L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Ven 9 Nov 2012 19:42 
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Après que l'apprentie Aoyumi ait regagné le rang, je décide de patienter quelques instants, histoire que les jeunes gens intègrent ce qu'il vient de se passer. Visiblement, l'apprenti Mizutaka n'a pas bien pris ma remarque et se mure dans un silence réflexif. Quand je sens la plupart des regards revenir sur moi, je songe qu'il est temps de leur expliquer notre tâche. Attendant que quelques badauds curieux aient fini de passer, je reprends la parole.

"Maintenant que les choses sont un peu plus claires, venons-en à la mission."

Timidement, la main de l'apprentie à chapeau se lève, attirant brièvement le regard de ses voisins. D'un simple geste, je lui donne la parole.

"Vous allez sans doute me trouver curieuse, mais et vous ? Pourquoi êtes-vous entré dans la milice ?"

"Et pourquoi tu t'en inquiètes ? Il n'y a pas une infinité de possibilités ! Les yus, la gloire, l'ennui et des élans patriotiques !"

Décidément, cet adolescent semble avoir pour habitude de couper la parole, et de toujours vouloir avoir le dernier mot. Je lui adresse donc un regard pesant sans lui parler, puis reporte mon attention sur mon interlocutrice. Je ne vais pas mentir, mais donner tous les détails me semble peu prudent.

J'esquisse un sourire.

"Ce n'est ni par appât du gain ni pour me faire un nom que je suis entré dans la milice. Pour faire court, après m'avoir reconnu comme héritier, celui qui m'a élevé aurait du, par tradition, se mettre au service de la cité. "

Mes pensées se tournent vers oncle Masaya, et vers ce jour fatidique où j'ai revu mon demi-frère.

"Mais c'est un homme à l'âge déjà avancé. L'envoyer sur le champ de bataille serait revenu à le condamner à mort. J'ai tout simplement pris sa place, car il est la seule famille qu'il me reste."

Aussi vivement que s'était formé le sourire narquois de l'ynorien brun, celui-ci s'efface. Mieux encore, il baisse ostensiblement les yeux, comme touché par un sentiment plus fort. Un soudain silence s'installe dans le rang, et les yeux des uns et des autres se détournent, comme s'ils avaient des réticences à rencontrer les miens. Si j'avais su que mon histoire créerait un tel sentiment d'embarras, peut-être aurais-je du rester muet, en fin de compte.

Secouant la tête, je cogne mon arme sur un pavé, reprenant en main le cours des choses.

"Bien ! Nous avons assez discuté, passons à la mission. "

C'est avec un air sérieux que les jeunes visages se tournent dans ma direction.

"Depuis quelques semaines, un trafic d'armes a pris place à Oranan. Apparemment, derrière ceci se cacheraient des sinaris."

"Et ? Ces petites personnes sont censées représenter un danger ?"

Une certaine incrédulité moqueuse prend place dans les paroles de l'apprenti blond. Je ne sais pas ce qu'il imagine, mais je compte bien clarifier tout cela.

"Peut-être pas directement. L'ennui, c'est qu'ils distribuent leurs armes à n'importe qui, y compris des groupes ennemis de la milice."

"Pourquoi ne pas simplement les mettre en geôle ? C'est trop compliqué ?"

"Cesse de parler ainsi, cela m'agace ! Demande donc s'il y a une raison pour ne pas pouvoir agir immédiatement ! Ah lala..."

"Euh... Est-ce qu'il y a quelque chose qui empêche d'entreprendre une action contre eux ?"

Je plisse un instant les yeux. Même si mon supérieur ne m'a pas explicitement donné de raisons sur le manque d'opérations contre eux, je peux émettre quelque hypothèses.

"Moi-même je n'en suis pas certain, mais je pense simplement que les essais précédents n'ont rien donné. Soit il a été impossible d'identifier précisément les sinaris impliqués, soit aucune preuve n'a été trouvée. Il est possible aussi que rien n'ait été entrepris parce que la chaine de ce trafic n'a pas encore été identifiée."

Croisant les bras, en retenant le manche contre moi, je songe d'un coup que je ne suis pas censé travailler seul sur cette affaire. Je lève donc le nez vers mes apprentis.

"C'est en oeuvrant ensemble que nous pourrons mener cette tâche à bien. Alors allez-y, exprimez vos idées."

Un silence prend de nouveau place, sauf que cette fois je me rends compte qu'ils réfléchissent tous, et avec sérieux. Peu m'importe au final leurs motivations, tant qu'ils parviennent à coopérer pour triompher. Au bout de quelques minutes, c'est l'apprenti Mizutaka qui s'exprime.

"Un trafic n'est guère différent d'un commerce. Pour écouler la marchandise, il faut savoir repérer des clients, posséder un stock pour répondre rapidement à la demande, et surtout pouvoir le renouveler quand il est épuisé. "

"Intéressant. Poursuivez ?"

Autant sa tirade a été lancée avec un certain désintérêt, autant le fait que j'y accorde de l'importance et l'enjoigne à poursuivre semble lui donner une once d'assurance.

"Je... NOUS doutons qu'ils fassent venir leur marchandise par navire. Le port est contrôlé, et une grande quantité d'armes ne peut pas passer inaperçue."

"C'est bien, petit maître, tu commences à te servir de ta cervelle ! Mais je suis d'accord avec lui, et c'est la même chose par voie terrestre. Les gardes des portes ne laisseraient pas passer un chargement d'armes sans destinataire annoncé."

"D'ailleurs, je doute que les honorables Himatori voient d'un très bon œil la venue d'armes extérieures. "

"Ohlà, oui ! Mais ça signifierait que les armes sont soit fabriquées ici, en ville, soit qu'elles sont amenées en si petite quantité qu'elles passent inaperçues. Ce qui nous ramène au point soulevé par An... Par l'apprenti Mizutaka. Dans ce genre de commerce caché, c'est la vitesse de passage des biens de main en main qui assure la discrétion et la pérennité du trafic."

L'ynorien brun lève le regard en biais, haussant un sourcil.

"Et en langue commune, ça donne quoi tes histoires ?"

Préférant éviter qu'un nouvel affrontement ait lieu, je décide d'intervenir pour clarifier les paroles des uns et des autres. J'ai un peu de mal à masquer l'intérêt que j'ai pour les réflexions de mes apprentis. Avec leurs connaissances et leurs perspectives propres, la mise en commun de leurs idées donne un résultat auquel je ne m'attendais pas. Tendant légèrement la paume, j'énumère et résume les points que nous venons d'aborder.

"Résumons. Nous savons que des sinaris sont impliqués. Par contre, nous n'avons que des hypothèses concernant la façon dont les armes atteignent la ville. Il n'empêche que, comme l'a dit votre camarade, tout commerce, légal ou non, doit avoir un point de départ ou une base. Après tout, il faut pouvoir entreposer les marchandises destinées à la vente, de même que les yus obtenus s'ils sont en grande quantité. "

"Et pouvoir réutiliser cette monnaie sans que sa provenance n'éveille les soupçons."

J'acquiesce avec sérieux, masquant ainsi un certain soulagement. Malgré leurs désaccords et leurs caractères, mes quatre apprentis se montrent véritablement motivés concernant cette mission. Je les ai peut-être jugés un peu vite, mais avoir une cervelle digne de ce nom n'est hélas pas suffisant pour être un vrai milicien. Décidant de garder un certain mutisme, je les écoute tenter de faire le point. Aussi difficile que cela puisse me sembler, je ne dois que les aiguiller dans cette mission. C'est à eux de se donner du mal pour la réussir.

Et apparemment, ils ne rechignent pas autant à la tâche que ce que j'aurais cru.

"Nous allons rencontrer un problème de taille..."

Les regards se tournent vers la demoiselle au chapeau, sans que quiconque ne cherche à l'interrompre.

"Le problème d'un trafic est qu'il est justement tenu secret. Même en échafaudant un bel éventail de théories, nous en resterons à cette étape s'il est impossible de les vérifier."

À ma grande surprise, les deux plus grands apprentis acquiescent, appuyant les paroles de l'ynorienne. Elle a malheureusement raison. Plus préoccupant encore que le trafic en lui-même, c'est l'absence d'informations sur le groupe qui va nous bloquer. Ceci dit, si mon supérieur a pu m'indiquer que c'est un regroupement de sinaris qui se trouve derrière tout cela, c'est que quelqu'un sait forcément quelque chose. L'ennui est que j'ignore qui, et comment lui mettre la main dessus.

Alors que j'ai l'impression que nous sommes dans une impasse, l'adolescent brun se frappe la paume ouverte du poing, semblant avoir trouvé une idée. Délaissant toute politesse, il hausse la voix pour que tout notre groupe lui prête attention. Quoique, en y regardant bien, il semble surtout vouloir se faire remarquer par l'apprentie Aoyumi.

"Pourquoi s'embêter ? Il suffit de poser les bonnes questions à quelqu'un qui a des yeux et des oreilles un peu partout à Oranan."

"Oh ! Vous connaissez une telle personne ?"

Au son de la voix féminine, Yamanori Daichi affiche une expression satisfaite.

"Pas directement, mais j'ai bien un homme en tête qui pourrait nous mettre sur une piste. "

L'adolescent lève légèrement le nez, observe un court moment le ciel, puis il reprend.

"Il devrait être dans les environs des entrepôts à cette heure-ci. Venez."

Alors que tout semblait bien engagé, l'apprenti Mizutaka croise les bras avec force, lançant un regard mauvais à son camarade. Non seulement son attitude n'est pas idéale, mais en prime il se met en travers du chemin de l'ynorien, recevant en retour un regard féroce.

"Et pourquoi devrions-nous obéir aux ordres d'un paysan ? Tu n'es pas le chef ! S'il fallait en désigner un ici, ce serait nous !"

