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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 29 Aoû 2011 21:11 
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L'aube commençait juste à se lever. Elerinna était à plat ventre au bord de l'eau qui lui léchait les jambes au gré du flux et du reflux. Elle commença à bouger et remonta ses bras vers son visage.
Elle toussa et cracha de l'eau. Elle reprit son souffle et toussa de nouveau. Elerinna se releva un peu en s'appuyant sur ses mains, et fit une grimace, elle avait mal partout comme si elle avait été enfermée dans un tonneau roulant au bas d'une montagne. Elle s’assit et regarda autour d'elle en clignant des yeux, aveuglée par la lumière naissante du soleil.

(Où suis-je? Que s'est-il passé?)

Elle se prit la tête dans les mains pour essayer de faire cesser le tintamarre qui lui crevait les tympans. Petit à petit, elle reprit ses esprits et eut moins mal à la tête. Des souvenirs lui revenaient par bribes : un bateau, une tempête, de l'eau partout, la suffocation. Et puis soudain, un souvenir lui revint... sur le bateau il y avait toute sa famille.

(Où sont-ils?)

Elerinna essaya de se mettre debout mais sa tête tournait, elle s'appuya sur un tonneau juste à côté pour ne pas tomber. Elerinna prit une forte inspiration pour récupérer son équilibre, le sol se stabilisa ainsi que l'horizon qui était de plus en plus lumineux.
Elerinna regarda autour d'elle et s'aperçut qu'elle était dans un port.

(Avaient-ils réussi à accoster? Comment s'appelait-il déjà ce foutu bateau? bourrée... bourron...Ah oui bourrasque!, un nom prémonitoire?)

Elerinna s'approcha du bateau le plus proche et cria :

"Oh hey, du bateau, y'a quelqu'un?"

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Sam 3 Sep 2011 11:05 
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Personne ne répondit, la jeune elfe s'éloigna donc du quai pour avoir une meilleure vision de la zone. Il y avait d'autres bateaux mais ils semblaient tous aussi abandonnés que le premier.

(Bon, ce n'est pas là que je vais trouver quelqu'un pour me dire où je suis, j'espère qu'il y a quelqu'un ici et que ce n'est pas un lieu abandonné)

Elerinna se retourna et commença à remonter vers les premières maisons. Elle n'en avait jamais vu des comme ça, avec leur toit qui se relevait sur les bords. Cela donnait une atmosphère étrange, apaisante, comme si les pointes des toits repoussaient les malheurs venant du ciel.

(J'espère qu'ils seront accueillants pour les gens venant de la mer.)

Les yeux émeraude de la belle rousse sourirent à cette pensée incongrue alors qu'elle n'avait encore rencontré personne. Le plancher de bois laissa la place à un sol naturel fait d'un mélange de pierres, de sable et de terre. Il y avait de plus en plus de verdure et notamment les jardins, autour de ces maisons étranges, étaient très verts et plein de fleurs, bien entretenus.

Cela rassura Elerinna, la ville était forcément habitée, sinon ce serait la forêt vierge dans les jardins, les mauvaises herbes ont la vie dure. Cependant, il n'y avait toujours personne, où étaient-ils donc tous passés ? Soudain au détour d'une rue, elle aperçut l'enseigne d'un petit magasin.

(Pourvu qu'il y ait quelqu'un)

(((suivant)))

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 6 Juil 2012 20:05 
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~6~



La main resserrée sur la sangle de mon Fang Bian Chan, je me lance dans une pointe de vitesse dont je ne me savais pas capable. Même si le soir est bien tombé, je croise quelques personnes dans les ruelles. Je tente d'ignorer les regards posés sur moi lorsque je passe sous une lanterne. Je sais que ma gorge est tâchée d'un liquide sans doute proche du sang, et que je dois laisser une étrange impression, mais je n'ai pas de temps à perdre à me justifier. Tout en courant, je passe rapidement la manche de mon yukata sur ce liquide. La milicienne Uzuuma m'a peut-être sauvé la vie, mais son départ réduit à néant mes efforts pour la retrouver et la ramener.

J'espère simplement que personne ne va se mettre en travers de mon chemin suite à une incompréhension. Je ne peux pas échouer maintenant.

Alors que j'approche du port, l'air salé me fouette le visage, chassant une mèche perdue. L'endroit laisse entendre des bruits réguliers émanant des arsenaux. J'ai beau savoir que des navires sont fabriqués en permanence, l'étrange ambiance des lieux m'impressionne néanmoins. Passant entre des caisses et des cordages oubliés, je cherche le bâtiment. Plusieurs entrepôts sont éclairés à cette heure, rendant la manoeuvre du trafic d'urnes sans doute plus simple. Mes yeux violins scrutent les plaques présentes près des grandes portes de chaque bâtisse.

(Huit... Neuf... )

Je poursuis mon avancée jusqu'à un entrepôt un peu excentré. Là, un éclat de voix me pousse à m'accoler à la porte ouverte.

"Eh ! Attention avec ça !"

"Moins fort !"

Une voix inconnue, masculine et chargée de nervosité, émerge de l'endroit.

"Dépêchez-vous. Je n'ai pas toute la nuit."

Glissant le long de la porte, je jette un coup d'oeil à l'intérieur. A ma gauche, vers le fond de l'édifice, quatre personnes s'affairent autour d'une caisse de bois, placée le long d'un empilement d'un grand nombre d'autres contenants identiques. Il y en a tant que j'ai presque la sensation qu'elles touchent le plafond. A ma droite, j'aperçois comme des fûts de gros gabarit, sans doute destinés à accueillir des céréales. La salle est vaste, et éclairée par des lanternes fixées sur des tiges métalliques, rivées aux murs.

J'observe la scène, me demandant à quel moment Akiko compte dévoiler son jeu. D'ailleurs, laquelle de ces personnes est-ce ? Je reconnais Hiroto entre les caisses et le contenant. L'homme à sa gauche ressemble à un ynorien. Ce doit être celui qui ne voulait pas se salir les mains, et je doute que la haute stature de l'autre humain aux cheveux courts corresponde. Il a davantage l'air d'un marin avec sa tunique étrangère, ses gants de cuir usés et ses bottes cloutées. La milicienne doit donc être le quatrième larron, portant une cape à capuche, et qui me tourne le dos.

Je ne peux que patienter, tout en préparant mon arme. Elle a sans doute un plan, et je doute qu'elle s'attende à me voir. Attentif, je la vois s'étirer, et remarque un long fourreau pendant à sa ceinture. Katana ? Sans doute. Sa voix me parvient, suivant un long bâillement.

"Bieeeen ! On dirait que le travail est fait."

En quelques pas, elle rejoint bientôt le plus jeune, lui passant un bras autour des épaules. J'ai à peine le temps de cligner des yeux qu'elle a déjà asséné un coup de poing dans l'estomac de ce dernier. Hiroto émet un son entre surprise et douleur, puis il s'effondre. L'instant d'après, l'humain massif porte la main à sa ceinture, faisant émerger une épée à double tranchant de son fourreau.

"Qu'est-ce que cela veut dire !"

Repoussant élégamment sa capuche, la femme porte la main à son katana, commençant à le dégainer. Elle est typiquement oranienne, portant un imposant chignon noir, et dotée d'un visage assez rond marqué d'yeux bridés. Son expression est dure, et elle semble plus âgée que sa voix le laisse penser. Sur un ton sérieux et menaçant, elle prend la parole.

"Milicienne Uzuuma Akiko ! Au nom de la milice d'Oranan, je vous arrête pour profanation de tombes, vol et recel de biens d'autrui !"

Dans un souffle presque amusé, elle ajoute une phrase.

"Et à titre personnel, pour l'honneur des cendres de ma soeur !"

Cette fois, cela y est. J'entre sans attendre dans le bâtiment, prenant soin de claquer la porte double derrière moi, attirant un instant l'attention. Mon apparition semble troubler l'ynorien, qui me pointe du doigt tout en reculant à l'opposé de la milicienne.

"Ah ! "

Le regard perçant d'Akiko se pose sur moi, tandis qu'elle fait jaillir sa lame de son fourreau.

"Je croyais pourtant t'avoir dit... Ne restes pas planté là ! Occupe-toi de l'autre !"

Sur ce, elle se jette en avant, sa lame parée dans un éclat métallique par celle de son grand adversaire. Fang Bian Chan en main, je me hâte derrière elle, et poursuis le complice dans la salle. Le grisé de sa tunique a marqué ma rétine, juste avant qu'il ne disparaisse derrière l'empilement de caisses. Alors que je m'y engage, j'ai juste le temps de faire un pas de côté, esquivant une lame acérée arrivant à hauteur de mon visage. L'une des mes mèches sombres n'y survit pas.

Immédiatement, je m'adosse aux caisses alors que le son de lames s'entrechoquant emplit les lieux. D'un coup, je ressens un léger tremblement dans les contenants de bois, et m'en défais. Un son de gorge attire mon attention au-dessus de moi, mais pas assez vite pour esquiver une autre lame. La dague de jet pique dans mon yukata, à hauteur de mon bras gauche. Fort heureusement, le tissu dévie légèrement cette dernière, mais la peine de la blessure me fait savoir que je suis touché.

Mon adversaire escalade les caisses, se mettant totalement hors de portée. Vivement, je tente de contourner le monticule boisé. Si je parviens à le rejoindre, je peux peut-être le maitriser. Alors que je m'apprête à monter, l'une de ses dagues se fiche à quelques centimètres de ma main. Je ne peux pas persévérer. Le temps que je monte, il a tout le temps nécessaire pour me viser. C'est d'ailleurs ce qu'il fait.

Rapidement, je me laisse tomber le long du montant de bois, et lève la partie plane de mon arme. Un choc la fait vibrer tandis qu'elle amortit le projectile qui m'est destiné. Que faire ? Il est trop loin pour que je puisse l'atteindre d'ici, et si je prends le risque de monter, il va me cribler de lames.

(Par Rana ! Quelle impasse ! Si je pouvais au moins le déstabiliser ! Le faire choir ! )

Je tente de trouver quelque chose rapidement. J'ai bien remarqué que s'il ne me vise pas, il risque de s'en prendre à la milicienne. Je cogite, me creuse les méninges et tente de me rappeler de quelque chose, n'importe quoi. Soudain, la vision du dos de Père me revient en tête. Ce souvenir est ancien, mais je suis certain de l'avoir déjà vu faire.

Il s'entraine durement, se figeant par moments, comme s'il communie avec les rafales douces du souffle de Rana. De derrière un tronc d'arbre, je le vois scruter un rondin immobile, loin de lui. Il tend bientôt son sabre dans sa direction, puis, en un geste rapide, fait décrire un arc de cercle à la lame. Suite à cela, l'air semble différent, comme déformé. Père rengaine son arme puis il me voit. Alors que sa large main se pose sur mon crâne, le rondin tombe au sol, tranché en deux.

(Je dois tenter ma chance.)

Imitant Père, je tends mon Fang Bian Chan en direction de l'ynorien. Ce dernier se fige, préparant un projectile. Avec conviction, je fais décrire à l'arme à deux mains un arc de cercle, tranchant l'air.

Et seulement l'air.

Mon adversaire me scrute avec un air interloqué, puis il m'envoie une dague en représailles. Cette dernière se perd loin au-dessus de moi, frappant sans doute un tonneau vide dans mon dos. Frustré par cet échec, je me concentre, tentant de me rappeler de tous les détails possibles. Qu'ai-je oublié ? Pourquoi Père restait-il immobile ? Cherchait-il à se calmer ? Oui, ce doit être cela.

