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 Sujet du message: La maison rouge
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 12:19 
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La maison rouge


Idée, Concept et Description par Madoka


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La Maison rouge se situe dans les quartiers nord de la ville, sa haute tour s’élève au dessus des murs à l’extrémité nord du port. Sa hauteur n’est en rien un moyen pour ses propriétaires de se mettre en avant, au contraire. Depuis toujours elle sert de tour de guet destinée à surveiller les rivages, mais rassurez-vous, sa fonction militaire s’arrête là.
Cela fait maintenant cinquante ans que La Maison Rouge est devenue une maison de joie où nombre d’hommes influents viennent se reposer, se baigner et passer des heures agréables en compagnie d’hôtesses aux charmes envoûtants.

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Deux statues, gardiens des lieux, encadrent les marches qui donnent sur le perron. La porte d’entrée est sobre, sans emblèmes et toujours fermée, mais n’ayez crainte, il y aura toujours une personne pour vous ouvrir avant même que vous ne vous posiez la question de comment avertir vos hôtes de votre arrivée.
Dès vos premiers pas, une musique douce et discrète accompagne vos gestes, l’air chaud semble vous envelopper de sa protection et les parfums apaisent les maux et humeurs flottantes. Votre hôtesse d’accueil vous mène alors vers l’une des salles de la Maison.
Vous y trouvez un bar chaleureux où musiques et danses réjouissent corps et esprits, un salon plus privé où s’échangent souvent des discussions politiques ou commerciales. Un étage où se trouvent les salles de cérémonie du thé où les hôtesses offrent aux initiés des moments d’harmonie traditionnelle avec la lecture de poèmes, de chants et de danses lentes et enivrantes. L’étage suivant est celui des thermes où hommes et femmes, vêtus de légers vêtements de bains, passent des moments plus intimes.
Les étages supérieurs ne sont accessibles qu’au personnel de la maison, mais il peut arriver qu’une hôtesse vous y emmène pour des moments plus libertins. Seulement sachez qu’à la Maison Rouge, ces moments sont ne sont pas un dû mais un partage avec une femme au savoir faire divin et aux connaissances parfois … exotiques.

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Lorsque le temps s’y prête, vous pourrez vous aventurer dans la cour arrière, jardin fleuri de toute beauté, bordant les murs extérieurs de la ville.

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Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 11 Jan 2009 23:41 
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Tout m'était enfin si familier, le chant mélodieux des jeunes servantes qui s'activaient avant le réveil des filles. Les senteurs de l'encens de ma chambre remontèrent en moi comme une douce étreinte, caressant mes sens. J'étais à nouveau chez moi, mon sanctuaire.
La Maison était peut être le lieu de la ville le plus calme à ces heures de la journée. Pas encore de clients, plus de livreurs ou de messagers, et la moitié des filles encore endormies après leur sommeil matinal.
J'avais passé un peu de temps en compagnie de Chiaki et d'Izuzu, et comme chaque fois après une de mes absences, je m'efforçai de conduire nos discussions vers leurs aventures à elles durant mon absence, les derniers potins ou extravagances des clients de la Maison. Elles avaient prit l'habitude de ne rien me demander, préférant mes sourires face à leurs récits que mon silence face à leurs questions ; et je n'étais du coup pas obligée de leur mentir.

Je les avais quitté pour aller prendre un bain et me reposer, j'avais estimé avoir au moins quelques heures devant moi, avant qu'un messager n'arrive.

Le léger grattement à ma porte me sortit de ma somnolence. J'ouvris la porte et pris la lettre qu'une jeune servante me tendait. Elle était repartit avant que je finisse de briser le cachet de cire. J’étais attendu à la villa de Keyoke, un pousse-pousse était déjà devant prêt à me conduire directement là bas.
Je fis venir une servante qui m’aida à m’habiller d’un kimono de couleurs rouge et or et aux motifs géométriques. Le pousse-pousse était bien là, avec le bandeau rouge accroché au bras, signe qu’il était réservé.


(suite)

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 22:40 
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rues et ruelles

J’enlevai mes vêtements, laissant tout pêle-mêle sur le sol et me mis à la recherche de mon lit dans le noir quasi absolu de la pièce. Allongée sur le dos, j’avais du mal à mettre mes idées en ordre, et en faire le tour de manière réfléchi me paraissait dénué de sens. Le simple souvenir de l’assassin avait laissé une empreinte teintée de mystère et d’obsession, des plans fous fleurissaient à chaque seconde quant à mes futures activités auprès de Keyoke.
Je pensais ne jamais pouvoir fermer l’œil mais le sommeil m’emporta rapidement.


La journée était déjà bien entamée lorsque j’ouvris les yeux, et dans ma chambre fleurai une odeur délicieuse. J’apercevais vaguement une forme ressemblant a priori à un homme et malgré ma vision encore floue due au réveil je savais qu’il s’agissait de mon ami et gardien.

- Bonjour Madoka, dit-il d’une voix douce tandis que je me levai et attrapai un bol de riz encore fumant.
- Bonjour. Pourquoi êtes vous là si tôt ? Demandai-je entre deux bouchées
- Qu’est-ce qu’il s’est passé cette nuit ?
- Pitié, vous êtes déjà au courant alors laissez moi au moins manger.
- J’en connais les grandes lignes mais ce qui m’intéresse, c’est ton rapport.
- Je ne travaillais pas hier soir, en tout cas pas pour vous … commençai-je, agacée par toute cette précipitation à peine éveillée, mais son visage était plus inquiet qu’impatient.
- Il est après toi, avoua-t-il en s’asseyant au bout du lit avec une lourdeur inhabituelle, on aurait qu’il venait de prendre dix ans d’un coup et que sa force l’avait quittée, s’évaporant sous le poids de ses angoisses.
- Hait … (Non, pas lui) je me souvenais de ses traits, de ses yeux, et il aurait eu l’occasion de le faire sans en passer par une telle mascarade. Je pris une nouvelle poignée de riz et m’assis au coté de mon mentor.
L’assassin ! Je me rendis compte de mon ton à la fois fataliste et distant. Le fossé entre nos deux réactions me choqua plus que le reste, lui qui avant était un homme craint par sa froideur et son intelligence presque inhumaine, lui qui pouvait sacrifier des vies au nom d’une victoire … il était là, avachi sur un lit à s’inquiéter pour une vie aussi inutile que la mienne.

- C’est son assassin mais il ne le contrôle plus. Il veut la tête de la fille d’hier soir. Il ne connait que ton nom, mais pas ton visage. Remercie ton maquillage ma fille, et ces murs. Il n’y a rien de pire qu’un assassin qui perd la tête, obsédé par une quête personnelle.

Je l’entendais mais ne l’écoutais qu’à moitié, perdue dans cette idée qu’il devenait faible à cause de moi. Il n’était plus le serviteur puissant de son peuple mais un père impuissant. Je ne pouvais pas accepter que notre pays perde un défenseur tel que lui, juste pour moi.

- Je dois m’en aller, au plus tôt.
- Non, non, on peut trouver une autre solution.
- Laquelle, celle de risquer de mettre au grand jour les dessous de cette ville juste pour sauver la vie d’une danseuse sortie des égouts, tout juste capable d’espionner les conversations des autres ?
Je me levai brusquement devant lui
Est-ce qu’il faut qu’on se dispute et se blesse pour que vous acceptiez le fait que c’est là la seule solution ? Cessez de penser en père aveugle et pensez plutôt en Ynorien.

Il releva les yeux, aussi brillants que les miens et bataillant sans doute autant pour ne pas laisser de larmes gâcher nos décisions, aussi justes et nécessaires soient-elles.
- J’espérais t’offrir une vie normale. Son demi-sourire me rassura, car il redevenait celui que je connaissais, malgré ses derniers mots.
- Tout en sachant que je l’aurais refusé, violemment refusé ?

Il prit mes mains dans les siennes et les embrassa comme il ne l’avait jamais fait.
- Tu vas me manquer.
- Vous aussi.
Je le laissais se relever et faire les cents pas pendant que je m’attaquais à un autre plat. Il nous faudrait trouver un endroit où aller, du moins un premier car je ne pensais pas pourvoir m’installer très longtemps quelque part, à moins de vouloir rencontrer l’assassin sur mon palier.

- Je sais où t’envoyer. Nous avons eu connaissance il y a quelques jours du lancement d’une grande chasse au trésor, partant de Kendra Kar
- Chasse au trésor ?
- Je sais, je sais. Mais on n’a pas mieux pour le moment, et on n’a pas le temps.
- Non, non c’est très bien. Une grande ville pour commencer, et une fois embarqué dans la - je levai mes doigts en crochet pour accentuer l’effet - "grande chasse au trésor", il me perdra.
- J’ai du mal à ne pas considérer ça comme une fuite.
- C’est une fuite. A moi ensuite de ne pas vivre ainsi le reste de ma vie.
(Je ne me permettrais pas une vie aussi indigne)


Il respira profondément puis se retourna vers moi, le regard enfin redevenu celui du vrai Keyoke, et sa voix autoritaire me séduisit plus que ces larmes retenues.
- Dépêche-toi de finir ton diner, et prépare-toi rapidement. Tu me rejoins dans mon bureau du dernier étage dans une heure.

