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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 2 Aoû 2016 21:42 
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2-le raid

Cela fait deux jours que je traîne dans ces bois. Le sac que j’ai pu emporter avec moi ne contenait, pour mon malheur de magicien raté, que deux potions de manas et aucune provision. Je n’ai donc rien mangé depuis l’attaque surprise des hommes et la faim est omniprésente dans mon esprit. Je ne sais pas chasser et préfère éviter de manger les rares baies locales. Je sais par expérience que bon nombre de mes semblables aiment rendre les seuls moyens de survie naturelle en ces lieux, mortels. Je suis incapable de survivre dans un tel lieu et comble de mon malheur, la marque maudite sur mon torse est toujours présente. Elle ne cesse de me provoquer d’intenses douleurs que je peine à camoufler pour ne pas attirer les prédateurs et le peu de temps que je parviens à dormir est empli de cauchemars. Je sais qu’il ne faudra guère de temps avant de succomber mais finalement, c’est ma faim qui me sauve.

Au milieu de relent de carcasses pourries, je sens une odeur délicieuse de poisson. Je m’empresse de suivre l’odeur, mais n’étant pas rompus à cet exercice il me faut du temps pour trouver la source de cet émerveillement olfactif. Un petit camp de fortune : des pierres encerclant un feu et au-dessus un ingénieux système permet à un poisson pris en brochette de cuir. Je n’ai cure de possibles pièges ou si quelqu’un guette. Tout ce qui m’intéresse est de manger. Je cours en direction du met et m’arrête un instant en arrivant près du feu. Même si la faim me tiraille le ventre, cette peur du feu est omniprésente. En faisant tomber tout le système de cuisson en bois, je me saisis de la brochette comme si les flammes allaient me prendre le bras et au lieu de défaire le poisson, je le mange sans retenue appréciant ce goût qui me ravit tout de même.

"Lâche ce poisson raclure de Shaakt !" Rugit une voix féminine derrière moi, accompagnée du froid d’une lame sur ma nuque.

Je m’arrête un instant de bouger. Je connais la langue commune grâce aux esclaves que j’ai côtoyés, bien que je ne saisisse pas tous les mots. Je sais qu’on me menace de mort, mais la faim est plus forte encore. Je continue de manger tout ce qui m’est possible tant qu’on ne me retire pas la nourriture des mains. Je sens qu’on me saisit le vêtement, mais au lieu de me relever le tissus se déchire laissant libre mon dos couvert de toutes les cicatrices qui m’ont accompagné dans ma vie. Par réflexe, je me courbe tentant de me protéger autant que possible les parties de mon corps, comme je l’ai maintes fois fait quand on me fouettait le dos. Rien ne se passe jusqu’à ce que la marque maudite me provoque une décharge électrique. La douleur me surprend et je ne peux m’empêcher cette-fois de hurler à plein poumons tout en étant pris de convulsions. La femme recule vivement et tiens toujours sa lame tendue vers moi. Je perçois lorsque ma tête revient vers mon corps la marque maudite, dévoilé désormais par ma tunique déchirée, qui luit d’un violet foncé comme à chaque fois qu’elle réagit.

"Tu es un esclave ?" Me demande-t-elle d’un ton étrangement doux.
Ma maîtresse parlait de cette même façon lorsqu’elle s’apprêtait à me torturer, là rien. La décharge terminée, je jette un coup d’œil et y voie une femme magnifique, une semi-elfe d’après sa morphologie. Sa lame, revenue le long de son corps, ne semble aucunement menaçante. Elle est seule et semble capable de survivre dans un endroit comme celui-ci, ce qui impose mon respect le plus total.

"Tu viens d’Omyre c’est ça ?"

Je ne fais qu’hocher la tête en signe d’approbation. Il ne sert à rien de lui mentir, c’est suffisamment flagrant comme ça.

"Tu as faim ?" Continue-t-elle de me demander.

La question est surprenante, mais une petite voix dans ma tête me dit qu’elle va m’attacher à un arbre pendant qu’elle dégustera un autre poisson. Mon ventre me rappelle à mes obligations envers lui et de nouveau je hoche la tête. La femme sort de sa besace un gros lapin, peut-être un lièvre. Je me jette dessus et suis rapidement arrêté par son épée. Elle me fait reculer, puis s’assurant que je ne sois pas un danger, elle m’attache à un arbre en ne me laissant qu’une main de libre. C’est bien ce que je pensais, elle va le déguster devant moi sans m’en laisser une miette. Elle fige sa lame dans la terre, près d’elle, et entreprend de dépecer le lapin et de le préparer à cuir. Cette vue est insoutenable pour moi et il faut à la semi-elfe de me menacer à plusieurs reprises pour que je reste tranquille. Le lapin laisse émaner une odeur magnifique lorsqu’elle y rajoute des herbes aromatiques. Je la regarde prendre le lapin et le goûter. Vue son sourire elle semble satisfaite d’elle. Je la regarde manger en la maudissant de me torturer ainsi. Elle prend le lapin, le pique sur le bout de son épée et contre toute attente, me le tend. Je reste un instant à la regarder, cherchant où se situe le piège, mais ne vois rien. Va-t-elle retirer sa lame si je ne suis pas assez rapide ? Peu importe, j’ai faim et ce lapin est plus qu’alléchant, c’est plus important que tout. D’un geste vif, je saisis le lapin non sans me blesser avec la lame. Le sang coule, mais ce lapin est si bon que j’en pleure de joie.

"Je me nomme Sylve, et toi ? Tu as l’air de comprendre quand je parle non ?" Me dit-elle en ramenant sa lame vers elle.

Je ne lui réponds qu’une fois que le lapin n’a plus rien à m’offrir sans la regarder dans les yeux.

"« Ca » être ëala nyenyë." Je mets ma main sur moi quand je dis « ça ». Mon utilisation de la langue commune est basique, mais il est suffisant pour être compris, enfin par les esclaves en tout cas.

"Quand tu dis « ça » tu parles de toi non ? Ëala nyenyë c’est étrange comme non, même pour un shaakt."

"Pas être nom. Maîtresse appelé « ça » ëala nyenyë. Langue Shaakt être « celui qui pleure ». « Ca » faible. Maîtresse pas aimer faible."

"Et qui est ta maîtresse ?" Me demande-t-elle encore. Visiblement cette femme est d’une curiosité maladive.

"Moi pas dire. Toi être ennemie maîtresse. Maîtresse frapper « ça » si « ça » dire." Je baisse les yeux en lui répondant. Evoquer ma maîtresse me rappelle ses séances de tortures et la douleur qui va avec.

"Ha parce que tu comptes encore la retrouver ? Retrouver cette personne qui te fait tant souffrir. Il n’y a plus personne pour te garder enchaîné. Tu es libre maintenant ! Tu as l’occasion de t’émanciper, de faire le travail que tu veux. Ne plus avoir de maître, de recevoir d’ordre ou de te faire torturer même si tu es toi-même un shaakt."

(Pas de menace ? Mais qu’est-ce qu’elle peut parler pour ne rien dire.)

"« Ca » pas comprendre, toi dire « libre » quoi être ?" Lui dis-je inversant les rôles.

"Quoi ? Heu c’est…heu…comment dire. Tu as bien des désirs, des choses que tu veux faire."

"« Ca » pas comprendre. « Ca » toujours servir maîtresse. Maîtresse frapper « ça ». « Ca » dormir cachot et jour recommencer. Mais maîtresse donner dernière chance à « ça » et « ça » échouer. Quand moi rentrer, maîtresse tuer « ça »."

La femme a les yeux exorbités. Elle semble visiblement ne pas comprendre ce que je lui dis. Me suis-je mal fait comprendre ?

"Parce que tu comptes réellement retourner vers ta maîtresse, même si elle veut ta mort ?"

(Je ne comprends pas en quoi c’est compliqué à comprendre. Est-elle une simple d’esprit ?)

"« Ca » rentrer. « Ca » pas avoir maison. « Ca » savoir rien faire. « Ca » juste servir maîtresse."

"Et si tu devenais ton propre maître ?" Me demande-t-elle encore.

(Par les dieux que cette femme à de questions.)

"« Ca » être maître de « ça » ? Pas possible, homme shaakt pas maître, juste femme."

"Ton cas est vraiment désespéré. Demain je t’emmène à Oranan, les soldats sauront quoi faire de toi."

"« Ca » shaakt . Soldat enfermer et frapper « ça ». Soldat tuer « ça »."

"Et bien ça reste à voir."

Intrigué je la regarde en lui demandant.
"« Ca » voir quoi ?"

La semi-elfe semble avoir un air dépité. Elle a un comportement vraiment étrange. Elle ne frappe pas, ne me crie pas dessus et ne me torture même pas. Je ne sais pas quoi faire avec elle et je crois qu’elle non plus. Elle m’a nourrie, a discuté avec moi et ne semble pas être mauvaise. C’est une habitude à laquelle je me suis habitué toutes ces années, mais je crois que je peux vivre sans. En y réfléchissant, être avec elle est pour le moment agréable, même si elle parle beaucoup et pose des questions étranges sans cesse.

