facile à dire qu'à faire. Quand je vivais encore à Lebher, – il cracha par terre en disant cela – nous devions nous entraîner à l'arc et pour ce faire, nous avions des exercices de vue. Je t'en montrerais un demain si tu veux. Comme ça tu pourras fumer sans vomir partout et en plus être utile avec ton arme lors du prochain abordage. »

Mal en point, la tête tournant à tout va et les jambes me portant tant bien que mal, je retournais à ma cabine en acceptant son offre. La seule conséquence au réveil le matin suivant ne fut qu'un goût amer et pâteux dans la bouche. Le Soleil n'était pas encore levé et l'eàrion appuyé sur le bastingage se retourna pour me sourire. Il me passa une bouteille de tafia dans laquelle avait macéré des graines de café. L'alcool de canne me brûla la gorge et réveilla mes sens. Le Crépuscule baignait de lumières aux teintes rosées et rouges. Alors que les pirates revenaient par vagues à la démarche incertaine et que Rhode leur signifiait à tour de rôle leur poste, Tom m'aida à m'exercer. Il installa une cible bordée de trois couleurs : un premier cercle, à la périphérie, bleu, un second rouge, puis, au centre, un dernier jaune. Un système de toile permettait d'élargir ou de rétrécir la portion rouge.

« Le principe est assez simple. Tu dois tout d'abord observer le jaune de la cible puis passer brutalement au bleu, puis revenir brutalement au jaune et ainsi de suite. Le tout est d'éviter la simple mise au point sur le rouge. Et plus tu penses y parvenir, plus tu élargis la zone rouge. Je ne suis pas un oculiste spécialisé, je ne pourrais donc pas t'expliquer précisément ce qu'il se passe, mais si tu suis cet exercice régulièrement, tu verras – si j'ose dire – la grande différence ! »

Il me fallut peu de temps pour me rendre compte de l'efficacité de cette technique. Avant de monter prendre la relève du début de soirée à la vigie, je pris l'habitude de lui consacrer une demi-heure. Au bout de dix minutes, malgré le fait de ne jamais s'arrêter sur le rouge, tout prenait sa couleur. J'appris donc à distinguer ce que je voyais passivement, ce qui est flou autour de ce que je ciblais. Ma simple vision devenait un jeu auquel j'aimais participer. Il ne s'agissait plus de recevoir le monde comme il me venait, je travaillais à voir ce que je n'aurais auparavant qu'aperçus.

Je terminais mes séances par quelques tirs à l'arc. Bien que je n'ai jamais été le meilleur des tireurs et que je m'entraînais sur un bâtiment mouvant, mes résultats évoluaient rapidement dans le bon sens. Le quatrième jour, je parvenais à ce que mes dix flèches se rapprochassent du centre et même à en placer trois dans la zone jaune. Tom ne pouvait me donner de conseil, il refusait de prendre le moindre arc, mais l'Anguille, un matelot qui maniait fort bien la flèche me donnait les indications nécessaires pour adapter ma vision à mon arme. Je me préparais ainsi à mon premier abordage sous les meilleures augures, travaillant mon tir avec acharnement.

Une certaine routine embarqua avec les flibustiers à bord du Crépuscule. Comme une machine naine rodée, chacun faisait sa tâche avec application et habitude. La mienne ne demandait pas une particulière expérience mais une vigilance extrême. Mes nuits, baignées des seules lumières célestes, se déroulaient en hauteur tandis que d'autres buvaient et s'amusaient au bas de mon mât. Cependant, la tâche me plaisait. Ce fut d'ailleurs moi qui vit, de nuit, une galère shaakt. Après avoir décrit aux fêtards les couleurs du pavillon, je les vis s'agiter dans tout les sens et aller réveiller le capitaine.

Barry remuait sa carcasse avec frénésie. Il avait ordonné aux mousses de quart de réveiller tous les autres mais n'avait pas encore lancé le branle-bas de combat.

« Ils ne nous ont pas encore vu. Saric au moindre mouvement de leur part, tu me préviens. Préparez vous à la manœuvre d'abordage. »

Le pont s'emplissait de fourmis dévouées à la tâche. Ils mettaient le cœur à l'ouvrage de leur vengeance. Les voiles pleines, nous avancions rapidement vers eux. Une horde de pirates s'acharnait sur les cordées ou patientait difficilement avec les grappins. Au milieu du pont, Tom dessinait d'étranges symboles à la craie. A force de nombreuses arabesques, l'elfe bordait d'inscriptions un pentacle parfait. Alors que j'observais cette curiosité, je relâchais de quelques secondes ma surveillance ; ce fut le moment précis où les rames sortirent.

« Les rames ! Ils sortent les rames ! »

Le capitaine cracha un juron. Il cria quelque chose à l'eàrion et s'en alla parler avec Rhode, son bosco.

« On laisse Tom lancer le brouillard. Ils sont plus lourd, mais ces bâtards ont dans les cales assez de prisonniers et d'esclaves pour aller bien plus vite qu'avec nos simples voiles. On va les aborder de face. »

« De face ? Ça va pas être simple ! » s'extasia-t-il. « Cap à l'est mes mignons ! Branle-bas de combat ! Saric, hisse le drapeau noir ! »

Une fumée épaisse s'échappait de la préparation de Tom. Compact et sombre, un brouillard à trancher au couteau s'élevait sur la mer. Habitué à ce genre de tactique, les pirates accomplis ne s'en faisait pas. Pour ma part, la magie me surprendra toujours. Je ne me repérais plus et bien que je sentis que nous basculions à deux reprises au milieu de la pénombre, je n'étais plus utile pour personne là haut. Je demandais si je devais descendre et Barry me l'ordonna. Il passa son bras autour de mon épaule.

« Quand tu sentiras que nous auront la victoire, prends un des marins de l'autre navire et fais en sorte qu'il reste en vie. Si il commence à fantasmer sur qui nous sommes, tu restes vague, tu lui fais croire qu'il a raison. Et puis, surtout, tu lui fais peur. Qu'il comprenne que nous ne tolérons pas leurs pratiques. N'hésite pas sur la mise en scène ! »

« C'est la couleur de ma peau qui me pousse à faire peur, c'est cela ? » demandai-je, faussement vexé avant de me mettre en poste pour l'abordage sous son rire sourd.

Le calme total fut demandé et un silence de mort entourait notre arrivée sur l'ennemi. Lorsque le brouillard se dissipa un peu, nous fîmes la surprise aux elfes noirs de notre présence à leur poupe. Leur énorme navire, difficile à manier, se présentait de face à notre pont. Les grappins et les cris furent lancés. Alors qu'une dizaine de flibustiers investissaient déjà le pont, les soldats shaakts arrivaient à leur niveau. L'abordage, le moment le plus difficile, était passé aisément ; il ne s'agissait plus que de combat désormais.

L'Anguille m'attira à lui dès le début et m'intima de le suivre. Il n'en était pas à son premier abordage et tirait vraiment bien, je le suivis donc. L'énervement battait tous les records dans nos rangs. La perte récente du frère de Gary déchaînait mes nouveaux camarades. Un homme à la peau noir avec lequel je n'avais pas encore discuté maniait deux couteaux contre une jeune recrue elfe. Cette dernière le repoussait tant bien que mal grâce à la longueur de son épée, mais se fit contourner par la droite. Les lames se refermèrent autour de son cou et la première effusion de sang marquait le pont des esclavagistes.

Je tirai ma première fois alors que Gary n'arrivait pas à se sortir de l'étreinte d'un adversaire. Sa dague faisait office de dernier rempart face au sabre qui se rapprochait dangereusement de sa gorge. Son adversaire l'avait tenu en respect quelques minutes avant de prendre avantage de la rage dans laquelle le simple d'esprit c'était mise. Il l'avait feinté lors d'une attaque et se trouvait maintenant derrière lui à essayer de lui trancher le cou. Ma flèche rentra dans sa cuisse et les deux combattants chutèrent à cause du déséquilibre. Le shaakt sur le dos, Gary en pris avantage et lui administra une volée de coups de poing meurtrier avant de lui enfoncer son arme dans le cœur.

Barry attaquait de front un colosse de la même trempe que lui. Le premier possédait une hache, l'autre un fléau d'arme. L'affrontement s'éternisait alors qu'autour la vitesse était de mise lorsque mon capitaine profita que la chaîne tournoyait pour foncer droit sur l'ennemi et le ruer d'attaques tranchantes. Le poids retomba sur son dos et malgré, la chemise de maille, le hurlement qu'il poussa me glaça le sang. Repris rapidement, j'aidais mon collègue archer à éloigner les soldats restant de l'accès aux cales. Notre réserve de flèches diminuait plus vite que leur nombre, je fonçai donc descendre libérer les esclaves.

Rhode y affrontait déjà les deux gardes qui avaient échappé à l'abordage pour surveiller les galériens. Ils ne me virent pas venir et j'en profitais pour briser un maillon de la chaîne qui liait tous ces hommes plein de ressentiments envers leurs matons. La ferraille qui se dénouait fit un vacarme monstre. Armés de rames, les libérés mirent du cœur à l'ouvrage. Ils remontèrent sur le pont et leur cruauté ne nous regardait plus, notre vengeance était accomplie. Il me restait cependant un dernier travail à faire.

Caché derrière une pile de tonneaux, une masse sombre tremblait de peur. Une rivière pourpre dégoulinait de son bras martyrisé. Je m'approchai à pas feutrés de ma victime et passa ma main sur sa bouche. Après s'être un peu débattu, il fondit en larmes. Je m'assis sur son torse. Il me suppliait de ne pas le tuer. Je ne connais pas très bien les âges de sa race, mais il me semblait encore un gamin. Je m'amusais d'avance de le terroriser. Après quelques coups dans la mâchoire, seuls quelques couinements restaient perceptibles. Une tentation ou plutôt une dépendance physique naquit alors en moi.

« Ça pisse le sang, c'est moche. Va falloir opérer ! »

Je penchai ma tête sur la blessure et croqua à pleine dents. La douce musique de la chair et des tendons se déchirant ne paraissait pas lui plaire puisqu'il tentait à tout prix de la couvrir par des beuglements agaçants. Le goût excitant de l'elfe dans ma bouche fit bouillir mon sang. Cela faisait si longtemps que je n'avais eu l'occasion de me mettre en rage. Vous connaissez, maître, le fonctionnement de ceux de ma race et savez comme le sang nous... change. Ma gorge se déchira en un hurlement guttural et mes griffes commencèrent à lacérer le jeune elfe au regard fuyant mes yeux devenus rouges.

Une main puissante attrapait mon épaule et je sautais sur le torse de mon nouvel assaillant. Surpris, il bascula en arrière et me donna l'occasion de renchérir d'un coup de poing à la tête. Je voyais mieux que jamais mais il m'était impossible de savoir qui était ce mastodonte à l'épaisse barbe noire. Sa réaction ne se fit pas attendre. Une réplique cinglante m'envoyait valdinguer à l'autre bout de la cale. La mélasse puante qui coulait dans mes veines jaillie de mes tempes et la douleur atroce que j'endurais ne m'assomma pas immédiatement pour la seule cause de ma colère irrationnelle. Crocs sortis, j'avançais vers mon adversaire en clopinant et reçus une châtaigne de plus belle. Écroulé au sol, je maintins un certain énervement, tentant de continuer le combat. On prit alors ma tête et la frappa violemment sur le sol.

