Les lèvres rouges de la jeune femme s'ouvrirent et laissèrent paraître de belles dents blanches naturellement égales.

Ce sera un réel plaisir pour moi de vous accompagner dans cette visite guidée qui l'espérons-le vous sera agréable.

Ce disant, délicatement elle prit délicatement Hivann par le bras et l'entraîna avec elle.

Dès vos premiers pas, une musique douce et discrète accompagne vos gestes, l’air chaud semble vous envelopper de sa protection et les parfums apaisent les maux et humeurs flottantes.
Kikori amène tout d'abord Hivann vers l’une des salles de la Maison se trouvant au rez de chaussé où quelques personnes s'y trouvaient déjà.

D'une voix douce, la belle Kikori débuta les explications:

"Nous avons quelques salles comme celle-ci. Vous y trouvez un bar chaleureux où musiques et danses réjouissent corps et esprits ainsi qu'un salon plus privé où s’échangent souvent des discussions politiques ou commerciales."

Elle l'entraîna au bar, où elle commanda deux verres à la femme derrière le comptoir.

"Il est nécessaire de prendre le pouls de l'ambiance de cette pièce avant d'en visiter une autre, ne trouvez-vous pas ?"

La jolie Kikori ne se fit pas prier pour entraîner le vieil homme dans sa marche. Le prenant doucement par le bras, ils s'étaient dirigés vers un petit salon où un doux parfum et une musique d'ambiance agréable emplissaient la pièce. Quelques hommes étaient déjà là, accompagnés ou non d'autres geishas. Trois d'entre elles étaient d'ailleurs assises sur des fauteuils dans un coin de la pièce où elles jouaient justement de leur musique. L'une jouait de la flûte, l'autre avait un shamisen et la dernière était au milieu des deux autres, prenant le plus de place, puisqu'un long koto était posé sur la table. Un instant, Hivann eut un souvenir mélancolique de l'époque où il pouvait encore jouer de la musique. Cela faisait bien des mois qu'il n'avait pas touché à un instrument et des années qu'ils ne s'y était pas remis sérieusement. Certainement depuis la mort d'Inoka.

Mais il n'eut pas le temps de s'attarder plus longtemps sur les musiciennes. Kikori l'avait mené directement au bar où elle avait commandé deux verres. Rapidement, la barmaid avait versé une bouteille de saké en porcelaine dans deux petits pots en terre. Généralement, ce genre d'alcool était versé dans des verres de porcelaine en accord avec la bouteille. Mais avant qu'Hivann ne puisse s'interroger, Kikori lui donna des explications.

"Ce saké a été créé à partir du riz d'une région plus au nord de l'Ynorie, à la frontière d'Omyre. Le paysage était assez marécageux, la fermentation du riz est plus longue et accentuée. Il convient de servir cet alcool dans des pots en terre, qui accrochent le goût sans l'altérer. Vous verrez un petit dépôt épais à la fin de votre verre, presque mousseux. Si vous aimez les alcools fermentés, je vous invite à le boire."

Cela avait du sens. On servait le thé noir dans des pots en terre et le thé vert dans des pots en porcelaine, justement par rapport au goût qui se dépose dans l'eau. Hivann ne se souvenait pas avoir goûté un tel alcool, mais il fallait admettre que Kikori lui avait bien donné envie. Il se rappela d'ailleurs seulement à ce moment que les geishas n'étaient pas censées être seulement des filles de joie ou des accompagnatrices. Elles devaient avoir de l'esprit de la culture pour plaire à tous. Et là, à l'instant où elle lui eut présenté la boisson, elle lui avait plu.
Il hésita tout de même un instant. Il était supposé être en mission. Boire de l'alcool et altérer son esprit n'était probablement pas forcément une bonne idée. Mais déjà, il devait avoir l'air louche en gardant son chapeau et son arbalète rangée sous son manteau. S'il refusait, de quoi aurait-il l'air ? Surtout que l'on ne refuse pas un cadeau.

En silence, il s'assit alors au bar et prit l'un des pots. Trinquant avec la belle Kikori, il avala l'alcool d'un trait, incluant le dépôt à la fin. Son degré lui fit serrer les dents alors que l'amertume lui rappela l'existence de ses amygdales, de son palais et de sa gorge. Le dépôt, lui, avait une présence presque indépendante de l'alcool. Il avait coulé en dernier, plus lentement que le saké lui-même qui était plus "clair".