"Peuh ! Chef oui, dans ta maisonnée où tout le monde a reçu pour consigne de te chouchouter, petit maître. Ici, c'est différent. Tu n'es pas dans ton monde, mais dans le nôtre !"

"Et paysan-ci, paysan-ça. Il ne connait pas un autre mot le grand abruti ? Je suis un citoyen de la République. Et d'ailleurs, il n'y a qu'à voir ta tête pour comprendre que je suis certainement plus ynorien que toi !"

"Que ? Retire ces paroles immédiatement ou nous te les ferons ravaler !"

"Essaie !"

J'écarquille les yeux devant la scène. Je n'y comprends plus rien. Il y a à peine un instant, tout le monde semblait s'accorder sur la mission, et là, tout bascule. Il a suffit d'un mot pour que l'harmonie du groupe s'effrite. Je me retrouve une nouvelle fois avec un trio de jeune gens en désaccord sonore, et que tente vainement de calmer une jeune femme à la voix à peine audible. Quand j'aperçois un poing qui se ferme et des éclairs qui crépitent, je décide d'intervenir.

Levant la main, je manipule mes fluides de lumière sans pour autant canaliser ma magie. La lueur produite finit par attirer leur attention sur moi. Aussitôt les quatre paires d'yeux dans ma direction, je pousse un long souffle entre agacement et déception. Finissant par me reprendre, je pose mes yeux violacés sur le visage de l'apprenti brun.

"Vous voulez un ordre ? Je vais vous en donner un. Apprenti Yamanori, passez devant, nous vous suivons."

Sans la moindre hésitation, je referme légèrement les paupières, laissant mon irritation paraitre dans mon attitude. J'ai beau être poli et patient, je ne suis pas là pour garder des enfants en bas âge.

"Et nous venons tous."

Sur ce, l'adolescent prend la tête du groupe avec un air de triomphe plaqué sur le visage. Avec une attitude pareille, je crains qu'il ne parvienne jamais à s'intégrer correctement.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Mar 11 Déc 2012 14:42, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 24 Nov 2012 17:04 
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Après être sorti de la Maison Rouge avec de quoi poursuivre notre mission, le petit groupe s'engage dans une ruelle partant à l'opposé du port. Juste avant que nous soyons hors de vue, les pas rapides de la belle ynorienne, connue de l'apprentie Aoyumi, la font nous rattraper. Décidé, je laisse la demoiselle en rouge lui parler, restant avec les trois autres à quelques mètres. Tous semblent réfléchir étrangement posément, sans doute sur ce que l'intendante nous a appris. Elle a beau connaître plusieurs sinaris d'Oranan, la situation d'un seul d'entre eux correspond. Ou plutôt, il s'agit d'un couple établi dans la cité, et tenant une échoppe modeste depuis quelques années, pour faire connaitre les spécialités de Shory.

En échangeant avec mes jeunes recrues, je comprends que nous avons à peu près tous la même idée. Ces sinaris possèdent une boutique, donc des déplacements conséquents de marchandises par leurs soins sont justifiés. De plus, quoi de mieux qu'être commerçant pour faire circuler un peu plus de yus sans éveiller les soupçons ? À entendre notre informatrice, le sinari ayant visité l'établissement carmin semblait si confiant, qu'en échange d'une bouteille de praijo et d'un beau sourire, il a même laissé des indications. Apparemment fidélisé, il revient tous les milieux de semaine pour discuter.

Croisant les bras, je demeure un peu perplexe, écoutant d'une oreille aussi attentive que possible les réflexions de mes subalternes. Par moments, je jette un coup d'oeil en direction de la demoiselle en rouge, tout en ressassant ce que nous avons appris.

Voilà l'astuce. Le sinari fait connaitre périodiquement un code à Chiyo, qui nous l'a chèrement vendu, permettant apparemment de se faire connaitre comme acheteur d'armes potentiel. Par prudence, les mots changent tous les trois jours, sans tenir compte du dernier de la semaine. J'ignore cependant pourquoi. C'est là que ma réflexion bloque. L'oranienne ne semble en rien rétive à vendre ses informations, code compris. Dans ce cas, comment se fait-il que la milice n'arrive pas à les coincer ? Savent-ils quand une opération contre eux va être menée ? Sont-ils si habiles qu'ils parviennent à dissimuler leurs armes aux yeux de tous ?

(Par la Dame de Lumière ! Nous obtenons de quoi répondre à une question, et une poignée d'autres déferle aussitôt. Au moins, nous savons où chercher.)

Du coin de l'oeil, je remarque que l'hôtesse transmet un petit rouleau à l'apprentie Aoyumi avant de tourner les talons. J'ignore si cela nous concerne, mais devant le silence de la jeune fille, je m'abstiens de l'interroger. L'atmosphère semble s'être quelque peu détendue, sans doute parce que notre groupe tient une piste plus concrète. Sans presser l'allure, nous atteignons bientôt la façade de la discrète et petite boutique d'importations sinarises, affichant une pancarte indiquant "Au Sinari Occidental". Si ce n'était le duo de marches précédant la porte, le bâtiment de style oranien serait de plain-pied, tout en longueur, et il m'apparait mitoyen de ceux qui l'entourent. Nulle trace de fenêtres, obligeant à se rapprocher de la porte pour en savoir davantage. Celle-ci est d'ailleurs entièrement ouverte, et des voix peu distinctes en émergent, me faisant penser à une discussion amicale.

Je m'arrête, imité par mes apprentis. Dans mon dos, Yamanori grommelle.

"Pourquoi on s'arrête encore ? On sait quoi faire, non ? Il suffit d'y aller et..."

"Et quoi ? Surgir en semant le chaos dans le bâtiment ?"

"Nous ne sommes pas encore certains de leur culpabilité. En tous cas, nous n'avons aucune preuve."

"Mais à quoi bon venir ici si on reste plantés là à ne rien faire ?"

L'elfe esquisse un sourire mesquin. Levant ma main, je l'applique sur mon front, entendant sans l'écouter la soudaine joute verbale entre les deux jeunes gens. Ce calme ne pouvait pas durer. J'admire encore un peu plus mes camarades instructeurs et leurs supérieurs. J'espère vraiment que les recrues vont finir par se faire violence et devenir plus disciplinées, parce qu'affronter ses camarades au lieu d'ennemis ne peut pas mener loin. Retenant un souffle contrarié, je fais un pas de plus pour avoir une meilleure vue de l'intérieur.

La boutique est agencée un peu comme l'herboristerie. Un comptoir coupe la salle à partir de son deuxième tiers, et les murs sont flanqués d'étagères larges et solides supportant divers objets. Certains sont de simples décorations, d'autres sont des tonnelets de petits gabarits, devant avoisiner la quarantaine de centimètres de haut. J'ai toutefois du mal à distinguer autre chose, la lumière manquant un peu à mesure que le regard s'enfonce dans la salle. Quelques tables rondes et tabourets garnissent l'espace. Rapidement, je dénombre trois humains dont deux assis à proximité de l'entrée, tandis que la dernière silhouette est accoudée au comptoir. Quelques mouvements légers attirent mon regard derrière, m'incitant à penser que les propriétaires ne sont pas loin. Cela se confirme quand un être de petite taille, amenant une petite barrique avec lui, s'avance vers les présents.

Je plisse soudain les yeux en réalisant deux choses. La première est qu'il s'agit visiblement du sinari décrit par Chiyo, parlant d'une voix amicale et plaisantant avec ses clients. Un peu plus petit que moi, bedaine visible sous sa tunique grisée, il arbore un faciès joueur et un peu rouge. Le second point est que j'ai l'impression d'avoir déjà vu ces trois personnes. Faisant un effort de mémoire puis de volonté, je m'abstiens de tirer des conclusions hâtives en les identifiant formellement, sans pour autant connaitre leurs noms. Pas de doute possible.

Ce sont aussi des miliciens.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Mar 27 Nov 2012 16:17, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mar 27 Nov 2012 16:17 
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Il ne me faut que quelques instants pour comprendre que si nous nous présentons ensemble, la suite de la mission va être compromise. Tout d'abord, je porte une armure au blason de la milice, mais voir ces frères d'arme ici me laisse penser que ce n'est pas la difficulté principale. Mon expression se ferme un peu quand je songe que soit ils ne sont pas au courant des autres activités de ces sinaris, soit ils sont impliqués dans le trafic. L'éventualité me peine, mais je me dois d'y songer. Me trouvant proche de la porte, leurs voix me parviennent plus distinctement.

Leur ton est tranquille ou presque, pendant qu'ils parlent aux personnes de petite taille de ce qu'il se passe à la milice. Ils se plaignent de leurs soucis personnels, mais donnent aussi certaines informations. Je suis interpellé par les noms prononcés. Visiblement ces hommes oeuvrent bien à l'office, et n'hésitent pas à parler des Uzuuma, ou même de certains capitaines. Tous trois semblent vraiment en confiance, et quand le tenancier leur demande adroitement des précisions, il les obtient. Apparence physique ou tic de comportement, des détails sont évoqués, y compris en ce qui me concerne.

Un soudain grondement émanant de l'un des apprentis m'alerte, me rappelant que notre petit groupe risque d'attirer l'attention en se montrant ainsi. Réfléchissant vite, je m'éloigne du bâtiment, faisant signe aux recrues de me suivre dans une ruelle voisine. Quand je me retourne vers eux, ce sont des expressions interrogatrices et déçues qui s'affichent. Les paroles arrivent rapidement.

"Pourquoi reculer ? On est au bon endroit, non ?"

"Peuh ! Une opération menée par Père n'aurait..."

"Boucle-la avec ton paternel ! Il n'est pas là, et je commence à en avoir ras-le..."

"Oh cela suffit, on a compris ! Donc, quel est le problème instructeur ?"

Songeur, je rajuste mon Fang Bian Chan. Préoccupé, je décide de faire part de ce que j'ai entendu à mes subalternes.

