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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mer 21 Oct 2015 17:28 
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Quand il reconnait les rues qu’il emprunte, le voleur sait qu’il approche du port : il jette un coup d’œil inquiet au ciel. La nuit ne pâlit pas encore, et la position de la lune lui indique qu’il a marché d’un pas vif pendant au moins une heure et demi. Le voleur ralentit : ce n’est pas la peine de presser le pas désormais : il dispose d’encore au moins deux heures avant qu’il ne fasse jour. Il analyse chaque maison qu’il voit, se glissant dans les ruelles du port pour voir les bâtiments qui entourent les toits potentiellement intéressants. Les maisons se suivent et s’enchainent en une désespérante succession de déceptions. Vohl est sur le point d’escalader un énième mur pour juger de l’accès à une maison de petit bourgeois, décorant sa maison de dorures et de petites statues, sans doute pour faire paraître sa fortune plus importante que ce qu’elle n’est réellement. Exactement le type de personnage sur lequel espère tomber Vohl. Mais le bâtiment est trop éloigné du mur, et les décorations trop en hauteur pour qu’il puisse espérer gravir les murs jusqu’au premier étage, duquel il pourrait rejoindre le toit. L’humeur de Vohl s’assombrit : n’y a-t-il donc pas un seul bâtiment conçu pour un voleur, dans cette ville ?!

La raison de sa frustration fait sourire Vohl, avant qu’un froissement d’étoffe ne le fige. Son kimono ne peut pas produire ce son : c’est le bruit d’une robe de toile rêche. Les pensées du voleur se dirigent immédiatement vers le bruit, tandis que son attention reprend le dessus, inspectant chaque coin de la ruelle dans laquelle il s’est engagé. Supposant qu’il était seul, il n’a pas songé que les ruelles désertes et silencieuses puissent nécessiter une inspection. Qui plus est, si la nuit favorise sa discrétion, elle fait de même pour tout le monde ! L’inspection lui trop difficile pour être réalisée en vitesse. Le bruit venant de sa gauche, l’oranien pivote pour faire s’éloigner de la source du bruit, et se dirige lestement vers sa droite tout en saisissant dans son sac l’étoffe grise qui lui a été offerte, longeant le mur avant de tourner brusquement dans la première ruelle qui se présente. Aussitôt, il se plaque au mur, se couvrant du large pan de tissu.

(La cape doit être en mesure de m'assurer l’invisibilité, m’a-t-on dit lorsque l’objet m’a été remis. Il est plus que temps de faire usage des maigres ressources dont je dispose.)

Vohl n’a pas longtemps à attendre pour tester l’efficacité du camouflage de cette partie de son inventaire. Quatre adultes se déplacent ensemble, chuchotant entre eux, munis de pieds de biches, d’outils incongrus tels qu’une pioche ou encore un marteau, et pour certains d’entre eux, de petites lames à la ceinture qui brillent à la lumière des étoiles et de la lune. Vohl retient sa respiration. Ce sont effectivement les personnes qui ont dû produire le son qui l’a tiré de sa séance d’« essayage » de maison : tous les quatre sont vêtus d’amples pantalons de toile. De toute évidence, ce sont des cambrioleurs, équipés pour une soirée de réjouissances. Les individus ralentissent puis s’arrêtent une fois arrivés à l’intersection : Vohl bénit le hasard qui l’a placé du côté non éclairé par la lune, ce qui rajoute une nouvelle ombre à son niveau, du fait du mur sur lequel il s’appuie.

« Quelqu’un l’a vu ? »
« Non. »
« Non. »
« Je suis quasiment sûr d’avoir aperçu un mouvement dans la ruelle de gauche. »
« Commençons par-là ! »

Visiblement, c’est lui qu’ils cherchent à dévaliser, et non pas une des maisons cossues qui leur tendent pourtant les bras ! Le cambrioleur en chef indique la ruelle de gauche. Les trois accompagnateurs progressent doucement. Le chef « cambrioleur » ne semble pas provenir du quartier des pêcheurs ou d’une famille pauvre : son parler, sa posture le distingue clairement des autres. Les trois silhouettes qui passent ensuite devant Vohl sont celles d’individus bien portants, mais à l’odeur, ils semblent tout juste sortis d’une cuve de déchets de pêcheur.
Les deux premiers passent devant lui sans même attarder les yeux sur sa silhouette. Le troisième ralentit en passant auprès de lui, sans toutefois ne serait-ce que tourner la tête de son côté. Le quatrième le dépasse également sans lui accorder le moindre regard, semblant surveiller quelque chose, plus loin dans la ruelle. Le jeune homme n’ose pourtant pas relâcher son air, qui commence à lui bruler la poitrine.

« Arrêtez-vous. »

Les trois autres s’exécutent sans poser de question. Vohl est trop tendu pour tourner la tête vers eux afin d’observer leur réaction en détail : il s’efforce de ne faire aucun geste.

« Il faut savoir renoncer, lorsque l’on a fait une erreur. »

(Par pitié, il ne va quand même pas nous faire une reconversion en prêtre au beau milieu de la ruelle, en pleine nuit !)

« N’est-ce pas, Kasly ? »
« Evidement. Pourquoi ? »
« Eh bien, je me faisais la remarque que nous faisions peut-être fausse route. »

(Mais tu vas te casser, oui !)

L’oxygène commence à manquer à Vohl. Il relâche sa respiration le plus doucement possible, conscient de commencer à convulser s’il ne renouvelle pas l’air de ses poumons, conscient aussi du risque d’attirer l’attention.

« Imagine : notre père meurt pour avoir été trop zélé, et notre oncle risque de passer l’arme à gauche d’un moment à l’autre tandis que notre sœur entame une carrière militaire sans avoir le moindre talent. Comment réagirions-nous ? Nous les abandonnerions à leur sort pour tenter de sauver notre avenir, pas vrai ? Pour faire bonne mesure, nous nous cacherions aussi, non ? »

« Mais probablement mieux que ÇA ! »

L’homme accompagne son dernier mot d’un violent coup de pied de biche le long du mur. Pris par surprise, le voleur se plie en deux, le souffle coupé par la douleur.

« Ton camouflage ridicule ne fait illusion que pour ceux qui n’y ont jamais été confronté, minable ! »

Un second coup frappe les côtes du voleur, et Vohl roule au sol dans une sourde exclamation de douleur. Il lutte pour reprendre sa respiration pendant qu’il prend appui sur un genou pour tenter de se relever. Le jeune homme a l’impression que deux barres de feu sont logées dans sa poitrine. Les quatre agresseurs se rapprochent de lui tranquillement, comme s’ils badinaient lors d’un piquenique au bord d’une rivière.

« Messieurs, admirez le rejeton Del’Yant dans toute sa splendeur : prenant les autres de haut, se croyant au-dessus des lois ! »

« Alors, déserteur, on fait moins le malin, maintenant qu’on n’est plus sous l’aile de son petit papa ? »

Vohl nage en pleine confusion : comment cet homme sait-il qui il est ? Pourquoi le traque-t-il ? La récompense pour sa tête n’est pas vraiment intéressante pour quatre individus. La voix de l’homme lui est tout à fait étrangère. La douleur que lui inflige un nouveau coup sur l’épaule commence en revanche, elle, à devenir familière. Le voleur retombe de nouveau à genoux.

« Je te cherchais ! J’étais sûr que tu n’oserais pas quitter la ville ! Les serviteurs de mon frère ne prenaient pour un fou !!! Mais j’en étais persuadé ! Je savais que c’était de ta faute ! »

Le jeune homme réussit à inspirer une vraie goulée d’air.

« Ton… frère ? »

L’homme est surexcité, à tel point que Vohl craint qu’il n’alerte le voisinage.

« Oui, oui ! Mon frère ! Celui que tu as abandonné ! Sur le champ de bataille ! Il y a un mois ! Pendant une escarmouche contre les Garzoks ! Tu vas payer pour ça ! Tu lui dois deux jambes : on va s’occuper de toi jusqu’à ce qu’on soit sûrs que tu les ais rendues !»

Nouveau coup, sur la jambe gauche. Le voleur a vu le coup venir : il n’a en revanche pas réussi à se déplacer assez vite. La douleur cuisante éclate et se propage le long du membre.

« Il a perdu ses deux jambes il y a un mois! Il ne sera plus jamais soldat ! Il est encore entre la vie et la mort ! Alors imagine ma joie, quand j’ai appris que tu avais déserté…que ta tête était recherchée ! »

Aucun souvenir de la sorte ne revient à la surface.

« Je suis désolé…peux-tu me le décrire ? Il était ton ainé ? »

Non que Vohl se soucie le moins du monde de ces informations. Mais s’il encourage l’inconnu à persévérer dans son excitation, le voleur espère avoir un peu de répit pendant son monologue. Et accessoirement trouver comment sortir de ce guêpier. Si l’autre continue à le rouer de coups, Vohl sait pertinemment qu’il ne réussira pas à tenir tête au groupe.

Heureusement, le meneur entre dans le jeu du voleur sans discuter. Ou plutôt en discutant longuement. Son verbiage passe tout à fait au-dessus de la tête du voleur. Endiguer la douleur, respirer et s’enfuir : rien d’autre ne compte pour lui. Les quatre hommes l’encerclent, le meneur étant juste en face de lui, à une faible distance, du fait de l’étroitesse de la venelle. De toute évidence, c’est un homme riche qui a pris la tête de quelques serviteurs pour traquer Vohl, pour une raison que celui-ci ignore. Il l’a probablement pris pour quelqu’un d’autre ! Mais alors comment en sait-il autant ?! Alors que l’homme entame une nouvelle série de cris de plus en plus hystériques, Vohl s’élance vers lui, le poussant de toutes ses forces contre le mur opposé de la ruelle. Quelques soient les souffrances qu’il peut subir pendant qu’il se met en mouvement, le jeune homme y met tout son poids et toute sa force. Une fois que l’homme est collé au mur, la respiration coupée par le coude de Vohl au niveau de son plexus, ce dernier produit ses griffes hors de sa manche, dont les pointes viennent piquer le cou de l’homme et font perler quelques gouttes de sang.

Le meneur, lancé dans son discours n’a pas eu le temps de réagir. Ce n’est pas le cas des trois autres, sur lesquels Vohl n’a aucun angle de vue lorsqu’il reçoit un coup au niveau des hanches, puis un autre au niveau des genoux. Dans un gémissement, le voleur s’étale contre sa cible, enfonçant du même coup un peu plus ses griffes sous le menton du meneur. Celui-ci meugle de douleur.

« STOOOOP ! Arrêtez ça, bandes d’abrutis finis! Vous allez me tuer ! »

Les coups des serviteurs cessent de pleuvoir tandis que l’autre saisit fermement la main de Vohl maintenant presque à genoux devant lui, la tête contre son buste. Il écarte sans effort la lame de de son cou.

