L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 23 Avr 2015 15:55 
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Le retour à la surface de Vohl marque comme une renaissance. Fini, pour un temps, l’exhalaison pestilentielle des entrailles de la terre. Le vent l’accueille avec violence, lui souhaitant un bon retour dans le monde d’en haut à grand renfort de gifles glacées. Etant donné la position du soleil, que l’on devine à peine derrière la couche nuageuse, le voleur estime rapidement que l’on a dû passer l’apogée solaire depuis bien deux heures.
L’horaire ne fait cependant que brièvement partie de la liste des réflexions, cédant rapidement place à l’urgence de la situation. En bas, sous une grille d’égout, parmi les détritus et le délicat fumet des reliefs de repas, un enfant blessé attend des soins. Une connaissance d’un jour, certes, mais d’un jour qui fût particulièrement important pour l’ex-soldat : un de ses premiers jours en tant que voleur. Les premiers jours d’une deuxième vie, destinée à venger et protéger, destinée à se fondre dans les ombres. L’esprit de Vohl s’écarte du passé pour revenir sur le présent. Il lui faut du fil, pour recoudre la plaie qui barre désormais le visage de son protégé. Non pas que Vohl soit un as de l’aiguille ou un féru du crochet : il était simplement soldat. Jamais il n’a assisté de médecin pour une opération chirurgicale, pas plus qu’il n’a pratiqué, sur un de ses camarades tombé au champ d’honneur, une tentative désespérée de rafistolage d’un bras avec son malheureux propriétaire. Mais c’est un fait notoirement connu : les anciens, les vieux « loups de guerre » comme avait coutume de dire Rengher, aiment à effrayer un peu les nouvelles recrues, fraichement sorties des classes militaires et dont les seules blessures au compteur ne sont encore que des égratignures aux genoux. Dans le cas des plus encanaillés, un nez brisé. Pendant les batailles auxquelles il a participé en tant que soldat, Vohl avait rapidement cessé de compter les veilles de combats où ces honorables commères militaires décrivaient par le menu les atrocités qu’elles avaient subies ou auxquelles elles avaient assistés.

(Plus ou moins indirectement, d’ailleurs.)

Il est vrai que lorsqu’une recrue se prenait au jeu et laissait s’exprimer sa soif de sang, exigeant les détails les plus croustillants de l’affaire, il n’était pas rare que certains soldats aguerris révèlent leurs sources – et jettent par la même occasion aux orties la crédibilité de leurs racontars – : souvent tirées d’histoires venant d’amis de leurs amis, échangées autour de quelques pichets d’alcool, les anecdotes avaient d’autant plus de détails inventés lorsque ses auteurs avaient ingurgité des verres et des verres de liqueur. La petite veillée finissait souvent là-dessus, les anciens contents d’avoir fait valoir leur ancienneté et les jeunes rassurés que les vieux n’aient pas de sources sérieuses. Jusqu’au jour suivant, leur baptême de guerre, qui signait pour beaucoup l’arrivée brutale de l’horreur dans leur douce réalité. C’est au cours de plusieurs de ces soirées que Vohl avait noté qu’une partie de l’histoire, souvent décrite avec exagération et moult détails sanguinolents, était la guérison des blessures sévères plutôt que l’acte lui-même.
Une fois détectées et éliminées les parties irréalistes ou exagérées du discours, deux éléments ressortaient : un crochet, ou à défaut une aiguille, ou bien un bout de métal effilé, et un fil. Après une brève réflexion, un seul fil semblait correspondre aux propriétés nécessaires pour réaliser des opérations délicates.

La pêcherie, un quartier du port, semble être un lieu idéal : Vohl dirige ses pas vers la mer. La ville s’ouvrant devant lui ressemble de plus en plus à un lieu abandonné, en dépit des habitants qui ont su trouver le courage de braver les vents violents qui balayent les pavés. Privés de la lumière du soleil, qui semble ces jours-ci avoir rangé Oranan sur sa liste noire, les bâtiments de bois chauds et colorés se rapprochent d’un gris pierreux et poussiéreux. Comme si l’astre du jour, en désertant la cité portuaire, avait emporté sa couleur et sa substance. C’est dans cette Oranan aux allures de ville-fantôme que progresse Vohl. Les cris du vent, tels les hurlements des banshees qui hantent les contes pour enfants, ne se taisent que pour accorder un peu de place au bruit des déferlantes qui se brisent sur la digue du port.

(J’y suis bientôt.)

A l'aveuglette

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Dernière édition par ValdOmbre le Lun 18 Mai 2015 20:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Dim 10 Mai 2015 11:47 
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Dans la rue, Vohl maintien son port, l’agrémentant d’une démarche de noble empressé. Les jambes raidies et les bras figés le long du corps, tel un petit nobliau de basse-cour imbu de lui-même : un observateur quelconque pourrait s’y laisser prendre au premier abord. Ce qui ne l’empêcherait pas par ailleurs de se moquer grassement du pas de l’oie habillée qui parcourait leur rue. Mais tout cela supposerait actuellement que les habitants d’Oranan puissent voir la rue sans y être. Vohl ne prend pas un grand risque de passer pour un coq pompeux, puisque la rue, déserte, n’offre son spectacle à aucun œil moqueur. A la première rue partant vers la gauche, Vohl s’engage de sa démarche ridicule dans la venelle salvatrice… avant de céder à l’envie de voir le résultat de sa comédie. Un coup d’œil bref ne lui permet pas de savoir si le marin a décampé en direction des gardes, ou s’il a repris ses esprits et décidé que tout ceci n’était qu’une franche plaisanterie. Cela importe peu à Vohl qui, satisfait de son entreprise, tient fermement la pelote de fil de pêche emmêlé dans sa main gauche.

Le voleur s’accorde une trentaine de seconde pour s’enlever avec précaution les hameçons qui se sont fichés plus ou moins profondément dans son épiderme : certains sont douloureux à retirer, et plus d’une fois son bras tressaille lorsqu’il en retire un aiguillon, mais ses années de services militaires rendus à Oranan lui ont déjà infligé bien plus que de simples piqures. Aucune blessure n’est particulièrement profonde, même si Vohl prend note que certaines seront à surveiller, puisqu’il doit à présent retourner dans les égouts qui parcourent la ville. Une fois la brève inspection terminée, Vohl s’intéresse de nouveau à la rue : si l’innocent marin est vraiment parti alerter un garde du phare, le répit du voleur risque d’être de courte durée.
L’artère n’est pour l’instant battue que par la pluie et le vent, nulle trace de militaire : le voleur s’élance pour traverser la voie et s’engouffrer dans la première rue qui s’offre à lui, à l’opposé de ce qu’il a indiqué au pêcheur. Son corps se réhabitue progressivement à la liberté qui lui a été rendue à peine une semaine auparavant. Si sa musculature a repris un tonus suffisant pour les efforts intenses mais de courte durée, sa course d’un peu moins de six cent mètres le laisse néanmoins essoufflé. Haletant, les mains sur les cuisses pour reprendre sa respiration, Vohl entend des pas rapide. Il tend l’oreille pour tenter d’estimer le nombre de personnes…peine perdue : c’est le battement de son cœur qui lui empli les oreilles. Dans le doute, le voleur se décide à prendre toutes les précautions possibles. Après tout, prudence est mère de sureté. Se redressant rapidement, Vohl poursuit rapidement sa route dans la ruelle. Sur quelques pas seulement. Un voile noir lui passe devant les yeux, alors que presque tous les sens du voleur disparaissent. Seule l’audition lui permet de savoir que quelque chose est tombé sur les pavés. Ses jambes et sa bouche semblent pendant un bref instant être remplies de coton. Après ce qui lui semble être de longues minutes, le voile se lève enfin sur ses perceptions. Les pas ne se sont que peu rapprochés de la ruelle dont il constitue maintenant un nouveau revêtement : l’ancien soldat ne s’est effondré que quelques secondes. De précieuses secondes néanmoins. Se relevant en hâte, il ne prend pas le temps de s’épousseter avant de courir jusqu’au croisement suivant. Une sage initiative… qui lui prend tout de même trop de temps. Des voix se font entendre dans la rue qu’il vient de quitter. Maudissant sa faiblesse, Vohl se rue en direction de la grille qui lui permettra de rejoindre le monde souterrain.

(Entre deux maux, il vaut mieux choisir le moins pire…Si ces patrouilleurs m’attrapent, je suis cuit. Désertion de l’armée, meurtre, et fuite… Pas besoin de s’appeler Jer Em’Yad pour deviner le sort qui m’est promis. Au moins, dans les égouts, j’ai une chance de m’en sortir.)

Tout en se pressant, Vohl attend d’avoir récupéré un peu pour se remettre à courrir. Ses réflexions rebondissent sur le nom d’une ancienne connaissance : vieux prestidigitateur, Jer Em’Yad appartenait à une des bandes d’amuseurs qui passaient couramment vendre leurs spectacles sur les places d’Oranan. Malgré son âge, le vieil homme accompagnait toujours la troupe, et avait remplacé ses cabrioles et sa dextérité par sa verve et son intelligence : le tour favori de Vohl avait pendant longtemps été le fait de deviner à quoi pensait un volontaire du public en un minimum de questions. Ce tour connaissait d’ailleurs un franc succès…jusqu’à ce qu’un noble, offensé de la révélation faite par le vieillard, le pousse de l’estrade en bois clair. L’ancien de la troupe était mort sur le coup, la nuque brisée.
Vohl referme cette parenthèse de son passé pour se concentrer de nouveau sur la tache quelque peu ingrate qui lui tient relativement à cœur : survivre. Il se met à courir, et ses pas résonnent sur les pavés comme autant d’appels pour les gardes. Leurs voix sont de moins en moins nombreuses, mais de plus en plus fortes. Les cris qui sont atteignent les oreilles de Vohl ont aussi changé d’intonnation : du ton blasé du chef de patrouille certain d’avoir été dupé par un marin, on est maintenant passé au soldat gradé qui ordonne à ses hommes de retrouver une proie. Vohl est presque arrivé à la grille.