Une nouvelle fois, la marque maudite refais parler d’elle-même et cette fois-ci je me sens l’air de mes poumons qui me manque. J’essaie de respirer, mais quelque chose m’en empêche. Le manque d’air se fait de plus en plus fort. Je vois la femme qui vient auprès de moi. Elle essaie visiblement de m’aider, mais rien ne peut venir à mon secours. Lentement je sombre dans l’inconscience provoquée par le manque d’air. Alors que mes forces m’abandonnent, je parviens à respirer un grand coup en me redressant. Prise par surprise, la semi-elfe recule et tombe sur les fesses. Je remarque que mes liens ont été enlevés.

"Je crois que la nuit va être aussi longue et épuisante que notre dernière conversation."

Le soir vient et la semi-elfe prépare sa couche. Je regarde autour de moi, rien, pas de barreau. Des arbres, des plantes, mais aucun mur. A ce moment je suis perdu. La femme installe quelques pièges et alertes autour du camp, puis semble se coucher. D’habitude ma maîtresse me bat, me torture d’une quelconque façon ou…Finalement il reste une chose qui n’a pas encore été faite. J’ai peut-être un moyen de remercier cette femme qui m’a nourri quand j’avais si faim. Je m’approche d’elle lentement et m’allonge à côté, discrètement. Je la sens frémir lorsque ma main se pose sur la cuisse et avant qu’elle ne réagisse je la remonte plus haut. Ce qui s’en suit me choque : elle se retourne et me gifle.

"Mais qu’est- ce que tu crois faire là ?" Hurle-t-elle.

"Toi donner lapin et pas torturer « ça ». « Ca » faire plaisir pour merci. Maîtresse souvent vouloir. Pas toujours « ça » demandé. Toi pas vouloir « ça » ?"

"Mais…mais…c’est pas la question ! Et puis vas t’en d’ici, trouve-toi un lit avec des orties et fiche-moi la paix !" Me répond-elle le visage cramoisie.

Penaut, je m’en retourne à mon ancienne place pour y dormir, suffisamment loin du feu que je regarde d’un œil mauvais pendant que je me demande ce que j’ai pu faire de mal.

4-Réveil mouvementé

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 2 Aoû 2016 21:48 
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3-Une nouvelle rencontre

La nuit a été particulièrement difficile pour tous les deux. Les divers cauchemars que j’ai faits ont visiblement été dérangeants puisque dans la nuit, la semi-elfe s’est levée pour me bâillonner la bouche et pour nourrir le feu. Nous nous sommes donc réveillés un peu difficilement ce matin. Elle vérifie l’état de ses pièges et me demande de veiller sur le feu. Quelle blague ! Je cherche quelques morceaux de bois mort que je jette dans le foyer en restant à bonne distance. Plus de la moitié fini à côté mais avec un peu de chance le feu reprend. Je profite de la récolte de bois pour ramasser une branche de bonne consistance pour préparer le trajet à venir.
Soudain j’entends un bruit de lutte. Je me retourne et vois la semi-elfe au sol, en prise avec une créature horrible. A califourchon sur sa proie, la créature la roue de coup et je perçois des griffes au bout de ses mains. La femme finit par repousser son opposant et dégaine l’épée à sa ceinture tandis que je reste immobile observant la scène.

"Tu pourrais m’aider quand même. N’oublies pas que je t’ai sauvé et nourri." Me crie-t-elle dessus.

Elle n’a pas tort, après ce qu’elle a fait pour moi ce serait la moindre des choses, mais je n’ai jamais manié de lame, je ne sais pas me battre à mains nues et je ne saurais pas lancer un caillou correctement. Non la femme est malheureusement seule et je dois dépendre de sa réussite pour survivre. Cela a toujours été ainsi pour moi, dépendre des autres même si après on me roue de coups.

Profitant de l’allonge de son arme, la semi-elfe prend l’avantage sur le combat et repousse l’assaillant. Je le vois plus nettement maintenant qu’il n’est plus aux prises avec elle. C’est un traqueur obscur, une de ses immondices d’humanoïdes modifiés. J’ai déjà entendu des rumeurs comme quoi ils seraient aussi agiles que discrets et auraient enlevé plus d’une fois un esclave un peu trop éloigné du camp. D’autres appellent ça la malchance de ces foutus fuyards, mais c’est une question de point de vue.

La créature, pas aussi rapide que je le pensais n’est pas dénuée d’intelligence. Elle ne fuyait pas la semi-elfe, mais cherchait l’abri des arbres. Un coup puissant, une profonde entaille dans le bras se termine dans un arbre. La chose profite que la lame soit un peu trop enfoncée dans le tronc pour se ruer sur la malheureuse qui échappe son arme. Visiblement à l’aise dans la lutte, le traqueur lacère de plusieurs coups la femme dont l’un des bras ne semble tenir que par la peau.

Je ne sais pas ce qui a provoqué ceci, peut-être est-ce la reconnaissance que j’ai envers la semi-elfe ou la peur d’être le prochain sur la liste, mais je m’avance vers la créature et la menace de mon bâton. La chose se tourne vers moi et l’absence de réaction de sa victime me glace le sang. Je suis désormais seul face à cette horreur. Lentement elle s’approche de moi, donnant des coups dans mon arme de fortune que je peine à maintenir droit. Je recule trop et sens la chaleur du foyer me mordre les pieds. Je fais un bon de côté par peur du feu et la créature fais soudainement face au même problème que moi : elle ne supporte pas le feu. Prenant mon courage à deux mains, je tourne mon bâton dans la direction du foyer et brûle son extrémité. Le traqueur saisi l’occasion que provoque l’absence de garde pour m’entailler le bras. Elle recule finalement lorsque je ramène mon arme enflammée contre elle.

En retrait, je perçois les multiples coups qu’elle a reçus, pourtant sa détermination est inébranlable malgré la douleur qu’elle devrait subir. Un bond puissant dans ma direction me surprend et mon arme s’envole hors de ma portée. Je me débats autant que possible mais cette chose est plus forte que moi. J’arrive à peine à la tenir à distance en attrapant son dernier bras valide d’une main et de l’autre la gorge, dont la gueule un peu plus haute cherche à me bouffer crue. Une malchance horrible me vient en tête, si la marque maudite se mettait à réagir, je serais incapable de faire face. Ma seule chance serait d’user de ma magie, mais encore cette idée me fait peur. Dans une telle situation je n’ai guère le choix. Le traqueur parvient à enfoncer ses griffes dans le corps. La douleur, me fait lâcher la gorge qui recule. Sa gueule s’ouvre en grand, prête à me bouffer la main. Je ne pense plus, je ne réagis plus. Je ferme les yeux et libère ce feu en moi qui me terrifie. La chaleur habituelle survient et disparait rapidement. Puis je sens le poids de la créature sur moi. Les yeux toujours fermés, je sens que j’ai échoué. Je me débats aveuglement contre elle et après une roulade commune, je parviens à me défaire de sa prise. Je me lève et ouvre les yeux. Je me saisis de mon bâton à présent à portée. Je me précipite sur le traqueur et enfonce mon bâton dans son corps. Je multiplie les coups et ce n’est que lorsque la fatigue se fait ressentir que je m’aperçois du trou béant de l’autre côté de sa gueule encore fumante.

(J’ai réussi ? J’ai occis une créature avec ma magie !)

Je reste un instant à admirer mon œuvre, puis je tombe sur la marque de brûlure sur le bras droit. Je retombe dans ces années douloureuses et me mets encore à pleurer en repensant à ces douleurs que j’ai ressenties. Le râle agonisant de la semi-elfe me sort lentement de ma torpeur. La femme n’est pas morte. Je me porte à son chevet et la vois couverte de sang. Seule elle ne survivra pas ici. Je pense à la laisser. Je regarde ce que je peux emporter avec moi et je m’arrête sur la carcasse de lapin de la veille. Ma résolution vacille. Même si c’est une ennemie de ma maîtresse, même si c’est contraire à ce que l’on m’a inculqué toute ma vie, je sais qu’il est de mon devoir de lui venir en aide.

"Où être ville ? Où être Oranan ?"

Difficilement elle tend son bras dans une direction. Je quitte la femme pour prendre nos sacs, ce qui reste de mon bâton de marche et revient à elle. Je la déleste du superflue et ignore les armes qu’elle gardait. Je porte la blessée sur mon dos et commence la marche que j’espère aussi courte que possible, courbé par le poids de ma charge.

5-Retour en cellule

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 28 Fév 2017 00:02 
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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 28 Fév 2017 20:36 
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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 3 Mar 2017 18:48 
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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 2 Juil 2017 21:01 
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Une pluie intense s'était abattue depuis quelques heures sur la forêt, et Bo'rham ne pouvait s'empêcher de grincer des dents, non pas pour l'humidité ou ses habits trempés, mais parce qu'il avait l'impression que la terre essayait de l'avaler à chaque fois qu'il se risquait à poser le pied dessus. Il avait déjà arpenté ce terrain bien des fois et n'avait d'ordinaire aucun problème à se mouvoir sans gêne, mais la petite ne pesait pas forcément léger et malgré son silence admirable depuis le début de leur fuite, il commençait à sentir les bandes de tissu entamer sa chair à travers sa chemise en lin. La matière était déjà d'ordinaire peu appréciable, mais il avait en plus dû se résoudre à bricoler une écharpe de fortune avec ses manches pour soulager la pauvre enfant qui avait bien failli s'effondrer par deux fois.

