L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Jeu 29 Nov 2012 21:01 
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L'aube n'est pas encore là lorsque je me rends aux portes de la cité. Elles ne seront pas ouvertes avant un moment, mais je ne veux prendre aucun risque. Venir ici à cette heure me rappelle la mission d'escorte, poussant mes pensées jusqu'aux jumeaux. J'espère que Junji et Genji vont bien, où qu'ils aient été envoyés. Silencieusement, je prie les dieux pour leur bien, et pour qu'ils me reviennent sains et saufs. Capuche rabattue sur la tête, je lance un regard circulaire aux alentours, tentant de repérer un endroit adéquat. Je veux avoir une vue d'ensemble de l'endroit, histoire de repérer les sinaris dans la possible foule matinale. Je songe également à mes apprentis, me demandant s'ils auront réussi à passer une bonne nuit malgré la pression liée à notre tâche.

Fang Bian Chan en main, je décide de m'adosser à une paroi, dans une ruelle donnant sur la place. Inutile de me faire remarquer plus que nécessaire en cette heure fraiche. Petit à petit, le soleil amorçant son ascension, la cité s'éveille et s'active. Des silhouettes se déplacent, s'arrêtant à distance de leurs voisines. Attentif, je finis par repérer des visages familiers. L'apprentie Aoyumi est la première sur les lieux, relevant son chapeau du pouce, et en cherchant visiblement quelque chose. Non loin d'elle, la grande silhouette de l'hinïon parait et, d'une voix un peu moins chargée d'arrogance que la veille, elle la salue.

Je m'abstiens de tout mouvement quand mon attention est attirée par le mouvement de silhouettes de petite taille. Tendant l'oreille, je perçois leurs voix, les identifiant comme celles de nos sinaris. Curieux, je profite de ce moment pour les observer. Ils doivent tous deux à peine dépasser le mètre dix, et sont vêtus à l'ynorienne. Leurs tenues ressemblent à celles d'enfants de notre peuple, mais leurs rondeurs visibles éliminent toute possibilité qu'ils en soient. De bonnes joues apparaissent, encadrées pour la dame par une chevelure marron, soigneusement peignée. Une sorte de broche est placée au niveau de son chignon. Marchant de façon très proche l'un de l'autre, je surprends leurs mains s'effleurer puis s'éloigner. Le plus marquant dans leur attitude est la succession de bâillements dont ils sont victimes.

Je connais mal la race des sinaris, mais d'après les explications de l'elfe blanche, ce sont des êtres qui ont besoin de beaucoup de sommeil. Je pousse un léger souffle presque compatissant, en songeant que se lever aussi tôt doit grandement les incommoder.

(Allons, pas de compassion. Ils restent des trafiquants, qu'ils aient l'air incapables de faire du mal ou pas.)

Mes yeux violacés se dirigent vers mes apprenties, rencontrant ceux de la demoiselle en rouge. Alors qu'elle fait un pas dans ma direction, je secoue négativement la tête, indiquant du chef la présence de nos cibles. Elle acquiesce, se tournant vers sa camarade pour la prévenir. D'un coup, je remarque que les sinaris semblent s'agiter, le regard braqué dans une certaine direction. Une légère trainée de sueur froide dévale ma colonne vertébrale au moment où je comprends qu'ils ont repéré le troisième apprenti. Mizutaka Andreï s'avance avec arrogance, mais aussi un air un peu pâle. Il n'a pas du tout l'air reposé, et m'apparait presque désorienté.

Avant que je ne puisse faire le plus petit mouvement, les trafiquants sont déjà à son niveau.

Je m'attends à une altercation, ou quelque chose d'approchant, mais rien de ce style ne se produit. Au contraire, le sinari pioche quelque chose dans une grosse sacoche, et tend l'objet au jeune homme. Là où je suis, il m'est impossible d'entendre leur discussion, mais Mizutaka semble accepter ce qui lui est présenté. Plus étrange encore, il mord dedans. Serait-ce de la nourriture ? Peut-être suis-je trop tendu, mais je n'approuve absolument pas son geste. Il est imprudent d'accepter quelque chose de la part d'inconnus, et plus encore quand ils sont la cible d'une opération de milice.

(D'un autre côté, les sinaris ont l'air détendu à lui faire la conversation.)

Je suis véritablement surpris. L'ynorien blond discute posément avec eux, esquissant même un sourire. Ce n'est qu'au moment où le couple bâille qu'il décide de me faire un bref signe de tête, ses yeux perçants rivés dans ma direction. Il sait que je suis là, tout comme ses camarades. Je ne sais pas ce qu'il a derrière la tête, mais tant qu'il ne se met pas en danger, je n'ai pas à intervenir. Bientôt, j'entends le son de getas sur ma droite. Je n'ai pas besoin de lever les yeux pour savoir qui se tient à côté de moi.

"Va falloir vous mettre dans le crâne qu'il n'y a bien que les elfes qui n'ont pas besoin de dormir. Je déteste devoir me lever si tôt."

Je retiens de justesse un souffle agacé. À peine arrivé, Yamanori Daichi me tape sur les nerfs. Heureusement qu'une soirée tranquille m'a permis de digérer les piques de la veille, et que je suis surtout préoccupé par la situation du blond. Aucun de mes apprentis ne tente quoi que ce soit d'idiot, ce qui me rassure. Je n'ai donc pas une poignée de têtes-brûlées sur les bras.

Bientôt, les portes de la ville sont ouvertes, autorisant les silhouettes présentes à sortir des murs. Patient, j'attends que Mizutaka parvienne à s'excuser auprès des sinaris et nous rejoigne, mais il ne le fait pas. Au contraire, il se met à avancer à leur rythme, semblant même échanger avec eux. J'ouvre de grands yeux quand je constate la présence d'un sourire poli sur son visage. En plus de ne jurer que par la notoriété de son nom de famille, il semblerait que le jeune homme n'ai pas de difficulté à jouer la comédie. Bientôt rattrapé par les filles du groupe, je décide de les laisser prendre de l'avance sans les perdre de vue.

Le trio bifurque, longeant les murs, et se dirigeant visiblement vers les écuries de la cité. Il serait logique qu'ils possèdent une charrette s'ils doivent acheminer des tonneaux de belle taille, voire un tas de tonnelets comme celui de la veille. D'ailleurs, je n'ai toujours pas éclairci une partie du mystère, à savoir leur méthode pour que les armes de grandes dimensions changent de main sans qu'on ne s'en aperçoive. Elles ne peuvent pas être camouflées dans des barils, et elles seraient évidemment remarquées si les sinaris les transportaient directement dans leur carriole. Peut-être qu'en les suivant jusqu'à leur dépôt, les choses deviendront plus claires.

(Ne prenez pas d'initiatives dangereuses, apprenti Mizutaka, c'est tout ce que je vous demande.)

À proximité du bâtiment, notre petit groupe se fait le plus discret possible, se fondant dans l'activité matinale des écuries. D'autres possesseurs de charrettes sont en train d'apprêter leur convoi, causant suffisamment de bruit et de mouvement pour masquer nos faits et gestes.

Bientôt, mon apprenti assis derrière le couple, ce dernier fait avancer tranquillement un équidé n'étant visiblement pas taillé pour la course. Les membres de l'animal brun sont puissants, mais il est massif et large. C'est sans nul doute un animal de trait, mais dont je n'ai jamais vu la race jusqu'à présent. Le seul point positif est que sa vitesse n'est pas aussi élevée que je l'aurais cru. En conséquence, notre quatuor milicien peut sans difficulté suivre la charrette à une distance respectable. Par moments, quand je crains que les sinaris ne jettent un coup d'oeil méfiant derrière eux, l'ynorien blond parvient à détourner leur attention.

Si l'attitude du jeune homme est calculée, alors c'est déjà un fin tacticien. Il se peut toutefois que ce soit juste une coïncidence, et que la chance soit de notre côté.

(Par la Dame de Lumière, pourvu que cela dure.)



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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 11 Jan 2013 23:22 
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Vapeurs Silencieuses



Brouillard Protecteur




La nuit passa paisiblement. Une nouvelle fois, son sommeil fut particulièrement bon.
Ce pays étrange semblait être d'un effet des plus bénéfiques sur lui, il se sentait retrouver le moral et la condition suffisante pour reprendre sa quête comme il se doit.