"Bon sang ! s'exclama-t-il sans retenue. Je ne l'imaginais pas si fort ! Mais c'est une bonne référence. J'y penserai si j'ai un jour l'occasion d'aller dans cette région."

La jeune femme sourit à la remarque de l'homme, puis discrètement fit signe à la serveuse pour qu'un second verre soit versé à Hivann.

Et sans pour autant oublié son rôle de guide, elle poursuivit les explications sur cette salle et désigna du doigt les pièces qu'il lui était possible s'il désirait organiser rencontre ou autre. Elle s'exprimait bien, mais savait aussi garder le silence lorsque nécessaire.

Avant qu'il ne puisse émettre l'idée de continuer leur visite, Hivann se vit offrir un second verre par la belle Kikori. Un alcool différent, cependant. Il était d'un liquide transparent, légèrement vert qui lui fut servi cette fois-ci dans un verre classique. Quand il le porta à son nez, il sentit une douce odeur d'anis. Évidemment, il identifia immédiatement l'alcool.

"Et bien et bien ! A vous voir, je vais finir par croire que vous voulez me voir saoul !"

Il s'agissait d'une absinthe. Un alcool que l'on trouvait généralement sur des régions bien plus lointaines que celle d'Ynorie. Sans doute en trouvait-on plus facilement à Kendra Kâr. Quoiqu'il en soit, il avait troqué son silence et son attention contre un air plus décontracté. C'était sans doute une mauvaise idée, mais il aurait l'air encore plus louche s'il ne se laissait pas aller un minimum. Deux verres, même d'alcool fort, cela devait bien aller...
De la même manière que pour le saké, il engloutit alors le verre d'un coup, serra les dents sous le degré élevé de l'alcool et posa le verre avec force sur le bar.

"Sans doute avez-vous d'autres choses à me faire découvrir, Kikori ?"

Tout en le regardant de ses beaux yeux charmeurs, la demoiselle se contenta de répondre:

" Je ne veux pas vous souler, seulement vous détendre un peu. Vous sembliez quelque peu tendu "


Elle s'approcha de Hivann, lui présenta son bras, et lui répondit:

"Bien sûr, nous allons nous rendre au deuxième étage."

Ils gravirent les escalier pour se retrouver à un étage où se trouvent les salles de cérémonie du thé où les hôtesses offrent aux initiés des moments d’harmonie traditionnelle avec la lecture de poèmes, de chants et de danses lentes et enivrantes.

"Vous aimez les poèmes ? "

Fort heureusement pour Hivann, elle n'avait pas insisté pour boire un peu plus d'alcool quand il lui avait demandé de poursuivre la visite. Aussi simplement qu'ils étaient arrivés, elle lui avait présenté son bras et l'avait amené tranquillement à l'escalier pour passer à un nouvel étage. Pas de bar cette fois-ci, bien que les fauteuils et tables n'étaient pas si différents. Mais ils s'étaient rendus dans une salle qui avait tout l'air d'une salle de spectacle. De grands rideaux noirs étaient tirés mais le devant de la scène avait un très grand espace. A la manière du théâtre Nô, l'estrade allait jusqu'à rejoindre le public, à l'inverse des autres théâtres d'autres régions où la limite entre le public et l'acteur se faisait plus claire. L'estrade en effet, créait une espèce de passerelle en son centre qui traversait presque toute la salle et au bout de celle-ci, des marches permettaient à quiconque d'y monter ou d'y descendre. Bien entendu, les codes du théâtre laissaient cette liberté davantage aux comédiens.

Au moments où ils étaient entrés, Kikori avait demandé à Hivann s'il aimait les poèmes. Sans élever la voix, il acquiesça simplement d'un hochement de tête. Car devant lui, une représentation avait déjà lieu. Pas de Nô, de Kabuki ou d'autres choses. Seule une geisha parmi d'autres lisait un texte, sans mise en scène particulière. Et à l'entendre, l'ynorien n'était pas vraiment convaincu. Les vers n'étaient pas respectés, ni les césures, des liaisons disparaissaient dans l'oubli la timidité de la jeune fille l'emportait sur sa prestance. Kikori s'en rendit bien vite compte.