« Fils de chienne ! Tu crois que tu vas m’avoir ? Je vais te casser les doigts en plus des jambes, espèce de ver des sables ! Kasly, tiens lui la main ! Et donne moi ton pied de biche !»

Vohl panique. S’il sait pouvoir survivre avec des bleus et des bosses, il doute de pouvoir suivre ses plans avec la moitié des doigts en moins. Le katar de Vohl enfoncé dans la poitrine du meneur lui fait cracher une gerbe de sang. Passant entre les côtes, les deux lames incurvées de l’arme ont perforé un poumon avant de heurter l’arrière de la cage thoracique. Le fou, la tête tournée vers le dénommé Kasly, n’a rien suivi de l’action, et écarquille les yeux tandis qu’un « Attention ! » tardif jaillit de la bouche de son favori. Le voleur ne perd pas de temps à s’interroger sur son action. A la position du manche au niveau de la poitrine, il sait que la blessure est fatale et que d’ici quelques minutes, c’est à un macchabé que les serviteurs parleront. Il retire la lame, faisant jaillir un nouveau flot de sang, en même temps qu’il dégage mollement sa main de l’étreinte désormais faible de l’homme. Vohl s’efforce de ne pas ses forces s’étioler après une brève montée d’adrénaline. Il tente de projeter l’homme sur son serviteur le plus proche : son manque de tonus ne fait qu’avancer le futur cadavre d’un pas avant qu’il ne tombe dans les bras de Kasly. Ce dernier le pose rapidement au sol, avec douceur, et lui tient la tête pour le regarder dans les yeux. Les deux autres serviteurs s’affairent rapidement autour de ce dernier pour lui fournir des bandes de tissus, sans quitter le voleur des yeux : sans doute comptent-ils tenter d’enrayer l’hémorragie, bien que ce soit sans espoir. Vohl assiste à la scène touchante des serviteurs prenant soin de leur maître, avant de sortir de la léthargie dans laquelle son épuisement l’a mené. Sa contemplation a donné à Vohl le temps de rassembler ses forces. Vohl sent bouillonner en lui l’énergie du désespoir, qui remplace temporairement son manque d’énergie. Il bondit dans l’intersection et bifurque à gauche.

Le plus vite qu’il le peut, Vohl court jusqu’à l’intersection suivante avant d’oser se retourner. Un homme seulement le suit. Ils jugent surement que cela suffira à venir à bout d’un jeune homme en fuite. Ils ont probablement raison. Vohl s’engage sur la gauche. Il tend la main à sa ceinture pour s’emparer de sa cape de camouflage. Sa main ne rencontre que le vide. Le bout de tissu est sans doute resté sur les mêmes pavés qui ont vu Vohl se faire passer à tabac. Cet équipement décidément inutile ne fait que lui donner des faux espoirs. Le jeune voleur sait qu’il ne peut pas distancer un homme dans sa meilleure forme. Il se plaque au mur. Il ne doit pas lui laisser la moindre opportunité : un combat sur la durée signerait sa perte. Les bruits de course se rapprochent rapidement. Au moment où l’homme jaillit de l’intersection, Vohl se jette sur lui, tranchant l’air de haut en bas. La griffe ricoche sur le crane du serviteur, au niveau de l’oreille, avant de fendre le trapèze gauche de l’homme et de heurter brutalement la clavicule. Chancelant de douleur, l’homme tente d’assener un coup de travers de sa pioche. Le pic vient heurter le ventre de Vohl, heureusement équipé d’une armure : le coup arrive de biais sur le dô inversé, et glisse dans la grande rainure conçue à cet effet. Le jeune homme n’est pas en pleine forme, certes, mais bien assez pour savoir reconnaître une occasion quand elle s’offre à lui : il se rapproche rapidement de son adversaire, la douleur de sa jambe le transperçant à chaque pas. L’homme, emporté par l’élan de sa frappe, a quasiment effectué un demi-tour, et Vohl se plaque contre son dos, ses griffes barrant la gorge de l’individu.

« Le nom de ta maison. Le nom de ton maître. Et je te laisse la vie. »

Vohl chuchote. Ni pour éviter d’être repéré, ni pour rester dans l’ambiance. Simplement parce qu’il est exténué : deux nuits sans dormir auront eu raison de l’endurance du captif. L’homme semble cependant prendre cela pour un signe d’intimidation, et s’exprime avec un fort accent étranger.

« A…A…Alen’tir. Maison Alen’tir, monsieur. Efool Alen’tir ! Il nous a obligés à le suivre, monsieur ! Nous ne voulions p… »

Le reste de sa tirade est noyée dans le sang qui obstrue sa trachée, coupée en quatre morceaux. Vohl n’attend pas que l’homme essaie de reprendre son souffle à jamais perdu, et avance aussi vite qu’il le peut vers le bout de la ruelle. Il ne pouvait pas se permettre de laisser l’homme en vie, qui ne se serait pas fait prier pour dire ce qui s’était passé une fois à l’abri de toute menace. Un autre ennemi peuple maintenant l’horizon des Del’Yant. Alen’tir. Vohl tâche de graver ce nom dans sa mémoire. C’est chose aisée puisque chaque inspiration douloureuse, chaque pression sur sa jambe le lui susurre à l’oreille.

Arrivé au bout de la rue, Vohl tourne rapidement à gauche. Il heurte un homme, et tous deux roulent au sol. Le katar quitte sa main pour rebondir sur les pavés deux pas plus loin, dans une succession de notes cristallines. Le voleur, emporté par l’élan de son adversaire, se trouve sous ce dernier. L’homme a une haleine pestilentielle qui a au moins le mérite de réveiller Vohl. Les deux hommes, empoignés, se battent au sol pour immobiliser leur adversaire. Après quelques instants face à face, le jeune homme décoche un coup de tête, qui atteint sa cible. Vohl ne prend pas le temps de savoir si ce coup aura suffi : tel un forcené, il frappe, frappe et frappe encore, faisant aller et venir sa tête d’avant en arrière tel le pic noir que l’on entend parfois marteler les arbres d’Oranan, lorsque l’on se dirige vers le temple de Rana. Son adversaire a pris sa poitrine en étau et compresse sa cage thoracique avec une force exceptionnelle, vidant instantanément les poumons de leur air, menaçant de briser les côtes. Vohl redouble d’effort, son instinct de survie exigeant de lui un énième effort au-delà de ses limites. Au bout d’une dizaine de frappes, les bras autour de sa poitrine se relâchent. Vohl prend une grande inspiration. Et relève les yeux vers un visage inondé de larmes. Au-dessus de lui, le serviteur appelé Kasly a abandonné son pied de biche pour un coutelas visiblement affuté, qu’il tient brandi au niveau de la tête de Vohl. « Abandonne » souffle une voix intérieure à Vohl « Tu n’en peux plus…repose-toi…tu reviendras plus tard pour tout arranger… Abandonne ». L’homme exténué se rebelle contre cet ordre insidieux. Il ne peut pas tout laisser tomber ! Il savait que ce serait dur, qu’il pourrait mourir et qu’il mourrait probablement un jour. Mais hors de question de laisser s’enfuir la vie qu’il chérit tant : pas avant qu’il n’y ait plus rien pour le faire espérer ! La braise de rage au fond de lui s’allume de nouveau : la rage de vivre, la rage de ceux qu’habite la foi, la foi implacable en un futur. Il voit le couteau s’élever pour achever de lui enlever ce qui reste de vie. Vohl se jette au contact de la lame de son adversaire, dont le tranchant trouve une zone de peau nue sur son épaule sénestre, dévoilée par la lutte au sol et son kimono désormais largement défait. Le couteau coupe la peau et entame la chair. Le voleur crie de douleur en transperçant le buste de son adversaire avec sa griffe, enfoncée jusqu’à ce que son poing droit heurte le ventre de Kasly ! Un ultime hoquet sonne aux oreilles de Vohl tandis que les deux hommes, perdant leurs appuis, s’écroulent sur le corps du serviteur armé d’un marteau. Une pluie fine commence à tomber, alors que le voleur sombre dans l’inconscience entre deux corps encore chauds.

Vohl ouvre de nouveau les yeux, un moment plus tard. Sur le ciel encore noir, les étoiles brillent moins intensément qu’avant. Le voleur ne bouge pas, sa volonté soufflée par la fatigue qui domine ses pensées embrumées. Son corps, qui a gouté au sommeil, lui en redemande. La douleur même qu’il ressent à l’épaule ne suffit pas à le tenir éveiller. Pour la deuxième fois cette nuit-là, le voleur ferme les yeux pour s’envoler dans un sommeil sans rêve.

Lorsque Vohl revient à lui, l’aube n’est plus très loin : ses yeux s’ouvrent vers un ciel grisonnant, où l’azur a laissé un voile de nuages bas s’installer. Péniblement, il se dégage du cadavre froid qui lui a servi de couverture pendant son évanouissement. Grimaçant à chaque mouvement qui tire sur le sang coagulé de son épaule, à chaque contraction de ses muscles engourdis, à chaque utilisation de ses membres blessés. Les évènements lui reviennent par flash : sa quête d’un toit sûr, son passage à tabac, sa révolte, ses meurtres. La mise en veille forcée que lui a prescrit son cerveau lui a permis de prendre du repos, même si ce n’est qu’un court moment. Son corps réclame encore sa récompense pour avoir fourni tant d’efforts. Mais Vohl est cette fois-ci en mesure d’imposer sa volonté à sa propre enveloppe charnelle.

Une fois debout, le voleur examine les lieux du carnage d’un œil désolé. Ses vêtements sont imprégnés de sang : le sien et celui des autres. Ce qui n’a pas imbibé les tissus a coulé sur les pavés, puis a en partie été lavé par la pluie fine qui a délavé le rouge sombre pour colorer le sol d’une douce teinte de rose. Les deux corps étendus devant lui ont les yeux ouverts sur un monde qu’ils ne peuvent plus voir. Le premier, face à la terre, les traits tendus par la surprise et la peine, pleure des larmes depuis longtemps séchées par le vent. Le second contemple les cieux de ses yeux fermés par des paupières de sang coagulé : les coups répétés du voleur ont enfoncé le nez profondément dans son crâne et fendu une de ses arcades sourcilières. Plus loin, le maître de maison gît, les bras croisés, et les yeux sans doute fermés par le serviteur qui l’a suivi jusqu’à la dernière étape de sa vie. La vision du jeune homme se brouille dans les larmes : un tel gâchis…une telle horreur pour rien. Les mots d’Efool Alen’tir lui reviennent dans les souvenirs confus de la veille : un frère soldat, les montagnes, il y a un mois… Vohl n’a pas pu être responsable de l’abandon de cet homme. Sans doute l’homme a-t-il reporté sa haine sur tous les déserteurs, et s’est renseigné sur son compte pour pouvoir soulager sa peine. La compassion étreint le cœur de Vohl en même temps qu’une inquiétude subite : avait-il mis quelqu’un au courant de sa balade nocturne et de l’objectif de celle-ci ? Il est trop tard pour s’en soucier, désormais. Trop tard aussi pour finir ce qu’il voulait entamer cette nuit.