"Le problème... Disons que je commence à comprendre pourquoi les sinaris ne font aucun faux-pas quand la milice tente une approche. Il y a à l'intérieur un trio d'individus que je suis certain d'avoir vu travailler dans les locaux."

La réaction est immédiate.

"Des traîtres !"

Je lève aussitôt la main, secouant la tête négativement.

"Pas de conclusion hâtive, apprenti. Certes, ils parlaient de certains miliciens assez connus, mais je doute que leur intention soit de nuire. "

"C'est vrai. Pourquoi dévoiler des informations délicates si c'est pour être entendu de tous, et désignés coupables ?"

"Exact. Cela va donc être à vous quatre d'enquêter."

"Nous ?"

Aussitôt, les jeunes gens échangent des regards chargés de divers sentiments. Je lève les yeux au ciel, me demandant si c'est la meilleure chose à faire. Cependant je n'ai guère le choix.

"Vous ne venez pas, instructeur ?"

"Les miliciens parlaient de moi également, et s'ils sont aussi habitués des lieux que cela, ils auront informé les sinaris que le matériel de milice ne peut être emprunté, et porté, qu'en mission. Imaginez que je me présente à l'échoppe, et que je tente de faire usage du code. Que pensez-vous qu'il se passera ?"

"Rien, évidemment."

"Ou alors ils vont faire semblant de ne rien comprendre. "

"Shaakt et milicien... Cela n'est pas courant, même à Oranan. "

"Ce qui les rendra méfiants pendant un moment."

Une certaine chaleur m'étreint quand je ressens l'esprit d'équipe revenir dans ce quatuor, quand bien même certaines paroles sortent sur un ton désagréable. Il ne m'en faut guère plus pour reprendre confiance. Cette mission est éprouvante, mais c'est surtout à cause de l'encadrement des jeunes gens. Au moins, cette tâche m'oblige à faire preuve de patience, d'écoute et de compréhension. Il me faut choisir mes paroles avec tact et intelligence pour ne pas trop rebuter les apprentis. Je ne suis pas pour autant en train de les couver, mais malgré ma volonté de les traiter en égal, je dois garder en tête qu'ils ne sont que des débutants.

Pendant quelques minutes, nous échangeons nos idées sur la manière de faire. Les sinaris sont en général décrits comme amicaux, et à moins que la mentalité ynorienne ait déjà bien déteint, se lier à eux devrait être simple. L'assistante Chiyo nous a précisé que ces trois mots doivent être placés dans la même phrase, après avoir en main un godet de jus de betteraves. J'en ignore la raison, mais peut-être que cela fait partie de leur code. Toujours est-il qu'une décision est rapidement prise. C'est l'apprentie Id'Sharylzakië qui va tenter de passer une commande.

"Je n'ai pas toujours vécu à Oranan, alors si le sinari tente de me duper avec du vocabulaire de Shory ou d'engager une conversation, je suis la mieux placée pour réussir."

Le moins que je puisse dire est que l'hinïon semble déborder d'une confiance en elle inébranlable. Menton haut, posture arrogante, elle affirme sa présence et presque son côté indispensable. Même l'apprenti Mizutaka ne peut qu'acquiescer. Les deux autres humains n'y trouvent rien à y redire non plus. C'est donc la meilleure solution, et point fort supplémentaire, elle ne possède aucune arme visible. C'est peut-être un peu naïf de ma part, mais je pense que ce détail va l'aider à faire l'acquisition d'une lame. L'elfe blanche prend les devants, mais avant de pouvoir l'en empêcher, l'humain blond lui emboite le pas. Je retiens mon geste, priant Gaïa pour que rien ne dérape.

Peu après, les deux apprentis restants et moi allons nous poster non loin de la porte, attentifs. La demoiselle en rouge tapote régulièrement un petit sac que je viens tout juste de voir à sa hanche. La nervosité, sans doute.

Il ne nous reste plus qu'à attendre, et avoir foi dans les capacités des deux autres.

(Gardez votre calme, pensez à votre objectif, et tout ira bien.)



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Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 7 Déc 2012 19:00, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 28 Nov 2012 13:52 
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Je suis tendu et inquiet, au point que je dois faire un effort de volonté colossal pour ne pas me pencher dans le cadre de la porte. Je reçois de l'aide dans cette tâche grâce aux regards appuyés des deux autres apprentis. Ils semblent guetter mes moindres faits et gestes alors que je tends l'oreille. Plissant les yeux, je me fie à ce que j'entends pour visualiser la scène. Les bottes de l'elfe blanche cognent lourdement le plancher de la salle, m'indiquant qu'elle se rend à proximité du comptoir. Dans ses pas, les foulées étrangement souples du blond se font entendre. C'est la voix joyeuse de la sinarise qui s'élève le plus fort, saluant les arrivants.

L'apprentie Id'Sharylzakië n'a pas menti. À peine cette dernière a-t'elle répondu à la salutation que la commerçante s'enquiert de ce qui les amène. J'inspire lentement, attentif, mais redoutant une erreur de leur part. La seule chose qui me conforte est que, puisque nous sommes à Oranan, le risque qu'ils mettent leur vie en danger en se faisant connaître est minime. Toutefois, je suis surpris par l'approche de l'elfe. D'une voix hautaine, presque lassée, elle se plaint d'un mal du pays croissant, regrettant le temps où elle vivait au royaume d'Anorfain. Elle déverse un fiel certain au sujet de l'honneur déplacé des ynoriens en général, puis poursuit sa lancée sur des critiques concernant la gastronomie locale.

J'ai beau chercher à me convaincre qu'il s'agit juste d'un acte pour gagner leur confiance, je n'y parviens pas. Ses mots semblent si francs que je suis quasiment certain qu'il s'agit véritablement de son opinion. Pendant de longues minutes, elle échange avec la sinarise au sujet de l'est du continent, faisant peu à peu dévier la conversation sur Shory, puis sur le couple tenant cette boutique. À mes côtés, je sens l'impatience monter chez l'apprenti au katana, ce dernier se mettant à souffler en l'air régulièrement. Sa camarade, quant à elle, semble vouloir s'exprimer, mais dès qu'elle croise mon regard, ses lèvres se referment. Malgré mon envie de l'aider à parler, je reste concentré sur ce qu'il se passe à l'intérieur.

Un mouvement et une salutation m'incitent à remettre prestement ma capuche, dissimuler mon Fang Bian Chan contre moi, et tourner le dos à la sortie. Bien m'en prend, car dans les instants qui suivent, le trio de miliciens émerge du bâtiment. Immobile, je guette le son de leurs pas.

(Avancez un peu plus. Je n'ai aucune envie d'attirer l'attention sur moi.)

Mes oreilles pointues me rapportent le bruit de leurs enjambées en direction d'une autre ruelle. Ils retournent à l'office, très certainement. À entendre leurs discrets rires, ils semblent occupés à discuter de leurs achats récents. Tout comme mes apprentis, je reporte mon attention sur la boutique. Maintenant que les lieux sont un peu plus vides, je perçois plus efficacement les événements.

Un échange verbal empli de bonne humeur a pris place, surtout dirigé par le couple de sinaris. Je ne le savais pas, mais il semblerait que cet endroit existe depuis plusieurs années en ville, et est resté relativement modeste malgré sa popularité exotique. J'en demeure perplexe. Si leurs affaires vont bien, pourquoi s'être soudain mis au trafic d'armes ? Par ennui ? Par avarice ? Par esprit de revanche contre la milice ? Je ne peux que spéculer sur leurs motifs pendant que l'apprentie elfique tente enfin son approche, en commandant du jus de betteraves en godet. Rien ne change dans le ton des sinaris, qui demandent ensuite au blond ce qu'il veut prendre. À ma grande surprise, il fait preuve d'un véritable calme en formulant une phrase cohérente, et surtout contenant les trois mots.

Un court silence prend place suite au passage d'un oranien, venu chercher un tonnelet apparemment commandé plus tôt. Il ne s'attarde guère, et semble même pressé de quitter les lieux. Je n'y fais pas réellement attention, intrigué par le dialogue perçu.

(De quoi parlent-ils ? Il n'y a aucune cohérence entre les paroles de l'apprenti Mizutaka et le sujet des suspects.)

En effet, le couple semble avoir changé du tout au tout, demandant des précisions aux jeunes gens sur ce qu'ils aimeraient en terme d'alcool, et leur proposant plusieurs dénominations. Court et à l'effet moindre, court et piquant, au goût assez persistant et lisse ou rond, voire long avec amertume ou simplement long et piquant en bouche. Ils promettent que les cuvées sont toujours de qualité, mais que les boissons à effets étendus ou qui agissent plus tard sont un peu plus long à obtenir. Aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai un doute sur le véritable sujet de conversation. Néanmoins, n'étant absolument pas un habitué de l'alcool, toutes ces considérations me laissent songeur.

Pas Mégara.

L'elfe choisit sans la plus petite hésitation le breuvage aux effets moindres, prétextant qu'elle n'est pas férue du reste. En revanche, Mizutaka opte pour l'une des propositions plus forte. Il lui est répondu que ce produit est plus difficile à acheminer, et qu'il lui faudrait patienter jusqu'à leur prochain réapprovisionnement. Ce qui signifiait au moins quatre jours, synonyme de la fin de semaine, période où le couple refait ses stocks. Croisant les bras, je demeure pensif. Quatre jours...

(C'est vraiment long. Ils auront largement le temps d'écouler des dizaines d'armes pendant ce temps. Et je redoute que mes apprentis tentent quelque chose de stupide.)

Sous ma capuche, je dévie le regard en direction des ynoriens, rencontrant subitement celui de la demoiselle en rouge. Tout comme moi, elle a entendu la conversation, et tient en main ce que j'identifie comme une lettre en papier de riz. Quand elle est sûre que je l'ai remarquée, la jeune fille prend la parole.