Je n'ai guère le temps de le faire, mais je tente de retrouver un semblant de calme et de concentration. Mes pensées se tournent vers la déesse du vent, et je l'implore en mon coeur de me guider sur ce que je dois faire. Je dois oublier cette lassitude qui arrive. Il me faut réunir mes forces et les jeter dans cet affrontement. Bientôt, je perçois comme la présence d'une autre ressource au fond de moi. Cela ne ressemble pas à ce que je ressens quand je m'apprête à utiliser mon fluide de lumière. C'est autre chose, comme le genre d'énergie que l'on trouve en soi alors qu'on se sent vidé.

Ce court instant dans mes pensées est suffisant pour que l'ynorien en profite. Une lame, adroitement jetée, vient entailler mon mollet droit, sur l'intérieur. Je laisse échapper un souffle surpris et douloureux, mais reste debout, aussi stoïque que possible.

(Ce n'est rien, à peine une égratignure ! Concentre-toi !)

Des éclats de voix me font savoir que la milicienne et le marin doivent être de force à peu près égale, sauf que mon adversaire veut y mettre son grain de sel. Je n'ai plus de temps à perdre. Mon coeur se met à cogner aussi sourdement qu'un orage, tandis que je ressens un regain d'énergie parcourir mes muscles. Convaincu, je frappe l'air une nouvelle fois. Une étrange impression me submerge. Rien ne s'est produit, mais je suis certain de pouvoir y arriver. Mon arme... Peut-être qu'avec cette technique, cet étrange objet doit être utilisé comme le prolongement de mon bras.

Campant sur mes jambes, je scrute l'homme en haut de ces caisses. Son bras se lève, les miens aussi. Le nom de Rana se superpose au souvenir de Père, et lorsque l'homme projette sa dague en direction de la milicienne, je frappe avec mon Fang Bian Chan, comme si je me tenais juste à côté de lui. Pendant un instant, l'air semble se déformer, mais rien ne se produit.

Dents serrées, toute ma volonté se fixe sur un seul et unique objectif. Je veux le frapper, je veux lui faire perdre son expression narquoise. Accompagnant mon geste d'un grondement sans retenue, je recommence l'opération, sentant la tension dans mes muscles comme lorsque je touche rudement une surface résistante. J'ai la sensation de voir une vague étroite filer droit sur ma cible. C'est loin d'être aussi net qu'avec mon géniteur, mais suffisant pour déséquilibrer l'homme. Ce dernier agite les bras, recule, puis il trébuche et chute.

Je m'en désintéresse immédiatement, alors que la milicienne émet un râle enragé.

(Bon sang !)

En posture de parade, retenant difficilement l'épée de son opposant, Uzuuma Akiko peine, une lame de jet enfoncée dans le bras droit. Soudain, alors que je me précipite vers elle, son bras abandonne la partie, et le tranchant adverse s'abat sans retenue sur son épaule meurtrie. Alors que le marin retire et lève de nouveau sa lame, je parviens à leur niveau et, la hampe de mon arme appuyant le katana, le coup est paré de justesse.

Vivement, le marin se recule. Il n'a guère l'air essoufflé, et même semble heureux d'en découdre. Quelque chose me dit que je ne vais pas apprécier la suite.


[Tentative d'apprentissage de la CCAA : Tranché de Rana]


~Suite~

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Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 8 Juil 2012 14:29, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 6 Juil 2012 23:53 
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~7~



Les deux mains calées sur le manche du Fang Bian Chan, ce dernier tendu à l'horizontale, je me tiens en posture de parade entre le marin et la milicienne. J'ai beau être déterminé, la différence entre nos tailles respectives est flagrante. Il a sans aucun doute possible une bien meilleure allonge que moi. Si je veux l'affronter, je vais devoir me montrer rapide. La plus petite ouverture risque de me coûter cher. Que dois-je faire ? Lui laisser l'initiative ? Si je ne tiens pas le choc, il va sans doute s'en prendre à Uzuuma Akiko. Elle grommelle, mais le choc semble l'avoir quelque peu perturbé.

Sans quitter des yeux le grand humain, je m'adresse à elle.

"Votre épaule ?"

J'entends un bruit de tissu déchiré, puis aperçois du coin de l'oeil le côté brillant d'une dague jetée au loin. Le ton rancunier de la femme s'élève dans l'entrepôt.

"Même pas capable d'arrêter un bête lanceur de couteaux, félicitations le débutant !"

Une pointe de culpabilité me perce la poitrine. Elle n'a pas tort, même si ce n'est pas ce que je lui demande. Si cela se trouve, c'est la douleur qui parle, pas elle. Dans ce cas, je dois absolument gagner du temps pour qu'elle se reprenne.
Ramenant mes mains l'une vers l'autre, je fais tourner mon arme sur elle-même devant moi, me rapprochant d'un pas du marin. Celui-ci, l'épée prête, ne quitte pas des yeux la lame en croissant de lune reflétant la lueur de la lanterne. Je fais un autre pas en avant, cherchant à me mettre à portée.

D'un coup, je porte mon attaque. Lançant le genou en avant, je projette mon arme, laissant le manche me glisser légèrement entre les doigts. Le croissant métallique file à vive allure vers l'abdomen du marin, mais ce dernier parvient à la dévier du plat de la lame au dernier moment. Profitant de l'ouverture de sa garde, je me jette dans sa direction, tournant et abaissant le Fang Bian Chan, cherchant à atteindre ses chevilles avec la partie évasée.

Mais j'ai vu trop court.

La lame large ne fait que légèrement entailler le cuir du dessus de sa botte. Lorsque je le réalise, je plonge sur le côté droit, serrant le manche contre ma poitrine. Bien m'en prends, puisque je pense sentir le déplacement d'air issu du coup de sa lame juste après. Je roule, m'appuyant sur la main libre et le bout du pied pour reprendre mes appuis. Tendant l'arme à deux mains dans mon dos, je scrute mon adversaire.

Visiblement, le rictus mécontent de son visage m'indique qu'il n'est pas ravi de ce que je vient de tenter. Je jette immédiatement un coup d'oeil à la milicienne, la voyant nouer un tissu autour de son épaule blessée, tirant sur un pan à coup de dents. Le marin semble la remarquer aussi, et se précipite dans sa direction. Par réflexe, je lui emboite le pas, allongeant les foulées. Uzuuma bondit sur ses pieds, tendant son arme dans une posture maladroite, même si elle est encore à une certaine distance de lui.

Soudain, j'aperçois un sourire en coin sur le profil de l'humain. Je comprends trop tard.
Il fait un brusque volte-face, décrivant un arc-de-cercle avec son épée, visant ma tête. Freinant ma course, j'ai le temps de lever mon arme, mais cela ne suffit pas. Son poignet heurte la hampe, mais le plat de la lame est lancé, et vient percuter en biais ma tempe et ma pommette. L'impact est si fort et inattendu que je le sens résonner dans mon crâne, et que le sol se dérobe sous mes getas. La douleur m'aveugle, un vague goût ferreux remplit ma bouche alors que je prends conscience que le coup m'a fait me mordre la joue.

Je trébuche, luttant pour rester debout. Je recule d'un pas, puis d'un autre, mais je refuse de plier. Soudain, le marin est sur moi. Instinctivement, je brandis mon Fang Bian Chan, retenant la lame contre le manche. La force que cet être met dans son coup me semble colossale. Je lutte, tentant de repousser l'arme. L'homme recommence, pesant de tout son poids et à deux mains dessus. Sous la pression, mon genou droit ploie progressivement.

(Moura ! Donnez-moi la force !)

Je résiste, serrant les dents alors que quelques gouttes de sang viennent taquiner ma langue. Mon souffle se fait de plus en plus court quand, d'un coup, mon adversaire change de tactique. Brusquement, alors qu'il attaquait par le dessus, il abaisse son arme et me repousse en arrière. Cette fois-ci, déséquilibré, je ne parviens pas à rester debout. Donnant un coup de talon, je parviens juste à me reculer autant que possible, mais ma réception est mauvaise. Elle l'est tant que mon arme m'échappe, et glisse sur le sol.

Mon coeur tambourine à ma tempe douloureuse, alors que je me hurle intérieurement de ne pas rester là. Basculant sur les genoux, j'ai presque la main sur mon arme quand je sens mon yukata se tendre. Un bref coup d'oeil par-dessus mon épaule me provoque une soudaine ruée de sueur froide. L'homme marche sur un des revers, m'empêchant de progresser, mais surtout il lève son arme sans hésitation. Alors que je la vois sur le point de s'abattre, le marin pousse un cri de douleur, tendant une main dans son dos.

Sans que je sache pourquoi, il se retourne subitement, cessant de retenir mon vêtement. Mes doigts grisés se referment alors sur mon arme au moment où un nouveau cri de peine lui échappe. Sans perdre de temps, je pivote sur moi-même, faisant raser le sol à la lame en croissant. J'ai une fois de plus mal estimé la trajectoire, mais mon coup touche néanmoins au but. La hampe percute violemment sa cheville, fauchant son appui. D'un seul coup, il chute sur son flanc, me permettant de voir la milicienne, debout, les bras tendus. Sans aucun doute, c'est elle qui l'a envoyé au sol. Le raclement du métal contre le plancher m'informe qu'il a lâché son épée à l'impact.

Pendant que je me redresse, l'ynorienne blessée se poste à côté du marin, la pointe de son katana contre la gorge de ce dernier.

"Je déteste me répéter, mais je vais faire une exception. Au nom de la milice d'Oranan, je vous arrête pour recel de biens d'autrui."

Massant ma tempe, je tente de formuler des mots, mais ma gorge semble me défier. Je ne parviens à en laisser sortir qu'un seul.

"Merci."

Sans m'adresser un regard, elle fait un bref signe de tête en direction de la caisse à urnes.

"Si cela concerne la vie sauve, adresse-toi à ce petit."

Emergeant de derrière la caisse, c'est un Hiroto penaud et se tenant le ventre qui apparait.

"Ne jamais sous-estimer les dagues de jet."

Ce n'est qu'à sa tirade que je constate la présence de l'une de ces petites lames dans l'omoplate du marin. Je comprends un peu mieux pourquoi il s'est subitement arrêté. Je ne peux qu'être content de ce revirement soudain, sans quoi je doute avoir été en mesure de contempler un nouveau jour. Akiko semblant maîtriser la situation, je me rends de l'autre côté du tas de caisses, soucieux de ce qu'est devenu l'autre homme. Mon arme en main, je progresse, voyant une forme humaine dans la lueur de la lanterne. Un grondement lui échappe, preuve qu'il est encore en vie. Sans lui laisser le temps de se reprendre, je plante ma lame en croissant de lune autour de sa gorge.

"Un mouvement brusque et votre gorge s'ouvre d'elle-même. Au nom de la milice d'Oranan, vous êtes en état d'arrestation pour pillage de tombes, vol de biens et tentative de meurtre sur des représentants de la milice. "

Je devine une expression entre la colère et la crainte sur ce faciès, mais je n'en ai cure. Je suis un peu plus préoccupé par la faiblesse de ma voix et la sensation douloureuse qui vrille mon corps. Je reste immobile, gardant un oeil sur lui alors que le jeune Hiroto vient lier les poignets de l'homme. La culpabilité se lit sur son jeune visage, et je sais bien pourquoi il a agit ainsi. J'imagine sans peine, pour être herboriste moi-même, que les médicaments pour Masahiko doivent peser sur leurs revenus. Néanmoins, il reste coupable, et ma mission ne comprends pas la résolution de cette affaire. La seule chose que je puisse faire, si on me le demande, c'est de témoigner de sa bonne volonté.