"Toutes nos filles ne sont pas douées en écriture ou en lecture. Cette salle sert régulièrement à des spectacles avec de vrais comédiens. Et lors d'heures davantage publiques, ce sont les plus talentueuses qui montent sur scène. Là, nous sommes déjà tard dans la nuit. Il y aura des choses plus intéressantes à voir les prochains jours, pendant la journée ou en début de soirée. Je m'excuse si je vous ai ennuyé, Suzuki-san."

"Vous ne m'ennuyez nullement, Kikori. Enfin, cela nous permettra au moins de passer à autre chose, j'imagine !"

Kikori acquiesça d'un signe de tête ponctué d'un léger et respectueux sourire. Puis elle entraîna Hivann à l'étage suivant des thermes pour hommes et femmes, lui expliquant que ce lieu relaxant devrait lui plaire davantage.

Enfin, elle se retourna vers Hivann.

"Les étages supérieurs sont réservés aux personnels de la maison. Mais si vous avez des besoins plus intimes et qu l'hôtesse vous y invite, vous pourrez y accéder, en sa compagnie seulement. Vous ne pouvez vous y rendre seul. Vous comprendrez qu'il y a une certaine intimité à respecter"

Elle fit ensuite un sourire poli à Hivann signifiant que la visite était terminée. Elle présenta une dernière fois son bras afin de l'accompagner vers la sortie. Elle demeura souriante et disponible pour répondre à toutes les questions de son invité.

Après le théâtre, Kikori entraîna alors Hivann à l'étage supérieur. Ici, il y avait des thermes mixtes où des personnes nues, parfois couvertes légèrement d'une serviette, déambulaient dans les nuages de vapeur. Un spectacle des plus érotiques qui n'avait rien à voir avec les deux autres étages. Une certaine excitation rattrapa alors l'ynorien, qui se mit à regarder sa belle accompagnatrice avec désir. S'il n'avait pas été dirigé par une mission, sans doute aurait-il passé plus de temps ici. Mais c'était impossible pour lui. Il ne pouvait même pas pousser Kikori à passer du temps avec lui dans ces thermes pour susciter sa confiance. Il serait obligé de retirer ses vêtements et de révéler qui il est.

Mais désormais, il avait un nouvel objectif. Car s'il connaissait maintenant l'emplacement des bains, Kikori lui avait aussi révélé la porte vers les étages supérieurs. Il savait où aller s'il voulait trouver la gâchette, maintenant. Mais il ne pouvait pas simplement forcer la porte et attirer la garde potentielle vers lui... Si ce lieu cachait une telle relique, des personnes dangereuses devaient être présentes, que ce soit parmi les clients ou les hôtes.

"Excusez-moi, Kikori..."

Fort de ses talents de comédien, Hivann esquissa un sourire faussement gêné. Et bien qu'il y eut de la sincérité dans ses paroles, il mentit effrontément.

"J'ai beaucoup apprécié notre petite excursion, Kikori. Cependant, je sais que nous ne nous connaissons que trop peu pour que vous acceptiez, mais j'aimerais beaucoup approfondir cette visite avec vous. Rien de nécessairement charnel, bien entendu. Nous pourrions discuter en toute intimité, à cet étage dont vous m'avez parlé."

Comme il se douta que cela suffirait trop peu à lui ouvrir ces portes, il décida de conclure sur un argument qui savait ternir les cœurs de beaucoup de personnes.

"Ne vous inquiétez pas. Je saurai évaluer pleinement votre compagnie." eut-il dit en agitant la bourse rangée dans la poche intérieure de son manteau.

Jets de dés :Tentative de se rendre à l'étage supérieure: Échec

La jeune dame haussa les sourcils tout en écoutant la requête de l'homme plus âgé. Puis, tout en conservant sourire et ses bonnes manières, elle déclina la demande très poliment.

" En effet, comme vous le dites, nous ne nous connaissons que trop peu pour que j'accepte de vous emmener aux étages supérieures. Mais si vous tenez approfondir votre visite avec moi, nous pouvons demeurer à cette étage-ci. Et pour préserver votre pudeur, nous pouvons nous rendre dans une petite salle plus privée où nous pourrons discuter en toute intimité tout en nous baignant ."
"

Tout en lui parlant la jeune dame s'était approchée de l'homme, suffisamment pour que ses seins frôlent légèrement le corps de l'homme. Geste volontaire ou pas, seule elle le sait.