Professionnel?



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(((HRP :
Tentative d'apprentissage "La différence d'un pas"
Tentative d'apprentissage "Coup de tête"
)))

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Dernière édition par ValdOmbre le Dim 25 Oct 2015 08:06, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mer 21 Oct 2015 17:47 
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(L’aube sera là d’ici une heure, je pense.)

Il n’est peut-être pas trop tard pour rendre la situation moins catastrophique qu’elle l’est en ce moment. D’un pas hésitant, se dirige vers l’instigateur de cette traque. Il fouille les poches du cadavre : il récupère une somme non négligeable de yus, et une clef finit par lui tomber entre les mains. Ceci fait, il tracte le mort jusqu’au port, lui transperce d’un geste vif le deuxième poumon, et le laisse tomber dans l’eau. Le fils Alen’tir s’enfonce sans faire d’histoire dans l’eau sombre, assez profondément pour disparaître aux yeux de Vohl. Le voleur initie le trajet du retour. Trainer l’homme lui a pris plus de temps qu’il ne le pensait : il n’aura pas le temps de tous les livrer aux poissons. Le choix est vite fait : une fois arrivé sur les lieux du triple homicide, Vohl récupère ce qui lui semble utile sur les cadavres des deux serviteurs. Il fouille sommairement les vêtements englués de sang de Kasly, et ne s’attarde guère plus sur l’autre individu : le temps est redevenu une denrée dont il ne veut pas gaspiller la moindre miette. Ceci fait, il arrache le marteau au long manche à la main raidie du macchabé inconnu.

(Pardonne moi, homme que je n’ai pas connu. Ta mort a été vaine. Je vais faire en sorte qu’elle ne devienne pas nuisible. Puisse ton âme trouver le repos ! Pardon !)

Retournant le corps de Kasly, le voleur se fait un devoir de rendre le corps de l’homme méconnaissable, arrachant ses vêtements et fracassant son visage à grand coups de marteau. A le voir à l’œuvre, on croirait voir un fou pris de fureur, abatant une masse sans relâche sur un corps inerte. La terrible besogne achevée, le voleur est en nage. Mais ainsi, il espère que l’on pourra croire à une bande armée attaquant un homme noble, peut-être en vue d’une demande de rançon, ce qui expliquerait la disparition du fils fou. Les muscles douloureux, le voleur s’éloigne de quelques rues avant de se débarrasser du marteau pesant : il lance le marteau dans un jardin, par-dessus un mur décrépit, des lézardes courant sur son revêtement un d’un orange maladif. Le voleur continue son chemin dans les rues, s’éloignant cette fois ci du port, d’un pas claudiquant, sous une pluie qui recommence à tomber sur les pavés.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Dim 15 Nov 2015 14:38 
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Le port était le théâtre d’une folle effervescence, les marins s’affairaient à porter et à décharger les caisses de vivres dans les différents navires. Des rumeurs de cris venaient du marché de poissons, quelques mouettes aventureuses s’essayaient à voler sur les étals, vite repoussées par les marchands.

Fardet ne savait par où commencer, les bateaux étaient alignés, certains arborant de riches dorures en or. Il essaya d’aller vers l’un qu’il estimait le plus beau. Un énorme bâtiment était amarré au bout du quai, revêtu d’un bois sombre. La proue laissait deviner une forme de femme aux cheveux en bataille. Quelques canons dépassaient du bord, seul moyen de défense en pleine mer. Fardet était subjugué par ce magnifique navire, qui semblait capable de braver tous les dangers que l’océan pouvait lui opposer.

Il se décida à l’approcher, une file de marins faisait transiter les caisses vers le pont du bateau. Un homme se démarquait, une perruque blanche et bouclée lui couvrait la tête, un monocle en or lui couvrait son œil droit. Il invectivait ses hommes d’aller plus vite, le temps étant de l’argent. Fardet s’approcha encore, et d’un ton humble salua le noble.

« Bien le bonjour Messire. Fardet pour vous servir. »

Il termina sa phrase en effectuant une rapide révérence, l’effet étant moindre sans ses vêtements.

L’homme lui lança un regard méprisant et d’un ton hautain lui rétorqua :

« Pour me servir ? Que ferais-je d’un lutin, sans force, ni vêtement… »

Il laissa planer un silence lourd de sens avant de reprendre :

« Maintenant hors de ma vue misérable, ou je te fais jeter à l’eau ! »

Voyant que Fardet, sous le choc, ne réagissait pas, le noble lui flanqua un violent coup de pied qui l’expédia sur plusieurs mètres. Le pauvre lutin virevolta pour finir son vol plané en percutant les fesses d’une femme portant une caisse. Il tomba misérablement au sol comme une poupée de chiffon. La femme lâcha sa caisse et se retourna vivement, la main prête à punir l’impudent. Elle semblait perdue, elle avait bien senti qu’on lui mettait une main au cul mais elle ne voyait personne… Elle haussa les épaules et se baissa pour récupérer sa boîte, c’est là qu’elle vit ce lutin, il se relevait doucement mais semblait groggy.

« Et bien ! Si même les timides lutins s’y mettent ! »

Elle éclata d’un rire cristallin, pendant ce temps Fardet avait repris ses esprits et essayait pudiquement de cacher de ses mains son slip.

« Tu dois avoir une bonne histoire à raconter pour être vêtu de la sorte en pleine ville ! Bon aller t’as une bonne bouille, j’passe l’éponge mais n’t’avises pas d’recommencer hein ? »

Fardet acquiesça timidement tandis que la femme recommençait à travailler, allant se décharger de son fardeau sur un petit navire peinturluré en rouge. Dépité, il décida de retourner voir ce brave vieil homme qui l’avait guidé ce matin. Peut-être connaîtrait-il un quelconque marchand pouvant le prendre à son bord. Plusieurs fois Fardet esquiva de peu les jambes des marins qui se dépêchaient d’accomplir leurs tâches respectives. Après quelques minutes il débarqua sur une place ronde, à droite se trouvaient les étals des poissonniers, il s’y dirigea avec empressement.

C’est à ce moment qu’il entendit une voix féminine surpasser les clameurs, elle parlait d’aventure, de liberté… Il essaya de s’en approcher pour mieux entendre, une femme se dressait fièrement. Elle était affublée d’un corset et d’un pantalon de cuir, déchiré par endroit. Une cascade de cheveux roux encadrait un visage aux traits fins, doté d’un petit nez aquilin et de yeux verts elle était resplendissante… Son discours était tout aussi alléchant, il était question de recrutement, de partir à l’aventure à travers les océans, de richesses aussi.

Fardet alla près d’elle et la héla :

« Gente Dame je vous salue ! Je serais honoré de me joindre à vous, Fardet pour vous servir. »

Elle regarda le lutin, son visage ne laissait rien transparaitre.

« Je… Hum… Je sais que ma taille peut sembler être un handicap, mais je suis rapide et agile. De plus j’ai une dette à honorer et je ferais tout ce qui est nécessaire ! »

Elle se baissa et exposa la paume de sa main, Fardet s’empressa de grimper dessus tandis qu’elle le ramenait à hauteur de visage.

« Ainsi donc, un lutin veut partir en mer ? N’êtes-vous pas de nature à préférer les forêts ? »

« Que nenni ! Nous ne sommes pas tous pareils, c’est comme les hommes, certains préfèrent la compagnie des montagnes, d’autres de l’océan. »

« Ahaha ! Au moins tu as de la répartie, tu vas peut-être plaire au vieux loup d’mer qui dirige la Grande Prostituée. En revanche pour les vêtements... Bon on trouvera bien quelque chose ! »

« La… Grande Prostituée ? »

« Oui c’est le nom du navire de recrutement, ne t’inquiètes pas nous n’allons pas faire de toi un jouet pour nobliaux en chaleur ! »

Elle éclata de nouveau d’un rire communicatif, Fardet ne put s’empêcher de rire à son tour, ses doutes aussitôt dissipés.

« Je m’appelle Larousse, tu devines pourquoi. Mon père, Petitrobert, était assez simple d’esprit ! »

Elle termina sa phrase en commençant à avancer en direction du bateau rouge que Fardet avait aperçu auparavant.

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Chaque lumière crée une ombre,

Chaque ombre dissimule un secret,

Chaque secret détient une vérité.

Brent Weeks


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mar 17 Nov 2015 16:19 
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Des deux navires proposés par Whrall, il semblait que le premier, le sampan, était la meilleure option à prendre. Il était certes plus lent, de factures plus modeste, mais il était plus discret et il n'y avait que quelques gardes à proximités. Tandis que le second, la jonque, semblait de facture exceptionnelle, renfermait très probablement des marchandises qui l'aideraient lors de son arrivée en Omyre, mais se trouvait juste en face de la tour de garde qui aurait bien été en mesure de sonner l'alerte dès qu'ils auraient commencé à voler le navire.

"Bon... dans tous les cas, il sera difficile de ne pas sonner l'alerte."

Il regarda bien autour de lui. Il aurait bien pu alarmer les gardes sur une autre partie du port, mais dans tous les cas, la tour serait présente et saurait discerner leur petit groupe en train de voler l'une des embarcations. Aussi, la discrétion ne suffirait pas. Il lui sembla clair, une fois pour toute, que le plus utile serait d'avoir la jonque qui leur permettrait de distancer suffisamment leurs assaillants. D'autant que de nuit, ils seraient difficiles à poursuivre.

"Il semblerait que nous n'ayons qu'une seule possibilité : les ralentir. Et cela devra passer par les empêcher de nous voir depuis la tour et amener les gardes restant à secourir leurs propres alliés. A mon signal, partez vers la jonque, détachez-la et commencer à lever les voiles."

Cela faisait un moment qu'Hivann prenait des intentions extrêmement risquées, mais c'était tout ce qu'il pouvait faire dans l'espoir de quitter Oranan sain et sauf. Et si avant il essayait encore de se donner une image respectable, il n'en avait plus rien à faire désormais. Si les oraniens voulaient le voir comme un monstre, alors il allait leur donner une raison de le croire.
Doucement, il s'écarta des caisses derrière lesquelles le petit groupe s'était dissimulé, puis il s'équipa de son encensoir. Il avait pensé à utiliser son Fusil, mais les munitions étaient bien trop précieuses pour qu'il puisse se permettre d'en gaspiller une pour si peu. A la place, il alluma l'encens et laissa son parfum l'enivrer. Concentrant ses fluides, il sentit leur sensation sableuse traverser ses veines, mais au lieu de préparer un sort à partir de ses pieds, il les fit circuler à travers sa broche élémentaire. Alors une sensation brûlante se mit à réchauffer tout son corps et plus particulièrement ses poumons. Entre ses mains, il souffla à répétition, jusqu'à se voir créer une orbe lumineuse et flamboyante, grossissant de plus en plus. Quand enfin, elle eut prit à peu près trois fois la taille de son poing, il se tourna vers ses alliés et leur chuchota le signal.