Un peu plus tard, deux hommes, sans doute des dockers, entrent dans l'entrepôt. C'est d'une oreille distraite que j'écoute la jeune femme leur ordonner d'alerter la milice. Je suis bien plus préoccupé par l'état de son épaule. Moi qui suis censé la ramener saine et sauve, je suis sur le point de faillir à ma tâche. Tout en rajustant la sangle de mon arme, je m'approche de la caisse contre laquelle elle s'appuie. Sa main opposée fait pression contre la blessure, mais son visage reste stoïque.

"Milicienne Uzuuma ?"

"Hum ?"

"J'aimerais examiner votre blessure."

"Dis donc, débutant. Tu ne crois pas que tu as assez fait de bêtises pour ce soir ?"

Mes yeux se plissent et, sans retenue ni méchanceté, je me permets de lui répondre.

"Parce que ce n'est pas une bêtise de se conduire de façon aussi puérile ? Arrêtez un instant de faire la fière, et laissez-moi voir."

"Eh !"

"Et immédiatement, je vous prie."

En jurant à mi-voix, Akiko retire le tissu de sa plaie. L'entaille est vraiment profonde et elle continue de saigner abondamment. Mes pensées se tournent instantanément vers Gaïa et sa lumière bienfaitrice. Jusque-là, je n'ai traité avec mes fluides que des plaies légères. Face à une telle blessure, il me faudrait mieux que ce souffle de la déesse.
Lentement, je place mes mains de part et d'autre de l'épaule meurtrie, amenant mes fluides de lumière dans mes paumes. La patiente tressaille alors que la lueur commence à la soigner.

Du coin de l'oeil, je me rends compte que la pénibilité de l'opération se lit sur le visage de l'ynorienne. La frustration commence à poindre quand je prends conscience que ce que je fais oscille entre l'inutile et le peu efficace. Il me faudrait la guérir en un seul impact de lumière, chose que je n'ai encore jamais fait. Cela risque de ne pas être simple, mais maintenant que j'ai pris la décision de l'aider, il serait déshonorant de revenir dessus.

Gardant les mains autour de l'épaule endommagée, je change de tactique. Je me concentre, visualisant mentalement un film transparent autour de l'énergie canalisée dans mes paumes. Je dois la contenir, la concentrer assez longtemps pour rendre ce soin bien plus efficace. Je m'efforce de garder les yeux rivés sur la plaie, mais en voyant un filet de sang s'échapper, ma concentration s'évanouit. Lentement, j'inspire, fermant les yeux. Il me faut rester calme et ignorer les bruits ambiants.

De nouveau, je lève les paumes, les mettant face à face. Un léger tremblement imprime mes doigts alors que j'amène le fluide lumineux au bord de ma peau. Au loin, le claquement d'une voile de navire m'amène à visualiser un beau tissu blanc entourant une sphère lumineuse. Peu à peu, je sens s'accumuler cette puissance intérieure, au point d'avoir l'impression de percevoir une étrange chaleur. La plaie est large, et je suis confronté à un nouvel obstacle. Comment puis-je soigner efficacement cette plaie ? Répartir l'effet du fluide intégralement sur la surface ? Depuis le fond ?

Cette simple question suffit à perturber ma sérénité, et ma visualisation. La voix de la milicienne s'élève, sans ce ton agressif récurrent.

"Pourquoi t'acharner ?"

"Je suis censé vous ramener saine et sauve auprès des miliciens."

Un brin d'amertume entache sa réponse.

"Oh, je vois. Pour la mission, pour ne pas perdre la face."

"Je ne vais pas vous mentir, c'est la principale raison. Mais c'est aussi parce que je vous dois la vie, et que je ne peux pas laisser quelqu'un souffrir sans rien faire."

"Ah ? Et le marin ?"

"Hum ? Quel marin ?"

"Pffff ! "

L'épaule de la milicienne s'abaisse, et j'ai l'impression de discerner une esquisse de sourire sur son visage. Détendu, je me remets à l'ouvrage. Encore une fois, je concentre mes fluides dans mes paumes, mais opte finalement pour une autre disposition. Croisant les doigts, je forme de ces derniers un dôme au-dessus de l'entaille. Je patiente, rassemblant cette énergie, puis, décidé, je la fais jaillir en direction du fond de la blessure.

Akiko grimace mais ne bouge pas. Sous l'action de la lueur, je vois un pan de la plaie cicatriser alors que l'autre demeure dans le même état. Mes fluides ne doivent pas être assez puissants ou concentrés, à moins que je ne parvienne simplement pas à atteindre le fond de la plaie. Coupant ma respiration, j'insiste, unissant tout ce qu'il me reste dans cette guérison. Volonté, prières pour Gaïa, espoir et énergie curative. Je projette cette étrange combinaison en un rayon dense, droit dans la blessure. Une lumière peu discrète nait de cette opération.

Mon coeur bat si fort que toutes mes plaies se ravivent, comme cherchant à me faire échouer dans ma tentative. Je dois faire un effort colossal de volonté pour rester focalisé sur ce que je fais. Lorsque je cesse la manipulation, je me sens vidé, comme s'il ne me restait plus que l'énergie d'être conscient et de me tenir debout. Un léger vertige me prend, m'amenant à me frotter les yeux. J'anticipe la question de ma voisine.

"Je vais bien. J'ai juste un coup de fatigue."

Enfin, les miliciens supplémentaires font leur apparition dans le cadre de la porte. C'est avec soulagement que je vois l'ynorienne sourire, puis que je lui emboîte le pas en direction de la milice. Je ne sais pas si j'ai réussi à la guérir, mais je n'ai pas à regretter les efforts fournis.

A moins de ne véritablement pas avoir de chance en chemin, je pense avoir mené ma tâche à terme. Tout de même, j'espère qu'une fois le calme revenu, elle daigne m'expliquer exactement les tenants et les aboutissants de cette affaire. J'aimerais bien savoir si c'est elle qui a masqué son opération aux miliciens et agi en secret, ou si ces derniers le savaient parfaitement. Dans un cas, elle risque d'avoir des ennuis, dans l'autre, j'espère avoir réussi ce test.



[Tentative d'apprentissage du sort de lumière : Guérison harassante]



~Suite~

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Dim 29 Juil 2012 22:35 
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Etrange personne que le fournisseur du vieux Nataku Arashimasi, s'il n'avait pas ri à la blague du kraken ! Pépin, lui, avait bien rigolé en tous cas ! Et cependant il avait fini par partir, trois fioles d'huile de pierre-de-lune sous le bras et des indications pour aller à la Belle Aura, l’officine d’un enchanteur qui saurait décrypter sa rune. Ce fut ainsi qu’il dit au revoir à Nataku Arashimasi, en lui disant à la prochaine fois sans faute ! Et en marchant tranquillement dans les ruelles d'Oranan, il se promit de passer à Kendra-Kâr aussi... mais pas pour manger du bouloum en gelée, pouah ! Quelle idée de manger des petits animaux aussi mignons !

Mais à peine avait-il fait quelques pas qu'il se souvint avoir oublié de poser sa fameuse question au vénérable Arashimasi : qu’est-ce que c’était que ces drôles d’oiseaux-là, avec leur ventre tout beau tout blanc et qui poussaient des cris perçants ? Pour sûr, Péperci ne lui en avait jamais parlé ! A moins que… peut-être, après tout, c’est vrai que le lutillon avait la fâcheuse (et trop chouette !) manie de rigoler avec Calembour et Gaudriole pendant les leçons. Ça avait tout aussi bien pu entrer par une oreille et ressortir par l’autre – ce ne serait pas la première fois !

Mais avant qu’il eût pu tourner les talons et revenir sur ses pas, il aperçut un petit étal de fruits au bout de la rue. Ce fut bien sûr sans la moindre hésitation qu’il oublia ses questions, pour aller tout guilleret acheter des provisions. Pour quelques yus, il fit le plein de lychees bien juteux, et il s’étonna un peu de cette coque à pointes – ce qui fit bien rire la vieille marchande qui regardait ses poules picorer en plein milieu de la chaussée. Et ce rire redoubla encore quand le lutin se prit à imiter les volatiles, chose qui ragaillardit encore plus Pépin (si c’était possible).

- Woahaaaa ! Oupsi ! laissa-t-il échapper quand un des lychees de sa petite pyramide dégringola et roula sur les pavés.

Pépin se lança à sa poursuite, saluant prestement la petite dame qui ne pouvait plus s’empêcher de s’esclaffer. Il reconnut la légère déclivité qui emportait son dû, la ressentit dans sa course folle tandis que la petite bille bondissait et rebondissait, mais surtout il lui en voulait beaucoup ! Cette petite pente coquine l’empêchait quand même de se repaître à son aise ! Et pendant qu’il courait, ses papilles se remémorèrent cette saveur sucrée, et sa langue se souvint de la douceur de la chair blanche et lisse du fruit qu’il venait de goûter pour la première fois – et qu’il avait fichtrement envie de manger, nom d’une pipe !

Le lutin cabriolait presque aussi vite que le lychee, mais, lui, il devait éviter les pieds des géants sur son chemin quitte à se faire écrabouiller aussi sec... Alors que le fruit pouvait rouler tout son soûl, à l’envi, et tout naturellement il slalomait entre les getas des gens et les sabots des mules. Pépin faillit se faire écraser par une roue de charrette, et il sauta in extremis entre ses rayons, tandis que son lychee filait libre comme l’air. Le lutillon grogna en son fort intérieur. D’un côté, ça le faisait bien rigoler : c’était cocasse, quand même, comme situation ! Ce n’était pas tous les jours qu’on chassait, chez les lutins, et de mémoire il ne connaissait pas d’humain ou d’elfe qui eussent un jour au cours de leurs aventures coursé un fruit fou ! Mais d’un autre côté, c’étaient là des dangers supplémentaires dont il se serait bien passé. Entre les zombies et les gobelins, il avait affronté des méchants plus que de raison, et il avait failli mourir plein de fois ! Mais là, mourir dans la folie des semelles inattentives, c’en serait trop !

(Et puis quel héros se fait écrabouiller bêtement, hein ?)
(Oh, c’est arrivé souvent…)

Pépin s’arrêta tout net. Cette fois, la voix était différente... Mais à vrai dire il n’eut pas trop le temps de s’attarder sur le sujet, tout comme sa vue embrassait un paysage qu’il n’avait jamais eu l’occasion de contempler auparavant. Il fut sidéré par la beauté de l’endroit. La mer. Alors, c’était ça ? Le lutillon offrit tout de suite son visage aux doux embruns, cette légère brise à la fraîcheur salée, et il aurait goûté la sensation avec délices s’il n’avait pas dû éviter encore et encore mille et un passants. Ce fut donc du cœur d’un enchevêtrement de filets et de cordes – passablement puant pour tout dire – qu’il contempla l’horizon du port d’Oranan.