Soulevant le poids mort dans son dos une nouvelle fois, il savoura la demi-seconde de soulagement que la gravité lui ôta bien trop vite, soufflant lourdement en reprenant la marche. Le bois glissant crissait parfois sous ses chausses mais il parvenait malgré tout à se mouvoir sans faire trop de bruit, utilisant parfois quelques branches pour éviter la litière presque marécageuse qui tapissait le sol.

D'autres choses circulaient autour d'eux, sans jamais se rendre aussi discrètes que le rôdeur pouvait être, et chaque rencontre le faisait changer d'orientation si bien que lui même ne savait plus vraiment s'il se rendait au bon endroit. Il avait abandonné l'idée d'une pause depuis déjà bien longtemps, et ses jambes pourtant chevronnées avaient elles aussi arrêté de lui transmettre leurs messages de douleur tant celle-ci s'intensifiait.

Les kilomètres s'étaient enchaînés sans ralentir, le jour et la nuit, mais il lui restait tant à parcourir qu'il ne savait même plus combien il avait pu parcourir dans de telles conditions. Il avait battu la campagne jusqu'à l'orée et s'était engagé dans ce paysage inhospitalier qu'il arpentait quelques temps auparavant comme un terrain de chasse au quotidien, et ce sentiment lui revenait peu à peu. Il s'effrayait lui même en se rendant compte qu'il n'avait rien perdu de ses vieilles habitudes : il reconnaissait le bois mort qui aurait craqué sous son poids au bois vert capable de prodiguer un appui solide tandis qu'il se mouvait en longeant les arbres, s'y plaquant dans une grande empoignade pour éviter les mares de boues.

Quand la pluie cessa, un timide soleil tenta bien vite de percer le gris du ciel en apportant avec lui une heure et un peu d'espoir. Haut dans le ciel, il indiquait la moitié de la journée, l'après midi à peine entamée, et les éclaircies naissantes laissaient penser que cette tempête passagère laisserait place à une journée très ensoleillée. Un promeneur amateur aurait pris cette nouvelle avec grand joie, mais Bo'rham savait que la chaleur et l'humidité ne faisaient pas bon ménage.
Bientôt, l'air se fit lourd, la boue plus épaisse à mesure qu'elle séchait, et les arbres semblaient fumer, comme en proie à d'invisibles flammes, relâchant une brume de plus en plus opaque et inquiétante qui acheva de couvrir tout mouvement du baroudeur et de sa pupille.

Arrivé sur un monticule herbeux, il défit avec empressement les liens de l'écharpe et déposa Adnyen afin que cette dernière puisse se dégourdir les jambes, chose qu'elle fit avec empressement sans trahir son inquiétude. Alors que la petite s'étirait, Bo'rham se prêta à une admiration sans précédent. Elle n'avait rien dit depuis leur départ hâtif, réveillée en pleine nuit, traînée à travers la campagne jusqu'à ne plus pouvoir marcher et portée par la suite en conditions précaires à travers la mangrove naissante. Elle était terrifiée, bien sûr, mais elle gérait son effroi comme un vétéran de cents batailles, et promettait de grandir pour devenir une femme forte de caractère.

Mais pour qu'elle grandisse encore fallait-il qu'il parvienne à l'amener en sécurité, au sein des murs de la capitale. Un coup d'oeil en arrière lui renvoya l'image d'une colonne de flammes, haute au point de se mêler au ciel orageux. Un deuxième coup d'oeil lui révéla le soleil, victorieux, luisant sur les gouttelettes d'eau de la rosée résiduelle, illuminant la petite clairière avec des airs de paradis en convalescence.

Malgré les courbatures dans ses épaules, il ne se plaignait pas plus que cela. Rarement un voyage aussi précaire ne s'était si bien déroulé pour lui. Tout se passait bien, et sa progression s'était faite à un rythme qui ferait pâlir d'envie le plus dur des éclaireurs, au vu de l'état piteux des routes empruntées.

Autrement dit, quelque chose clochait. Bondissant sur ses pieds, Bo'rham avait dégainé son croc plus vite que son ombre, et s'était tassé sur lui même au point qu'un genou frôle le sol. Il ne voyait rien, n'entendait rien, et ne sentait rien, mais quelque chose clochait avec l'endroit. Il ne parvenait pas à mettre un mot sur ce sentiment, et pourtant avait l'impression de l'avoir toujours vécu : la sensation du danger permanent, comme si une bête sauvage, prédatrice, tournait en rond autour de lui en attendant le premier signe de relâchement.

S'il n'avait plus crainte de grand chose, à chaque fois qu'il se sentait traqué son coeur lui paraissait battre au ralenti, le temps s'arrêter comme s'il vivait ses derniers instants pour le restant de ses jours, et la lucidité du dernier carré lui renvoyaient un état de quasi omniscience. Ou bien la sensation de l'être.

Les minutes s'écoulèrent douloureusement, et Bo'rham se surprit à maudire plusieurs fois tout bas la purée de pois Ynorienne pour le malheur qu'elle lui apportait. Son torse vient alors au sol, faisant fi de la boue, et sa main se glissa en dessous pour en extirper son collier, effigie grossière de la divinité de son père. Il l'embrassa trois fois et récita à mi-mots une courte prière, avant de la couvrir de la terre humide dans laquelle il pataugeait.

Il n'avait dans ces mots pas l'air plus animé qu'un vulgaire cadavre, mais ce recueillement lui permettait de reprendre la route. Son esprit lui criait depuis toujours de simplement rester là, par terre, mettre sa tête dans un trou et espérer que le temps passe et que les problèmes s'effacent. Mais cela n'avait jamais fait que mener au désastre, et le recueillement, la pénitence, étaient bien les dernières ressources qui lui donnaient le carburant nécessaire pour se mouvoir.

Avec une lenteur et un méthodisme bien trop mis à l'épreuve, il rampa jusqu'à Adnyen,
la petite s'étant plaqué au sol également en voyant son compagnon de voyage faire.
La douleur revint le frapper, et la moindre contraction ressemblait bien plus à une crampe qu'à un effort. Il n'avait emporté ni linge, ni gourde, et ses lèvres semblaient se craqueler à chaque parole. Si aucun son ne sortait de ses lèvres, sa pupille ne savait que trop bien qu'il lui disait de ne pas bouger. Lentement, il avançait et c'est sûrement qu'il parvint jusqu'à elle, l'enveloppant soigneusement à nouveau.

Ils arrêtèrent de bouger une quinzaine de seconde et, sans le moindre ordre proclamé, l'enfant bondit à ses pieds pour se voir soulevée d'un seul geste, achevant son envol dans le dos de l'homme qui se brisa en une course rapide, abandonnant toute discrétion, s'enfonçant à mi-genoux dans la fange en arrachant ses foulées au prix de grognements de douleur épuisés, s'en remettant à quelque chose de céleste pour ne pas trébucher sur les racines invisibles immergées, ne sachant même plus vraiment si la direction qu'il poursuivait avait le moindre sens. Il ne voulait plus rester ici. Il voulait partir.

Mais dans le brouillard, le silence régnait toujours.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 2 Juil 2017 22:53 
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Une fois de plus, il était couché sur le sol.
Avec le temps, il était presque recouvert de boue, de la tête au pied. La terre séchée lui infligeait de terribles démangeaisons lorsqu'il restait ainsi à plat ventre, mais il pouvait au moins se permettre de déposer sa protégée à côté de lui. Il gisait depuis trois quarts d'heure sur le sol, à l'extrémité d'un dénivelé brut séparant l'orée de la forêt à la plaine Ynorienne, des années d'agriculture ayant peu à peu creusé une différence d'un bon mètre entre la sortie des bois et le début de la verdure, laissant apparaître les racines des arbres cherchant désespérément à atteindre le sol plus bas.
Les bois regorgeaient de ce genre d'escaliers naturels et dangereux, et l'une des premières choses que l'ont apprenait en se promenant était de se méfier autant des pentes que des terrains plats qui pouvaient se montrer traîtres.
La brume n'avait pas encore atteint le terrain en jachère qu'il convoitait du regard, et avait même ralenti au point de traîner derrière lui comme une bête monstrueuse cherchant lentement à l'engloutir, alors que lui fuyait dans l'autre direction. Mais il n'y avait simplement pas eu de pluie de l'autre côté de la forêt, et l'herbe semblait même sèche, moins brillante, à mesure que l'on éloignait son regard. Il pourrait se déplacer bien plus vite, mais serait d'autant plus visible en ces conditions.