« Halte ! Toi, là-bas ! Ordre de t’arrêter ! »

Vohl est face à la grille. Et le soldat le regarde, l’air furieux. Les choix divisent Vohl : s’enfuir au risque de plus jamais pouvoir ressortir ? S’enfuir avant de se faire rattraper ? Ou se rendre ? Ou combattre ? Chacune aboutit, en fin de course, à une impasse.

« Mainte… »

Le soldat se fige, les yeux écarquillés. Tombe à genoux. Révèle un homme encapuchonné, caché auparavant par la masse du guerrier.

« Tu fais trop de bruit en courant… »

Un ton las, comme s’il venait de réaliser une chose sans importance. L’âme de Vohl se divise aussitôt en deux parties qui cherchent à se déchirer. L’une, reconnaissante, le pousse à remercier l’inconnu, à lui faire confiance. L’autre, révoltée qu’il puisse porter si peu d’importance au meurtre d’un soldat loyal à l’armée d’Oranan, lui dicte de laisser l’homme avec le cadavre, et de s’enfuir. Ses émotions l’ont pris par surprise, et l’ancien soldat n’a pas pensé à figer le masque de l’indifférence. L’inconnu voit défiler avec amusement les émotions du voleur sur son visage. Un coin de sa bouche, visible, tressaille : cet parodie de sourire fait réaliser à Vohl son erreur.

« Cesse de réfléchir, mon garçon. Tu semblais pressé. A moins que tu n’aies changé d’avis, je te suggère d’ouvrir cette grille. »

Si le visage de son sauveur a montré un signe d’émotion, sa voix, elle, est en revanche toujours aussi distante.

(Les réflexions seront pour plus tard, en effet. Pour l’instant, les égouts restent le choix le plus sûr. Et pour ce qui est de cet homme…qui vivra verra ! Mieux vaut une mort potentielle qu’une mort certaine. )

Les Fils d'Aryan

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Dernière édition par ValdOmbre le Dim 6 Sep 2015 19:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 6 Juin 2015 16:26 
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Droit comme un I, Vohl se tient devant la grille qui s’est refermée après son passage, dans un tintement métallique qui a vrillé les tympans de l’être enfoui au plus profond de lui. Le voleur ne bouge pas, perdu. Ses perceptions sont encore embrouillées par l’expérience qu’il vient de vivre dans les égouts. Ses sens, tantôt engourdis, tantôt exacerbés, le noient sous un océan d’informations, comme autant de brûlis fendraient la muraille d’un port. Une digue a cédé dans son esprit, et la terreur que provoque chez lui cette perte de contrôle donne à toutes les autres informations un ton inquiétant. Le soleil qui brille dans le ciel semble avoir déchiré le manteau de nuages qui habillait la ville ces derniers jours. Sa position dans le ciel indique que Vohl a passé la nuit dans les égouts, entre son inconscience et la guérison de son patient.
La paranoïa serre le cœur de Vohl entre ses griffes. Chaque courant d’air charrie une odeur qui peut l’inquiéter. Chaque son peut cacher un danger approchant. Les mains de la victime sensorielle ont agrippé ses armes sans même qu’il s’en rende compte. D’un mouvement saccadé, le voleur se remet en route. Les jambes raides, tous les muscles contractés, sa démarche le rapproche plus du paralysé que du pas fluide attendu de la part d’un voleur. Néanmoins, quelque chose dans son aura a changé. Un sentiment qui tranche avec la peur qui a envahi la prunelle de ses yeux bruns, dilatant sa pupille comme celle d’un chat en colère. Colère sous-jacente, contenue, qu’un homme entrainé à lire sur les visages aurait peut-être pu noter. La colère d’un animal retenu en cage pendant des années, ayant renoncé à l’espoir de s’évader, avant qu’un tremblement de terre ne déchire le métal de ses barreaux. Deux volontés se battent à mort derrière un masque d’indifférence, trahi par l’iris presque entièrement noir, fenêtre sur une âme sur le point de basculer dans la haine la plus pure. C’est une bête blessée qui déambule au hasard des ruelles d’Oranan.
Il est tôt et le voleur n’a encore croisé personne. Les rues désertes s’ouvrent devant lui. Le marcheur est aveugle au monde qui l’entoure, tout en captant pourtant les messages subtils véhiculés par son environnement. Des ordures répandues dans une ruelle. L’orage semble avoir sévi jusque récemment. Un chat qui s'enfuit lui file entre les jambes. Des discussions portées par le vent. Apparemment, Oranan profite d’un épisode d’accalmie dans la tempête qui menace les côtes. Les hommes sortent dans les rues sans y être contraints par le devoir. Une odeur de sang plane dans les airs. Un mouvement de la bête au fond de son âme fait relever la tête au jeune homme.
Le voleur débouche dans une ruelle. Aucune idée de comment ses pas l’ont mené ici, dans cette ruelle précise – et il n’est pas loin de s’en moquer complètement - . Une odeur aigre de sueur arrive jusqu’aux narines de l’homme, mêlée à celle, plus lourde, d’excréments. Un tissu brunâtre, dont les nombreuses coutures prouvent que la pièce a connu plusieurs vies de labeur, s’interpose entre le voleur et son but d’errance. Vohl ne fait qu’un pas de côté pour esquiver cet obstacle malvenu. L’obstacle se déplace en même temps que lui. Troublé, Vohl daigne lever le regard du sol poussiéreux pour en savoir plus sur cette embûche impolie. Son regard remonte le long de la bordure. Et finit par s’arrêter sur une tête qui le domine de presque trente pouces. Une tête hirsute, sale, et presque sans cou. Le géant sourit à Vohl lorsque regard de celui-ci rencontre enfin ses pupilles. Un sourire troublant, qui pourrait laisser croire que le géant tire à langue à son vis-à-vis, l'appendice rose pointant hors du dispositif dentaire incomplet de rustre. Une grimace enfantine rendue malsaine par le coin narquois qui apparait sur le sourire, révélant toutes les pensées que nourrit l’étranger à propos de sa nouvelle connaissance.
Le regard vide de Vohl a vu l’obstacle qui lui posait problème. Le voleur contourne une nouvelle fois la cape de l’homme. Qui revient se placer devant le voleur. De toute évidence, le géant cherche une excuse pour déclencher une rixe.

« Je suis en affaires, mon gars. Tu devrais prendre une autre ruelle, j’ai un boulot à finir dans celle-ci. Prends un autre chemin, mon ami : c’est un conseil. »

Vohl inspecte cette fois la ruelle en question. Un autre homme gît au sol, au travers des ordures renversées, le visage en sang. Derrière lui, une jeune femme se tient debout. Derrière elle, un colosse à l'air menaçant. Son instinct de soldat remue, enfoui sous le puzzle de ses émotions. Quelque chose le tracasse dans cette situation. La jeune femme semble sereine. Une peau pâle, probablement blanchie par quelque far ou poudre, les cils rehaussés d’un trait rouge. Des cheveux sombres, libres, flottant au gré des allées et venues du vent.
Vohl regarde de nouveau l’homme. Puis l'autre géant. Puis la femme, encadrée par ces deux montagnes de chair. Et fait demi-tour, avec nonchalance. S’engage dans une autre rue. Son âme de soldat le torture de plus en plus, sans qu’il comprenne encore pourquoi. Cette voix parvient à imposer un ordre à l’esprit chaotique du voleur. Sauver une vie. Le voleur fait demi-tour à toute vitesse et arrive très vite au niveau de l’altercation. Son regard analyse la situation sans qu’il en ait particulièrement conscience, comme si une habitude revenait. Les deux colosses sont aux prises l'un de l'autre. Le tableau est assez inattendu, et le voleur reste interdit quelques secondes. Tandis que les deux hommes échangent des coups violents, la jeune femme reste à l'écart, dague en main, visage de cire inexpressif face au combat des titans. Vohl se reprend. Au moment où les deux géants s'assènent mutuellement un uppercut qui aurait brisé la mâchoire de bien des hommes, l'un s'écroule au sol, sonné, tandis que le second tombe à genoux. La femme se met en mouvement, rapidement. L'observatrice s'est posée derrière l'homme agenouillé, et lui pose la lame sur la trachée. De plus près, le voleur voit un filet de sang coulant sur la tempe de la jeune femme.

