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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 22 Fév 2015 20:22 
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Hivann avait fait un mauvais choix, et il s'en rendait bien compte. La peur d'être découvert et même ralenti dans sa recherche l'avait emporté sur sa raison, et désormais, un cri strident le prévenait d'un danger imminent. Il allait avoir encore moins de temps pour trouver ce qu'il voulait et aurait tout autant de mal à descendre cette tour. Sans attendre, donc, il monta les escaliers, passa une porte, et découvrit un corridor qui n'avait rien à voir avec l'aspect luxueux de tous les étages précédents. La couleur rouge restait dominante, mais les décorations étaient absentes et il y avait encore très peu de lumière. De même, il n'y avait que trois portes ici. Comme cela prenait tout l'étage, il supposa très vite que chacune des salles devaient être très grandes et que seuls les clients plus fidèles et fortunés devaient pouvoir profiter d'une telle intimité.

En passant le couloir, il constata un peu mieux ce qu'il voyait. A sa gauche, le son des ébats clairement audibles traversaient la porte, alors il supposa qu'il n'y avait rien de ce qu'il cherchait ici. De même, s'il l'on réfléchissait d'un point de vue architectural, la porte de droite devait être toute aussi similaire. Mais celle d'en face, au fond du couloir, bien capitonnée et décorée d'un cuir rouge... Cela semblait indiquer parfaitement l'endroit où pouvait se trouver la fameuse gâchette.
Le vieux mage arma son arbalète, y plaça un nouveau carreau et s'avança. La porte était entrouverte et une lumière très forte trahissait un éclairage luxueux. Et effectivement, quand il put enfin jeter un œil à l'intérieur, il comprit que cet endroit devait nécessairement appartenir aux propriétaires de la maison rouge.

Le sol n'était pas pourvu de tatamis comme la plupart des autres salles de confort, ni d'un plancher comme dans la salle où se déroulaient les spectacles. Ici, le sol était d'un marbre d'une qualité inégalable. Un grand bureau exagérément grand trônait au fond de cette antre rectangulaire et de nombreuses armes ynoriennes décoraient les murs. Les piliers semblaient être faits d'ébène et étaient taillés pour donner l'illusion que des dragons les gravissaient jusqu'au plafond. La lumière, elle, n'était pas faite de simples lampions : un véritable lustre illuminait toute la pièce.
Mais ce n'était pas tant la décoration de la salle qui retint son attention. C'était ce qui s'y passait. En face du bureau, un homme nu et ventripotent était à genoux, bâillonné et les bras attachés dans son dos. Avec lui, une femme et un homme, clairement taillés pour le combat, étaient en train de fouiller l'endroit. Ils portaient tous deux des katanas à leurs ceintures, bien qu'ils soient dépourvus d'armure. Manifestement, ils devaient s'être fait passer pour des clients en venant ici. Les tiroirs du bureau étaient arrachés, les étagères renversées et les classeurs avaient vu leurs contenus éparpillés sur le sol. Quand il vit que l'or renversé ne semblait pas être leur préoccupation première, Hivann comprit alors très vite de quoi il s'agissait.

"Thôko avait raison... pensa-t-il. Il faut que je me dépêche de trouver cette gâchette, sinon elle ne cessera de passer de main en main."

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Mar 24 Fév 2015 00:22 
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Intervention gmique pour Hivann Goont


Hivann avait été très discret et il avait pu observer la scène par l’entrebâillement de la porte sans se faire répérer.

Cependant, la chance n'était pas de son côté. Il parait qu'il est malchanceux de rencontrer un chat noir, mais qu'en est-il des chats qui nous passent entre les jambes ?
En fait, sans que Hivann n'est le temps de l'arrêter dans son mouvement, un gros chat tigré lui passa entre les pattes, émettant un fort miaulement et pénétra dans la pièce par l'ouverture de la porte, ouvrant celle-ci davantage dévoilant ainsi la présence de Hivann.

Aussitôt qu'elle le vit la femme dégaina son katana, sauta par-dessus le bureau pour foncer vers Hivann dans le but évident de le faire taire à jamais. De son côté, son acolyte poursuivit les recherches en vain.


[Petit combat en libre: Tu peux tuer ou mettre la femme hors de nuire, lorsque ce sera fait, tu devras t'arrêter pour que je fasse intervenir le deuxième combattant ]

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Mar 24 Fév 2015 13:02 
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Hivann voulait rester dissimulé, jusqu'au moment où peut-être auraient-ils trouvé la relique. Mais un hasard des plus malheureux vint gâcher sa mission. Alors qu'il scrutait les deux mercenaires, une sensation chaude et douce vint se glisser entre les jambes du vieux mages. Comme il portait une robe et que ses chausses étaient assez ouvertes, il sentit une caresse duveteuse des plus déstabilisantes puisqu'il n'attendait rien de ce genre. Il sursauta, pris une position de combat maladroite et tira une grimace de dégoût alors qu'il voyait qu'il s'agissait bel et bien d'un chat. Ce dernier miaula bien fort, se frotta contre la porte qui s'ouvrit alors lentement et entièrement. Et attira bien évidemment le regard des deux combattant vers la présence d'Hivann.

Un silence de quelques secondes passa. Le mage se sentit comme figé dans sa position ridicule et l'on pouvait sentir les yeux de la femme dirigés droit vers les siens. Un instant, il pensa à se justifier, mais l'arbalète qu'il portait le trahissait évidemment. Alors la femme n'attendit pas. D'un bond, elle passa par dessus le bureau, dégaina son arme et fondit droit vers lui dans un hurlement barbare.
Hivann n'eut pas même le temps de tirer. Elle fut si rapide que malgré la taille de la salle, elle l'eut atteint en à peine quelques secondes, sans qu'il ne puisse porter son arme à l'épaule et prend un moment pour viser. Il savait qu'avec la magie, il pourrait la vaincre, mais s'il était vu avec son blason et maniant la terre, il serait bien vite reconnu. Il allait donc devoir s'en sortir d'une autre manière, en jouant de la ruse.

Plutôt que de se confronter directement, il sentit qu'instinctivement, une gerbe de ki l'avait poussé à plonger sur le côté gauche de l'entrée, attirant la porte avec lui. Et en effet, cet instinct fut salvateur, car à peine l'eut-il prise avec lui, la lame vint s'abattre sur les coussins de cuir qui matelassaient la porte. Il était bloqué entre elle et le mur, mais au moins il était déjà sauvé et la combattante voyait son arme bloquée par le bois, tant elle avait frappé fort.

"Bon sang mais qui es-tu ?" demanda-t-elle dans un élan de rage.

"Je t'aurais bien répondu si tu m'avais posé la question avant de m'attaquer !"

Et utilisant toute sa force en profitant du manque de stabilité de la femme, il repoussa la porte, ce qui la fit chuter en arrière. D'un bond, il sa dégagea de sa prison et entreprit une course dans le couloir, puisqu'il ne pouvait pas se permettre d'entrer simplement et de combattre l'autre homme en plus. Mais alors qu'il pensait l'avait bien devancée, en tout cas suffisamment pour penser enfin à l'attaquer, il vit du coin de l’œil un danger imminent.
Elle l'avait rattrapé, déjà, et la lame elle venait de tenter une première fois de lui transpercer le crâne de son sabre. D'instinct, encore une fois, il prit alors son arbalète et se retourna en l'utilisant comme bouclier de fortune pour dévier la seconde attaque qui fut si intense que l'arme vint se planter dans le mur gauche du couloir. Depuis la porte derrière laquelle des ébats avaient tout à l'heure lieu, des cris stridents de surprise se firent entendre alors que la femme tendait encore péniblement de retirer son épée. Mais le vieux Goont s'était déjà fait plus sévère. Cette femme voulait le tuer sans sommation : il n'allait pas être plus flexible. Il avait pointé son arme vers sa tête.

"Attends... On peut s'arranger. dit-elle dans un vent de panique. Tu n'es pas dans ces bureaux par hasard et tu ne ressembles par aux hommes de main de cette maison. Tu cherches la gâchette, non ?"

"Je vais peut-être émettre l'envie de t'écouter si tu enlèves tes mains de l'arme que tu veux retirer."

La femme, constatant qu'elle n'avait pas cessé d'adopter une positon offensive, s'exécuta.

"On a rien trouvé ici. Tu ne trouveras pas ton compte, même en me tuant moi et mon frère."

"Comment te croire ?"

"Nous sommes plusieurs maisons à vouloir cette gâchette. La mienne est celle de Yuzuri, de la bijouterie et comme tu l'imagines, si nous sommes là, c'est que nous ne l'avons pas. Nous avons cherché la relique ici, mais rien à faire, elle est introuvable. Jusqu'ici, nous n'étions que trois à nous la disputer, mais te voilà, avec un blason que je ne connais pas."

"Continue. Quelle est l'autre maison ?" insista le mage en pointant son arme vers le front de la femme.

"Ce n'est pas une maison... C'est le Pavillon d'Or."

"Tu cherches cette relique au point de risquer ta vie pour l'honneur de ta maison, et d'un coup, tu dis à un étranger dont tu ne connais pas même la maison où elle pourrait se trouver ? Pourquoi ?"