"Allez !"

Et alors que l'orc, le liykor et Thôko se dirigeaient vers la jonque, il balança avec violence sa boule de feu en direction du sommet de la tour de garde. Le toit n'explosa pas, mais fut soulevé partiellement par l'onde de choc alors que le souffle de feu jaillissait à travers toutes les fenêtres et meurtrières du bâtiment.
Intérieurement, Hivann remercia sa fille Sujima qui avait volé cette broche juste pour lui. C'était maintenant la deuxième fois qu'elle lui sauvait la vie. Il entendit les cris des gardes se rapprocher, de l'autre côté de la tour, alors qu'il entamait une course effrénée vers la jonque. Les représentants de l'ordre, trop absorbés par l'évènement, n'avaient vu aucun d'eux se diriger vers le navire. Aussi, la corde fut coupée rapidement, le pont d'embarcation relevé et chacun prit un poste nécessaire à la navigation, excepté Hivann qui resta à l'arrière, observant si on les avait repérés. Mais forcément, cela dût arriver. Au moment où Rawf fit tomber les voiles, les quatre gardes les plus proches dirigèrent leurs arcs vers eux. S'ils touchaient la voile, tout serait fichu.

"On se dépêche !"

Sur une ligne bien formée, il levèrent les armes bandées, laissant tout juste quelques secondes à Hivann pour déterminer quel sort serait le plus à même de les protéger des projectiles. Il pensa un instant à créer un mur de protection, ou même des pics de pierres pour empêcher les flèches de passer, mais cela n'arrêterait pas les combattants. Aussi, à la place, il comprit qu'il ne devait simplement pas leur permettre d'attaquer. Sans attendre la préparation de ses fluides, il lança un sort juste sous les archer, projetant ses fluides à distance non pas à travers ses pieds, mais cette fois-ci grâce à ses mains. Sous leurs pieds, de profondes crevasses s'ouvrirent pour les avaler littéralement avant de les recracher plus loin, à proximité encore de la tour de garde.

Cette fois-ci, ils étaient sonnés. D'autres gardes arrivaient maintenant de toute part, mais une bonne distance avait était laissée entre les quatuor et le port. Quelques flèches furent tirées, mais il était désormais difficile de les atteindre. Sur la dizaine tirées, seules trois atteignirent le pont ou la coque. Ainsi, leur fuite avait été plus facile que prévu.

"Voilà qui est fait." conclut simplement Hivann.

Il avança sur le pont, constatant la situation. Whrall était à la barre, certainement le seul capable de les mener vers leur but. Thôko était descendue dans les quartiers, alors que Rawf en remontait justement.

"C'est sécuritaire ici, rawf." eut-il confirmé.

Tout était bon. Après son exil, la mort de ses enfants et la fuite de sa propre condamnation à mort, Hivann allait enfin pouvoir commencer à vivre. Oh bien sûr, ce serait Omyre, et il lui faudrait un moment avant de réussir à se forger une réputation qui lui permette de vivre sans avoir peur des représailles. Mais lorsque cela serait fait, qu'il aurait trouvé enfin ses nouveaux alliés, il serait en sécurité là-bas. Il se sentait changé depuis le début de son exil, ou il avait encore essayé de faire les choses "comme il fallait". Mais il savait qu'il changerait de plus en plus, et que bientôt, si ce n'était ce qui restait de sa famille, il n'aurait plus aucune autre préoccupation que celle de se venger. La recherche du pouvoir ne suffisait plus désormais.
Il s'approcha lentement de Whrall et le remercia de l'avoir accompagné.

"Merci Whrall. Je ferai mon possible pour te montrer l'étendue de ma reconnaissance une fois en Omyre."

Il marqua une certaine pause, tourné vers son ancienne ville. Ses racines.

"C'est la fin. Je sens que c'est la fin de toute une vie, maintenant. J'ai l'impression de laisser tout mon passé derrière moi, avec les corps de mes enfants. La seule peur que j'ai, c'est qu'ils n'aient pas d'enterrements dignes de leurs noms."

Mais cette nostalgie laissa vite place à un visage plus dur et déterminé.

"Je vais tuer Iwa Ishwari. Et avec elle, je tuerai tous ceux qui ont osé s'en prendre à ma famille pour contrer mon ambition. Oh non ce n'est pas terminé. Ce sera terrible."


---------------------------
Utilisation de sort évolutif de combat, par le biais de la broche élémentaire :

Boule de feu : Ce sortilège permet à son utilisateur de créer une boule de feu avec les mains et de la projeter sur une cible. Plus le niveau du sort est élevé, plus la boule se fait grande et puissante. mag+1/lvl.

puis

Rejet du sol :
Le sol s'ouvre, et emporte [lvl/4] ennemis avant de les recracher. Ils sont sonnés. (mag+1/lvl, maîtrises et esquives-0,5/lvl pour les cibles durant le tour suivant. Si l'action de la cible devait avoir lieu après ce sort dans le tour, cette action est annulée)

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 14 Déc 2015 17:45 
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Précédent : Vers le port

Ses pas l'amenaient vers les quais, où toutes sortes de personnages y étaient en scène. De nombreux Oraniens transportaient des sacs de céréales d'un bateau à un autre, tandis qu'un autre surveillait sur son papier que tout était en ordre. Certains vendaient leurs poissons, péchés lors de la précédente sortie en mer, en criant à qui voulait entendre qu'ils étaient de la dernière fraîcheur. Des capitaines de bateaux se trouvaient à une table à l'extérieur d'une auberge, narrant leurs voyages, de la pêche du poisson au récit de guerre. Une atmosphère de respect du travail et de l'autre régnait dans ce quartier, creusant encore plus le fossé entre cette cité et Omyre.
Comme il y était indiqué sur son papier, Hild se dirigea vers l'entrée d'une des immenses tours gardant fièrement l'entrée d'Oranan. Elle frappa la porte en bois de trois coups secs. Le judas s'ouvrit, d'où elle put y apercevoir deux yeux d'un noir profond.

"Votre grade et votre nom ?"

(Est-ce donc si important ?)

"Apprentie Hild."


Le judas se ferma et la porte s'ouvrit. Hild passa le pas de la porte et trouva quatre miliciens, à l'affût du moindre ordre à exécuter, tels des chiens bien dressés, soumission volontaire qui paraissait dérisoire pour la jeune femme. Elle se tourna vers l'homme qui lui ouvrit, tandis qu'il refermait la porte épaisse.

"L'instructeur Idaï Chi Yukan m'a chargé d'enquêter sur la disparition du guérisseur Hikar. Quels sont les hommes qui l'ont signalés ?"


"J'en faisais parti, ainsi que Min."

Il désigna du doigt son compatriote adossé au mur. Ces deux jeunes hommes étaient tous deux de pales copies de l'instructeur, en moins musclés et expérimentés.

"Alors comme ça, tu es la dernière trouvaille de l'instructeur Idaï Chi Yukan ?"

"Ah bon ? C'est elle, Araï ?"

Le binôme du milicien se rapprocha d'eux d'un pas rapide, afin d'observer la jeune créature.

"Elle est bien plus frêle qu'il ne l'avait décrite. Et bien plus marquée... La Milice d'Oranan perd vraiment de son prestige à engager des gens comme ça..."

Son regard trahissait sa déception et son dégout mais Hild n'en avait que faire du jugement de ces deux bellâtres.

"Comment avez vous constaté sa disparition ?"


Les deux hommes se regardèrent puis firent de nouveau face à la nouvelle recrue.

"Cela fait déjà une semaine qu'il est parti faire sa "cueillette", terme qu'il employait pour parler de sa récolte de plantes et autres verdures pour ses différents soins et ongants."

"Ca va faire trois semaines qu'on est de patrouille ici alors on commence à connaître les habitudes des gens..."


"Ca lui prend normalement 3 jours et deux nuits. Parfois plus, parfois moins. Mais après une semaine, son absence commence à se faire ressentir sur le port."

"De plus en plus de pêcheurs se blessent et travaillent moins vite. Mais aucun n'est venu nous prévenir, trop occuper à rattraper le temps perdu."

"Alors nous avons déclaré sa disparition nous mêmes. Nous sommes inquiets de son sort. Si tu cherches sa maison, c'est celle couverte de lierre, tu ne peux pas la rater. "

"Tu es sûr que c'est à toi qu'il a donné cette mission ?"

Hild releva la tête et transperça du regard les deux impolis. (Impudents...)

"Idaï Chi Yukan a jugé que vous n'aviez pas le temps de vous occuper de cette mission et que ce n'était pas votre boulot. Je ne sais pas si c'est pour votre paresse ou votre incompétence que votre seul travail est d'attendre d'aller en promenade, tels des chiens enfermés."

Elle tourna les talons, ouvrit la porte et se rendit chez le guérisseur.

Suivant : La maison du guérisseur

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 14 Déc 2015 19:55 
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Précédent : Sortie en mer improvisée

La nuit laissa place à l'aube et les deux rescapés arrivèrent au port. Hild tentait d'amarrer le petit bateau comme elle le pouvait. Au pont adjacent se trouvaient trois pêcheurs sur leur embarcation, en train de préparer des filets de pêche. Le plus jeune, intrigué, suivait l'embarcation des yeux ayant vraisemblablement du mal à accoster. Cependant, un visage familier se trouvait dans le bateau en question.

« Hikar ! Hikar est là ! »


Les deux autres loups de mers levèrent la tête de leur ouvrage regardant dans la direction qu'indiquait le jeune homme du bras.

« Mais oui ! C'est lui ! »


« Allons l'aider ! »

Les trois marins quittèrent rapidement leur bateau et se trouvèrent immédiatement sur l'autre quai pour aider Hild à amarrer le canot.
Le plus robuste alla directement dans la barque afin d'en sortir Hikar et fut rapidement aidé par le plus vieux.

« Hikar ? Tout va bien ? »

« On t’amène chez toi de suite. »

« Wakai, prends ses affaires, dépêche toi ! »

Sans faire attention à Hild, Wakaï prit les deux mallettes sur chacun de ses bras, le sac en toile autour du cou et rejoignit ses ainés.
La jeune femme subit cette intervention comme une tornade. Elle sortit du bateau et se tint debout sur le quai, cherchant à capter le regard du guérisseur. Alors que les trois hommes s'éloignaient de plus en plus avec Hikar, celui-ci regardait Hild avec un sourire, comme pour lui dire merci. Il était maintenant en sécurité. Alors elle se mit en route pour la milice.