L’ancien soldat se jette en direction de cette inconnue. Une seule idée en tête : arrêter ce meurtre. La jeune adulte relève la tête. S’immobilise pendant un instant de réflexion, puis tranche la gorge de l’homme avant de se remettre en position de garde, faisant face à la nouvelle menace. Vohl saisit ses armes sans les dévoiler. Justice doit être faite. Au moment où il s’apprête à déclencher son attaque, sa cible s’élance vers lui, contre toute attente. Le soldat n’a que le temps de parer un coup de taille tandis que son adversaire s’envole, prenant appui sur ses épaules pour passer dans le dos de Vohl. Un coup de coude entre les omoplates du voleur le projette à terre. En chutant, Vohl parvient à agripper le kimono de la jeune femme, qui l’accompagne dans un petit cri de surprise. Tombé le premier, Vohl est aussi le premier à récupérer tous ses esprits. Il se relève. La meurtrière commence à faire de même lorsque le voleur la saisit par la gorge, avant de la soulever. L'assassine est un poids plume. Les coups s’abattent en série sur ses épaules et son torse, mais leur manque de puissance ne leur permet pas de blesser l’ancien soldat. La femme a lâché son arme lorsqu'elle est tombée au sol, pour le plus grand bonheur de Vohl. Il comprend son adversaire n'a pas l'habitude de combattre par ses propres moyens. L'homme qui gît au sol n'est probablement qu'un mercenaire. Seule la femme est responsable du meurtre. L'autre n'est qu'un intermédiaire. Une brute, qui s'occupe du combat pour laisser les mains de sa clientes parfaitement propres. Une connaissance qui resurgit du plus profond de lui-même. Dans ses yeux, la sauvagerie et le gout du sang se mêle à la connaissance du combat et un instinct remarquable pour la technique. L’envie de faire payer son crime à cette hors-la-loi se mélange à l’envie bestiale de se défouler sur une proie vivante. Le technicien de génie, le soldat et la bête ne font qu’un. Cet état de fait traverse l’esprit de l’assassin. Tout lui appartient. Il ne peut se rejeter lui-même. Il doit s’accepter. Cette constatation cruciale s’accompagne d’une montée de colère envers tout ce qui existe et qui a trahi ses attentes. Faisant fi des coups qui s’abattent sur lui, l’être de nouveau complet charge un mur de la ruelle, sa proie tenue devant lui. Ses phalanges heurtent la paroi rugueuse, et l’énergie accumulée propulse la tête de son adversaire contre le même obstacle. Sonnée, la criminelle s’affale au sol lorsqu’il la lâche. Les griffes semblent se matérialiser, glissant le long de la manche du kimono noir de Vohl.

« Seuls ceux qui respectent la mort peuvent se permettre de la donner. Cet homme n’aurait pas dû mourir. »

Il n’a aucune garantie que la femme l’entende. Peu importe, au fond. Elle n’aura pas le temps de s’absoudre de son acte. Son regard s’arrête sur un détail. Les couleurs du kimono de la meurtrière sont inversées par rapport aux siennes. Une simple observation sans importance. Un pan du kimono glisse sur la jambe de la cible assommée. Le coin intérieur de l’étoffe porte une fleur de lotus ouverte sur un croissant de lune.
Le mur disparait du champ de vision de Vohl, remplacé par le ciel. Sa tête heurte durement le sol. Et une silhouette le domine. Une lame se pose à plat sur son cou.

« Seuls ceux qui savent devraient intervenir. Cet homme avait choisi sa destinée. »
« La maison Goont… »
« Transmets ses salutations à l’imbécile qui t’a précédé. »

La lame augmente progressivement la pression, empêchant d’abord le sang de circuler dans le cerveau de Vohl, puis bloquant sa respiration. Les yeux de Vohl se ferment.

« Une seule égratignure de cette arme, et tu rejoindras tes ancêtres dans les douleurs les plus violentes que tu puisses imaginer. Laisse moi te montrer la douceur de la mort… ne lutte pas. »

De fait, la lame juste sous son nez dégage des relents d'amandes amères et d'herbes âcres. Le voleur n'a pas le droit à un seul écart. Pour se sortir de cette situation, seule une part de son esprit doit agir. Vohl ralentit son rythme cardiaque, économisant l’oxygène qui est désormais une denrée limitante pour son organisme. Ses yeux s’ouvrent de nouveau. Son bras armé de la griffe remonte à toute vitesse, tandis que son torse pivote, permettant à son cou de faire de même. Ses lames transpercent la fine peau de son adversaire, qui pousse un cri de douleur en reculant de quelques pas. Le voleur inspire une grande goulée d’air. La femme a désormais une allure de félin blessé.

« Tu ne pouvais pas te contenter de mourir, misérable ? »
« La maison Goont mérite sans doute plus la mort que je ne l’ai jamais méritée. »

La colère transfigure le visage de la jeune femme, qui saisit une nouvelle lame dans son kimono. Acier à la main, elle se rue vers Vohl. Ce dernier attend. Le dernier moment. Le bras de la Goont se tend pour lui transpercer l’aine. Le voleur se laisser tomber au sol juste avant que la lame ne soit à sa hauteur, pendant qu'il fait un pas en avant. Entrainée par son élan, la Goont se trouve au-dessus de lui, en équilibre instable. L'ancien soldat peut ainsi profiter d'un moment de vulnérabilité. Pendant qu'elle freine sa course, tous muscles en actions, la femme est dans une posture précaire : le voleur compte bien profiter de cet instant. Un coup de coude au niveau du ménisque intermédiaire achève de la déstabiliser. Sa cible tombe au sol. Vohl s’assoit sur les omoplates de la femme, l’immobilisant.

« Tu ne m’auras plus par surprise. Traitresse à ta nation, adieu. »
« La maison Goont n’a pas mérité son sort ! »

Il y a du désespoir dans cette phrase. Le voleur arrête la lame qui descendait vers la criminelle.


Sombre


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(((Tentative d'apprentissage : La différence d'un pas )))

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 6 Juin 2015 18:56 
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« Tuer des Oraniens loyaux dans une période de guerre n’est pas une traitrise, selon toi ? »
« Nous n’avons tué personne d’honorable ! »

De par son éducation, Vohl avait été initié à la politique de différentes maisons, afin de savoir comment elles raisonnaient, de comprendre la façon dont elles agissaient. La maison Goont n’en avait pas fait partie, car elle n’était pas une famille jugée puissante parmi les institutions oraniennes. Néanmoins, cela n’avait pas empêché le jeune soldat d’être tenu au fait des grands évènements liés aux maisons moins puissantes. La famille Goont constituait un cas très particulier : de politique non agressive, le chef de la famille, un certain Hivann Goont, avait soudain commis plusieurs crimes avant de prendre la fuite. Ce fait avait jeté l’opprobre sur l’ensemble de sa famille. Hivann Goont était encore à ce jour recherché par les autorités, de ce qu’en savait le jeune homme.

« Et les meurtres du chef de votre famille ? Ces gens étaient innocents, ils ont été exécutés presque de sang froid ! Vous méritez d’être bannis d’Oranan, dont vous avez profité des bienfaits pendant trop longtemps déjà. »
« Ces meurtres étaient des machinations ! Des pièges, dans lesquels est tombé mon père, perdu par sa bienveillance ! »
« Ton père ? Sa bienveillance ? Douce bienveillance que celle de permettre à des âmes de s’envoler rejoindre le royaume de Phaïtos ! Je m’en vais faire mon devoir de ce pas ! »
« Non ! Mon père n’a rien fait de tous les crimes dont il a été accusé ! Avant chaque crime, il recevait un billet lui indiquant qu’il pourrait sauver quelqu’un à un endroit particulier ! C’est en allant essayer de les sauver qu’on le voyait sur les lieux du crime ! Mais chaque fois qu’il arrivait, les crimes étaient déjà commis depuis longtemps … Mon père n’a été que la victime des adversaires politiques de la maison… »
« Des adversaires politiques ? Les Goont n’étaient pourtant pas la maison la plus inquiétante : pourquoi par Rana s’en serait-on pris à vous ? »
« Notre passivité faisait redouter à certains que nous préparions un coup d’éclat. Des assertions aussi ridicules que les charges qui pèsent sur mon père ! Mais la majorité de la population a cru aux rumeurs qui ont circulé sur ce qu’il s’était passé, comme toi. »
« Je … »

Perdu, Vohl s’aperçoit qu’il a oublié une des leçons élémentaires de son oncle : pour véritablement connaître quelque chose, il ne faut pas se fier aux discours ou aux avis généraux, car bien souvent ceux-ci sont biaisés par les sentiments du peuple envers les protagonistes, que ce soit en bien ou en mal.

« J’ai toujours ignoré cette version des faits. »

Se levant, le voleur aide la jeune Goont à se relever à son tour.

« Je n’ai pas su démêler le vrai du faux dans une histoire que je n’ai d’ailleurs suivi que de loin. Je te prie de me pardonner : je n’ai pas fait honneur à l’éducation que j’ai reçue. Je te promets de ne plus entacher la réputation de ta maison. Tout au moins, je n’ai rien fait qui puisse irrémédiablement la toucher.»
« Les excuses de quelqu’un qui reconnait ses torts sont acceptées en toute occasion. Malheureusement, tout le monde ne sait pas reconnaître ses fautes comme toi. Mon père en subira les conséquences dans peu de temps. »
« Ton père est… ? »
« Hivann Goont, maître de la maison Goont, le Lotus croissant sur la lune blanche. Ne supportant plus de devoir se tenir éloigné de nous, ses enfants, il a cédé à la pression, et est allé se rendre en s’accusant des crimes qu’il n’a jamais commis. »
« Il s’est rendu de lui-même ? Tu n’as pas à t’inquiéter en ce cas. S’il est innocent, les juges dénoueront la situation sans se laisser influencer comme je l’ai été. »
« Tu es bien naïf, si tu crois que les juges sont aussi instinctifs que toi. Ils ont des éléments concrets sous la main, ils ne se gêneront pas pour y faire appel pendant le procès. Surtout le juge chargé de l’affaire ! »
« Que veux-tu dire ? »
« Ce juge est choisi depuis bien longtemps : tu penses bien que ceux qui ont poussé le vice jusqu’à tendre ce piège odieux à ma maison ne laisseront pas leur plan échouer du fait d’un homme trop intelligent. »
« Tu sous-entends que le juge a été corrompu… »

(En est-on vraiment à ce point-là ? Que le monde militaire soit parasité, passe encore : ils lutteront tout de même pour Oranan. Que l’univers politique soit en pleine décrépitude, c’est une évidence pour chacun. Mais la Justice ? L’institution neutre ! Si le mortier de la société oranienne a été diluée dans le vice, rien ne pourra soutenir Oranan lors de la prochaine crise.)