Méditatif face au ressac murmurant des vagues, il s’ébahissait aussi des grandes voiles éclatantes des jonques et des hautes falaises qui découpaient la baie dans le lointain. Et puis il trouvait ça trop génial que l’eau fût bleue, qu’elle moussât et aussi que l’écume fût blanche comme ça ! Et le varech ! Et les marins un peu bizarres au langage tellement fleuri ! Et ces oiseaux blancs – des mouettes, à ce qu’on lui dit plus tard… (Ah, oui ! Ca me rappelle quelque chose, maintenant !!) Tout ça le mettait dans tous ses états, mais pour une fois ce n’était pas ses petits muscles qui étaient en ébullition, mais son imagination ! Durant des heures, il réinventa des contes qui se passaient sur les rivages de la mer. Dedans, bien sûr, il fit surgir des sirènes et des monstres tricéphales couverts d’écailles, et surtout des aventuriers plus téméraires les uns que les autres... Tant et si bien qu'il finit par sombrer dans une douce et bienheureuse torpeur.

(Ah ! Qu’il fait bon vivre dans cette cité de géants… !)


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 3 Aoû 2012 12:50 
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Quand Pépin se réveilla, il n’était pas tout à fait dans son assiette. Et pour cause ! Drôle de terre que celle d’Oranan, qui tanguait de droite et de gauche, d’avant en arrière… (Bouaaah !) Le lutillon sentait bien son estomac se tortiller dans tous les sens, et puis aussi son petit cœur se racrapoter pour éviter de remonter tout droit dans sa gorge !

- YAHAAAAAAAAAAAAAAA ! s’écria-t-il, fou de joie, en ouvrant les yeux.

Il sautilla partout en comprenant que c’était simplement le mal de mer, et que ça voulait dire qu’autour de lui il y avait la mer, et que lui il était sur un bateau ! (Un bateau !!!) Ça, c’était la merveille des merveilles, jamais il n’aurait cru pouvoir un jour aller naviguer. Voguer sur les hauts-fonds, frôler les récifs, découvrir des plages exotiques et mirifiques ! Et puis voir des sirènes ! Après les centaures, ce serait vraiment magique… même si le lutin savait bien qu’il faudrait qu’il se bouchât les oreilles – ou alors qu’on le ligotât à un mât ! – pour éviter de se faire emmener par le fond.

(En parlant de mât…)

Avant de s’abîmer dans la contemplation de sa propre imagination (où se dessinaient déjà mille femmes-poissons plus belles les unes que les autres), il s’enquit de tout regarder, de tout scruter, même ! Il voulait absolument remplir son esprit de toutes ces choses fabuleuses, afin de le raconter au mieux à tous ses amis quand il les retrouverait. Il courut jusqu’au bastingage et se cramponna par-dessus… avant d’être pris d’une soudaine angoisse de passer par-dessus bord. Il se précipita alors vers chacun des trois mâts en bambou verni, et il en caressa les grandes voiles flottantes d’un blanc immaculé.

(Elles sont tellement belles ! C’est comme des ailes de papillons géants !)
(Oh oui, c’est vrai ça ! C’est vraiment joli !)

Pépin bondit et rebondit comme s’il n’avait pas entendu la voix (après tout il en avait marre, hein, qu’elle se manifestât comme ça sans lui demander son avis !). Le bateau était encore amarré au quai, malgré l’idée qu’en donnaient les remous qui l’agitaient malgré tout, et du coup Pépin ne crut pas bon de craindre quoi que ce fût. En un salto il retrouverait le plancher des vaches, alors autant profiter de la situation sans préoccupation ! Et puis il n’y avait personne à bord, personne à la barre, personne aux voiles : le terrain de jeux parfait pour un petit lutin qui s’était fait embarqué à son insu, caché parmi les filets ! Alors il agrippa un bout de drisse et se balança à bout de bras vers la poupe pour voir comment était fait le gouvernail, et puis il décida de grimper au faîte du plus haut des mâts.

(Wow…)

La vue était sidérante, et il avait l’impression de toucher les nuages du bout du doigt ! Au loin, l’horizon sans fin, et de l’autre côté, les toits par milliers… et les montagnes perdues dans une opaque brume bleutée, à des jours et des jours de marche d’Oranan. Pépin frissonna, somme toute un peu effrayé par tout ce qui allait se dresser entre lui, pauvre petit lutin face à mille et un monstres sanguinaires, et le Monastère où tous ses amis devaient déjà se trouver s’ils n’avaient pas entrepris de le chercher. Mais il était surtout très excité de se faire la main sur autant de méchants ! (Haha ! Un héros ! C’est pour bientôt, j’en suis sûr !)… comme si on devenait un héros du jour au lendemain, ahem.

Mais Pépin fut soudain tiré de ses pensées par des voix qui mugissaient en contrebas : de gros marins baraqués étaient en train de charger d’énormes sacs en toile à bord, et par Yuimen ! qu’est-ce que ça pouvait faire tanguer le bateau, tout ce ramdam ! Les marins avaient des muscles larges comme des pastèques et des tatouages un peu moches, pour autant que le lutillon pouvait en constater d’aussi haut. Le pas lourd et traînant, ils suaient comme des bœufs : les sacs devaient peser au moins cent kilos !

Bien vite, ils eurent fini de tout embarquer, et quand ils disparurent dans les ruelles pour un dernier petit tour avant de larguer les amarres, Pépin s’enquit de descendre de la jonque pour ne pas se faire entraîner pour de bon sur les flots. Mais au moment même où il s’apprêtait à bondir au bas des gréements, des bruits de voix attirèrent son attention. Et lui qui croyait être tout seul ! Alors, au lieu de se dépêcher de mettre pied à terre pour ne pas se faire prendre, il se glissa le long des cordages et se jucha sur l'écoute pour voir ce qui se tramait là-bas – en bon lutin qui se respecte, évidemment. Et quelle ne fut pas sa surprise quand il vit deux des sacs s’ouvrir, déversant de grandes cataractes de riz blanc, et, parmi tout ça, deux hommes plutôt petits et secs émerger en se tenant les côtes.

- Hahaha ! On les a bien eus ! fit l’un en faisant tomber le riz qui était resté dans ses cheveux bruns et brillants.
- Le plan était parfait, en même temps ! s’écria l’autre en époussetant sa tunique noire.
- Hé, tu l’as ?
- Et comment que je l’ai !
- Bon, on se débarrasse de ça et puis c’est parti.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Du haut de son perchoir Pépin les vit balancer les sacs vides par-dessus bord et balayer le riz éparpillé à coups de pied. Ceci fait, ils se remirent à rigoler, comme des lutillons bien fiers de leur dernière farce, et puis le plus petit sortit de sa poche une poupée de chiffon. (Alors c’est tout ? C’est pour ça qu’ils rigolent ? Parole de lutin, jamais on ne vole la poupée d’une lutillonne toute mignonne ! Chatouilles et poils de grenouille ! Ils ne s’en sortiront pas comme ça !) La colère de Pépin gronda et sourdit dans toutes ses veines quand le vilain voleur dégaina un couteau et en menaça la poupée – il allait l’éventrer, le sale type !

- BONZAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAÏ !

*Shbooooiiiing*


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Sam 4 Aoû 2012 23:46 
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- Heu… Hihi.

Et oui, parce là en fait, Pépin n’était pas vraiment en mesure de faire un sermon à ces deux malandrins. Ils avaient beau s’être emparés du jouet d’une pauvre fillette ynorienne (ce qui révoltait le lutin, et lui faisait surtout beaucoup de peine), là, Pépin était mal barré. En s’élançant de l’écoute, tel l’écureuil volant, il s’était pris dans le cordage et pendait désormais piteusement par les pieds. Et puis, dans ces cas-là on évite quand même de se faire remarquer, c’est la moindre des choses… mais en criant banzaï de tout son petit cœur - qui confondait cris de guerre et arbres hauts comme trois pommes - il s’était vendu avant même d’attaquer.

De fait, il était dans la fiente de chonkra jusqu’au cou - et ça, c'était peu dire. Surtout que de leurs quatre yeux à eux deux, les voleurs le fixaient avec stupeur : que pouvait-il bien y avoir dans la tête d’un bandit pris la main dans le sac par un lutin vengeur et manifestement très en colère ?

- Oui, heu, c’est mal de piquer une poupée… quand même ! ponctua-t-il en croisant les bras, d’un air qui voulait dire qu’ils auraient raison de craindre d’encourir son courroux !

Pour toute réponse, ils se mirent à rire de concert une fois remis de leur stupéfaction première. Et pendant qu’ils se bidonnaient, les yeux baignés de larmes tellement ils rigolaient de cette déconvenue lutine, Pépin se démenait et gigotait comme un asticot pour se tirer de sa situation fâcheuse. « Gna… ! GNIII !!! » Gémissement après geignement, il sentait bien que la corde, peu à peu, desserrait son étreinte.

*BOUM*

Pépin atterrit ni plus ni moins sur la tête du plus petit des deux voleurs, lui arrachant un barrissement de rage et la poupée au passage. Une main de géant se cramponna à sa cheville déjà brûlée par les cordes, et le lutin dans sa chute laissa choir au loin l’objet de sa lutte. D’instinct, il envoya un coup de pied bien senti sans regarder où il tapait, mais il sut que ça avait fait mouche en entendant un petit cri perçant de fillette. Sans réfléchir et sans même jeter un œil en arrière, il prit immédiatement ses jambes à son cou. Il aurait voulu filer comme l’éclair comme il avait appris à faire, mais en agrippant la poupée par les cheveux il se rendit compte qu’elle n’était pas aussi légère qu’espéré. Il l’harnacha sur son dos tant bien que mal et reprit sa course folle de la proue à la poupe, bondissant plus difficilement, esquivant plus lentement. Mais enfin quoi ? Il ne pouvait pas laisser le bien d’une petite fille entre les mains de deux truands, quand même !

Quand il entendit leurs pas derrière lui, il comprit qu’ils étaient à sa poursuite, et ils se rapprochaient de plus en plus ! Heureusement que lui, c’était un lutin ! Un pas après l’autre, tous lancés avec plus de force, de témérité et de célérité que le précédent, il s’apprêtait à franchir le bastingage sans même s’arrêter. Ca, ça les freinerait, c’était obligé ! Alors, raffermissant sa prise sur la poupée plus ou moins attachée autour de son cou, il se cramponna des deux mains à une corde et se lança de toutes ses forces sur le quai. Un instant, il vola, il sentit l’air fouetter son visage et envoler ses cheveux déjà pas mal ébouriffés… (… WOUHAAAAAA-HAAAA !!!)

… mais non. Ce n’était pas aussi facile. Tandis qu’il voyait la distance s’amenuiser entre lui et le plancher des vaches, il sentit aussi que son petit corps de lutillon suivait une courbe oaxaciquement descendante. Il se rattrapa du bout des doigts au rebord du débarcadère, et tout son côté râpa contre le bois. Si son plastron d’écorce protégea son flanc, sa joue se hérissa d’échardes peu sympathiques. Et ce qui était sûr, à cet instant précis, c’est que son plan avait échoué… ou peut-être pas, en fin de comptes.

Ce qui avait manqué, c’était de prendre le pas sur les voleurs dans une course de vitesse éperdue. Mais quand ils franchirent le bastingage sans plus de mal que pour cligner de l’œil, Pépin s’agrippa à la cape de l’un d’eux d’une main et se laissa hisser sans trop d’effort.

- Aïe, ouille, aïe, ouille !