"Je pense... Je crois que je peux aider à réduire le délai."

"Ah ? Tu peux faire ça ?"

"J'ai une missive qui le pourrait, je pense."

Elle a beau être intimidée, elle soutient mon regard, en attente d'approbation. Voilà encore une chose que j'ignore. D'où tient-elle cette missive, et que contient cette dernière ? J'aimerais la questionner à ce sujet, mais mon supérieur m'a bien rappelé que c'est à la nouvelle génération de travailler le plus. En conséquence, je prends la décision de lui faire confiance, et acquiesce résolument. L'apprentie Aoyumi irradie quelques secondes, visiblement ravie, puis elle me confie sa lame courte pour ne pas éveiller les soupçons.

Suite à cela, je la vois faire quelques pas rapides dans la rue, avant qu'elle ne s'engouffre rapidement dans la boutique. Je suis inquiet, mais je tente de ne rien laisser paraitre quand sa voix un peu essoufflée parvient à mes oreilles en pointe.

"Bonne matinée. J'apporte une commande urgente de la Maison Rouge."

Je croise discrètement les doigts, espérant que les apprentis ne se trahissent pas mutuellement. La voix enthousiaste de la sinarise soulage quelque peu mon inquiétude, indiquant que la missive est signée de la main de l'assistante Chiyo. Suite à cela, elle annonce au blond que sa commande pourrait arriver plus tôt que prévu. De longs moments passent avant que le reste du groupe ne quitte la boutique. Prudemment, nous décidons de nous éloigner des lieux, retournant dans une ruelle à l'écart. L'hinïon est en possession d'un tonnelet si petit qu'on dirait une choppe de belle taille, et elle grommelle, se lamentant sur ses yus personnels perdus à l'occasion.

"J'espère que la solde reçue compensera cette perte."

"T'es vraiment nulle en négoce. Payer aussi cher pour du jus de betteraves..."

"Garde tes commentaires, je n'en ai cure. Et en prime, j'ai horreur de cette boisson."

"Qu'il vous faut pourtant finir jusqu'à la dernière goutte, d'après les sinaris. D'ailleurs, je vous félicite. Vous vous en êtes très bien sortis."

"Vous en doutiez ? Au fait, apprentie, qu'est-ce que c'était que cette histoire de missive ?"

L'ynorienne au chapeau finit de rajuster son arme avant de répondre.

"Oh... Vous vous souvenez de mon amie ? Elle nous a rattrapé plus tôt. Elle m'a dit que Chiyo s'était souvenue d'un détail après notre départ, et que pour nous aider, elle nous a préparé un faux document."

"Nous avons eu le temps d'y jeter un coup d'oeil. Pour un faux, c'était du bel ouvrage. Belle écriture, papier de qualité, et sceau à l'encre rouge en guise de signature."

Je suis surpris par la prise de parole du blond, mais surtout par l'absence de son côté haut-perché. Serait-il en train de s'assagir ?

"Quelle humiliation pour notre noble personne que de trainer dans de tels endroits ! Si jamais nous avons des ennuis, vous en porterez l'entière responsabilité, instructeur."

Ah ? Non. Sauf que cette fois, aucun des autres apprentis ne rebondit sur la remarque, les regards tournés vers l'elfe. Cette dernière examine son bien sous toutes les coutures, l'ouvrant pour respirer l'odeur du liquide enfermé à l'intérieur. Je secoue la tête avant de reprendre.

"Bien. Grâce à vos efforts, nous savons qu'ils repartiront à leur dépôt demain matin, à l'ouverture des portes. Par contre, nous n'avons encore aucune preuve qu'il s'agit bien de nos trafiquants. Tout le laisse penser, mais concrètement, nous n'avons rien."

Le soudain bruit d'un morceau de métal heurtant les pavés me fait sursauter. L'hinïon semble extrêmement surprise, ses doigts passant sous le fond du tonnelet. La poussée semble avoir été suffisante pour faire pivoter le morceau de bois, qui vient de laisser tomber quelque chose. L'apprenti Yamanori se baisse, attrapant l'objet et l'amenant à nos yeux. Un air triomphal se lit sur ses traits.

"Il vous faut autre chose comme preuve, instructeur ?"

J'esquisse un sourire amusé, satisfait de ce que j'entends, et surtout de ce que je vois. Dans la main de l'adolescent brille une arme sans garde, un stylet d'une quinzaine de centimètres, à la facture délicate, et définitivement inconnue des forges ynoriennes.



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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Ven 7 Déc 2012 17:59 
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~17~



Le retour en charrette nous permet de revenir en ville rapidement. Pendant le trajet, j'ai constaté que ce n'est pas mon poignet qui a été blessé, mais l'un des os, celui qui se trouve à la verticale du pouce. Sur le coup, je ne m'étais pas aperçu de la chose, mais j'y palpe à présent une belle fracture en biais. Fort heureusement, même si elle est large et me cause une douleur sourde, c'est une cassure simple. Je ne perçois aucun déplacement, et m'efforce de ne pas faire usage de ce membre. Un peu contrarié, je secoue la tête, songeant que j'ai usé la totalité de mes fluides au village. Il m'est toujours possible d'ingurgiter une potion pour restaurer une parcelle de mon énergie magique, mais je m'y refuse. Je vais devoir confectionner une solide attelle et immobiliser mon avant-bras pour qu'il se remette naturellement au cours des prochaines semaines. Oncle Masaya ayant déjà aidé à soigner des fractures, je n'aurais qu'à lui demander conseil. Je vais de toutes façons avoir besoin de repos pour me remettre de cette mission. J'en profite pour adresser une longue prière à la Dame de Lumière, la remerciant pour ce don qui m'a une nouvelle fois grandement aidé.

Arrivés devant l'office, nous faisons descendre les prisonniers, rapidement pris en charge par des miliciens à l'intérieur. Je vais sans doute devoir faire un rapport détaillé à mon supérieur, mais je n'ai pas besoin de retenir mes apprentis plus longuement pour cela. Toutefois, quand ils se rassemblent autour de moi, je juge que c'est le moment opportun pour qu'ils partagent leurs impressions. Rajustant la sangle de mon arme sur mon épaule, j'observe les visages fatigués des jeunes gens. Un sourire s'affiche sur mes traits malgré la sensation désagréable courant dans mon avant-bras.

"Apprentis, en rang."

Mizutaka et Yamanori boudent à cet ordre, mais ils finissent par obtempérer.

"Bien, avant que je vous donne mes impressions, je veux entendre les vôtres. Commençons par vous, apprentie Aoyumi."

L'ynorienne en rouge s'avance d'un pas, puis elle adresse un regard à ses camarades.

"Je suis contente que tout le monde aille bien. La mission est remplie et... J'ai pu mettre en oeuvre mes compétences au combat."

"J'ai vu cela. Magnifique coup de poing. Je ne m'en lasserai jamais."

La demoiselle à chapeau s'empourpre un peu, visiblement ravie du commentaire. Elle recule bientôt, signifiant qu'elle n'a plus rien à dire. Je fais signe ensuite à Yamanori, l'adolescent bombant le torse tout en avançant.

"Eh ! Facile ! Je ne vois vraiment pas pourquoi la milice avait des problèmes pour régler cette affaire. Enfin, vivement la solde."

J'ai du mal à résister à ce réflexe de secouer négativement la tête. J'espère que cet ynorien finira par comprendre qu’œuvrer dans la milice avec cet état d'esprit ne le mènera pas très loin. Je m'attends à ce qu'il regagne le rang, mais il semble avoir autre chose en tête.

"Ne vous faites pas de fausses idées, je hais toujours autant les oreilles pointues, et je ne pense pas changer d'avis avant longtemps."

Immédiatement, l'hinïon le gratifie d'un regard où se lisent agacement et lassitude. Daichi Yamanori esquisse un sourire, mais il ne m'a pas l'air chargé de cette moquerie agressive dont il nous a fait la démonstration hier.

"Mais je peux faire une exception ou deux, si j'en ai envie."

Je pousse un léger souffle par le nez, finissant par secouer la tête. Il y a du mieux dans son attitude, mais c'est loin d'être satisfaisant. D'ailleurs, ce n'est pas parce que cette mission est terminée que les nombreux soucis que j'y ai noté ont disparu. Je demeure silencieux pour le moment, soutenant mon bras blessé sous ma cape, et incitant l'hinïon à s'avancer. Menton haut, elle me regarde avec un visage tout d'abord indifférent, puis une expression satisfaite y prend place. À son tour elle fait un pas en avant.

"Je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire avant mais... Vous êtes plein de surprises, instructeur. Qui aurait pu dire qu'il était possible de concilier magie curative et combat ? Mais ce n'est pas la question. Bon, pour ma première mission, je trouve que je m'en sors bien. Et contrairement à ce que disent certains..."

L'elfe blanche plante un regard acéré sur son voisin blond avant de reprendre.

"Ne pas savoir manier les armes ne constitue pas un handicap. La preuve."

Elle fait une pause, son expression perdant un peu de son air hautain. Avisant les côtes de Mizutaka, elle reprend sur un ton neutre, presque tendre.

"C'était un geste totalement irrationnel, stupide, et... À charge de revanche, petit maître."

Sans doute fait-elle référence à la flèche que l'ynorien a pris à sa place. Conservant mon mutisme, je ne fais qu'observer les jeunes gens. Certaines choses me frappent, comme le lien que cette épreuve semble avoir créé entre eux. Je leur dirai sans doute, après que Mizutaka ait pris la parole. Une fois que l'elfe a regagné le rang, je lui fais signe de parler. À mon grand étonnement, il garde les bras croisés, et les yeux au sol. Yamanori se penche, l'interpellant avec une certaine moquerie.

Le blond lui adresse subitement un regard courroucé, puis il lève le nez, avec un air visiblement boudeur. Et dire que je pensais qu'ils en avaient tous retiré quelque chose... Puisque le dernier refuse de prendre la parole, c'est à mon tour de le faire.