Évidemment, cette geisha n'était pas une simple prostituée comme on en trouvait à Darhàm. Elle avait de l'éducation, de l'esprit, et certainement bien plus de vertu. Elle ne pouvait pas accepter si facilement la proposition d'Hivann et lui, devait se retrouver contraint à la suivre. Heureusement, elle ne décida pas simplement de l'accompagner vers la sortie, comme elle l'avait annoncé au départ. A la place, elle proposa d'aller dans une salle privée appartenant à l'étage des bains... Une proposition alléchante pour plusieurs raisons. Ce serait l'occasion de voir un peu plus de cette jeune femme (qui, tragiquement, lui rappelait qu'elle devait avoir au moins l'âge de Taé, sa propre fille...) mais surtout, ce serait un moyen de se rapprocher d'elle et de garantir son accès vers la relique.

Il réfléchit un instant. Il y avait toujours le souci d'être reconnu. Mais en y pensant bien, il avait réalisé que sur toute cette visite, son visage n'avait rien dit à la jeune fille. De plus, il n'était pas le seul ynorien à avoir subi le supplice de la Pierre d'Oubli. S'il retirait son chapeau, avec un peu de chance, elle ne verrait en lui qu'un ancien criminel, peut-être en pleine rédemption. Et il était suffisamment correct pour que l'on lui prête des intentions plus nobles...

"Bon, très bien. Les bains me conviennent. J'espère en savoir plus sur vous d'ici là !"

Il donna alors son bras à la belle Kikori.

"Je vous laisse me guider."

C'est avec un sourire satisfait que la jeune Kikori prit le bras qui lui était tendu.


"Comme vous pouvez le voir, nous respectons les goûts de nos clients, certains préfèrent se retrouver en grand nombre alors que d'autre préfèrent l'intimité d'une petite pièce "

Tout en parlant, elle l'avait conduit à une salle chauffée, simple et dénuée d'artifice sans être terne. Un doux parfum imprégnait l'air et en sourdine une douce musique s'infiltrait dans la pièce. Au centre de cette petite pièce se trouvait un bain creusé telle une piscine mais en plus petit, dans lequel de larges marches pouvaient servir de banc.

Délicatement, tout en le regardant dans les yeux, Kiroki aida Hivann à se dévêtir, l'effleurant de temps à autres de ses délicats doigts.

"Prenez-vos aises, l'eau y est bonne. Je vous rejoins dans quelques secondes avec le nécessaire pour vous masser le dos." La faible lumière de quelques bougies allumées et sa voix chaude qui n'était plus qu'un murmure invitait à la détente.

Cela avait beau être un endroit agréable, tout comme la présence de Kikori, Hivann se sentait s'éloigner trop facilement de sa mission principale. Il perdait patience, il ne voulait plus jouer le jeu du vieil homme innocent à la conquête de nouveaux plaisirs. En arrivant près du bain, alors que le belle geisha l'aidait à se dévêtir, il pensa à plusieurs moyens de se défaire d'elle. Peut-être pourrait-il s'enfuir au moment où elle se changerait ? Il pouvait aussi manipuler les verrous des portes en changeant leur matière métallique, la forçant ainsi à rester seule dans ce bain ?

Mais il n'eut pas même le temps de concentrer discrètement ses fluides. Quand elle lui eut dit qu'il n'y avait qu'une affaire de quelques secondes avant qu'elle ne prenne les huiles et pierres de massages, il ne s'agissait effectivement que de quelques secondes. Au final, sous les yeux de la jeune fille, il fut contraint de retirer sa robe, comme son manteau avait déjà été enlevé. Et finalement, il posa le chapeau sur le côté de la baignoire creusée, dévoilant la Pierre d'Oubli. Stratégiquement, il avait gardé l'arbalète non loin de lui, dans le cas où quelques personnes le reconnaîtraient et tenteraient de le blesser.