Ce qu’il n’avait pas prévu, par contre, c’était de se faire traîner sur des lieues au pas de charge ! Tandis qu’il se mangeait tous les pavés d’Oranan, il voyait les maisons et les étals défiler devant ses yeux, et personne ne faisait rien ! Ils ne voyaient pas, alors, la scène épique qui se déroulait juste sous leur nez ? Et voilà que la cape du voleur commençait à se déchirer dans d’horribles craquements ! Juste au moment où le lé sur lequel il était cramponné lâcha, Pépin entendit un cri plus loin, et tandis qu’il roulait et boulait en plein contre un muret, il s’aperçut qu’un lutin avait été jeté à terre par l’un des malandrins. (Oh ? Un lutin ?) Notre héros, somme toute un peu sonné, s’enroula dans son bout de cape et se traîna vers l’inconnu, plus qu’intrigué de voir un des siens dans cette cité de géants. Derrière lui, malgré une flopée de contusions et de courbatures, il trimbalait encore la poupée de chiffon dix fois plus lourde que de raison.

- Hé ! Heu… Ça va, l’ami ?

Mais à peine avait-il lancé un regard au bonnet couleur or de cette infortunée victime qu’il constata que, au loin, les malandrins amorçaient déjà un demi-tour peu rassurant.


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Dernière édition par Pépin le Lun 10 Juin 2013 01:48, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mer 8 Aoû 2012 16:34 
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Le chevalier à la poupée


< La petite boutique de Nakatu Arashimasi

Dès que je fus sortit de la petite boutique qui ne l'était pas, je fus de nouveau assailli par les odeurs de fleurs printanières et d’embruns marin. La clameur des passants et des commerçants envahissait toujours l'air tandis que je reprenais ma route vers les mâts dépassant des toitures.

Alors que j'apercevais enfin la coque des premières galères Ynoriennes, je fus attiré par un petit parc sur ma droite. Coincé entre deux maisons presque identiques, un cerisier exhibait fièrement ses petites fleurs rosées, attirant inexorablement les papillons qui lui virevoltaient autour. À ses pieds, un petit carré d'herbe avait échappé au pavage de la rue et comme pour protéger ce petit coin de nature, une barrière en bois blanc entourait le minuscule parc.

Bien que l'ensemble était ravissant, ce n'était pas ce qui attira mon attention au premier coup d'oeil. Non, ce qui me parut étrange, c'était cet homme, un Ynorien, qui, debout à l'ombre du cerisier, effectuai de grands mouvements amples et lents. Trop lents pour être un entraînement martial, trop peu rythmés pour être une danse, ses mouvements se situaient à mi-chemin entre les deux, offrant un spectacle aussi distrayant qu'inhabituel.

Intrigué, je l'observai un moment tout en m'approchant sans m'en rendre compte. Je traversai alors la rue sans même regarder si le danger persistant des pieds humains ne pointait pas le bout de son nez.

"Écartez-vous !"

C'est alors qu'un cri surgissant de ma droite me sortis de mon rêve éveillé. J'eus à peine le temps de tourner la tête pour apercevoir deux petits hommes foncer droit vers moi dans une course folle. Un pied me heurta les côtes et j'allais valdinguer contre le mur de la maison d'à-côté. Mon dos percuta violemment le bois peint et je retombai lourdement contre les pavés, en grognant avant de me relever laborieusement.

"Raclures de vomi de Kaeash dégénéré ! Regardez où vous marchez ! Vous allez où comme ça ? Revenez !"

Tandis que j’exultais ma haine envers le couple de coureurs, je n'aperçus pas le lutin qui s'était approché de moi avant qu'il ne prenne la parole, me demandant comment j'allais. Je l'évaluai un court instant. C'était un jeune lutin, peut-être encore lutillon et pourtant plus grand que moi d'une bonne tête lutine. Il portait les vêtements d'un guerrier : un plastron fait d'écorces et de feuilles, de solides bottes ainsi qu'un couteau à la forme bizarre à la ceinture. Je reconnus là un uniforme de l'armée Bouchenaise, mais, phénomène bien étrange, il portait dans son dos, une poupée de chiffon presque aussi grande que lui et semblait y être bien accroché.

"Merci. Ça va, ouais, mais ces deux-là ..." Je me retournais alors de nouveau dans la direction qu'avaient pris les deux fuyards. "C'est ça ! Courrez, et ne vous retournez surtout pas sinon je vous casse en deux !"

Et des deux compères de faire exactement le contraire de ce que je venais de dire en faisant soudainement demi-tour. J'haussai alors les sourcils de stupéfaction en me rendant soudain compte que je ne ferais certainement pas le poids. Prenant alors mon acolyte par le bras, je le tirait dans un ruelle proche et me mis à accéléra le pas.

"Cours !!!"

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Dim 11 Nov 2012 08:17 
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Je ne sais pas ce qui m'a pris d'accepter cette mission tant il me semble que les problèmes surgissent les uns après les autres. En ce moment, c'est la compétition puérile entre les apprentis masculins qui me préoccupe. Les deux avancent à grandes foulées, se lançant des regards menaçant presque à chaque pas. Si leurs tailles respectives n'étaient pas si différentes, ils seraient littéralement au coude à coude tandis que Yamanori nous guide vers son contact. Malgré les regards pesants de certains passants, aucun des jeunes humains ne semble vouloir abandonner la partie, quand bien même leur attitude les rend ridicules.

Brièvement, je jette un coup d'oeil par-dessus mon épaule, m'assurant que les apprenties arrivent à suivre. Autant Aoyumi semble tenir le rythme, autant le faciès elfique se tord, mais difficile de dire si c'est suite à la marche rapide ou l'agacement. Ses pommettes semblent prendre un ton coloré qui la rajeunit. Un échange de mots déplacés à l'avant me fait porter la main à mon visage et secouer la tête. Comment peuvent-ils espérer obtenir le respect dû à leur statut s'ils continuent à se quereller pour des broutilles, et en public qui plus est ?

(Divine Moura, j'espère que nous arrivons sous peu.)

À la suite du brun, nous nous engageons bientôt du côté d'arsenaux bruyants. Vif, l'apprenti de moindre gabarit se faufile entre des hommes, ignorant toute politesse quand il en bouscule un. Vu le tracas qu'il me cause, j'espère au moins que cela en vaut la peine.

Finalement, mes pensées sont entendues. Nos pas nous conduisent entre deux entrepôts, dans un espace assez large, mais dont l'accès est quelque peu masqué par un empilement de caisses. J'ai beau tendre l'oreille, impossible de déterminer ce qui se cache derrière, car la proximité du chantier naval crée des sons répercutés dans l'allée. Avant de nous engager, le jeune humain s'arrête et se retourne. Son regard perçant se fiche d'abord sur mon visage, puis sur ceux empourprés des demoiselles.

D'un ton sec, il lâche une réplique semblable à un ordre.

"Les femmes restent là."

L'hinïon lui lance en retour un regard mauvais, mais fatiguée par l'allure, elle ne peut que chercher son souffle. C'est sa voisine qui en demande alors les raisons. Cassant avec l'elfe, le jeune homme fait preuve d'un ton plutôt mielleux et pompeux pour répondre à l'humaine à chapeau.

"Le type qu'on va voir est obsédé par les femmes. S'il vous voit, on ne pourra pas lui soutirer la plus petite information. "

Malgré l'expression déçue de l'apprentie Aoyumi, celle-ci acquiesce et se tourne vers sa camarade. De son côté, l'humain blond semble remonté, presque prêt à en découdre. Visiblement, il n'a pas du tout apprécié de perdre cette stupide course. Je prends sur moi de ne faire aucune remarque à ce sujet, et contourne les caisses à la suite de notre guide. Après quelques pas, j'aperçois un petit groupe de cinq hommes en tunique simple dans les tons grisés. Assis en un cercle approximatif, soit par terre soit sur de petits contenant de bois, ils ont l'air de jouer aux dés. Sauf que vu le tas de yus présent un peu plus loin, je doute qu'il s'agisse d'une partie entre amis.

L'un des humains s'empare des dés et agite vivement les mains, langue sortie sur le côté. Des cinq présents, il apparait comme le seul affichant un air réjoui. Lorsque le résultat tombe, les autres humains poussent des sons entre grondement mécontent et dépit. Pendant ce temps, l'ynorien brun s'est rapproché d'eux. J'imagine que notre présence dérange les parieurs puisque seul le dernier lanceur reste à sa place à notre approche. Son attitude vient sans doute du fait que c'est lui que nous devons voir.

Dès que les autres ont quitté l'allée, l'apprenti Yamanori s'adresse au joueur restant. Le sourire de celui-ci n'a d'ailleurs toujours pas disparu. Tandis qu'il s'affaire à rassembler ses gains, il nous salue.

"Oui, oui, bonjour aussi. Trêve de politesses, j'ai besoin d'informations que tu vas rapidement me donner."

L'homme à la barbe naissante hausse un sourcil, mais ne se détourne pas pour autant de sa tâche.

"Est-ce que tu sais quelque chose sur un trafic d'armes, dirigé par des sinaris ? Ou connais-tu quelqu'un qui pourrait me renseigner ?"

Le parieur hausse les épaules, semblant ne pas savoir à quoi l'apprenti fait référence. Plus je les regarde interagir, moins je sens de lien entre eux. Je ne sais pas comment ils sont devenus des connaissances, mais ils ne sont visiblement guère plus que cela. Lorsque le son moqueur de l'apprenti Mizutaka parvient aux oreilles de son camarade, ce dernier perd patience. Il agrippe le col du joueur de dés d'une main, commençant à dégainer sa lame de l'autre. Pendant un instant, je songe qu'il fait semblant juste pour l'intimider, mais la froideur de son regard m'incite à penser le contraire.

Et ce n'est pas la remarque du blond qui calme le jeu.

"Pas très efficace comme méthode. Tu nous fais perdre du temps."

Lorsque l'éclat de la lame se renforce, je pousse l'apprenti blond sur le côté et agrippe fermement le poignet du brun de la main droite. Sous mes doigts, je peux sentir la tension des muscles de l'humain. Il ne plaisante pas.

"Assez, apprenti ! "

Le parieur ouvre de grands yeux, qu'il rive non pas sur l'un d'entre nous, mais sur le symbole de la milice présent sur mon plastron. D'une voix peu rassurée, il demande alors depuis quand Yamanori est apprenti, et si nous faisons vraiment partie de la milice. Suite à une réponse positive de ma part, il pâlit un peu et s'empresse de dire que je n'ai aucune preuve d'une quelconque arnaque. Daichi libère sa main de ma prise d'un coup sec, affichant un sourire mesquin.

"Si tu parles de tes dés pipés, si, je connais très bien ta méthode. Alors maintenant tu vas répondre ou on te fait enfermer pour vol. À moins que tu préfères que j'aille expliquer la source de ta chance à tes amis ? "

Je retiens mon souffle aux paroles de l'adolescent. Un moment de silence s'installe, juste troublé par les échos du chantier. Apparemment, les mots de l'apprenti ont fait mouche. L'homme se passe le revers de la main sur le front, regardant nerveusement vers le tas de caisses. Quand il comprend qu'il n'a aucune autre porte de sortie, il accepte de parler. À voix basse, il nous affirme ne pas vraiment s'intéresser aux trafics des uns et des autres, et que sa spécialité reste l'écoute de rumeurs ou la connaissance de petits secrets embarrassants.