La petite semblait endormie, ayant cédé à l'emprise du sommeil, et respirait paisiblement à son flanc, cherchant la chaleur sans même s'en rendre compte. Lui ne bougeait pas, et respirait comme si ses expirations pouvaient alerter les bêtes à des kilomètres. Il n'avait pas vu de bête sauvage, ni même le moindre signe de vie sauvage au point de craindre que les animaux se soient enfui face à un danger tout proche qui ne cessait de lui faire ressentir des sueurs froides le long de son échine.
Une goutte d'eau s'écrasa lourdement depuis la cime d'un arbres jusque son visage, s'écoulant avec lenteur le long de ses sourcils, glissant la pente de son nez pour mourir sur la commissure de ses lèvres crevassées, réveillant la soif qui le faisait agoniser depuis ce qui lui semblait une éternité.

Une fois de plus, il prenait sur lui, reposait ses jambes le temps de sa cachette, et se laissait même parfois chercher le son d'un oiseau, l'appel d'une bête, ou tout autre signe de la vie qui animait les lieux. Peu à peu, il se relâchait, et son regard se fait plus doux,
son esprit reposé. Il n'avait fuit que le calme d'un endroit sans danger, et devait se faire des idées. On parlait d'activités garzok dans la région, mais il ne pouvait très bien s'agir que de rumeurs liées à quelques raids.

Mais il revit alors l'attaque, la fumée étouffante qui s'élevait, et comme appelée par ses rêveries, lui sembla de nouveau présente au dessus de la verdure, se perdant dans les nuages.

Doucement, il ferma les yeux, et inspira, soufflant longuement. Il tira à lui son effigie et en essuya la terre humide avec son pouce crasseux, ne sachant s'il nettoyait vraiment quelque chose. Portant son bien à ses lèvres, il l'embrassa trois fois et tenta de se redresser, choqué par les tiraillements qui l'assaillirent, comme si chacun de ses muscles venait de se réveiller d'une longue léthargie. La forme du corps d'Adnyen s'était dessiné dans son esprit et il ressentait tout le poids du petit corps intensément, comme s'il s'était fait écraser tout ce temps.

Enlevant le plus de terre séchée possible, il vient saisir dans ses bras fatigués le corps inanimé de sa pupille endormie, s'asseyant sur le bord de la corniche pour se laisser tomber du petit mètre le séparant du sol avec agilité, ne brusquant même pas son fardeau.

Lentement, il marcha, observant derrière lui la forêt qui s'éloignait. La clairière en était encerclée et à mesure qu'il progressait, elle ressemblait de plus en plus à un piège, un véritable champ de tir pour archers soigneusement entretenu. Il se savait visible à des kilomètres et cette simple pensée l'empêchait de profiter de la vue, du ciel de plus en plus dégagé et des rayons solaires qui le réchauffaient peu à peu. Il n'arrivait pas à s'imaginer que cette fuite hâtive prendrait bientôt fin. Encore un peu de forêt à parcourir et il n'aurait plus qu'à traverser des champs civilisés pour rejoindre la grande ville.

Mais il ne pouvait décrocher ses yeux de l'orée derrière lui. Quelque chose devait les avoir suivi, et faisait s'éloigner les animaux. Pas un seul oiseau n'avait chanté depuis qu'il avait commencé à se traîner là. Forcément, l'orée en face de lui renvoyait la même image, et alors que sa marche ralentissait, il se sentait peu à peu pris au piège, enfermé. Il craignait de s'engager, de risquer une fois de plus de se blesser, de ne pas réussir à amener l'enfant à bon port. Car c'était tout ce qu'il lui restait pour motivation.

Alors que l'idée de se faire du mal reprenait peu à peu une signification, le doute l'assaillit soudain. Avait-il eu raison de passer par la forêt ? Il y aurait peut-être eu des survivants au village avec qui reconstruire et partir à zéro ? Déjà la fumée revenait, funeste pilier défiant les hauteurs célestes, et le tintement du métal revient siffler dans ses oreilles.

Quand à savoir s'il s'agissait d'un souvenir ou d'un véritable choc métallique, l'intensité était bien trop élevée pour lui laisser le doute. Comme un animal en cage, Bo'rham commença à tourner sur lui-même, sans même se rendre compte qu'il y perdait son orientation. dans quel sens allait-il ? Impossible à dire.

Les bruits d'un combat se faisaient maintenant plus clairs, et si étrangement il ne parvenait pas à distinguer des voix ou des combattants, les coups d'épées, de hache et autres armes semblaient se passer juste à ses pieds, comme s'il s'y trouvait. Compte tenu de la proximité des bois, il commença à marcher dans l'autre sens, puis de plus en plus vite. Sans avoir évalué au préalable la distance, la petite clairière lui sembla soudainement terriblement étendue, les arbres encore peu dessinés au loin, et les bruits toujours plus proches, venant directement de derrière lui.

Il allait cette fois dans une direction dont il était sûr. Il voulait s'éloigner du vacarme naissant et éviter toute confrontation avec ce qui n'aurait pu être que de simples brigands en maraude. La petite dormait lourdement et la trotte du rôdeur ne sembla pas réussir à venir à bout de l'épuisement et son lourd tribut.

Le ciel lui indiquait qu'une heure venait de passer lorsqu'il se jeta enfin dans la gueule du loup et franchit les premiers arbres, se dirigeant vers le premier fossé venant pour y commencer sa descente. Il cherchait une position basse et gardait espoir d'être mené vers un point d'eau, mais les bruits de pas derrière lui semblaient hélas l'entourer désormais, la tranchée qu'il longeait lui offrant un parapet de buissons et de ronces que les bêtes rôdeuses ne défieraient pas, mais le premier sekteg de passage aurait facilement merci de lui en une flèche de surplomb.

De nouveau, il se prit à courir, et lorsque le terrain lui permit, il se propulsa sur la pente raide et entreprit de se hisser à l'aide de son unique bras disponible, maintenant Adnyen plaquée à lui en tâchant de garder son souffle. Epuisé, écorché, boueux, la distance parcourue était risible et ressemblait pourtant à la pire épreuve de sa vie. Peu importe les choses qui le traquaient, elles étaient proches et son seul espoir était de chercher à les distancer vers les terrains accidentés.

Une fois sur la crête, il n'avait plus qu'à se laisser dériver du chemin, descendant la pente au risque de se blesser une cheville en surfant parfois sur la litière, envoyant les feuilles mortes voler en tout sens à son passage. Evitant avec agilité les murs de ronce sur son chemin, il lui revenait des sensations anciennes, l'adrénaline fusant dans ses veines alors qu'il se savait en danger constant.

Sans jamais regarder par dessus son épaule, il s'écorcha d'un sourire en arrivant en bas de la descente pour débouler sur un gué, un simple tronc mort barrant partiellement un timide cours d'eau. Profitant des quelques minutes de répit qu'il avait pu s'offrir, il se pressa de récupérer le linge de l'écharpe qu'il avait fabriqué avec ses manches et le plongea dans l'eau. Il le passa ensuite sur son visage et celui de l'enfant qui protesta d'un faible gémissement, avant de plonger sans plus attendre sa tête pour se réhydrater.

Le goût était atroce et la boue sur son visage et ses mains se mêlait au nectar divin, mais malgré toutes ces contraintes, il ne pouvait s'empêcher de le savourer, la soif inhibant bien des sens. Lorsqu'il eut bu à sa soif, Adnyen se retrouva de nouveau dans ses bras et l'escapade reprit à un rythme plus tranquille.

Suivant les arbres, il alterna entre gauche et droit, sachant que son pied d'appui risquerait de le faire dériver en sa direction, et restant toujours alerte au moindre mouvement. Il avait recommencé à se déplacer le plus silencieusement possible.

Alors que les choses semblaient se calmer, son pied heurta un tas de feuilles mortes il tomba. Adnyen tomba mollement dans la litière qui absorba sa chute, mais Bo'rham n'eut pas cette chance. Il venait d'heurter une pierre, bien ancrée au sol, et ce fut son pied qui venait de subir le gros du choc, saignant en divers endroits tandis que son orteil refusait de se mouvoir. Il lui faudra nettoyer la plaie rapidement, et ses chausses étaient désormais hors d'état, ce qui compliquerait nettement la suite de son voyage.

Rejoignant en boitant sa pupille, il fit se lever cette dernière, qui n'avait pu se retenir de pleurer en voyant l'état de son protecteur, angoissée à la vue du sang qui s'écoulait en quantité inquiétante.

Les deux se dirigèrent doucement vers un trou laissé par une vieille souche morte, juste assez grand pour les contenir collés l'un à l'autre, alors que le rôdeur appliquait un bandage de fortune assemblé à la hâte à l'aide de feuilles fraîches et de sève, tentant un prototype d'attelle à l'aide d'écorche d'arbre et d'herbe liée en espérant le mieux.

Alors que la petite, épuisée aussi bien physiquement que moralement, sombrait de nouveau dans un profond sommeil et que le ciel lui indiquait qu'il avait perdu bien trop de temps, il commença à son tour à sombrer, sa tête se faisant lourde. Un léger mouvement le fit cependant émerger alors que tout devenait flou. Un oiseau se tenait fièrement sur l'écorce de son attelle, le défiant du regard.