Une fois parti, j’avalai le reste des mets à toute vitesse et le regrettai vivement à la descente. Je fis venir une domestique pour me préparer un bain et j’utilisais ce temps pour rassembler mes affaires. Je roulais en boule la cape, cachant les perles à l’intérieur et mit le tout dans mon sac. Lorsque le bain fut prêt, je demandais à la jeune fille de me préparer des habits d’hommes de couleurs foncées et lui indiquais où y coudre des poches intérieures.
Je restai dans mon bain, les yeux fermés essayant de ne penser qu’au voyage, au détour que prenait soudainement ma vie. Il me faudrait m’adapter à un autre mode de vie, une autre culture et à d’autres êtres vivants que mon peuple. Je m’aperçus tout à coup que c’était la première fois depuis très longtemps que ma vie ne consisterait plus à suivre les fils d’une mission ou d’un métier tout aussi fixé dans les règles. Personne n’allait me dire avant de partir qui je devais faire semblant d’être, qui suivre et étudier, qui tromper ou qui voler.

(Au moins, je n’aurais pas d’idiot qui me sortira : sois toi-même.)

La domestique gratta au paravent et je laissais de coté toutes ces questions, peut être allais-je d’ailleurs les oublier. Pourquoi m’embarrasser à prévoir comment m’adapter à l’inconnu. Je m’habillais en hâte, un pantalon droit et assez long pour cacher mes pieds, une sous-veste en coton tissé léger, ainsi qu’une veste à col droit fermé par des boutons. Par finir, je porterais une sorte de pardessus ample de couleur noir sans guère plus de motif qu’un liseré blanc brodé au bas, fermé par des boutons jusqu’aux hanches.
Je cachai mon arme dans la large ceinture qui fermait le pantalon et les aiguilles de poison dans l’une des poches cousues dans la manche de ma veste au niveau des poignets.

Je montrais rapidement à la domestique des objets à remettre à certaines personnes, et m’en allai sans lui donner plus d’explications ni attendre qu’elle acquiesce.
Je montai les étages au pas de course en passant par les couloirs et escaliers les moins utilisés, quitte à faire des détours, et rejoignis Keyoke à l’heure dite. Tout alla très vite, il me donna un exemplaire de l’annonce reçu et m’apprit qu’un cynore partait dans moins d’une heure pour Kendra Kar.
Je devais m’y conduire seule, aussi étaient-ce les dernières minutes que je passais avec lui, peut être pour plusieurs années et je ne voulais pas d’un départ sans entendre sa voix gronder.

- Bon, je suis prête à partir
- Ton sac ?
J’écartai un pan de mon pardessus et lui montrai le sac que je portais en bandoulière assez courte et garderais à l’intérieur.
-Bien, ton vol ne t’attendra pas.

Je fis un pas pour me rapprocher, fermai les yeux et laissai mes doigts parcourir son visage comme un aveugle le ferait pour vous reconnaître. Il les retira et demanda d’un air surpris
- Que fais-tu ?
- Je grave le souvenir de votre visage dans mon esprit, pour ne jamais vous oublier. Je répondis à la manière d’une jeune dame que lui et moi considérions comme futile.
- Mado ?
- Quoi ?? M’écriai-je doucement, je suis quasi sûre que c’est comme ça que font les émotifs !
- Mado !! Ça suffit. Gronda t-il pour mon plus grand plaisir. Ainsi que le sien à en juger par son sourire paternel.

Je ne l’embrassai pas, me promettant de réparer cet oubli à mon retour, ce qui m’obligeait à devoir revenir ici.

- Adieu
- A bientôt ma fille.

Je lui tournai le dos et sortis sans un regard en arrière.
(Rien ce qui m’arrivera à partir de maintenant ne pourrait égaler le fait de vous servir.)

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Dernière édition par Madoka le Dim 3 Mai 2009 13:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Ven 1 Mai 2009 16:31 
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Je descendis jusqu’aux cuisines où je trouvais des bandes de viandes séchées que j’emballais avec des biscuits sec et des fruits. Le chef arriva à grandes enjambées en grondant ses bons Dieux qu’on ne volait pas dans sa cuisine, un couteau monumental à la main pouvant couper sans mal un cochon en deux d’un coup. L’âge lui donnait un air encore plus ours que lorsque j’étais petite, et à l’époque il faisait déjà assez peur pour que les patrons eux-mêmes n’osent se servir discrètement.

- Je pars en ballade et t’emprunte de quoi me nourrir.
- Ça faisait longtemps qu’une petite souris comme toi n’était venue. Ne traine pas, j’ai du boulot.

Je lui lançai un regard mauvais de petite fille pas contente mais il se moqua de plus bel et se mit à rire en retournant couper ses viandes. Je fis un dernier tour par la marmite où mijotait sa soupe pou y goûter une dernière fois par pur caprice culinaire et l’entendis grogner lorsque je reposai la cuillère n’importe où.

Il était tant d’y aller, je rangeais tout dans mon sac et sortis par la porte de derrière en saluant le chef d’un signe de main qu’il ne vit cependant pas.
J’allais prendre la sortie des serviteurs pour gagner en discrétion, même s’il était peu probable que l’assassin à mes trousses ne commence ses recherches aujourd’hui et en plein jour. J’empruntais le labyrinthe de ruelles étroites entre les maisons, évitant les grandes rues plus faciles à surveiller, et me dirigeai d’abord vers l’établissement de Nataku Arashimasi

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 2 Aoû 2010 18:57 
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>> Les habitations

"J'ai rien compris...", dit Eucalyptus en écarquillant les yeux.
"J'ai arrêté d'essayer il y a une demi heure...", rajouta Thelma dans un souffle de désespoir.
"Taisez vous, vous nous déconcentrez.", sécha la vieille taurion Lumbo avec une voix sèche et autoritaire.
"Pas mieux !", rajouta alors le vieux maître Ume, le sourire aux lèvres et le rose aux joues.

Autour d'une table de gô, les vétérans Lumbo et Ume se faisaient face, se livrant à une bataille stratégique et à une joute verbale sortie d'une pièce de théâtre absurde. A leurs côtés, leurs apprentis respectifs s'ennuyaient fortement en plus de ne rien comprendre à ce qu'il se passait. Pourtant l'endroit paraissait prometteur, il faisait bon, ça sentait bon, l'architecture était remarquable et les décors subtils. Les hôtesses étaient avenantes et très sympathiques à tel point qu'en rentrant une heure plus tôt dans la Maison Rouge, Eucalyptus avait la certitude qu'il s'amuserait bien. Mais là maintenant, les mains posés sur la table de gô, il regardait d'un air dubitatif les pièces de ce jeu particulier se déplacer au gré des des doigts ridés de leurs joueurs. Thelma, lui, regardait tantôt à droite, tantôt à gauche, cherchant désespérément quelque chose qui le sortirait de cet enfer...

"Et que penses-tu de mon jardin, ma chère Lulu ?"
"Tes plantes sont tortueuses, la plupart de leurs bourgeons sont à peine éclos. Ton jardin n'est pas prêt à affronter son printemps."
"Pourtant, le printemps arrive à grand pas, et prêt ou pas, mon jardin devra faire face. Douterais-tu de mes compétences de jardinier ?"
"Sans vouloir vous contredire, on est en plein été. Le jardin de M'ssieur Ume a déjà affronté le printemps."
"C'est juste, mon apprenti. Ceci dit, ses plantes ne passeront pas l'été. Je prédis un vent d'Ouest assassin et cruel. Ton jardin n'y survivra pas."
"Un vent d'Ouest, dis-tu ?"
"Je suis formelle !"
"Hihihi ! J'ai tout compris ! Cette pièce se déplace comme çà sauf quand il y en a une ici, ici, ici ou là. Ca a l'air facile, votre truc en fait. Par contre, on est obligé de parler en code quand on joue au Gô ?"

Lumbo et Ume regardèrent Eucalyptus avec stupéfaction puis se regardèrent, muets. Thelma, lui, ne comprenait rien.

"Parce que bon, franchement, c'est pas marrant. Bah quoi ? Vous me regardez bizarrement tout à coup..."
"Ton apprenti est de plus en plus intéressant Lumbo."
"Je ne choisis pas n'importe qui..."
"Ca ne m'aide pas à comprendre le jeu, votre réaction. Et puis franchement, vous ne pouvez pas dire tout simplement que cette fille n'est pas prête et qu'en plus..."

Eucalyptus continua à parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Quand il comprit qu'il était devenu muet, il agita ses bras et mima la situation pour expliquer à son maître qu'il ne pouvait plus parler. Lumbo le regarda sèchement, Eucalyptus se tut, Ume se mit à rire et Thelma fit de gros yeux ronds. Il venait de comprendre ce qu'il se passait à cette table et alors qu'il voulait poser des questions, son maître le fit taire et lui ordonna d'aller prendre un bain avec Eucalyptus. Lumbo approuva ce choix et libéra le lutin de son sort mutique une fois qu'il eut promis sur ce qu'il avait de plus cher qu'il ne parlerait plus de ce qu'il venait de comprendre. Thelma et Eucalyptus partirent donc à l'étage supérieur et trouvèrent un bain chaud, accompagnés par une hôtesse fort charmante. Après quelques minutes à imiter la carpe de Plume qui faisait des bulles, il remarqua le visage triste de Thelma et nagea vers lui...