« Je savais que tu comprendrais ! Le juge est corrompu ! Je ne souhaite la mort de personne ! Je veux permettre à mon père d’échapper à la sentence de mort qui lui est promise en toute méconnaissance de cause ! Je ne veux que le libérer… m’aideras-tu ? »
« Libérer ton père risque de convaincre tous ceux qui en doutent de sa culpabilité. Es-tu sûre de ce que tu entreprends ? Si quiconque le croise après cela, il sera dénoncé, et traqué. »

La jeune femme baisse la tête. Elle est d’une beauté travaillée, note Vohl. Le charme qu’il manque à ses formes est présent dans sa tenue, son port, son maintien. La beauté d’une femme élevée dans les normes et dans la sécurité, qu’elle a de toute évidence délaissée. Un grognement se fait entendre. Le géant assommé se relève péniblement, et semble chercher quelque chose des yeux. Lorsqu'il voit les deux adversaires face à face, la brute se tend, comme si la situation présentait un quelconque danger. Voyant qu'aucun geste n'est fait, il secoue la tête, sans doute pour se remettre les esprits en place, et vient tranquillement se poster derrière son employeur. La jeune femme ne juge pas utile de faire les présentations, peut-être trop troublée pour y sacrifier du temps. Après avoir regardé le géant, elle reprend la parole d'une voix plus sereine. Vohl calque son attitude sur celle de son interlocutrice, quoiqu'il ait un peu plus de mal à faire parfaitement abstraction d'un homme de deux mètres et quelques, semblant capable de porter seul une quille de navire, à seulement quelques pas de lui. D'autant plus que ce dernier couve la jeune femme d'un regard protecteur.

« Je le sais. Mais je dois prendre le risque. C’est ça ou le voir mourir sous mes yeux, et à coup sûr. »
« … »
« J’ai pris des risques en te révélant ce que je voulais entreprendre. M’aideras-tu ? »
« Qu’en est-il du reste de ta famille ? »

Vohl, s’il s’était trompé sur le compte de la famille Goont, était certain d’avoir entendu parler d’une grande famille.

« Ils ne pourront pas m’aider. »
« Vraiment ? Et peut-on savoir pourquoi ? Si ton père est effectivement innocent, la famille entière ne devrait-elle pas faire front face aux accusations ? »
« Ma sœur s’est suicidée pour protester contre le sort qu’on réserve à mon père ! Mon frère est retenu par des ennemis politiques ! Ma famille a assez souffert pour que je ne l’inclue pas dans mon initiative. Non, non. Si tu acceptes de m’aider, nous jouerons seuls. »
« Qu’il en soit ainsi, en ce cas. Je veux nettoyer la ville de la pourriture qui s’y est installée. Si cela doit continuer avec la justice, qu’il en soit ainsi. Rana guidera mes pas.»

« En ce cas, accompagne-moi. J’ai prévenu mon père que je l’aiderai à sortir de prison, même s’il a tenté de m’en dissuader. Je ne laisserai pas le reste de ma famille disparaître. »
« Il a tenté de t’en dissuader ? Ton père est aussi rempli d’attention envers toi que tu l’es envers lui ! »
« C’est sans doute le cas de la plupart des parents. Le tien aurait sans doute fait de même pour toi, comme tu aurais fait pour lui. »
« Sans doute. Mais moi je n’ai pas pu le sauver. Toi, il te reste une chance. Je t’aiderai jusqu’à ce que cette chance n’existe plus. »
« Je suis désolée. Nos présentations n’ont pas été faites correctement. Tu es… Pardon. Reprenons : Thôko Goont, fille d’Hivann Goont, du Lotus qui croît sur la lune blanche. Vous êtes ? »

Dans une brève révérence, la jeune femme fait sa présentation. Vohl s’incline à son tour comme dans une parodie de soirée huppée.

« Vohl. Simplement Vohl. »

Même ainsi, le voleur prend un risque. Si la jeune femme d’intéresse de près à la politique des maisons, il n’est pas impossible que cette dénomination l’oriente sur une piste. Le seul fait de ne pas donner le nom de sa famille peut l’orienter sur le fait que le voleur craint d’être rattrapé par une éventuelle notoriété. Et la jeune Goont semble être une femme intelligente.

« ‘Simplement Vohl’, donc. Qu’il en soit ainsi. Suivez-moi, ‘Simplement Vohl’. »

La voix de Thôko a délaissé l’affectation qu’elle exprimait il y a quelques instants pour revenir à un ton protocolaire, froid et distant. Toutefois, rien dans son attitude ne laisse entendre qu’elle a compris avec qui elle faisait affaire.

« Je pense que vous feriez mieux de vous panser avant d’aller à la prison. Sinon, vous risquez de finir du mauvais côté des barreaux. »
« Certes. Je vous rejoins devant la prison. Attendez-moi là-bas. »
« Sans façon. Je vous attendrai quelque part autour. J’attendrai que vous y soyez pour me montrer. Mais avant, avez-vous une idée de départ pour sortir votre père de ce lieu ? J’imagine que vous ne prévoyez pas d’affronter une cohorte de gardes ? »

(Gardons à l’esprit qu’il peut s’agir d’un piège, même si cette éventualité semble peu probable. Si mon identité lui est connue, elle pourrait décider d’essayer de m’utiliser comme monnaie d’échange contre son père. Peu probable, peu judicieux, mais seules les actions qui paraissent insensées peuvent surprendre !)

« Non, bien sûr que non. »
« Parfait ! Je vous accompagne donc, nous pourrons discuter en route de la stratégie que vous comptez employer.»
« Soit, faisons un bout de chemin ensemble. »

La Goont et le voleur anonyme s’éloignent donc enfin du lieu de l’exécution des deux hommes. Il s’agissait sans doute de misérables ivrognes qui pensaient s’attaquer à une partie facile. Au temps pour la facilité. Les deux cadavres, gorges ouvertes, ne nourriront plus jamais de telles pensées. Le voleur détaille un peu plus la jeune femme tandis qu’ils avancent dans les rues à pas rapides -autant que la blessure de Thôko le permet - , décidant communément de la meilleure tactique à mettre en œuvre pour parvenir à leur fin, accompagnés de ce qui semble finalement être plus un protecteur qu'un mercenaire assoiffé de sang. Thôko a beau afficher la mine sereine de ceux qui ne craignent pas la douleur, le masque se fendille par moments, laissant passer une grimace légère, une imperceptible contraction des mâchoires…

La discussion prend finalement assez peu de temps et quelques rues plus tard, Thôko Goont se sépare de son allié providentiel pour récupérer quelques calmants et réaliser un bandage rapide de la plaie superficielle dont elle est désormais affublée.
Pendant que son alliée se prépare, Vohl reprend l’intégralité du plan qu’ils ont conçu. Beaucoup d’incertitudes, beaucoup trop de suppositions au goût de Vohl. Mais il doit bien reconnaître que ce plan lui semble être pour l’instant le plus adapté. Vohl se dirige vers le quartier de la prison. Trouvant une ruelle plongée dans l’ombre du soleil pâlissant, Vohl se résout à attendre ici la commanditaire du délit qu’il est sur le point de commettre. Pour le bien de la cité d’Oranan : la cité ne doit pas tomber plus bas sur l’échelle de la déchéance.

Vouloir Croire

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 18 Juil 2015 15:28 
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Dissimulé au milieu de la foule de badauds, qui entraient et sortaient de la cité, je pris un temps d'arrêt pour essayer de me repérer. Deux axes principaux s'offraient à moi, aucun ne paraissait plus engageant que l'autre, c'est pourquoi je choisis de prendre celui de droite et au bout de quelques minutes de marche, et avoir croisé une autre artère principale, je me retrouvais au niveau d'un grand bâtiment muni d'un vaste escalier gardé, sans doute un palais quelconque...

Auprès de celui-ci se trouvait un grand panneau d'affichage comportant une carte de la ville, pile ce qu'il me fallait! Sur ce plan, quelques édifices étaient mis en évidence par des couleurs et des chiffres, listés plus bas dans la légénde. Le bâtiment près duquel je me trouvais était donc le siège du conseil d'Ynorie, pour trouver l'armurerie il me suffisait de contourner la structure par la gauche et de dépasser le terrain d'entrainement pour tomber sur un vendeur d'armes et armures. Parfait! Mon attention fût alors attirée par le nom d'un autre endroit...

"Tatoueuse magique... qu'est-ce que ça peut bien être?"

Mémorisant l'emplacement des deux endroits, je changeais totalement de plan pour me diriger vers cette dernière trouvaille, à l'opposé de l'armurerie. J'avais une petite idée de ce qui pouvait bien se passer la-bas, mais il me fallait confirmation...