Bo'rham plongeant une main dans sa chemise déchirée, faisant virevolter la petite bête un instant, et en extirpa son collier, l'embrassant trois fois. Avant de s'endormir.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 3 Juil 2017 01:12 
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Le petit matin était venu avec une excellente surprise.
A son réveil, le soleil brillait de milles feux et la forêt semblaient bien moins menaçante, les rares poches de brume concentrées autour des points d'eau éparses qu'il avait raté en arrivant. Adnyen n'avait toujours pas émergé et respirait paisiblement à ses côtés. Maintenant qu'il pouvait voir à plus de dix mètres, les premiers signes de vie lui apparurent,
sous la forme d'une biche effrayée disparue à peine le rôdeur levé, et quelques oiseaux un peu trop curieux accrochés aux branches au dessus de sa tête.

Alors qu'il tentait d'extraire sa carcasse, les courbatures vinrent bien vite éveiller de nouveau ses sens et lui arrachèrent un long râle de douleur, sa jambe lui semblant pulser,
enflée, la douleur irradiant depuis son pieds jusque son aine. Avait-il quelque chose de cassé ? Impossible à dire. Serrant les dents, Bo'rham se hissa sur son autre jambe et claudiqua jusqu'au premier arbre venu, empoignant une branche en bonne santé de ses deux mains avant d'y appliquer le poids de son corps, la faisant casser net à sa jonction avec le tronc.

Le temps que la jeune enfant se réveille, le rôdeur s'était assis, dos à l'écorce, taillant la longueur de bois récupéré avec son Croc d'une façon rustique, artisanale, mais efficace.
Admirant un instant son oeuvre et la beauté des lieux désormais plus calmes, un son parvint cependant à le faire bondir sur deux pattes d'un seul mouvement fluide alimenté par une véritable terreur : les tintements métalliques. Portés par le vent, ils étaient clairement audibles, et semblaient résonner par dizaines.

Se plaquant au tronc, Bo'rham se prépara au pire, son couteau élevé à hauteur de son visage, prêt à frapper aux yeux le premier adversaire venu. En d'autres circonstances, il aurait tendu des fils, placé des pièges simples et sécurisé un minimum l'endroit où il comptait passer la nuit, mais il se trouvait ainsi pris au dépourvu.

Après quelques minutes d'attente, et voyant que rien ne venait à lui, il se décida à passer prudemment la tête de côté, jetant un rapide coup d'oeil en direction du dernier bruit entendu. Un simple éclat se fit apercevoir et Bo'rham était déjà derrière le chêne protecteur. Adnyen, jusque là cachée dans son trou, se leva soudainement, ignorant l'exclamation énervée de son protecteur pour trottiner droit vers le danger.

Perdant le contrôle de la situation, il tenta le tout pour le tout. Alors que la jeune fille passait à sa hauteur, le rôdeur surgit de son couvert pour faire barrage à toute flèche, se sacrifiant, bras tendus pour éviter que sa protégée n'ai l'idée de le contourner.
Résigné, son regard balaya alors les environs, à la recherche d'un éventuel tireur embusqué, revenant sur l'éclat vu précédemment. Après une rapide inspection, le dangereux instrument se trouva être un porte bonheur Ynorien, accroché aux branches de la forêt par les habitants superstitieux. Il lui était déjà arrivé d'en rencontrer, mais leur tintement au vent n'avait jamais capté son attention autant que cette fois là.

De rage, il s'empressa de l'arracher, faisant fi du métal ouvragé, de la soie travaillée ornée de brodures soignées et de messages protecteurs, pour jeter le tout au sol, lâchant son Croc en cédant un genou au sol, débordé par les évènements. Il revoyait sa fuite, la petite dans ses bras, les risques pris pour elle, pour de simples grigris.

Pourtant, il ne pouvait se séparer de ce sentiment qui le prenait aux tripes, l'angoisse que quelque chose ai fait de lui sa proie et cherche à le traquer, lui et la petite.

Dans un silence de cimetière, il prit la main d'Adnyen et commença à marcher, ignorant les grognements de son ventre et de celui de la petite, lui donnant à l'occasion quelques baies ou champignons sans pouvoir vraiment faire plus.
Alors qu'ils marchaient tranquillement, comme une simple promenade, le doute commençait à l'assaillir, et les choses qu'il avait pu vivre se faisaient de moins en moins claires. S'il avait confondu un grigri avec des combats armés, qu'avait-il pu interpréter d'autre ?

Alors qu'ils passaient le dernier arbre, les troubles se dissipèrent un peu, la campagne d'Oranan se voulant rassurante, les fermiers déjà à l'oeuvre vu l'avancée de la matinée,
tandis que les remparts se dessinaient plus loin, légèrement en contrebas par rapport à la forêt située en colline, laissant voir les différents bâtiments majestueux qui l'ornaient comme autant de pierres précieuses sur un collier raffiné.
Il aurait apprécié la vue plus longtemps si Adnyen ne l'avait pas pressé, le rôdeur claudiquant bien trop lentement à ses côtés pour ne pas frustrer l'enfant trop heureuse de retrouver les siens et qui déjà se prenait à courir en face de lui, souriante, radieuse même.

Un léger cri chercha à attirer son attention, alors qu'un vieil homme et son fils, jeune adulte, l'interpellaient en agitant le bras, visiblement accueillants. La petite s'empressa de les rejoindre à grandes foulées, discutant déjà avec eux avant même qu'il n'eut franchi la moitié de la distance les séparant du fermier.
Soulagé, Bo'rham regarda attentivement la discussion à défaut de pouvoir la comprendre,
ne s'étant vraiment pas assez impliqué dans la culture locale pour comprendre autre chose que les bases, les paysans n'étant pas de bons professeurs.

Le vieil homme s'avança le premier, mais aucun sourire n'ornait son visage. Le jeune homme, lui, attirait déjà la jeune enfant à l'écart, Adnyen lançant un regard intrigué à son protecteur, par dessus son épaule. Fronçant les sourcils, il tenta un simple hèlement pour la garder près de lui, répétant basiquement son nom. S'ensuivit un dialogue de sourd, les grands gestes imprécis ne servant qu'à irriter un peu plus le vieil homme, qui tenait de plus en plus fermement son outil de travail alors que son fils continuait d'attiser les ennuis en écartant toujours plus Adnyen hors de la discussion.

Puis vint le drame. Excédé, Bo'rham laissa tomber sa béquille de fortune et chercha à décaler le vieil homme sur le côté pour rejoindre directement sa pupille. Il ne s'attendait pas du tout à se faire frapper violemment au visage, se retrouvant avant de trop comprendre au sol. Le vieil homme, trônant au dessus de lui, indiquait en alternance la jeune enfant, et les armes du fugitif aux airs de bandit. Un vieux dicton local disait qu'un couteau ne servait qu'à couper, mais son arbalète, quand à elle, passait vraiment mal. Le prenait-il pour un brigand ? Un braconnier ?

Couvert de terre, blessé au pied, il aurait aussi bien pu passer pour un déserteur d'Oaxaca au point où il en était. Au fond de lui, il pardonnait volontiers au vieil homme de vouloir défendre également à sa façon la fragile Adnyen, et se doutait bien que ses intentions étaient bonnes.

Mais voilà, Bo'rham n'en avait plus grand chose à faire. Si près du but, il n'allait pas se laisser mettre des bâtons dans les roues, même si les Treizes souhaitaient s'y mettre.
D'un geste vicieux, il frappa du tibia la cheville du fermier qui flancha sans tomber pour autant, reculant par réflexe en lui offrant la place pour se redresser, s'appuyant avec difficulté sur son genou et son pied déjà douloureux, mal bandé et fraîchement blessé.

Evidemment, le niveau de violence ne tarda pas à grimper et, s'il s'était jusque là contenté de le frapper du poing, l'homme tenait désormais sa fourche fermement. L'outil,
recourbé, vicieux, sale, promettait au mieux une convalescence infernale et au pire, une agonie douloureuse : une épée donnait la mort rapidement, au moins.

Lorsqu'il le chargea, ce fut de la façon la plus simple possible, courant droit devant en tenant fermement son hast contre lui, pour le propulser à quelques pas de son but : si Bo'rham n'était pas un combattant d'exception lorsqu'il s'agissait des duels honorables,
il savait en revanche s'y prendre pour les coups vicieux : alors qu'il cherchait une botte intelligente où désarmer son adversaire et le maîtriser avec une clé de bras, la réaction élue fut de jeter purement et simplement son arbalète inutile, jusque là pendant à sa ceinture. La pièce de bois et de métal heurta sans grand dégât le lancier en plein visage,
pour un effet presque comique. Les deux individus se regardèrent et, l'espace d'un moment, le fermier manqua de sourire, s'attendant au pire à mourir dignement. Se prendre un objet cassé dans la figure devait le rassurer de ne pas faire face à un ancien soldat.