Un silence passa. Hivann s'attendit d'abord simplement à ce qu'elle lui réponde "parce que tu pointes une arme vers ma tête", mais son visage s'était fait plus dur. Et puis à un moment elle esquissa un sourire.

"Parce que je vais te tuer de toute façon."

Il n'eut pas le temps d'appuyer sur la gâchette. A l'instant même où il entendit ces paroles, une petite lame vint se planter profondément dans son avant-bras et dans sa cuisse. Elle ne se priva pas, d'ailleurs, de lui infliger en plus un coup de pied en plein visage, qui le fit saigner abondamment du nez. Il chuta en arrière dans un râle pénible, mais ironiquement, l'attaque lui fut bénéfique. Car elle n'avait touché que son avant-bras et pas sa main. Il n'avait donc pas quitté son arme et il était toujours armé.
Ce n'était plus qu'une question de secondes avant que la femme ne retire son katana et vienne terminer son travail. Il visa alors, avec peine puisque les tremblements causés par la douleur et la position de jouaient pas en sa faveur. Mais il sentit bien que la mire était enfin dirigée vers son flanc.
Il tira au moment même où elle eut retiré son katana du mur. Les mêmes cris stridents se firent entendre derrière la porte alors qu'il lui fit, dans son flanc, une large blessure. De rage et de douleur, la femme tomba aux pieds d'Hivann en mugissant, se roula et lui présenta un visage paniqué. Le carreau avait traversé son buste pour venir se planter dans le mur gauche du couloir, encore une fois et une large flaque de sang se créa autour d'elle alors que la vie l'abandonnait lentement.

Le vieil ynorien, encore peiné par ses blessures, se releva. Il n'en avait pas encore fini, même s'il pensait avoir suffisamment d'informations. Il devait s'assurer de l'endroit où se trouvait la gâchette. Comme il n'avait rien pour panser ses blessures et éviter les hémorragies, il préféra garder les lames qu'il avait de plantées dans son corps, aussi handicapantes étaient-elles. Au moins, il ne se viderait pas encore de tout son sang. C'est avec le peur de force qui lui restait qu'il banda son arbalète et y plaça un autre carreau, avant de se diriger encore une fois vers le grand bureau.
Les deux hommes étaient encore là, l'otage et le cambrioleur. Quand ce dernier le vit, il fut clair qu'il comprit directement que sa sœur avait été tuée. Mais Hivann était déjà plus préparé cette fois. Il était entré directement en visant et en usant de son ki pour stabiliser son arme. L'homme ne fit pas l'erreur de foncer tête baissée face à l'arbalète, même si l'on pouvait bien voir dans ses yeux qu'il en mourait d'envie. Il leva les mains en signe de paix, mais cela ne suffit pas. La jeune femme avait fait la même chose et finalement, Hivann s'était vu grièvement blessé.

La seule raison pour laquelle il avait continué de s'avancer sans tirer, c'était qu'il ne se sentait pas capable de l'atteindre d'aussi loin. Quand il fut assez près, il n'attendit alors pas et tira son carreau droit vers la poitrine de l'homme. Il chuta en arrière, sans même un gémissement et mourut sur le coup. Il ne restait désormais plus que l'homme nu, qui était probablement un des propriétaires de cet endroit. Hivann s'agenouilla auprès de lui et retira son bâillon. D'un coup, l'homme fit des démonstrations de reconnaissance excessives, ne lui laissant pas même le temps de poser ses questions.

"Monsieur, je vous remercie ! Je vous remercie tellement ! Je pourrais rendre toutes vos visites gratuites ici si vous le souhaitez ! Je pourrais faire en sorte que votre nom devienne des plus réputés dans toute l'Ynorie !"

"J'en doute, fit simplement Hivann. Si vous m'êtes reconnaissant à ce point, je vous suggère de me parler de cette gâchette."

"Êtes-vous venu ici dans l'idée de me la dérober...? demanda-t-il dans ton de délusion. Puis il se rattrapa d'un coup, en se rendant amer. Et bien vous arrivez trop tard, tout comme eux d'ailleurs. On me l'a déjà dérobée hier. Et puisque Yuzuri m'a envoyé ses hommes et que je ne vous connais pas, il est clair qu'il s'agit du Pavillon d'Or. Mais je ne savais pas que les Goont étaient intéressés par cette relique... Pourquoi portez-vous ce blason ?"

"Ce n'est pas les Goont qui sont intéressés, c'est moi seul. Je n'ai fait que travailler pour eux pour entrer dans cette cité."

"Ah, tant mieux... Les Goont sont une famille de démons, je vous le dis, moi. Enfin, heureusement que tous ceux qui travaillent pour eux ne sont pas comme eux, n'est-ce pas ?"

Hivann pinça les lèvres d'énervement, alors qu'il se releva lentement. Au départ, il avait pensé lui retirer ses liens, mais finalement, ces dernières le ravisèrent. A la place, il se plaça derrière lui et lui infligea un coup de crosse sec, derrière la nuque, qui le fit s'évanouir instantanément. C'était une punition franchement douce pour une personne qui insultait sa famille. Mais il avait suffisamment tué aujourd'hui.
Comme il ne pouvait rentrer simplement en passant les escaliers et en parcourant les étages, il dût se forger une autre sortie. Encore heureux, il faisait nuit noire. Il ouvrit alors une fenêtre qui donnait encore sur un étage en tuiles qui composaient les toits de pagode. Il marcha dessus, pas vraiment rassuré par la hauteur, et quand il fut enfin à l'extrémité, il concentra un maximum de ses fluides pour atteindre le sol, quatre étages plus bas. Dans un grondement rocailleux, des marches se créèrent pour former un escalier qu'il se pressa vite d'emprunter. Les voix des gardes, alertés par le bruit de sa magie, résonnèrent autour de lui. Enfin, qu'il eut atteint le pied de la tour, il termina son sort en dématérialisant l'escalier, ou plutôt en le renfonçant dans la terre, ne laissant plus qu'un sol plat. Les gardes se pressaient encore, mais la nuit était de son côté et très vite, il réussit à quitter l'enceinte de la maison rouge et à rejoindre les rues d'Oranan.

Il rentrait sans gâchette, mais pas bredouille. D'ici quelques jours, il serait guéri et devrait investir le Pavillon d'Or.

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Apprentissage de CC AJ :
Distance de sécurité :
L'archer-mage est capable de fausser compagnie à des ennemis trop proches de lui pour reprendre la distance nécessaire à un bon tir, jouant de dissimulation, d'agilité, et de prise de jambe à son coup. (+1,5/lvl de chance de réussite aux tests de fuite. aux tests de réussites de fuite.)

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Mer 2 Sep 2015 23:52 
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Vêtue de mon kimono noir sobre et plutôt passe partout, et le visage dissimulé sous mon large chapeau, j'arrive à la Maison rouge. L’endroit où j’ai vécu le plus longtemps, où j’ai pu réapprendre à vivre en communauté, à lire, écrire et bien d’autre chose encore.
Être devant les grandes portes de cette bâtisse étroite et haute comme quatre ou cinq maisons me fait un drôle d'effet. Nostalgique de l'époque où j'y faisais mes débuts, où pouvoir observer les filles en kimono fleuris, maquillées comme des poupées, suffisait à me donner le sourire et alimenter mes rêves de doux espoirs ; je ne retrouve pas pour autant la magie d'antan.
Triste constat, lorsque l'on sait que cela ne fait que quelques mois que j'ai quitté les lieux, quitté une situation plus qu'envieuse, un métier relativement facile à vivre pour quelqu'un aussi détaché de soi que moi, quitté une vie dont chaque geste, chaque action étaient orchestrés comme une pièce de théâtre, quitté tout ce que j'avais mis tant de temps à bâtir. Une vie qui, en définitive, était sans doute devenue trop orchestrée, faite de menus plaisirs à peine savourés, de faux semblants avec lesquels je ne pouvais jouer de tout mon saoul ; au final, bien fade et incapable de satisfaire l'ambition d'une vie plus aventureuse.

Nostalgique, je le suis plus que je ne pourrais l'être d'aucun autre endroit ou moment de ma vie ; et ce n'est pas par cruauté que j'éclipse de mes pensées les première années avec mes parents. Cette vie là n'est faite que de rêves et de "et si" … pleine d'espoirs et d'idées sans fondement, d'une immense joie sans image, une impression d'innocence à jamais terni par le chagrin.
Revenir ici, même en cachette et sans doute pour la dernière fois, me donne tout simplement l'impression d'une fin, certes officieuse, mais sans atermoiement.