Toutefois, après un regard appuyé sur mon équipement, il nous aiguille vers une autre personne. Ses mots décrivent une femme d'une trentaine d'années, répondant au nom professionnel de "Chiyo", et travaillant comme assistante d'intendance à la Maison rouge. À l'entendre, elle serait effrayante, et plutôt pragmatique. Je ne sais pas ce qu'il veut dire par là, mais avant de pouvoir lui poser la plus petite question supplémentaire, l'apprenti aux cheveux sombres le relâche.

L'homme file ventre à terre en direction du tas de caisses, le contournant rapidement. Agacé par le soudain geste, mes yeux se rivent aux visages masculins, les découvrant légèrement empourprés. Mon irritation est chassée par un brin de curiosité. Est-ce la mention de notre prochaine destination qui les fait réagir ainsi ? Je n'ai pas le temps de m'en inquiéter que la voix outrée de l'apprentie Id'Sharylzakië me fait craindre le pire. Faisant volte-face, je me hâte vers la sortie. Au moment où je contourne les caisses, un pas de côté me fait éviter de justesse la collision avec le joueur. Apparemment repoussé puissamment, ce dernier vient de tomber à mes pieds, le menton légèrement gonflé.

(Mais qu'est-ce que ?)

Levant les yeux, je découvre une elfe protégeant la région de sa poitrine, un air courroucé et embarrassé sur le visage. À sa droite, l'humaine au chapeau a encore le poing en l'air, comme si elle venait de donner un puissant uppercut à quelqu'un. Le gémissement douloureux du barbu me fait deviner ce qui a du se passer. Si c'est bien le cas, il a mérité sa punition. Secouant négativement la tête, je contourne la victime, m'assurant être suivi par le binôme masculin.

En tournant mon regard vers le blond, je note son expression soudainement froide. Ses yeux bridés vont de l'elfe à la victime, puis après une seconde de réflexion, Mizutaka marche résolument et pesamment sur la main de l'homme. Un bref son de douleur échappe à l'humain étendu. Surpris, je ne peux qu'écarquiller les yeux quand le jeune homme prend la parole, la voix chargée d'une colère glaciale.

"Bas les pattes. Aucune créature inférieure n'a le droit de la toucher... Connais ta place, sale insecte."

Alors que je le vois lever le pied, et craignant qu'il ne veuille broyer cette main meurtrie, j'interviens, le hélant par son grade et son nom. Sans lui laisser le temps de protester ou de formuler une quelconque justification, j'annonce notre prochaine destination à la petite troupe. L'endroit n'est pas très éloigné de notre position actuelle, et c'est tant mieux. Par précaution, surtout pour éviter que les apprentis ne passent le parieur à tabac dans mon dos, je les laisse prendre les devants. Une fois qu'ils se trouvent à une dizaine de mètres, je tends la main, agrippant l'autre poignet de l'homme. Sans violence, je l'aide à se relever et lui fais un signe de tête poli. Tandis qu'il se frotte le menton, affichant un air surpris, je fais volte-face et m'engage à la suite de mes subalternes.

Tout en avançant, je passe le revers de ma main sur mon front. Si j'avais su que garder le contrôle sur des apprentis pouvait s'avérer aussi épuisant, j'aurais avalé un breuvage énergisant ce matin. J'en viens presque à croire que le sergent m'a donné cette mission juste pour me tester et m'obliger à repousser mes limites.

(Et dire que la mission commence à peine...)



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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Dim 20 Jan 2013 21:16 
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[Interlude, Passage hors de la République]

~1~



Le soleil est à peine apparu au-dessus de la cité lorsque mon oncle Masaya et moi arrivons au port. Les lieux sont agités malgré l'heure matinale, se manifestant par des cris d'un marin à un autre, le déplacement de cargaisons ou simplement le passage de personnes. Pourtant, je n'y prête guère attention. Masqué par la capuche de ma cape grisée, mon visage est légèrement baissé, mais suffisamment haut pour que je ne perde pas mon parent de vue. L'oranien âgé, un sac contenant quelques habits de rechange sous le bras et mon arme sur le dos, tourne un visage ridé vers les quais proches. Son expression n'a pas changé ces derniers jours, renforçant l'air typiquement ynorien que sa longue chevelure blanchissante lui donne. Le voir ainsi, les yeux plissés, m'amène à ressasser encore une fois ce qu'il s'est passé.

Quelques jours auparavant, quand je suis rentré de ma mission la plus éprouvante jusque-là, oncle Masaya a fait quelque chose qui ne lui ressemble pas. Il m'a lourdement sermonné. Je sais pertinemment que son inquiétude dominait, mais j'ai mal pris la chose. Je n'avais plus de fluide de lumière pour soigner mon avant-bras cassé, et ai fait l'erreur de ne pas m'en occuper rapidement. En conséquence, quand je suis rentré et ai demandé son aide pour me confectionner une attelle, l'ynorien ne s'est pas privé de me traiter d'inconscient. Le gonflement de mon avant-bras n'avait pu qu'appuyer ses dires. Ses mots étaient vrais, mais durs, et aujourd'hui encore je me sens mal à l'aise. J'ai beau avoir supposément l'esprit tranquille après avoir prévenu la milice de mon absence, je ne parviens pas à chasser l'expression de mon parent de mes pensées.

S'il y a bien une chose que je redoute, après avoir mon honneur bafoué, c'est de décevoir ma seule famille. Je lève un peu le nez, chassant de la main droite une mèche sombre chatouillant mon visage. Par hasard, mon regard rencontre celui de Masaya. Aussitôt, son expression se ferme tandis qu'il observe brièvement mon avant-bras. Je fais de même, regardant distraitement ma main gauche émergeant du tissu soutenant l'attelle en bois souple, et moulée autour du membre. J'aurais certainement pu soigner l'os brisé après avoir pris du repos, mais mon oncle s'y est opposé, signalant que cela me ferait réfléchir. Mes doigts de demi-shaakt effleurent ce tissu relié à mon cou.

(Cette leçon est rude...)

J'emboite le pas à l'humain âgé quand ce dernier se remet en route. Je n'ai nullement oublié la raison de notre présence ici. Mon oncle doit rendre visite à des connaissances établies à Bouhen. Même si originellement il devait partir seul, mon état actuel l'a convaincu de m'emmener avec lui. J'ai beau adorer mon parent, ses paroles et l'incompréhension qu'il a manifesté quand je lui ai expliqué mon geste m'ont profondément blessé. Je demeure donc silencieux, redoutant qu'attirer son attention sur moi ne lui rappelle les raisons de ma présence.

Nous arrivons bientôt à côté d'un navire de grande taille, un trois-mâts dont le nom est écrit plusieurs fois. Sans doute a-t-il subi quelques accrochages en mer, raison pour laquelle "Le Terrible" apparait en différents coloris. Toutefois, il a l'air robuste et rodé aux trajets maritimes. Plusieurs personnes se déplacent sur le pont tandis que mon oncle passe devant moi, empruntant la passerelle qui mène à son bord. D'une oreille distraite, j'entends mon parent demander à un membre de l'équipage le temps que ce navire met pour rallier Bouhen. Masaya hoche la tête et remet à l'homme le montant de nos places. Il revient ensuite dans ma direction, rajustant son yukata d'un marron sombre.

"Un jour et demi, deux si le temps se gâte un peu."

J'acquiesce sans prononcer une parole, ne sachant pas vraiment s'il s'adresse à moi. Brièvement je lève les yeux, les abaissant dès que je rencontre son regard. Je ne parviens pas à lui sourire malgré mon envie de le faire, et d'oublier ses remarques. Jamais je n'aurais cru qu'entendre Masaya me sermonner puisse m'affecter à ce point. J'ai vraiment l'impression de retomber en enfance, et surtout de n'être en ce moment guère plus qu'un bambin ayant fait une sottise.

Je pousse doucement un soupir, mes yeux suivant sans faire attention le mouvement de dockers amenant des sacs de céréales à bord. Apposant mon avant-bras valide sur le bastingage, j'essaie de retrouver mon calme et ma sérénité. Je ne parviens même pas à me concentrer sur les sensations que l'idée d'un premier voyage maritime est supposée m'amener. Peut-être que cela viendra avec le départ. En attendant, je patiente, m'imprégnant de l'atmosphère de ce port à cette période de la matinée.

J'ai beau aimer Oranan, la hâte de m'en éloigner pour respirer un peu commence à prendre le dessus.



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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Jeu 21 Fév 2013 20:34 
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~3~



Le voyage s'est déroulé sans encombres, le souffle de Rana nous poussant d'ailleurs avec suffisamment de force pour que nous arrivions à Oranan le lendemain, au crépuscule. Pendant la traversée, oncle Masaya est resté à mes côtés pour converser, pendant que je m'occupais de Ganko. Il a eu raison, je n'ai rien vu de la traversée, car sitôt que je m'éloignais de quelques pas, l'étalon faisait entendre sa voix. C'est donc dans la cale que j'ai passé le plus de temps pendant ce retour. C'était sans doute une bonne chose, car j'ai l'impression que le colosse gris commence à s'habituer à ma présence. Toutefois, il m'a quand même fallu faire attention à ne pas me laisser marcher sur les pieds dans sa stalle. J'ai décelé dans son attitude une volonté de me tester. Je prends une résolution : ne jamais montrer de faiblesse à ma monture.

Une fois que le Terrible est amarré au quai, je redouble de vigilance en tenant les rênes de mon étalon. Oranan est encore un endroit inconnu pour lui, et même si l'heure tardive fait décroître le nombre de présents, il reste potentiellement dangereux pour mon entourage. C'est avec prudence que j'incite l'animal à emprunter la passerelle de bois, tout en suivant mon parent. L'oranien finit par s'étirer lentement, et se tourner vers moi avec un sourire.

"Enfin de retour. Je ne pensais pas le dire mais... Qu'est-ce que cela fait du bien de retrouver le calme de la République !"

"Je suis du même avis. J'ai hâte de rentrer à la boutique. "

La large main humaine se pose sur mon épaule un instant.

"Je t'y attendrai. Tu dois t'occuper de ton invité à quatre pattes."

À sa remarque, je lève le nez en direction du cheval. Humant l'air, ce dernier oriente ses oreilles dans plusieurs directions, captant les sons des marins occupés à décharger, et les échos des chantiers navals. Il finit par s'ébrouer vivement et faire quelques pas en avant sans m'attendre.

"Doucement Ganko ! Tu ne partiras pas sans moi."

Ignorant totalement ce que je lui dis, l'étalon progresse encore, tournant la tête au point de me faire légèrement lever le bras. Décidément, plus tôt je l'aurai confié aux bons soins de l'écurie, mieux cela vaudra. Si je me souviens bien de ce qui s'est passé à Bouhen, j'en déduis que cette grande bête a besoin de s'exercer. Hors de question cependant qu'il se mette à galoper sans retenue dans les rues de la cité. Je dois tout de même me dépêcher si je ne veux pas trouver portes closes.

"Haha ! Son nom lui va à merveille. Va vite. On se retrouve à la boutique. J'ai besoin d'un bon bol de soupe chaude, et toi aussi visiblement."

Un léger frisson secoue ma peau sombre quand je constate la faible température. L'air marin et la soirée n'aident pas à oublier la sensation de froid. J'acquiesce vivement aux paroles de mon parent. Ensemble, nous faisons une trentaine de mètres, puis il bifurque en m'incitant à me hâter. Je braque mon regard violacé en direction du profil de Ganko, puis me mets à trottiner à ses côtés. Attentif, je m'efforce de faire attention où je pose mes getas. Après tout, j'en ai sans doute encore pour deux bonnes semaines avant que mon os fracturé se ressoude totalement. Il serait stupide de le casser de nouveau.