"Pourquoi t'es triste ?"
"Ma femme me manque... Mais nous n'avons pas le droit d'en parler..."
"Haaaaaaan... La fille du jardin, c'est ta femme ?"
"N'as-tu pas promis à ton maître de ne pas en parler, sans quoi tu serais privé de crêpes pendant un bon mois ?"
"Oh ça va ! Elle n'est pas là... Si tu me dis son prénom, je te dirai ce que j'ai compris !"

Thelma demanda alors à Eucalyptus de s'approcher plus près et après avoir regardé la pièce pour s'assurer que personne ne les écoutait, il se mit à lui chuchoter l'histoire de sa femme. Elle s'appelait Lilotëa, elle était belle et gracieuse, ses cheveux étaient bleutés et très doux. En écoutant Thelma, Eucalyptus imagina simplement Plume avec une perruque brune et était déjà sous le charme de cette inconnue. Puis il lui raconta son retour à Cuilnen, l'horreur qu'elle subit, le mois d'après qu'elle passa sous silence, leur mariage, leur séparation et l'arrivée de Thelma à Oranan. Depuis l'épisode de Cuilnen, Eucalyptus avait les larmes aux yeux et lorsque Thelma lui raconta l'épisode du mariage, il pleurait à chaudes larmes, incapable de se contenir. Thelma avait les yeux rouges d'émotion et tout à coup, Eucalyptus arrêta de pleurer, ses sourcils étaient froncés, il était très en colère. La porte en feuille de riz coulissa, une hôtesse rentra et déposa deux serviettes de bain sur le banc puis referma doucement la porte, toujours présente dans les bains qu'occupaient Thelma et Eucalyptus...

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Dernière édition par Eucalyptus le Mar 3 Aoû 2010 10:44, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Mar 3 Aoû 2010 10:43 
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"Ton maître est très fort et très stupide, Thelma Feng !"

La jeune hôtesse, dans son kimono trop court, n'avait plus rien de charmant. Elle fixait Thelma avec dégoût, ce dernier semblait terrorisé et lorsqu'elle passa sa main sur son visage et dévoila son masque blanc sans orifices et parsemé de petits pois roses sur le côté gauche, le jeune hiniön poussa un cri. Eucalyptus, lui, toujours en colère, comprit très vite ce qu'il se passait et n'avait pas peur contrairement à son compagnon de bains. Il était tellement énervé qu'il n'avait pas de place dans son esprit pour autre chose. A tout bien réfléchir, c'était sa première fois.

(Eucalyptus ! Je ne t'ai jamais vu comme çà...)
(Moi non plus...)


"Je vais t'éclater la tronche, espèce de couinasse !"
"Oh un petit moucheron !"

Pour toute réponse, Eucalyptus hurla comme un fou, déferlant par ses cris ses Vents infernaux. A cet instant, il tenait plus d'une furie mythique que d'un lutin farceur. L'hôtesse fut plaquée contre la porte qui finit par céder et se déchirer sous le poids de l'hôtesse contrainte par les vents furieux du lutin. En bonne harpie qu'il était devenu, il stagnait sur l'eau brumeuse, tout nu, ses ailes faeriques déployées. Thelma n'en revenait pas. Il ne connaissait pas Eucalyptus, il venait à peine de le rencontrer mais jamais il n'aurait pensé qu'il pouvait agir de la sorte. Ceci dit, Eucalyptus non plus n'avait jamais pensé être capable de çà. Quelques mois plus tôt, Lumbo l'avait prévenu des humeurs cyclothymiques très changeantes que subissaient certains aéromanciens très sensibles et le lutin lui avait dit que jamais il ne deviendrait aussi furieux qu'une tempête indomptée car il était un lutin et que les lutins ne se fâchaient tout rouge que très peu. A cet instant, il avait oublié cette conversation, en fait, il se foutait de tout, même d'être tout nu, et quand il atterrit sur le corps assommé de son ennemie, il avait même oublié qu'il ne voulait jamais tuer quelqu'un.

"Relève toi !", dit-il sèchement alors qu'il faisait face au visage masqué de son ennemie.
"J'ai dit... Relève-toiiiiiiiiiiiiiii !"

A nouveau, ses Vents infernaux déferlèrent de par sa bouche grande ouverte, amplifiant grandement son cri. Ballotée dans tous les sens, la tête de son ennemi frappa à plusieurs reprises le sol en parquet. Certains clients et d'autres hôtesses, alertés par le bruit, vinrent se rendre dans le couloir pour voir ce qu'il se passait. La tueuse masquée reprit ses esprits et empoigna vigoureusement le lutin avant de le balancer avec force à travers le couloir. Elle se releva en chancelant puis tourna sa tête vers Thelma, terrorisé. Eucalyptus, lui, fit un grand vol plané, passa à travers une porte en feuille de riz et se retrouva dans les hauteurs de la salle de jeu de la Maison Rouge. Un peu plus bas, le vieil Ume haussa la tête tandis que Lumbo déplaça une pièce du jeu gô.

"C'est à toi Ume..."
"Tu as vu ton apprenti ? tout nu ? Et qui vole ?"
"Il se bat contre la soeur de cette charmante jeune tueuse. Assise !"
"Chapeau ! Je ne l'avais pas vu venir, ce coup !"
"Tu te fais vraiment vieux, Ume... Je les ai remarquées dès que nous sommes rentrés"
"Je parlais du gô, ma chère !"

Alors que Lumbo baissa son doigt en direction de l'hôtesse qui s'apprêtait à dégainer son petit sabre, Ume déplaça à son tour une pièce du jeu de gô et regarda la jeune hôtesse, en tout point identique à sa jumelle, sauf que celle ci avait ses dessins sur la droite de son masque et non sur la gauche. Incapable de bouger par sa propre volonté, elle était comme un pantin qui obéissait à sa marionnettiste. Et ici, la marionnettiste était une vieille taurion qui ne prêtait même pas attention à elle. Plus haut, Eucalyptus reprit conscience à son tour et stoppa sa course volante juste avant de percuter une poutre laquée. Toujours aussi furieux, il prit appui sur cette dernière et se rua, en vol, vers le couloir des bains.

"Lâche Thelma, j'en ai pas fini avec toi..."

Les poings serrés, les sourcils froncés, il se trouvait derrière la tueuse masquée qui était en train d'étrangler Thelma avec ses mains. Elle lâcha sa proie suffocante, se retourna vers Eucalyptus et enchaîna une série de coups de poings avant d'abattre sa jambe musclée et d'envoyer le lutin encore une fois dans le couloir. Elle n'eut cependant pas le temps de s'occuper de Thelma car Eucalyptus revenait à la charge, en volant, ses poings fermés en avant. Pensant esquiver son attaque "aéromantique", la tueuse se baissa mais Eucalyptus n'avait pas l'intention de l'attaquer, pas tout de suite du moins. Il continua sa course en plein vol, frôla le parquet pour attraper son fifre et se posa au sol. Son petit corps dénudé était parsemé de lacérations et d'hématomes, il souffrait beaucoup mais sa furie était telle qu'elle surpassait de loin le mal qu'il éprouvait. La bataille qu'il menait maintenant, il ne la menait pas pour lui, il ne la menait pas pour sauver Thelma non plus. Non. Il la menait pour une inconnue dont l'histoire était si triste et si horrible qu'il ne pouvait faire autrement. La rage parcourait son corps meurtri lorsqu'il abattit son fifre vers la tueuse et qu'il fit déferler ses Vents infernaux encore une fois. La tueuse au masque n'eut pas la chance d'esquiver ce coup ni l'autre d'ailleurs, car Eucalyptus n'attendit pas de riposte avant d'attaquer à nouveau. Sous la violence de ce second vent, le masque blanc se brisa et dévoila le visage doux et étonné de la tueuse. A demi-consciente, étalée entre le parquet et le mur, elle regarda le lutin qui s'approcha d'elle, haineux au possible. Il pointa son fifre sur le bout du nez de cette dernière.

"Dis à tes patrons qu'ils auront maintenant un lutin rageux à leur trousse. Allez viens, Thelma, on s'en va..."

Pour ponctuer sa phrase, il se retourna et fit basculer ses petites fesses rebondies vers la porte éclatée du bain particulier.

"Heu... Eucalyptus..."
"Quoi ?"
"Ne te fâche pas, hein... Mais tu es tout nu..."
"Aaaaaaaaah !"

Eucalyptus, se rendant compte de sa nudité devant tous les gens qui regardaient la scène, courut dans tous les sens avant de trouver un refuge qui cacherait sa nudité...