"Bien. D'après ce que j'entends, vous semblez avoir accepté la réalité de ces derniers événements. Je vais toutefois commencer par vous dire des choses que vous n'allez pas apprécier. Apprentis, vous avez encore beaucoup à apprendre. Je ne peux pas vous laisser croire que cette mission s'est parfaitement déroulée."

J'incline un peu la tête, fronçant les sourcils à cause d'un léger élancement dans le bras gauche. Cela ne m'empêche pas de poursuivre.

"Je sais que vous n'êtes pas dans la milice depuis longtemps, mais je veux que vous ayez conscience d'une chose. Pour un bon nombre d'entre nous, cette organisation est notre vie et notre fierté. Vous entendre médire sur vos camarades ou leurs actes, alors que vous ignorez tout des circonstances, me blesse considérablement. Vous ne serez jamais acceptés comme de véritables miliciens si vous dénigrez les efforts d'autrui."

Mes paroles sonnent comme de simples remontrances, mais c'est le moyen le plus direct pour les faire réfléchir.

"Ensuite, quand vous êtes en mission, peu importe que vous ne vous entendiez pas avec vos compagnons d'arme, il vous faut mener votre tâche à terme."

"C'est ce que nous avons fait, non ?"

"Ah oui ? Y seriez-vous parvenus si je n'avais pas été derrière vous, à vous remettre sur le droit chemin ?"

Là, mon ton est presque fraternel. Je ne leur fais pas de reproche direct, les incitant à revoir leur attitude tout au long de notre tâche. Je ne souhaite pas pointer du doigt chaque défaut, espérant qu'ils en prennent conscience par eux-mêmes. La demoiselle au chapeau baisse le nez, masquant son visage. Les autres détournent le regard, ou s'observent du coin de l'oeil. Esquissant un sourire amical, je poursuis mon discours.

"Lorsque j'ai débuté, j'ai du me débrouiller seul pour ma première mission. Vous, vous avez la chance d'avoir un supérieur à portée de questions. Entendez-moi bien. Il est vrai que vous me devez respect et obéissance, mais cela ne signifie en rien que je n'ai aucune considération pour vous. Après tout, j'ai aussi débuté un jour. Je sais que certaines choses sont difficiles à comprendre ou accepter, et vous devrez vous montrer courageux pour les affronter."

J'émets un bref souffle amusé quand je formule mentalement mes prochaines paroles, puis les fais connaitre.

"Si certains de mes camarades instructeurs m'entendaient, ils me trouveraient trop clément ou patient car bien plus stricts que moi, et je dois vous avouer qu'ils me font parfois un peu peur..."

Je perçois des souffles amusés, mais je ne cherche pas à en déterminer les auteurs.

"Mais laissez-moi vous dire que j'ai foi en vous. En vous tous. Vous avez visiblement la tête sur les épaules, vous savez obéir quand il le faut, et vous vous êtes montrés compétents aujourd'hui. Vous pouvez être fiers de vous, tout comme je le suis. Mais que cela ne vous monte pas à la tête pour autant. Nous avons eu de la chance, autant pour trouver nos pistes qu'au village. Gardez en tête que toutes les missions ne se finissent pas aussi bien."

Je plisse les yeux, repensant au gamin que j'ai tué pendant la mission d'escorte. Jamais je ne l'oublierai, et je suis parfaitement conscient que mes recrues seront sans doute exposées aux même situations. Je leur souhaite d'en sortir plus fortes et déterminées que jamais.

"J'en ai fini. Apprentis, votre tâche est terminée. Passez récupérer votre dû, et rentrez chez vous. Prenez du repos. Les blessures, qu'elles soient physiques ou magiques, ne sont pas à prendre à la légère."

Je leur souris amicalement en songeant que je ferais bien de suivre mon propre conseil, puis hausse un sourcil quand ils échangent un regard. D'un coup, les quatre jeunes gens se penchent en avant, collant leur poing droit dans leur paume gauche. Je suis stupéfait de les voir agir de cette façon sans que je leur ai demandé quoi que ce soit. Ils adoptent spontanément la posture respectueuse d'un subalterne, sans sembler contraints de le faire. Se faisant la voix de tous, Mizutaka prend la parole.

"Nous vous sommes tous les quatre reconnaissants pour votre enseignement. Merci instructeur."

"Merci instructeur."

"Merci instructeur."

"Merci instructeur."

Mon muscle cardiaque se met à battre si fort que je sens mon visage s'empourprer, et s'assombrir. Je lève immédiatement le revers de la main pour le masquer, détournant les yeux. Je les connais à peine, mais leur gratitude me va droit au cœur. Cela doit se voir puisqu'ils émettent de petits sons amusés. Je toussote bientôt, tentant de chasser mon embarras.

"Ahem ! Allez, ne perdez pas de temps. Vos soldes doivent vous attendre."

J'ai à peine le temps de prononcer ces paroles que Yamanori se rue à l'intérieur, agrippant la main de l'apprentie Aoyumi au passage. Id'Sharylzakië secoue la tête, lançant une pique à l'ynorien, qui répond sur le même ton. Pendant que je soupire, l'ynorien blond parvient à ma hauteur, me lançant un regard un peu en biais. D'une voix étrangement neutre, il me pose une question.

"Quand vous avez dit être fier de nous... Vous le pensiez ?"

"Bien sûr, apprenti Mizutaka. Mais l'important ce n'est pas que je le sois."

Il me gratifie d'un regard curieux.

"Ce qui compte, c'est que vous puissiez ressentir de la fierté en vous souvenant de ce jour, apprenti Mizutaka. "

Je le vois hésiter, puis faiblement acquiescer. La voix de l'elfe blanche l'interpelle, le prévenant qu'elle va finir par embarquer sa solde s'il ne se dépêche pas. Aussitôt, le jeune homme blond entre comme une bourrasque dans l'office, me faisant hausser les épaules. Visiblement, son moment d'égarement n'a pas duré. À mon tour, j'entre dans les bureaux, constatant que le quatuor est presque revenu à son point de départ. Je vais finalement garder pour moi cette remarque sur leur lien, songeant qu'ils doivent s'en être aperçus seuls. Il n'y a qu'une seule différence entre hier matin et maintenant, même si elle n'est peut-être que temporaire.

Je ne décèle aucune cruauté dans leurs paroles.



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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 19 Déc 2012 01:21 
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(((Je saute la partie de l'auberge car il ne se passe rien d'intéressant et je fais de même pour la récupération des armes chez l'armurier. Je ne sais pas si c'est autorisé mais je considère que sinon j'écrirais des lignes inutilement. Si c'est interdit dite-le moi et je ferais un post.)))

Le lendemain je me suis rendu à l'armurerie après avoir dormis à l'Auberge des Hommes Libres. La nuit s'était passé sans histoire et j'avais beaucoup récupéré de toute notre aventure.

(Rien ne vaut une bonne nuit dans un bon lit pour ça.)

Sur le chemin je vis Tirria et Edris se diriger vers moi, ils m'avaient repérer avant que je ne les repère à juste titre vu ma carrure. Ils étaient habillés très simplement, comme hier.

"Bonne journée monsieur Brrati, j'espère que vous avez bien dormi."

"Mais non maman ! Il veut pas qu'on l'appelle "monsieur", faut l'appeler Krochar !"

La remarque d'Edris me fis sourire.

"J'ai trouvé une auberge où j'ai pu passer la nuit et je me sens beaucoup mieux, merci. Vous venez me voir m'entraîner ?"

[color=#0040BF]"Je viens surtout faire en sorte qu'Edris ne vous force pas à le laisser s'entraîner avec vous."


Elle blaguais bien entendu mais elle étais tout de même protectrice de son fils. Une valeur respectable.

"Très bien, je récupère mes armes et nous essayerons de retrouver Line."

Finalement Line se trouvait devant le forgeron et elle nous fit signe en nous voyant arriver. Elle portait une robe voyante et un serre-tête richement décoré.

(Je ne l'imaginais pas coquette dis-donc.)

Elle me salua en s'inclinant et je lui rendais son salut.

"J'espère que votre entraînement sera fructueux. Vous pourriez même apprendre des techniques de nos gardes."

"Je ne pense pas qu'ils voudront bien m'apprendre quelque chose mais on peut toujours espérer."

L'armurier était content de me voir arriver à l'heure, me désignant comme un "client inhabituel mais au moins ponctuel." Il me rendis mon équipement en précisant que son père avait travaillé d'arrache-pied pour réussir un sabre en Kéraunos aussi bien.

(Hmm, il m'a l'air sincère, de toute façon je vais pouvoir en juger par moi-même.)

Je le remerciais et lui demandais de passer mes salutations à son père avant de ressortir et de faire signe à mes trois guides de m'accompagner sur le terrain d'entraînement.

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Barelfe vous frappe
Krochar Brrati, Garzok Barbare niveau 12 issu de guerrier, dans la ville d'Oranan

New Krochar rasé de près :
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Orque barbare un jour, orque barbare toujours :grr:

Quête 18 terminé ! 5 ans de quêtes mais ça en valait tellement la peine.


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Ven 4 Jan 2013 16:29 
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Je sortis de la boutique assez déçu de ne pas pouvoir récupérer tout de suite ma splendide armure. Enfin ! Cela me permettrait de me reposer un peu avant de reprendre la route vers Cuilnen. J’ignorais de quelle manière j’allais décrire tous les événements qui m’étaient arrivés durant cette folle semaine, mais bon… Une fois arrivée là-bas, j’honorerai ma promesse envers Jérong et repartirai assez rapidement en quête d’informations sur mon frère disparu avant qu’Andorian lui mette la main dessus et n’en fasse un de ses sombres fidèles. J’avais tant de choses à faire et si peu de temps pour les accomplir… Hé bien ! Je n’allais pas m’ennuyer ! De plus, j’avais des sortilèges forts intéressants à apprendre au cas où mon altercation avec le druide tournerait mal. Peut-être pensait-il que j’étais le jeune Kerkan un peu bébête qu’il avait rencontré dans le palais de la Reine ? Si c’était le cas, cela jouerait en ma faveur car depuis mes dernières péripéties, j’avais grandi, j’étais devenu un véritable enchanteur. Mes dons s’étaient accrus, ma maîtrise des armes avait elle aussi progressé. Pour faire clair, je ne me laisserai pas abattre par ce tâteur de cailloux.