Je me réveillai aux fers, dans les cales du Crépuscule, mes affaires réunies à mes côtés, un bureau à ma disposition et les chaînes assez longues pour m'y installer. Mon papier retrouvé, je commençai peut-être ma dernière lettre. Voilà maintenant environ deux heures que j'écris sans m'arrêter. Pardonnez moi les ratures, il m'a souvent été nécessaire de m'y reprendre à deux fois. J'ai frappé un camarade, un flibustier qui m'a accueilli sans rien me demander. Cela doit sans aucun doute mériter la mort.

Je n'ai pas été à la hauteur de vos espoirs. J'entends quelqu'un descendre les escaliers. C'est probablement pour moi la fin et j'aimerais vous signifier que c'était pour moi le plus grand des plaisirs que de vous servir. J'affronterais la mort sans peur mais avec honte.

Votre serviteur. »

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 Sujet du message: Re: Bâteaux pirates
MessagePosté: Sam 14 Nov 2009 20:23 
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« Maître,

Les pas lourds sur l'escalier usé par le sel et les bottes brutalisaient chaque marche en emplissant la pièce d'un peu plus de mon appréhension. Mon capitaine ouvrit la porte à la volée. Un bandage serrait son bras et une plaie fraîchement recousue ornait son visage. Il faisait pendre un sac de toile sur son épaule. Malgré tout, je n'avais d'yeux que pour son épée accrochée à sa taille. Voilà la main, voilà l'arme et voilà la raison de ma mort pensai-je. Sans me morfondre, je quittais ma chaise et attendis ses récriminations debout. Il se jeta contre la coque et se laissa glisser jusqu'à trouver la position à son goût. Sa voix rauque tonna en un sourire salvateur.

« Assis-toi, je vais pas te bouffer. Faut juste, je pense, que nous parlions de ce qui s'est passé lors de l'abordage. »

Je suivis sa proposition et pris place à côté de lui. Il me tendis une bouteille de tafia qu'il sortit de son sac. Une rasade puis une seconde me firent le plus grand bien. La liqueur de canne brûlait mon œsophage, me permettant de cartographier avec précision son parcours.

« Tu comprends j'imagine pourquoi nous t'avons mis aux fers ? Insubordination qu'ils appellent ça. Dans mes termes, ça devient plutôt que t'es devenu complètement timbré, un vrai fou en transe, un névrosé d'la caboche. C'est que je ne soupçonnais même pas que tu pouvais me faire aussi mal. »

Baissant les yeux, je tentais de trouver mes mots les plus justes.

« C'est que, parfois, j'ai des excès de … rage, dirais-je. Le sang m'attire profondément. Mon maître m'a expliqué d'où cela venait. Tous les gobelins sont créés comme ça. C'est même peut-être la seule chose que nous avons de commune avec les gobelins dits naturels. Il était là, couché par terre, et j'étais sur lui. Il saignait et son odeur me faisait saliver. Après l'avoir mordu, je n'arrivais plus à me contrôler. Dans ces cas là, vois-tu, ma vue se trouble, mes sens sont aux aguets. Le sang bouillonne dans mes veines. »

Je regardais mes griffes, puis ses plaies.

« Mais je sais que ça ne change rien. Ce n'est pas excusable. Mes regrets n'ont d'ailleurs aucune importance. Le pire, sais-tu, c'est que j'adore ça. Lorsque je deviens cette bête, tout redevient simple. Me savoir me contenter de cette simplicité me dégoûte au plus profond de moi. L'acte est en lui même jouissif, mais laisse derrière lui une impression de souillure. Je suis sale et comblé. »

Il sortait une dague de son sac. J'eus pour la première fois une once de peur et me reculais par réflexe.

« Ne sois pas débile. Je vais pas te tuer. Tous savent que tu n'étais pas toi même lorsque tu as fait cela.
–C'est là où tu te trompes. J'étais entièrement moi même : un être faible incapable de maîtriser la moindre de ses pulsions.
–Et bien, en tout cas nous, nous considérons que t'as pas à être buter pour ça. Nous t'avons mis aux fers pour te calmer, et ça n'aura pas de suite. Et puis, pour lui avoir fait peur, tu lui as fait peur. Notre navire va devenir une légende de terreur, peut-être même des rumeurs de bateau fantôme seront murmurées dans les tavernes ! »

Il me tendis la dague.

« Prends la, on l'a trouvé sur le type que t'as bouffé. Nous nous sommes dits que ça te ferait un souvenir.
–Très drôle. Merci quand même. »

Je forçai un sourire et rangeai la lame dans une botte. Sa jovialité trébucha et son visage devint sérieux.

« Tout le monde connait cette sensation. Tu ressens de la frustration, tout simplement. Tout le monde connait ça, par exemple avec les femmes. Tu crois que ça donne du bonheur que de payer pour aimer ?
–Je n'en sais rien, je ne peux pas aimer. Enfin, je ne peux pas aimer comme vous l'entendez. Je n'ai pas d'organes sexuels. » Son regard étonné et sa bouche bée m'incitèrent à en dire d'avantage. « Je suis une création. Il y a des gobelins qui vivent en tribus, qui ont des enfants et qui se font la guerre. Mais ce n'est pas la majorité. Un processus qui nous est interdit de connaître sous peine de mort permet notre création. Tout ce que je sais, c'est que nous naissons de la boue. Ainsi, nos maîtres peuvent nous façonner comme ils le désirent.
–Veux-tu dire que tu n'as pas de parents par exemple ?
–Par exemple. Je ne suis d'ailleurs ni un homme ni une femme biologiquement parlant. Par ailleurs, je fais difficilement la différence mentalement parlant. » Sa stupéfaction m'étonnait, il me semblait que tous le savait. « Pour revenir au sujet, cette frustration que tu évoques doit sans doute se rapprocher de ce que je ressens. Mais vous, vous avez la possibilité de vous en sortir : vous pouvez aimer. Moi, il me semble impossible de contrôler, de canaliser tout cela. »

Mes yeux cherchaient au plus profond des lattes du plancher une noirceur qui semblait si intéressante. Je me découvrais peut-être pour la première fois entièrement à quelqu'un d'autre que vous.

« Aimer ? C'est de la connerie. Tu ne contrôles pas cela par amour. Je ne sais même pas ce que c'est. Une idée mystifiée au cœur des histoires. Nous sommes des pirates. Tu peux aimer toutes les filles que tu veux, tu ne les reverras jamais. Nous avons épousé notre mer, si tu me permets ce sarcasme. »

Il ria amèrement et baissa le regard. Un silence profond nous fit le plus grand bien. Nos têtes se tournèrent alors l'une vers l'autre et nous nous retrouvâmes les yeux dans les yeux. Une lassitude perçait ses traits désolés. La même que moi sans doute. Celle d'avoir peur de passer à côté d'une autre vie, plus heureuse. Plus commune. Rentrer dans le rang. Et puis, son rictus bienveillant et son visage balafré me rappelait à ce que je vivais. Pour la première fois de ma vie, j'éprouvais de l'amitié. Pour vous, j'éprouve une servitude totale et un respect majestueux. Je vous aime comme d'autres aiment un dieu. Mais là, c'était une sensation différente. Je n'avais pas besoin de jouer un rôle avec lui. Nous sommes obligés de porter des masques, toujours, dans nos relations avec autrui. Et un jour, nous arrivons à retirer le dernier de ces masques dans une relation d'égalité respectueuse. N'en dire que cela ne serait pas la décrire, loin de là. À cet instant, je compris qu'il m'intégrait dans une communauté restreinte. Nous étions dans la marge et c'est là où nous trouvions notre liberté.

Il me lança les clefs des chaînes et sortit sans piper mot.

J'avais passé une douzaine d'heures dans les cales. Sur le pont, les matelots de quart s'activaient tranquillement. La mer ne s'agitait pas, le Soleil brillait et le vent soufflait. Des conditions idéales. Mon prochain quart ne serait que ce soir et je dormais depuis assez longtemps pour me promener sur le navire. Les douleurs de la bataille persistaient mais comparé à ce que j'endurais à la mine, cela m'apparaissait comme un simple désagrément. Au niveau de l'entrepont, quelques flibustiers instruits s'occupaient de la répartition du magot. L'abordage n'avait pas comme but la richesse. De maigres bourses s'alignaient sur une table bancale. Rhode m'aperçut depuis son siège où il griffonnait avec exactitude les parts données et les parts restantes. Il me jeta une bourse et se leva pour venir me parler.

« Alors terreur, tu t'es calmé ?
–Comme tu le vois... répondis-je quelque peu blasé.
–Fais pas cette tête ! Viens par là, j'ai quelque chose à te donner. »

Il m'amena dans une pièce remplie d'armes et d'armures, mais aussi de vases, de dentelles et autres prises. Un vrai bordel. Le bosco s'approcha d'une malle où des fripes se faisaient la guerre pour la meilleure place. Il en sortit une des chemises que tous portaient sur le navire. Froissée mais étincelante, il me la tendit en m'indiquant de l'essayer. Elle tombait un peu trop bas mais me permettait une liberté de mouvement appréciable.

« Tu sais ce qu'elle signifie ?
–Pas vraiment. Un truc du genre que je fais partie de la communauté des pirates ?
–Si on veut. C'est un peu plus complexe. Tu viens de devenir Citoyen de la République sans Terre. Voilà maintenant deux siècles qu'elle a été crée. Devant la recrudescence des navires de course qui étaient à nos trousses, nous dûmes oublié les querelles qui régnaient en maître parmi les pirates et former une organisation qui nous protègerait de ces milices.
–Et la solution, c'était de porter des chemises blanches ? » plaisantai-je. Un rictus jovial s'empara de son visage.

« Exactement ! En fait, ce que les Fondateurs, les cinq Capitaines pirates à l'origine de la République, voulaient faire, c'était réussir à faire de chaque flibustier un membre de tous les équipages de tous les navires pirates. Cela permettait une rotation régulière, de l'aide là où il y en avait besoin et surtout une cohésion de groupe. Car ces cinq Capitaines étaient en guerre lors de la création de la République. Ils se faisaient détruire par les pavillons colorés des continentaux, mais aussi par les pavillons noirs de leurs frères. »

Nous retournions vers la table où trônaient les faibles récompenses de chacun. Les bourses passaient dans les mains d'une petite troupe d'estropiés. Un énorme colosse que j'avais déjà aperçu mais à qui je n'avais jamais parlé se maintenait avec difficulté sur une canne grosse comme mon poing. Ses trousses laissaient paraître le début de l'immonde plaie qui lui taillait toute la jambe gauche. Sa graisse remuait en vague à chacun de ses mouvements, refermant ou étirant d'une douleur vive les lèvres de la blessure. Voyant que je l'observais, il me fit un signe de la tête et grogna une salutation.