Mais cette fois, c'était au tour de Bo'rham de vouloir en découvre. Et alors que sa cible se voulait bien moins bagarreuse, lui avait atteint son point de rupture. Doucement, il saisit son écharpe de fortune et l'enroula autour de sa main gauche, son Croc déjà en place à sa droite. Plutôt que de tourner autour du paysan, il zigzagua, gênant la prise de l'homme qui se devait alors d'alterner. Il observait ses mains, et la façon dont il tenait son outil agricole, en tâchant de percevoir quand ce dernier pourrait lui vouloir du mal. Lui, avançait avec le plus d'assurance possible, ce que son handicap laissait difficilement paraître. Il boîtait.
Lorsqu'enfin il fut suffisamment près, l'Ynorien, qui déjà hurlait à son fils d'emporter la fille à l'abri, tenta quelques bravades, reculant en même temps qu'il projetait ses estocades en visant tantôt la jambe avancée de Bo'rham, tantôt sa main lorsque celui-ci tentait d'agripper son fer en se protégeant avec la pièce de tissu l'enrobant.

Un coup chanceux vient percer légèrement le mollet gauche de Bo'rham sans rencontrer de conséquences, le rôdeur reculant en grognant alors qu'un léger filet de sang s'en écoulait sans plus de gravité. Mais il était parvenu au point qu'il souhaitait. D'un geste, il s'effrondra sur lui même, genou à terre, pour empoigner l'arbalète volante qui avait marqué son premier geste. Une fois de plus, l'objet s'envola, mais en une jolie courbe, presque une passe. Instinctivement, l'homme la récupéra d'une main, sans effort. Saisissant l'occasion, Bo'rham se saisit alors de sa hampe et le tira à lui, lui brisant le nez d'un coup de coude méchamment placé sur son arête, avant de s'envoyer rouler à terre avec lui, l'empoignant désormais au poignet pour lui faire lâcher son arme de fortune, désormais obsolète.

Cependant, même dans la force de l'âge, l'homme gardait une certaine force et une envie de vivre, et ce qui aurait dû être un coup fatal ne donna rien de concret : alors que Bo'rham balança son arme, le couteau vint se planter dans le sol en se contentant d'entaille l'épaule du malheureux sous lui. Un coup de genoux au bassin le fit rouler de côté tandis que sa proie libérée rampait déjà vers la fourche délaissée.
Lorsque le deuxième coup de Croc partit, ce fut cette fois dans la lignée des techniques déloyales tant de fois apprises sur des individus à terre. La lame vicieuse, crantée, vient mordre dans la chair et les ligaments du tendon d'Achilles sans le couper net, l'arrachant plus qu'autre chose.

Le cri de l'homme signifia le succès à Bo'rham avant même que le sang ne coule et déjà ce dernier se tenait au dessus de lui, interférant avec les larges mouvements que faisaient l'outil dans les mains paniqués de l'Ynorien blessé. Plusieurs fois, le fer passa trop près de sa tête pour l'assurer d'un coup facile, et son mollet manqua de le faire trébucher à deux reprises. Lorsqu'enfin Bo'rham réussit à battre le fer, il s'écroula sans plus de finesse sur le vétéran pour reprendre leur lutte, roulant, cognant et mordant malgré l'épuisement et les blessures.

Un oeil au beurre noir, un bras mordu jusqu'au sang et un mollet piqué plus tard, la lame honnie pendait telle une vieille légende au dessus de la gorge de l'Ynorien, dont les mots semblaient déjà bien plus clairs aux oreilles du rôdeur. Lorsque celui-ci arracha désespérément son collier, il répliqua d'un nouveau coup de coude au nez et la poigne du fermier ne devint plus un obstacle suffit pour empêcher le Croc de venir mordre à travers la chair de son buste, pressant d'abord lentement à la manière d'une lame émoussée avant de scier en travers de ses chairs, la douleur amplifiée par la lenteur de la pénétration, tout à l'honneur de l'homme qui luttait encore malgré la fin évidente.

Loin de témoigner de pitié, et hurlant une dernière fois sa rage, Bo'rham se pencha en avant, essuyant un coup de poing, pour appuyer le poids de son corps sur sa prise, achevant de fendre le fermier au point de le traverser, brisant une côte au passage.

Essuyant du revers de la main le léger filet de sang qui s'écoulait de son nez, le rôdeur se redressa à genoux, à cheval sur sa victime, jetant un regard fou sur sa protégée qui déjà s'éloignait de lui. Il ne voyait déjà plus le blanc de ses yeux, mais l'empressement du jeune homme qui la portait au loin lui laissait croire qu'elle avait tout vu.

Il hésita alors, torturé entre l'envie de suivre Adnyen, l'amener de lui même auprès d'une personne de confiance qui prendrait soin d'elle, et la satisfaction de se savoir parti en monstre et non pas en héros, que des personnes respectables l'aient prise en charge.

Doucement, il s'aida de la fourche du vieil homme pour se redresser, venant finalement récupérer son bâton et son arbalète afin de claudiquer plus loin, en direction de la capitale, ignorant simplement l'homme, le sang, la boue, les blessures, pour suivre de loin Adnyen.

Tout ce qui comptait, c'était de savoir qu'elle serait en sécurité. Après ça, il serait libre de partir. De disparaître.

Et le goût du sang ne l'avait pas quitté.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 7 Jan 2018 23:06 
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    Le crépuscule fait doucement son retour et une petite bruine fait son apparition tandis que nous voyageons depuis une longue et interminable journée. Plus nous nous éloignons d’Oranan et moins je garde espoir de pouvoir m’échapper et de retrouver mon chemin. Mes comparses sont toutes aussi effrayées et craignent pour leur vie car au bout de ce périple, notre destinée est plus qu’incertaine, voire pire encore.

    Le ciel devient de plus en plus sombre et la lune est voilée par une fine couche de brouillard. J'observe la voute céleste mais il y a peu d'étoiles et, d'un coup, la carriole s'arrête en plein milieu du chemin. Celui qui est en charge du groupe de brigands décide de faire une halte, les hommes lancent des exclamations de satisfactions. Certains vont pisser, d’autres vont casser la graine ou bien s’occuper des chevaux pour la suite de l’excursion. J’observe attentivement chaque guerrier et je remarque que personne ne nous surveille et j’en informe les autres femmes à voix basse. Il suffirait d’attirer l’attention sur autre chose pour pouvoir, du moins essayer, de s’enfuir. Malheureusement, nous n’avons pas les moyens de m’être un plan à excusions car le temps nous manque et nous devons agir le plus vite possible, c’est-à-dire, maintenant !

    Discrètement, une à une, nous descendons de la carriole et dans une flopée de jupons, nous nous sommes mises à courir en direction de la ville. Mais très rapidement, des hommes remarquent notre manège, ils sifflent l’alerte et en rattrapent quelques-unes. Je décide de couper à travers champs en direction du bois pour mettre toutes les chances de mon côté. Je peux entendre des cris, le bruit des sabots, des ordres que l’on hurle mais je ne regarde pas derrière mon dos. Je n’ai pas envie d’observer ce chaos et de voir mes comparses redevenir prisonnières ou être tuées.

    Je cours encore et encore, tenant ma robe pour ne pas être gênée durant ma course. Très rapidement, mon souffle est désordonné mais je lutte jusqu’à atteindre l’orée du bois. Je prends appuie aux premiers arbres pour faire une courte pause et, cette fois-ci, je jette un œil derrière moi pour m’assurer de ne pas être suivie. Mes yeux s’ouvrent en grands, apeurés, lorsque je remarque trois guerriers qui me distancent à peine de quelques mètres. Je rattrape mes jupons pour me fondre dans la pénombre de la forêt tandis que l’orage gronde au-dessus de nos têtes et laisse une pluie diluvienne s’abattre sur nous.

    Tout fait échos à mes oreilles, le tonnerre, la pluie, le bruit de mes pas qui s’enfoncent dans la terre qui devient très vite boueuse. Je dévie du sentier et je cours sans m’arrêter tandis que je peux entendre leurs voix, ils sont si proches ! Affolée, je ne remarque pas la pente qui se dessine devant moi, je glisse, je tombe, je roule et je laisse ma voix meugler indiquant ma position.

    « Elle est là ! » Dit l’un des guerriers alors que je termine à peine ma chute, ma robe déchirée, un genou éraflé, les paumes égratignées mais je ne m’en préoccupe pas. Je me relève, trop rapidement, je chancelle plusieurs fois avant de pouvoir retrouver mon équilibre et de repartir à toute allure.

    Il fait de plus en plus sombre, je suis trempe de la tête aux pieds, ma robe est lourde, je trébuche me prenant les pieds dans des racines, je perds un chausson dans ma course folle, je me blesse avec des branches et j’ai de plus en plus de mal à retrouver mon souffle. Ils réussissent à me rattraper, je sens leur présence derrière mon dos, comme si leurs souffles nauséabonds parfument ma nuque.

    Je tombe à nouveau et je ne trouve plus la force de me relever. Je me traine, n’en pouvant plus et je m’accule contre un immense tronc d’arbre.