Il se réveilla cependant relativement tôt, au petit jour.

Manisha lui avait brièvement dit qu'ils feraient la route avec d'autres liturges le lendemain, avant d'aller rejoindre sa couche, mais elle n'avait précisé ni endroit ni heure. Il ne pouvait donc risquer de trop s'éloigner. Ne sachant que faire, il flâna non loin, vers le lac. Cette profusion d'eau lui inspirait les plus profondes réflexions, se rappelant à l'occasion quelques sagesses qui lui avaient été dites par Sid. Le désert de l'est aurait pu être semblable à cette terre fertile et généreuse, si les dieux ne s'y étaient pas affrontés... Mais il n'aurait pas été le même, n'aurait pas vécu les mêmes expériences... Aussi n'aurait-il certainement jamais vu le jour. La colère des dieux rendant ce désert stérile était le terreau indispensable à son éclosion, à sa personnalité, à sa vie... Comme la rose des sables façonnée par les âges à la rigueur des souffles et des ardeurs de l'astre solaire, il n'aurait pu autrement exister.

Ces idées contemplatives, exacerbées par l'exotisme et la majesté de cet environnement propice aux plus douces méditations, l'occupèrent jusqu'à ce qu'il entende la voix de Manisha l'appelant au loin. Il la rejoint et vit soudain, un peu plus loin derrière, une immense bête cornue, au pelage long, qui émettait un barrissement inquiétant. Agadesh mit la poignée de son sabre et la liturge pouffa en le voyant faire, le rassurant :
"N'ayez crainte voyons, ce kaeash est dressé. C'est lui qui va nous conduire à Oranan."

Effectivement, Agadesh n'avait pris attention au système de harnais dont la bête était équipée et n'avait pas vu le chariot qu'il tractait derrière lui.

Il se rapprocha et devina l'individu au sol comme étant le conducteur de cette ambigüe monture. Vêtue d'une tunique, d'une kachera et d'un dastar blanc, il portait autour de sa taille une gatra soutenant un kirpan. Dans sa main droite, il empoignait une longue naginata. La barbe épaisse et arrondie de ce curieux personnage ne cachait cependant pas un grand sourire qu'il avait en parlant à quelques liturges, alors que certains montaient le long charriot qui traînait derrière le mastodonte.

"C'est Nanak, notre conducteur. Il a aussi beaucoup voyagé, lui et son kaeash. C'est un homme bon, il n'y a rien à craindre."

Agadesh relâcha sa méfiance et la poignée de son sabre.
"Bien. Je vous fais confiance."

Manisha ne s'en rendit pas compte, mais le fait est que le nomade donnait rarement ainsi sa confiance. Il ne savait pourquoi, il avait une assurance totale en l'honnêteté de la jeune femme. Comme si un si beau visage ne pouvait qu'être d'une fiabilité totale.

Il la suivit et s'engouffra dans le charriot. Le confort était spartiate, le véhicule n'était que deux grandes roues supportant quelques planches dont deux, sur les côtés, faisaient office de bancs.

Nanak attendit que tout le monde monte dans ce charriot, où Agadesh fut serré parmi la demi-douzaine de liturges qui rentraient sur Oranan. Le conducteur était quant à lui monté sur une selle adossée à la bête et entonnait un doux kirtan, qui n'était pas sans rappeler les chants de son peuple, en faisant démarrer le mastodonte poilu.

La présence et le parfum de Manisha à sa gauche lui était d'une douceur incommodante comme seule les femmes peuvent les faire connaître. S'il n'y avait eu qu'eux deux dans ce charriot...

C'est à peu près le moment que choisit Sarrukin pour réapparaître.
"Ah, je le savais ! Vous l'aimez bien !

*Vous avez décidément le don d'apparaître quand on le souhaite le moins, vous !*

"Mais avouez, vous l'aimez bien !"

*Oui, en effet. Mais je sais déjà où vous voulez en venir et je ne vous le concéderais pas : Je ne resterais pas ici, même pour la plus douce et la plus aimante des compagnes.*

"Je commence à croire que je me suis lié à un dément, pour que vous préfériez toujours la souffrance d'un chemin incertain à la sérénité d'une douce vie.", dit-il en prenant une légèreté à laquelle il n'avait pas accoutumé Agadesh.

*Nous en avons assez parlé, vous savez pourquoi je fais cela. Alors cessez un peu de me torturer en faisant ainsi l'ignorant !*

Autour de lui, on commençait à parler et un des liturges s'adresse directement à lui, interrompant la conversation mentale entre le nomade et sa faëra :
"Dites étranger, nous avons à faire à beaucoup de voyageur dans le temple, mais c'est la première fois que j'en vois un comme vous... D'où venez-vous exactement ?"

"Ranbir, ce ne sont pas des questions à poser !", clama Manisha.

Mais Agadesh était au contraire bien disposé pour cela. La frustration du silence du repas de la veille et la nostalgie de son pays ne faisait qu'exacerber son envie d'en parler.
"Laissez Manisha, le voyage risque d'être long et j'aurais grand plaisir de vous parler de mon pays... Je viens d'une contrée très lointaine, au-delà de la grande mer et des cités de Tulorim et de Yarthiss. Là-bas, tout n'est que sable, chaleur et vent... C'est une contrée ancienne, où les dieux se sont affrontés et ont laissés aux sables la couleur bleue, symbole de la mort des ancêtres, dont j'arbore le souvenir en mon habit. Les affrontements perdurent toujours dans cette terre de légendes, pour la survie et pour l'honneur. Mon peuple est divisé en clans opposés et notre lutte remonte au-delà de la mémoire des plus anciens des nôtres. J'appartiens au clan Kel Attamara, le plus grand clan du désert. Nous voguons sur les sables avec les plus robustes chameaux, le sang des plus nobles guerriers coulent dans nos veines. Nos marchands sont connus pour leur farouche marchandage avec les étrangers, qui s'arrachent les précieuses pierres aux mille éclats que renferment les roches de notre désert. Notre roi, Salaheddine, est le meilleur des rois et je regrette de n'avoir jamais eu à combattre à ses côtés car on le dit d'une force de cent hommes et qu'il manie avec excellence Jihad, le sabre d'argent ancestral."

Il avait gagné son auditoire et se découvrait là des talents de conteurs qu'il ne savait posséder. Sarrukin lui-même, qui était toujours là, semblait subjugué par le récit qu'il entamait. Il eût alors une idée, pour éviter de s'enfoncer trop dans une direction où il avait peur de s'enfoncer -devoir expliquer la lutte entre les clans Mouraïstes et les Kel Attamara- : raconter quelques uns des anciens mythes, des légendes de guerriers valeureux qu'il avait entendu tant de fois.