Le groupe qui l'entourait sortait vraisemblablement de l'infirmerie. Un elfe aux traits rongés par un rictus rendant son visage malheureux portait son bras en écharde. Un bandage serré autour de son poignet révélait une coulée de sang. Sa main ne bougeait pas, ses doigts paraissaient gonflés. Il discutait hardiment avec un petit homme qui se tenait sur des béquilles dont le sourire jovial n'enlevait en rien la peur et la douleur dans ses yeux. Une seule jambe le maintenait debout. Au dessus du genoux, un moignon bandé faisait office de tous les pleurs cachés qui avaient creusé un sillon sur sa trogne un peu ronde.

« Mais, vois-tu, la trêve signée, la République fondée et un front commun se sont créés contre ceux qui voulaient tous nous voir envoyer par six cents pieds de fond. Et grâce à tout cela, nous n'abandonnons plus ceux qui ne peuvent plus combattre. Une réelle solidarité se met en place. Nous trouvons à tous quelque chose à faire dans notre organisation. Nous sommes parvenus à garder cinq points d'attache fixes. Trois sont des îles, un est sur Nosvéris et un autre sur Imiftil.
–Et chaque pirate est un citoyen ?
–Bien sûr que non. De nombreux pirates roulent pour eux-mêmes et d'autres organisations, plus petites, existent. Mais nous sommes sans conteste la plus puissante. »

Les flibustiers qui faisaient trembler chaque marchand transférant quelques Yus biens placés de port en port ressemblaient plus aux légendes des Sept Honorables, exemples de vertu pour la jeune Oranan. Intègres et courageux, ils prônaient chacun, haut et fort, leur mode de vie, leur idéal et leur amitié. Leur étendard, le vivre-ensemble. Dans un combat contre les institutions continentales, ils vivaient libres au milieu de l'océan. Autour d'eux, de l'eau à l'infini. Au dessus d'eux, l'espace à l'infini. Là où ne se voyait nulle terre, l'éternité s'offrait.

Les visages graves marquaient mon esprit lorsque je les croisais. L'insouciance, maîtresse de leur vie libre, ne parvenait pas à cacher la tristesse des conséquences de l'abordage. La douleur battait les tempes de tous. Seulement, il fallait continuer vers notre prochain assaut. Le vrai, pas la mise en bouche. Alors, tandis que je grimpais relayer la vigie, les mousses de quart quittaient les parties de cartes et les bouteilles pour passer une partie de la nuit à essuyer les lames de fond et le vent salé. Perdu du haut de mon perchoir, mes divagations me distrayaient au milieu de cette nuit calme. De sombres et pâles lueurs nageaient auprès de notre vaisseau. Je suivais la danse poétique de leurs parades entrelacées. Les quelques couples se rejoignaient doucement, formant un ballet immense et magnifique. Le premier dauphin que je vis de toute ma vie sauta alors hors de l'eau à plusieurs pieds. Puis rapidement, une violente chorégraphie d'une beauté extraordinaire envoya voler jusque moi une eau qui pénétrait mes vêtements et me faisait trembler. Je frissonnai devant le spectacle que les créatures m'offraient tout comme d'un froid insidieux qui gelait les os et les muscles. Ils repartirent comme ils étaient venus : en couple. Je finis mon tour et, sous un soleil levant berçant le ciel nuageux de ses couleurs roses et oranges, allais me coucher.

Attablé à l'entrepont avec Tom, nous mangions une mélasse gouteuse en échangeant quelques banalités. La discussion d'un groupe éparse de flibustiers attirait notre attention.

« Archibald, c'était un grand pirate !
–Un grand ami surtout. Sa mort reste encore marquée dans mon cœur.
–Vous pouvez m'en parler un peu plus ? Je ne l'ai jamais vraiment connu.
–C'était une force de la nature ce bonhomme. Il devait faire deux têtes de plus que toi et bien trois fois ton poids. Bordel, qu'est-ce qu'il envoyait !
–Un jour, il a soulevé une espèce de lieutenant de je-sais-pas-quoi. Tout en armure le gars, cotte de maille, plates, heaume, jambières... La totale ! Rien que l'épée du type, je ne suis pas sûr de pouvoir la porter. Bah Archi, il l'a soulevé et l'a balancé tout connement à la flotte. Tout le monde à rire de voir le gonze s'enfoncer dans les abîmes de l'océan.
–Et le cœur sur la main. Il n'avait pas besoin de mots, qu'il ne maniait pas très bien de toute façon.
–On pipait rien à ce qu'il disait !
–Ouais, à peu près. Il venait de Naora, et personne ne comprenait quand il commençait de longues discussions. Quand Eugénie, la sœur de Balou, qui navigue maintenant sur le Ravageur, est morte, ce dernier était trop fier pour montrer sa tristesse. Il ruminait intérieurement. Archi, de la même carrure que lui, l'a pris dans ses bras et l'a serré. Ils se sont lâchés que trois quarts d'heure plus tard. Ils avaient les épaules trempées de larmes.
–Voir ces deux montagnes s'embrasser ! Ça devait être impressionnant !
–Il était comme ça Archibald. Pas de superflu. Il était vrai !
–Putain, il me manque. »

Les anecdotes sur sa vie continuèrent pendant un bon moment. L'elfe bleu, le menton reposant dans la paume de ses mains, les coudes sur la table, les écoutait pensivement.

« Tu le connaissais bien ?
–Plutôt. Nous avons naviguer ensemble environ dix ans.
–Il est mort à l'abordage de la galère shaakt ?
–Non pas du tout. Il a été pris lors d'un abordage raté et pendu sur Nosvéris. Ça doit faire peut-être cinquante ou soixante ans de cela.
–Autant de temps ? Mais quasiment aucun d'entre eux ne l'a connu alors !
–Non, ça ne les empêche pas de l'aimer.
–Je ne comprends pas tout. Tu veux dire qu'ils parlent de quelqu'un mort avant même la naissance de la plus part d'entre eux comme de leur meilleur ami ?
–Nous t'avions prévenu. Nous ne travaillons pas ensemble, nous vivons ensemble. Il se trouve qu'Archibald était très aimé, son nom a marqué nos mémoires et nous voulons nous souvenir de lui. Il y a une liste longue comme mon bras de gens que je n'ai jamais connu mais qui me manquent comme une partie de moi même. »

L'esprit de corps. Je réalisais que la République ne se constituait pas de citoyens mais qu'elle se réalisait en chacun de ses membres – ou plutôt de ses organes. Jamais la métaphore martiale n'avait été assez juste que pour cette compagnie. Leur conception de l'amitié me marqua profondément. Chacun des actes qu'ils faisaient, chacun des engagements qu'ils prenaient, en clair la vie qu'ils choisissaient les inscrivaient dans une postérité nostalgique de cette existence. Sans romantisme, sans adoucir les angles de la personnalité de l'être manquant, ils l'évoquaient avec plaisir et amour.

Nous approchions de la crique qui devait nous servir de planque pendant une journée où le repos était maître mot avant de passer à l'attaque, bien plus risqué que celui de la galère shaakt. Certes, leur navire était rôdé pour la guerre, mais ils ne pratiquaient qu'une manœuvre en mer, une simple sortie à vide. Nos prochains adversaires ne pouvaient qu'être sur leurs gardes. D'un côté, ils transportaient une tapisserie d'une valeur inestimable, sans compter, sans doute, de nombreux autres cadeaux somptueux pour le mariage. D'un autre, ce mariage attirait la convoitise et la peur de nombreux notables des deux pays et des trois races. Ils s'attendaient à se faire attaquer et s'y serait préparés de façon certaine. Combien de noms iront rejoindre la liste de Tom ? Qui débutera la mienne ? Il semblait nécessaire qu'à l'abordage, nous ne reviendrions pas tous.

La nuit à la crique fut formidablement festive. Les rires et les bouteilles sortirent lorsque le soleil vint teinter de rose l'horizon d'azur. Les grandes falaises qui entouraient notre navire reflétaient grâce à son mica et à ses étranges et longues strates de calcaire laiteux les derniers rayons de l'astre sombrant dans l'Océan. De petits groupes discutaient tranquillement en buvant du tafia et en fumant du jérìch. Une atmosphère fraternelle planait sur le pont aéré d'un petit vent frais. L'herbe et l'alcool agissant, nous partîmes pour une soirée de partage de chants et d'histoires. Nos étouffantes chansons gobelines, à la mélodie chaotique mais aux paroles crues, sincères et libératrices, plurent à mes camarades. Ils reprirent tous en chœur avec moi

« Brisons leur nuques et partons, amis,
Brisons nos chaînes et partons, amis,
Car les plaines et les montagnes
Nous terreront sans eux. »

Leurs cantiques variaient de leur vénération pour les filles de joies à leur adoration des sabordages, des bars glauques lors des escales à leurs compagnons plongeant à jamais. Avec eux, je riais, je pleurais, je dansais. Ils représentaient la mine de vécus, d'expériences, de passés dans laquelle je rêvais toujours de piocher pour m'approprier une vie. J'allais me coucher au milieu de la fête, pesé par mes excès et la fatigue. Depuis ma paillasse, j'entendais en sourdine les bruits des marins heureux qui trinquaient avec la mort. « Le voile noir recouvrira bientôt l'un d'eux » pensai-je. « Mais ils ne s'en soucient aucunement. La nuit est à eux comme le jour d'après leur sera pénible. » Chaque son m'obsédait : les pas sur le pont des fêtards, les bottes qui descendaient discuter au calme de l'entrepont, les malades qui couraient vomir par dessus le bastingage ou se transportaient cahin-caha jusqu'à un lit non occupé ; et puis bientôt, les dés qui roulaient sur le bois, les soupirs des perdants et les hourras des gagnants ; et enfin, plus rien, mise à part les ronflements rythmés et apaisants des camarades alentours.

Comme prévu, nous nous éloignâmes assez tôt de la côte. Un vent favorable nous porta en une courte matinée au-delà du continent pour nous retrouver en eaux profondes. La tension palpable marquait chacune des secondes d'attente qui remplirent l'après-midi. Certains vaquaient à des tâches utiles : ils avaient bien de la chance. La plupart patientait difficilement laissant ainsi la place à l'interrogation - quant à l'issu de la bataille, quant aux chances de survie d'untel ou d'untel, quant à l'heure de l'abordage, quant à ce qui les retardait, quant à la raison de leur naufrage probable (parce que là, c'est sûr, ils ne vont plus venir)... Je m'ennuyais, une pipe à la bouche au tabac sinori onctueux, à mon poste de vigie. Une onctueuse fumée jaillissait périodiquement de ma gorge, rejoignant lentement les faibles nuages qui barrait le ciel en d'épars endroits. La crème gazeuse obscurcit le pavillon aux couleurs de Dehant de mon champ de vision. Je m'époumonais alors :

« Navire à dix heures !
–C'est notre proie ?
–J'crois bien, ouais ! »

De l'ennui mortel des heures précédentes, nous passâmes brutalement à une excitation folle. Chaque matelot de quart s'empressait aux manœuvres tandis que les autres flibustiers se préparaient à l'abordage.