A cette heure précoce de la mâtinée, l'activité autour de la Maison rouge est au plus bas. La plupart des filles dorment et les clients sont peu nombreux, occupés dès les premières heures de la journée à leur activités moins relaxantes et moins distrayantes. Les rares à arpenter les couloirs et salles de la Maison sont ceux qui souhaitent un cadre discret et neutre, plus propice aux rencontres prudentes avec la certitude qu'aucun secret ne serait être mieux gardé. Il ne s'agit cependant pas de rencontres adultères ou amoureuses, mais d'affaire de gros sous, de contrats anguleux, d'extorsion ou de chantage, sans qu'aucun membre de la Maison, pas même les dirigeants, n'y prennent part. Et je pense sans risquer de me tromper que ce second rôle de la Maison Rouge n'a jamais été un but de ces derniers ; les connaissant, et s'ils en avaient le courage, ils demanderaient à cette catégorie de clients d'aller faire boutique ailleurs … mais du courage, ils en ont moins que des convenances.
Là où en revanche l'activité n'est pas en berne à cette heure, c'est du côté de l'intendance, des boulangers, cuisiniers ou blanchisseurs, des livreurs de fruits, légumes, viandes ou poissons, à peine débarqués des premiers bateaux ou provenant des fermiers des environs, de missives et de cadeaux pour certaines de mes anciennes camarades. Un ballet incessant, des dizaines de personnes qui vont et viennent dans l'arrière cour, bien loin du luxe de la rue principale, et l'idéal pour qui sait comment entrer discrètement. Il y a là toujours deux ou trois employés au sens de l'observation à toute épreuve à qui rien n'échappe … rien de ce qui concerne le nombre de sacs ou du volume prévus et réels en tout cas.
Je n'étais pas la seule à parfois m'évaporer pour la nuit et revenir le matin, cachée dans la masse, sous les yeux de ceux qui, au final, ne s'intéressaient guère aux vies des filles de la Maison ; et les vieilles habitudes ont la vie dure. Depuis des années, et encore maintenant, c'est une véritable ruche qui s'affaire dans la cour ; une bonne vieille routine où chacun ou presque pourrait œuvrer les yeux fermés, et heureusement pour moi … aucun humain n'est plus aveugle que celui qui répète les mêmes choses tous les jours.

Je me faufile donc très facilement dans la bâtisse et me dirige plus rapidement encore dans les étages endormis. Je n'emprunte que les passages réservés aux domestiques. Les patrons ne souhaitant pas que les clients soient incommodés par les vas et viens nécessaire à la bonne tenue des lieux, ils ont aménagé à chaque étage, une succession d'étroits couloirs et d'escaliers en forme de tourbillon qui serpentent entre les salles et les murs extérieurs, aux sols recouverts de plusieurs couche de paille de riz, plus silencieux que la respiration de ceux qui les sillonnent.

Au dernier étage, les chambres des filles sont alignées autour du puits central qui traverse toute la maison. Ici, la tour que représente la Maison Rouge est plus étroite et le trou est imperceptible d'en bas en raison des grandes tentures et des lampions qui habillent le puits à chaque étage. Nous nous amusions beaucoup à regarder ce qui se passait à l'étage en-dessous, dont les pièces proches des balcons intérieurs n'avaient pas de plafonds. Car à cet étage, rien de très secret ne s'y jouait. C'est celui où l'on se baigne, souvent à plusieurs, où l'on se fait masser, où l'on danse, où l'on se détend à l'abri du regard de la ville … mais pas du nôtre. La plupart des habitués étaient dans la confidence de nos petits jeux d'observation, devenus au fil des années un jeu de séduction à distance, un jeu où le voyeurisme et l'exhibitionnisme, somme toute assez légers, étaient devenus une manière de profiter pleinement du moindre instant où la rigidité de la vie Oranienne ou la dureté de la guerre ne pouvaient pas encore nous atteindre.
Je me faufile jusqu'à la porte de mon ancienne chambre et l'ouvre de quelques centimètres afin de jeter un œil à l'intérieur.

Je ressens brusquement une sorte de lourdeur qui me coupe le souffle. Elle n'a pas encore été assignée à une autre mais, le vide dans lequel elle baigne fige mes poumons et alourdit mon entrée. La vue de cet endroit intime, à la fois abri et recueil, aussi vide de sens que mes derniers souvenirs me saigne le cœur, d'une intensité plus forte qu'en découvrant l'absence de vie dans la demeure de mon protecteur.
J'ai quitté cette chambre, cette maison, cette vie simple et facile sans un regard en arrière, sans un regret il y a quelques mois … et pourtant, je me sens abandonnée en la voyant si fade, si froide, sans odeur ni chaleur. Le lit, la console, l'armoire, la petite table et le fauteuil sont là pourtant ; mais où sont les couleurs, où sont les coussins, les lampes, les longues bandes de tissus, les bougies, la vaisselle fleuries, les draps chatoyants, les fumées aux senteurs exotiques, les bouteilles de parfum, les toiles et les instruments de musique ?. Où sont mes biens, mon passé et ma vie d'avant ?
Est-ce une punition que m'inflige le destin pour avoir voulu encore une fois partir à la recherche de ma voie ? Ou une épreuve, que je suis en train de rater ? Ne dit-on pas que nous ne connaissons la valeur de ce que nous possédons que lorsque nous le perdons à jamais.
J'étais sûre de moi lorsque j'ai accepté de quitter Oranan à sa demande, sûre de pouvoir y revenir pour enfin rester avec mon protecteur, le servir et l'aider. Vivre dans son ombre et le protéger lui et ma patrie !
((Quelle idiote !))
Et maintenant, où en suis-je ? "Savoir au lieu de croire" Cette simple doctrine, cette pensée qui m'anime et enflamme mon esprit et ma volonté est contraire à tout ce qu'est mon protecteur, dont les secrets ont leurs secrets espions. Ce que j'avais ici était insuffisant et je l'ai abandonné sur un coup de tête ; ce que je convoitais presque divinement, n'a pas survécu à la mort et son message.
Et l'espace d'une seconde, j'ai pensé à mon échappée avec Pragatt' et le souvenir d'avoir touché de si prêt la liberté sans prise de tête, la possibilité de dire au monde : "Va crever !" … pendant cette seconde j'ai pensé tout abandonner. Les laisser tomber pour qu'ils ressentent ce que je ressens maintenant. A être assise devant une console vide, à regarder un visage terne dans un miroir sale, à sentir l'odeur du vide, à chercher l'introuvable et vouloir l'impensable.


J'entends tout à coup un bruit de l'autre côté de la porte coulissante. Ma tête se tourne lentement vers elle, aussi molle que mon moral, et je le dis, à mi-voix, comme une prière.
- Rien à foutre de tout ça.



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Madoka


Dernière édition par Madoka le Mar 15 Déc 2015 17:38, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 1 Nov 2015 15:21 
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Dirigé pour ValdOmbre - 1



Les ruelles adjacentes à la Maison Rouge sont plongées dans le noir. Seule la lueur parvenant de quelques habitations aux hôtes encore debout éclaire vaguement le pavage des artères nord d’Oranan. Tous les lampions, toute lumière extérieure est éteinte alors que Vohl s’avance.

Le quartier est calme, presque trop calme. Si le quartier, riche, est d’ordinaire paisible, le silence qui l’enserre est presque surnaturel, un silence seulement brisé par l’écho des bruits des bottes du jeune ynorien.

Il n’est plus qu’à quelques ruelles de la Maison, mais il se rend rapidement compte que la Tour de la Maison est elle aussi plongée dans l’obscurité, à l’exception d’une lueur qui semble briller au dernier étage.

Vohl sait qu’il y a au moins deux entrées possible pour un assassin tel que lui, l’une, principale et évidente par le perron de l’entrée, l’autre par les paisibles jardins.

Cependant, alors qu’il progresse, il aperçoit soudain une ombre se découper sur l’empyrée, une ombre située sur le toit de l’un des bâtiments. Vohl aperçoit l’éclat d’une lame reflétée par la lune à la hanche de l’ombre, qui cependant ne vient pas dans sa direction. Elle semble guetter la ruelle, mais n’a pas l’air de l’avoir encore aperçu.


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 2 Nov 2015 10:25 
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Localisation: Oranan - Quartier Maison Rouge
L’assassin peine à trouver le sommeil. Entre l’effervescence de son cerveau et le vent mordant qui a fini par sécher ses habits, rien dans son environnement ne semble vouloir lui accorder du repos. Vohl, en silence, entreprend de descendre du toit. Les patrouilles se sont faites à l’idée que le meurtrier de leurs camarades restera impuni. Le quartier est retombé dans un silence qui semble peser comme une chape de plomb sur la ville : le calme est trop parfait, même le vent semble retenir son souffle. La lueur dansante des bougies aux étages de quelques habitations, donnent à cette nuit un aspect lugubre et orangé, transformant les maisons en géants aux yeux flamboyants, distordant les ombres pour en faire de funestes monstres mouvants. Un spectacle qu’apprécie néanmoins Vohl pour sa rareté. Le toit n’est pas bien haut : la descente ne prend pas plus de temps que la montée. Il crochète de la main une poutre avant de se laisser choir dans le mètre de vide qui le sépare du sol. Son atterrissage se fait en douceur, et l’assassin reprend son errance dans les ruelles. Mais cette fois, il sait où il va. La gigantesque tour de garde se dresse quelques maisons plus loin, sa silhouette démesurée se dresse dans le ciel nuptial, lacéré de nuages épars. La démesure. C’est quelque chose qui va si mal à Oranan. A la rigueur que la ville devrait avoir, à la sobriété qui va de pair avec la sécurité. Vohl se demande depuis combien de temps les dirigeants de la cité ont oublié la situation dans laquelle se trouve la ville. Du rôle crucial qu’elle joue dans la sécurité des royaumes résistant encore un peu à la déesse noire, source de chaos destructeur.