"Jihad est une très ancienne lame qui a été forgée il y a bien longtemps par le roi rouge, Sarrukin, à l'époque où notre peuple était plus divisé encore. Il était à la fois roi, sage et mage. Sa mère était une grande prêtresse, devenue favorite forcée du roi usurpateur Zabab Al Api après l'assassinat de son ancien époux, le roi Marik Kel Attamara. Zabab ne savait pas que Marik avait une descendance et, pour éviter qu'il fût découvert, sa mère le confia à un marchand de Was qui dût voyager seul en affrontant les mille dangers du désert pour l'amener aux frères de son père, réfugiés dans les montagnes ocres. Was arriva jusqu'à eux avec mille blessures, épuisé par les privations, ayant donné toutes ces ressources pour préserver et protéger l'enfant, et mourut peu après leur avoir confié l'enfant à son oncle Khépri avec l'honneur d'avoir accompli sa quête. Sarrukin grandit ainsi, élevé parmi des guerriers qui luttaient pour recouvrer l'honneur et le pouvoir des Kel Attamara. Hélas, alors qu'il n'avait pas passé son dixième été, Zabab les découvrit et réduisit à néant la résistance menée par Khépri. Les guerriers furent tués et Sarrukin, seul enfant de cette communauté dont l'ascendance n'était pas connue de l'imposteur, fut choisi pour être esclave au palais comme trophée de cette victoire. Zabab était un mauvais roi, le peuple ne l'aimait pas. Cinq ans après sa capture, il suivit le roi jusqu'à son harem et l'assassina avec une magie qu'il avait développée dans la confidence du désert, le noyant sous des flots de sables. Il tua ainsi l'usurpateur de la pire des morts, la mort qu'il méritait pour son règne de mensonges et de cruauté. La grande prêtresse reconnut alors en lui son fils si longtemps perdu et, avec l'appui du peuple reconnaissant, il monta sur le trône pour ainsi restaurer l'honneur des Kel Attamara. Il n'y eût jamais roi plus jeune que lui. Fort d'une maturité et d'un charisme légendaire, il adopta une tenue rouge symbolisant le sang des usurpateurs et en signe d'avertissement envers quiconque tenterait une nouvelle fois de voler l'honneur du clan. Il devint rapidement malgré son jeune âge très puissant et influent, son nom raisonnant avec crainte et respect jusque dans les plus dominants des clans. Conquérant, il fit forger dans un métal rare provenant de lointaines terres et avec l'aide de sa magie Jihad, pour marquer sa volonté d'unifier tout les fils des dunes. De victoires en victoires, il fit s'agenouiller devant lui tout les rois des sables, des montagnes et des mers. Sa vie ne fut que conquêtes et on dit que c'est face à son lit de mort que le dernier de ses adversaires s'agenouilla. Le sabre continua à se transmettre de roi en roi depuis lors, mais à la mort de Sarrukin, des seigneurs de guerres et des croyances écartées refaisaient valoir leurs noms. Depuis lors jusqu'à nos jours, la dynastie Kel Attamara lutte pour réunifier le désert, Jihad en main..."

Cette histoire fut le départ de bien des discussions dans le petit groupe, chacun soudainement emporté dans des envolées épiques d'histoires qu'ils avaient pu entendre.

La traversée des ruines de Nayssan déchaîna les passions, chacun y allant de l'origine qu'il croyait connaître de ces vieilles pierres blanches. Plus tard, après une brève halte faite en milieu de journée dans l'auberge "La République", où ils mangèrent du sanrisa aux herbes, ce fut le massif de Sigiriya qui devint source de débat.

De tout âge et de tout lieu, les hommes adoraient les histoires de magie, de bravoure et de mystère. Et aucun dans cette charrette ne dérogeait à la règle. Manisha elle aussi y alla de sa petite légende en racontant le mythe d'une elfe qui aurait réussi à atteindre une cité céleste gardée par un mystérieux peuple à la peau d'or.

Mais les heures passant, les discussions se firent moins vives. L'inconfort des bancs forçait aux gigotements, les jambes commençaient à vouloir se dégourdir et l'air du soir qui approchait emmenait avec lui quelques frissons.

Soudainement, un brouillard s’abattit. Un brouillard d'une épaisseur impressionnante, qui rendait totalement invisible ne serait-ce que la route, pourtant si proche, et qui floutait les liturges assis en face de lui. Pourtant, personne ne semblait s'en inquiéter.

Intrigué, pour ne pas dire presque affolé par ce temps inédit qui n'était pas sans s'approcher de la peur du néant, Manisha lui expliqua :
"Ce brouillard est une des décisions du conseil d'Ynorie pour protéger la ville des hordes d'Oaxaca. Des mages de guerre se relaient pour l'entretenir jours et nuits. Le jour où je m'inquièterais, c'est quand je ne le verrais plus protéger la ville..."

"Oaxaca ?"

"La reine sombre, la fille de Thimoros. Elle a pris la tête des peaux-vertes d'Omyrhy et ne cesse de nous harceler depuis, mais nos soldats tiennent bons. Les débuts de la guerre nous ont fait beaucoup de mal. Des nouvelles de massacres et des réfugiés du nord arrivaient par centaine du jour au lendemain, fuyant les villages et les champs détruits. Les orques sont arrivés plusieurs fois jusqu'aux pieds des murs d'Oranan, effrayant le pays entier. Beaucoup sont morts, beaucoup d'autres ont fui vers le royaume kendrain... Mais notre conseil est sage et a su réagir pour éviter la catastrophe. Les plus grands sages, mages et stratèges ont été mis à contribution pour palier à cette situation. Tout les citoyens ont été invités à recevoir un entraînement militaire dans les règles contre quelques yus symboliques, et ils repartaient tous avec une arme provenant de l'armurerie de Take. Aujourd'hui, la situation s'est stabilisée. Les civils qui restaient dans le nord ont été évacués, des bataillons de nos soldats s'efforcent à maintenir les combats loin de la ville et Oranan est protégé non seulement par le brouillard mais aussi par les nombreux pièges physiques et magiques dispersés un peu partout.

Le nomade se tut. Il avait réveillé là la douleur d'une plaie qui n'avait pas encore cicatrisé et que l'on pouvait la sentir dans la voix de Ranbir et dans l'air grave qui animait les visages. Lui qui avait toujours vécu dans un climat de lutte et de survie, il comprenait bien ce qui pouvait torturer leurs esprits. C'était là la différence cruelle entre le mythe ou la légende que l'on pouvait imaginer avec plaisir et la dure réalité qu'on ne voulait endurer.

Le silence se fit et, une heure durant, ne se rompit pas.

Puis, soudainement, un "Halte-là !" se fit entendre.
Agadesh essaya de voir ce qu'il se passait, mais le brouillard l'en empêchait.
Le kaeash s'arrêta et une autre voix apparut.
"Ah ! Nanak, qui nous ramenez-vous cette fois ?"

"Les liturges du temple de Moura et un voyageur, Suijin."

"Un voyageur ?"

Manisha chuchota à Agadesh de rendre son visage visible, ce qu'il fit immédiatement.
Le brouillard s'effaça soudainement dans un rayon d'environ un mètre. Au-delà il se dressait comme un mur vague, épais et impénétrable.

Rapidement, un homme en armure écarlate et or, au masque dessinant un visage grotesque, katana en main, s'avança jusqu'au charriot et s'adressa directement à Agadesh :
"Vous ! Qui êtes-vous et que venez-vous faire à Oranan ?"

"Je suis Agadesh Kel Attamara, du désert bleu. Je suis venu de loin pour rencontrer vos mystiques."

"Et que leur voulez-vous ?"

"Aucun mal, n'ayez crainte."

"Ça ne répond pas à ma question. Que leur voulez-vous ?"

"Dites-lui, Agadesh !", chuchota la faëra comme si le garde risquait de l'entendre.

Sarrukin était drôle, lui dire quoi ?
Qu'il recherchait un membre de son peuple, mort il y a décennie et ressuscité, dont il avait eu une vision que les ancêtres -qui sont peut-être des imposteurs- lui ont donné pour qu'il l'élimine avant sa première mort ? Autant parler religion à un scorpion, l'effet serait le même.

"J'ai fait un rêve étrange que je veux que vos mystiques m'aident à interpréter."

"Et vous avez fait tout ce voyage pour un rêve ?"

"Oui."

"Alors vous devriez aller consulter la liseuse, elle pourra certainement vous aider. Je ne sens aucun fluide en vous, vous pouvez donc passer. Cependant ne vous avisez pas de tourmenter nos citoyens, sinon vous aurez à faire à nous, étranger."

Il scruta quelques secondes les liturges et lança vers les autres soldats :
"Bien. Ouvrez les portes et laissez passer."



Fontaines Juvéniles

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Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

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Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Dim 3 Mar 2013 16:13 
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<--- Arrivés aux portes de la ville, nous marquâmes une pause : en dépit du flot de voyageurs qui souhaitaient entrer, les gardes fouillaient chaque convoi, chaque chariot, chaque sac. L’un d’eux s’approcha de nous dans l’idée de faire de même, mais Eltebo l’intercepta en posant une main sur sa poitrine et se pencha pour lui souffler quelques mots à l’oreille. L’homme acquiesça et nous fis signe que nous devions avancer.

(Je crois que plus le temps passe, plus il m’étonne…)

A peine avions-nous fait quelques mètres qu’il se retourna vers moi :

"Ecoute, j’ai à faire. Je dois te laisser. On se retrouve ici dans deux jours."