« Ils nous ont vu ?
–Sans aucun doute ! C'est blindé d'elfes, j'ai l'impression qu'ils voient la couleur de mes yeux d'aussi loin !
–Alors que la partie commence ! Hisse le drapeau noir ! »

Un énorme « houba » fit écho à ses paroles. L'elfe bleu dégageait le pont pour préparer ses rituels. Tandis que notre cible manœuvrait pour aller cap au Nord, afin de rejoindre les côtes et les patrouilles, nos voiles se remplirent grâce à ses miracles. Il fallait rapidement décider vers où aller pour les rattraper. Rien n'était joué, même si nous avions l'avantage technique : le Crépuscule est plus léger, plus rapide et plus adapté à la haute mer. De plus, ils étaient probablement chargé jusqu'au dernier tonneau alors que nous n'avions rien de stocké, hormis le strict nécessaire quotidien. Barry choisit une technique fine et pleine de compromis.

« À la voile mes gorets ! Cap à neuf heure ! Nous allons leur rentrer dans le bide dès qu'ils vont vouloir arrêter de manœuvrer pour foncer vers la terre ! »

Le vent tonnait derrière moi, me poussant à m'accrocher au mât, en un vacarme abominable : il rentrait dans les voiles brusquement et y claquait nettement pendant tout le changement de cap. Nous avancions promptement tandis qu'en face ils manœuvraient timidement. Le vent naturel venait du Nord, leur empêchant de regagner la côte sans un appui magique. Mais ils étaient vraiment lent, à ce point, cela n'annonçait que deux choses : soit la prise sera facile, soit elle ne le sera pas du tout. L'appréhension monta en moi à cette prise de conscience. Si mon regard fut assez perçant, j'eus vu sans aucun doute un sourire narquois sur les visages de ces maudits elfes. Mais nous n'étions encore qu'au début de la soirée et le soleil se couchait à peine lorsque tous découvrirent qu'ils ne faisaient pas cap au Nord.

Bercé de la lumière du crépuscule, alors que notre navire devait être dans le même alignement que les fuyards, nous les aperçûmes continuer à manœuvrer. J'indiquai au capitaine le maintien de leur changement de cap. Ils étaient désormais à deux heure et continuaient à manœuvrer ! Je pouvais palper de là-haut l'incompréhension des autres pirates. Les deux navires prenaient des directions parallèles lorsqu'ils firent tomber toutes voiles. Nous étions à deux fois une distance de tir, même de si bons tireurs ne pouvaient nous avoir. Un soulagement gagna chacun des membres de l'équipage lorsqu'ils s'en rendirent compte. L'ordre fut tout de même lancé d'aller chercher les pavois afin de nous protéger des flèches qui, personne n'en doutait, allaient bientôt fuser dans le ciel rosâtre.

Une petite détonation, un claquement sourd et soudain le bois qui s'encastrait dans le bois, volant en éclats qui blessèrent plusieurs matelots. Le bastingage venait de se faire pulvériser. Alarmé, je cherchais sur le navire ennemi ce qui avait pu faire ça. À l'arrière, deux soldats en uniforme aux couleurs de Dehant réarmaient une machine de guerre ressemblant à une arbalète d'un énorme trait pointé de fer. Je criais au Scorpion. J'observais alors Barry s'arrêter pour réfléchir à la situation, faisant signe à son bosco de s'occuper de parer le prochain tir. La pagaille se répandait parmi l'équipage mais les plus expérimentés réparaient déjà sommairement les dégâts.

Continuer la manœuvre ainsi, c'était plonger dans la gueule du loup. Si nous arrivions par derrière, outre les plusieurs traits que nous aurions essuyé, nous nous exposions directement aux arcs elfes. Barry décida donc de leur faire croire à notre départ en faisant une manœuvre inverse. Nous allions attaquer de front en faisant un tour d'horloge. Nous commencions à changer de cap lorsque le scorpion claqua une seconde fois. Il ne nous toucha pas, s'écrasant dans l'eau en une giclée impressionnante. Le troisième nous atteignit alors que nous étions cap à l'Ouest, comme pour partir du combat. Il explosa une chaloupe et les débris s'éparpillèrent avec violence dans les jambes des marins. Les moins chanceux criaient de douleur, allongés sur le sol, d'énormes pics en travers de la cuisse.

Nous continuâmes un peu droit devant jusqu'à ce qu'ils retendent les voiles, pensant nous avoir fait fuir. Alors, nous poursuivîmes notre rotation vers eux afin de les empêcher d'être dans un alignement optimal leur permettant d'annoncer notre mort. Voyant notre tactique, ils durent de nouveau enlever les voiles et se préparer au combat. Ce temps de répit nous permit d'échapper à l'angle de tir de la baliste qui tenta tout de même de nous atteindre mais ne réussit qu'à nous éclabousser de nouveau. Malgré notre nouvelle tactique, la panique ne se répandit pas sur le navire ennemi. Je pouvais observer les soldats, surtout elfes, se placer à l'avant du navire dans un calme froid et effrayant, parer leur arc et disposer plantée devant eux une dizaine de flèches afin d'avoir une cadence de tir rapide. Nous allions essuyer un feu des plus mortels dès que nous serions à portée.

Une fois informé de cela, Barry fit mettre en place le dispositif d'abordage à l'avant. Deux jeunes pirates montaient dans le premier mât avec des grappins tandis qu'une douzaine de gars installait un pont avec des crochets sur le bastingage. Lorsqu'il tombera de l'autre côté, le même dispositif se fixera et nous pourront passer au corps à corps. Barry me fit monter mon arc ainsi qu'un grappin. Ma position, en haut du grand mât, était fort stratégique et il serait dommage de ne pas en profiter. Il m'indiqua de viser prioritairement la vigie. Les pavois furent alors pris en main et les pirates en position. Un pavé compact et fermé entièrement devant, en hauteur et sur trois rangs de côté se maintenait fièrement au devant du danger imminent.

La première salve fusa en corps réglé. Quinze flèches tirées au même moment fendirent le ciel en un sifflement ordonné. En cloche, elles parcoururent exactement la distance qui séparait nos deux bateaux. Pas une ne tomba à l'eau. Toutes visaient les espaces entre les pavois et trois percèrent, au premier rang. Tombés, les pirates furent tirés jusqu'à l'arrière et remplacés avant la seconde salve qui ne tardaient pas à être envoyée. De nouveau le sifflement mais cette fois, les boucliers serrés, ils tinrent bon. Nous nous rapprochions toujours de plus en plus près d'eux. Bientôt, je pus viser les elfes qui s'attaquaient à la future charge. Ils savaient les ravages que feraient l'arrivée au corps à corps. Ce ne fut qu'après la quatrième salves que je sentais ma position assez bonne pour en toucher un. La flèche traversa son poignet et lui fit tomber l'arc des mains. Il cria tant de surprise que de douleur et tous ses frères se retournèrent vers moi. Leur projectiles furent arrêté en grande partie par les voiles, les déchirant à de nombreux endroits, sans pour autant que cela soit dommageable pour nous. Une seule arriva vers moi et se planta sur le grand mât, juste au dessus de la vigie. Je m'étais heureusement recroquevillé sur le plancher.

Le pont tomba comme un couperet sur le bastingage adverse. Un claquement sourd mais puissant empli les oreilles de chacun des êtres présents sur les deux navires. C'était à ce moment là que tout commençait vraiment. Les pas puissants chargeant les archers ayant dégainés leurs épées en un chuintement caractéristique vibrèrent sur l'océan en des milliers de vaguelettes concentriques. L'impact des boucliers contre les armures des soldats résonnèrent tandis que le temps s'arrêtait. Les lances sortirent de nos rangs pour empaler les premières lignes, criant vengeance pour nos blessés restés sur le Crépuscule, les plus valides avec un arc en soutien.

La seconde ligne d'elfes était cependant rodée aux charges. Les lanciers obligés de lâcher leur arme ou de porter leur victime sur quelques mètres d'élan se virent tous contournés d'un demi pas vers la gauche. Cinq sur six périrent sur le coup, leur sang jaillissant d'une entaille nette au défaut de l'armure. Les soldats humains arrivaient au pas de course tandis que les derniers elfes résistaient comme ils le pouvaient. Cependant, le pont était fixé et les flibustiers passaient tous de l'autre côté. La bataille pseudo-rangée se transforma en un chaotique mélange d'uniforme et de tenues dépareillées s'entretuant allègrement.

Pour ma part, je m'évertuais à viser la vigie d'en face. Leur grand mât était bien plus bas que le notre, la tâche se simplifiait donc amplement. Le type d'en face devait avoir moins d'une quinzaine d'années. Mousse, sans aucun doute, ils avaient dû le mettre là au vu de ses piètres qualités de combattant. Ses bras étaient maigres, ses mains fines et ses yeux apeurés. Mon arc bandé, il braqua son regard dans le mien alors que le projectile était déjà projeté. Sa bouche évoqua alors un sourire apaisé. Ses yeux versaient une larme mais son visage se contentait de la manière dont sa vie prenait fin. Le bois entra dans sa gorge en un jaillissement pourpre coulant sur les voiles sales du navire marchand. Je projetais le grappin vers son corps encore souffrant. La corde tendue, je me rendais à califourchon vers ma victime pour l'achever.

Je n'éprouve aucune peine à tuer quelqu'un. Ce n'était pas la première fois et je tuerais dans le futur d'autres personnes. Sans doute est-ce là le résultat de ma création : j'ai été ainsi fait. La vie a toujours un terme, quoi qu'en pensent les plus fous des magiciens. La question n'est pas « quand vais-je mourir ? » mais d'avantage « que faire du temps qu'il me reste avant ma mort ? ». Voir ce jeune corps périr et ne pas l'achever aurait par contre été cruel. Je récupérai donc ma flèche, le mis sur le ventre et la plantai dans la moelle épinière. Un poste avancé chez l'ennemi m'était ainsi tout préparé. De là, je pus mieux voir la pagaille d'ensemble que l'assaut, muté en pugilat, devenait.

Sur le Crépuscule, mon capitaine se maintenait bien haut, afin de diriger au mieux ses troupes. Un charisme naturel émanait de chacun de ses ordres, hurlés de sa puissante voix grave à faire vibrer les voiles des deux navires. Un côté de lui que je ne connaissais pas : sa fine stratégie. Il déplaçait avec intelligence chacun de ses gars, dans l'espoir d'en perdre le moins tout en menant à bien sa mission. Ses efforts pour ne pas se laisser déborder par les nouveaux fronts que formait impatiemment et continuellement le flot incessant des innombrables soldats furent récompensés pendant au moins cinq bonnes minutes. Alors que plus personne ne sortait de l'entrepont, mes flèches ne servaient plus à rien, le combat se déroulant à mes pieds. Aucun angle de tir correct et perdre quelques flèches ne m'aurait avancé à rien. Mes amis avaient réussi à s'avancer jusqu'au grand mât mais les militaires de profession qui leur faisaient face étaient dans une position qui leur était chère : une grande ligne bien droite, avec deux rangées – bouclier et épée longue – repoussant toute attaque avec une facilité déconcertante. Là, Barry montra un sacré sens du risque.

D'un signe de tête, il m'indiqua de descendre. Je devais sans aucun doute récupérer la tapisserie et me jeter à la mer. Tant pis pour le reste, tant pis si elle ne valait plus rien. Eux ne l'avait plus et nous avions été jusqu'au bout de nos capacités pour respecter notre contrat. Je me faufilais donc discrètement à l'arrière du combat vers les cales ; j'entendis ainsi l'ordre de mon capitaine de façon étouffée.