Kikori revint alors, un panier de pierres lisses et d'huiles à la main et ses vêtements dans une autre... Elle était désormais dans son plus simple appareil et Hivann eut bien du mal à cacher son excitation. Par pudeur, il plongea un peu plus profondément dans le bain pour dissimuler sa virilité. Après un petit rire taquin, le jeune fille ne fit que l'inviter à se tourner face aux marches, de façon à lui dévoiler son dos. Ce que l'ynorien fit. Mais il ne put s'empêcher de croire qu'à un moment, cela deviendrait dangereux.

Et puis alors que tout ce déroulait au mieux. De légers petits coups se firent entendre à la porte. Kikori se rendit à la porte et sans l'ouvrir s'enquit de la raison de cette interruption impromptue. Hivann ne put saisir le contenu de la conversation qui se fait sur un ton trop bas, il peut par contre se rendre compte, qu'il y avait une urgence.

Kikori revint vers lui, remit ses vêtements et se justifia rapidement:

"Il s'est passé une chose terrible dans ma famille, je dois y aller. Je vais vous envoyer quelqu'un de qualifié pour me remplacer."

Cela dit, elle partit pour laisser Hivann tout seul dans son bain quelques précieuses minutes.

Alors qu'Hivann sentait sa méfiance devenir de plus en plus grande, l'arrivée de Kikori fut enrayée immédiatement pas des petits coups à la porte de la salle de bain. La belle jeune femme s'y était alors directement dirigée et après avoir pris connaissance de la raison de ce petit dérangement, elle prévint le vieil ynorien de la raison de son départ imminent, alors qu'elle remettait ses vêtements. Une chose horrible était arrivée à sa famille et elle s'apprêtait à envoyer quelqu'un d'autre s'occuper de lui. Mais quelque chose clochait pourtant... Elle l'avait prévenu très vite, sans pour autant avoir une voix tremblotante, transparaissant une quelconque panique. Plusieurs éventualités alors naquirent dans son esprit.

Ou bien elle était assez réservée et son emploi de geisha la força à ne pas trop communiquer ses sentiments... Ou bien la raison de son départ était toute autre. Et comme il se savait trop fragile, que si on le découvrait sous son identité, sa maison serait en danger et sa chance de trouver la Gâchette annihilée, il décida de ne pas se contenter d'attendre.
Dès que Kikori le quitta, il enfila de nouveau et très rapidement ses vêtements. Son premier réflexe fut même de mettre son chapeau afin que l'on ne puisse voir la Pierre d'Oubli qui l'identifiait. Dès qu'il fut entièrement habillé, il empoigna l'arbalète et se colla à la porte. Aucun bruit de pas, personne ne semblait encore venir. Alors il l'ouvrit immédiatement et se dirigea vers l'entrée de l'étage supérieur où il pourrait accéder aux bureaux privés. Seulement, dès qu'il y alla, il se rendit compte d'un infime détail qui risquait pourtant de le trahir... Les chausses lien-de-roche, qui découvraient la plante de ses pieds, laissait une tâche d'humidité à chacun des pas qu'il faisait. S'il partait, on verrait immédiatement vers où il serait capable d'aller. En somme, il lui restait extrêmement peu de temps avant de réussir à ouvrir la porte qui était très certainement verrouillée.

Comme il n'avait pas de clés, il allait devoir détruire le verrou rapidement et par ses propres moyens, de façon aussi discrète que possible. Il concentra alors ses fluides tout au long de sa marche, de façon à manipuler la matière métallique dont était composée la serrure. Il ne voulait pas modeler le métal, seulement le rendre plus fluide pour en forcer la porte... Ainsi, il lui faudrait certainement moins de temps qu'il n'en fallait pour se concentrer et lancer ce sort de terre glaise.
Quand il arriva devant elle, il se sentit cependant acculé. Il avait posé la main directement pour influencer la nature du verrou, mais il était au beau milieu du couloir et des deux côtés, on pouvait arriver et le repérer. En forçant l'usage de ses fluides, il sentit en même temps la force de son Ki devenir plus grande avec le stress de la situation. S'il était repéré, sa mission tombait à l'eau. Il aurait certainement à se battre, voire à tuer celui qui le verrait. Une idée qui le fit frissonner, et pourtant, il l'avait déjà fait...