"Mais…"

"Tu poses bien trop de questions, jeune apprenti. Tu devras apprendre à rester à ta place."


Face à ce ton froid et ce visage lisse, je compris immédiatement que discuter était inutile.

"Oui maître."

"Sois à l’heure et cette fois, fais plus attention à toi."

Sur ces mots, il se retourna et, accompagné de ses deux acolytes, s’éloigna rapidement.
Mentalement, je ne pus m’empêcher de sourire :

(C’est l’occasion parfaite pour aller chercher ma Faera)

"Ma Faera"… Ces mots résonnèrent comme un doux carillon dans mon esprit.

(Trêve de rêveries, il est temps de se mettre en chasse !)

C’est alors que je me rendis compte que… j’ignorais totalement où elle se trouvait.

(Flûte ! Bon alors, qu’est-ce que je sais ? D’après les visions qu’elle m’a montrées, elle est dans une forêt. C’est un fait. Mais quelle forêt ? Étrangement, je sens qu’elle est toute proche. Je ne saurais l’expliquer pourtant je sens qu’elle se trouve près d’ici. Il me suffirait d’interroger des habitants pour savoir s’il y en a une à côté de la ville.) --->

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Dernière édition par Ibouky le Jeu 19 Mar 2015 01:00, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Dim 3 Mar 2013 16:47 
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<--- Avisant l’un des gardes surveillant la porte, je le hélais doucement :

"Excusez-moi..."

"Oui ?"

"J’aurai besoin d’un renseignement."

"Et bien, je vous répondrais du mieux que je pourrais."

"Je suis à la recherche d’une forêt. Une forêt traversée par un ruisseau, d’après ce que l’on m’a décrit. Y en aurait-il une qui correspondrait à cette description dans les environs ?"

"Et bien… euh… je suis désolé, je dois vous laisser, j’ai du travail !"


Entendre ma description semblait avoir vidé le visage du garde de son sang. Il était devenu blanc comme un linge et son regard trahissait une grande émotion. Comme si ces mots évoquaient pour lui un lieu maudit.

(Il faut que je vérifie.)

J’abordais une jeune femme assise sur un muret de pierre et je lui posais la même question. Et j’obtins une réaction similaire : balbutiements, regard fuyant et grande frayeur. Je refis un essai avec un jeune homme qui passait par là. Même résultat. Mais qu’avait donc cette forêt ? J’étais en train de m’asseoir, désespéré, sûr de ne jamais trouver ce que je cherchais, quand un vieillard s’installa à côté de moi et me glissa :

"Vous cherchez la forêt, n’est-ce pas ? La forêt des Faeras ?"


Intrigué, je l’observais rapidement : vêtu d’une vieille toge usée, je pus voir, sous son capuchon, des traits tirés par l’âge et une barbe blanchie par les années. Mais le plus étonnant, c’était ses yeux : contrastant la monotonie de son visage, ils étaient, tels deux émeraudes, brillants d’un éclat dénotant d'une grande intelligence.

"Com... Comment le savez-vous ?"

"J’ai remarqué le regard des gens quand vous leur avez parlé. Il faut les comprendre, des histoires terribles circulent sur cette forêt. Certains disent qu’elle est maudite, d’autres qu’elle est l’antre de monstres maléfiques. Vous savez, beaucoup sont, comme vous, partis chercher une Faera. Peu sont revenus. À vrai dire, aucun. Avec le temps, l’incertitude s’est transformée en peur dans l’esprit des gens. Et ils ont cru ces mensonges parce qu’ils avaient peur qu’ils soient vrais. Je peux vous dire où se trouve le lieu que vous recherchez, mais votre vie y sera en danger."

"Ne vous inquiétez pas pour moi, je ferais attention. En revanche, cette information est capitale pour moi."

Le vieil homme soupira et, l’air résigné, m’avoua finalement :

"Si vous le dites… Après la porte, prenez le chemin au sud-est et continuez jusqu’à l’embranchement. Là tournez à gauche et derrière la colline se trouve votre forêt.  C’est tout ce que je peux faire pour vous. Je vais maintenant vous laisser. Faites bonne route et soyez bien sur vos gardes."

"Merci à vous pour votre aide."

"Une dernière chose : surtout ne restez pas dans les bois à la nuit tombée. Si le jour, cette forêt est dangereuse, la nuit, c’est encore pire. De nombreux prédateurs y rôdent et dévorent tous ceux qui osent s’y aventurer.  Voilà, cette fois, je crois que je vous ai dit tout ce que je savais à ce sujet. Adieu."

Avant qu’il ne parte, je le retins par le bras :

"Attendez ! Je voudrais savoir une dernière chose : qui êtes-vous ?"

Un petit sourire étira son visage.

"J’ai été comme vous : un jeune homme, fougueux et assoiffé d’aventures, des trésors et de combats. Et puis un jour, je devais avoir une trentaine d’années, lors d’une rixe de taverne, j’ai tué quelqu’un : un garçon qui lui n’en avait même pas vingt ! Plus tard, on m’a averti qu’un guerrier me cherchait pour venger son frère. Mort de peur, je me suis caché pendant une semaine."


Une larme cristalline glissa le long de son visage.

"À mon retour, j’ai découvert le corps de mon épouse et de mes deux fils passés au fil d’une épée. Fou de rage de ne pas m’avoir trouvé chez moi, il s’était vengé sur ma famille. Bordel, le plus jeune allait avoir cinq ans ! J’ai traqué ce fou et je l’ai retrouvé. Cela n’a rien eu d’un combat. Cela se rapprochait plus d’une exécution, d’un massacre. Quand j’en eus fini avec lui, j’ai récupéré mes esprits. Le tuer ne m’avait rien apporté. Je n’avais pas ramené les êtres qui me sont chers à la vie. J’avais détruit une vie supplémentaire, voilà ce que je venais de faire. Alors couvert de honte, je suis venu me cacher ici. A cause de moi, cinq vies avaient été détruites. Depuis, je n’ai plus jamais rien fait. Je suis resté ici, à mendier pour un peu de nourriture. Je suis un monstre. Je mérite ce sort. Laissez-moi maintenant, je voudrais rester seul, je voudrais finir ma vie ainsi : seul, pauvre et triste."

Le récit du vieil homme m’avait beaucoup ému. Le cœur gros, je me dis que je ne pouvais le laisser comme cela. Je sortis une dizaine de pièces d’or et lui glissais dans la main. Je lui posais la main sur l’épaule et lui dis, d’une voix pleine de pitié et de tristesse :

"Prends cela vieil homme. Cela ne comblera pas le trou de ton cœur, mais cela comblera au moins celui de tes poches. Considère que c’est une récompense pour ton aide. Fais attention à toi et puisse ton âme trouver enfin la paix."

Sans lui laisser le temps de refuser mon cadeau ou de me remercier, je m’éloignais vers la porte et ma fameuse forêt. --->

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Dernière édition par Ibouky le Jeu 19 Mar 2015 01:04, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 9 Aoû 2013 02:17 
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<-- trajet aérien Kendra Kâr- Oranan

Plus que satisfait de ma première envolée en cynore, je descendis rapidement la passerelle de bois, m’inquiétant un peu de l’état de ma jument. Si mon vol s’était passé dans l’enthousiasme le plus total, il en avait peut-être été autrement pour ma fière monture.

Avec hâte et une très légère anxiété, je me dirigeai à la rencontre de l’employée, la même jeune demoiselle au nez retroussé, qui à ma surprise, avait partagé le trajet avec les montures afin de les calmer si nécessaire.
Poliment, elle me remit les rennes et je m’empressai d'offrir une autre belle pomme rouge à ma Bella. Je la fis exécuter quelques pas afin de m’assurer qu’elle allait bien, puis je la chevauchai.

Après une petite randonnée de quelques minutes où j’en profitai pour faire galoper ma monture, nous arrivâmes aux imposantes portes de bois bordées d’une flore luxuriante.