(Bon, je vais retrouver Helce dans la forêt.)

Je me dirigeai alors vers les portes de la ville afin de passer la nuit à l’extérieur. Bien sûr, ce n’était pas ce qu’il y avait des plus prudents surtout avec la colère du sbire d’Oaxaca qui pourrait m’envoyer ses sbires insectoïdes pour me mettre les nerfs à vif. D’ailleurs, je n’en revenais toujours pas. Nous avions contrecarré les plans de ce monstre. Il faudra que j’en touche quelques mots au shamane, il pourra peut-être m’aider à trouver une solution contre cette saleté.

La journée était incroyablement belle. Quelques nuages venaient parsemer l’immensité azur. Tout ceci s’opposait tellement aux ambiances étouffantes que j’avais fréquentées ces derniers jours. Je revivais enfin ! C’était si bon de retrouver le monde dans lequel j’avais toujours vécu. Je repensais encore aux monstruosités qui vivaient terrées sur Yuimen. Les temps avaient changé, nous n’étions plus en sécurité. Un jour ou l’autre nous devrons agir pour lutter contre les forces de la Sorcière.

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Quête 18 : Un monde de rêve au pays des cauchemars

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Dim 6 Jan 2013 16:19 
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J’entendis un grand fracas qui me sortit de ma douce nuit. Pas de cauchemar, pas de rencontre inopportune dans mes songes. Rien… Nous en avions donc fini une bonne fois pour toute avec cette épidémie de cauchemars. Les orques n’étaient pas retournés dans le tunnel pour retrouver la porte des songes. Dans le pire des cas, ils ne l’avaient pas trouvée. Et puis, s’ils la cherchaient, il leur faudrait retirer tous les gravas ce qui n’était pas gagné étant donné la tuerie qui avait eu lieu dans cette grotte !

Le grand bruit sourd provenait d’Helce qui avait atterri non loin de moi. Je me levai rapidement, encore trop nauséeux pour pouvoir avaler quelque chose, je rassemblai mes affaires et me dirigeai vers Oranan. Je devais récupérer ma tunique osseuse et ensuite, il ne me resterait plus qu’à partir vers Cuilnen. Ce long voyage ne me disait rien, je n’avais vraiment pas envie de passer une semaine dans les airs à dos de Griffon. Je quittai donc la plaine et me dirigeai vers l’armurerie afin de récupérer mon bien. Contrairement à la veille, le ciel était couvert. L’orage n’était pas loin, j’allais devoir m’en aller rapidement si je ne voulais pas être trempé comme une soupe.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 20 Fév 2013 14:43 
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JOUR 1

Le conseil

Je restais bien cinq minutes dehors, contemplant les soldats et autres passants, essayant de me remémorer de surtout de me rendre compte du bourbier dans lequel j'étais. Le clan Orito... Tout ce que je savais d'eux est que c'est l'un des clans les plus conservateur d'Oranan bien qu’ils ne soient pas spécialement importants ni puissants. Ils étaient réputé également pour leur répugnance à traiter avec des étrangers mais...

(Pourquoi je pense à tout ça moi? je me laisserai dominer par le conseil alors que depuis mes 6 ans personne ne m'a jamais donné d'ordres? Ils sont stupides de croire que je vais attendre ce soir pour m’échapper et Aron devra être sacrement compétent pour me rattraper.)

Convaincu de ne plus avoir rien à faire ici, je me souvins également que jamais je n'ai quitté cette ville auparavant et qu'il va falloir que je m'exile non pas uniquement de la ville mais de la République toute entière! Quel dépaysement... Soudain je n'étais plus tout à fait sûr de moi. Mais, je prenais mon courage à deux mains et je me décidais à agir, je traversai d'un pas rapide les rues en direction de mon auberge alors que les gens tournaient le regard vers moi, intrigués par ma tenue de conseiller.

J'atteignis ma chambre sans problème, et je changeais rapidement; personne ne connaissait ma véritable apparence et je me revêtis de ma cape, mon masque et ma chemise en patchwork fétiche. J'attirerai certes l'attention mais ils ne chercheront pas un type avec ce genre d'apparence. J'aperçus mon reflet dans la bassine d'eau, le masque me donnait une apparence terrifiante, je repensais à tout ce que j'avais vécu ici... Et j'en déduis que je n'avais rien à y perdre et que de ma vie, seul des souvenirs négatifs ressortaient. Je secouais la tête pour ne plus y penser et sortait à grand pas de l'auberge.

Je dissimulais la tenue de Conseillé dans une carriole bloquée dans la rue, le cocher, trop occupé à se crier dessus avec un autre, ne remarqua même pas sa nouvelle acquisition.

Je me décidais pour la ville de Kendra Kär, cette immense ville me dissimulerai aisément et j'avais connaissance de possible départ discret en bateau, vers d'autres continents. Dans ma tête, je calculais environ la distance de trajet: 9 jours seront au moins nécessaire, 8 en marchant le soir.

Toujours de mon pas vif habituel je continuais en direction de la porte Sud de la ville. Je la connaissais comme ma poche... Oranan... Cette ville allai me manquer, quoiqu'il s'y soit passer je savais que son régime était unique au monde et j'en été devenue fier malgré moi. Les badauds me regardaient, intrigués, parfois méfiant ou même peureux, ils s'écartaient de mon chemin et chuchotaient entre eux à propos de mon apparence peu commune. Le conseil ne se dirigerait jamais vers la piste d'une personne qui s'est fait remarquer et je comptais là-dessus pour me faire la malle.

Le soleil pointé haut dans le ciel lorsque j'arrivais en fin à la porte. Abimée par les guerres incessantes, toutes les gravures qui l'avaient jadis ornée avaient disparus, remplacées par de profondes blessures et béliers et des renforts appliqués par les charpentiers d'Oranan. Il y avait tout de même une circulation importante sur cette route qui menait à la plus grande ville de Nirtim. Les gardes fouillaient presque toutes les caravanes mais n'avaient que peu de temps à donner aux voyageurs solitaires.

J'enlevais brièvement mon masque et fermais ma cape pour éviter d'être une exception et sortais de l'enceinte de la ville. J'étais presque déçu de m'en tirer aussi facilement, au vu de ce qu'était parvenu à faire le conseil sur ma personne, je pensais qu'ils auraient prévus quelques sécurités quand à mon évasion. Mais ils devaient certainement être trop sûrs d'eux.

Bien que je ne connaissais pas le monde extérieur il m'étais arrivé de sortir autour de la ville, dans la campagne environnante. J'avais prévus de m'y ravitailler pour le voyage à venir. En cette saison, les récoltes se terminées et les paysans avec quelques surplus qu'ils vendaient à des particuliers, afin d'essayer de faire quelques maigres économies. Je n'avais pas les moyens d'acheter une monture mais je trouvais bien vite une ferme d'apparence prospère. Je frappai à la porte et un paysans maigrelet vint m'ouvrir. Son sourire disparu bien vite quand il découvrit mon visage masqué à l'embrasure de la porte mais il se retint de me la claquer au nez.

-Bonjour, j'aimerai vous acheter quelque provision en vue d'un voyage, vous reste il quelque chose?
-Oh... (il me regardai toujours de manière suspicieuse) Je vais voir ce que je peux faire, pour combien de jours?

Je n'avais aucune expériences du voyage et me décidait à prendre de la marge, au cas où.

-quinze jours.

Il disparut dans sa ferme et fût vite revenu. Il me tendis ce que j'avais demandé, il y avait là un fromage à l'air appétissant, des fruits secs et des galettes de blé. Je lui donner l'argent qu'il me demanda sans négocier et il ferma sa porte sans un au revoir.

(La politesse des bouseux est à revoir...)

Je me décidais à lui faire confiance pour les quantités même si ce qu'il m'avait donné me semblait bien maigre comparé à ce que j'avais besoin. Je retournais sur la route, mon sac sur le dos et partais en direction de Kendra Kär, la fameuse.

Je n'avais pas l'habitude de marcher ainsi et je m’aperçus que mon endurance laissait à désirer... après avoir fait de nombreuses poses, trop à mon goût, le soir finit pas tomber. Je m'installais au bord de la route et essayait d'apprendre à allumer un feu mais je finis bien vite pas abandonner. Je mangeais quelques galettes et un bout de fromage en me disant que l'air chaud de l'été me suffirait. En une demi-journée de marche je n'avais pas encore traversé la campagne d'Oranan et je commençais à m'inquiéter du temps que me prendrai ce voyage, mais, malgré mon stress, emmitouflé dans ma couverture, je finis par m'endormir au doux son des criquets.


Route entre Kendar Kär et Oranan.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Lun 25 Fév 2013 15:27 
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Brouillard Protecteur



Fontaines Juvéniles




L'entrée dans la ville fut déroutante. Ici, plus la moindre trace de brouillard pour obstruer l'horizon. Malgré le soleil disparu, l'Oranan nocturne brillait de mille torches enflammées qui illuminaient la moindre ruelle et donnait une aura d'étrangeté à ces bâtiments surélevés, aux couleurs chaudes et aux toits multiples, richement décorés de symboles divers, mis en valeurs par des porches, des jardins, des fontaines et des torii.

Malgré l'obscurité, les rues n'étaient pas vides. Des gardes ynoriens, par groupe de cinq, patrouillaient. D'autres, aux armures se démarquant, semblaient protéger des lieux en particuliers.