« Lancez les bouteilles qui sont à l'armurerie ! »

Je ne m'attendais pas à ça. Derrière un stock de glaives émoussés et d'arbalètes à réparer depuis des siècles trône une caisse large comme la pièce de fioles transparentes remplies d'une pâte verdâtre. Je pressais le pas afin de parvenir le plus vite possible à la tapisserie. Les bottes tonnaient au dessus de ma tête en une inexplicable fuite pour nos adversaires. Je sentais déjà le bonheur des survivants qui criaient leur prétendue victoire. Soudain, un claquement sourd. Puis un autre. Une pluie de petites explosions recouvrait mon plafond et je me pressais pour ne pas mourir. La chaleur montait et les hommes hurlaient déjà lorsqu'un sage – ou un commerçant – annonça, le plus fort possible, avec raison « feu grégeois ! »

Le pont en flammes brûlait vif de nombreuses âmes apeurées qui se jetaient, en armure, à la mer, coulant inexorablement après s'être rendu compte de leur bêtise. J'y avais déjà réfléchi : si une telle alternative se présentât, j'eus choisi l'incinération. Une préférence étrange pour le feu, la noyade m'apparaissait vraiment plus horrible. Une petite explosion derrière moi : une fiole était venue s'écraser sur l'escalier qui menait au pont au moment même où j'entrai dans la pièce où la tapisserie siégeait paisiblement dans un coffre ouvert, enroulée dans un papier fin. Je claquai le vieil infirme – l'oncle de la mariée ? – qui s'écroulait par terre en un râle apeuré et me précipitait sur mon butin. Le vieux, au sol, s'agrippa à moi. Je lui donnai un coup de pied dans la mâchoire qui le fit lâcher prise. Un filet de bave mêlé de sang coulait le long de son visage inconscient.

Un dernier problème se posa alors à moi. Le rouleau de tissu était bien trop lourd pour que je pusse le porter. Après une minute de tentatives infructueuses pendant laquelle je sentis chaque seconde s'accompagner d'une augmentation de température, suant sang et eau malgré mes habits éparpillés par terre, je compris que le seul moyen était de la tirer. Frottant le bois dans un vacarme à peine bon à couvrir les cris des derniers soldats, mes forces s'épuisaient peu à peu à sauver notre pécule. Je le voyais d'ici, je ne parviendrais pas à le hisser jusqu'en haut de l'escalier. Ce constat fait, je me tournai vers ce qui n'était au final qu'un bout de tissus à mes yeux pour le voir prendre flamme à l'autre bout. Du feu grégeois gouttait des interstices entre les planches du pont. Affolé, je le secouais énergiquement, mais rien à faire, le butin prenait feu. Un parchemin rebondit sur le sol, s'échappant de l'emprise de la tapisserie. C'était une reproduction, avec une traduction du texte original à côté. Je m'en saisis et décida qu'il était temps de déguerpir.

La course à travers les flammes s'annonçait plutôt bien. Ce n'était pas mon premier incendie. Les flammes avaient souvent pris dans votre mine d'argent, maître, et nous avions beaucoup moins de chances de nous en sortir qu'en pleine mer. N'étant qu'une question de moral, je pris mon élan et traversa la zone très chaude du couloir et les escaliers qui flambaient. Remonté sur le pont, l'odeur de porc grillé émanant de mes poils roussis me prit à la gorge. Les corps carbonisés jonchaient le sol de leurs mines atroces. Pas de doute, il y allait avoir des représailles si le navire ne coulait pas. J'escaladais sans peine le grand mât à l'aide de mes griffes et fut de retour sans encombre sur Le Crépuscule qui n'attendait que moi pour faire plein voile vers l'est.

« Douze morts » lâcha amèrement Barry, alors que nous buvions un peu de tafia dans sa piaule avec Bart et Tom. Il prit une goulée à s'en arracher l'œsophage et tira les traits de sa gorge avec douleur. Il le vivait comme un échec. Dans mes mains tournait le parchemin, sans que nous ne l'ayons encore lu. Le navire en flamme avait sombré alors que nous allions le perdre de vue. De leur côté, le nombre de morts fut beaucoup plus important... Même pas sûr. Tout dépend de ce que signifie important. Je lisais sur leur visage la double perte : les copains et le pognon. L'honneur et la croûte. Je profitais d'un moment de silence pour lire ce que disait la tapisserie, afin de ne pas me morfondre comme mes trois camarades.

C'était un poème mal traduit - peut-être mal écrit originellement ? - qui ne s'attardait pas forcément sur la description réaliste d'un monde onirique. En fait, ça ressemblait plutôt à une énigme.

Toujours le chaos règne
Et l'opposé y nait.
Quand la mort est mécanisé
Quand la fin se localise
C'est là qu'il nait.

Je vous livre cet extrait car il est celui qui m'a fait comprendre que c'était vous notre commanditaire. J'ai rapidement demandé à Barry si c'était un petit homme d'une cinquantaine d'années qui lui avait donné le plan, très maigre avec un sourire d'assassin. Tous remarquent et mémorisent sa mâchoire hors du commun. Évidement, il a reconnu Fredo. Ainsi, l'information qu'il cherchait servait ma mission. Je compris mieux pourquoi nous nous rencontrions si souvent. Une rapide analyse du poème me permit de découvrir que son sujet réel n'était pas énoncé une seule fois. Moi qui n'ai que ce mot en tête depuis quelques années, ça m'a sauté aux yeux. Le poète n'avait pas utilisé une seule fois le mot jamais alors qu'il ne parle que du temps.

Si la prédiction, ce que vous semblez croire, est vraie, ce que vous m'avez envoyé chercher se trouve à Pohélis. Le sang a coulé, la mort règne là-bas en maître, imposant le chaos de Oaxaca. Il semble normal, maintenant que j'y repense, qu'une Rune Jamais y apparaisse. J'ai discuté avec Barry, il va me trouver un navire pour faire la traversée vers Nosveris. Je me suis d'ailleurs permis de lui signifier qu'il sera tout de même payé, puisque l'information recherchée était arrivée au bon destinataire. Si vous pouviez en informer Fredo, ce serait formidable.

Je me dirige ainsi vers l'accomplissement de ma tâche. Avoir chercher si longtemps et savoir enfin vers où se tourner me met dans tous mes états. Mais il va être difficile de chercher dans une ville contrôlée par la Sorcière Noire. J'ai cependant le profil de l'emploi, ou plutôt la couleur. Je me faufilerais partout pour la trouver, au milieu de ces puants. En attendant, je vais devoir m'embarquer pour un long voyage.

Votre dévoué serviteur.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 9 Avr 2010 14:54 
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Maître,

Il fut décidé d'attendre à bonne distance du navire brûlant afin d'en récupérer ce qui pouvait l'être. Le spectacle effrayant de l'océan en feu voilait agréablement le sombre voyage qu'il me restait à faire. Les chaloupes envoyées pour piller l'épave avant qu'elle ne s'effondrât n'apportèrent rien de significatif. Pas assez pour rembourser le feu grégeois et encore moins les vies perdues. Les pirates en deuil se contentaient de cette atmosphère morose dans laquelle ils baignaient. Les mines naguère épanouies et enthousiastes se renfrognèrent. Les bouteilles de tafias se vidaient toujours mais la fête n'était plus ; l'alcool ne servait qu'à oublier. Une fois vidées, les pirates les lançaient à la mer pour les défunts. Identiques à des spectres, ils erraient sur le Crépuscule, s'occupant aux tâches quotidiennes çà et là, sans force ni motivation. L'abordage avait été un carnage. Ceux qui plongeaient pour les fonds marins n'étaient pas les plus à plaindre. À l'infirmerie siégeaient des infirmes et des brûlés qui alternaient leur cris afin que nous entendions de façon continue leurs souffrances. Nous n'avions jamais tant ressemblé à un navire fantôme. Et moi, j'allais les abandonner.

L'ambiance dans la cabine de Barry, bien que moins spectaculaire, n'était pas meilleure. La mission qu'il dirigeait se fondait dans les annales comme le plus désastreux abordage du Crépuscule. Plusieurs de ses amis proches périrent par ses ordres. Il se sentait le responsable de cette tragédie malgré le réconfort que nous lui apportions. Le nombre de soldats embarqués dépassait de loin tout ce que nous aurions pu imaginer. De plus, les décisions prises sur le moment relevaient des meilleures. Sans lui, nous y serions sans doute tous passés. Nous nous obstinions à lui rabâcher ce qui nous semblait être des évidences. Malgré sa peine, il se démena pour me trouver un navire partant pour Nosvéris. Il savait que le Querelle devait partir pour Lebher quelques jours plus tôt et s'arrêter dans une crique de réapprovisionnement non loin de notre position. Il décida donc de naviguer vers ma correspondance.

Pour la première fois depuis mon arrivée sur ce navire, je ne m'y sentais pas à ma place. Rationnellement, nous savions tous que beaucoup des nôtres allaient mourir. Nous pouvions même partir. Pourquoi ce débordement démonstratif de peine d'une mort attendue ? Tout cela me paraissait si superficiel. Certes, il était triste de se dire que nous ne reverrions jamais nos amis ; mais de là à paralyser toutes les activités sur le bateau, je trouvais cela totalement absurde. Il montait en moi une impression de spectacle, de théâtralisation de la douleur ressentie. Dans la micro-société que représentait le Crépuscule, plus la peine éprouvée se manifestait pour les autres, plus les autres reconnaissaient celui qui souffrait. Seulement la manifestation de la peine correspondait de moins en moins à une peine vécue : on y éprouvait la peine que l'on manifestait. En clair, les pirates jugeaient que tel événement nécessitait telle souffrance et ils s'obligeaient à l'éprouver en la jouant aux autres. Pathétique. Et écœurant.

Bien qu'ils m'aient désappointés à propos du sérieux de leurs sentiments, j'enlaçai chacun des pirates aussi fort que possible au moment de quitter le Crépuscule pour rejoindre le Querelle. Tom, dans la chaloupe qui me m'amenait sur l'immense navire de marchandise, m'exposait son mépris pour ceux de sa race. Ils l'ont rejeté, traité comme un monstre, considéré ses actions comme criminelles. Il m'expliqua que sa magie ne contrôlait pas que le vent. Ça, il avait appris à le faire plus tard. Sa puissance naturelle contrôlait la foudre. Et il ne faisait pas bon utiliser cet élément lorsque tous, dans sa patrie natale, connaissent la magie de l'eau. Je l'écoutais entré dans les détails plus techniques d'une oreille inattentive. Je ne voulais pas accorder d'attention à la fin de notre relation. Je voulais garder en mémoire ce qu'il avait été pour moi dans la totalité de nos moments partagés et cela aurait été faussé par la sensibilité causée par mon départ. Seulement, il le comprit. Ou bien avait-il comprit depuis le début ? Alors que je quittai l'embarcation il me fusilla du regard et lâcha en un soupir : « Faut-il donc toujours que tu contrôles tout ? »

« Bienvenue à bord du Querelle » me hurla un bonhomme habillé tout en noir, la barbe hirsute et un cache sur l'œil gauche. Son sourire apportait joie de vivre et peur de mourir. Il y avait quelque chose de malsain en lui, de méchant. De noir. « Pas de question. Je ne t'en pose pas, tu n'en poses pas. C'est comme ça que ça marche. As-tu l'argent ? » J'acquiesçai d'un signe de tête et lui envoyai la bourse. Il l'ouvrit, comptât grossièrement et se dirigea vers l'escalier pour me montrer ma chambre. C'était cher pour une paillasse grouillante, une couverture mitée, une lampe à huile carbonisée et un tabouret bancal mais le silence le valait bien. J'explorai promptement le navire et découvrit la pièce dans laquelle j'allais passer la plupart du voyage. C'était une grande cale, où l'humidité semblait incroyablement faible, entièrement tapissée d'étagères remplies de livres. Un vrai trésor.