Suivant : Premier rapport à la milice

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Sam 27 Aoû 2016 22:07 
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Le lever de soleil se reflétait sur le vagues. Aulien observait l'eau en griffonnant le croquis d'un petit poisson bleuté dans son carnet. Autour de lui le port s'agitait sans l'importuner. Il était tôt dans la mâtinée et les embarcations se vidaient de leurs marchandises et de leurs hommes dans un brouhaha constant. Peu importait l'Oudio qui semblait aspiré dans son étude de la faune aquatique d'Oranan. Les pêcheurs saluaient les marchands qui concluaient avec les premiers clients, eux-mêmes bavassant entre eux des nouvelles du jour. L'odeur de la fretaille fraiche et des céréales fraichement importées titillaient les narines d'Aulien, qui commençait à penser au fumet alléchant d'une bonne friture. Il songea à trouver une auberge peu chère. La plus connue était l'Auberge des Hommes Libres. Il songea au prix moyen d'un petit-déjeuner dans une taverne et renonça, l'estomac grommelant de désaccord. Aulien tentait de se remémorer les goûts des mets les plus luxueux qu'il avait pu déguster tout au long de ces cent-trente années quand soudain un bruit retentit, se démarquant du brouhaha guilleret. Il se retourna et aperçut un pêcheur à terre, allongé dans du poisson, une caisse fracassée à ses côtés, visiblement dans les vapes.

"Par Gaïa! Appelez un guérisseur !" hurlait une voix grave dans la foule. Mais cette joyeuse agitation ne semblait point se préoccuper du marin échoué.

"Ne vous en faites pas, je suis guérisseur." dit Aulien en haussant le ton au milieu des passants.

Il se rapprocha du pauvre marin et l'examina. L'homme avait clairement besoin de soins, il avait certainement fait un arrêt cardiaque dû à l'effort répété. Aulien n'était de toute évidence pas compétent pour ce genre d'intervention, mais après près de trente ans d'escales dans cette ville, il commençait à en connaître les lieux importants.

"Ne vous en faites pas, mon brave. Je connais quelqu'un qui saura s'occuper de vous" susurra-t-il à sa propre intention.

Il souleva le gaillard et emprunta la rue principale. Quelque chose lui disait que le Guérisseur pourrait certainement l'aider.

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Aulien Delterion, Guérisseur


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mer 12 Oct 2016 08:18 
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Localisation: En direction d'Hynim
Marthalion parvint finalement aux quais. Le soleil avait été complètement avalé par l'océan, à présent, et le port était seulement éclairé par les lanternes des soldats qui montaient la garde. Le semi-elfe était seul, et il ignorait complètement l'endroit où il devait aller. On lui avait juste indiqué le port. Réajustant sa rapière de façon à pouvoir la tirer rapidement en cas de besoin, il entreprit de se promener le long des docks. La plupart des bateaux étaient de gros bâtiments de commerce que l'on chargeaient d'énormes caisses remplies de céréales de tout les horizons. Deux petits navires rapides, qui semblaient être des vaisseaux de guerre, étaient arrimés à l'entrée du port, alertes à un quelconque danger qui viendrait du large.

Alors qu'il contemplait la jetée, il entendit une voix familière l'interpeller :

'' Je vois que tu ne t'es pas dégonflé. Parfait, tu as réussi le premier test ! ''

Marthalion se retourna pour découvrir l'homme aux yeux d'or qui avait fait partir les miliciens. Il avait retiré son uniforme de soldat pour revêtir une longue robe pourpre, et s'appuyait sur un bâton fin au sommet duquel flottait une sphère de lumière. A présent, le semi-elfe distinguait mieux les traits de son visage : barbe de bronze et cheveux gris, un grand sourire dessiné sur les lèvres. Le front ridé par les âges, l'aïeul évaluait du regard la stature de son interlocuteur.

'' C'est vous, le papier ? ''
demanda Marthalion.

'' Plus tard, plus tard. Nous attendons encore quelqu'un. '' répondit-il avec un rictus énigmatique.

Le semi-elfe fronça les sourcils. Ce personnage était aussi mystérieux que la missive qui l'avait invité à se rendre au port. Le duo attendit dans le silence, une, deux, dix, vingt minutes. Avec le temps, Marthalion commença à se demander s'il ne ferait pas mieux de partir dès à présent. L'homme qui était à son côté ne lui inspirait pas confiance, et il pouvait très bien lui tendre un piège. Si le semi-elfe était venu ici, c'était justement parce qu'il était désespéré. Mais qu'est-ce que le désespoir face à la mort ?

Plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas tout de suite qu'ils avaient été rejoints par une troisième silhouette.

A la lueur du bâton, la dénommée Madsagnir semblait encore plus colossale qu'à l'auberge.

" Salut, vieux con. Tu m'as déjà fait marcher depuis les montagnes, c'était si difficile de fixer la rencontre dans une belle auberge bien confortable ? Et c'est quoi ce brin de paille, à côté de toi ? "

Marthalion mit un certain moment à se rendre compte qu'elle le désignait par le terme brin de paille. Il lui lança un regard sombre, mais elle ne le remarqua pas. Le vieil homme eut un rire sonore, puis il dit :

" Tu es toujours aussi arrogante, Madsagnir. Moi qui pensait qu'un long voyage à pied te changerait les idées... Et pourtant, je me trompe rarement. "

" Tu découvriras vite que je suis tenace, le vioc. Alors, pourquoi tu nous as fait v'nir là ? "

Le sourire de l'intéressé disparut soudainement, comme s'il venait de se rappeler qu'ils n'étaient pas là pour discuter.

" Venez, vous deux. "

Il partit vers l'un des quais, suivis par Madsagnir et Marthalion. Ce dernier cherchait des réponses, à présent. Qui, pourquoi, depuis quand, dans quel but ? Toutes ces interrogations restaient plantées là, dans son crâne, sans pouvoir disparaître faute d'explications plausibles.

Le vieillard les fit monter sur l'un des énormes bateaux de commerce qui peuplaient le port d'Oranan. Sur le pont, personne excepté les quelques rats que l'on entendait gratter les caisses de blé. Ils descendirent dans la cale, déserte elle aussi, et s'arrêtèrent devant une porte. Le vieillard leur fit signe d'être silencieux, puis, s'agenouillant, il commença à murmurer à la serrure des mots incompréhensibles. La poignée tourna doucement, doucement... et la porte s'ouvrit.

C'était une simple petite pièce qui devait faire partie des quartiers du capitaine du navire. Une simple table et un trône de bois. Sur le bureau était posé une énorme paire de gants métalliques, ainsi qu'une missive cachetée. Alors que Marthalion était resté sur le pas de la porte, il fut poussé par Madsagnir et tomba à terre à cause de la puissance du choc. Elle ne s'excusa même pas : elle venait de prendre la pièce d'armure et la contemplait avec des iris émerveillés. Le vieillard sourit à nouveau. Il allait dire quelque chose, mais la femme lui coupa la parole :

" J'accepte. Vous avez su faire ce que je vous ai demandé, et je saurais faire ce que vous me demanderez. "

Puis elle sortit sans demander son reste. Bouche bée, le semi-elfe resta sur le sol.

" Arrête de te poser tant de questions. " dit le vieil homme, comme s'il lisait dans les pensées de Marthalion. " Viens plutôt lire ça. "

Il se releva tant bien que mal et vint se placer devant le bureau. La boule éclatante qui flottait au-dessus du sceptre éclairait la pièce avec une force déconcertante : Marthalion plissait les yeux.

Curieux, il prit la lettre et entreprit de la lire.

A Saer'gas Marthalion Yuwan,

Nous t'observons depuis ton départ de Cuilnen, et tu nous as pour le moins intrigué. Non seulement tu n'as pas l'air d'être un mauvais combattant, mais tu possèdes également nombre de qualités qui nous intéressent. Tu n'as pas besoin de savoir qui nous sommes, ni ce que nous te voulons, car tu l'apprendras bien assez tôt.

Nous résidons à Kendra Kâr, et nous possédons de nombreuses informations sur des sujets qui semblent évoquer ta curiosité. Nous voulons bien sûr parler de la famille Yuwan. Savais-tu qu'elle avait une branche noble qui résidait dans la capitale de Nirtim ? Non ? Hé bien maintenant, c'est chose faite. Si tu veux avoir accès à ces sources, nous te recommandons de te rendre au sud du lac de Hynim, au nord de Kendra Kâr, pour nous rencontrer. C'est là que nous pourrons nous entretenir à propos de ces choses qui te passionnent tant.

Madsagnir, que nous surveillons depuis un certain temps également, a reçu les mêmes instructions que toi. Vous pouvez faire route commune, si le coeur vous en dit.

En espérant te voir sur les rives d'Hynim,

La lettre s'arrêtait ici. Pas de signature. Et plus de questions, à présent. Un seul mot résonnait dans sa tête : Yuwan. Yuwan. Yuwan. Une branche noble. Il se tourna vers le vieillard, qui lui affichait encore une fois son sourire énigmatique. Mais Marthalion n'était pas de cet avis. Il dégaina sa rapière, et piqua de la pointe de l'arme la gorge de l'homme.

" Qu'est ce que c'est que ça ? Qui-êtes vous ? "

L'aïeul lui procura pour tout réponse un simple clin d'oeil. Puis il cria un mot, et son sceptre illumina la pièce avec la force de dix soleils. Ebloui, Marthalion se couvrit les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, le doyen avait disparu. Il soupira et remonta sur le pont. Il y trouva Madsagnir, qui essayait ses nouvelles armes en pulvérisant les caisses sur le pont. Un rat tenta de s'échapper : mais elle l'attrapa à même le sol, et, pressant avec le pouce, elle brisa la colonne vertébrale de l'animal. Elle lâcha le cadavre répugnant et regarda Marthalion.

" Alors comme ça, tu viens avec moi ? J'espère que tu s'ras pas un fardeau. Enfin, s'il t'ont recommandé également, c'est q'tu dois pas être si fragile ! "

Marthalion acquiesça en silence.

" Très bien, dans c'cas, demain matin aux portes de la ville ! Essaie de pas trop tarder, je partirais quand le soleil sera à mi-chemin entre le lever et le midi ! "

Elle fendit un dernier caisson à la seule force de ses bras, puis descendit du bateau afin de retourner en ville.

Marthalion s'assit sur le pont, croisa les jambes et plongea son regard dans les étoiles.

Pour la première fois depuis la mort de Jëannar, il avait un but.

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Ven 6 Jan 2017 18:42 
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Localisation: En mer au large d'Oranan
Prologue : Une vie de pêcheur

Texte n°1 : Le vieil elfe et la mer


L'aube était encore loin lorsque Tsuru rejoignit son père sur les quais du port d'Oranan. À cette heure on ne trouvait encore aucun docker, colporteur ou marchand et les seules silhouettes visibles dans la pénombre étaient celles des pêcheurs qui s’apprêtaient à prendre la mer et des soldats qui montaient la garde. Les embarcations de pêche étaient toutes rassemblées dans le coin le plus miteux du port, en aucun cas cette activité marginale ne devait porter préjudice au commerce qui faisait la fortune de la République D'Ynorie. Kawara se tenait assis sur une vieille barrique de sel étalant sur un tréteau branlant l'un de ses précieux filets qu'il devait ramender. Voyant son fils approcher, il lui sourit et lui adressa un salut.