>> L'armurerie de Takoido Himatori

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Sam 6 Nov 2010 03:30 
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>> Les portes d'Oranan

Il était très tard, mais heureusement pour Ringo, la Maison Rouge ne fermait pratiquement jamais. Voilà. Il y était. les déserts d'Imfiltil étaient bien loins désormais, Ringo était maintenant revenu au pays, fort de son expérience, fier d'avoir passé haut la main son intronisation chez les moines de Khan. Bon, certes, il ne s'était pas excusé pour cette "affaire" qui l'avait conduit à être exilé un an entier du monastère et pour la peine, il devait passer une nouvelle année à voyager dans tout Nirtim, et sur les mains. Mais cela ne le dérangeait pas outre mesure. Même sa mère en avait été amusée et ne put réprimer un rire franc et distingué dans le silence du temple de Rana. Baignant dans un bain chaud et fumant, parfumé au jasmin, le jeune moine fraîchement intronisé revoyait les yeux humides de son maître, fier et content de son apprenti. Yami Sama lui avait dit de l'appeler Yamisan maintenant mais Ringo ne pouvait s'y résigner, il était son maître pour la vie.

Un peu ivre, il jouait des pieds dans l'eau accueillante et se laissait bercer par les clapotis. Quelques heures auparavant, Haru et lui s'étaient retrouvés dans le gros cerisier du jardin familial et s'étaient vidés deux bouteilles de saké pour fêter leurs retrouvailles. Ringo aimait beaucoup sa soeur et était très content de la trouver au temple pour sa cérémonie. Après autant d'émotions et d'accomplissement, il n'avait pas voulu de suite se coucher et voulait profiter de la Maison Rouge et de ses bienfaits corporels. Cependant, il ne trouva que quelques hôtesses, ravies et enchantées de passer un moment avec lui mais il avait gentiment refusé, en expliquant qu'il préférait les charmes du barman mais qu'il le savait non réceptif au charme du jeune moine. Non vaincue pour autant, l'hospitalité légendaire de la Maison Rouge venait encore de prouver ses qualités et un bel éphèbe ne tarda pas à rejoindre Ringo dans son bain. Un beau kendrain, taillé comme il aimait. Il lui proposa d'abord un massage, ce qui fit rire Ringo et l'émoustilla un peu plus, l'alcool aidant, sur ce que donnerait la suite.

Arrivé dans une petite salle de massage, Ringo se coucha sur le ventre sur la table et se laissa masser avec délice. Ce kendrain savait masser et cela lui faisait un bien fou. Et alors qu'il commençait à s'endormir, le massage prit une direction plus intime, plus sensuelle et encore plus agréable pour Ringo. Connaissant bien les règles de la maison, le jeune moine lutta intérieurement pour ne pas participer mais le plaisir qu'il recevait hurlait qu'il le diffusât à son tour. Instinctivement, ses bras vinrent enlacer le kendrain puis il s'excusa mais comprit bien vite que le kendrain n'était pas incommodé par cette prise d'initiative et lui démontra, en retirant son kimono, qu'il était prêt à s'offrir à lui. Il n'en fallut pas plus pour Ringo pour s'approcher du kendrain et l'embrasser vigoureusement. Le kendrain, toujours professionnel, profita certes de Ringo mais n'en garda pas pour autant son objectif, satisfaire son client. Et lorsque Ringo ressortit de la salle, l'objectif du kendrain avait été atteint par deux fois.

Maintenant étalé sur une grosse rambarde du jardin intérieur oranien, Ringo sirotait un petit cocktail au litchee en regardant la lune et les étoiles. Détendu au possible, le sourire béat, il repensait à cette année écoulée avec une mélancolie non cachée. La traversée des déserts, la pauvreté des gens, la vétusté des villages, le chaos politique de la région, tout était si contraire à Oranan. Ringo se dit qu'il avait de la chance d'être né ici et dans une si bonne famille. Outre sa place au sein de la société, la famille Hoshi était connue pour sa bonté et son dévouement, deux mots qui semblaient être des chimères lointaines et curieuses sur Imfiltil. En fait, à vouloir le punir, le monastère de Khan lui avait plutôt ouvert les yeux sur le monde. Dans l'après-midi, lorsqu'il avait juré fidélité au monastère et à ses principes, il l'avait vraiment pensé. Rana, la sagesse, tout çà, il ne comprenait pas encore vraiment trop et bien qu'il savait la déesse présente, il était encore loin de la dévotion monastique que lui portait ses confrères. L'aurait-il seulement un jour ?

"Ce ciel étoilé ! Quel beauté ! "
"Cà alors ! Vous ici ! Je ne sais même pas pourquoi cela ne m'étonne pas de vous voir ici, à cette heure reculée de la nuit. Vous allez bien ?"
"Comme un petit vieux un peu trop saoul !"
"En bon voisin un peu trop saoul aussi, je me ferais un plaisir de faire un bout de chemin avec vous, si le coeur vous en dit !"
"Ahahah ! Sacré bonhomme ! Allez, fais une place à ton vieux voisin... Serveuse !"

Ringo adorait son vieux voisin. Il passait pour un vieux pochtron dans le quartier mais il savait qu'il n'y avait pas meilleur maître d'armes que lui. Et pour supporter Haru comme disciple, il était forcement quelqu'un de très patient. Ringo fit donc de la place au vieux maître et sourit lorsque la serveuse arriva prestement avec un plateau, une bouteille de saké et des gobelets en terre cuite.

"A la santé de Ringokun !"
"Les nouvelles vont vite, je vois..."
"Hihihi, mon tout nouveau idiot d'élève a au moins une qualité, celle d'écouter. Ma Lilo me manque, tu sais..."
"Hummm, Lilo... Ce n'est pas cette elfe peu causante et à la chevelure bleutée qui a vécu chez vous dix années durant ?"
"Exact !"
"Oh, elle était si gentille avec ma soeur et moi lorsque nous étions petits ! Que devient-elle ?"
"Crois-moi, crois-moi pas, elle se paie des vacances au frais de la princesse, comme on dit, à bord d'un luxueux aynore... La Brise du Matin ! Quelle invitation au voyage ! A la santé de Lilosan !"

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 7 Nov 2010 02:25 
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Depuis son arrivée à Oranan, dont la date exacte, pour des raisons mystérieuses -ou du moins que l’on taira-, lui échappait, la célèbre Maison Rouge était devenue le nouveau repaire du jeune aristocrate désargenté.

Cette nuit-là, accoudé au rebord richement orné de mosaïques des thermes fumants, dont les scènes évoquaient la course légère des divinités des eaux, Baruch laissait errer son regard et ses oreilles à travers l’atmosphère vaporeuse. Sur ses traits étaient peints une exaltation, un ravissement tel qu’il était impossible de ne pas en être contaminé ; il lui semblait qu’il avait trouvé, en cet établissement où la perdition frayait avec une certaine élégance, un lieu où le temps ne s’écoulait plus selon son cours habituel. Ses pensées étaient si diffuses, les vapeurs des liqueurs sombres endormaient insensiblement son esprit, tandis que la chaleur brûlante des bains plongeait son corps dans un état de bonheur presqu’absolu. Parfois sortait de ses lèvres un éclat de rire bref et clair, comme celui que produit le cristal en se brisant, dont il aurait bien été peiné à expliquer. Précisément ; il aurait pu laisser ses rires couler comme un dément sans que personne n’y prête attention. D’ailleurs, les créatures fluides qui se mouvaient à travers la vapeur pouvaient-elles être assimilées à des personnes ordinaires ? Les corps allaient, venaient, se plongeaient dans les eaux bienfaitrices, s’alanguissaient sur leurs bords dans une danse harmonieuse, comme dans un songe. La comparaison paraissait peut-être banale, mais prenait en ces lieux son sens véritable : l’existence de toute chose semblait avoir comme seul but la recherche du plaisir des yeux, de l’esprit, du corps.

Une voix merveilleusement bien accordée sur les accords qu’une cithare invisible déroulait vint le tirer de ses pensées troubles.

« Monsieur… »

L’éphèbe, levant son regard céruléen, sourit. Les gens de l’établissement le traitaient avec une déférence incroyable qui n’était pas sans lien avec la quantité incroyable d’argent qu’il y avait dépensé ; à vrai dire, la quasi-totalité de la somme qu’il avait emporté à sa fuite du domaine de Mortemart avait énigmatiquement disparu. Qu’importe…

L’hôtesse lui présentait avec un demi-sourire, dans un coffret damasquiné, une pipe de bambou longue comme son avant-bras, à la bouche et au fourneau métalliques, que les Oraniens nommaient kiseru. Sans même regarder, il savait que dans le fourneau se logeait une fine boulette sirupeuse que les autochtones appelaient chandoo, qu’il avait rapidement identifié comme n’étant rien d’autre que du pavot somnifère.

« Comment refuser… ce serait insulter votre hospitalité.», répondit-il à mi-voix, dévoilant un sourire charmeur.

Avec une grande délicatesse, il cala la bouche de l’instrument entre ses dents, caressant avec plaisir du bout des lèvres le métal tiède. Sous l’action préalable de la chaleur, le petit globe sirupeux se vaporisait, remontant la longue tige de bambou, vapeurs narcotiques, pour envahir les poumons du fumeur. A cet instant délicieux, la fumée accomplissait alors sa fonction majeure ; elle meublait et sensibilisait ses poumons, rendant conscient et comme lumineux cet espace caché sous sa poitrine. Enfin, après avoir retenu le plus longtemps possible la substance en lui, au point de voir apparaitre à la périphérie de son champ de vision d’infimes explosions lumineuses, il expulsa doucement le nuage bleu qui l’habitait. A contre-jour, devant les lampes douceâtres, la fumée déployait alors une pieuvre mouvante, pleine d’arabesques et de lents tourbillons qui grandissait, montait et devenait de plus en plus ténue…

Toute l’opération ne se justifiait que par cette beauté de la fumée libérée avec soin en volutes, et son charme, au moindre mouvement d’air trop brusque, pouvait être irrémédiablement rompu.