Tout en progressant, je songe à la milice, à mes apprentis et à mes camarades officiers. Je croise les doigts pour que rien de grave ne se soit produit en mon absence. Hidate avait l'air plutôt préoccupé à mon départ. J'espère que la situation s'est améliorée, parce que pour que ce stoïque colosse affiche un air pareil, les circonstances devaient être inhabituelles. Dans le claquement uni de mes chausses de bois et des sabots de l'étalon, je guide ce dernier à travers la ville, en direction des écuries. Je suis certain qu'il y sera bien, d'autant plus qu'il ne sera pas cloîtré dans un box.

Je lui jette un regard, amusé de remarquer que si moi je trottine, lui ne fait qu'allonger ses pas. Les flambeaux de passants que nous croisons et laissons parfois interloqués devant la taille de l'étalon, éclairent sa robe grisée d'une façon particulière. Son profil découpé dans la lumière lui donne un air presque surnaturel. Il n'y a pas à dire, j'ai hâte de guérir pour apprendre à me mettre en selle correctement. La sensation qui en résulte doit être incroyable.

S'il est caractériel, Ganko l'a momentanément oublié. Et je ne vais pas m'en plaindre.



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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 17 Nov 2014 22:39 
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Le port est en pleine effervescence ! Partout des hommes d’équipage amènent des cargaisons de toutes sortes sur les ponts des navires, maniant avec dextérité des tonneaux pesant plus de deux fois leur poids, au milieu d’enfants chahuteurs et de badauds blasés. Des capitaines s’interpellent d’un pont à l’autre : parfois s’insultant, parfois riant aux éclats d’une anecdote ou d’une réplique fort bien placée. Tout ce beau monde forme sur les docks un bruyant mélange d’innocence, d’agitation et d’impatience. Des filets de pêche côtoient les caisses qui attendent d’être chargées, remplies d’on ne sait quoi. Un poisson de belle taille, oublié sur un tonneau par un homme de mer se dessèche au soleil, accompagné dans son évolution par un cortège de mouches. Le vent marin apporte avec lui des odeurs de sel et d’algue, et l’air frais, légèrement humide, est une bénédiction par cette chaude journée. Le zéphyr vient par à-coups, comme pour redonner du courage aux hommes qui transpirent sous le soleil. Partout on se parle, on s’agite.

(Se fondre dans la masse…je ne dois pas rester immobile ! C’est curieux tout de même…se rendre au port pour démarrer une nouvelle vie, sans changer de lieu…La Roue a ses mystères que Rana seule explique ! )

Perdu dans ses pensées, Vohl s’avance tranquillement vers les quais, longe quelques embarcations et manque de heurter un enfant courant après un papillon bleuté : d’un bond agile, le voleur débutant semble s’être téléporté sur la passerelle à proximité. L’enfant continue sa course sans même s’apercevoir qu’il a bien failli finir à l’eau. Tout en se faisant la remarque qu’il lui manque encore l’attention d’un voleur professionnel, notre ami entend un grondement sourd…des tonneaux débaroulent la passerelle, qui tremble sous ses pieds ! Vohl tente de réitérer sa manœuvre, mais il perd l’équilibre. L’eau se rapproche à toute vitesse pour lui asséner une gifle cinglante, quand autre chose lui coupe le souffle.

« Eh bien, mon brave, un peu plus et c’était la baignade ! »
(Je n’aurais pas dit non très cher, si seulement tu avais pu me secourir APRES que je sois tombé !)

Tournant la tête, Vohl voit que l’homme est à plat ventre sur la passerelle, à moitié dans le vide. D’une main, il a réussi à attraper son kimono, et de l’autre , blanchie par l’effort, il se maintient comme par magie dans son équilibre précaire. C’est un pur miracle si les pieds de Vohl sont encore à un mètre de l’eau.

« En effet, je ne sais comment… »

Ses paroles sont interrompues dans une grande éclaboussure. D’une légère oscillation du bassin, Vohl a décentré son point de gravité, entrainant l’homme serviable dans sa chute. En tombant dans l’eau saumâtre du port, le malin se félicite intérieurement, un grand sourire aux lèvres. Avant de tenir compte du fait qu’il ne sait pas nager…tout juste a-t-il reçu quelques leçons de nage pendant son entrainement militaire. Vohl se met alors à gigoter, jusqu’à ce qu’une main puissante et bienveillante le récupère et le hisse sur le quai, au milieu d’un attroupement de curieux.

« Il n’y a pas de problème messieurs dames, nous avons juste eu un petit accident !»

La foule s’égaie peu à peu et reprend ses activités quotidiennes. Il faut dire que ce genre d’incident est monnaie courante dans tous les ports, d’ici ou d’ailleurs ! L’homme aide Vohl à se remettre d’aplomb. Il est marin, chacun de ses mouvements vifs et chaque fibre de son corps musclé le clame haut et fort. La peau tannée par l’air salé de la mer, le teint basané de ceux qui ont vogué sur les flots pendant des années, exposés au soleil comme aux caprices du temps : cet homme n’en est pas à son premier séjour sur un bâtiment, Vohl est prêt à en mettre sa main au feu. Entre les pans ouverts de sa chemise, Vohl distingue un tatouage – une forme de serpent de mer – qui remonte le long de son cou. La tête du serpent se loge probablement aux alentours de la nuque du marin, hors du champ de vision de Vohl. Relevant le menton pour mieux le voir, notre voleur détaille brièvement le visage de son sauveur : imberbe, cheveux rasés, l’homme doit avoir environ 30 ans. Et pourtant, dans les yeux du colosse, on lit une résignation, une amertume que des années n’ont pas fait disparaître. Toutefois, le sourire de l’homme adoucit cette lueur et sa mâchoire carrée donne à Vohl l’impression de s’adresser à un ours sympathique lorsqu’il engage la conversation. Après quelques plaisanteries mêlées de questionnements intéressés, l’homme passe au tutoiement, et Vohl est sûr d’avoir ferré un bon poisson.

(Façon très adéquate de voir la chose ! Bien…maintenant que l’on sait que c’est un poisson de la bonne espèce qui a mordu, il faut le remonter…en douceur…et avec un grand sourire !)
« Eh bien quoi qu’il en soit, je suis bon pour faire le trajet inverse maintenant ! »

« D’où viens-tu, Kiel ? »
« De l’autre bout de la ville, dans un petit quartier près des écuries.»
« Oh ! En effet, Rana ne t’as pas souri aujourd’hui ! »
(Bien plus que tu ne le crois, mon cher ! Je sens déjà le sel laver ma blessure de tout à l’heure !)

Un silence gênant s’installe, brisé par le marin géant, qui propose à ‘ Kiel ’ de passer par chez lui pour faire un brin de toilette quand il aura fini son travail de débarquement et qu’il aura enfin quartier libre, ce qui ne saurait tarder.

« Tu es sûr ? Je ne voudrais pas déranger…c’est quand même de ma faute si j’étais sur ta passerelle ! »
« Penses-tu ! Un peu de compagnie ne sera pas de refus ! Tu me raconteras des nouvelles de la ville si le cœur t’en dit ! Comme ça, je saurai ce qu’il s’est passé durant mon absence ! J’ai plus d’un mois à rattraper, et je ne suis arrivé qu’hier. »
(Zut, j’aurais dû prévoir qu’il allait demander une conversation. Rien de catastrophique toutefois…avec les rapports que m’a fait mon oncle ces dernières semaines, je devrais juste avoir à trier ce que je suis sensé savoir et ce que je devrais ignorer.)

Une petite heure plus tard, Vohl voit le colosse s’approcher d’un homme qui lui remet quelque chose, sans doute sa paie, qu’il range précautionneusement avant de se diriger vers notre ancien soldat. Les deux hommes se mettent alors en route sur la courte distance qui sépare le port de la maison du marin.

Un Nouveau Départ

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 27 Avr 2015 23:28 
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Avant de s’engager dans le tournant, le voleur s’arrête : il vient d’entendre des éclats de voix. L’instinct lui dicte de s’immobiliser. Vohl espérait que le port, comme les rues de la ville, soit désert. Où au moins, parcouru par des individus empressés qui ne lui auraient pas prêté attention plus d’une demi-seconde. Seulement, s’il est un corps de métier qui ne craint pas le froid et le vent, c’est bien celui des pêcheurs. Vohl jette un bref coup d’œil sur le port, restant toujours caché par le mur. Repoussés par les embruns glacés, les cheveux de Vohl claquent sur ses joues. L’odeur du sel et des algues nettoient ses poumons et vivifient son esprit.

Sur les docks, quelques marins vaquent à leurs occupations comme si le climat n’avait pas de prise sur eux. En revanche, le temps n’encourage pas vraiment les conversations, et le mutisme ambiant rend maussade cette place si agitée la dernière fois que Vohl s’y était rendu. Absorbées par leurs pensées, ces quelques familiers de la haute-mer effectuent machinalement leur travail aux quatre coins du port. A proximité des habitations siège un bateau plus que modeste, récemment sorti de l’eau : les algues agrippées au gouvernail sont encore humides, et sa coque laisse gouter l’eau salée sur les pavés. A côté de la frêle embarcation, un homme âgé semble en pleine prise de bec avec deux hommes qui font la moitié de son âge. Le vent porte aux oreilles de Vohl l’essentiel de la discussion.

« - Mais qui m’a foutu des fils pareils !
- Je crois que tu y es pour quelque chose, vieux crouton ! Si t’es pas satisfait de nos réparations, tu peux les faire toi-même !
- Pas satisfait ? Mais ce n’est même pas un nœud que tu as fait ! J’étais gamin que j’étais pas aussi maladroit !
- Mon nœud est plus que convenable, c’est ta vue baissante qui te joue des tours.
- Père, ne vous en faites pas : ce nœud nous permet de ramener plus facilement le filet à bord, et nos prises ne diminuent pas !
- Je ne veux pas savoir, fils indigne ! Le travail est trop dur pour tes pauvres mains fragiles ? Tu me dis ça ? A moi ? Qui es-tu pour jeter aux orties les traditions familiales ? Tu te crois tout permis ? C’est moi qui t’ai élevé ! C’est moi qui t’ai tout donné ! Tu me dois tout ! Compris ? Tout ! Retourne au filet, et fais-moi un nœud convenable !
- Ça suffit, maintenant, le vieux !
- Dollban, calme-toi ! Viens, c’est pas grave, on va refaire le filet.
- C’est ça ! Refaites moi ce filet ! Et je ne veux pas vous voir lever les yeux jusqu’à ce que ce soit fini !
- Mais tu vas la fermer, le …
- DOLLBAN, REG’ ! Laissez tomber ! Ramenez vos pommes, je vais pas m’occuper tout seul de ce foutu filet! »

L’homme qui vient d’intervenir est presque entièrement masqué par une caisse, dont on ne voit dépasser qu’un pied de chaise et des pieds chaussés de sandales. Une autorité semble émaner du personnage, puisque les deux jeunes hommes obéissent en grommelant, toujours furieux. Après un dernier échange de regards furibonds entre le fils Dollban et son père, les frères saisissent tout deux les tabourets de bois clair qui sont alors pliés au sol avant de s’installer le long du filet. La masse de ce dernier est assez considérable : la drague s’étend des habitations jusqu’à l’eau du port. La compassion se fait une place dans le cœur de Vohl pour ces frères qui vont devoir, maille par maille réparer le filet abîmé. Le père les regarde se remettre au travail avec sévérité, avant de cracher par terre et de faire demi-tour, dans une dernière phrase de dédain :

« C’est pas demain la veille que mes propres mioches vont m’apprendre comment faire mon métier, foi d’Aryan Leysturjon ! Par Moura, oh que non ! Le lait leur coule encore du nez, et ils …»

Le reste de sa diatribe se perd dans le clapotis des vagues et le claquement d’une porte contre son encadrement. De leur côté, les trois hommes sur le ponton prennent leur place le long du filet, avant de commencer à manier la navette avec une dextérité qui ne peut être acquise qu’après de longs après-midi, des années durant, à réparer, rafistoler, repriser les filets. Vohl réfléchit le plus vite qu’il le peut afin d’adapter son plan initial – peu élaboré, il faut bien le dire – à ce nouvel élément qui le prend à contrepied.