Les liturges se dispersèrent, allant chacun rejoindre leurs familles. Seule Manisha resta avec Agadesh.

"Qui sont ces hommes ?", dit-il en montrant un groupe de trois sentinelles qui semblaient surveiller les alentours d'une riche maison.

"Des mercenaires. Des guerriers qui n'ont pas voulu rentrer dans l'armée ou d'anciens soldats d'ici et d'ailleurs qui offrent leur protection à de riches notables contre de l'argent. Si Oranan est attaqué, ils sont chargés de les évacuer hors d'Ynorie. Depuis que nous sommes en guerre, la ville attire tous ceux du continent. Je ne les aime pas, on dit que beaucoup sont d'anciens bandits, pirates et renégats, mais le conseil estime que des bras armés en plus ne seront pas de refus si Oaxaca réussit à pénétrer dans la ville. Et puis sans leurs présences, beaucoup auraient déjà quitté la ville..."

Elle fit une pause, baillant doucement puis reprenant :
"Allez, je vais vous mener à l'auberge et je devrais ensuite vous quitter. Je dois moi aussi retrouver ma famille, ils m'attendent."

Agadesh fut presque déçu d'entendre cela.
Il avait aimé voyager et discuter avec elle et, bien qu'il savait que leurs chemins se sépareraient à un moment où à un autre, il avait du mal à l'accepter. Cependant il ne voulait que cela se voit, et lui déclara :
"Merci pour tout Manisha mais ne les faites pas plus attendre, ils doivent être impatients de vous revoir. J'arriverais à trouver mon chemin."

"Vous êtes sûr ?"

"Évidemment."

Sur ces mots, ils se séparèrent en partageant des adieux pudiques.
Il devait continuer sa quête et ne devait se laisser distraire par les charmes d'une femme, soit elle aussi douce et aimable que Manisha. Il se surprit cependant à s'imaginer à la fin de sa quête revenir à Oranan avec une large dot pour sa famille. Il était prêt à lui sacrifier ses dix chameaux les plus robustes, chargés d'armes et de pierres précieuses, pour la ramener dans le désert. Un prix originalement réservés aux plus convoités des princesses...

Il rêvassait, perdant quelques attentions dans son chemin, ne cherchant pas réellement cette auberge.

Autour de lui n'étaient que des combattants à l'allure droite et noble, sergents ynoriens aux armures grotesques qui leurs donnaient des visages de monstres de cauchemars, archers et fantassins en tenue blanche et verte pourvus de yumis et de katanas, de cavaliers chevauchant de massifs ban'ei avec de solides armes d'hast en mains et des mercenaires exhibant leurs propres tenues et armements, souvent moins luxueuse et complètes dont certains tournaient un regard méfiant en sa direction. La ville entière était militarisée et il paraissait certain que les envahisseurs avaient à faire à forte partie contre cette défense d'acier. Oranan n'en était pour autant pas moins une belle ville, dont l'esthétique semblait avoir été aussi bien calculée que leur fonctionnement guerrier. Tout semblait parfaitement harmonieux, de la coupe des plantes au positionnement des roches en passant par la profusion de nombreux points d'eau dans lesquels on pouvait malgré tout surprendre l'action de la nature en action, le colibri solitaire butinant la fleur de lotus, la rainette sautant d'un nénuphar rejoindre ses têtards ou les lucioles errant entre les piliers de roche, de bois et de bambous. Il avança ainsi, charmé par les beautés de la ville et finit par arriver à la hauteur d'un grand bosquet dans lequel jouait, malgré l'heure tardive, deux enfants. C'était une jeune fille d'une quinzaine d'année et un petit garçon de la moitié de son âge jouant à faire des formes sur le sol avec l'ombre de leurs mains.

Lorsqu'ils aperçurent le nomade, ils furent soudainement particulièrement excités :
"Tsu, il est là !", dit la jeune fille.

Son petit frère se retourna et le vit :
"Enfin ! Je croyais que papa s'était trompé !"

"Papa se trompe jamais !"

Ils coururent vers lui en riant, attirant l'attention des passants.
"Monsieur, monsieur ! Mon papa il veut vous voir !"

"Tsu, je t'ai déjà dit de pas parler comme ça au gens !", dit-elle en grondant gentiment son petit frère.

"Bonjour monsieur, je suis Amaterasu et lui, c'est mon petit frère, Tsukuyomi. Mon père nous a dit d'attendre un homme en bleu et de le ramener à la maison dès qu'on le voyait."

Agadesh, interloqué, se baissa et lui répondit :
"Vous vous trompez de personne, les enfants. Personne ne m'attends ici."

"Mais si c'est vous, même que vous êtes venu parce que vous avez fait un cauchemar !"

"Qui vous a dit ça ?"

"Ben, Papa. Allez, venez s'il vous plait monsieur tout bleu !"

Un peu décontenancé, Agadesh suivit les enfants non sans se poser de questions.
"Comment votre père était au courant de ma venue ? C'est un des liturges de Moura qui l'a prévenu ?"

"Non, il n'en a pas besoin. Notre père est l'oracle. Il devine toujours tout, personne n'a besoin de le prévenir. Et notre mère, c'est la liseuse de rêve. Elle rentre dans les rêves des gens pour qu'ils ne fassent plus de cauchemars."

Le fils des dunes se tut. Ce peuple semblait être vraiment doté de mystiques étonnants... Il espérait juste que le prix à payer pour leur aide ne soit pas trop élevé...



Aspersion Rituelle

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Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

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Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Dernière édition par Agadesh le Mar 23 Avr 2013 23:40, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 3 Avr 2013 17:15 
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-Au voleur ! ! ! AU VOLEUR ! ! ! criait l'homme à la coiffure extravagante qui courait derrière moi, sa cape rouge sang volant et claquant dans le vent frais du matin. Il faisait encore noir et la lune venait de disparaître à l'horizon. Horizon qui se parait d'ailleurs d'une lueur rose caractéristique. L'astre solaire n'allait pas tarder à apparaître.

J'accélérai encore le pas. Mon poursuivant était tenace. Et rapide ! ! !

Mes pas étaient ralentis par le poids du livre à la couverture de cuir et à la reliure usée que je tenais entre mes bras et qui venait de délester le sac de l'homme à la cape.

Je ne suis pas un voleur, non. Mais quand vous aussi vous aurez passé plusieurs jours sans manger et que vous n'aurez plus un sou en poche, alors vous comprendrez que n'importe quel objet peut être un salut à vos yeux. Et de toute façon, rien n'appartient à personne. Si le droit de propriété existait, il faudrait rendre à ses parents ce qu'on leur doit : la vie. Et rien, ni personne ne posséderait quoi que ce soit, si ce n'est les Dieux. Et ce n'est pas à les prier que l'on devrait passer son temps alors, mais à leur faire la manche.

Enfin, bref. Toujours est-il que je connais quelqu'un qui me donnerait un bon prix pour un livre authentique et qui pourrait me permettre de manger enfin quelque chose. Car les réflexions philosophiques qui me taraudent l'esprit sans relâche, bien que nourriture de l'âme, ne suffisent pas à mon corps. Autrement dit, j'ai faim. Et cet homme, qui se balade à cinq heures du matin dans les ruelles, habillé en prince et coiffé comme tel, n'a pas l'air de souffrir de cet état, lui. Si seulement les gens étaient généreux et compréhensifs plutôt qu'avare et cupide...

Je laisse échapper un soupir. Grossière erreur ! l'homme à la cape écarlate était juste derrière le mur qui me dissimulait à sa vue et qui par contre, ne bloquait pas son ouïe.

Et voilà que la poursuite continue, à grands coups de "au voleur" ! ! !. Je cours, cours à en perdre haleine... L'autre cours, cours toujours... Je parcours du regard la place où je viens d'arriver. Elle est vide de monde. Tant mieux. Je cherche quelque chose qui pourrait m'aider, n'importe quoi... J'ai trouvé.

Je me dirige vers une flaque d'eau sur le sol, vestige d'une pluie récente. Et drue. La flaque fait bien cinq mètres de diamètre ! Je cours dedans, éclaboussant tout à la ronde. Mes bottes usées s'enfoncent dans l'eau. Je souris. Je ralentis la cadence. L'autre me talonne presque. À peine sorti de l'eau, je me retourne et regarde l'eau. L'autre s'arrête une fraction de seconde avant de comprendre ce que je fais. Il a encore les pieds enfoncés dans l'eau jusqu'à la cheville.

Je lance, comme parlant à l'eau :"Nén ! Elcyat !"

Aussitôt, l'eau, interpellée par l'ancienne langue, accepte mes paroles et comme je l'en ai prié, se change en glace.

L'homme est à présent immobilisé par une couche de glace épaisse et solide. Je prends la fuite en courant, le livre toujours entre mes mains. Et me dirige vers les habitations d'Oranan.


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Des armes, au secret des jours
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poésie dans les discours
'Des armes, Noir Désir.'



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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Dim 14 Juil 2013 02:57 
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Intervention gmique pour Pépin


Jet de dés Attaque de Pépin: Réussite
Jet de dés riposte du filou : Échec


Comme le petit lutin l'avait prévu, il tomba droit sur la tête du filou, en plein dans le front de ce dernier qui perdit pied et tomba sur le dos, le soufle coupé. Tout en tombant, le vilian battait des bras dans tous les sens afin de t'attraper, mais sans succès, il n'attrapa que du vide.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Lun 15 Juil 2013 23:26 
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^^

*BOUM*

- Yaaah !
- Yihahaaa !
- YIHAHAAA !!!

Ils tanguèrent, roulèrent, boulèrent et la vue du petit lutillon si fier ne distingua plus rien sinon un fatras de harpails recouverts de poussière.