C’est ce même voyage qu’avait fait quelques centaines d’années plus tôt le compte Adrian de Kendra Kâr, c’est aussi suite à cette visite, que l’homme impressionné par les talents des artisans d’Oranan, fit construire à ses frais à l’intérieur même de l’enceinte de Kendra Kâr, la Bise d’Ynorie.

Fréquentant assidument ce parc de Kendra Kâr, j’éprouvais une hâte sans borne à découvrir cette ville qui avait servi d’inspiration à son aménagement. C’est ainsi que sans descendre de ma monture, je m’approchai des gardes apparemment zélés, attendant leurs instructions.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 10 Aoû 2013 10:22 
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Les vrombissements du vaisseau cessèrent et la porte de la cabine s'ouvrit, le capitaine était là devant elle, lui tenant la porte. Marla se leva du bureau et sortit de la pièce. Tout ce qui devait partir du cynore devait le faire maintenant avant le chargement pour une autre ville. Un Sindel arriva près d'elle et lui remit les rênes de son cheval.

C'est ici que nos routes se séparent la sombre, j'espère que vous arriverez à bien dans votre mission!


Ne vous en faite pas pour moi darthiir…je réussirai!

Je l'espère…je n'ai pas envie qu'on dise que notre travail fut vain…surtout pour avoir protégé une shaakt!

La sombre eut un sourire furtif, elle avait réussi à berner des elfes gris malgré la haine qu'ils éprouvaient envers elle. Elle les avait trompés assez facilement...même si la tentative d'assassinat sur l'aynore avait bien aidé.

Elle monta sur le cheval et descendit de la passerelle, elle trotta en direction des portes de la ville, les vaisseaux des sindeldi atterrissait non loin des villes pour éviter les brigands, voleurs et autre bête sauvage. Elle s'approcha des gardes qui faisaient déjà le tri parmi les voyageurs et les mercenaires.


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Dernière édition par Marla le Dim 11 Aoû 2013 11:56, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 10 Aoû 2013 10:39 
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Armelle et Asceltys descendirent ensemble le long de la passerelle. La brune se faisait littéralement pousser par la blonde presque plus pressée d'arriver qu'elle. La jeune femme sourit en lui disant que la ville n'allait pas s'envoler. Mais sans plus attendre, ils se mirent en route pour les portes de la cité.
 
"La compagnie Air Gris espère que vous avez fait un agréable voyage à bord de son cynore"
 
La jeune femme venait à peine de remarquer qu'elle avait voyagé sur un navire de cette entreprise. Ce n'était guère le plus important. Elle n'était même pas certaine de savoir comment, quand et dans quel état, si elle allait faire un jour le voyage du retour. Au fur et à mesure qu'elles se dirigeaient vers les portes de la ville, Armelle redevenait de plus en plus sérieuse. Elle n'allait pas oublier les recommandations des plus importantes personnes de sa famille.
 
 
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Dernière édition par Armelle le Lun 19 Aoû 2013 09:52, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mar 13 Aoû 2013 13:35 
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"Voilà quelque chose d'inhabituelle..."

Le chariot s'arrête brutalement après les mots du père Kazami, finissant de me réveiller. La tête dans le brouillard, je me mets à genoux et me frotte les yeux pour y voir plus clair sans parvenir à m'empêcher de gémir comme un chien grognon. Le voyage a beau s'être passé sans encombres il m'a particulièrement épuisé et a réduit mes fesses en compote.

"Ouah !"

Enfin je parviens à y voir clair et devant moi se profile une longue file dont la tête se trouve au pied d'une porte immense se dressant entre deux tours. Engo marmonne dans sa moustache avant de remettre le cheval qui tire le chariot en marche.

"On va d'abord passer par l'écurie. C'est ici que nos routes se séparent jeune Xël. Tu devrais commencer à faire la queue."

Je me tourne vers Ayae et Agumi qui hochent la tête l'une avec un sourire, l'autre avec des sourcils froncés.

"Merci encore !" Dis-je en retrouvant le sol.

"N'hésite pas à revenir nous voir avant de repartir pour Kendra'Kar ! On vit juste à côté de la boutique d'Arashimashi, près du port !"

Ayae s'était empressée de parler, comme si j'allais disparaitre dans la seconde. Un voyage de cinq jours cela a créé des liens et la fille Kazami est charmante, j'ai à pincement au coeur à l'idée de la quitter. Je lui adresse un grand sourire.

"D'accord ! Je passerai !"

Après un signe de la main, je me détourne de mon moyen de transport et m'avance vers les portes.




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Dernière édition par Xël le Jeu 26 Juin 2014 15:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mar 29 Oct 2013 00:48 
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Le reste du voyage se fait en silence. Le bruit des sabots changent, signe que nous approchons de la route pavé proche des grandes portes mais nous ne ralentissons pas. J'écarte doucement le voilage et m'aperçois que la foule s'écarte pour laisser passer le chariot sous l'ordre des gardes plus loin.
"Laissez passer" et autres "faites place" rythment maintenant notre avancée au milieu d'une haie d'hommes et femmes qui joignent leur mains et baissent la tête en signe de respect pour les prêtres.

Jamais de toute ma vie je ne suis rentrée aussi rapidement dans la ville. Les gardes eux aussi s'écartent sans faire stopper le chariot pour l'inspection coutumière. Ils se contentent de saluer le convoi, de crier un dernier ordre aux gardes à l'intérieur de la ville et se retournent pour reprendre leur travail comme si de rien n'était.

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Madoka


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 Sujet du message: Azuha - Livre Premier - Chapitre premier
MessagePosté: Jeu 21 Nov 2013 07:51 
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Localisation: Oranan - Maison des Kizukis
Le vent était frais dans la région d'Oranan. L'herbe était verte et les arbres fleuris. Le ciel était bleu et les nuages rares. Il faisait bon, il faisait beau.
Mais Azuha portait un lourd habit de fourrure animale ; aussi suait-elle toute l'eau de Yuimen sur son malheureux canasson.

Oranan. Enfin. Après neuf années passées éloignée de cette ville qui était chez elle, elle était de retour. Elle était rentrée.
Enfin. Elle était rentrée.

Azuha approchait de la magnifique ville fortifiée. Elle voyait se rapprocher les murailles qu'elle avait vu disparaître il y a tant d'années. Elle eut une pensée pour chaque membre de sa famille. Leurs visages n'étaient plus très nets dans ses souvenirs ; le temps avait fait qu'elle oublia leur apparence. Mais son cœur pinça quand elle se souvint de Koosuke.
Son frère était parti au combat pendant l'attaque. Elle ne sut jamais s'il avait survécu.
Quel âge aurait-il, aujourd'hui ? .... Vingt-sept ans. S'il était toujours vivant, il ne serait pas étonnant qu'il fusse dans les plus hauts rangs de l'armée, qu'il eût épousé une belle femme d'un clan riche et peut-être même qu'il eût un fils.

Les Portes se rapprochaient, et Azuha suait. Elle aurait bien ôté ses fourrures mais elle était nue dessous, et se présenter nue aux portes d'Oranan ne lui semblaient étrangement pas une très bonne idée.


- Halte-là ! ordonna un garde quand elle arriva devant les grandes portes. Bonne journée à vous, mademoiselle. Aurez-vous l’amabilité de nous communiquer raison et durée de votre séjour à Oranan ?

Azuha douta qu'elle puisse être prise au sérieux, avec un doigt et un œil en moins et des cheveux courts non coiffés, recouverte de fourrures. Jamais ils ne croiraient qu'elle faisait partie d'un clan local. C'était impossible. Mais l'honneur veut la vérité, et, dans la langue d'Ynorie qu'elle n'avait pas parlée depuis plus de neuf ans, elle parla en ces mots :

- Je suis Azuha du clan Kizuki. Je viens retrouver mon clan duquel je fus séparée durant une attaque garzok il y a de cela neuf longues années.

Le garde l'observa un court moment. Puis il interpella son collègue qui inspectait le sac d'un elfe qui souhaitait entrer, à côté sur l'autre file. L'autre s'en vint le sac à la main.
- Quoi ?

- Cette fille dit qu'elle fait partie d'un clan de la ville...

L'autre garde la dévisagea. Il resta dubitatif un moment.

- Démontez donc, brave femme. ordonna-t-il d'une voix douce et grave.