De longues minutes passèrent, le son des bruits de pas autour de lui devenait de plus en plus fort alors qu'il guettait l'arrivée d'un éventuel ennemi, mais enfin, le verrou céda. La poignée fondit, la serrure se fissure et la porte s'ouvrit sans même un grincement. Mais avant qu'il ne puisse ouvrir, il sentit cette fois-ci que les bruits de pas qu'il guettait depuis le début n'étaient pas seulement dans sa tête.
En se retournant, un vieil homme chauve, le corps encore trempé et la taille enroulée dans une serviette blanche était apparu. Il l'observait, de manière neutre, sans dire un mot, ni même juger ce qu'il faisait. Sans doute ne pouvait-il pas voir l'état de la serrure, à voir ses vieux yeux plissés. Il devait avoir certainement plus de soixante-dix ans, vu l'état de son corps et de ses dents. Sans doute ne serait-il pas une menace... Mais Hivann le vit autrement. C'était un trop grand risque, s'il laissait une seule personne le voir, il risquait de voir ses efforts réduits à néant. Il était déjà trop proche du but pour abandonner maintenant.

Il leva son arme en le visant. L'homme ne bougea pas et mit ses vielles mains sur ses hanches chétives. Hivann se remémora le nain agonisant qu'il avait tué dans le niveau bas de Mertar, pour se sauver de l'Exilé. Il se rappela aussi les hommes de main du Grand Lamin qu'il avait tués afin de s'enfuir de la prison de Darhàm. Ce meurtre ne serait pas le premier, ni le dernier de ceux qu'il aurait commis pour mener ses plans à bien. Il visa un moment, faisant jaillir le Ki accumulé par l'appréhension de sa mission. Il ne devait lui laisser aucune chance de survie pour dire à quiconque qui l'aurait attaqué. Alors il visa entre les deux yeux. Quand il eut réussi à stabiliser son arme, la mire dirigée vers sa cible, il appuya sur la gâchette. Le carreau siffla et en moins d'une seconde, elle traversa le crâne du vieux client et se planta un peu plus loin, au bout du couloir. La fragilité de son corps fut telle qu'Hivann sembla constater un pantin désarticulé alors qu'il s'effondrait sur le sol. Il n'y eut même pas de grande projection de sang. L'arbalète avait vu sa corde tirée si fort que le projectile avait percé le crâne, traversé la chair et filé jusqu'au bout du couloir au sol. Le sang ne commença à couler que lorsqu'il chuta, laissant une large flaque rouge se créer autour de sa tête.

Pas le premier meurtre, non, mais cela ne rendait pas le mage plus fier. Il se dégouta lui-même, mais se rappela bien vite qu'il y avait une raison à son acte. Il ne pouvait pas laisser filer cette relique. Il ferma alors la porte derrière lui. On allait découvrir le corps et peut-être le suivre à l'étage. Il fallait qu'il se dépêche. Au moins, personne n'était censé aller seul ici. Tant que l'on ne voyait pas le verrou, il avait encore un petit moment pour découvrir cet endroit.
Il emprunta enfin les escaliers vers son but.

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Apprentissage de CCAJ :
Tir critique : L'attaquant vise les points sensibles de l'ennemi, augmentant les chances de lui causer une blessure fatale. (L'intervalle des coups critiques aux dés passe de 95-100, à [95-lvl] - 100, minimum 50. For+1/lvl)

Cet endroit étant tout de même réservé à une certaine clientèle, quelques minutes s'écoula avant que Hivann puisse entendre un cri strident. Si perçant qu'il l'entendit de là où il se trouvait.

Aucun son, ou bruit de pas, ne s'approchait de l'endroit où se trouvait Hivann, mais il est évident qu'il ne pourrait emprunter le même corridor que précédemment lorsqu'il reviendrait.

Mais l'heure n'était pas encore à fuir mais plutôt à explorer l'endroit dans lequel il venait d'entrer. Contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer l'endroit était beaucoup plus sobre qu'aux étages inférieures. En fait, une fois la porte franchie Hivann se retrouva à l'extrémité d'un petit corridor. Seulement trois pièces sur cette étage, une de chaque côté et une tout en face. Cette dernière plus imposante que ses voisines et capitonnée, semblaient tout indiquée pour les discussions privés. Il s'agissait sans doute du bureau du propriétaire de l'endroit. De plus, elle était entrouverte. Si Hivann tend l'oreille, il pourra entendre des sons suggestifs provenant de la porte de gauche seulement.