    « On essaie de fuir ma p’tite ! » Dit-l’un des hommes, haletant, en pointant son épée vers moi, déchirant la manche de ma robe. Je me recule d’avantage comme-ci j’ai l’espoir de m’encastrer et disparaitre dans l’écorce, ne trouvant malheureusement plus la force de fuir et de courir.


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Dernière édition par Abigaël le Mer 10 Jan 2018 11:57, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 8 Jan 2018 08:13 
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- IX -


(Dans quel pétrin je me suis lancé moi ? Pourquoi est-ce que j’ai accepté la proposition de ce vieillard ?)

Il frissonna. Le rire moqueur du grand-prêtre persistait dans son esprit, résonnant dans le vent froid. Il frissonna de nouveau et réajusta la lanière de son sac. Le poids de ses épées additionné aux provisions commençait à peser lors de l’ascension. Il gravissait une route ancienne qui sillonnait sur les hauteurs boisées au nord du temple. Une forêt millénaire recouverte de lichen masquait la perspective, dont il ne distinguait, lorsque des ouvertures s’offraient à lui, que la masse brumeuse et mouvante des nuages.

« L’acier semble vous peser monseigneur le forgeron. Une drôle d’idée de voyager avec ça. »

L’intrigante Oroshi venait de l’apostropher du haut d’un promontoire. Le reste du groupe était hors de vue.

« De facture garzoke, comme vous me l’avez vous-même fait remarquer. Je crains de ne pas avoir la carrure d’une peau verte. »

« Mais le sens pratique, peut-être… Nous avons trouvé un coin où nous abriter le temps d’une pause, venez. »

Elle disparut alors. Erastos grommela en martelant les marches ; pestant contre sa lenteur. Des années de pratique de la forge lui avaient prodigué un physique à tailler dans le marbre, aux épaules dessinées, et une force doublée d’une endurance indiscutable. Pourtant, les autres membres du groupe, de simples moines chétifs, légers comme des moineaux, ne montraient aucun signe de fatigue. Leurs équipements étaient surement moins contraignants, mais cela n’expliquait pas tout, même la délicate apprentie ne trahissait aucun signe de fatigue.

Les ynoriens étaient stationnées à l’ombre d’une langue de pierre suffisamment entrelacée par la végétation noueuse pour isoler l’endroit. Ils étaient au nombre de cinq : Oroshi Godo l’apprentie ; Junkyo et Danso respectivement armés d’une lance et d’une épée, accoutrés du même uniforme blanc ; Genryusai le moine souriant de Yuimen et son arc ; et enfin le discret Sajin qui n’avait pas d’armes apparentes.

Genryusai lui adressa un signe de tête avenant en l’invitant à s’asseoir à ses côtés. Le forgeron souffla en se délestant bruyamment de ses affaires pour s’affaler. Le moine de Yuimen étudiait ses flèches, les sortant une à unes de son fourreau pour les examiner, sentir le bois, avec une extrême minutie. Il affichait en permanence son sourire comblé, même lorsqu’il était concentré à une tâche en solitaire.

« Tu es bien appliqué. » remarqua Erastos en le regardant faire.

« J’exerce mon gong fu. Je transmets ma ferveur à mes flèches pour qu’elles trouvent plus facilement leurs cibles. »

« Ton gong fu ? »

« Le gong désigne la maitrise, le perfectionnement, la progression dans un métier ; le fu désigne la technique et l’énergie investie dans son métier. Pour t’expliquer, kendran, pour nous le gong fu désigne l’atteinte de l’ultime perfection dans une discipline. Il y a le gong fu de la chasse, le gong fu de la gastronomie… pour tout art. »

Le concept passionna instantanément Erastos qui sauta aussitôt sur son sujet de prédilection, pour ne pas dire son obsession. Il songeait d’ailleurs depuis des heures à la douce chaleur d’un âtre.

« Il existe donc des gens qui possèdent le gong fu de la forge !? »

« Évidemment. Mais ils sont rares, je vais manquer de modestie, mais les détenteurs du gong fu sont des êtres exceptionnels. »

« Oui, il faut toute une vie pour maitriser la forge. Mon maitre de Yarthiss disait toujours être un débutant et moi un moins que rien, mais il ne le pensait pas vraiment, enfin je crois.

Euh… Tu parlais de modestie… Tu es considéré comme un gong fu ? »


« Dans la maitrise de l’arc, en effet. » fit-il avec un sourire rieur. « Sajin aussi est un gong fu de son école. »

Erastos comprit alors qu’une garde de combattants d’élites avait été mobilisé pour le pèlerinage. Cela expliquait la condition physique de chacun. Il comprenait que les reliques de Rana étaient précieuses, mais un pareil déploiement pour l’initiation d’une apprentie était exagéré.

« C’est employer de grands hommes pour une apprentie aéromaitresse. Vous craignez tant que ça une attaque ? »

« Une garde nécessaire pour une héritière de la famille Godo. » corrigea le moine en soulevant un sourcil.

« La famille Godo ? »

« Vous ne connaissez pas la maison Godo !? »

Le visage de Genruysai resta figé de stupeur. Même Sajin, le gong fu de la discrétion, leva un regard perçant dans leur direction avant de retomber dans sa torpeur. La noblesse de la demoiselle n’était donc plus à démontrer. Erastos émit un rire gêné en frissonnant, avant de reprendre la discussion.

« Et les deux hommes qui discutent de la suite du voyage avec dame Oroshi, ils sont aussi des gong fu ? »

« Non, Junkyo et Danso ont été choisi pour leurs connaissances de la région. Ils ne sont d’ailleurs pas des moines à proprement parler, plutôt des combattants, d’une précieuse faction militaire qui œuvre aux frontières nord du pays. Il s’agit d’un territoire inhospitalier et isolé, dans lequel les orques s’introduisent régulièrement. Leur dirigeant, Uba, le Seigneur du Blizzard, est considéré comme un prodige malgré son passé de maraude. Son ardeur à tenir la frontière lui a valu une place dans le conseil. »

Erastos commençait à perdre le fil, lorsque Oroshi fit son apparition, les bras chargés d’épais manteaux de fourrure. Il se redressa instantanément sur son séant pour présenter une posture plus digne envers la délicate noblesse. Elle ne sembla pas plus sensible que ça à cette brusque convenance, puisqu’elle lui lança sans manière le cuir tanné dans les bras.

« À partir de maintenant nous allons devoir nous couvrir. Les premières difficultés vont commencer. »


- XI -

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Dernière édition par Erastos le Mar 23 Jan 2018 13:37, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 8 Jan 2018 09:35 
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Un froid qui s’insinuait sous vos vêtements et qui vous givrait jusqu’aux os. Un froid qui vous rendait aussi cassant que du verre. Voilà ce que ressentait Erastos à cet instant. Il ne tenait plus, sa fatigue physique était à son comble, il ne levait plus les pieds, mais creusait des sillons discontinus dans l’épaisse couche de neige.

Recroquevillé dans le repli de son manteau, sous une fourrure dense et salvatrice, il commençait sérieusement à douter de son engagement. Le dernier pèlerinage les menait jusqu’aux cimes des montagnes au nord d’Oranan, un haut plateau de reliefs recouverts de neige. Ici les conditions n’étaient pas propices à la vie. Du blanc, tout était d’un blanc immaculé. Seules quelques pierres noires, gluantes de glace, ressortaient du manteau de neige.

Au début le frimas avait remplacé les ondées nuageuses des altitudes plus basses, mais à présent le vent avait la consistance d’un mur. Il bousculait, cognait littéralement. Le regarder c’était se givrer les rétines.

« Le blizzard ! » s’écria Oroshi, à peine audible, mais avec une étrange gaieté dans le creux de sa voix. « C’est le blizzard ! »

Ils marchaient comme des pantins frigorifiés. Cependant, comme on pouvait s’y attendre, Junkyo et Danso évoluaient avec bien plus de facilité. L’un d’eux exhorta le groupe à se regrouper, ils ne devaient pas se séparer, la visibilité était trop réduite et les traces dans la neige étaient immédiatement recouvertes. Se séparer des deux guides revenait à signer son arrêt de mort.

Erastos tituba jusqu’à Oroshi qui avait retiré sa capuche pour ressentir le vent avec plus d’intensité.

(Pour le coup, elle est complètement givrée celle-là.)

Alors qu’il la dépassait en exhalant une condensation blanche prise dans le tumulte, elle revint à sa hauteur, son visage rosé et empreint d’une grande concentration.

« Le vent a un rythme ternaire, il tend à se renforcer, mais ce ne sera pas pour longtemps. »

« C’est pour me rassurer que tu dis ça ? Et c’est quoi ça, le rythme du vent ? »

Une bourrasque plus violente que les précédentes le pris au dépourvu, arrachant sa capuche.

« Le vent est une musique et le monde est son compositeur. À travers le vent, tous les secrets, tous les phénomènes découlent. Comme toute chose de vivante, il existe par la rencontre de deux potentiels. »

Davantage préoccupé par sa lutte contre le froid que par la compréhension de ses propos, il s’agita pour attraper sa capuche qui menaçait de se détacher. Ce qu’il vit alors lui glaça les sangs. Dans la masse blanche et homogène, une ombre grisonnante se détachait de la perspective. Il la devinait à peine, mais elle se mouvait.