« Ah te voilà Tsuru ! Va donc me chercher les aiguilles et les moules il faut qu'on répare ce filet avant de prendre la mer sinon on n'attrapera pas grand-chose. »

Pendant que son père commençait l'avivage de la déchirure, Tsuru se dirigea vers leur petite embarcation, sous le mât se trouvait une caisse de bois sombre contenant tout le matériel nécessaire à l'entretien des filets. Se saisissant d'une bobine de fil épais, des grosses aiguilles en bois et des moules permettant de gérer la taille des mailles, il demanda à son père :

« Que c'est-il passé ? Vous avez dû couper le filet pour récupérer une belle prise ? »

« Ha Ha si seulement ! Non c'est ton oncle qui a raclé un récif hier, il n'a pas remonté le filet assez vite et il s'est coincé dans les rochers. Et c'est comme ça qu'on se retrouve avec presque un mètre de filet à ramender. »

En silence, le jeune Tsuru observa son père réaliser un premier nœud d'écoute simple à partir duquel il enchaîna une succession de mailles franches avec une dextérité que beaucoup d'autres pêcheurs lui enviaient. Comme lui, son père n'était pas bien grand et sous sa peau cuivré, tannée par les embruns, saillaient des muscles secs. Kawara était un homme simple et jovial aussi Tsuru ne fût pas surpris quand ce dernier interpella, avec un grand sourire, un vieil elfe qui passait parmi les pêcheurs.

« Hey si c'est pas ce bon vieux Imlas Lëfindthir ! Alors tu t'es enfin décidé à te rendre utile Imlas, tu veux t'embarquer avec nous ? »

Imlas posa un regard malicieux sur le vieux Kawara et son fils. Cela faisait maintenant plusieurs siècles que le vieil Hinïon apportait le réconfort de Rana aux pêcheurs. Avec le temps il avait adopté les coutumes vestimentaires Ynorienne et son grand kimono de soie blanche était d'une rare élégance. Missionnaire au service de la déesse, Imlas s'était prit d'amitié pour la communauté de pêcheurs d'Oranan et avait, comme il aimait le dire avec amusement, 'temporairement mis de côté sa vie de nomade'.

« Ah hélas mon ami je ne suis malheureusement pas assez habile de mes dix doigts pour cela. Et puis je dois bien avouer que je ne me suis pas encore remis de la nausée que m'a causée ma dernière tentative de me rendre utile comme tu le dis si bien. »

« Tentative qui a eu lieu à l'époque du père de mon père tout de même ! »

Imlas avait en effet connu le grand-père de Kawara et même ses arrière-arrière grand-pères à vrai dire et il avait depuis vu naître Kawara qui considérait l'Hinïon comme un oncle et se permettait avec lui une familiarité peu commune. Les boutades et l'ironie dont faisait preuve l'Ynorien à son égard amusait beaucoup Imlas et au fil des ans s'était développée entre eux une profonde amitié. C'est donc avec un large sourire illuminant son visage d'une beauté mystique qu'Imlas répondit :

« Que veux tu Kawara, je suis de constitution fragile même parmi mes frères elfes...Et puis avoue que tu serais bien embêté de m'avoir à bord de ton navire, je suis bien plus utile à quai à prier Rana de favoriser votre navigation. »

« Ah c'est sûr qu'avec ta langue bien pendue tu ferais fuir les poissons et tu me donnerais bien vite mal au crâne vieil elfe ! Ce serait gâcher tes talents d'orateurs. »

À ces mots le visage d'Imlas redevint sérieux et se tournant vers Tsuru il demanda :

« En parlant de gâcher ses talents, Tsuru tu n'es toujours pas décidé à satisfaire ton père ou tout du moins à écouter mes conseils ? Que fais tu encore au port ? Tu pourrais faire tellement plus que simple pêcheur… »

« Ah ça, c'est pas faute de le lui répéter ! »

À son nom, Tsuru s'inclina devant Imlas avec un profond respect.

« Messire Imlas vous le savez pourtant, j'ai une dette à honorer envers mon père. Et la vie de pêcheur me plaît, elle peut paraître simple et sans attrait mais seulement à ceux qui n'ont jamais navigué. Le travail est certes dur mais la beauté de l'océan est sans pareil. J'aime ces moments où je me tiens à l'avant de la barque et que je sens le souffle de Rana sur ma peau, je ne connais rien de plus apaisant. »

« Ah Ah bien dit jeune homme, sais-tu que tu ferais un missionnaire de grande qualité pour Rana ! »

« Je suis bien loin d'en être digne messire Imlas. »

« Je n'en suis pas si sûr Tsuru… Mais laissons là cette conversion, il semble que nous ne sommes pas prêt de te faire changer d'avis. Viens, laissons donc ton père finir ses réparations et allons prier Rana ensemble pour qu'elle favorise votre sortie en mer. »

« Avec grand plaisir, messire Imlas. »

« C'est pas trop tôt, parce qu'avec des filets troués même les plus puissantes bénédictions de Rana ne nous permettront pas d'attraper grand-chose. »

Lançant un regard de réprobation vers son père en entendant ce qui ressemblait fort à un blasphème, Tsuru rejoignit le vieil elfe qui s'était agenouillé au bout de la jetée face au vent. Il se tint en silence aux côtés d'Imlas et ferma les yeux quelques minutes laissant la légère brise nocturne lui vider l'esprit.

(Rana déesse du vent et de la sagesse entends ma prière. Je t'implore de gonfler notre voile de ton souffle bienfaisant et permet nous de remplir nos filets des créations divines qui peuplent l'océan. Sache que conformément à tes enseignements je respecte toutes les formes de vie et que je ne sollicite que l'autorisation de prélever un tribut qui nous permettra d'assurer notre subsistance.)

Sa courte prière finie Tsuru sentit une douce chaleur bienfaisante l'envahir comme à chaque fois qu'il s'adressait à ses dieux. Apaisé, il s’apprêtait à rouvrir les yeux et se redresser quand il fût prit d'une impulsion subite, s'inclinant plus encore et posant son front sur les pavés humides du quai il entama une seconde prière, à l'intention de Zewen cette fois ci.

(Zewen grand écrivain du destin, je te respecte et je t’honore. Puisses tu retenir ta plume d'écrire un chapitre funeste pour mon père et poser ton regard protecteur sur notre embarcation lorsque nous serons en mer.)

Sa pensée à peine dissipée dans son esprit, une violente bourrasque projeta des embruns glacés sur le jeune homme et son compagnon de prière. Imlas se redressa vivement se tournant vers le jeune Ynorien. Malgré la pénombre Tsuru vit furtivement briller une sombre note d’inquiétude voir de panique dans le regard de l'elfe, mais l'impression fût si éphémère qu'il se demanda même si il ne se l'était pas imaginé, d'autant que c'est avec son sourire habituel qu'Imlas s'adressa à lui :

« Bien allons rejoindre ton père, une dure matinée de labeur vous attend. »

Kawara l'attendait déjà à bord de son navire qui était modeste tenant plus de la barque à peine assez grand pour permettre à trois ou quatre personnes de se tenir à son bord. En son centre s'élevait un court mât de lendora portant une voile triangulaire de coton grossier mainte fois rapiécée. Tsuru monta à bord en récupérant les amarres au passage et d'une poussée du pied sur le quai lança l'esquif vers l'entrée du port. Alors qu'ils s'éloignaient Tsuru remarqua que le vieil Imlas restait immobile sur le quai le fixant intensément de ses yeux gris clair.


La suite : Entre ciel ...

(((1382 mots)))

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Sam 6 Jan 2018 16:46 
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    Nous sommes agglutinées les unes à côté des autres dans un petit espace clos. Nous sommes constamment plongées dans la pénombre sauf lorsque l’un des ravisseurs ouvre la porte laissant filtrer un soupçon de luminosité. Nous avons droit à un morceau de pain et une bouillie immonde par jour, malheureusement, je ne peux rien avaler ayant le mal de mer. Je suis plus souvent assoupie, essayant de ne pas vomir sous la cadence du navire que de manger le peu que l'on nous apporte. Toutefois, j’ai pu faire connaissance avec quelques prisonnières, toutes plus ou moins de mon âge, toutes enlevées pour être vendues mais aucune n’a d’informations sur notre itinéraire.

    Entre mon mal de cœur et les journées qui passent sans savoir s’il fait jour, ou nuit, ni depuis combien de temps nous naviguons, je réalise peu à peu que je ne verrai sans-doute plus jamais les miens. La tristesse me montent aux yeux mais je me retiens de fondre en larmes car cela signifierait de baisser les bras bien trop vite ! Le voyage est difficile pour chacune d’entre nous, certaines tombent malades et pour ne pas rependre l’épidémie, nos geôliers préfèrent les tuer pour ensuite les jeter par-dessus-bord.

    Le temps passe, il est interminablement long et mes hauts le cœur se calment certains jours pour revenir de plus belle le lendemain. Je déteste être en mer, je ne reprendrai plus jamais un bateau… Mais faut-il pour cela que l'occasion s'offre à moi. Ma vie semble toute tracée, sans aucune issue de secours pour retrouver ma liberté.

    La porte s’ouvre en grand, mais aucune lumière ne vient éclairer la cave, il doit faire nuit. Le mercenaire attrape le bras d’une fille, la plus proche de lui, pour la lever avant de donner l’ordre à toutes de le suivre. Au départ, nous étions une petite trentaine et maintenant nous sommes à peine une quinzaine à avoir survécu au voyage. Il m’a traversé l’esprit de prier la Déesse Gaïa pour qu’elle me libère de ce malheur afin de rejoindre les cieux, mais je n’ai pas pu m’y résoudre, la honte m’aurait assaillit et perturbé mon repos éternel.

    Nous traversons la passerelle pour rejoindre un chariot et nous entasser une nouvelle fois les unes aux autres. J’observe la lune, elle est pleine, grosse et rousse. Elle est magnifique. Plusieurs semaines se sont écoulées, car cela aurait dû être ma nuit de noces. Je valdingue et je me rattrape pour ne pas me cogner contre le bois, les chevaux nous trainent sur les rues pavées d’une ville. J’observe les bâtisses, peut-être que je trouverai un indice qui m’indiquerait le nom du lieu et c’est à la sortie des remparts que je vois le nom « Oranan » gravé sur un écriteau. Ma peau devient cadavérique, blanche comme un linge, je me trouve sur le continent Nirtim. Instinctivement, je serre la main d’une comparse qui me regarde avec le même désarroi et tristesse d’être si loin des nôtres.


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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 18 Juin 2018 00:22 
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Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre I.2 : La Mouette


Akihiko mit un pied sur le port d'Oranan, sortant de la barque qui l'avait amené là. Il se retourna, son sac sur l'épaule, et déposa dans la main du vieil homme la somme convenue pour l'amener ici, en rajoutant un yus « Pour la rapidité. Passez une bonne journée ! ». Le batelier le remercia d'un mouvement de tête en lui rendant son sourire, puis s'éloigna sur le canal.