Quelques bouffées plus tard, combien, il aurait été incapable de le dire, et ses sens s’estompant, l’abandonnaient lentement, la musique du lieu, les accords de la cithare, les chuchotements bas, l’espèce de son produit par l’eau bouillante, tout se mêlait indistinctement, formant une mosaïque éclatante de sons dont les dissonances étaient sublimes. L’éphèbe doré ne prit presque pas conscience qu’on le ramenait à sa chambre, et ce ne fut que lorsque des bras athlétiques le déposèrent sur les draps moirés qu’une odeur toucha ses narines, lui faisant reconnaître celui qui l’avait raccompagné.

« Tu sens toujours aussi bon… », dit-il avec un frémissement de contentement

C’était un jeune homme de l’établissement, sensiblement du même âge que l’aristocrate déchu, avec qui Baruch avait déjà passé quelques nuits suaves, sans jamais savoir son nom.

« Comment tu te sens ? Je n’ai jamais vu un client réussir à parler après avoir ingéré une telle quantité d’alcool et de chandoo… »
« Ah ! Tu serais étonné de tout ce que je peux encore réussir à faire ! »
« Cela reste à prouver… »
, répondit-il avec un sourire dans la voix, se rapprochant du lit.

Les yeux toujours fermés, étendu sur le dos, toujours à demi-nu depuis qu’il avait été tiré des thermes, Baruch laissa un sourire fendre son visage.

« Approche que je te montre ! »

Les draps diaprés glissèrent sur leurs corps, et la nuit fut longue encore. Les limbes du sommeil vinrent finalement prendre dans leurs bras le jeune homme, dont la satisfaction pleine était d’un rare excès.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 7 Nov 2010 03:19 
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La nuit est des plus tranquilles, les grillons et quelques grenouilles entament leur symphonie au clair de lune. Ume-sama et toi êtes là, sirotant tranquillement votre coupe de saké, quand derrière vous, une voix retentit.

"Ume-sama ? C'est vous?"

La voix provient d'un jeune homme plutôt séduisant. Habillé d'un long manteau bleu, sa longue chevelure noire bouge au gré de la petite brise qui souffle en ces lieux. Son regard froid ne laisse rien transparaitre. Il avance vers Ume-sama, la main gauche sur le manche d'un des deux katana accrochés à sa ceinture.
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"Vous souvenez vous de moi?"

Ume-sama dévisage un instant le jeune homme et lui dit:

"Bien sûr que je me souviens de toi Amako ! Laisse moi te présenter Ringo. Ringo voici Amako, il a été mon élève il y a de ça quelques années."

Le dénommé Amako te salue en s'inclinant profondément, mais il exagère bien trop pour être sincère.

"Alors que deviens-tu?"

"Je voyage, tout simplement sans réel but. Je suis revenu à Oranan pour me reposer un peu avant de partir pour Kendra-Kâr. Il y a beaucoup d'arg...de personne à aider là-bas à cause de la famine. Je pensais que Lilo pourrait m'accompagner."

"Je vois...Lilo n'est pas là pour le moment elle est en vacance dirons nous. J'en parlais justement avec Ringo-kun, mais j'y pense pourquoi ne pas l'accompagner Ringo-kun?"

Sur ces mots, Ume-sama se tourne vers toi, attendant ta réponse tandis qu'Amako te regarde avec un dédain presque imperceptible.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 7 Nov 2010 19:29 
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^^ post précédent

"La Bise du Marin..."

Ce titre le laissa rêveur un instant puis l'image de Tristan-pot-colle lui revint en mémoire aussi vite à tel point qu'il fit une moue légèrement dégoûtée. Un jeune homme vint alors interrompre leur petite discussion. Amako. Un grand brun peu arrogant mais très mignon, pensa alors Ringo en souriant pour le saluer. Il n'écouta que d'une oreille leur courte conversation et se contenta de regarder les étoiles, pensif et hagard, toujours sous le joug si sensuel du kendrain qu'il venait de quitter. Son vieux voisin proposa Ringo lorsqu'il lui dit que son ancienne élève était en vacances et Ringo reprit ses esprits pour s'intéresser un peu plus à ses deux camarades nocturnes. Le jeune moine avait retenu "famine" et "Kendra-Kâr". Vu qu'il venait de prêter serment, il ne pouvait pas refuser une telle demande. Surtout si les kendrains étaient tous comme cet éphèbe de la Maison Rouge !

"Comptez sur moi ! Nous pouvons partir demain, enfin tout à l'heure, juste le temps que je dorme un peu pour être en forme..."

Ringo se releva et réajusta son veston avant de tendre la main vers son vieux voisin. L'heure du retour venait de sonner et il avait promis au vieux maître de le raccompagner. Umesan n'était pas un de ces vieux impotents mais l'alcool aidant, il avait grand mal à retrouver son chemin, la nuit venue... Combien de fois sa mère l'avait retrouvé dans les parterres de jonquilles au printemps ? Une fois même, Haru avait retrouvé Umesan à moitié plongé dans la petite mare aux nénuphars de leur jardin intérieur. Comment avait-il fait pour arriver là, nul ne le savait, et pas même le principal intéressé ! Mais outre son passe-temps liquoreux, Umesan était un petit vieux attachant, toujours souriant et toujours avec le bon mot en toute occasion.

"Nous devrions rentrer et nous reposer ! Comme promis, Umesan, je vous raccompagne. Amako, je présume que vous dormirez chez votre maître ? A moins que vous préfériez dormir à la maison ?"

Son sourire en disait long sur cette dernière proposition, Ringo n'y pouvait rien, il était comme çà, jeune et insatiable...

>> Les habitations

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 8 Nov 2010 04:06 
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A ta proposition, Amako ne répond qu'avec un petit "Hmpf." dédaigneux, mais d'un geste de la main, il t'invite à lui montrer le chemin, indiquant par la même qu'il accepte ta proposition. Cependant il ne te rend pas ton sourire et ne dit pas un mot sur tout le chemin qui mène à ta maison, s'arrangeant toujours pour être à quelques pas derrière toi. T'évite-t-il ? Admire-t-il ton postérieur? Lui seul le sait.
Une fois chez toi, il retire ses chaussures et, malgré les apparences, se montre étonnamment respectueux. Il part s'asseoir sur un fauteuil proche sans un mot et fini enfin par te dire sur un ton assez neutre:

"Ringo c'est ça? Dis moi Ringo, tu n'aurais pas un truc à boire ? De la liqueur de pomme ou du saké? Je ne veux pas partir avec une personne si celle-ci ne boit pas avec moi!"

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Sam 20 Nov 2010 21:13 
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Le jeune homme sortit difficilement du sommeil de plomb dans lequel il était tombé, alors que les rayons du soleil tapaient déjà depuis plusieurs heures sur les fins volets qui occultaient la fenêtre de sa chambre remplie de soieries. Il se retourna plusieurs fois en grommelant dans ses draps, ses délicats cheveux d’or en bataille, avant de tenter précautionneusement d’ouvrir un œil. Le peu de lumière, si diffuse était-elle, qui filtrait par les persiennes de bois suffit à l’éblouir au point de lui tirer une grimace douloureuse. Il avait beau avoir connu de nombreux matins difficiles, et en était même coutumier, il était indubitable que des sommets en matière de gueule de bois avaient été outrepassés ; sa tête avait comme rétréci, et son cerveau, comprimé, semblait rencontrer violemment à chaque mouvement les limites de sa boîte crânienne. Si sa gorge était déjà perdue et n’était plus qu’un vaste champ de ruine, la bataille faisait encore rage dans ses entrailles. Ses poumons, ou du moins ce qu’il devait en rester, quant à eux, criaient grâce.

Après avoir fait ce rapide mais alarmant état des lieux de sa santé physique, Baruch, dans un sursaut d’optimisme somme toute plutôt incompréhensible, se redressa brusquement. La réplique ne tarda pas ; une quinte de toux monumentale le prit, tandis qu’une acidité un peu aigre lui remontait dans la bouche, témoignage gustatif de ses excès de la veille. Il lui fallut de longues minutes pour que cette sorte de tressautement qui démangeait terriblement soit enfin chassée de sa gorge, et que ses idées se clarifient.