Quoi qu’il en soit… l’architecture, si elle ne se prête pas selon le voleur à un rôle de barrière contre la mer noire dont les vagues heurtent la muraille de la République, ne sera pas refaite en un jour, et Vohl n’a de toute façon aucune envie de s’y atteler. Il avance droit vers son objectif. Il s’agit de préparer le terrain. Ou s’il est impossible de le préparer, au moins d'en faire un peu la reconnaissance. Il s’agit d’empêcher un meurtre. Ou d’en commettre plusieurs, qui en éviterons des milliers d’autres. La vie est un jeu étrange. Aujourd’hui ou demain, un homme doit vivre, portant sur ses épaules le plus lourd fardeau que l’on peut imaginer pour un homme : des vies, connues et inconnues, plus souvent ingrates que reconnaissantes. L'image du parchemin qu'il a subtilisé une lune plus tôt à un espion oaxien lui revient en mémoire. Aujourd'hui, il ne frissonne plus d'effroi quant à son contenu : ses récentes péripéties ont gelé son coeur dans des ténèbres profondes. Cela ne l'empêche en rien de juger de la situation d'Oranan s'il laisse faire : peu reluisant. Il visualise le intérieurement le contenu du parchemin.

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Vohl redirige ses pensées sur les moyens d’atteindre son objectif. Son regard quitte la ruelle sombre qu’il arpente pour remonter sur la tour. Il n’en voit désormais plus que les derniers étages : au dernier brille une faible et tremblotante lueur. Les autres étages sont plongés dans le noir, de ce que peut en voir Vohl. Son regard se décroche encore de la tour, attiré par un éclat de lumière. Dans un reflet de lune, une lame trahit la présence d’un homme sur les toits. Vohl n’a pas le temps de détailler la silhouette qui est accroupie sur le toit : seulement celui de voir que l’individu semble surveiller la ruelle qu’emprunte l’assassin. Ce dernier se plaque instantanément au mur du côté de l’homme. Ou de la femme. Peu importe : son cœur bat la chamade, et pendant une petite seconde la panique prend le pas sur ses pensées.

Il tâche de recouvrer son sang-froid. Rien ne lui indique que l’homme est ici pour la même affaire que lui : après tout, le toit sur lequel il est posé est celui d’une maison riche. Rien, donc. Hormis le fait que ce soit la même nuit, dans la même zone, et que le suspect semble regarder plus la rue que tenter de trouver une entrée discrète dans la demeure. Une série de coïncidences trop belles pour être vraies. Vohl se résout rapidement à agir : dans le meilleur des cas, un cambrioleur de moins hantera les rues d’une cité qui peine déjà à faire face aux menaces extérieures. Dans un cas moins bon, ce seront deux assassins en puissance qui se retrouveront sur le même toit. Vohl évalue d’un regard la hauteur de l’édifice : une chute a de grandes chances d’être fatale. Avant de faire le tour de la maison pour commencer l’escalade du côté non surveillé, le voleur regarde avec attention les toits avoisinants : pour un assassinat d’une personne d’importance et ayant le pouvoir de contrer l’effort de guerre d’Oaxaca, le voleur trouve un peu léger le fait de n’envoyer qu’un assassin, assez peu expérimenté pour se faire remarquer à cause d’une lame trop brillante dans la nuit. Ceci ne peut signifier qu’une chose : soit celui-ci n’est qu’un éclaireur, de la chair à canon d’assassin pour tâter le terrain, soit le chef de cet homme n’a qu’une moitié de lobe cérébral.

(Prendre ses ennemis pour des amateurs. La meilleure façon de finir six pieds sous terre.)

D’autres viendront, c'est presque certain. Mais d’abord, Vohl doit neutraliser celui-ci. De préférence en lui extorquant des informations. Après avoir contourné la maison et reconnu un minimum le terrain en revenant sur ses pas pour ne pas repasser dans le champ de vision du veilleur, l’assassin commence son escalade le coeur suivant toujours la partition de l'excitation et de la peur. Mais ses émotions ne troublent désormais que son rythme cardiaque : son esprit, lui, est clair, parfaitement réveillé et à même de prendre les décisions dans l'urgence. La maison est riche mais classique : Vohl ne pense pas avoir de mal à en venir à bout, d’autant qu’il progresse avec précaution. Il est conscient que l’ombre qui guette sur le toit ne doit soupçonner sa présence qu’au dernier moment.

Inconcevable

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 8 Nov 2015 13:39 
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    Vohl parvient à se hisser sans trop de mal jusqu’au toit du bâtiment. Ses capacités, depuis qu’il a quitté les habits de soldat pour revêtir ceux du rôdeur dans la nuit, semblent grandement s’être améliorées ces derniers temps, peut-être les entraînements en compagnie du pauvre Aliep lui furent profitables. Toujours est-il que telle une ombre dans la nuit, le jeune assassin parvient à escalader les poutres de la maison sans le moindre bruit et parvient à se hisser jusqu’à sa destination. Cependant, au moment où il approche en catimini derrière la silhouette perchée, il en aperçoit une seconde, sur le bâtiment d’en face, en ligne de mire directe de l’endroit où son collègue se trouve. Fort heureusement, Vohl se trouve du bon côté de l’ombre jetée par le toit en pyramide de la bâtisse oranienne et se trouve donc pour le moment caché à sa vue.

    L’ombre dans la nuit, sur la maison d’en face, semble calfeutrée dans sa cape, et il ne parvient à en voir ni les yeux, ni les armes, rien que cette forme sombre.

    Le veilleur sur le même toit que lui émet un très léger toussotement, à peine audible.


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 8 Nov 2015 20:56 
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Celle qui entre est en petite tenue, un sein qui sort de l'enclos, les yeux plissés, les cheveux blonds ébouriffés et la moue boudeuse de celle réveillée trop tôt. Elle tient en main une lampe à huile heureusement bien scellée, car elle la lâche à terre. Elle a l'air tétanisée. Je lui fais un signe de la main pour la rassurer et me lève doucement dans un rai de lumière. Elle pousse un cri et se jette sur moi en pleurant.
((Nom d'un chien, cette fille a plus de larmes qu'un océan a d'eau !))
- Joséphine, lui dis-je en grognant, arrête ton cirque. Lâche-moi.
- Non, me répond-t-elle en gémissant de plus bel.

Elle gigote tellement que j'arrive à peine à nous maintenir debout. Sans la brusquer, j'essaye de nous mener jusqu'au lit mais elle se crispe et force sur la pointe des pieds pour rester contre moi.
- C'est bien toi, pour de vrai ? Me demande-t-elle entre deux sanglots et reniflements gutturaux.
- C'te question, bien sur que c'est moi.
Elle ne répond rien, continue à sangloter dans mon cou.
- T'es en train de tremper mes vêtements là !
Elle renifle, penche la tête en arrière et essuie ma peau avec sa manche avant de faire de même autour de son nez. Mais à peine croise-t-elle mon regard qu'elle se remet à sangloter, des gargouillements plein la gorge.
- Bon allez ! ça va là, ça fait pas si longtemps.

Sa faible voix couine et s'éteint. Elle renifle encore mais, cette fois je la sens plus résolue. Elle lève la tête en arrière, un port altier en toute circonstance … mais sa bouche tremblote.
Elle ouvre à la bouche mais n'en sort qu'un gargouillis d'oisillon.
- C'est vraiment toi n'est-ce pas ?, demande-t-elle encore d'une voix de cristal.
- Bon sang, oui, c'est moi ! Dis-je en forçant le ton et en la secouant un peu.
Je n'ai jamais connu quelqu'un dont la sensibilité est autant exacerbée. J'ai toujours pensé que le destin nous avait amené cette fille pour contrebalancer le trop peu d'émotions visibles des Ynoriennes pure souche comme moi. A elle seule, elle pleure pour quatre d'entre nous, des larmes de joie, des larmes de tristesse, des larmes d'espoir, d'empathie ou des larmes juste parce que ! Elle s'extasie d'un rien et se définit comme étant un livre ouvert, un livre écrit de sa main et non celles des autres.
Mais quand elle est dans cet état, elle a besoin de temps et je n'en ai guère à lui consacrer. J'ai des choses importantes à faire, il faut que je …
((Des choses à faire ?! Sans rire ! Des choses à faire !!?))
Où est donc passé ma prière de tout balancer par la fenêtre ? Je suis là, le cœur noyé et les tripes nouées, le corps au milieu du vide abyssal qu'est ma vie … et mon esprit, à peine n'est-il plus en tête à tête avec son reflet, me rappelle à mes devoirs, disperse l'intime, le personnel, le libre arbitre, et ne garde que mes obligations envers les autres.


- On nous a dit que tu avais disparu en mer ! Les mots sont comme une magistrale gifle.
- QUOI ?!? Mon sang ne fait qu'un tour et ma voix trahit à la fois ma stupeur, mon incompréhension et ma soudaine colère.

Elle plaque ses mains sur sa bouche, ses yeux vert émeraude grands ouverts toisent les murs comme s'ils étaient capables de voir à travers, et vérifier si quelqu'un nous avait entendus. La colère l'emporte sur la précaution, j'en peux plus, trop c'est trop.
- Par les rej'tons d'Zewen et Rana, on pourrait pas me foutre la paix deux minutes avant de me remettre dans un cercueil !?!
Ses yeux se révulsent face à mon comportement et elle avance les mains vers moi, tentant de me calmer. Je fais un pas en arrière pour lui échapper.
- Discrétion mes couilles !! Dis-je avec une virulence libératrice. Qu'ils m'entendent, ça m'f'ra des vacances !!