Azuha descendit donc de son cheval et se laissa tomber lourdement au sol, alourdie par la sueur qu'elle produisait et qui s'infiltrait dans les peaux.

- Êtes-vous pleinement consciente que vous êtes couverte de fourrures pendant la saison chaude ?

- Les raisons de ma tenue et de mon état ne vous concernent en rien, messieurs. Je souhaite juste rentrer chez moi.

- Comprenez tout de même que nous ayons des doutes quand à votre identité.

- Y a-t-il des membres vivants du clan Kizuki dans cette ville ? Il sera plus aisé de leur demander en personne. Mon père Ryuuharu tenait une boutique de papier à lettre dans le quartier du port.

Les yeux du premier garde s'ouvrirent d'un coup, comme s'il venait de recevoir un coup à la nuque.

- Ce vieux bougre n'était donc point fou quand il disait avoir perdu sa fille !

- Tu connais l'homme ?

- J'ai été lui acheter du papier pour écrire à un cousin parti en mission pour prêcher Gaia sur Imiftil. Il demandait à quiconque il croisait si personne n'avait vu sa fille. Je me disais bien que le nom d'Azuha m'était familier...

Les deux gardes regardèrent Azuha. Leur visage exprimaient une profonde tristesse.

- Excusez-moi ? Pourrais-je récupérer mon sac si ce n'est pas trop demander !

- Profondes excuses ! s'exclama le deuxième garde en courant vers l'elfe. L'histoire ici m'émut et je m'oublia un moment. Tenez, vous êtes libre d'entrer.

- Votre histoire doit être une histoire bien dure à entendre. Allez donc retrouver votre clan, mademoiselle. Laissez le cheval à l'écurie à l'entrée.

Azuha inclina la tête en remerciement poli, que retourna le garde, puis s'engagea sous les Grandes Portes de la Cité Verte.

La ville était encore plus belle que dans ses souvenirs. Ce n'était d'ailleurs pas une ville, c'était une île de rêve dans un océan de cauchemars. Il n'y avait pas de rue, il y avait des allées fleuries bordées d'arbres magnifiques et d'étangs scintillant à la lumière du jour. Les bâtiments semblaient tous être de petits mondes à part, tous unifiés par une architecture rappelant à Azuha à quel point l'homme peut défier la nature.
La montagne majestueuse que représentait le Palais du Conseil était beaucoup plus belle que celle dans laquelle elle vécut ces dernières années.

Sur sa droite se trouvait un bâtiment dont l'enseigne représentait un fer à cheval emprisonnant une pièce d'or. Azuha s'approcha et un jeune homme l'accueillit. Il portait un tablier en cuir, et n'avait pas de tunique au dessous. Il ouvrit grand ses yeux lorsqu'il vit Azuha. Le spectacle de l’œil manquant, ainsi que les fourrures surprenait tous les passants, d'ailleurs.


- Je viens déposer mon cheval. dit-elle en souriant.

- Ah! Bien entendu ! Venez donc ! s'exclama-t-il en tendant la main pour prendre les rennes.

Azuha lui donna les rennes et suivit le garçon. Il entra dans le bâtiment et ferma juste derrière lui après avoir demander à Azuha d'attendre juste ici. Quelque instant plus tard, un panneau s'ouvrit dans le mur du bâtiment et le garçon apparut derrière, un papier devant lui.


- Il va me falloir un nom. dit-il.

- Azuha du clan Kizuki. annonça-t-elle, savourant chaque son dans sa bouche tellement elle était fière de son appartenance.

L'excitation la gagna. Elle allait vivre. Enfin ! Tout allait revenir à la normal !

- C'est noté ! Merci bien. Vous pouvez laisser votre cheval ici, vous pourrez le récupérer dès que vous le voudrez. Il suffira de venir me voir, me redonner votre nom, et je retrouverai votre cheval pour vous !

Azuha douta.
- Comment saurez-vous pour sûr qu'il s'agira du mien ?

- Simple ! clama le garçon. À chaque cheval enregistré ici, j'assigne un numéro, que je note également sur ce papier à côté du nom du propriétaire. À votre retour, je regarderai le numéro associé à votre nom, et je le chercherai sur les chevaux. Voyez : tous ont un collier avec un numéro.
Il pointa du doigt l'enclos à côté du bâtiment. Et il s'avéra que oui, tous les chevaux avaient un collier numéroté.

Azuha remercia le garçon et s'enfonça plus avant dans la ville.

Enfin. Elle était rentrée.


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Dernière édition par Azuha le Mar 3 Déc 2013 08:43, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 22 Nov 2013 00:27 
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Il y a plusieurs personnes avant Ayumu qui attendent pour rentrer en ville. Pendant ce temps il cherche dans sa mémoire s’il connaîtrait des personnes qu’il pourrait initier au Ranaïsme et… c’est loin d’être gagné. La plupart de ses concitoyens prie déjà la déesse et les étrangers qu’il croise sont déjà des pèlerins… mais ce n’est pas ce qui l’inquiète le plus. Le vrai problème est son âge, il n’a que 17 ans ! Quel adulte voudrait apprendre quelque chose d’aussi intime que la religion par la bouche de quelqu’un d’aussi jeune ?

(Il faut que je trouve quelqu’un de mon âge, c’est ma seule possibilité. Un étranger car ici les enfants apprennent trop tôt à prier Rana)

Son tour arrive enfin. La sentinelle le reconnait et n’exécute qu’une fouille très sommaire avant de le laisser passer. Les portes de la ville sont le point de passage obligé pour les étrangers, Ayumu se dit que ça ne coûte rien d’essayer de glaner des informations auprès des gardes.

"Sentinelle, sentinelle. J’ai une question pour vous"
"De quoi s’agit-il garçon ?"

"Es-ce que vous avez récemment fait entrer des jeunes voyageurs dans la ville ?"
"Et en quoi ça te regarde ?"

"En fait… en fait je veux apprendre des nouvelles histoires et les adultes sont en général toujours tellement occupés !"
"Je ne vois pas le rapport… "

"C’est important pour moi, je vous en prie"
"Bon si ça peut te faire plaisir. Une jeune fille est entrée il y a une vingtaine de minutes, elle s’appelle Azuha et dit être la fille du marchand de papier Ryuuhaku Kizuki. Si tu te dépêches tu devrais pouvoir la retrouver à l’écurie"

"Donc Ryuuhaku à vraiment une fille… et dire que personne ne le croit ! Comment je pourrais la reconnaître ?"
"Ah ça tu n’auras aucun mal ! Elle porte plus de fourrure qu’un Liykor, doit mourir de chaud là-dedans, est habillée comme une sauvage et … il lui manque un œil et un doigt, bref contrairement qu’avec toi sa vie ne semble pas avoir été de tout repos. Je ne la brusquerais pas si j’étais toi. File maintenant que j’ai du travail"

Ayumu se dirige donc vers l’écurie, la déesse semble lui sourire aujourd’hui car il n’a aucun mal à repérer la fille dont le garde lui a parlé. Après tout combien de personnes en ville se baladent en fourrure avec une telle chaleur ? Elle est à une dizaine de mètres de lui, à côté de plusieurs passants et lui tourne le dos. C’est avec un grand sourire et une voix joyeuse qu’il l’interpelle

"Azuha ! Azuha Kizuki !"

Va-t-elle se retourner ?


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Lun 21 Avr 2014 21:25 
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Silmeria arriva au grand galop face aux portes d'Oranan. Elles étaient ouvertes et les gardes se mirent sur son chemin, les tours d'observation ayant vue la Sindel arriver de loin. Presque aussi essoufflée que son cheval, Silmeria montra pâte blanche, bien qu'elle soit armée, les gardes avaient déjà rencontré la femme sur le terrain d'entrainement et jusqu'à présent, elle n'était l'auteur d'aucun crime, aussi, elle entra dans la ville après avoir laissé sa monture face aux portes.

Elle traversa les rues manquant de bousculer plusieurs personnes dont elle ignorait les plaintes. La panique grimpait à mesure que son souffle était difficile. Lorsqu'elle arriva enfin au marché, tout semblait calme.