La chambre, dans un désordre singulier, dont il n’arrive pas à retrouver la cause exacte dans ses souvenirs de la nuit précédente, était à peine éclairée par un éclat diffus et rougeâtre ; la lumière, en traversant les voiles légèrement opaques de la fenêtre, se teintait de cette coloration lie-de-vin si douce et propice au repos salutaire. Tout était d’un calme absolu, et une chaleur quasi insoutenable régnait dans la pièce habituellement fraîche, certainement due au soleil dont les rayons frappaient avec insistance sur la façade de vieille pierre. Le jeune homme pouvait presque entendre leur pulsation sourde au-dehors, tandis que lui parvenait faiblement les rumeurs de la ville, l’aboiement lointain d’un chien, le chant discret d’une fontaine, dont l’idée de fraîcheur qu’il suggérait était attirante ; et, encore plus faiblement, si faiblement que les sons, incertains, prenaient des colorations interprétatives : là-bas, peut-être le marteau d’une forge, qui pouvait encore évoquer les cloches lointaines d’un temple aux toits recourbés, ou simplement le raclement répétitif d’une canne ferrée sur les pavés. Comme à chaque fois qu’il laissait son ouïe partir à l’aventure, explorer les ressources sonores infinies de son environnement, proche ou plus lointain, son regard prenait un éclat sombre, comme celui que prend parfois celui des aveugles.

Il y avait quelque chose de terriblement rassérénant à se laisser aller à cette écoute rêveuse du monde, dont les sons, par un phénomène étrange, s’associaient d’eux-mêmes à d’autres sensations, ou du moins les évoquaient irrésistiblement. C’était un appel incessant, dont les silences étaient assourdissants, et étalaient sur sa carte sonore des zones d’ombre terriblement irrésistibles ; les silences étaient l’espace infini des possibles, et l’errance, loin d’être une fatalité, un coup du sort, en était l’instrument, le moyen et la fin de cette découverte insatiable. Rien ne pouvait satisfaire pleinement le jeune homme. Ce n’est pas pour autant que son but ultime était une satiété qui finalement ne serait pas si éloignée de l’écœurement et de ce désenchantement morne qui habitait les vieilles personnes ; non, la satiété était la mort de l’étonnement. L’insatiabilité était finalement un mode d’être à part entière dont le jeune homme s’accommodait pleinement.

Ces considérations, bien loin d’être des pensées claires et formulées, étaient bien plus ressenties et vécues qu’elle n’étaient pensées. Le jeune homme aurait d’ailleurs été bien en mal de les transcrire oralement, ou par écrit, et considérait d’ailleurs que cela aurait été perdre son temps par un échec inévitable.

Un son inhabituel vint cependant perturber sa contemplation éperdue de la ville chantante. Quelque part dans les étages inférieurs de la Maison Rouge, plusieurs voix indistinctes troublaient le doux air que faisait en se réveillant l’établissement. Il pouvait distinguer les voix des serviteurs de la Maison, mais l’une des voix lui restait insaisissable, bien que son timbre et ses intonations parlaient à sa mémoire. Apparemment le propriétaire de cette voix voulait à toute force monter dans les étages supérieurs, et rencontrait la résistance des valets ; le sujet exact de la discorde cependant restait impénétrable à Baruch.

Son attention étant absorbée par cette conversation lointaine, il fut surprit par l’irruption soudaine d’un jeune homme –celui avec qui il avait passé la nuit- dans la chambre encore pleine de souvenirs :

-Seigneur ! Seigneur ! Les Mortemart… ils arrivent!

Il se tut ensuite, comme essoufflé, et comme gêné. Le bel éphèbe en eut le souffle coupé ; voilà maintenant trois années qu’il n’avait pas entendu ce triste patronyme, le sien, qu’il avait cru fuir pour toujours. Cette vie précaire, qu’il avait construite depuis son départ, et dont les racines s’appuyaient sur cette tabula rasa absolue de ses origines, se mettait brutalement à vaciller sur sa base même. Baruch, superbe dans la pureté que peignaient la stupeur et l’émotion sur ses traits, se leva lentement, fixant fermement le jeune serviteur, une lueur inhabituellement sombre dans le regard. Sa voix, pourtant, était rauque et brisée.

-Comment ? Bon Dieu, que sais-tu des Mortemart ?

Ce nom sonna étrangement dans sa bouche et à ses oreilles ; il lui était terriblement familier, plein des sombres remous de son enfance, et pourtant, ne sonnait pas comme son propre nom, mais plutôt comme celui que porterait un étranger.

-J’ai… je n’ai fait qu’apercevoir votre chevalière, et pour peu que l’on connaisse vaguement la noblesse kendrane… votre étonnante richesse en plus… le lien n’était pas bien difficile à faire, ajouta-t-il avec une mine piteuse.

La fureur de Baruch éclata alors pleinement, à la fois effrayante et incompréhensible.

-Malheureux ! Si jamais ils me retrouvent et que j’apprends que tu as quelque chose à voir avec ça, tu le payeras de ta tête !

Il fit une pause, le souffle rauque.

-Tu payeras de toute façon s’ils apprennent que tu m’as prévenu de leur arrivée ! Tu n’as pas idée de là où tu mets les pieds. Tu ne pouvais pas rester à ta place, celle de larbin ? On ne plaisante pas avec les Mortemart ! Tu n’es qu’une quantité négligeable pour eux, un vulgaire brin d’herbe, et même moins que ça encore ! C’est du suicide, du suicide !

-Je n’ai jamais trahi votre secret Seigneur, jamais ! Ce pourrait être n’importe qui : pour peu que j’aie pu voir votre chevalière et reconnaitre son blason, n’importe qui aurait pu faire de même…

-Peu importe ! Ecarte-toi, je dois partir, au plus vite !

A cet instant, la porte s’ouvrit violemment, claquant contre le lambris verni de cèdre. Des figures, des silhouettes bien trop familières. Pris au piège. Comme un rat.

-Merde…, laissa-t-il échapper de l’enclos de ses dents blanches.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Jeu 15 Nov 2012 23:10 
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Pas après pas, je sens poindre une certaine tension. Devant, mes quatre apprentis se sont murés dans un étrange silence qui me laisse perplexe. Aoyumi et Id'Sharylzakië avancent côte à côte, échangeant par moment un regard. À à peine deux enjambées d'elles, Mizutaka avance à allure modérée, jetant régulièrement un coup d’œil par-dessus son épaule. Quant au dernier apprenti, il vient de placer ses mains dans ses manches avec un air sombre. J'ai des difficultés à les comprendre encore une fois. L'air peut aussi bien s'emplir de leur colère que d'une atmosphère maussade, comme c'est le cas en ce moment. Je demeure silencieux également, gardant un oeil sur les jeunes gens.

Bientôt, nous atteignons l'édifice mentionné. Je n'ai jamais fait que passer rapidement dans les environs, ce qui me pousse à m'intéresser au bâtiment. Levant le nez, je ne suis guère dépaysé. Une haute tour à base hexagonale s'élève, divisée en plusieurs étages, et dont les murs sont peints de la teinte lui donnant son nom. Par moment, quelques silhouettes entrent et sortent par la porte qui fait face à ma petite troupe. Ses membres sont d'ailleurs toujours aussi calmes, mais les faciès laissent paraitre quelques sentiments distincts.

L'apprenti Mizutaka Andreï fixe l'endroit en semblant le défier du regard, puis il en détourne la tête. L'ynorien brun à ma droite se frotte le nez, masquant à grand-peine une esquisse de sourire. Les apprenties examinent en détail le bâtiment. C'est l'elfe qui se décide à briser le silence au moyen d'une remarque au ton blasé.

"Pourquoi les bâtisseurs oraniens persistent à donner des formes bizarres à leurs édifices ?"

Je hausse un peu un sourcil. Elle n'est donc ni interpellée par la taille, la couleur des lieux ou leur usage, mais par leur architecture ? Décidément, je doute pouvoir un jour comprendre sa façon de raisonner. Après avoir brièvement secoué la tête, je prends les devants, grimpant les marches en jetant un rapide regard en direction des statues gardiennes des lieux. Je viens à peine de poser le pied sur la dernière dalle que la voix douce de l'humaine me parvient, sans toutefois m'être adressée.

"Vous ne venez pas, apprenti Mizutaka ?"

Levant brièvement les yeux au ciel, je retiens de justesse un souffle agacé, me demandant quel va encore être le souci. Main sur la sangle de mon arme, je me place de profil, embrassant la vision de mes apprentis arrêtés sur différentes marches. Sauf en ce qui concerne l'humain hélé. Bras croisés, il se tient au pied de l'escalier, refusant visiblement de faire un pas supplémentaire, et me lançant un regard rebelle.

"Il est hors de question que notre personne fasse ne serait-ce qu'effleurer de la botte le sol de cet endroit de débauche."

Pendant que je me demande comment l'humain a réussi à tout dire en un seul souffle, l'elfe se met à rire sous cape devant son air sérieux. Ce dernier poursuit sur sa lancée, encore une fois à voix haute et en public.

"L'endroit n'est pas digne de notre présence. Honteux devraient être les hommes succombant aux charmes de femmes sans scrupules et évidemment manipulatrices. Nous refusons de tomber dans les griffes de ces catins masquant leur condition sous de beaux atours !"

L'humain brun lui jette un regard entre agacement et pitié. Avant que j'ai le temps d'intervenir, les répliques partent.

"Quand on ne connait pas, on évite de se donner des grands airs et de parler à tort et à travers."

"Cesse de nous provoquer. Nous savons ce que nous disons. Père nous a..."

Le brun l'interrompt brutalement.