(Bon, il est temps de trouver un bateau maintenant.)

Il range ensuite la rune dont il ignorait toujours l'identité, faute d'avoir réussit son identification, dans sa poche. Le jeune homme n'était que rarement allé sur le port d'Oranan, n'y ayant que rarement à faire. Il en connaissait pourtant la structure globale, avec les pontons où mouillaient tous les bateaux alignés dans la baie. Des échoppes, des tavernes et autres maisons de passe bordaient le front de mer pour fournir rapidement tout ce qu'un marin de passage avait besoin rapidement le temps d'une nuit. Une des filles des maisons précédemment citées lui souffla un baiser en le voyant débarquer, ce qui surpris le jeune homme qui s'éloigna rapidement, un peu mal-à-l'aise.

(Je sais que les femmes ne sont pas ton fort, mais il faut pas exagérer !)

(Ouais, ouais, je sais. Mais bon c'est pas comme si j'avais de l'expérience dans ce genre de choses.) protesta Akihiko.

(Au moins, tu ne seras pas comme Odan.)

(Odan ?)

(Un ancien de mes maîtres. Un vrai homme à femmes. Prévenant et gentil avec elles, mais il n'arrivait pas à s'empêcher de séduire tout ce qui bougeait. Ca a d'ailleurs entraîner sa perte quand il a mis dans son lit la femme d'un homme peu fréquentable. Qu'importe sa maîtrise parfaite de la Kizoku, seul contre vingt tueurs dans une ruelle, il n'a pas pu s'en sortir.)

(Ca donne envie tiens.) remarqua de manière sarcastique le jeune homme.

Un petit rire discret lui répondit.
(J'ai essayé de le guider du mieux que j'ai pu, mais il était têtu comme c'était pas permis. Essaye de ne pas finir comme lui !)

Akihiko passa la fin de la matinée et le début de l'après-midi à arpenter les quais, ne recherche d'un bateau en direction de Shory. Malheureusement, ses recherches s'étaient pour l'instant avérées vaines. Les navires qu'il visita étaient de toutes sortes, des grands, des petits, des galères, des galions, il y avait de tout. Mais soit ils n'allaient pas à Shory, soit ils ne partaient pas avant plusieurs jours. Certains bateaux marchands appartenant à de grosses compagnies marchandes refusèrent tout simplement de considérer la possibilité de prendre un passager avec eux.

Un navire accepta cependant de le prendre, mais proposait un tarif tellement exorbitant, presque mille yus, qu'il refusa net en entendant le prix. Un capitaine Ynorien regretta lui de ne pas pouvoir l'emmener, ayant prévu de mettre les voiles vers le continent insulaire de Naora, mais décida néanmoins de lui fournir quelques informations. L'homme au teint cuivré et aux courts cheveux noirs clairsemés de sel l'invita à monter sur le pont pour avoir un meilleur aperçu du port.

Accoudés au bastingage, le capitaine ynorien à la quarantaine bien entamée semblait connaitre les capitaines de chacun des navires présents dans la baie. Lesquels éviter, lesquels faisant souvent le trajet Oranan-Shory, ceux de confiance…

« Pas de chance pour vous, estimé porteur de la Kizoku, mais ceux qui auraient été les plus susceptibles de vous emmener ne sont pas là en ce moment. M'est avis qu'il serait plus intéressant d'aller d'abord à Kendra Kar, puis de trouver un bateau pour Shory.

- Ca me semble la meilleure solution apparemment… Tiens, ce bateau, vous le connaissez ? demanda l'enchanteur en pointant un énorme bateau marchand entrant dans la baie.

- Lui ? Le bateau du ptit Sam. Gentil, mais inexpérimenté. Il a une chance insensée pour traverser les tempêtes et être encore en vie, mais m'est avis que ca durera pas longtemps. Il va souvent jusqu'à Shory, mais je ne saurais trop vous conseiller de nepas le choisir.

- Mmmh, à éviter donc. Et celui-ci ? dit Akihiko en pointant un bateau plus modeste qui entrait lui aussi.

- Mmmmh… Je ne suis pas sûr de le connaitre celui là tiens. Il me rappelle le navire d'un capitaine qui avait sa petite renommée quand je suis arrivé dans le milieu en tant que mousse, un certain Dario Gloy. Un capitaine à moitié pirate avec une sacrée paire dans le pantalon, mais il a disparu il y a un paquet de temps, se faisant peu à peu oublier. Je me demande si c'est bien son bateau…

- Il ne me reste pas beaucoup d'autres choix pour un voyage direct jusqu'à Shory donc je vais aller voir, ça ne coûte rien d'essayer. Merci de vos conseils capitaine.

- Content d'avoir pu vous être utile ! Bon vent jeune homme, faites honneur à vos prédécesseurs ! ajouta le marin en lui serrant la main.

- Comptez là-dessus. »

L'enchanteur descendit du pont et se dirigea vers la partie la plus à gauche des quais, là où le fameux bateau semblait aller accoster. Il sentit cependant qu'on avait l'air de le suivre, bien qu'il n'en avait pas la preuve.

(Amy, tu peux te miniaturiser et regarder derrière moi ? J'ai la curieuse sensation d'être suivi.)

(Ok je regarde ça.) dit elle en se matérialisant derrière le manche de la Kizoku accrochée dans le dos de Akihiko. Elle partagea sa vue avec lui et Akihiko se mit à jongler avec les deux vues qu'il avait à disposition pour ne pas rentrer dans quelqu'un en se focalisant sur la vue d'Amy.

(Je ne vois personne de suspect… ah si attend celui en vert sombre avec les cheveux châtains…

Ah non il vient de tourner. Mmmh…)


Personne ne semblait suivre l'enchanteur, pourtant Akihiko n'arrivait pas à se défaire de ce sentiment. (Je me fais des idées.) pensa-t-il, mais ce genre de sensation ne lui arrivait presque jamais.

(Attend Akihiko, il y a un type qui a l'air louche… Tu le vois avec son manteau noir ? Il a une petite barbichette et de ses yeux à l'air un peu tombant.)

(Oui je le vois… Attendons de voir.)

Le jeune homme changea de direction et pris une petite rue annexe au port, toujours dans la direction du fameux ponton ouest. L'homme à la capuche ne le suivi pas, mais finit par réapparaitre derrière lui, à quelques mètres, lorsque Akihiko retourna sur les quais. Il continua jusqu'à arriver au ponton qu'il cherchait mais l'homme continua son chemin, s'enfonçant dans les rues de la ville. Akihiko s'arrêta plusieurs minutes devant une devanture pour observer si l'homme à la capuche réapparaitrait mais il n'en fut rien.

(Au final, ce n'était qu'un passant comme les autres…)

(Oui, je dois me tromper tout simplement.)

L'homme surgit tout à coup de la ruelle dont il venait, faisant sursauter le jeune homme qui mit la main sur la garde de son arme, prêt à dégainer. Mais il ne fit tout simplement pas intention à Akihiko car bien trop occupé à lorgner sur le décolleté de la plantureuse fille de joie qu'il avait à son bras, un sourire aux lèvres.

(Bordel de… !)

Akihiko soupira et mis de côté son sentiment d'être observé. Il n'avait pas beaucoup dormi avec l'excitation du départ la nuit dernière, c'était peut-être de la fatigue.

(Peut être…)

Quoi qu'il en fut, Akihiko se remit en marche vers le bateau qu'il pouvait maintenant voir distinctement. Plusieurs personnes s'affairaient sur le pont d'un navire pourvu de nombreuses voiles. Le bateau devait faire une trentaine de mètres environ.

Akihiko remarqua rapidement que sur le bateau, aucune silhouette ne semblait ressembler à une autre. Il reconnut celle d'un Thorkin, devina celle d'un de ces hommes bêtes qu'on appelait Humorans et n'arriva pas à identifier les autres.

(Ce bateau à l'air de sortir de l'ordinaire.) pensa Akihiko en haussant un sourcil interrogateur. Il héla cependant une silhouette à la chevelure rousse qui se trouvait près du bastingage à l'arrière du bateau.

« Eh ! Bonjour ! Je cherche le capitaine Dario Gloy ! »

A suivre…

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 18 Juin 2018 08:36 
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Au loin, les nuages s’amoncelaient. Le ciel, du gris pluvieux avait viré au gris acier marbré de traits plus sombres et prenait un aspect menaçant.

"Dépêchez-vous d’amarrer. J’ai pas envie de trainer dehors avec ce temps." Ordonnais-je à mon équipage.

Le vent avait forci et je pouvais voir Tyrah, Yacoh et Sisi qui parcouraient les haubans pour bien attacher les voilures. Le reste de l’équipage s’affairait sur le pont pour resserrer les nœuds de certains cordages. Nous venions tout juste d’amarrer au port d’Oranan mais avec la tempête qui s’approchait, je ne voulais rien laisser au hasard et préférait tout sécuriser sur le navire avant de rejoindre l’auberge la plus proche.
Désormais sûr que chacun savait ce qu’il avait à faire, je reportais mon attention sur la ville. Je n’étais jamais venu ici. De plus près, on pouvait voir que les habitations arboraient un style bien différent que celles auxquelles j’étais habitué à Bouhen. Très espacées et assez petites en général, les toits foncés de celles-ci contrastaient avec les murs beiges. Des bâtiments un peu différents semblaient ressortir, probablement des temples ou autres lieux importants.

Perdu dans mes pensées, c’est une voix lointaine qui me ramena à la réalité.

"Eh ! Bonjour ! Je cherche le capitaine Dario Gloy !"

Entendre ce nom me fit grimacer. Notre ancien capitaine avait été un pirate autrefois et portait bien ce nom, mais il avait décidé de se faire oublier et de changer d’identité. De plus, il n’était désormais plus des nôtres. J’étais la seule personne au courant de cette histoire à bord, comment cela était-il possible que quelqu’un ait reconnu le navire.
Sans plus attendre, je m’appuyais contre la balustrade pour tenter d’apercevoir ce mystérieux interlocuteur. Je pu sans difficulté repérer un jeune homme blond assez grand se tenait sur le quai regardait en ma direction.

"Qu’est-ce qu’il nous veut lui encore …" Pensais-je tout haut.

Intrigué par ce mystérieux personnage et ne le voyant pas comme un danger potentiel, je retournai en direction du pont.

"Totok, Tatak et Tutuk, installez la passerelle et faites monter l’étranger qui attends.

Pendant ce temps, je fixais la barre afin qu’elle ne bouge pas en cas de vents trop violents et descendait sur le pont prêt à accueillir cet inconnu.
La passerelle fut déployée en quelques minutes grâce à la force des trois hommes et j’invitai l’étranger à monter à bord.

"Quoi que vous cherchiez, montez. Nous n’avons pas fini d’amarrer et au vu de la tempête qui se prépare, je n’ai pas envie de perdre de temps."