Je me dirige vers la sortie, bien décidée à hurler dans toute la maison et exulter toute la bille qui s'est engouffrée dans ma gorge.
Mais je n'ai pas fais trois pas, Joséphine sur les talons, que la porte s'ouvre sur deux silhouettes. Deux des mes anciennes camarades tout aussi peu vêtues que la blondinette se jettent sur moi … sans sanglots ou reniflements, des vrais filles du pays.
La chaleur de leur corps a un effet salvateur et je me sens tout à coup assez honteuse d'apprécier leur contact, ainsi que la sincérité de leur sentiment ; sachant que si les rôles étaient inversés ; je n'aurais levé qu'un sourcil en apprenant leur décès et leur aurais simplement souhaité la bienvenue en les voyant revenir en vie. Je me sens faible de ressentir un réel réconfort au contact de personnes que je faisais semblant d'apprécier. Mais pas au point de me mettre à leur faire part de ce genre de pensées ou de leur dire à quel point j'ignorais combien il est bon de se sentir entourée … car ce n'est pas le cas. Ces étranges jours où j'apprends à redevenir moi-même et chasser de mon esprit de type de pensées mielleuses vont vite passer … j'espère.

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Dernière édition par Madoka le Mar 15 Déc 2015 17:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 8 Nov 2015 21:03 
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Nous nous sommes installées dans la chambre de Joséphine. Midori et Hoozue sont allées passer un kimono avant de nous rejoindre. Comme à son habitude, Midori porte du vert dans sa tenue et Hoozue, une fois installée, a rapidement posé sa joue dans sa main pour m'écouter raconter mon histoire. Ce ne sont pas leurs vrais noms, pas plus que Madoka n'est, je crois, le mien. Midori est devenue Midori pour nous quelques jours après son arrivée en raison de sa couleur fétiche, ce vert qui ne la quitte pas soit disant parce qu'il lui porte bonheur. Pour Hoozue, cela a pris plus de temps et est un surnom donné par des clients à cause de cette manie de reposer sa joue ou son menton dans la paume de sa main.
Je ne leur raconte pas la stricte vérité et brode autour de leur récit concernant l'annonce de ma mort par mon protecteur. Je ne comprends pas encore très bien où voulait en venir Keyoke en me faisant passer pour morte, surtout sans me faire prévenir avant que je ne remette les pieds ici. Mais, de ce que j'ai pu en lire sur leur visage, aucune n'a semblé douter de la cohérence des faits.
Dans mon récit, au lieu de fuir Oranan à cause d'un assassin frustré, je l'ai quitté au bras de mon protecteur que j'avais réussi à amadouer pour qu'il me laisse participer à une escapade spéciale en bateau à Kendra Kar. Au lieu d'une chasse au trésor au commencement de fin du monde, je leur décris des navires élégants et une fête inoubliable. J'imagine ensuite de toute pièce un incident à bord de mon navire pendant la nuit, un chaos indescriptible de cris, et ma chute dans l'océan avant mon réveil, à bord d'une barque, fiévreuse ; puis mon retour difficile, sans protecteur dont je n'avais plus de nouvelles depuis le naufrage, sans un sous et sans une seule personne en ville pouvant attester de mon identité. J'ai gravité autour de la vérité en leur avouant avoir trouvé ici une maison vide et leur ai demandé si elles avaient eu des échos quant au départ de Keyoke … mais rien. La dernière fois qu'il a mis les pieds à la Maison rouge et aussi celle où il leur apprit ma soi-disant mort.

Mais pendant que j'inventais, une certitude est venue un peu plus noircir le tableau et expliquer l'état de ma chambre. A la nouvelle de ma mort, le premier acte des propriétaires après les quelques jours de deuil acceptables, fut probablement de vendre tout ce qui m'appartenait.
J'allais devoir trouver un moyen pour me procurer un kimono de bonne facture afin de me faire passer pour Kasumi. En acheter un ne plait guère, j'ai besoin des Yus récupérés en douce chez Keyoke pour repartir, et le prix pour ce que porte cette garce est trop révoltant pour que je m'y attèle. En voler un serait plus facile pour moi … mais avec les nombreux allers-retours que j'allais devoir faire à la milice, autant être accompagnée d'un crieur de rue, c'est plus discret. Il faudra se contenter d'une des tenues restées chez Keyoke … des déguisements plus que des vrais vêtements mais il faudra s'en contenter.

- Ils ont tout vendu tu sais. Me dit alors Midori de sa voix neutre, se faisant l'écho de mes pensées.
- Même les cadeaux ! S'offense Joséphine.
- C'est pour ça que tu es revenue en douce non ? Cela fait un moment qu'on a compris que tu es en cage ici.
- Ce n'est pas grave, leur mentis-je encore une fois. Ce ne sont que des objets. ((Que des objets …)) le masque de Pragatt' et le miroir de Pulinn aussi … peut-être que si je me le répète mille fois, je réussirais à ne plus sentir de honte d'avoir perdue ces trésors.
Mais non, si la situation avait été différente je ne serais jamais revenue chercher mes affaires.
- Enfin … tout sauf un, continue Joséphine sur sa lancée. Ils ne l'ont pas cherché, ils ne l'avaient jamais vu. La fameuse robe rouge de Monsieur barbichette.

M'avouerais-je un jour avoir réellement sourit à cet instant, et de soulagement qui plus est ? Une robe qui n'a rien d'un kimono, loin de là mais elle est somptueuse, et l'excentricité vestimentaire fait parti du personnage de Kasumi. J'aurais moins de mal à justifier ce choix que celui de porter un déguisement.

- Vous vous souvenez de lui ? Rajoute-t-elle aussitôt avec un brin de malice dans la voix. Oubliés les pleurs, oubliée la surprise, elle est entourée des filles qu'elle aime et pour Joséphine, c'est tout ce qui compte.
- Oui, celui qui possède tous ces navires.
- Il a un ami que Hoozue aime beaucoup … et il est ici, en ce moment même. Elle nous fait un clin d'œil et je pense sans me tromper être la seule à ne rien comprendre. Surtout lorsqu'elles se mettent toute à soupirer comme des pucelles.
- Aaaaah, Le Capitaine Logan. La peau et les cheveux dorés, un sourire ravageur, et galant avec ça.
- Tiercevent ?
- Je crois oui. Tu le connais ?
- Vaguement.

Logan Tiercevent. Le monde est petit. Un autre survivant du voyage dans les profondeurs d'un océan qu'a été la chasse au trésor de Kendra Kar. Celui qui a volé le registre où le nom de chacun des participants avait été noté, pour le compte de Pulinn, l'elfe fascinante et mystérieuse du Temple des Plaisirs. Je me souviens de lui, non loin de moi en première ligne lorsque les événements ont mal tourné, mais il n'a pas été de ceux qui durent décider du destin du Marionnettiste. Aurait-il décidé tout comme moi de garder l'arme noire maudite et sceller en toute conscience le destin d'un homme, ou aurait-il rendu l'arme pour le sauver, sachant le monstre repenti qu'il était ? En d'autres circonstances, j'aurais pris le temps d'aller le voir, pris enfin le temps de discuter de cette histoire avec quelqu'un l'ayant vécu.
Mais des circonstances promptes à me laisser badiner en paix … je n'en ai pas beaucoup connu et, comme beaucoup de choses, celle-ci aussi, attendra.
Ce qui m'intrigue sur son compte, c'est qu'il est déjà là depuis deux jours et qu'il a laissé entendre qu'il ne partirait pas de suite. C'est rare qu'un navire fasse escale ici pendant plusieurs jours. Peut-être est-ce lié à ce climat si tendu aux portes de la ville … peut-être observe-t-il la situation et cherche-t-il à savoir ce qui se passe ici avant de retourner à la cité blanche.




Le temps passe finalement vite et, doucement, je fais comprendre aux filles que le temps est venu de nous séparer et ce, sans doute pour la dernière fois. Je leur fais promettre de ne rien dire sur ma venue ici et leurs yeux me répondent bien avant leur bouche que notre rencontre restera scellée. Joséphine pleure encore, cette fois de joie selon ses dires et me laisse partir après une phrase étrange.
- Je suis contente que tu ne sois pas morte.

Pendant que je rejoins l'arrière cour, je me rends compte que finalement, moi aussi.
Morlet est pile à l'heure, avec un chargement de poteries et d'objets en terre cuites. Je n'ai aucune idée d'où il sort tout ça et comment il y arrive en si peu de temps mais il est là … à l'heure en ce qui me concerne mais en retard pour les livraisons et qui plus est ; avec des produits que personnes n'a commandés.
C'est parmi une autre sorte de cohue, nettement moins cordiale et professionnelle, que je me faufile pour ressortir et rejoindre la maison de Keyoke.


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 9 Nov 2015 19:30 
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Le voleur ne perçoit rien d’étrange sur les autres toits pendant qu’il contourne la maison, tendant l’oreille pour guetter d’éventuels pas de gardes. Mais si Vohl a raison, les gardes seront probablement supprimé avant le passage du conseiller, afin d’éviter toute péripétie inutile à l’assassinat. Vohl passe l’angle de la bâtisse. Cette dernière est un bâtiment classique, le jardin qui l’encadre l’isole des autre maisons aux alentours, à peu près du même acabit, tant au niveau des murs qu’au niveau des toits. Vohl commence son escalade sur le mur opposé à l’endroit où se dresse l’individu suspect, c’est-à-dire le plus loin possible de la ruelle.