Il n’avait fallu qu’une demie seconde à peine à Pépin pour piquer, vriller et puis planer. Tandis qu’il tombait, tombait sans s’arrêter, c’était comme si des myriades de mini-fourmis avaient soudain décidé de l’envahir tout entier. Yeux écarquillés et bouche déformée par un mélange invraisemblable d’euphorie et de terreur, il avait vu le sol se rapprocher à toute vitesse – (et qu’est-ce que c’est grisant, nom d’un follet dansant !)

Un instant à peine – parce que, par Yuimen, il n’eut pas beaucoup plus de temps pour y songer à son gré – il crut bien qu’il allait à nouveau manquer son coup… mais bien vite il se retrouva cramponné aux cheveux du malveillant malvenu, histoire de ne pas subir d’autres déconvenues. Ce fut ainsi qu’ils se retrouvèrent affalés par terre.

Mais pas de temps à perdre ! car déjà cet immense coquin de malandrin s’efforçait de mettre la main sur son petit assaillant en proie à son instinct. Pépin bondit et rebondit, sans plus penser à rien qu’à sauver sa vie. Ses muscles de héros en herbe se bandèrent et relâchèrent à la vitesse de l’éclair, se faufilant entre les doigts de l’adversaire. Roulade avant, roulade arrière, il se permit même un poirier un tantinet... déconfit. Ce ne fut qu’in extremis qu’il s’agrippa au pouce du voleur tandis que le géant se redressait sur son séant. Balloté et secoué comme un prunier, le lutin vit soudain trente-six chandelles valsant autour de sa petite tête et subit un si violent tournis que cela le força à lâcher son ennemi. En un clin d'œil, l’obscurité s’épaissit autour de lui, sans qu'il eût une quelconque idée de ce que cela pouvait bien signifier.

Il lui fallut attendre de reprendre ses esprits : quelques secondes, il crut s'être retrouvé à bord de ce bateau si fantastique sur lequel toute cette débandade avait commencé. Pépin attendit que les loupiotes eussent fini de clignoter devant ses yeux troublés (et qui, il faut bien l'ajouter, louchaient tout leur soûl), et bientôt il émergea de la sombre léthargie provoquée par les coups du malfrat. Ce fut alors que la lumière se fit pour lui (*ahem*) : il se trouvait enfoui au creux du capuchon de son lut-nappeur momentané !

Il se paya une belle tranche de rigolade en le voyant se tourner de droite, se tourner de gauche, encore et encore, dans l’espoir d’apercevoir le lutin qui avait disparu sans qu’il l'eût vu. Quel ne fut pas le plaisir du lutin, de se planquer entre les plis, une fois, deux fois, hop d'un côté, hop de l'autre, tout ça pour le désorienter ! Il se fit fort d'étouffer ses pouffements de rire, lesquels ne manqueraient pas de dévoiler sa position stratégique de lutillon oaxacique. Et quelle douleur c'était ! Surtout quand il voyait, par-dessus le parapet de sa cachette maléfique, les regards inquisiteurs, circonspects ou moqueurs des Oraniens qui croisaient dans la rue cet olibrius en quête de son ami imaginaire.

Rien de plus drôle que de voir son ennemi devenir fou et faire un tour sur lui-même... mais surtout, cela permit à Pépin d'aviser un détail qui l'aiderait à fomenter un plan par trop méphistophélique. (Hinhinhin). Il fallait agir vite ! Jouant de ses talents d'acteur de renom, il se racla la gorge et toqua au crâne de son ennemi, qui se retourna sur le coup et se prit une porte qui s'ouvrait à la volée.

Définitivement étalé à terre, le malfrat avait perdu la guerre. Bombant le torse de fierté, Pépin se jucha sur le nez du voleur assommé et héla des miliciens pour qu'ils finissent son ouvrage. En une seconde, il était remonté sur le toit, avait récupéré la poupée et l'avait remise à ces trois soldats dont les traits fins et la peau de lait n'infirmaient pas leurs orgines ynoriennes. Tout bouffi d'orgueil au vu de cette mission héroïque dûment remplie, et malgré la tristesse de ne pas avoir revu le lutin des champs, il fanfaronna tant et si bien qu'il ne prit pas conscience que les miliciens étaient moins enthousiastes qu'atterrés face à ce lutin fantasque. Ils échangèrent un regard étonné (pour ne pas dire effrayé) que Pépin ne surprit pas, et tandis que le petit héros se pavanait comme l'eût fait Ganache Hécamoustache le Hardi, ils relevèrent le voleur, époussetèrent son habit noir et lui rendirent la poupée en le noyant de plates excuses.

Mais alors qu'ils s'apprêtaient à suivre le lutin pour le remettre aux dévots de Gaïa et à leurs cures pour zinzins, notre Pépin s'était déjà volatilisé. Et ce qu'il ne vit pas, tout sot qu'il était, ce fut le bien vilain malandrin s'éloigner le cœur léger, sourire en coin. Il dévêtit la poupée lovée au creux de ses mains, laissa tomber le chiffon aux yeux faits de boutons. Pour sûre, elle avait de quoi être lourde : tandis que le tissu choyait à terre en chuchotant, il dévoila aux yeux curieux un singe d'or bien rutilant...

Mais pourquoi Pépin aurait-il pris la peine de rester dans les parages, quand l'objet de ses recherches se trouvait justement sous ses yeux : il avait pénétré l'antre d'un enchanteur, le sein de la Belle Aura.


>>

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Dernière édition par Pépin le Mer 24 Juil 2013 19:51, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mar 23 Juil 2013 22:27 
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<<

- YOUHOUUUU !!!

Cela faisait déjà bien dix minutes que Pépin avait quitté la Belle Aura, mais tout au long du chemin il s'était trémoussé au rythme de la chanson de la victoire - et il n'aurait pas bientôt fini, assurément !

- Ta-lalala, ta-lalala, ta-ta-ta-ta-laaa !

Il n'avait pas eu le cœur de dire à ce bon vieux Ichiro Hirotoshi, l'envoûtant enchanteur qui s'était révélé si sympathique après deux petites heures à faire la causette devant un saké, qu'il savait déjà, tout freluquet lutillon qu'il était, qu'il détenait une rune. Sa question (qui soit dit en passant lui avait coûté une bourse d'yus bien replette), c'était de savoir ce que ça voulait dire, de la détenir. Et quelle ne fut pas son excitation lorsqu'il apprit que le vieux Péperci avait raison ! Ces cailloux, ils étaient ma-giques. Il finit même par savoir de la bouche du marchand que sa rune, à lui, voulait dire Jet, ce qui à coup sûr allait être d'une grande utilité pour apprendre à lancer !

Ce fut même avec plein de palpitations dans son tout petit cœur qu'il reçut une autre information : ces pierres, on pouvait les faire incruster - et même, peut-être bien, dans un kunaï adoré ! Alors il avait quitté Ichiro, non sans faire quelques grimaces à la salamandre rose du miroir au passage, et puis il se remit en route en nourrissant le rêve de voir l'arme offerte par sa tendre et jolie maman devenir magique.

Ses pensées l'emmenèrent de ci de là, tandis qu'il arpentait les rues. Jamais, de toute sa vie, il n'aurait cru qu'il pourrait parler à autant de géants en si peu de temps ! Lui qui se les imaginait froids et distants, ces gens-là étaient pour le moins charmants : sur le chemin, il fit gazouiller trois fillettes en les régalant de pirouettes super-chouettes, s'attira deux ou trois sourires et même le clin d'œil amusé d'un très, très bel elfe efféminé. (N'oublions tout de même pas le coup de patte du chat, la glissade droit en avant, l'avalanche de riz, l'éléphantesq...)

- Mais maintenant, hors d'Oranan ! s'écria Pépin pour couper court à la drôle de voix qui se manifestait encore une fois dans sa tête.

Après tout, il était investi d'une mission, et pas des moindres. Il lui fallait retrouver ses lutillons de compagnons, eux qui devaient être au camp sous les ordres de Fauche-le-vent.

Il embrassa d'un regard les ruelles grouillantes de la ville qui l'avait accueilli, où les centaures avaient conduit ses pas, où il avait prié Yuimen-au-Citron-Meringué pour la première fois, où il avait découvert pagodes, jardins et singes de jade. Et la mer... Rien que d'y penser, son petit cœur faisait encore des bonds. Vraiment, sa première grande aventure ! La plus grande, à coup sûr : qui eût dit que ce petit lutin, bien au chaud dans son cocon de Bouh-Chêne, aurait eu le cran de quitter sa maman, de pourfendre des méchants et de poutrer du zombie, et puis de se promener parmi des géants, eux qui se pavanaient tant dans les légendes et les chants ?

- A présent : SUS AUX DUCHES !

Il se gratta la tête un instant.

- Euh, mais dites, les Duchés, c'est à gauche ou à droite ?


vv

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Dernière édition par Pépin le Mer 24 Juil 2013 21:01, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 24 Juil 2013 02:03 
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Le petit lutin, tout enhardi par ses découvertes au sujet de la rune, ne passa pas inaperçu dans les rues avec toutes ces galipettes et pirouettes. Trop occupé à chatonner, il ne remarqua guère la femme, probablement une mendiante assise par terre, adossée à un mur de briques, un luth entre les mains et dont le visage était dissimulé sous sa capuche. Cette dernière, bien qu’elle semblait inoffensive et endormie, ne l’était pas pour autant. Aussitôt que Pépin la dépassa, la femme encapuchonnée se leva lestement et à pas feutré rejoint le petit lutin. Ce dernier eut à peine le temps de se retourner et de voir une partie du visage de son assaillante avant de se retrouver enfermé dans un sac de voyage.
« Bienvenue dans ma petite famille. » Lui dit la femme d’une voix qui se voulait bizarrement aimable pour un kidnappeur de lutin.

C’est ainsi que Pépin fut drôlement secoué dans un sac pendant tout le trajet où la porteuse chantonnait d’une voix juste et agréable.

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