Le ciel était clair, les citadins et villageois présentaient des produits, des robes, des tuniques pour homme, des fruits des légumes, il y avait même un vendeur de poussins, ces petites boules jaunes qui piaillaient bêtement et s'intimidaient d'un rien. Les acheteurs portaient de petits bâtons sur lesquels étaient accrochés un petit abat-jour de papier rouge contenant une bougie. Ces lanternes offraient un spectacle presque hypnotique, le bruit des rires et les marchands qui criaient masquaient la respiration saccadée de la Sindel. Après quelques mètres dans la foule, elle vit le père d'Ayri, et la jeune femme à ses côtés.

Rassurée, Silmeria essuya rapidement son front et essaya d'adopter une mine plus présentable, la respiration encore courte, elle partit à la rencontre de ses deux compères, agréablement surpris de la rencontrer ici.

Le père d'Ayri serra Silmeria dans ses bras et comme le début de soirée avait été fructueux, il était d'une bonne humeur singulière.

« Et bien que voila une bonne surprise ma fille. Ayri me disait que tu chassais. Tu as attrapé quelque chose ? »

« Rien du tout. C'était plus... Didactique. Et je regrettais un peu de ne pas être venue. Avec un nom si enchanteur, je m'en serais voulue. C'est très joli. Oranan semble tout à fait différente. Et tous ces parfums... »

Ayri lui prit le bras et s'éloigna un peu de l'étalage. Elle pinçait les lèvres dans une moue amusée et enquêta :

« Doooonc. Tu es venue pour le côté poétique du marché. C'est vrai qu'il est fameux, mais je crois que tu avais surtout été très inquiète que l'on vende des pommes au clair de lune. »

Silmeria se savait percée à jour et il était inutile de mentir à la jeune femme, c'est vrai que son mensonge improvisé était bancal, mais la jeune humaine avait tant fait pour elle, Silmeria devait avouer.

« Effectivement. Je l'avais oublié mais... Le doute. Après ce soir, le doute sera totalement dissipé. »
« Tu sais, je ne t'en veux pas. Mais tu es venue très vite. Tu es seule ? »
« Hm... Comment dire. Il semble qu'un cheval manque à l'écurie. »

Ayri resta observer Silmeria, les yeux dans les yeux puis éclata de rire.

« Tu as emprunté un cheval pour venir ici sur un simple doute ? » Elle la pris dans ses bras et lui confia

« Tu es une amie rare, tu sais. C'est peu fréquent de nos jours. »

Silmeria espérait que dans l'étreinte, Ayri ne sente pas les deux lames qu'elle portait à sa ceinture. Après tout, il lui fallait oublier son passé, inutile de vivre encore dans la crainte.

La soirée sentait bon, le ciel brillait de mille étoiles et les nuances avaient un effet de labradorescence bleutée. La lune, au dessus de tous, brillante et pleine.

« Tu restes avec nous ?» Demanda Ayri d'une petite voix fluette.

« Je reviendrais plus tard, j'ai quelqu'un à voir, je ne sais pas combien de temps ça demandera. Pas trop longtemps je pense. » Silmeria devait se rendre chez l'étrange femme qui faisait les tatouages, sa curiosité piquée au maximum, elle se demandait si les encres renfermaient un pouvoir étrange qui lui permettrait ou non d'améliorer sa maîtrise des armes.

Mais au fond elle, Silmeria commençait à espérer ne plus en avoir besoin.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mer 23 Avr 2014 20:05 
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A bout de souffle, Silmeria avait pu semer les quelques citadins au travers des ruelles, mais ces dernières étaient loin d'être sombres et étroites, ce n'était qu'un répit de courte durée, ils la trouveraient bientôt.

Les portes étaient comme elle le pensait, closes. Les gardes peu nombreux certes, gardaient celles-ci, mais elle n'avait pas le cœur à les affronter, elle en était surtout incapable. Il fallait se rendre invisible. La seule solution qu'il lui restait était la même que la première : le feu.

Silmeria avait peu de temps, si les rares passants défilaient les rues en courant ne la reconnaissait pas, ce ne serait pas le cas des témoins devant lesquels elle tua le Samouraï. Cependant, avec un incendie de plus grande ampleur, elle pourrait distraire ses opposants qui, préféreraient forcément s'occuper de limiter les dommages, en profitant pour filer.

Heureusement pour elle, il y avait des lanternes partout.

Et heureusement encore, elles étaient régulièrement changées donc, pleines d'huile et faisaient à coup sûr de remarquables armes incendiaires qu'elle laissa se briser sur les panneaux de bois des fondements et sur les pas de porte qui roussissaient dangereusement.

Un Samouraï la trouva en train de mener son forfait, cette fois-ci, plus d'excuse possible, il lui fallait fuir. L'affronter pouvait être court comme long mais d'un cas comme dans l'autre, elle n'avait plus une seule seconde à perdre si elle voulait garder la tête sur les épaules.

Les flammes et la fumée couvrirent sa fuite. La fugitive savait qu'elle n'avait pas besoin de beaucoup plus, les maisons étaient très belles certes, mais elles étaient fines et toutes terriblement inflammables. Et derrière la femme en fuite, ça crépitait sec.

Son salut, c'était la muraille. Quelques artisans colmataient quelques fissures sur les hauteurs d'une tour d'observation, l'échafaudage était toujours installé, bien qu'il était tout à fait désert en cette heure. Sur les hauteurs de sa tour, perché comme une girouette, un Samouraï, les yeux rivés vers la ville et son marché qui avait décidé de tourner au vinaigre.

Silencieusement, elle escalada, bien que sa tenue ne soit pas adaptée, et bien que l'homme en haut de la tour soit probablement armé d'un arc, et bien qu'elle savait qu'il ne la manquerait sans doute pas à cette distance, même dans la pénombre, elle monta quand même faute de trouver mieux dans la seconde.

Tout se passa sans heurts, pour ce qui est de la montée. La descente, c'est autre chose car de l'autre côté du mur, Silmeria en s'accrochant fit tomber un roc, visiblement les artisans avaient mal terminé le travail, - ces saligots - et le Samouraï de garde ne tarda pas avant de passer sa tête par la meurtrière et y voir la Sindel, un peu mal à l'aise, le regarder droit dans les yeux.

Si elle avait pu se rendre invisible, elle l'aurait fait. Certainement. Au lieu de ça, elle se laissa choir et se fit mal au cul. Et en s'enfuyant, la pénombre aidant, l'archer perché ne la tua pas d'une flèche en plein cœur, non, il se contenta de la lui flanquer dans l'épaule gauche, manquant son précieux palpitant de peu mais ralentissant considérablement la course de la Sindel.

Lorsqu'elle pu se glisser dans les bois, l'alarme résonnait mais personne ne passa la porte. Le feu avait sans doute pris de l'ampleur.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 8 Aoû 2014 12:45 
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Morne est l’entrée d’Oranan, alors que je l’ai connue plein de faste et de passage. Là, deux gardes à la mine lourde et fatiguée, aux traits tirés – encore plus qu’à l’accoutumée, pour les ynoriens qui les ont déjà naturellement – surveillent les absences d’aller et venues. Un pavillon inhabituel est dressé près de l’entrée. Curieux, je m’en approche, me faisant toutefois barrer la route par les gardiens, qui m’interpellent.

« Halte, qui va là ? »


Je soupire en regardant le premier, me présentant juste par mon nom.

« Cromax. »

Le soldat parait surpris, et ravise son attitude.

« Oh, messire Cromax ? Excusez-moi je… je ne vous ai pas reconnu. »

Rien d’étonnant, puisqu’au final, il ne m’a sans doute jamais vu. Et si les mots volent sur mon compte dans tout le continent, aucun ne saurait narrer avec une précision exacte la nature de mes traits. Le garde poursuit sans que j’ai à intervenir.

« Vous venez pour l’annonce ? La ville est fermée à cause d’une menace d’Oaxaca. »

L’annonce ? J’écarquille les yeux. Je n’en ai en rien entendu parler. Je hausse les épaules, et donne la raison de ma visite.