(Le filet fait à vue de nez seize mètres…ils en ont pour une bonne partie de l’après-midi, je pense. Je ne vais pas attendre jusque-là. Le gamin a besoin de soins rapides. L’idéal serait de pouvoir faire un tour du port pour voir si des pêcheurs peu précautionneux ont laissé leurs lignes sans surveillance. Je n’ai pas cette option en stock, malheureusement.)

Vohl repasse la tête à l’angle de la rue, afin de prendre d’autres informations sur le lieu de son hypothétique larcin. Les trois hommes sont penchés sur le filet, et n’échangent pas un mot. Seul les bruits inhérents à la vie d’un port offre une cachette sonore aux perturbations que Vohl pourrait être amenés à y introduire. Les quelques pêcheurs présents sur le port s’activent en silence, dans les bruissements de la houle. Outre les caisses vides et les tonneaux qui attendent un prochain chargement, aucun obstacle qui puisse prêter son ombre pour cacher celle de l’ex-soldat en fuite. Rien d’encourageant. La situation semble inextricable. Un pêcheur, ayant visiblement fini sa journée, avance à travers le port dans la direction de Vohl. Aussitôt, le voleur interrompt sa quête d’informations. Plaqué contre le mur, son cœur bat plus vite que la normale. Une idée vient de germer.

(Un déguisement ! Un déguisement serait une bonne solution.)

A un détail près, se fait-il immédiatement la réflexion : la caste des pêcheurs, du fait de leur proximité permanente, est une caste dont chaque membre a de fortes chances de connaître ses confrères, à défaut de tous les apprécier. Les habitudes de chaque membre de la congrégation, ses manies, sa tenue, son allure, même le rythme de ses pas : tout est susceptible d’être connu par les autres pêcheurs présents sur le port. Il ne suffira pas d’un manteau de pêche usé et de vieilles bottes pour faire illusion. Il va falloir prendre la place d’un des pêcheurs. Tout cela traverse l’esprit de Vohl en un éclair. Le pêcheur s’est rapproché. Ses pas, noté par un bruit mouillé de succion, se sont arrêtés à l’angle du mur. Un bruit métallique vient couvrir les hurlements du vent. Puis les pas se retournent, avant de faiblir et de disparaître. Les muscles de Vohl se détendent.
Avant qu’un détail revienne en mémoire du voleur : un bruit métallique ? A côté de lui ? A l’angle du mur ? L’explication se fait par un nouveau regard lancé subrepticement : une sorte de réduit se trouve juste à côté de Vohl. Son regard parcourt de nouveau le port. Rien de nouveau. Vohl pivote simplement pour se retrouver dos au réduit. Il est désormais face au port. Le voleur s’accroupit vivement. S’immobilise. Il a oublié la première règle pour passer inaperçu dans un milieu : trouver le rythme de la place, se fondre aussi bien visuellement qu’auditivement dans la dynamique du lieu.

(Une erreur que je ne referai pas de sitôt.)

Calme, sa main se dirige vers le loquet du cagibi. Sans à-coups et sans heurts, le loquet se lève, cliquète discrètement, et la porte s’ouvre sans résistance.

(Le fait qu’elle ne soit pas verrouillée peut signifier au moins deux choses : le pêcheur fait confiance aux autres pour surveiller cette pièce. Ou bien il a décidé d’y refaire un tour rapidement.)

Vohl s’introduit rapidement dans la pièce qui se révèle être juste assez large pour qu’il puisse y tenir, en rentrant la tête dans les épaules, et en rentrant le ventre. Il referme la porte en douceur. Mais le vent ne l’entend pas de cette oreille, et au dernier moment, une bourrasque particulièrement violente fait claquer la porte du casier. Une grimace vient se plaquer au visage du voleur. La tranquillité de son opération vient d’être sérieusement compromise, et Vohl en a parfaitement conscience. Il faut faire vite. Se doigts parcourent rapidement, à l’aveuglette, les différentes étagères qui ornent le casier. L’entreprise est d’autant plus complexe que d’après la douleur qui arrive au cerveau de Vohl, le pêcheur peu coopératif a laissé des hameçons et des leurres un peu partout. Les doigts meurtris du voleur finissent par trouver ce qu’il cherche. Une pelote de fil de pêche. Dès qu’il pose la main sur le fil, le voleur entrouvre le casier s’extirpe de son étroite cage. Après avoir soigneusement refermé le réduit, le jeune homme fait demi-tour… et tombe nez-à-nez avec un marin ébahi. De toute évidence, le brave homme a peu d’expérience concernant les hommes en kimono de première facture qui sortent des casiers de pêcheurs.
Prenant un ton de jeune nouvellement anobli et outragé, Vohl s’exclame :

« C’est honteux ! Et parfaitement inadmissible ! J’en référerai à Robuna Lyenapri, vous pouvez me croire ! Une simple inspection de routine, et les gardes du port n’ont rien vu ! Entrer dans le port sans même un complice, les gardes n’y ont vu que du feu ! Sécurité déplorable ! Vous croyez vos navires en sécurité ? Et La Larme de Rana sera en rade demain ! Courrez donc me chercher les gardes, au lieu de rester ici, si vous ne voulez pas que votre bateau soit saisi ! Vous voyez bien la situation ! Je les attends à la résidence De la tête de Garzok. Qu’ils demandent Kayuki Gloral.»

Tout en disant cela, Vohl gesticule : pointant du doigt le ciel, le port, les bateaux et la mer, dans une tentative de perdre son public sous un déluge d’informations. A la fois pour entraver les questions que l’homme serait tenté de poser et pour qu’il ait d’autres points d’intérêts que son visage. Sans attendre de réponse du marin abasourdi, le voleur pivote d’un mouvement exagérément digne de l’épaule, tournant le dos à l’homme, et s’engage droit devant lui, la tête haute et le dos tellement droit qu’on lui croirait une paralysie de l’axe vertébral.

(Comme quoi, observer les nobliaux pour en détecter les tics et les manies n’aura pas été un exercice vain. On dirait que je te dois encore bien plus de choses que je ne le pensais, vieil oncle !)

Souvenirs de guerre

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Sam 10 Oct 2015 16:32 
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Le parcours qu'Hivann et Whrall menèrent jusqu'au port ne fut pas particulièrement difficile à franchir. Il n'y avait pas de couvre feu qui puisse interdire à de quelconques silhouettes de se déplacer en ville, et celles des gardes en armure était souvent trop lointaines pour qu'elles puissent se montrer d'un quelconque danger. En revanche, atteindre le port fut une autre difficulté, puisque celui-ci était investi d'une patrouille régulière, en deux duos de gardes qui se croisaient devant les différentes embarcations. L'orc et le mage durent alors se cacher derrière quelques caisses en attente d'être embarquées le lendemain matin, dans une partie un peu plus excentrée du port.

"C'est ennuyeux maintenant... Ce ne serait pas difficile de nous débarrasser d'eux, mais si l'on apprend que je suis parti par le port aussi tôt, on nous rattrapera bien trop facilement..."

L'autre ennui, c'était que s'ils avaient bien réussi à gagner du temps en laissant Rawf et Thôko récupérer des affaires avec le Fusil de Mertar, ceux-ci risquaient d'arriver à tout moment par un côté qui pouvait potentiellement les mettre en danger. Mais cette pensée s'effaça bien rapidement : quelques minutes plus tard, la silhouette du gigantesque liykor et celle de l'ynorienne passèrent exactement par la rue où il avaient pénétré le port. Les yeux de Rawf, naturellement habitués à l'obscurité repérèrent très rapidement le vieux mage, qui, tout en enfilant le Fusil en bandoulière, expliqua la situation à sa fille et à son écuyer. Ces derniers avaient d'ailleurs pris beaucoup de choses avec eux. Rawf était naturellement le plus chargé, de par sa nature gigantesque, transportant tout un tas de vivres, d'ingrédients alchimiques de Thôko et quelques autres objets. Thôko, elle, semblait porter sur elle surtout des outils d'alchimie ou orientés vers son métier d'herboriste et de créatrice de tabacs.

"Il nous faut quelque chose de petit, de maniable en étant suffisamment peu de personnes, et d'assez rapide pour que l'on ne soit pas rattrapés." constata la jeune femme.

"Un petit voilier suffirait... Vue la quantité de vivres que porte Rawf, nous tiendront largement le temps du voyage."

Ils savaient ce qu'ils cherchaient, mais il s'agissait maintenant d'atteindre leur moyen de fuite sans être repérés, sans quoi ils ne resteraient pas longtemps en vie à Oranan.

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mar 20 Oct 2015 16:05 
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Les docks s’étendent devant le quatuor hétéroclite, sombres, parfois éclairés par une simple lanterne s’agitant dans un crissement au gré du vent. Ça et là vont et viennent quelques rares marins retournant éméchés sur l’un des grands navires marchands et s’y font houspiller par les hommes de quart, tandis que quelques soldats ynoriens patrouillent, la démarche fatiguée, le long des quais. Whrall, installé derrière les caisses où ils attendaient tous, risqua un coup d’œil vers les quais qui s’étendaient devant eux.

- J’m’y connais pas en barcasse, mais celle-là ferait pas l’affaire ? dit-il en réponse à la remarque d’Hivann. Ou celle là aussi, peut-être.

La première embarcation, qui était la plus proche d’eux, était un sampan de petite taille constitué d’une large voile grisâtre et d’un compartiment situé sous le mas qui pouvait accueillir une unique cabine exiguë. S’il était petit, il semblait néanmoins de taille suffisante pour tous les embarquer et pour être manœuvré par eux et semblait avoir déjà bien vécu. L’embarcation à fond plat était située au fond du port, dans un endroit plus reculé, mais tout de même visible des gardes, comme tout le reste des quais.

Image


Le second navire montré par Whrall était une jonque, un petit navire paré pour la navigation hauturière, plus grand que le précédent, et probablement plus rapide. Il était constitué de trois longues voiles et d’un espace sous le pont permettant d’accueillir quelques marchandises et possédait en plus une cabine visible. Une lanterne était allumée sur le pont, mais il paraissait autrement vide. Il se trouvait le plus proche du quatuor, bien qu’en ligne de mire directe de l’une des tours de garde du port et semblait être manoeuvrable par un petit groupe.

Image


A l’approche d’un garde, Whrall, qui s’était trouvé une cape pour masquer ses traits peu bienvenus en Ynorie, se cacha derrière la caisse et attendit que l’homme se soit éloigné avant de demander :

- Je suis jamais monté sur un bateau, vous voulez prendre lequel ?


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