La montée, comme prévu, ne lui pose pas de souci particulier. Oh, bien sûr, il doit toujours être attentif : il n’est pas à l’abri d’une poutre vermoulue ou d’une prise particulièrement fragile ; mais la maison est de toute évidence bien entretenue, et Vohl a encore en souvenir les dernières ascensions qu’il a réalisé dans des contextes autrement plus compliqués. Ses muscles se contractent et se détendent, et chaque prise en révèle une nouvelle, qu’il saisit sans précipitation, se contentant de suivre le chemin que lui livre la bâtisse. Bientôt, le voici sur le premier toit. Jusqu’à maintenant, Vohl a réussi à ne faire aucun bruit, et il ne demande qu’à continuer. L’exercice machinal de ses muscles occulte de ses pensées les dernières heures, comme s’il focalisait son attention uniquement sur l’instant présent, oubliant pour un temps la douleur et la peine qui a déchiré son cœur quelques moments plus tôt.

Après s’être accordé quelques secondes de repos, Vohl reprend son escalade, toujours dans le plus grand silence. Discret comme une ombre, il se hisse jusqu’au second toit, avant d’en agripper une tuile puis de se hisser à la force des bras. De toute évidence, son entrainement dans les égouts n’a pas déçu ses attentes, au moins à ce niveau. Vohl exclut de ses pensées le jeune Ynorien qui gît surement encore sur les pavés, entouré de quelques miliciens malheureux, dont les carcasses achèvent elles aussi de se vider de leur sang sur les pavés. Il s’apitoiera plus tard, lorsqu’il pourra faire son deuil comme il se doit. Ses yeux sont fixés sur le dos de l’individu, juste devant lui. La silhouette, celle d’un homme debout, s’est précisée, puisqu’il est désormais plus proche.

Toutefois, l’assassin doit encore se rapprocher de son adversaire s’il veut pouvoir l’éliminer sans heurt. Vohl, dans l’ombre du toit pyramidal qui l’occulte au regard laiteux de la lune, s’approche avec la plus extrême prudence. S’il produit un seul son qui alerte l’homme, et que ce dernier est bien ce qu’il semble être, c’en est fini pour l’assassin. Il doit pouvoir le tuer sans qu’il oppose de résistance, sans qu’il puisse alerter d’éventuels complices. L’amateur regarde toujours la rue avec un l’attention d’un rapace, guettant de toute évidence une proie qui satisfera son appétit. Le voleur a déjà une idée de ce qu’est la proie. Daïgo Genkishi, un conseiller d’Oranan. Le messager qu’il a tué n’était donc pas le seul à porter une la responsabilité d’un ordre mortel envers le conseiller. Cette opération est une opération d’envergure, et Vohl en est certain désormais, il n’y a pas d’amateurs dans cette coopération des forces du mal.

D’un coup, la mémoire revient à Vohl. L’infime bout de mémoire qui lui avait manqué, lorsqu’il avait lu l’ordre d’exécution émanant d’Oaxaca, lui revient. Un visage jeune et souriant, discutant avec son oncle de la politique de guerre d’Oranan, de stratégies et de bon sens. Les points de vue de Rengher et de Daïgo coincidaient-ils ? Peut-être. Vohl n’était alors pas encore assez doué dans la morphopsychologie pour savoir si le sourire était feint ou sincère. Mais son oncle semblait heureux de rencontrer le tout jeune homme, plus jeune conseiller d’Oranan jamais désigné.

« Celui-ci, mon garçon, c’est à peu près le seul conseiller qui ait du bon sens du point de vue guerrier ! Il a compris la menace qui pèse sur nous, même si rien ne le prouve ! Un jour, ce sera peut-être le sauveur d’Oranan, si ce qu’il pense s’avère vrai ! Et je pense que ce sera le cas, un jour ou l’autre, comme tous les bons stratèges. »

Vohl se fige. Cette tentative d’assassinat pourrait bien devenir un désastre de premier ordre pour Oranan. Cette pensée le sauve de ruiner lui-même son plan. Car s’il avait avancé d’un pas supplémentaire, il serait sorti de l’ombre salvatrice. Or, de là où il est, se découpe sur le toit en face une seconde silhouette, bien plus mystérieuse que la première. Il n’y a même aucune certitude que ce soit un humain, et guère plus que ce soit un humanoïde, ou même un être vivant. Cela ressemble à un amas de linges noirs, posés en chiffon sur un toit par quelque ménagère peu consciencieuse. Il va sans dire que les soupçons et l’instinct de Vohl lui envoient tous les signaux d’une menace. N’a-t-il pas lui-même supposé que l’homme qui lui tourne le dos, à peine à trois mètres de lui, ne serait venu seul que s’il était stupide ? Et en général, les assassins stupides se retrouvent rapidement à osciller au rythme du souffle de Rana, au bout d’une solide corde ! Hors celui-ci semble bien vivant. Vohl ne l’avait pas remarqué pendant qu’il regardait les toits d’en dessous, car le tas est plus en recul de la bordure que son probable partenaire. Un point, cependant, trouble Vohl. De là où il se trouve maintenant, la lumière de la lune est suffisante pour qu’il puisse distinguer des détails : il faut dire que l’homme vit dans une obscurité presque complète depuis maintenant des mois. A trois mètres, l’homme inconscient qu’il partage son toit toussote très légèrement. Vohl observe une immobilité parfaite pendant quelques dizaines de secondes qui lui semble passer à une vitesse prodigieusement lente, avant d’oser libérer ses muscles de leur rigidité soudaine.

L’homme qui inspecte la ruelle est habillé avec simplicité et efficacité d’une tenue plutôt serrée et foncée, conformément à ce que son rôle dans cette histoire exige. Ceci contredit la négligence de la lame trop propre qui l’a trahi. Sa tenue, également, semble neuve, ou du moins peu usée : pas une couture défaite, pas de déchirure dans l’habit. Le vêtement semble de bonne facture. Soit ce dernier est un assassin riche, soit il est payé par quelqu’un qui l’est. Dans les deux cas, pour avoir une telle tenue, l’assassin -car il est désormais certain que c’en est un- n’en est pas à son coup d’essai. Vohl se réjouit pendant une fraction de seconde d’avoir su tromper sa vigilance. Puis son regard revient sur la silhouette emmitouflée dans sa cape. Le premier assassin n’a qu’une dague accrochée à la ceinture. Aucune autre arme. Peu idéal, pour un meurtre à environ cinq mètres de distance, à moins de se suicider pour commettre son crime. Mais il s'agit d'Oaxaca. Il faut bien avouer que c’est le genre de la maison.

Vohl n’y croit pas, cependant. On essaie toujours, lorsque c’est possible, de préserver sa vie. Cet homme-ci ne servirait donc qu’à signaler l’apparition de la cible. Ce serait ensuite celui d’en face qui prendrait le relais pour assassiner le conseiller. La négligence de l’homme est simplement liée au fait qu’il n’est pas le maillon le plus important de la chaîne. L’élément crucial se trouve plus loin. Sur le toit d’en face, en réalité, de façon probable. La silhouette trop distante peut regarder dans sa direction, et dans le cas où elle attend un signal, tuer le premier homme en toute hâte annulerait l’opération, ou du moins la modifierait : selon toute probabilité, les assassins ont un plan de secours en cas de défaillance du premier maillon, ou encore si le conseiller ne passe pas à l’endroit prévu, à savoir la ruelle que le premier assassin fixe avec tant d’insistance. Vohl ne peut se contenter de briser la chaine, dispersant à grands bruits les cercles métalliques qui la composent. Il doit la défaire, maillon par maillon, avec douceur afin d’éviter qu’elle casse avec fracas. Alors seulement, chaque anneau de métal tombera séparément sur le sol, dans un tintement victorieux. Le second assassin sera la cible de Vohl. Avec la même précaution que précédemment, Vohl fait marche arrière, redescendant le toit. Des trois assassins tenant le fil d’une vie entre leurs mains, il ne restera bientôt plus que deux agents de Phaïtos. La question demeure : qui tient les ciseaux qui trancheront le fil ?

(Et quel sera le fil…)

Après être redescendu du toit, il suffira de contourner la ruelle inspectée par le premier pour arriver à l’arrière de la maison du second. L’exercice reprendra à ce niveau-là. Ses pensées entièrement concentrées sur son objectif, Vohl commence à descendre le toit sur lequel il vient de monter, prenant bien soin de ne faire aucun mouvement brusque ou de sortir de l’ombre.

La Nuit des monstres

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Sam 14 Nov 2015 19:27 
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    La nuit et calme autour de Vohl alors qu’il analyse la situation, aucun bruit, si ce n’est l’envol d’un oiseau nocturne et quelques bruits lointains qui lui parviennent. Une métropole comme Oranan n’est jamais complètement calme. Pourtant, ses alentours directs le sont. Ce quartier, riche, serait-il naturellement plus calme que les autres ? Ou les gens, empathiques, perçoivent-ils une ombre en approche, un danger prochain ?