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Lun 18 Juin 2018 10:41 
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Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre I.3 : La Mouette


L'homme se retourna vers Cherock, montrant un air un peu ennuyé. Sa peau bleue démontrait qu'il s'agissait d'un sang pourpre, peuple connus pour être des pilleurs et des pirates sans pitié, ce qui fit douter un moment Cherock. Puis il se reprit en se disant que si on l'avait laissé pénétrer dans le port, c'est qu'il n'était pas comme ses semblables. Ou alors, les personnes à l'intérieur des tours de défenses protégeant le port étaient soit endormies soit mortes, ce qui impliquait des problèmes autrement plus dangereux que l'homme avec qui il parlait.

L'homme maugréa quelque chose et ordonna à ce qu'on abaisse la passerelle pour le faire monter, ce qui l'indiquait aux yeux de l'enchanteur comme étant le capitaine, donc le fameux Dario. Les trois hommes qui répondirent à son ordre étaient de véritables colosses qui devaient être des triplés vu à quel point ils se ressemblaient entre eux. Ils dépassaient Cherock d'au moins une bonne tête et étaient bâtis comme des remparts de ville fortifiée. L'air benêt qu'ils arboraient indiqua néanmoins que comme dans une grande majorité des cas, les montagnes de muscles dans leur genre n'avaient pas grand-chose dans le crâne. L'enchanteur n'avait en tout cas pas envie de faire un concours de muscles avec eux.

Une fois la passerelle abaissée, le supposé Dario s'adressa à lui.

« Quoi que vous cherchiez, montez. Nous n'avons pas fini d'amarrer et au vu de la tempête qui se prépare, je n'ai pas envie de perdre de temps. » En levant les yeux vers le ciel, le jeune homme ne vit pas de signe particulier annoncé la tempête. Certes, les nuages étaient sombres et lourds, mais ce n'était pas rare pour autant. Il fit cependant confiance à l'homme. (Il doit savoir ce qu'il dit j'imagine. L'expérience de la mer, surtout s'il navigue depuis aussi longtemps.)

Invité à monter, Cherock mit le pied sur le pont où tout l'équipage s'arrêta un moment de travailler pour le jauger du regard. (Il y a vraiment de tout sur ce navire !) Un homme arbre, un homme loup qui n'avait pas l'air très méchant en dépit de son apparence, une elfette Taurion qui elle était perchée sur l'épaule de l'arbre, le Thorkin qu'il avait vu, l'Humoran… Et le trio de muscles bien entendu. Il crut même apercevoir une Faera, mais Amy le corrigea.

(Ce n'est pas une Faera, mais une fée. Une Aldryde.)

(Oh, ça ressemble donc à ça !)

(Oui, nous avons une apparence qui se ressemble un peu puisque le village des aldrydes est situé dans la forêt des Faeras, au sud d'Oranan. La plupart des Faeras ont décidé de s'inspirer de ce peuple puisqu'ils font à peu près la même taille, bien que chaque Faera est libre d'avoir l'apparence qu'elle désire.)

Le capitaine du navire descendit à sa rencontre alors que l'équipage reprenait son travail. Cherock le salua à la manière des ynoriens, en s'inclinant légèrement en avant. Fait étrange, bien qu'il se comporte comme le capitaine, il n'avait pas l'air si vieux que ça, alors que le capitaine ynorien lui avait dit qu'il naviguait déjà il y a une vingtaine d'années. Il garda cependant ses réflexions pour lui-même. L'homme sang pourpre portait un ensemble de cuir et de tissu brun, parfait pour se déplacer aisément sur un bateau ou dans les cordages. Un très beau cimeterre bleu pendait à sa ceinture également.

« Bonjour, je m'appelle Cherock O'Fall et je cherche actuellement un bateau pour aller en direction de Shory. Je me suis adressé à la plupart des autres capitaines de navires amarrés mais aucun ne fait route vers cette ville. On m'a dit qu'un certain Dario Gloy serait peut-être capable de m'emmener, c'est vous ? »

A suivre…

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mar 19 Juin 2018 00:03 
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Désormais plus proche, je pouvais mieux distinguer mon interlocuteur. Celui-ci était habillé d’une tenue de cuir, recouverte par une cape à capuchon. Une longue lame était accrochée dans son dos et un marteau pendait à sa ceinture.

(Sûrement un mercenaire) Me dis-je à la vue de tout cet attirail.

L’homme s’inclina légèrement en avant en signe de salut et ne tarda pas à exprimer ses besoins.

"Bonjour, je m’appelle Cherock O’Fall et je cherche actuellement un bateau pour aller en direction de Shory. Je me suis adressé à la plupart des autres capitaines de navires amarrés mais aucun ne fait route vers cette ville. On m’a dit qu’un certain Dario Gloy serait peut-être capable de m’emmener, c’est vous ?"

Je grimaçais une nouvelle fois à l’entente de ce nom.

"Dario est mort il y a bien longtemps. Je suis le nouveau capitaine de la Mouette, Hertann.
Shory est à plus d’un mois de trajet à partir d’Oranan et nous n’avons pas les vivres ni l’argent nécessaire pour entreprendre un tel voyage. Si vous me donnez une bonne raison de vous y emmener, je pourrais convaincre mon équipage mais actuellement nous avons besoin de nourritures et d’équipements."

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 Sujet du message: Re: Le port
MessagePosté: Mar 19 Juin 2018 01:08 
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Chapitre I.3 : La Mouette


L'homme se retourna vers Akihiko, montrant un air un peu ennuyé. Sa peau bleue démontrait qu'il s'agissait d'un sang pourpre, peuple connus pour être des pilleurs et des pirates sans pitié, ce qui fit douter un moment Akihiko. Puis il se reprit en se disant que si on l'avait laissé pénétrer dans le port, c'est qu'il n'était pas comme ses semblables. Ou alors, les personnes à l'intérieur des tours de défenses protégeant le port étaient soit endormies soit mortes, ce qui impliquait des problèmes autrement plus dangereux que l'homme avec qui il parlait.

L'homme maugréa quelque chose et ordonna à ce qu'on abaisse la passerelle pour le faire monter, ce qui l'indiquait aux yeux de l'enchanteur comme étant le capitaine, donc le fameux Dario. Les trois hommes qui répondirent à son ordre étaient de véritables colosses qui devaient être des triplés vu à quel point ils se ressemblaient entre eux. Ils dépassaient Akihiko d'au moins une bonne tête et étaient bâtis comme des remparts de ville fortifiée. L'air benêt qu'ils arboraient indiqua néanmoins que comme dans une grande majorité des cas, les montagnes de muscles dans leur genre n'avaient pas grand-chose dans le crâne. L'enchanteur n'avait en tout cas pas envie de faire un concours de muscles avec eux.

Une fois la passerelle abaissée, le supposé Dario s'adressa à lui.

« Quoi que vous cherchiez, montez. Nous n'avons pas fini d'amarrer et au vu de la tempête qui se prépare, je n'ai pas envie de perdre de temps. » En levant les yeux vers le ciel, le jeune homme ne vit pas de signe particulier annoncé la tempête. Certes, les nuages étaient sombres et lourds, mais ce n'était pas rare pour autant. Il fit cependant confiance à l'homme. (Il doit savoir ce qu'il dit j'imagine. L'expérience de la mer, surtout s'il navigue depuis aussi longtemps.)

Invité à monter, Akihiko mit le pied sur le pont où tout l'équipage s'arrêta un moment de travailler pour le jauger du regard. (Il y a vraiment de tout sur ce navire !) Un homme arbre, un homme loup qui n'avait pas l'air très méchant en dépit de son apparence, une elfette Taurion qui elle était perchée sur l'épaule de l'arbre, le Thorkin qu'il avait vu, l'Humoran… Et le trio de muscles bien entendu. Il crut même apercevoir une Faera, mais Amy le corrigea.

(Ce n'est pas une Faera, mais une fée. Une Aldryde.)

(Oh, ça ressemble donc à ça !)

(Oui, nous avons une apparence qui se ressemble un peu puisque le village des aldrydes est situé dans la forêt des Faeras, au sud d'Oranan. La plupart des Faeras ont décidé de s'inspirer de ce peuple puisqu'ils font à peu près la même taille, bien que chaque Faera est libre d'avoir l'apparence qu'elle désire.)

Le capitaine du navire descendit à sa rencontre alors que l'équipage reprenait son travail. Akihiko le salua à la manière des ynoriens, en s'inclinant légèrement en avant. Fait étrange, bien qu'il se comporte comme le capitaine, il n'avait pas l'air si vieux que ça, alors que le capitaine ynorien lui avait dit qu'il naviguait déjà il y a une vingtaine d'années. Il garda cependant ses réflexions pour lui-même. L'homme sang pourpre portait un ensemble de cuir et de tissu brun, parfait pour se déplacer aisément sur un bateau ou dans les cordages. Un très beau cimeterre bleu pendait à sa ceinture également.

« Bonjour, je m'appelle Akihiko Yoichi et je cherche actuellement un bateau pour aller en direction de Shory. Je me suis adressé à la plupart des autres capitaines de navires amarrés mais aucun ne fait route vers cette ville. On m'a dit qu'un certain Dario Gloy serait peut-être capable de m'emmener, c'est vous ? »

A suivre…



Dans le chapitre précédent…

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre I.4 : La Mouette


« Dario est mort il y a bien longtemps. Je suis le nouveau capitaine de la Mouette, Hertann.
Shory est à plus d’un mois de trajet à partir d’Oranan et nous n’avons pas les vivres ni l’argent nécessaire pour entreprendre un tel voyage. Si vous me donnez une bonne raison de vous y emmener, je pourrais convaincre mon équipage mais actuellement nous avons besoin de nourritures et d’équipements. »


La réponse du capitiane Hertann n'était pas vraiment ce à quoi il s'attendait. Enfin, si il s'y attendait, mais aurait préféré en entendre une autre.

(C'est vrai qu'il ne va pas faire le déplacement juste pour me faire plaisir.)

(Bien vu !) se moqua Amy, un sourire narquois sur les lèvres et les ailes marbrées d'or.

(Merci du soutien hein !)

(Au plaisir mon cher Akihiko.)

Le jeune homme soupira intérieurement et se reconcentra sur la discussion en cours. Il n'avait pas grand chose à lui proposer personnellement, mais...

« Oh, pardon pour vous avoir confondu. Malheureusement je n'ai pas grand chose à vous offrir, je suis prêt à payer ma place sans soucis mais pas assez pour un mois de salaire a tout votre équipage. Mais j'ai quelques idées sur ce qui pourrait donner un aspect plus intéressant financièrement à ce voyage.»

Akihiko jeta un nouveau coup d'oeil au ciel, menaçant.

«Vous dites qu'une tempête va arriver non ? Alors pourquoi ne pas en parler à l'abri dans une auberge du port, autour d'une chope de bière ? » proposa le jeune homme en pointant du doigt la ville.

A suivre…

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Dernière édition par Tergeist le Lun 7 Fév 2022 16:44, édité 5 fois.

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