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Là, rien à redire en revanche. Mettre ses boules sur la table et y aller à l’aveugle en prenant des risques, en jouant le tout pour le tout, ça colle bien à ton perso, rien à redire.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 18 Juil 2015 18:16 
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Mon retour dans les rues se fit en coup de vent, je retrouvai d'abord l'axe principal puis filai vers le terrain d'entraînement situé bien plus bas que le palais du conseil d'Ynorie. Celui-ci consistait en un vaste terrain de terre battue où de nombreux soldats s'entrainaient au maniement d'armes en tous genres. Et comme prévu, un peu plus loin se trouvait l'armurerie, but de mon très cours trajet...

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 18 Juil 2015 22:28 
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Encore une dernière chose à faire avant de rejoindre mes troupes, la boutique de magie! Étant passé devant tout à l'heure, je n'eus aucun mal à la retrouver. Il me suffit de remonter jusqu'au siège du conseil puis de retourner vers les portes de la ville et à mi-chemin de celles-ci se trouvait l'échoppe.

Bientôt je pourrai retourner dans la forêt et vaquer à mes occupation le temps que l'encre soit prêt...

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2015 07:26 
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Alors que nous cheminions à travers les rues et ruelles, nous bifurquâmes vers le sud quittant l'axe principal allant aux portes de la cité. Ma compagne se justifia par le fait qu'elle devait récupérer son cheval aux écuries. Elle me demanda même si je disposais moi-même d'une monture et lorsque je lui répondis par la négative, elle me proposa de m'en louer une.

J'avais pourtant bel et bien un cheval, mais ce dernier était encore aux écuries de Kendra-Kâr, et j'avoue que je l'ai un peu oublier là-bas... Ayant l'impression de ne pas avoir trop le choix, j'acceptais donc la proposition de miss Yourichi.

L'odeur corsée typique du fumier et des animaux nous indiqua plus que notre vue que nous étions arrivés à destination. J'attendis la jeune femme à l’extérieur, et elle ne tarda pas à revenir avec trois chevaux. Celui qui ne pouvait être que le sien était magnifique, avec une robe noire et une superbe crinière blonde. Les deux autres n'étaient pas de la toute première fraîcheur mais ils semblaient être robustes et endurants. L'un d'eux était pour moi, l'autre allait servir de bête de somme.

Nous reprîmes donc le chemin vers les portes de la ville, sans trop échanger, menant nos montures par la bride, nous mêlant aux files de personnes voulant quitter la cité.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Dim 30 Aoû 2015 21:02 
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Aux paroles d’Hivann, Whrall acquiesce, avant de murmurer, faisant de sa voix un vague et grave roulement :

- Ta nouvelle seigneurie ? Tu n’arriveras pas en maître à Omyre, mais cela viendra, si tu es assez intelligent. Je t’aiderais de mon mieux, jusqu’aux Murènes au moins, homme.

Il ne commenta pas plus avant ses paroles, car le temps n’était pas aux palabres. Il se vêtis d’un casque à cornes recourbées vers l’avant, de brassards et accrocha à l’aide d’un harnais de cuir deux haches dans son dos.

Rapidement, il les mena à l’extérieur de la ruelle. Il fit une pause.

- Nous devons quitter la ville dès à présent. Nos chemins divergent, je crois, ynorien. J’espère que tu trouveras ce que tu souhaites et que tu feras de cette ville un lieu meilleur.

Il tourna sa grosse tête vers Hivann.

- Allons vers le port, à moins que vous ne connaissiez meilleur moyen de quitter cette cité sans se faire repérer, de nuit.


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Lun 31 Aoû 2015 13:40 
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Ayant mis son grand chapeau sur la tête afin de dissimuler son visage, Hivann était désormais prêt à s'en aller. Lorsqu'il vit enfin à quel point l'orc était apprêté, avec son casque et ses haches, il constata que ce dernier était probablement bien plus fort et doté d'une expérience du combat qui le dépassait certainement. De même, l'idée qu'il eut de quitter Oranan par le port était intelligente. Hivann, lui, n'avait premièrement pas vu d'autres recours que celui d'utiliser les portes. Omyre, après tout, se trouvait sur le même continent et il ne pourrait y aller que par un trajet terrestre. Mais le port n'était pas une mauvaise idée.

"Oui, en naviguant nous pourront prendre le fleuve au nord, puis nous déboucherons sur le chantier naval de Mourakat. Nous serons loin des troupes d'Oranan, mais le voyage sera risqué."

Et déjà, ils ne pouvaient pas encore y aller. Il ne pouvait pas se résoudre à quitter cette ville en y laissant ce pourquoi il s'était saigné : Le Fusil de Mertar. Avant d'aller au port, il devait le récupérer. Mais il était probable que le garde sache déjà (ou alors, sache très bientôt) qu'il était en fuite. Et à ce moment là, on irait directement le chercher chez sa fille, ou justement au port. S'il voulait tout récupérer, ils allaient devoir se séparer. Fort heureusement, il avait au moins deux colosses avec lui.
Il se tourna vers Rawf, premièrement.

"Rawf, tu restes avec Thôko. Vous allez récupérer mes dernières affaires et les vôtres. Ensuite, nous allons au port. Whrall, tu resteras avec moi jusqu'à ce qu'on soit tous réunis. En les attendant, nous chercherons quel bateau suffira à nous mener là où nous le souhaitons. Il nous faudra quelque chose de rapide en cas de poursuite et de discret."

Sur ces paroles, Thôko et Rawf n'attendirent pas. Ils auraient très peu de temps pour réussir à s'enfuir sans que toute la garde ne soit alertée. Mais au moins, si Hivann avait un ennemi derrière lui, il savait qu'il ne serait pas assez téméraire pour appeler la garde. Certes, il lui mettrait des bâtons dans les roues, mais il était au moins aussi coupable que lui. Premièrement, il avait pensé à utiliser sa magie pour le paralyser et l'enfermer dans la prison. Il aurait simplement déformé le verrou et ce pauvre homme se serait trouvé face à la garde, coupable du meurtre d'au moins quatre fier défenseurs de la patrie. Mais il était désormais autant en fuite que le vieux. Et s'il était enfermé, que des gardes arrivaient et qu'il décidait (voyant qu'il n'aurait plus rien à perdre) de dire où se trouvait Hivann, ce dernier n'aurait aucun moyen d'aller en Omyre.

"Quant à toi, jeune mercenaire, éprouve donc ma clémence. Je suis assez emprunt de perfidie pour avoir pensé à t'enfermer ici et te laisser seul avec nos ennemis communs. Mais il me semble plus intéressant de te laisser espérer changer les choses dans ce pays, jusqu'au moment où je reviendrai."

Tant que ce mercenaire ne le suivait pas, il n'aurait pas besoin de le tuer. Et il devait admettre qu'il lui serait bien plus utile en vie, à essayer de démanteler naïvement toute cette politique. Ce n'était pas grand chose, juste une petite crasse accumulée dans les rouages de l'administration ynorienne. Mais s'il réussissait à se rendre fatal, Hivann aurait bien moins de mal à piétiner cette ville.

"Alors au revoir. Car nous nous reverrons."

Il tourna les talons en direction du port.

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Multi de Ziresh et Jôs.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 5 Sep 2015 10:53 
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Localisation: Oranan - Quartier Maison Rouge
Le murmure qui n’est adressé qu’à lui focalise l’attention de Vohl sur la voix en question, et l’empêche d’entendre la réponse de Whrall aux propos de toute évidence menaçants du vieillard gâteux. Ce que le voleur regrette : de savoir qui, entre la brute décadente et le cadavre de valeur, servira l’autre en ayant l’impression de mener la barque l’aurait intéressé…et cela pourrait s’avérer crucial dans les derniers moments qu’il passe en compagnie de l’élite de la lie des deux civilisations.

La seule chose que perçoit le jeune ynorien est le crâne massif de l’être vert qui s’incline devant les propos de Goont. Que les deux semblent tomber d’accord sur un point qui ne saurait ravir Vohl. Le vieil homme, malgré son âge, promettait déjà un affrontement difficile : dirigeant une masse de muscle apte à le protéger au corps à corps en la personne de son toutou sans volonté, et probablement ayant lui-même une maîtrise des arts occultes. Un autre monstre à ses côtés ne pouvait signifier qu’une chose pour Vohl. Heureusement, ce dernier avait souscrit une assurance, et cette dernière se trouvait en la dernière représentante Goont. Non qu’il compta sur l’aide promise. La fourberie semblait être un caractère héréditaire de la famille. Mais la prétention aussi, semblait-il : prendre le reste du monde pour des imbéciles peut se révéler très avantageux pour ces derniers. C’est pourquoi Vohl s’était glissé entre le géant vert et la jeune femme, persuadée d’être en sécurité du fait de la présence du serviteur des Goont. Celle-ci serait sans doute son dernier espoir, mais pas de la façon dont elle le laissait supposer pour induire le jeune homme en erreur. Seule la bonté inhérente à l’éducation du voleur l’avait perdu lorsqu’il l’avait écouté la première fois, lui accordant le bénéfice du doute. Si cela s'avérait possible, il ne la laisserait pas s’en sortir vivante.
Le vice devait être éradiqué, peu importait le moyen. Ses mains se contractent autour de ses armes. Pour l’instant, elle est la garantie qu’il restera en vie. La supprimer immédiatement serait l’acte le plus idiot qu’il puisse choisir.
De l’autre côté de Vohl, Whrall s’est muni de l’ensemble de ses possessions : un casque cornu, menaçant quiconque entre dans sa ligne de mire, et des pièces d’armures. Sans oublier les deux haches de combat qui ornaient désormais un double fourreau dorsal. Vohl s’était fait avoir sur toute la ligne. Non seulement il libérait un prisonnier oranien dangereux, mais en plus il livrait la ville aux agissements d’un barbare qui cachait son hostilité derrière le vernis de belles paroles et de leçons de sagesses auxquelles il n’avait probablement jamais souscrit. Le vieil humain n’avait revêtu pour sa part qu’un couvre-chef démesuré et pris que quelques éléments dans l’armoire, dont Vohl n’avait aucune idée de l’utilité. Des choses de magicien et autres lâchetés, sans doute. Cela n’étonne pas le voleur, mais une part de lui se demandait si ce n’était pas une solution pour venir facilement à bout des situations : c’est un fait, le plus lâche des deux a souvent un avantage non négligeable sur l’autre.
Pendant qu’ils s’habillent, ce qui ne prit finalement le peu de temps qu’il fallait au garzok afin de se munir de ses possessions et s’en pare, Vohl s’empare de ce qui ne servirait de toute évidence plus aux cadavres, et dont il pourrait user avec sagesse. Il tâche néanmoins de rester à proximité de la jeune femme, chose ardue puisqu’il guette en même temps le moindre geste suspect de l’aïeul parcheminé qui lui sert de père. Dès que Whrall s’immobilise, regardant autour de lui pour vérifier que tout le monde est prêt à partir, alors qu’il était le seul à s’équiper, le jeune homme se redresse et reprend sa place. Le vert les mène rapidement vers la surface. Il fait ensuite face à Vohl et aux Goont :