"Père par-ci, père par-là ! Tu n'as que ce mot à la bouche, ma parole ! Et je parie que tu ne sais d'Oranan que ce qu'on trouve dans les livres, et les cours d'un précepteur, non ? "

L'hinïon éclate d'un rire sonore et moqueur. L'espace d'un instant, je suis persuadé d'avoir vu une expression blessée sur le visage du blond. Quand il se reprend, c'est pour insulter de manière pompeuse la lignée de son camarade masculin. Il poursuit en dénigrant ouvertement les activités de l'endroit, ce à quoi le brun répond en l'interrogeant sur ses expériences d'homme. L'échange brutal grimpe en force et en volume, sauf qu'avant qu'il me soit possible d'intervenir, je vois s'approcher d'eux une gracieuse silhouette. Coiffe élégante, magnifique yukata bleu pâle décoré d'oiseaux blancs et fermé par un large obi, il s'agit visiblement d'une ynorienne. Ses traits sont équilibrés et fins, faisant d'elle une personne que le premier venu peut décrire comme agréable à regarder. Dans ses mains, un duo de longs éventails qu'elle élève avec lenteur, tout en les refermant.

Et qu'elle abat sans ménagement à l'arrière des crânes masculins.

L'échange est stoppé net par le coup double, tout comme le rire de l'elfe. Tout le groupe, moi inclus, regarde le visage légèrement poudré de l'arrivante. Son expression est calme, contrastant parfaitement avec le geste qu'elle vient de faire. Sans adresser la parole aux garçons, elle tourne ses yeux sombres et en amande vers la demoiselle au chapeau. Un air amical orne les traits féminins au moment où elle fait entendre une douce voix.

"Chercherais-tu à t'encanailler en fréquentant de telles personnes ?"

"N... Non ! Enfin, je veux dire que tu fais erreur. Eux, ce sont mes camarades apprentis. Nous sommes en mission avec notre instructeur."

Les yeux vifs de l'arrivante font un bref tour d'horizon des visages avant de se diriger vers moi. Quand elle le fait, je m'incline poliment, recevant un signe de tête en retour. Tout en poussant l'ynorienne en rouge dans ma direction, la belle oranienne reprend.

"Mission... Et qu'est-ce qui vous amène ici ?"

"Quelqu'un nous a aiguillé vers dame Chiyo. Elle est censée pouvoir nous renseigner sur... Sur notre affaire."

"Chiyo ? Je vois. C'est une personne un peu difficile et occupée, mais je vais voir ce que je peux faire. En attendant, suivez-moi. Je ne sais pas en quoi consiste votre devoir, mais ce n'est pas en rameutant le quartier que vous allez progresser."

Sur ce, elle décoche un regard aussi rapide et perçant qu'une flèche aux deux apprentis énervés. J'ignore si c'est son maintien, sa voix ou l'image qu'elle dégage, mais le duo querelleur lui emboite le pas. Même le blond grimpe les marches, marquant toutefois une réticence visible. Je patiente, décidé à fermer la marche pour éviter que l'un d'entre eux ne se ravise. La porte s'ouvre devant nous sans qu'il y ait eu le moindre coup contre les battants, puis se referme après notre passage.

Je n'ai guère le temps de m'attarder sur les silhouettes des portiers, la jeune femme en yukata nous confiant aux bons soins d'une autre hôtesse. Elle disparait rapidement de mon champ de vision pendant que nous entrons dans une petite salle à l'atmosphère agréable, allant sans doute quérir notre informatrice.

Du moins, je l'espère. Après tout, rien ne dit que le joueur de dés ne nous a pas donné le premier nom qui lui ait traversé l'esprit, juste pour pouvoir filer rapidement.




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Dernière édition par Kiyoheiki le Lun 19 Nov 2012 23:42, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 19 Nov 2012 23:41 
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La nouvelle hôtesse nous conduit donc dans une salle assez éloignée de l'entrée, mais toujours au rez-de-chaussée. La porte coulissante, à moitié faite de papier de riz, s'ouvre sur une pièce à l'ambiance agréable et chaleureuse. De la musique arrive de la salle proche, mais la nôtre est vide. Je mets cela sur le compte de la taille de notre groupe, doutant qu'en quelques mots la belle oranienne ait pu faire connaitre la nature de nos intentions à sa camarade.

Fermant la marche, je laisse mes apprentis prendre place sur les chaises et coussins des lieux. Seul le blond refuse de s'asseoir. Toute son attitude transpire le mépris. Lorsque je referme la porte derrière moi, je remarque un dessin de coquillage rouge et en spirale sur la porte. C'est peut-être un repère pour la salle, qui est loin d'être la seule de cet établissement. Avisant un coussin sur ma droite, je retire mon Fang Bian Chan, le gardant sur mes cuisses tandis que je m'agenouille sur le carré de tissu.

J'inspire doucement, repérant un parfum d'encens très différent de celui du Bochi. Ici, l'odeur est douce et fruitée, mêlée à celle de plantes que j'utilise dans la préparation de tisanes. Visiblement, tout est mis en oeuvre pour que les visiteurs se sentent à l'aise. Même la lumière d'un bel orangé, diffusée par des lampes rondes et suspendues au plafond, apporte sa touche à l'atmosphère calme. Cependant, le silence ne dure pas, et je suis surpris par la première voix que j'entends.

"Ne refaites plus jamais cela, apprenti Mizutaka."

L'ynorien blond lui adresse un bref regard contrarié puis détourne les yeux. Un instant hésitante, son interlocutrice serre les poings et poursuit.

"Les femmes d'ici ne sont pas de vulgaires... Vulgaires..."

"Trainées ?"

"Catins ?"

L'apprentie Aoyumi leur jette un regard indescriptible, puis fait un signe de tête affirmatif. Son camarade masculin pivote, lui tournant résolument le dos, allant jusqu'à croiser les bras et s'exiler de l'autre côté de la pièce. La jeune fille souffle fortement, comme se préparant à une pointe de vitesse.

"Celle qui a interrompu votre dispute est mon amie. Nous avons grandi dans des villages très proches."

"Oh, nous voyons ! Une gueuse appâtée par la fortu..."

Mizutaka Andreï est interrompu par le brusque mouvement de la jeune femme. J'ouvre de grands yeux, surpris par la vivacité, mais surtout la férocité qui semble soudain animer cette dernière. Quand elle empoigne la queue-de-cheval du jeune homme, je décide de me lever pour pouvoir intervenir. Pendant que je me rapproche à grands pas, la jeune humaine laisse éclater sa colère.

"Lâche-moi !"

"Taisez-vous, et ouvrez grand ce qui vous sert d'oreille ! Si elle a échoué ici, ce n'est pas par appât du gain, mais parce que son village a été réduit en cendres par un raid ! Elle y a perdu presque toute sa famille !"

De fines larmes se forment dans les yeux de l'adolescente, mais c'est sa rage seule qui se manifeste.

"Et la veille à peine, un capitaine de la milice rentrait avec ses hommes sur Oranan sans même s'arrêter. Et vous le connaissez, cet officier, pas vrai ? Il porte le même nom que vous !"

"M... Menteuse ! Notre père est un héros ! Il..."

"Vous l'avez dit vous-même ! Il est rentré en ville sans la moindre égratignure... Parce qu'il a sacrifié un village ne figurant même pas sur les cartes pour couvrir ses arrières !"

Alors que j'arrive à leur niveau, l'adolescente le relâche, se frottant le visage du revers de la main. J'ai beau avoir tout entendu, ma réaction est loin d'égaler celle de mes apprentis. L'une pleure, un autre semble perplexe, et les deux restants ont pris un air grave et embarrassé. La colère de la jeune en rouge s'apaise, et elle tente de sourire à son interlocuteur. Là, je retrouve l'adolescente diplomate et sensible que j'ai rencontré il y a peu.

"Mais vous n'êtes pas lui... Alors... Ne me donnez pas de raisons pour vous haïr... Parce que moi... Moi je ne vous déteste pas."

Jugeant le moment opportun, je pousse mes subalternes à prendre place sur les coussins. Je ne sais pas ce que le blond a dans le crâne en cet instant, mais il jette régulièrement un regard à sa voisine. Du coup, cela attise une certaine jalousie chez l'ynorien brun, et un air moqueur chez l'elfe. Poussant un soupir léger, je secoue négativement la tête. C'est à croire que chaque endroit ou chaque parole est comme une flammèche tombant au hasard sur un brin de paille. J'en viens à admirer mes supérieurs et collègues instructeurs. Heureusement qu'ils ne sont que quatre. Il n'empêche que l'histoire racontée par la jeune fille me laisse perplexe. Je n'ai jamais eu vent d'une telle chose. Pourtant, j'imagine mal l'apprentie mentir au point d'en arriver à ce genre de débordements. Je plisse les yeux. Imaginer qu'un capitaine de milice puisse sacrifier un village avec une telle facilité, mission ou pas, me parait un peu exagéré.

Je ne sais pas quoi en penser, mais puisque cela ne concerne en rien notre mission, je tente d'écarter tout ceci de mon esprit.