Je concentrais mes lectures sur tout ce qui touchait aux runes lorsque je suis tombé sur un recueil de parchemins retranscrit dans un codex sur Zewen. Je me plongeai alors à corps perdu dans cet impressionnant écrit. La plus part correspondait à des mythes et des légendes que vous m'aviez enseigné, avec cependant quelques variantes, le rendant de temps à autres cruel, naïf ou visionnaire. Le reste, cependant, m'intéressa d'avantage. Des essais théologiques tentaient de comprendre la destinée, le Grand Livre et les actes de Zewen. Les idées qui s'en dégageaient restaient confuses mais le style et la calligraphie étaient formidables. Et surtout, elles allaient à l'encontre toutes les églises du monde, toutes les religions édifiées en institution. Elles détrônaient les autres dieux pour n'en garder qu'un comme seul vrai Dieu : Zewen. Je n'avais jamais rien lu de si passionnant.

Un homme vint me voir lorsque la fin du livre approchait. Il avait de longs cheveux poivre et sel et une robe de bure sale. Bien qu'il ait l'air âgé, il n'avait pas une ride sur le visage. Il s'adressa à moi d'une voix perçante et aigüe.

« Je n'avais jamais rencontrer un être comme vous qui savait lire. Vous savez lire, n'est ce pas ? Vous ne faites pas semblant ? »

« Non, monsieur. Je ne fais pas semblant. Je sais lire et j'ai étudié un peu la théologie. Ce livre est révolutionnaire. L'avez vous lu ? »

« Si on veut. Je l'ai écrit. »

Nous passâmes le reste du voyage à discuter ses théories. Son point de départ était une définition d'un dieu. La première définition qu'il donnait était : un dieu est cause de soi-même. Pour arriver à cela, il partit du simple fait qu'un dieu est différent d'une créature. Il n'est pas un artefact. Et ce fut là que cet auteur montra comme il était conséquent. Cette simple définition fait de Zewen le seul Dieu car il fut celui qui eut tout créé. Nélendil, car tel fut le nom avec lequel il a signé ce livre, le nommait ainsi Démiurge. Auparavant aussi, il y eut des théologiens qui mirent à part Zewen, mais aucune de mes lectures n'arrivait à la cathédrale de rationalité que mit en place Nélendil.

« Comment se fait-il d'une œuvre aussi majeure de la théologie ne soit pas plus connue ? »

« Tout simplement parce que la plus part des religions me taxe d'athéisme. Ils ne supportent pas que l'on « attaque la grandeur des dieux »... Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que je ne l'attaque pas cette grandeur, mais le fait que ce soit des dieux. Ces entités sont puissantes et leur influence sur notre monde ne subit aucun doute de ma part. Mais ce ne sont pas des dieux. Ce sont des créatures, comme toi et moi. Et, à ce titre, ils méritent, à proportion évidemment, la même vénération que celle d'un sujet envers son seigneur. Mais, pour ceux qui restent conséquents, il est impossible de prier un autre dieu que Zewen. Sa grandeur globalise le monde et le transcende. »

Ses connaissances étant impressionnantes sur les mythes et légendes autour de Zewen, je glissai quelques mots, lors de l'une de nos discussions, sur les runes. Il s'emporta alors dans un long discours que je vous retransmets en essence, en vous évitant la rhétorique quelque peu romantique dont il fît alors preuve.

« Elles sont la démonstration même de sa bonté. Il n'a pas fait le monde comme un ingénieur une machine ! Tout n'est pas écrit sur son Grand Livre ; Il écrit tout en permanence et de toute éternité. Il y a un mouvement d'aller retour entre ce qu'il impose de sa plume et ce que nous imposons par nos actes ! Il ne nous dirige absolument pas et nous n'allons jamais contre ce qu'il écrit. Son écriture est le monde. Et je ne parle pas de son livre mais de son acte d'écrire. En écrivant, il fait le monde. Peut-on dire d'un écrivain qu'il prévoit exactement tout ce que ses personnages vont faire ? Ils vivent leur vie, dont l'écrivain est un médiateur tout en restant entièrement le créateur. Nous devons ainsi perpétuellement jongler entre la compréhension de ce qui nous est imposé et notre part choisie dans notre réalité. C'est tout simplement le concept de liberté pour nous, êtres intelligents, qui a une synonymie avec la spontanéité naturelle des bêtes je pense. Et, je disais donc, les runes sont la preuve de cette part que nous laisse choisir Zewen. Que ferons-nous avec ses mots ? Avec sa puissance ? Quelle va être la suite du Livre ? Nous devons accepter ce double rôle de personnage et en même temps d'agent. Voilà toute la symbolique que je vois dans les runes. Je méprise ceux qui les utilisent bassement pour améliorer telle ou telle chose. Elles sont là pour accomplir de grandes choses – pour écrire de longues phrases. »

Nos discussions commencèrent à créer une certaine sympathie l'un pour l'autre et à aborder d'autres choses que de sa théologie zeweniste. Il s'intéressa notamment sur ma race.

« C'est bien la première fois que je rencontre un gobelin civilisé ! D'ailleurs, j'utilise « rencontrer » avec toi tandis que j'aurais utilisé « observer » avec tes congénères. Sans vouloir t'offenser ! »

« Ce n'est pas le cas. Ma race est peinée par une certaine contradiction entre sa physiologie et sa spiritualité. J'en suis la preuve, nous sommes capables d'être tempérants. Vous utilisez civilisé. Mais notre corps a été créé pour le combat, pour la survie. Nous sommes nés sur les champs de bataille, pour eux et par eux. Nous extirper de cette condition demande beaucoup plus de volonté et de travail que de passer de vulgaire chez vous, humains, à civilisé. Mais le processus est identique. J'en suis désolé, mais l'état actuel de la société est un élitisme certain. Il y a ceux qui sorte du lot et ceux qui ne tente même pas. » Même si le Crépuscule m'a prouvé que le contraire était possible pensai-je alors.

S'approchèrent les côtes de Nosvéris alors que nos discussions devenaient enflammées. Ce fut avec peine que je lui annonçai mon départ. Une chaloupe m'attendait avec, à la rame, quatre énormes gaillards à la peau sombre que je croyais tous frères tellement ils se ressemblaient. La plage très rocheuse me promettait un difficile démarrage de mon périple mais les plaines verdoyantes balayées par les vents qui s'annonçait ensuite ne donnait aucun signe de l'agitation qui troublait ce lieu.

« J'ai été heureux de faire ta connaissance, Saric. J'espère que nous nous recroiserons. »

« Tout dépendera de Zewen » lui souris-je en lui tendant un bout de soie verte. Dessus étaient brodées vos armoiries. Je le pense réellement capable de vous servir. Nous nous serrâmes les mains et j'embarquai pour rejoindre la terre ferme. Les cris du capitaine sur les mousses qui m'accompagnèrent s'entendaient encore alors que nous ne parvenions plus à distinguer le cache de son œil de son épaisse barbe noire. Je quittai finalement l'océan après quelques semaines à son service qui me parurent une vie entière. Les vagues eurent la bienveillance de nous transporter calmement vers la plage. Aucun signe de vie ne se dégageait d'elle. J'écris ces derniers mots avant de donner ma lettre à l'un de mes aimables conducteurs qui ne m'adresse pas la parole. La peur me prend au ventre. La grande peur des gobelins, Oaxaca, se dresse face à moi et je cours vers elle. Mes congénères grouillent dans les parages, je le sens. Une murmure gronde à vers l'Est. Il propage un message capable de terrifier jusqu'aux plantes, qui laissent désormais les mauvaises herbes tout recouvrir. Une horde aux services de la Dame Noire. Une terre de ronce et de cendre. Je doute actuellement pouvoir avec succès servir vos intérêts mais sachez que je tenterais tout pour survivre et revenir avec la clé de voute de vos projets.

Votre dévoué serviteur. »

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Mer 1 Sep 2010 23:23 
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Vaisseau La Mouette Blanche.
Goélette.
Capitaine Corsaire d'Exech Brassort.



Nous fûmes très bien accueillies par Hildegarde, qui se fit une joie malsaine de nous annoncer la durée du voyage. Six jours... Mon moral en prit un coup. Et à côté de ça Aglaeka avait l'air réjouie comme tout. Première fois sur un navire sûrement: on est jamais heureuse de monter la deuxième fois.

"La Mouette Blanche est prête pour le départ. Vous avez le droit d'aller sur le pont et dans votre cabine, à la poupe de l'entrepont."

Il nous montra un petit escalier vers l'arrière du bateau, mais entrer dans la gueule du monstre était le pire. Non seulement ça tanguait, mais en plus on y voyait rien. C'était l'enfer sur terre. Ou sur mer plutôt.

"Aglaeka, tu peux y aller si tu veux, moi je vais aller sur le truc en bois, là.
-Le capitaine m'a expliqué, on appelle cela la dunette. C'est reversé au commandement, mais moi j'ai le droit d'y aller, alors je peux vous inviter.
-Merci Hildegarde, c'est gentil à toi. Ça se passe bien?
-Oh oui! J'ai fait le tour du navire, de fond en cale comme on dit. Il m'a même montré comment faire quelques manœuvres.
-Des manœuvres?
-Oui. il faut pas dire le mot qui commence par c et finit par de.
-Cordes?
-Chut! Ça porte malheur!
-D'accord d'accord. On y va sur cette dinette?
-Dunette!"

Le Capitaine ne tarda pas à donner plein d'ordres compliqués à droite à gauche. Il y avait des petits gars moins âgés que Hildegarde qui relayaient les informations entre les différents postes. Tant de mouvement, tant de vacarme, à se demander comment ils arrivaient à faire avancer un pavé aussi gros sur l'eau. En tout cas, Aglaeka avait l'air captivée.

C'est ainsi que lentement nous sortîmes du port. Je n'avais pas mangé ce matin exprès, et ça avait l'air d'être une bonne idée car déjà je me sentais patraque. Le bateau se glissa peu à peu hors de l'anse, les voiles s'abaissant dans un sifflement léger sous les cris en chœur des marins.

Tout avait l'air de bien se passer, et nous prenions de la vitesse alors que le port s'éloignait dans notre dos. L'avantage avec les gros bateaux, c'est que le mal de mer est moins présent. Là c'était un petit bateau rapide. Espérons juste qu'il n'y aurait pas de tempête.