- Nous devons quitter la ville dès à présent. Nos chemins divergent, je crois, ynorien. J’espère que tu trouveras ce que tu souhaites et que tu feras de cette ville un lieu meilleur.

Inespéré. Ainsi, ils allaient lui laisser la vie ? Cela tenait surement plus d’un incompréhensible élan de clémence que d’une véritable volonté. Le jeune voleur comprend que la chance ne lui serait pas donnée une seconde fois sur ce coup-ci. Tant mieux : il n’a pas l’intention de tenter le diable une nouvelle fois. Alors deux diables et un servant...

(Très peu pour moi.)

« J’y arriverai. Il me faudra l’aide de quelques personnes et un peu de temps. Mais je te jure d’y arriver, Garzok. Et ce jour-là, Oranan prendra la place qui lui revient. »


A ce moment, la douleur qui lui traverse le bras lui fait esquisser une mimique de souffrance, ce qui donne à ceux qui l’écoute l’impression qu’il se moque lui-même des propos qu’il a tenu. Cela importe peu à l’ancien guerrier.
La conviction de Vohl s’est renforcée durant cet épisode de sa vie. Ce qu’il a appris en roublardise, en sournoiserie, lui seront probablement cruciales dans sa nouvelle vie. De même pour le peu de confiance qu’il avait en chaque être vivant, qui s’efface doucement. Sa mentalité évolue à chaque épreuve. De soldat pétri de morale et convaincu que chacun souhaite améliorer ce monde, il adhère peu à peu à sa nouvelle vie. Un monde de tromperie. Un monde décadent. Mais il le relèvera. Il éliminera chaque individu de cette ville, si cela lui permet de créer un monde plus sûr pour Ellanor et Rengher. Son bras douloureux se tend, comme un reflet de sa volonté. Il rabat sa capuche, et redevient une ombre inconnue parmi tant d’autres. Une ombre vengeresse. Au fond de lui, il sent encore bouillonner le sang de la bête qui s’est réveillée dans les égouts. Il a l’impression qu’au fur et à mesure, deux êtres se partageant un corps se synchronisent l’un sur l’autre. Mais le temps n’est pas à l’introspection : il y songera plus tard. Pour l’heure, le patriarche sénile de l’odieuse famille Goont donne ses directives, comme un seigneur ordonne à ses laquais. Cela ne fait ni chaud ni froid à Vohl. Une chose urgente requiert son attention : une lettre perturbante, rangée au fond de son sac. Il n’a pas besoin de la sortir pour se rappeler des moindres détails. Un coin corné, une encre d’un noir profond, une feuille parcheminée et teintée d’un peu de sang, qui ordonne l’exécution d’un homme. Un homme droit, sur qui Vohl a encore l’espoir de pouvoir compter. Un de ceux qui pourra redresser Oranan avec lui.
Whrall et Goont ont fini leurs préparatifs : ils ont décidé de partir par le port. Il faut dire qu’ils n’ont guère le choix : les portes de la ville sont fermées la nuit, et celle-ci ne va pas tarder. Vohl pense enfin les voir partir, lorsque le Goont s’adresse une dernière fois à lui.

"Quant à toi, jeune mercenaire, éprouve donc ma clémence. Je suis assez empreint de perfidie pour avoir pensé à t'enfermer ici et te laisser seul avec nos ennemis communs. Mais il me semble plus intéressant de te laisser espérer changer les choses dans ce pays, jusqu'au moment où je reviendrai."

Le message est codé, et il faut avoir pratiqué la sénilité du vieillard pour en comprendre le véritable sens. La traduction est presque instantanée chez Vohl. Les discours, qu’il prenait pour honnêtes, lui apparaissent maintenant comme des écrans de fumée derrière lesquels se cachent les véritables intentions. Simplement, il faut la lanterne appropriée pour percer chaque type de brouillard.

(A toi, l’homme sans expérience : je te laisse en en vie pour que tu puisses constater ton impuissance, puis je reviendrai détruire ce que tu as tenté de sauver, lorsque j’en aurai les moyens. Sois assez stupide pour m’en être reconnaissant.)

« A toi, vieillard, je donne la même réponse qu’à Whrall. Je te souhaite d’obtenir ce qui t’es dû là où tu te rends. Je n’oublierai rien de ce que tu m’as appris : tu m’as été d’une grande aide. »

"Alors au revoir. Car nous nous reverrons."

Le vieil homme lui tourne le dos pour s’engager dans la même ruelle que le Garzok. Une envie de déchirer les tissus et la chair le démange, et presque inconsciemment, il accumule son énergie interne dans son poing. Une force qu’il devra mettre à profit et travailler pour pouvoir atteindre son but. Mais quelque chose lui crie de ne pas le faire. Une chose qui se mêle à son instinct, pour assurer sa survie. L’énergie se dissipe sans qu’il fasse le moindre geste. Sans quitter le vieil homme des yeux, Vohl recule. Il heurte bientôt un mur. Il déborde d’envie de confier le plan de Goont à quelqu’un, mais il n’est pas encore temps. Il se fond dans la nuit.

« Oui, Goont. Nous nous reverrons. »

Veules Vermines

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Dernière édition par ValdOmbre le Ven 23 Oct 2015 14:53, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 23 Sep 2015 09:38 
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Whrall haussa un sourcil en voyant le fusil de Mertar, se questionnant manifestement sur sa nature, mais préféra ne poser aucune question. Il acquiesça cependant au plan émis par Hivann de se séparer.

Il s’approcha de Vohl lorsqu’il lui adressa ses vœux pour le futur d’Oranan. Il hocha gravement de la tête, ébranlant le sommet de la montagne qu’il était.

- Fais en sorte que ce soit une Oranan moins téméraire, je tâcherai de faire d’Omyre une contrée moins âpre.

Des paroles peu communes pour un orque, mais commun, l’était-il ?

Il laissa ensuite les deux hommes régler leurs comptes, indifférent aux différends les séparant. Sur un dernier hochement de tête à l’adresse du voleur, il s’enfonça dans la ruelle et attendit que le vieil homme le rejoigne.

- Nous ne devons pas nous faire voir par des patrouilles, un garzok vaquant librement durant la nuit à Oranan ne peut qu’attirer l’attention, lui dit-il alors.

L’orque ne cessait de porter la main à sa hache, comme pour se rassurer de sa présence.

- Je ne connais pas les rues de ta ville, guide-nous, humain.


[J’ai réfléchi à plusieurs façon de faire : je peux prolonger un tout petit peu la màj et nous faisons le trajet jusqu’au port en dirigé, ou alors je te laisse en libre d’écrire le trajet jusqu’au port en te laissant ajouter des difficultés]


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 10 Oct 2015 12:20 
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L’oiseau aux plumes pareils à des braises déposa Fardet sur le rebord d’une fenêtre et le laissa. Elle était entrouverte et un délicat fumet s’en échappait, de fines volutes de fumées s’évadait et semblait appeler Fardet. Cette fragrance raviva d’anciens souvenirs, enfouis dans les méandres de sa mémoire. Une des nombreuses étapes qui jalonnèrent sa vie l’amena à trouver abri auprès d’une boulangère. L’odeur du pain chaud et des gâteaux qui dès l’aurore jaillissait de la cave par les soupiraux et embaumait le domaine. Il était devenu coutumier à Fardet d’être présent lorsque la magie opérait et que de la pâte naissait la miche parée d’une croûte dorée.

Un bruit l’interrompit soudain dans sa rêverie, il réalisa que la porte s’ouvrait avec douceur, affolé il n’eut d’autres reflexes que de se cacher. Il se dissimula à la vue du résident en se tassant derrière le rebord. Il entendait les casseroles s’entrechoquer, puis un éclat de voix résonna subitement. Cette voix, un peu chevrotante se plaignait de sa propre sottise, Fardet n’osait pas se redresser mais sentait son ventre gronder. Le lutin opta donc pour la patience et attendit que la résidente s’en aille.