De légers coups sont donnés sur le montant de la porte coulissante, puis celle-ci s'ouvre. Entre alors une femme de petite taille, à peine une dizaine de centimètres de plus que moi, sans compter sa coiffure haute mais pratique. Ynorienne jusqu'au bout des orteils, elle arbore un yukata blanc cassé uni, un obi beige, mais surtout un visage fermé. Dès que ses yeux en amande se rivent à mon visage, de fines ridules se forment tandis qu'elle fronce les sourcils.

Avant même de répondre à ma salutation, elle prend la parole.

"Je n'ai pas beaucoup de temps. Midori m'a expliqué que vous aviez besoin de moi. Ce sera deux cents yus."

"Pardon ?"

"Les yus contre l'information. Ils ne vous ont pas tenu au courant vos amis de la milice ? C'est comme ça que mes affaires fonctionnent. Je me tiens au courant, et je donne des pistes à ceux qui paient."

"Pas bête... Mais on vient de la part de Shunpei."

"Ah. Dans ce cas, ce sera cent-cinquante. "

"Tiens donc. Et pourquoi ?"

"Parce que devoir traiter avec ce crétin ne doit pas être de tout repos. C'est mon idiot de beau-frère."

"Aie."

J'esquisse un bref sourire tout en plongeant la main dans ma besace. Après avoir palpé les yus donnés par mon parent, j'en sors une poignée que je présente à notre interlocutrice. Avisant l'éclat métallique de ce que j'ai en main, Chiyo sourit puis prend place sur un coussin. Tout le groupe est attentif à ce qu'elle nous raconte après qu'on lui ait parlé des sinaris. Pendant de longues minutes, au vague son de la musique proche, l'ynorienne nous parle d'un jeune client bavard de cette race. De spécialités sinarises, et surtout de boissons.

Lorsque l'assistante d'intendance prend congé, en m'ayant délesté d'une partie de ma fortune, nous connaissons notre prochaine destination. Et cette fois-ci, si je ferme la marche, c'est pour m'assurer de ne pas oublier d'apprenti dans ce lieu paisible. Je suis un peu tendu car notre prochaine étape va nous rapprocher de possibles suspects.



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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 18 Jan 2015 17:49 
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Les drogues avaient fait sombrer le vieux Goont dans un profond sommeil. Toutefois, quand il ouvra de nouveau les yeux, il ne se sentit affligé d'aucune migraine et bien qu'ayant dormi en plein après-midi, sa fatigue fut presque inexistante. Il était reposé, prêt à entreprendre sa mission. Quant à sa fille, elle était déjà réveillée. Certainement habituée à l'usage de ses propres produits, elle avait l'air aussi frais que lorsqu'il l'avait rencontrée à son retour sur Oranan. Alors qu'il se levait tranquillement du gros fauteuil de cuir, il remarqua qu'elle avait entre les mains l'encensoir de famille. Voyant le regard de son père, elle s'expliqua.

"J'ai changé l'encens qu'il y avait dedans. Tu l'as beaucoup utilisé et il était presque entièrement brûlé. De plus, celui-ci sera un peu plus chargé en fluides, tu verras."

"L'ancien me convenait pourtant."

"J'ai vu que tu avais fait quelques arrangements dessus, alors un encens plus adapté sera appréciable. Je vais t'en laisser un petit sac, même si tu ne devrais pas en avoir besoin ce soir."

Hivann acquiesça simplement. Le temps de se lever et de se diriger vers le bureau qui servait à de guichet de vente où Thôko avait versé l'encens, elle avait terminé son petit ouvrage et avait ajouté la petite sacoche à côté de l'encensoir. Hivann le prit alors, l'accrocha comme d'habitude à sa ceinture et mit la petite sacoche dans son paquetage. Cependant, il décida de le laisser ici.

"La gâchette est une pièce assez petite il me semble, si c'est aussi similaire à une arbalète. Je n'aurai pas besoin de toutes mes affaires, alors je te laisse tout ici. Et puis ce serait dommage que l'on me dérobe mes pièces..."

Ce faisant, voyant que la nuit était tombée depuis déjà bien longtemps, il se dirigea directement vers le rideau qui formait l'entrée de la boutique. Il réalisa alors qu'il avait dormi toute l'après-midi, mais apparemment pas sa fille...

"Aucun client n'est venu aujourd'hui ?"

"Aucun."

"Tu avais fermé la boutique ?"

"Non, non, aucun client n'est simplement venu."

"Comment est-ce possible ?"

"Même s'ils étaient venus, je ne suis pas sûr qu'ils seraient restés pour fumer à côté d'un loup géant."

"Et les autres fumoirs ?"

"Écoute, mon commerce fonctionne principalement grâce à mes ventes sur tout Yuimen. Sur Oranan, c'est différent. Nous sommes des Goont et ton exil est encore frais. Laisse le temps aux gens d'oublier et ils reviendront."

Hivann resta silencieux. Il savait que ses actions avaient fait quelques ravages sur certains de ses enfants, mais il lui avait semblé que Thôko s'en sortait différemment. Réaliser que les clients d'Oranan ne venaient plus depuis déjà plusieurs mois le peina. Mais il ne jugea pas davantage la manière dont sa fille devait joindre les deux bouts. Par pudeur, il se contenta de sortir.

"Bon... Je m'en vais à la maison rouge alors."

"C'est très bizarre d'entendre cela de ta bouche !"

Ils rirent tous les deux, c'était au moins une meilleure manière de se séparer. Puis Hivann laissa glisser le rideau de perles sur lui.

Il savait au moins où était la maison rouge. De chez Thôko, déjà, on la voyait. Une gigantesque tour rouge, plus grande encore que le pavillon d'or. Cet endroit, s'il ne le connaissait pas tellement, n'avait pas été retiré de sa mémoire et il savait qu'il servait encore de tour de guet pour surveiller le port. Ce qui était plus étonnant, c'était de se dire que son utilité militaire résidait au dernier étage, mais que le reste était ostensiblement ouvert aux fantasmes les plus fous.
Quand il arriva devant les portes, après un tout petit quart d'heure de marche, il fut accueilli par deux grandes statues de chiens, gardiens de ce sanctuaire du plaisir. Des braseros, pourtant, reflétaient leurs courbes et leur donnaient un air menaçant. C'est idiot, mais c'est seulement en les voyant qu'Hivann décida qu'une infiltration "offensive", où entrerait par effraction, serait une mauvaise idée. Il valait mieux pour lui qu'il se fasse passer pour un client, s'il voulait voir plus simplement les locaux de cette maison close.

Après avoir dépassé les statues et monté les marches, il se retrouva face à une petite porte, très sobre, complètement différente de l'aspect luxurieux et rouge sang de cette tour. Mais il n'eut même pas le temps de frapper. Alors qu'il se tenait devant l'encadrement de la porte, cette dernière s'ouvrit pour laisser apparaître un visage féminin, lourdement maquillé de blanc. Seules ses lèvres et ses paupières étaient rougies, comme en un seul petit point qui prenait presque la forme d'un cœur en épousant parfaitement le bout de la lèvre supérieure. Quand elle eut ouvert la porte entièrement, Hivann remarqua une coiffure soignée en un chignon noir gonflé et orné de baguettes décorées de cordons rouges. Le kimono que la fille portait, lui, était noir et décoré de petites fleurs roses. En revanche, la manière dont elle le revêtait était bien différente : son corps était partiellement découvert. L'on pouvait entrevoir ses cuisses et l'ynorien vit même qu'elle était pieds nus. Une épaule était aussi dénudée, aussi blanche que son visage, et un décolleté plongeant laissait apparaitre une partie de ses petits seins fermes et jeunes.

"Je suis Kikori."

Elle marqua un instant de pause, montrant clairement qu'elle attendait une réponse. Hivann mit un moment avant de le comprendre inventa alors un nom.

"Goro Suzuki."

"Vous désirez entrez, Suzuki-san ?"

Sans répondre, il passa la porte, comme la jeune femme s'était décalée pour l'inviter à entrer. Il put alors constater à quel point c'était un bel endroit. Et si l'on connaissait la réputation luxurieuse de cet endroit, son intérieur n'avait pourtant rien à voir. La décoration était sobre, bien que prônant principalement des couleurs rouges. Des pots de plantes ravivaient l'endroit, des lampions blancs apportaient de la lumière dans les couloirs et les murs étaient revêtus de parchemins de haïku ou d'autres dessins. Le vieil homme en vit notamment un, représentant certainement un raz-de-marée sous un ciel de nuit. Les nuages étaient formés en de petits cercles, simplement. Mais la spécificité du dessin était que la lune était était représentée par une femme nue, en boule.

"Les dessins et haïku que vous voyez ici ont tous été créés par clients."

"Je vois..." dit-il sans grande conviction.

"Je peux vous aider, Suzuki-san ?"

"Je pensais visiter cet endroit avant de vraiment décider de ce que j'allais y faire."

"Je vais vous guider, alors."

"Je pensais le faire seul."

"Suzuki-san, je crains que ce ne soit pas possible. Les quartiers sont limités et je ne peux pas simplement vous laisser partir au risque de vous retrouver dans nos quartiers privés."

"Très bien..." répondit-il simplement, quoiqu'un peu agacé par la situation. "Je vais vous laisser me guider alors. Montrez-moi donc les endroits où je peux aller, et ceux où je ferais mieux de tenir à distance."

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Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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