    Il parvient à redescendre de la maison du premier homme et à se faufiler entre les ombres pour parvenir à l’arrière de la maison du second qu’il parvient également à escalader sans mal, s'agrippant lestement aux poutres et se hissant avec force. Cependant, alors qu’il s’en approche, il voit un troisième homme sur le toit. Ce dernier vient d’arriver en haut, quelques secondes avant l’assassin qui se trouve encore l'allié des ombres. Le nouveau venu est un homme vêtu de la même manière que le premier. Il s’approche de la forme calfeutrée dans sa cape et lui murmure quelques mots.

    Vohl, pas suffisamment proche, ne parvient à en entendre que des bribes.

    - Conseiller… dans la Maison… il est avec… vers du nez. Vigilance.

    La forme calfeutrée hoche la tête en lançant un regard à la lumière unique visible sur la Maison Rouge. L’homme adresse alors quelques gestes au ninja situé sur la maison d’en face, qui répond d’un bref signe de main.


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Mer 18 Nov 2015 15:55 
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La descente se déroule de façon idéale : le chemin, déjà pris à l’aller, laisse avec bonté Vohl en venir à bout une deuxième fois. Aucun bruit ne s’est fait entendre tandis que l’assassin rejoint les pavés. Absolument aucun. Au moment où cette pensée revient taquiner l’esprit du jeune homme, un battement d’aile rompt le silence irréel. Devant la lune circulaire, l’ombre d’une chouette se découpe un instant, avant de se fondre de nouveau dans le manteau noir de la nuit, ne dévoilant plus sa présence qu’en occultant les étoiles devant lesquelles elle passe. Que cet oiseau, réputé silencieux en toutes circonstances, se soit envolé en catastrophe ne présage rien de bon.

L’atmosphère semble figée, et malgré la fraicheur nocturne, l’air paraît étouffant aux poumons de Vohl. Pourtant, dans le même temps son sang pulse dans ses veines, avide d’action. Il se glisse dans les ruelles dont il a repéré la disposition lorsqu’il était sur le toit, derrière un homme qui ignore qu’il a de la chance d’être encore en vie. Se faufilant sans un bruit, dans l’ombre, le voleur parvient rapidement à rejoindre la maison sur laquelle se trouve la silhouette emmitouflée dans sa cape. Il se hisse sur les premiers mètres de la riche demeure. Le silence qui règne ici résonne aux oreilles de Vohl comme une menace. Jamais la nuit ne lui a paru si silencieuse à Oranan : il y a toujours des patrouilles, des passants, quelques êtres louches qui s’éveillent à la nuit tombée, des pleurs d’enfants, des hommes souls qui, après une dernière rasade, déambulent dans les rues en marmonnant ou en braillant avant de retrouver presque par hasard leur maison. Oranan, si elle est militaire, n’est jamais véritablement silencieuse. C’est un lieu de vie. Le calme ici est celui d’un cimetière, comme annonçant les inévitables morts que cette nuit verra fleurir.

Le voleur continue son ascension : les poutres apparentes, les sculptures, les boiseries sont autant de prises faciles pour lui. L’escalade ne dure pas longtemps, et cependant l’assassin retient une exclamation de surprise lorsqu’il parvient sur le toit. Debout sur les tuiles, un nouvel homme l’a devancé. Il est probablement monté par l’autre façade de la maison : celle qui est dans la ligne de mire du premier assassin. C’est donc le troisième homme que guettait le premier. La signification de ce fait est claire : l’homme est un allié des deux autres mercenaires, et c’est probablement un assassin de plus qui arpente les toits d’Oranan. Vêtu de la même façon que le premier homme, il a probablement le même rôle : messager, ou homme de main de bas-étage, si l’on peut parler ainsi sur les tuiles de la maison. L’ombre entoure encore le jeune ynorien, qui s’est arrêté derrière les deux hommes qui sont sur le même toit que lui. Le silence souverain est rompu pendant quelques instants : le nouveau venu parle à la forme encapuchonnée. Vohl, trop loin encore malgré sa proximité, n’entend pas l’entièreté des propos tenus. Néanmoins, ce qu’il comprend lui donne les clefs pour comprendre la situation. En partie, du moins… Une ombre plane sur les propos de l’assassin.

- Conseiller… dans la Maison… il est avec… vers du nez. Vigilance.

Daïgo Genkishi est donc bien la source de la lumière solitaire qui brille à la Maison Rouge. Il n’est pas seul : probablement, d’après les propos, il est avec un opposant : on ne tire les vers du nez qu’à ses ennemis. Ou bien, serait-ce son opposant qui questionne le conseiller ? Vohl a-t-il déjà pris tant de retard ? L’assassin repousse ces questions lorsque le dernier mot est prononcé, après une brève pause. Si la vigilance est de rigueur, alors c’est que la situation est délicate pour les autres assassins. C’est donc bien leur compère qui est en train de faire les frais d’un questionnement en règle. Vu l’heure à laquelle cela se déroule, nul doute que le meneur ne veuille pas être dérangé, et éviter les oreilles indiscrètes ou les spectateurs importuns. Etre soumis à la question ne doit pas être une cure de jouvence, là-haut, et Vohl suppute que la Maison Rouge, ce soir, ne devra pas son nom aux activités des femmes en son sein.

La réaction de l’homme encapuchonné confirme la déduction de Vohl : un regard vers la lueur qui brille au sommet de l’ancienne tour de garde démesurée, et hoche la tête. L’heure est décisive : l’homme qui vient d’arriver avec son rapport fait un surnombre à l’endroit où il est désormais. Mais si messager il y a, c’est qu’homme manquant il y a autre part. La chaine d’assassins qui semble encercler la tour est brisée, car un maillon a disparu de son poste pour rejoindre d’autres maillons. S’il vient faire son rapport ici, c’est que l’homme encapuchonné est son supérieur : on fait rarement don d’informations à ceux qui sont hiérarchiquement plus faibles. Si l’homme est son supérieur, alors c’est lui qui donnera le signal de l’assaut. Cela ne doit pas arriver. Au moment même où Vohl atteint cette conclusion, l’homme adresse un geste de la main au premier assassin, sur le toit d’en face. Le voleur se fige, de peur d’avoir raté le signal qu’il craignait ! Mais l’assassin ne bronche pas, et se contente de répondre d’un nouveau signe.

Le voleur a désormais tous les sens en éveil, et est attentif au moindre détail. Si l’homme, sur l’autre toit, n’est pas sollicité tout de suite par l’homme enrubanné dans sa cape, c’est qu’il a pour mission de surveiller que seuls les « invités » parviennent jusqu’à la Maison Rouge, et non pas de tuer directement le conseiller. L’homme voué à cette tâche est donc soit le supérieur lui-même, soit l’autre homme, qui a envoyé le messager, si celui-ci n’est pas simplement de retour après avoir été envoyé en reconnaissance par l’encapuchonné. Les supérieurs ne s’impliquent généralement que pour superviser les opérations, rarement dans les opérations elles-mêmes. Toutefois, Vohl ne sait pas quel type de dirigeant est cet homme. A sa façon de recevoir presque cordialement le rapport de l’assassin, il semble être plus à même de participer à l’opération.

Vohl évalue les options qui s’offrent à lui. Elles sont simples, mais ont des implications qu’il doit gérer à la perfection pour que son opération réussisse de façon optimale. Attendre, ou agir. S’il attend, il prend le risque de ne pas pouvoir intervenir à temps, et d’être dépassé par le nombre d’assassins venus pour récupérer la tête du conseiller. S’il agit, il est certain de perdre des informations sur le réseau mis en place pour cet assassinat. Les deux options balancent dans son esprit, luttant avec fracas pour obtenir un vainqueur, jusqu’à présent sans succès. Quand soudain, une idée inquiétante germe dans son esprit. Et si le meurtre du conseiller n’avait pas lieu dans la tour ? Et si les assassins, dont il ignore encore le nombre total, étaient disposés sur toutes les issues possibles de la Maison Rouge, attendant que le Conseiller en sorte, accomplissant pour eux la moitié de leur travail ?

Des sueurs froides coulent dans le dos de Vohl. Une telle opération nécessiterait de nombreux participants. Connaître les plans de l’adversaire permet de mieux les contrecarrer…l’indécision dans laquelle balance Vohl, impatient de rayer de la surface de Yuimen les êtres qui tentent d’éradiquer l’ordre oranien. Mais la sagesse finit par l’emporter : sans connaître les projets des assassins, lancer une action contre ces derniers pourrait être un échec total, et se solder même par une accélération de l’assassinat de Daïgo. Vohl doit se faire violence pour garder la tête froide. Il doit agir avec la même prudence que les assassins qu’il a sous les yeux. Il reste dans l’obscurité, silencieux comme l’ombre dans laquelle il est tapi, et guette avec une attention pétrie d’angoisse la réponse que fera l’homme en cape à son subalterne.

Les Trois Parques

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Lun 23 Nov 2015 09:13 
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La forme encapuchonnée répond en ces mots au nouveau venu, mots que Vohl parvient à mieux entendre, ils sont dit d’une voix plus claire, assurée quoique murmurée.