Une heure passa quand Fardet entendit distinctement la porte claquer. Sans perdre un instant il s’engouffra dans l’ouverture en enjambant le rebord. Il atterrit sur un plan de travail encombré d’ustensiles de cuisines. La salle se résumait à des étagères regorgeant d’ingrédients, quelques chaises étaient dispersées çà et là. Mais c’était le gros meuble servant de plan de travail qui occupait la plus grande place.

La source du délicat fumet trônait juste à côté. Un gâteau dont la croute semblait un peu trop cuite. Par endroit elle paraissait même calcinée, mais le désir impétueux de manger dictait sa volonté à Fardet qui à l’aide de son canif se découpa une première part. Un sentiment de bien-être prit aussitôt possession du lutin qui, ne pouvant contenir sa gourmandise sauta dans le plat et se fraya un chemin à travers la croute, mangeant avec voracité ce qui l’entourait.

Une fois le festin achevé, Fardet éprouva la plus grande difficulté à s’activer mais la nécessité faisant loi il s’extirpa du plat. Il chercha un endroit dans cette salle susceptible de l’abriter, balayant la pièce du regard. Après quelques minutes il trouva ce qu’il escomptait, en haut de la plus haute étagère semblait se trouver le moyen de se cacher. Hors de la vue des habitants de cette demeure, qui pour l’heure constituait une menace pour le lutin.

Des bruits de pas résonnèrent et s’amplifièrent, Fardet commença à courir et du plan de travail sauta en direction du premier niveau de l’étagère. Il ne s’y agrippa que de justesse et dû lutter pour remonter. Derrière lui, le grincement de la porte s’ouvrant signifia le retour de la femme. Cette fois il n’arriva pas à contenir sa curiosité et profitant de l’ombre d’un bocal détailla la silhouette s’affairant devant lui.

Elle semblait bienveillante, bien que perfectionniste. Dotée d’un corps chétif et courbé vers l’avant elle avançait d’une démarche chancelante, prenant de temps en temps appui sur les meubles. Son visage émacié exprimait un air résolu mais son sourire venait contraster le tableau. Des rides sillonnaient son visage, et un air cireux accentuait sa faiblesse apparente. Des cheveux hirsutes, aux teintes grisâtres encadraient son visage et le faisait paraître plus décharné encore.

(Le fardeau de la vieillesse…)

Sous les sourcils broussailleux se dessinaient des yeux saillants. Ils se distinguaient par une couleur pers, amalgamant le bleu et le violet. Un peu plus bas encore s’ébauchait un nez aquilin et plutôt fin. Ses lèvres étaient pincées et effilées, ne formant qu’une douce fente.

Cette apparente fragilité acheva les dernières réserves de Fardet qui se montra au grand jour et d’une voix qui se voulait puissante déclama :

« Bien le bonjour noble Dame ! » achevant sa phrase sur une révérence.

« Je vous prie de m’excuser pour… »

Fardet ne termina pas sa phrase car la voix chevrotante de la vieille femme l’interrompit pour rétorquer :

« Jean, c’est toi ? Tu es venu me hanter ? »

Son visage était tendu et elle semblait en proie à une panique naissante… Le lutin décida de s’approcher afin de révéler sa présence en ces lieux. Franchissant d’un nouveau bond le gouffre séparant l’étagère du plan de travail il se rétablit sans heurt de l’autre côté. Puis avec célérité passa à travers les obstacles que constituaient les ustensiles et les bocaux pour arriver devant la femme.

Il déclama à nouveau :

« Bien le bonjour noble Dame ! Je me présente, Fardet pour vous servir. » en esquissant un semblant de révérence

L’interlocutrice de Fardet ne sut tout d’abord où regarder puis fixa son regard vers le lutin.

« Un lutin ! Voilà qui explique la disparition de ma tarte trop cuite. »

« Je vous prie de m’excuser, la faim m’a dominé et j’ai perdu pieds… »

« Bon n’en faisons pas un plat ! Il est toujours agréable d’avoir de la compagnie, surtout à mon âge avancé. »

« Laisser-moi vous assister afin de m’excuser. Je ne puis me départir d’un sentiment de malaise en vous voyant peiner à la tâche tandis que je baille aux corneilles. »

Elle opina du chef et d’un geste délicat avança sa main en direction du lutin. Il grimpa dessus et la veille femme se retourna pour sortir de la pièce. Un corridor permettait de rejoindre ce qui semblait faire office de salon. Les murs étaient recouverts de cartes, maritimes ou terrestres. Il y en avait aussi par terre, des tas atteignaient presque la taille de la femme. Instable au possible, le moindre choc ou coup de vent pouvait causer l’effondrement de ces empilements. Au centre de la pièce reposait une table rectangulaire sur laquelle était installé divers instruments de mesures ainsi qu’un encrier et des plumes.

Fardet demeurait béat devant ces cartes, des myriades de trajets, de possibilités… Tout cela incarnait un rêve inaccessible…

« Je réalise que je ne me suis pas présentée. »

Elle déposa le lutin, exécutant un simulacre de révérence en se présentant :

« Je m’appelle Ilda, ancienne cartographe, maintenant tout juste bonne à rater mes gâteaux ! »

Le visage de Fardet s'illumina à l'entente de ces mots et il s'installa pour écouter Ilda.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 17 Oct 2015 16:11 
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Les heures s’écoulaient lentement tandis qu’Ilda contait au jeune lutin ses pérégrinations à travers les nations et les océans. La flamme qui l’habitait enthousiasmait Fardet et son envie de continuer à voyager. Elle lui montra diverses cartes sur lesquelles figuraient des légendes et des esquisses. Fardet venait d’arriver et avait pourtant tant envie de repartir…

Toutes ces cartes, témoignage de la bravoure et de l’entêtement d’une femme qui laissera son héritage au monde quand elle s’éteindra. Fardet ne pouvait contenir un élan de compassion pour elle à la vue de tout ce travail. Une vie entière consacrée à une passion dévorante, ne laissant guère de chances à l’amour de fleurir. Ce dévouement acharné l’avait conduit sur une voie sans retour envisageable. Elle s’était condamnée à manquer certaines étapes qui jalonnent la vie d’une humaine. Pourtant, Fardet sentait qu’Ilda n’était pas amer, au contraire elle avait vécue des expériences que bien nombre de gens n’imagineraient pas même en dormant.

Elle commença à lui raconter une autre histoire, une lui tenant à cœur, celle ayant marquée la fin de cette trépidante vie de cartographe. Elle prit ses aises et le lutin en fit de même en se calant confortablement sur une pile de cartes.

« Tout commence par un beau matin d’été, j’ai reçu une missive portant le sceau royal que je me suis empressée d’ouvrir. Ma présence était requise pour une expédition commanditée par le roi en personne ! Enthousiasmée au possible je me souviens encore de ma ferveur pour rassembler mes effets et partir vers les quais d’Oranan… A peine arrivée sur les quais j’aperçus un immense navire au bois sombre amarré juste devant. Des canons flanquaient ses bords et des gardes s’activaient déjà pour apporter les boulets de cannons aux emplacements prévus. Une large passerelle en bois descendait du navire pour atteindre le quai, des marins étaient disposés en file indienne et faisait passer les provisions. »

Ilda fit une petite pause, des larmes perlant de ses yeux. Elle se racla la gorge et continua :

« Un homme s’est approché et m’a enjoint de le suivre d’un geste de la main, me guidant sur le pont du navire, jusqu’à une porte entrebâillée menant à la cabine du capitaine. Des éclats de voix en sortaient, et je me souviens encore de l’expression du cartographe qui est sorti furieux. Je suis alors entrée pour faire face au capitaine, un homme gras, une barbe épaisse recouvrait tout le bas de son visage. Une expression sévère, des yeux où brillait la colère. Il m’a alors regardé longuement, comme pour me jauger. Finalement il m’expliqua le trajet, un périple dangereux devant nous mener aux confins du monde connu à l’Est… J’ai acceptée avec joie de participer à cette expédition, mais je n’avais alors aucune idée de ce qui m’attendrait… »

Ilda s’arrêta de nouveau de parler, ses maigres poings se crispaient et laissaient les veines apparentes. Elle regarda Fardet droit dans les yeux avant de continuer :

« Je ne sais pas si le mot Drakarn ravive en toi un quelconque souvenir, peut-être l’as-tu déjà aperçu dans un livre. C’est un prédateur pouvant mesurer jusqu’à 8 mètres, doté d’une force terrifiante… Il se révèle véloce et sans pitié. Principalement quand il doit défendre son territoire. Le navire bien que muni de nombreux cannons ne parvint pas à tuer le Drakarn qui attaqua le bateau. Les boulets glissaient sur ses écailles bleutées sans causer de dommages et se perdaient dans les flots. Puis en un instant il s’effaça de la surface de l’océan, le navire bien qu’ébréché était toujours capable d’évoluer à travers la mer mais le répit ne fut que de courte durée… »

Une nouvelle fois, la voix d’Ilda se brisa dans un sanglot, elle semblait encore sous le choc de cette attaque. Après quelques minutes elle se décida à reprendre :

« Il jaillit hors des flots et d’un coup de sa terrible mâchoire arracha le gouvernail. Puis il s’attaqua aux rames qui dépassaient et venaient rompre la tranquillité de l’océan. Le navire ne pouvait plus avancer autrement qu’avec le faible vent et sans gouvernail il était impossible de le diriger. Destinée à dériver sans fin ou dans le ventre d’un prédateur géant j’étais accablée par la peur et l’angoisse… Il ne nous laissait plus de répit, le bateau tanguait dangereusement au rythme des charges du Drakarn. Et l’inéluctable arriva alors, le navire oscilla une fois de trop et se renversa sur le côté. La mer était teinté de rouge, sombre augure pour ma pauvre personne mais déterminée à ne pas lâcher j’agrippai une planche de bois et me laissa porter par le courant. D’autres marins avaient fait de même et essayaient de ne pas lâcher prise. De temps en temps l’un d’eux disparaissait subitement, sans doute happé par le monstre ou abattu de fatigue… Pendant trois jours interminables, Pierce et moi avons dérivés. »

Fardet ne parvint pas à se retenir et demanda qui était ce Pierce.