« Pas du tout non. J’ignore de quoi vous parlez. Je viens juste faire étape ici, pour me rendre à Kendra Kâr. »

« De Kendra Kâr, et d’où venez-vous ? » me demande-t-il, curieux.

« De… »

J’hésite. Je me ravise. Je ne peux pas affirmer venir d’Omyre comme on vient d’un bled paumé sans intérêt. Je ne vais pas mentir… Juste dissimuler la vérité.

« De la côte nord de Nirtim. Vous avez peut-être ressenti jusqu’ici le choc… Avec d’autres, j’ai fait s’échouer sur les rivages du Chantier Naval de Mourakat une île mobile d’entraînement des Treize d’Oaxaca, détruisant tant celle-ci que le port, et déjouant par là même les plans expérimentaux de Crean Lorener et Khynt le Modifié. »

Visiblement impressionné, ne s’attendant sans doute pas à autant de précision, ni à une telle histoire, il fait des yeux ronds – ce qui n’est pas aisé pour qui les a bridés – et me laisse un passage pour Nuit.

« Entrez, entrez. Vous devez être éprouvé. Je… je ne vous retarde pas plus. »

Je pousse au pas ma monture, et passe au côté de la tonnelle rouge… JE vais pour entrer dans la cité lorsqu’une voix familière m’interpelle.

« Alors comme ça, on joue les héros et on ne salue même pas les vieilles connaissances ? »

(Que… Onyx ?)

L’elfe noir, rencontré dans le Palais de la Roseraie de Soie, ex-demeure de feu-Grantier, et actuellement gestionnaire officiel de cette possession des Amants de la Rose Sombre, m’apostrophe et sort de sa tente pour me saluer. Je hausse les sourcils, curieux de sa présence ici, et descends de Nuit pour me mettre à sa hauteur.

« Que fais-tu là ? »

« Je pourrais te demander la même chose, Cromax. Je suis en mission, vois-tu ? Oranan a fait appel à… nous, pour filtrer un flux d’aventuriers répondant à une annonce affirmant qu’ils ont besoin d’aide pour contrer une menace d’Oaxaca. N’en as-tu donc pas entendu parler ? »

Je secoue la tête de gauche à droite…

« Non, pas du tout. Le garde a bien évoqué une annonce, mais j’ignore de quoi il retourne. »

« D’après mes informations, un monde extérieur, Aliaénon, serait envahi par Oaxaca, qui prévoirait de briser Oranan de l’intérieur en envoyant ses troupes par le fluide qui y mène. De nombreux aventuriers se sont déjà rendus là-bas… Sans qu’on en ait plus de nouvelle. Vas-tu les rejoindre, toi qui fais partie des grands ? »

Une fois encore, je secoue la tête.

« Non, hélas. Pas cette fois. J’ai à rendre compte au Temple. Comment se porte le Palais ? »


« Bien, ma foi. Les gardes de la Rose ont remplacé les mercenaires de Grantier. L’endroit est sûr et entre de bonnes mains. Pas de volonté de revanche des amis de notre ancien ennemi, apparemment. Peut-être les as-tu tous tués lors de ta dernière visite… »

C’est bien possible… Aucun n’a survécu, dans tout le lot. Les Amants aussi peuvent se montrer sanglants… Un massacre, un de plus, à ajouter à mon ardoise personnelle.

« Peut-être, oui. Tant mieux si tout se passe bien. Je passerai le message à Pulinn, si ce n’est déjà fait. Elle sera satisfaite de l’apprendre. Je vais me hâter, en revanche. Je pense rejoindre Kendra Kâr par Cynore, et laisser ici ma monture. Connais-tu une écurie valable, ici ? »

Il fait mine de réfléchir, mais je sais qu’il en connait une. C’est son métier, de tout savoir. Tout particulièrement du côté d’Oranan.

« Oh. Inutile de rentrer dans la ville, dans ce cas. Les écuries de Takoido Himatori se situent à l’extérieur des remparts, juste à côté de la zone d’embarcation des Aynores et Cynores. »

« D’accord, je m’y rends. Veille sur toi, mon ami. Nous serons bientôt amenés à nous revoir. »

Et je remonte sur Nuit, le laissant sous sa tente, à son poste, curieux de ma dernière phrase, sans grand sens pour lui. Mais je sais que le Palais de la Roseraie de Soie fera pour moi un merveilleux Quartier général, entre le Royaume Kendran et Omyre… Je vais au petit trot jusqu’à l’écurie prescrite… Un bâtiment non loin des portes, sous le regard des gardes qui doivent se dire que je ne sais pas ce que je veux… Ainsi va la vie d’un aventurier libre…

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Dim 15 Mar 2015 19:56 
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<--- Tout en me dirigeant vers les portes, je pris un moment pour réfléchir un peu. Trop de choses s'étaient enchaînées et je commençais à m'y perdre. J'avais sans cesse l'impression d'être manipulé, de ne rien contrôler.

(Essayons de tout reprendre chronologiquement et sans rien oublier. Commençons par Esstabello)

Me les remémorant, je tournais ses paroles dans ma tête pendant un long moment pour essayer d'y trouver un sens mais il ne semblait n'y en avoir aucun.

"Ib'ky ? Non, c'est impossible, tu es mort ! Nous t'avons fait tuer !"

(Nous t'avons fait tué... Qui ? Pourquoi ? Comment ? Et si... Évidemment.)

Je venais de faire le lien avec l'attaque de mon attelage qui n'était de toute évidence qu'une mise en scène. Un assassinat qui, aux yeux de tous, aurait été vu comme un simple acte de banditisme qui avait mal tourné. Apparemment, quelqu'un voulait ma mort. Plusieurs personnes même d'après le «nous » employé par Esstabello. Mentalement, je dressais une liste de tous les hommes qui pourraient m'en vouloir : victimes de mes vols ou de mes escroqueries, hommes ruinés par mon commerce, concurrents commerciaux. Tous avaient pour point commun de me détester mais peu possédaient les moyens ou même la volonté de s'en prendre directement à ma vie. Je n'en voyais qu'une petite dizaine capable de telles extrémités. Et pour déterminer lesquels étaient impliqués, je n'avais pas le choix. J'allais devoir aller rendre visite à l'un d'eux pour le savoir. Mais pour le moment, j'avais d'autres préoccupations. J'allais passer à autre chose quant une idée me frappa :

(Si ma mort était organisée, pourquoi suis-je encore en vie ? Ces hommes auraient très bien pu me tuer quand ils m'ont assommé. Mais ils ne l'ont pas fait. Pourquoi ?)

Encore une question à laquelle je n'avais pas la réponse. Et je sentais que ce n'était que la partie émergée de cette sanglante machination. Mais pour le moment, des événements plus récents requéraient mon attention : ce rêve, ces ombres, ma Faera. Leur réalité était encore incertaine même si en ce qui concernait ma Faera, mes doutes étaient bien plus faibles : les images qu'elle m'avait introduites dans la tête étaient bien trop vives et l'attraction vers cette forêt bien trop forte pour que cela eut été un songe. Mais restaient les ombres et ce qu'elles m'avaient montré. Cette vision montrant la mort de mon maître dans un futur possible. Que devais-je y comprendre ?
Et Phaïtos ? Pourquoi ces ombres voulaient-elles que je me joigne à lui ? Quel lien y avait-il entre lui et moi ? Immédiatement, je repensai à cette soif de sang qui m'avait envahie quand j'avais tué cet homme quelques heures plus tôt. À cette pensée, ma tête se mit à bourdonner douloureusement. Je dus m'appuyer contre un mur pour ne pas m'effondrer. Comme si repenser à cette colère me vidait de mes forces. Après quelques instants, le bourdonnement s'estompa et disparut complètement.

(Jusqu'à savoir ce que cette chose est et pourquoi elle me fait cela, je ferais mieux à l'avenir d'éviter d'y repenser)

Ayant remis de l'ordre dans mes pensées, je pus me concentrer sur mon souci du moment : trouver la forêt, puis l'endroit que j'avais vu en rêve et enfin ma Faera. Je pris la direction du sud-est comme venait de me l'indiquer le vieil homme. --->

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Dernière édition par Ibouky le Jeu 19 Mar 2015 01:07, édité 1 fois.

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