- Alors on fait ce que le patron nous a demandé de faire : on laisse entrer personne. Le patron doit pas être dérangé. Va prévenir les autres gars autour de rester vigilants, on reste jusqu’à ce qu’il ait parlé ou qu’il soit... l’homme laisse sa phrase en suspend, comme s’il avisait qu’il n’avait pas à se justifier. Les gars à l’intérieur sont positionnés ?

Le nouveau venu acquiesce, un geste que l’homme ne peut pas voir, mais percevoir. Il s’en va ensuite par où il est venu, descendant adroitement les poutrelles de la maison richement ouvragée pour s’enfoncer dans les ombres. Le premier homme reprend son observation silencieuse de la rue.

Au loin, l’unique lumière, tout en haut de la Maison Rouge, vacille un bref instant.


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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Sam 28 Nov 2015 14:15 
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Dans le manteau noir d'encre du ciel, la silhouette encapuchonnée met rapidement fin au supplice de l’assassin. Sa phrase force Vohl à s’engager sur le chemin de la supposition qu’il avait le moins apprécié.

- Alors on fait ce que le patron nous a demandé de faire : on laisse entrer personne. Le patron doit pas être dérangé.

Le patron doit pas être dérangé. Une phrase lapidaire, incorrecte, ne peut s’empêcher de remarquer l’ynorien. Les derniers schémas que l’assassin avait envisagés disparaissent dans un gouffre. Cet homme n’est pas le dirigeant des opérations : il est simplement le supérieur du messager. Il y a donc plusieurs échelons dans la direction de l’assassinat. Une mauvaise nouvelle, mais Vohl ne perd pas le temps de s’apitoyer dessus. Il n’a plus une seconde à perdre. Les assassins sont déjà en place, et ne font que veiller à ce que la zone n’est perturbée par personne. Rien ne sert de rester ici pour saboter leur rôle.

Les différents échelons d’autorité dans la démarche est le signe d'un employeur hors du commun, capable de mettre en place une chaine entière s’assassins en route pour s’assurer de la réussite de sa mission. Aucune erreur n’est permise à l’assassin. Si c’est la zone qui doit être contrôlée, cela signifie bel et bien qu’il y a un cordon de mercenaires autour de la maison rouge. Une goutte de sueur vient se perdre dans le sourcil gauche du tueur, lui donnant envie de se gratter – envie qu’il réprime aussitôt sans peine. Un moment, il se demande si les hommes ont pu être placés là par le conseiller, pour quelque obscure raison.

Mais la raison paraît justement trop ténébreuse pour être digne d’un représentant de la Justice oranienne. L’hypothèse est immédiatement écartée des pensées de l’assassin : si traitre il y a, ce n'est pas le Conseiller. Poser des hommes prêts à tuer, de toute évidence, au vu des tenues et des armes, en tant qu’assassin, pour éviter qu’un témoin innocent ne remarque seulement une lueur à la fenêtre de la maison rouge n’est pas honorable. Et à moins d’un grand changement en peu de temps, la personnalité que Vohl a en tête pour Daïgo n’est pas compatible avec un comportement à ce point méprisable. D’autre part, si les assassins avaient été engagés par un homme de la stature de Daïgo, « patron » serait sans aucun doute le dernier mot qu’ils utiliseraient pour se référer à leur respectable employeur. Non, c’est certain : ils ne sont là que pour protéger un but nuisible. Du coin de l'oeil, Vohl note la lumière de la flamme, au sommet de l'immense tour, qui s'est tordue l'espace d'un instant. Les sables du temps s'égrainent à partir de maintenant. Il doit se hâter.

L’envie de les détruire est de plus en plus forte. Réduire à néant cette racine du mal, déchirer le voile du mensonge et de l’obscurantisme. Mais l’assassin se contient. Prendre une vie n’est pas anodin – pour lui. Et qui plus est, il n’est pas encore temps, même s’il pense pouvoir venir à bout des deux hommes sur le toit. Le nombre le dépasse complètement. Il n’a pas le choix sur la modalité de ses actions. Pas encore. Mais sur ce qu’il peut faire, son brillant esprit de stratège éclaire les multiples chemins pavés vers la réussite de sa mission.

Cependant, maintenant qu’il est fixé sur le plan et l’utilité de chacun des hommes ici et de tous ceux qu’il rencontrera, une multitude de pistes s’ouvrent devant le voleur. En restreignant les situations possibles, l’homme vient d’orienter Vohl dans un couloir mental de solutions potentielles. L’esprit de Vohl s’étend, l’espace d’un instant, envisageant l’immensité des solutions possibles, acceptables ou non, avant de faire une sélection dans ces dernières. L’homme poursuit sa réponse, complètement indifférent au tambour qui martèle la poitrine de Vohl.

-Va prévenir les autres gars autour de rester vigilants, on reste jusqu’à ce qu’il ait parlé ou qu’il soit...

La première partie de la phrase n’apprend rien de neuf à Vohl. Un simple rappel. Aucun intérêt. Non seulement pour Vohl, mais également pour le dirigeant ainsi que ses sbires. Et cela en soit est une information. Si l’un des responsables éprouve le besoin de rappeler l’attitude élémentaire de tout soldat à ses hommes, ou simplement par plaisir d’exercer son autorité, c’est qu’il n’est pas un grand habitué de la direction, auquel cas ses hommes ont peu de chance d’être plus talentueux que lui. Il est certain que la direction des troupes peut être découplée de l’habileté au combat, mais elle peut aussi en donner une indication. Il est peu probable qu’Oaxaca ou ses lieutenants se soient encombrés d’un dirigeant moins talentueux que ses propres soldats : c’est un choix tactique des plus déplorables. Le lien se fait aussitôt dans l’esprit de l’assassin : si ce chef-ci peut servir de majoration au niveau des hommes qu’ils commandent, alors un plan en particulier peut être intéressant.

Finalement, c’est la fin de la phrase, plus claire et plus riche au premier abord, qui apporte le moins à Vohl. Le conseiller en personne est soumis à la question. De quelle façon, cela reste un mystère : mais cela importe peu. Ils essaient probablement de savoir d’où dans leur camps viennent les informations qui ont filtré et alerté le conseiller. Un interrogatoire de contre-espionnage n’est jamais agréable à regarder, et encore moins à subir. L’espoir subsiste, cependant. Un seul homme s’occupe de Daïgo. Si des informations sensibles sont susceptibles d’être dévoilées, les hommes de mains ne seront pas à proximité immédiate de la salle d’interrogatoire. Quelques élus, dans le pire des cas.

-Les gars à l’intérieur sont positionnés ?

Encore une question qui met en doute la fiabilité des subordonnés. Cette manie plait à Vohl, quand elle lui révèle une faiblesse chez l’ennemi. Son sourire de prédateur restera mental. Tous ses muscles se préparent aux prochaines heures. Car elles promettent une activité intense.

Le messager, dans le dos de son responsable, hoche la tête avant de faire demi-tour et de commencer à descendre le toit avec agilité, quittant d’un saut le sol ferme composé par le toit pour s’en remettre à sa bonne étoile l’espace d’un instant. Ses mains attrapent le toit lorsqu’il passe à leur hauteur, puis disparaissent tandis qu’il continue rapidement son chemin vers le sol. Vohl l’imite avec un poil plus de prudence, sur le pan de la maison par lequel il est monté, de façon à ce qu’un angle de mur sépare les deux tueurs. S’ils croient qu’un peu d’escalade lui fait peur, c’est complètement faux. Il faudra qu’ils se fassent à l’idée : le cœur de Vohl, déchiré il y a peu, s’accorde un peu de repos quant aux sentiments négatifs. Seuls ceux qui le guident semblent acceptés en ce temple intime. Le plan est limpide, dans sa tête, et s’il comporte des risques, ces derniers ont été mesurés.

Dès qu’il aura la plus petite idée d’où se dirige l’homme, il le fera disparaître dans les ombres. Si le cordon meurtrier définit bien, comme il le pense, un périmètre plus ou moins circulaire autour de la Maison Rouge, il y a peu de risque que soient disséminés de partout des assassins : ce serait un gaspillage inutile de troupes. Néanmoins, l’assassin prend soin de se déplacer silencieusement et rapidement, collant le plus possible aux basques du messager. L’ère du sang a débuté. Si le messager tente seulement d’escalader un nouveau toit, les griffes lui couperont les jarrets avant d’étouffer son cri dans un geyser de sang.

Un souffle divin semble pousser le voleur en avant, l’encourageant : ouvrant son corps au vent de la nuit, le tueur garde les yeux grands ouverts pour détecter la moindre prise susceptible d’accélérer sa descente tout en restant fiable. Sa motivation n’a pas disparu avec ses sentiments : elle s’est asséchée, comme si les sensations désagréables qui habitaient son cœur avaient pris le large, disparaissant à l’horizon de son âme derrière la grand-voile des jonques gracieuses, fiertés de la marine oranienne, glissant sous le sinistre courant apporté par les hommes et les monstres d’Oaxaca.

Les Ombres Alliées

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Dernière édition par ValdOmbre le Dim 29 Juil 2018 19:23, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La maison rouge
MessagePosté: Dim 29 Nov 2015 20:11 
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L’homme marche d’un pas tranquille dans les ombres de la nuit oranienne, comme s’il ne craignait pas d’être surpris par les ténèbres, ou qu’il avait assez confiances en ses capacités de réaction. Il semblait se diriger vers l'entrée principale de la maison rouge.


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