« C’est le seul marin à avoir survécu, il s’agrippai au même monceau de bois que moi. Maintenant reste concentré sur mon histoire ! »

« Au bout de ces trois jours donc, nous avons eu la chance de rencontrer un bâtiment de pêche, qui contre une promesse d’argent nous emmena de retour à Oranan. J’étais devenue méconnaissable, le visage émacié et rongé par le sel. J’avais échappée de peu à la mort et je décidais que cette aventure serait la dernière. Pouvoir en parler m’a fait du bien, se confier est parfois la seule chose à faire après tout. »

Fardet se leva alors et regarda Ilda :

« Je sais que je viens d’arriver, que notre rencontre n’est vieille que de quelques heures seulement. Mais à entendre toutes ces histoires, je n’ai qu’une envie ! Partir à l’aventure ! »

Ilda le regarda soudain avec un air dur, et d’un ton autoritaire lui rétorqua :

« Tu viens pourtant de finir un voyage éprouvant. Sans compter le fait que tu m’as promis de m’aider dans ma tâche… »

« Et quel meilleur moyen de t’aider qu’en poursuivant à mon tour tes rêves ? »

Ilda perdit peu à peu son air renfrogné, un petit sourire se formant aux commissures de ses lèvres.

« Tu vas quand même rester quelques jours ! Non négociable. »

Fardet acquiesça de la tête et se releva les manches en disant ces mots :

« Sur ce l’heure du travail a sonnée ! En quoi puis-je t’assister ? »

Elle regarda Fardet en ricanant et le déposa sur son épaule.

« J’ai besoin que tu ailles chercher des plumes d’oiseaux, elles coûtent bien trop cher et j’en ai constamment besoin. »

« Tu souhaites que j’en dérobe si je comprends bien ? »

« Oh non rien qui puisse t’attirer des ennuis avec la justice. Il y a un nid en haut de la cheminée, surement pour la chaleur lors des rudes nuits d’hiver. De temps en temps un oisillon tombe du nid, voilà comment j’ai deviné la présence de ce nid. »

« Je comprends… Qui dit nid dit plume, mais il doit être farouchement gardé si la couvée y repose… Quelle mère laisserait sa progéniture en péril ? »

« N’as-tu point de lien avec la nature et les animaux ? »

« D’habitude oui mais avec une mère qui protège ses enfants de toute intrusion c’est plus difficile de parlementer. »

Ilda éluda la réponse de Fardet et alla farfouiller dans le tas d’ustensiles reposant sur le plan de travail. Elle extirpa au bout de quelques instants une petite fourchette et l’exhiba avec fierté.

« Voilà pour toi jeune lutin. En t’aidant de ton canif et de cette fourchette, tu vas pouvoir escalader sans difficulté l’intérieur de ma cheminée pour arriver au but convoité. »

« Je ne vais pas rechigner ! Mène moi donc là-bas Ilda. »

D’un pas lent elle alla jusque dans son salon. La pièce demeurait sobre malgré la présence de quelques plantes, d’un fauteuil en cuir rouge accompagné de quelques coussins. Les fenêtres ornant les murs ne devaient pas souvent être ouvertes, raison de l’odeur de renfermé qui régnait. Les moutons de poussières avaient proliférés grâce à ce mauvais entretien. Ils étaient désormais en surnombre, envahissant le sol, le recouvrant peu à peu.

« Il va falloir que je nettoie cette pièce un jour...
»


(Vu son état de saleté avancé, elle doit reporter ce jour depuis longtemps.)

Ilda posa Fardet devant l’entrée béante. Il s’engouffra à l’intérieur. Les murs étaient pleins de suies, rendant la tâche plus ardue que prévue mais Fardet ne renonça pas et avec de la patience il commença son ascension.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mar 20 Oct 2015 22:41 
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Fardet, armé de son canif et de la fourchette commença la difficile ascension de la cheminée. La suie n’était bien évidemment pas nettoyée, ce qui compliquait d’autant plus sa tâche. Le mur était d’une couleur uniformément noire, il lui était impossible de distinguer les interstices et il devait tâtonner pour progresser.

Le conduit paraissait ne pas avoir de fin, il voyait bien le carré de lumière indiquant la sortie mais la distance lui semblait si grande… Si difficile à franchir… Il se devait pourtant de respecter la promesse faite à Ilda. Il évoluait dans ce boyau crasseux tant bien que mal et s’accorda une pause arrivé à ce qui semblait être le milieu.

(Je regrette déjà cet engagement, c’en est presque à me dégoûter d’être honorable…)

Malgré sa faible corpulence, Fardet se sentait oppressé mais son sens du devoir l’empêchait de renoncer. Il s’acharnait à grimper, au bout d’un moment qui lui parut interminable il sentit le vent atteindre son visage. Ce signe précurseur de sa réussite l’encouragea et c’est avec d’autant plus d’ardeur qu’il s’échina à gravir la dernière étape le séparant de l’air libre.

Une fois arrivé, Fardet ne songea pas un instant au nid situé à quelques centimètres de lui. Non, il profitait de sa position pour tutoyer l’horizon. En véritable suzerain, le soleil s’imposait et de lui émanait une vive lumière qui perçait les nuages pour couvrir de sa chaleur ses sujets. Le ciel se dévoilait dans toute sa splendeur paré d’une couleur bleu azur où quelques nuages coulaient paisiblement.

En contrebas se déroulait la ville, des multitudes de bâtiments, dont les toits formaient un patchwork où des myriades de couleur se confondaient. Pour la plupart du brun mais certains brillaient par leur excentricité. Fardet pouvait apercevoir des toits teintés de rouge, de jaune, de bleu et même de vert. De larges avenues sillonnaient à travers ces maisons. Des étals fleurissaient dans ces rues et les cris des vendeurs s’élevaient à travers le quartier encore endormis.

Il se sentait en osmose avec le monde, un sentiment d’ivresse le gagna petit à petit. Son visage était tendrement caressé par un vent doux tandis qu’il contemplait ce spectacle. Oranan était le théâtre d’une effervescence, ce qui contrastait avec ce qu’il avait l’habitude de voir. Ses parents préféraient le calme de la campagne et la plupart des voyages les menaient dans de petits hameaux plutôt qu’en ville.

Aiguisant son regard Fardet regarda en direction de l’océan. Il semblait ne pas avoir de fin, pas de limites… Sa couleur bleu cristalline était un ravissement qui subjugua l’âme encore jeune de Fardet. Jamais il n’avait vu si bel océan, qui, secoué par des vagues fugitives semblait doté d’une conscience, d’une âme et ce sentiment le rassura. Il s’imagina voguer sur une entité bienveillante, réminiscence des anciens dieux qui las du monde s’en étaient allés en laissant derrière eux leurs créations.

Mais qui dit conscience dit humeur et dans de nombreux livres, l’océan y figurait comme un être capricieux, capable de vous avaler vous et votre navire s’il était mal luné… Pourtant à le voir ainsi, si placide, Fardet avait du mal à se l’illustrer en fureur.

Une voix le tira subitement de sa contemplation, une voix devenue familière…

« Bon alors !? Tu es lent ! »

Fardet cria en retour :

« Je fais ce qu’il m’est possible de faire ! » avant de se tourner vers le nid.

Conçu à partir de brindilles, de plumes et d’autres éléments inconnus, il contenait trois œufs. Fardet s’approcha davantage et décida de se saisir d’une des plumes qui dépassait. A peine eu-t-il porté la main sur le nid qu’un piaillement l’arrêta dans son mouvement, il leva sa petite tête vers la source soudaine du bruit.

Un oiseau, une pie apparemment. Tout de noir et de blanc elle s’approchait du jeune lutin à toute vitesse, en proie à la panique qu’une mère peut ressentir à la vue d’un de ses enfants en danger. Elle se posa entre Fardet qui s’éloigna d’un bond, et le nid. Formant un barrage naturel avec son corps elle dardait sur le lutin un regard défiant. Il n’osait plus esquisser ne serait-ce qu’un mouvement de peur de provoquer une réaction de la part de la mère. L’instant semblait figé, hors du courant du temps. Fardet décida de rester immobile, le temps que la pie se fasse à sa présence.

Le soleil déclinait à présent dans le ciel et abdiquait en faveur de la lune. Fardet n’avait pas bougé d’un pouce, le seul mouvement qu’il effectuait se résumait à respirer. Finalement la pie lâcha un piaillement et s’envola. Fardet en profita aussitôt pour récupérer quelques plumes, tâchant de ne pas toucher à la précieuse couvée.

Une fois le nécessaire récupéré, Fardet se laissa glisser dans le boyau de la cheminée afin de retourner auprès d’Ilda qui l’attendait depuis quelques heures. Il était fatigué mais heureux d’être allé jusqu’au bout et une fois arrivé devant Ilda, s’écroula par terre pour se reposer.

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