"Vous allez bien Isulka?
-Oui oui...
-Vous avez l'air bien pâle.
-Ne t'en fais pas, j'ai juste un peu le mal de mer.
-CAPITAINE! CAPITAINE! VOILE A TRIBORD! PAVILLON TULORIEN!"

J'eus du mal à distinguer, mais effectivement venant de derrière une petite île ce qui ressemblait à un gros bateau s'approchait. Brassort se rapprocha de nous, l'air inquiet:

"Le Duc sait que vous êtes ici?
-A Exech oui, chez vous non.
-Corne de grenouille... J'ai déjà essayé d'enlever Hildegarde par le passé. Il sait que je suis la seule personne pouvant la garder ici.
-C'est grave?
-Son navire est deux fois plus grand que le notre et il a le vent en poupe. Il va tenter de nous couper la route. Soit nous l'abordons, soit nous tentons de nous échapper mais c'est risqué, il y a des récifs."

Et voilà. A peine en mer, déjà des problèmes. Je soupirai, désabusée.


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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 12:04 
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Inscription: Lun 23 Aoû 2010 17:38
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Isulka et Hildegarde discutèrent avant de se décider d'aller sur dunette, cet endroit à l’arrière de La Mouette Blanche. La jeune demoiselle nous précisa gentiment que ce lieu était normalement réservé aux commandants, mais qu'elle avait une autorisation particulière et nous en fit également bénéficier.

Les jeunes marins continuaient de s'afférer, courant dans tous les sens sur le pont. Isulka ne sembla pas très à l’aise sur l’engin des mers, son visage pâle et ses yeux vitreux en témoignaient. Elle se contenta simplement de répondre à Hildegarde qu’elle allait bien.

Un homme s’affola alors, criant au maître du lieu qu’un navire de Tulorim était en approche. Notre monstre des mers se mit alors à virer à droite violemment, les hommes d’équipages se précipitant encore plus rapidement sur les voiles.

Le navire Tulorien m’apparut comme la chose la plus immense qu’il soit. Ce bateau beaucoup plus haut et long que le nôtre, paraissait pouvoir nous écraser d’un coup de coque bien placé. Mon esprit la caricaturait peut-être mais sa masse devint de plus en plus imposant au fur et à mesure qu’il s’avançait en notre direction.

Le Capitaine Brassort nous demanda alors si le duc était au courant de notre présence sur son navire. Isulka lui répondit sans détour, le regardant de ses grands yeux. Il nous déclara qu’il était la seule personne à garder sa fille puisqu’il avait déjà essayé d’enlever la jeune femme. Je pensai alors à la vie difficile qu’avait du avoir Hildegarde, être ballotter entre un homme aventureux et un père affreux et violent. Malgré tout, elle avait en elle une joie de vivre et paraissait vraiment bien avec cet homme des mers, qui comparé à son père le duc devait être l’homme parfait.

Brassort nous expliqua qu’il y avait deux options qui se présentaient à nous, soit nous pouvions aborder ce navire, soit nous pourrions tenter d’échapper en passant par les récifs. Les deux choix paraissaient tout aussi dangereux et malgré mon manque d’expérience sur les bateaux, je savais pertinemment ce que signifiait le mot aborder. Les jeunes marins ne devaient pas savoir se battre et ni Isulka, ni moi n’étions vraiment en état d’affronter quoique ce soit.

« A bâbord toute ! Vers les récifs ! »

Les marins parurent un instant rester figer sur place avant d’accélérer le mouvement, faisant une nouvelle fois tourner la machine, mes pieds dérapèrent de la surface de bois si bien que je me sentis partir, je me rattrapai de justesse avec le mât, le navire se stabilisant à nouveau.

L’autre navire imposant parut ralentir sa course pour bientôt faire demi-tour en direction de l’immense horizon bleuté. La mouette blanche s’avança de plus en plus vers la côte approchant et voir même passant au-dessus des récifs. La manœuvre paraissait minutieuse et le capitaine jouait nerveusement avec un bout manche. Son regard noir restait fixer sur l‘avant du bateau, bifurquant par moments à l’arrière.

Hildegarde restait silencieuse, paraissant comprendre le danger et la minutie qui était demandée.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 12:44 
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Le capitaine choisit finalement les récifs, le navire changeant alors de cap pour aller vers les haut fonds. L'autre navire ne fut pas suicidaire et ne nous y poursuivit pas, faisant à mon étonnement demi tour. J'aurais cru le duc plus buté, mais bon, tant mieux pour nous.

La Mouette blanche passa lentement dans des eaux suffisamment claires pour y voir les rochers à quelques mètres sous la surface. Plusieurs fois nous entendîmes le crissement de la coque, et je m'imaginais déjà celle-ci complètement ouverte et déchiquetée. Mais non, soit par chance soit par talent le capitaine nous fit passer la zone dangereuse.

Tout l'équipage sembla soulagé alors que nous prenions la direction du nord, vers l'autre continent. Quant à moi je préférais rester là, ne me sentant pas au mieux et ne voulant pas descendre dans le ventre de la bête.


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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 13:58 
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Les eaux claires permettaient aux marins d’identifier les rochers proches et de les éviter avec beaucoup de précaution. Bientôt, les voiles s’agrandirent un peu plus et le navire prit de la vitesse. Nous avions presque perdu de vue le navire du père d’Hildegarde, qui avait certainement comprit sa défaite.

- Jour 1 –


Je m’avançai vers Isulka afin de l’interroger sur son état, d’une voix douce et sereine tout ayant une main sur son épaule.

« Isulka ça va aller ? »

Avant que la mageresse n’ait eu le temps de placer un mot, Hildegarde vint tout de suite se mêler et déclara dans un cri qu’elle allait voir avec le capitaine si il n’y avait pas moyen de faire passer ce mal de mer. Je restai pendant ce temps à son côté, le vent faisant voler mes longs cheveux fins pendant mon regard était plongé dans la mer qui semblait vivre.

La fille du duc ne mit que peu de temps avant de revenir avec un sachet contenant des biscuits qui allaient alléger un peu les maux de ma coéquipière.

« Ont-ils des vertus magiques ?
- Je ne sais point, le Capitaine Brassort ne m’en a plus dit. C’est un homme très demandé ! »


Elle ne ratait jamais une occasion de vanter sur bien-aimé, quelque soit la situation. Je souris malgré tout à ses paroles et observai les marins, gardant toujours un œil sur la mageresse à mes côtés.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 15:11 
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Faisant preuve toujours de bonne volonté, Hildegarde se donna la tâche d'alléger mes maux. Elle partit ennuyer le capitaine, revenant au bout de quelques minutes à peine avec des espèces de biscuits mal cuits. Aglaeka demanda s'il s'agissait d'un truc magique.

J'en pris un, le reniflant. Ça n'avait pas l'air empoisonné en tout cas, à défaut d'être magique. Je l'ingurgitai donc, plissant les yeux. Le goût était absolument abominable, pire que le pire des remèdes que j'avais jamais préparé. Et pourtant j'étais douée en remède imbuvables.

"Qu'est-ce que c'est que cette horreur? Même un chien affamé n'y toucherait pas.
-Le Capitaine m'a dit que c'était efficace.
-J'espère bien."

Je planquai le paquet dans ma sacoche, m'accoudant de nouveau à la rambarde, toujours ce goût infect dans la bouche. Décidément, ce voyage commençait très mal, et j'étais d'humeur exécrable. Il fallut quelques longues minutes pour que le mal de mer s'estompe légèrement. Au moins je n'avais plus envie de vomir tout de suite. Enfin si, mais à cause du goût, pas du bateau.


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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 19:06 
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Isulka parut d’abord réticente à l’idée de prendre ces biscuits et vérifia d’abord par l’odeur avant de manger. Le goût parut infect étant donné sa mine écœurée, suivit ensuite de paroles qui témoignaient de son dégoût. Après en avoir avalé un, elle rangea le sachet dans son sac. Toujours accrochée à la rambarde, je lui demandai délicatement si cela allait mieux. D'un signe bref de la main, elle me fit comprendre que oui.

"Bon je vais aller faire un tour dans la cabine. Donc si tu me cherches ..."

Je m'éloignai tout disant ses paroles d'une voix basse. J'esquivai les nombreux marins sur ma route, qui ne semblaient d'ailleurs pas me voir dans leur course. Avoir un bateau était un travail difficile et fatiguant que le Capitaine ne manquait pas de faire remarquer par certains soupirs.

Je descendis l'escalier pentu et entrai dans la première pièce qui se trouvait à ma droite. Une très petite chambre, avec deux lits superposés, une table carrée dans un coin accroché au sol afin d'éviter que tout le mobilier de se balance au rythme des vagues.

Je m'assis sur la chaise elle aussi cramponnée au sol et sortis mon nécessaire à écrire. Face à moi, des parchemins étaient disposés sur la table, je me servis donc, commençant à rédiger les derniers évènements sur le papier.

"Mes Soeurs,

Excusez-moi si je n'ai toujours pas envoyé de lettres à ce jour, mais je n'ai pas encore eue la possibilité de trouver une autre sœur et une quelconque porteuse pour vous faire parvenir le récit de mes aventures.

Depuis que je suis avec la mageresse, Isulka, il m'arrive beaucoup de choses, mais cela n'est pas sans me divertir et me plaire. Je suis actuellement sur un navire corsaire afin de traverser les eaux pour rejoindre le continent de Nirtim. Le Capitaine de ce bateau se dénomme Brassort et est le bien-aimé de Hildegarde. Hildegarde est la fille d'un duc qui était le colis mystérieux à ramener pour un receleur d'Exech. Les lettres qui joindront celle-ci vous aideront à suivre mon périple. Comme vous avez pu le comprendre, je n'ai réussi à la détourner de cette homme qui a prit son coeur. Cette une jeune fille pleine de vie et de caractère, malgré son jeune âge et son statut elle paraît avoir vécu énormément de choses.
Je vous en dirai plus dans les prochaines lettres.

J'ai le cœur à la fois brisé et rempli de joie. Il n'est pas facile de quitter le continent, mais les deux seules villes que j'ai visité, à part la Sororité, sont des villes infestées d'hommes et dont la noirceur et le meurtrie emplissent les rues.

Nous sommes partis depuis ce matin, tôt avant le jour, mais malgré toutes ces précautions, le navire du duc, beaucoup plus imposant et impressionnant que le nôtre a tentée de nous attaquer. Mais grâce à notre petite taille, nous avons réussi à leur échapper en passant sur les récifs. Je n'ose imaginer si nous avions échoué.

Je vous embrasse de tout mon cœur et que Selhinae prenne soin de vous.

Votre Soeur,
Aglaeka."


Je rajoutai la destination du lieu et le nom de Selen qui était la sœur à qui devait être remise la lettre. Selen était une grande soeur, autrement dit ma supérieur même si chez les soeurs, les termes de hiérarchies n'étaient pas utilisés. Quand je formai la lettre finale et reposai ma plume, la lettre se referma toute seule. Un oiseau se forma et tenta de s'échapper par une ouverture. Quelque peu paralysée par ce qui venait de se passer, je n'eus pas le réflexe premier d'ouvrir la porte à cette lettre qui une fois, la seule sortie possible ouverte, s'empressa de s'échapper comme un véritable être volant en cage.

Je le suivis, mais ne pus l'apercevoir une dernière fois dans les airs marins, s'envolant en direction du continent que nous venions de quitter. Le sourire aux lèvres et le coeur battant, je retournai dans la cabine afin de prendre les neuf autres enveloppes magiques qui restaient.

Toujours seule dans la cabine, je consacrai un peu de mon temps à la prière, priant à la Déesse de prendre soin de ce navire qui me transportait jusqu'à Nirtim. Avoir un culte était une tâche longue et épuisante, mais procurait également beaucoup de bonheur et j'avais pour ma part tout l'amour dont mon âme avait besoin grâce à Selhinae, Déesse si tendre et bienveillante.

(HRP : Lettres ont été données lors de cette correction donc merci au Gm qui corrigera mon rp de me retirer une enveloppe de mon sac :jap:)

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Sep 2010 21:39 
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L'air était plutôt calme, même si un petit vent sifflait à mes oreilles. Je préférais ne pas trop regarder la grosse baignoire d'eau tout autour qui risquait de nous avaler d'un moment à l'autre. Heureusement pour moi, les biscuits avaient l'air de faire leur petit effet. Horribles mais pratiques. Enfin c'était pas le pied pour autant, mais peut-être pour une fois survivrais-je à ce voyage...

Je me lassai cependant bien vite de tout le raffut des marins. Et puis le paysage était peut-être joli, mais il était d'un monotone affligeant. Du bleu, du bleu, du bleu. Par chance Hildegarde était passionnée par son capitaine et l'admirait de loin, me racontant plein de choses au passage que je n'écoutai pas. De toute façon elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte.

Je finis par faire le pas décisif qui me mena vers les cabines. Ça bougeait, mais pas trop encore. Je ne me cognai la tête que deux fois, avant de rejoindre la cabine qui nous était gracieusement offerte. Sans déranger Aglaeka je vins me poser sur un des deux lits de la pièce.

J'allais avoir du mal à faire un somme, mais c'était la seule idée que j'avais pour m'occuper. L'ennui me terrassa assez rapidement, et je me résignai à compter les nervures de bois dans la coque. Pas très enrichissant, mais quand on a rien à faire... En tout cas la journée passa vraiment très lentement, agrémentée seulement par de frugales repas que je pus consommer à moitié. Et pas une once d'alcool... Quelle vie de chien.


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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 3 Sep 2010 16:25 
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Après avoir consacré un moment à ma Déesse, je rouvris les yeux, m'apercevant de la présence d'Isulka allongée sur son lit, les yeux fixés sur quelque chose au mur. Soit elle méditait, soit elle était en train de mourir d'ennui. Ne préférant pas la déranger, je sortis de la cabine afin de remonter sur le pont. L'ambiance y était plus calme, le navire rapide et léger nous transportait avec sérénité sur les eaux profondes.

Malgré le fait que le capitaine était un homme, je fus tout de même admirative de son travail. Il devait être facile de se perdre dans cette étendue d'eau qui n'offrait aucun repère pour l'œil. Hildegarde qui se trouvait non loin de moi se rapprocha, me demanda si le voyage se passait comment je le désirais. J'acquiesçai seulement d'un hochement de tête discret, observant les voiles battre dans l'air.

J'observai les gestes de marins, ces derniers s'agrippaient au mat afin de régler certains problèmes, tiraient, poussaient. Ce devait être un travail épuisant. J'imaginai alors un bateau remplit de femmes, moi-même capitaine de cet immense monstre des mers. Je jubilai et un sourire devait presque s'afficher sur mon visage.

Je regardai plus haut, le soleil frappant fort sur nous, aucun nuage n'apparaissait et je repensai alors à l'oiseau lettre, priant pour que ce dernière arrive à bon port. Je laissai mon esprit naviguer dans la rêverie, de la même façon que ce navire qui voguait sur l'eau. L'air marin que je ressentais dans mes poumons me fit revoir mes sœurs, nos jeux d'eaux ...

Un soupir s'échappa de mon corps et bientôt on annonça l'heure du repas. Comme nous étions des voyageuses, nous n'avions pas le droit de partager le repas avec les marins. Je dégustai sans plaisir ce plat sans goût et pris rapidement la direction de la cabine où Isulka était dans la même position lors de mon départ de la pièce.

Je pris place sur le lit qui m'étais réservé, autrement dit celui du bas et m'abandonnai tout comme à Isulka à la rêverie. Mais avant cela, je lui racontai la petite aventure qu'il m'était arrivée.

"Isulka ? Tu sais que tout à l'heure, quand j'ai utilisé un parchemin afin de l'envoyer à la Sororité par la suite, ce ... cette chose s'est pliée toute seule et s'est transformée en oiseau. C'est extraordinaire n'est-ce pas ? Ce doit être de la magie ?"

Je me posai ces questions plus à moi-même, que pour obtenir une réponse de la part de la mageresse. Fatiguée par le réveil, je me laissai porter par le rythme régulier du navire qui m'emportait dans un sommeil léger.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 3 Sep 2010 16:38 
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Aglaeka me fit part d'une trouvaille, sortant mon esprit de sa torpeur quelques secondes, avant que je ne me fasse poignarder de nouveau par l'ennui. La nuit était tombée, et je finis par trouver un sommeil désagréable au bout de quelques heures de veille interminable.

Les autres journées prirent exemple sur la première, et même Aglaeka sembla perdre son allant. Seule Hildegarde avait toujours la bouche en feu et nous abreuvait parfois d'une autre plainte que celle des vagues.

Les biscuits avaient leur effet, aussi mauvais soient-ils, et au final ce fut une traversée sans encombre pour mon estomac. Seule le dernier jour fut délicat, mais la terre au loin me donnait un peu de courage. Le navire était vraiment très rapide, l'avantage de ne pas prendre des lignes régulières...



(Merci au Gamemaster correcteur d'ôter de mon inventaire les biscuits)


Dernière édition par Isulka le Ven 3 Sep 2010 20:27, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 3 Sep 2010 17:01 
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Les deux derniers jours restant pour arriver au contient de Nirtim et plus précisément au port d'Oranan, se déroulèrent sans encombre. Les eaux se ressemblaient toute et la lassitude me vint à partir du second jour de navigation. Mon excitation s'était rapidement dissipée et je retrouvai le réconfort dans le lit qui était mien depuis le début du voyage. Isulka sembla dans la même optique, se contentant de rester silencieuse et de répondre à mes questions de façon très simple tout en mangeant les biscuits que lui avait apporté Hildegarde contre le mal de ventre.

Mes principales occupations dans cette cage de bois et d'eaux était la prière et ... la prière. Je réservai les neuf autres parchemins magiques pour la suite sur le nouveau continent qui se rapprochait de plus en plus de nous. J'imaginai cette cité exotique éblouissante et un peuple inconnu. Hildegarde et les marins m'offraient une distraction de bien courte durée. La demoiselle était forte intéressante, mais me fatiguait par moment, et mon seul refuge était la cabine partagée avec la mageresse.

Les repas se succédèrent et bientôt le dernier arriva à grand pas avec maintenant le continent que nous pouvions apercevoir se rapprocher de plus en plus de notre horizon. La grande étendue de terre réjouit tout le monde. Et bientôt, avec beaucoup d'impatience nous entrâmes dans le port de ce nouveau monde.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 9 Sep 2010 02:12 
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Rayd prit une plume, un pot d'ancre et quelques parchemins sur un bureau non loin de leur chambre. Il s'assit et commença à écrire.

Jour 1

Le départ se fait sans encombre. Je me méfie du capitaine. Son seul œil restant nous scrute sans relâche. Il me ferait presque peur. Il est aussi grand qu'une montagne et il cache surement un arsenal impressionnant sous sa grande veste noir. A mon avis, il c'est équipé pour ce genre de trajet. Ce n'est pas un pirate pour rien. Même à trois je ne suis pas sûr que nous pourrions en venir à bout si le besoin sans faisait sentir. Pour le moment les remous des vagues ne me dérange pas beaucoup. Si la croisière se déroule toujours comme ça, ce sera presque agréable. Les pirates à bord sont plutôt sympa. Ils rigoles tout le temps et boivent du rhum à longueur de journée. Seul l'un d'eux me perturbe. Enfin, l'une d'eux. Elle me fixe de ses yeux bleues, sa chevelure blonde battant sur ses joues. Elle garde toujours un léger sourire. Je ne comprends vraiment pas. Peut-être qu'elle se moque de moi. Je me surprends souvent à me regarder, pour voir si je n'aurais pas une tâche, ou quelque chose pouvant être comique de n'importe qu'elle façon. Bon, de toutes façons, le voyage ne dure que quatre jours. Je n'aurais pas à la supporter longtemps. D'ailleurs je ne comprends même pas ce qu'elle fait sur ce bateau. Elle est habillée en blanc, avec un corsage noir, ses cuisses à l'air libre, et aucune arme à disposition. Elle ne semble pas faire partie des pirates. Levy et Svan m'ont exposés une théorie. Ils dises que si elle me regarde comme ça, c'est surement parce que je lui plais. Je n'aie pas compris sur le coup. Je ne comprends d'ailleurs toujours pas. Ils prétendent que les hommes et les femmes sont censés êtres ensembles. Nous même ne sommes pas nés dans l'organisation. C'est là que je suis perdu. j'ai toujours vécu dans l'organisation moi. Enfin je crois. Mais leur histoire ne tien pas debout. Où serions nous nés sinon ?


Derrière lui, Svan était entré.

"Le capitaine veut nous voir. "

Rayd posa sa plume sur le parchemin et le suivit derechef. Sur le ponton, le capitaine et quelques hommes d'équipage les attendaient. A quelques mètres, Levy restait en retrait. Bien que ce dernier mesurait un bon mètre quatre-vint-dix, le capitaine le dominait encore plus par sa taille. Celui-ci devait dépasser les deux mètres. Son chapeau sur la tête, sa longue vue à la main, il dirigea son regard au loin et commença à parler.

"Mes hommes le savent déjà. Cependant, je dois vous mettre aussi au courant. Vous avez l'air fort, vous pourrez surement aider. D'ici demain, nous atteindrons une zone maritime dangereuse. Les pirates y sont encore plus abondants, et ils ne se préoccupent pas du navire qu'ils attaques. Nous devrons êtres vigilants. Si nous nous faisons attaquer, je compte sur votre aide à vous aussi. Quant à toi Andy, tu ira te cachée en bas ! "


Son œil lors de ses dernière paroles se dirigea vers la jeune fille blonde. Celle-ci haussa les sourcils et renchérie.

"Non non! Je suis capable de me battre ! Je suis forte !" Elle esquissa un regard vers Rayd.

"Il n'en est pas question. Tu feras ce que je te dis ! "

la fille, vaincue, baissa les bras. Chacun repartit à ses occupations. Rayd alla se coucher dans son hamac, pour réfléchir. La nuit n'était pas loin de toutes manières.

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Dernière édition par Rayd le Jeu 30 Sep 2010 13:31, édité 1 fois.

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