« Il y a quelque chose là-bas ! Ça bouge ! »

Cependant, personne ne sembla réagir.

« C’est un flérustre, une apparition des montagnes. Il nous suit depuis quelque temps déjà. Nous ne voulions pas t’inquiéter, mais l’essentiel est de le garder à l’œil. Depuis tout à l’heure, il cherche un angle mort, il cherche à nous contourner pour sortir de nulle part. »

La voix de Danso était crevassée par les fulgurances du vent, mais Erastos n’en perdit pas une miette. Une créature les avait pris en chasse et personne n’avait jugé bon de le prévenir ! Oroshi l’observait aussi à travers le blizzard, son regard resta impavide, quoique légèrement inquiet.

« Ils détestent les humains et cherchent à protéger leur territoire, mais ils sont aussi très prudents. Contentez-vous de lui jeter des regards de temps à autre. Il voit mieux que vous, bien mieux, mais avec un seul œil, il ne distingue pas les distances. C’est pour ça qu’il est aussi proche. »

Erastos acquiesça silencieusement aux explications du montagnard, avant de redresser timidement le regard vers la forme humanoïde dans les hauteurs. Le vent et la neige s’abattaient avec violence, mais elle restait immobile, à peine visible, de simples contours et un œil qui ne clignait pas.


- XII -

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Dernière édition par Erastos le Lun 5 Fév 2018 06:21, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mer 10 Jan 2018 09:53 
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La carte l'a mené jusqu'ici, une forêt bordé d'un lac énorme à l'ouest, un horizon de lumière. La forêt lui offre un abris, un repère et de quoi mangé.
La chasse la nuit, voilà l'instant ou Orok se sent le plus en vie. La pluie tombe sur ses épaules, mais il ne bouge pas d'un pouce, il sent cette goutte se frayer un chemin dans les sillons de sa peau grise et tanné.

Il scrute la forêt de ses yeux acérés. L'orque attend qu'une proie vienne à lui, un bruit attire son attention, il saute de sa tour de guet pour toucher terre sur la mousse gorgée d'eau qui rend alors son trop plein.

L'obscurité ténue ne l’embarrasse pas, il discerne chaque arbre, chaque branche, ces trois hommes bourru qui courent, le cliquetis de leur pièce d'armure, leur respiration grossière, ils poursuivent quelque chose, non, quelqu'un. Il se concentre un peu plus, le pas de la proie est plus léger, moins habille, il perçoit sa peur.

Il reste immobile apprécie les distances, le chemin à prendre. Il plonge alors dans les ténèbres de la canopée, un sourire aux lèvres, trois guerriers, trois façons de prouver sa valeur à son dieu, il espère juste qu'il lui apportera satisfaction.

Il sent sous ses pieds l'herbe défilé, il saute les rochers, les branches d'arbres. Tout lui apparaît clairement, ses sens sont enivrés, il hume le parfum boisé ou se colle celui plein de sueur de ses nouvelles proies. Ter Zignok réclame un sacrifice, la terre veut boire, elle a soif.

Il arrive sur les lieux rapidement, tapis dans l'ombre, il jauge, observe. Trois humains, voleurs ou brigands, leurs armes sont disparates, ce monde est il peuplé d'autre chose, l'honneur de son peuple surpasse celui des humains, des loups apeuré qui pillent et violent, une maigre pitance qui n'élève pas la vertu des guerriers.
Ils les méprisent, ils sont faibles. Eux qui traitent sont peuples des pires bassesses font de mêmes. Ils récusent les Garzoks comme des monstres, alors que derrière leur moralité, ils se livrent aux mêmes fortitudes.

Les tués sera une délivrance, ils gangrènentce monde.

Leur victime est acculée, une femme, brune ses cheveux retombent en cascades sur des courbes athlétiques, elle serre le rocher, elle ne peut plus reculer. Il les ressent leur rire, il entend le cœur de la jeune femme battre dans sa poitrine qui se soulève en saccade, elle est trempée, l'un d'eux de son épée arrache la bretelle de sa robe. Elle les supplie de ses yeux bleu acier, ils n'en feront rien. Tant mieux, il n'aura pas de pitié pour eux.
Il sort de l'ombre derrière le dernier, le plus ridicule, il est gros, c'est le suiveur, celui qui prend aucune initiative, qui jouit que des actions des autres. L'air goguenard, il aperçoit l'orque sortir de l'obscurité sur son flanc, mais trop tard la lame fend son cou avec une telle rapidité qu'il est encore en vie s'étouffant dans son sang quand il tombe, le visage dans la boue. Les deux autres se retournent, les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

t'es qui toi !?

Il enjambe le cadavre encore électrisé par des soubresaut mortuaire. Il ne daigne pas leur répondre, il veut juste se battre, la chasse est ouverte, il tient sa lance, la fait tournoyé et se met en place. Ses yeux ébène brillent dans la nuit.

putain! j'te jure on va te faire payer

Le second est plus mobile, meilleur guerrier, il dégaine son arme et attaque, Orok esquive de justesse le coup qui fend le vide. Cela ne fait que l'excitée, le combat, le sang, un adversaire à sa hauteur, seul les plus fort survive, voilà sa devise. Il pense déjà au cœur de celui-ci exaltant ses papilles. Il contre-attaque d'un estoc rapide que l'humain contre d'un revers de son épée.
Ils se regardent et se jaugent, ils tournent l'un face à l'autre décrivant un cercle, leur air de combat. Elle l'observe ahurie, apeurée et en même temps une pointe d'espoir se lit sur son visage. Elle a tord, il n'est pas là pour la sauver, juste pour se battre et tuer. Le dernier, un balourd au gros bras, attrape la femme par la tignasse, il la tire loin de là. Il ne pense pas que son ami puisse échouer. Elle crie, se débat, hurle, il va la faire souffrir, elle le sait, elle sent la fin proche et se défend avec ce qu'elle peut.. Elle s'échappe, il la rattrape, la strangulant de ses bras. Ils disparaissent.

Orok apprécie chaque coup, chaque suée, chaque grognement. Il tourne et frappe, contre et reviens pour agresser son partenaire de ballet. Celui-ci se défend, mais fatigue, la buée sort de sa bouche, il est haletant. Ses épaules se soulèvent anarchiquement, il manque de souffle, mais il est opiniâtre et l'orque respecte cela. Chacun a prit des coups, les lames n'ont pas été abreuvés, mais le garzok cendré sait que cela touche à sa fin. Il feint un pas en avant, simulacre d'erreur, l'humain croit voir la solution, il charge, une dernière attaque, suicidaire, qui touche, le rôdeur grisé. Son bras s'entaille, faisant giclé son sang, une gerbe qui éclate dans l'atmosphère opaque. Il fait fit de la douleur, dans l'action, on ne la ressent pas. L'homme est à sa merci, il plante son arme dans son thorax. Un bruit d'os cassé retentit suivit d'un ruissellement carmin qui s'entremêle à la pluie. Il retire sa lance qui a transpercer son adversaire et laisse le second gît à terre, dans la boue, Orok prend la mesure de sa blessure. L'entaille est sévère et teintée d'une douleur aiguë. Il grimace. Le troisième à disparu, emmenant la fille avec lui, une traînée dans la fange permet de suivre leur trace.

À deux, ils auraient eut une chance, seul il est devenu une proie facile, c'est presque risible. L'orque suit les traces, il retrouve l'homme sur la femme qui se débat, il la retient par le cou avec son bras. Il l'étrangle. Orok les regarde sans rien dire. Elle est effrayée, cela aiguise les sens de l'orque, l'homme lui est trop stupide, il n'a pas compris que sa fin était proche. Il ne s'est toujours pas retourné.

Son corps est musclé, sa carrure un peu voûté lui donne l'aspect d'un troll. Des cheveux hirsutes rouges, se dresse sur sa tête, il pue l'alcool, son odeur recouvre même celle de l'humus et de la forêt. Orok plisse les yeux énervés, il doit lavé ce temple et faire rendre gorge a cet infidèle.

Le bossu la gifle, elle chancelle, le tonnerre gronde elle montre du doigt une cible derrière lui. Dans l'opacité du crépuscule, se dessine sous la pluie, la silhouette de l'orque, un éclaire déchire le ciel et illumine son visage ou trône un rictus de plaisir. L'homme la relâche lui aussi surpris, elle court se réfugier sous une souche d'arbre. L'homme dégaine, mais Orok s'est déjà lancé sur lui, il a laissé tomber son pique et s'envole sur sa proie.

La charge est rapide, puissante, il fait tomber son adversaire et se retrouve sur lui. Ivre le charognard, ne peut que constater son échec et sa mort se profiler.
La peau argenté s'électrifie et déchaîne alors sa colère et sa haine, le premier coup-de-poing fait sauter des dents, le deuxième s'enfonce dans l'apophyse temporale dans un craquement grotesque, la suite fait jaillir sang et os, les coups s'abattent frénétiquement jusqu'à ce qu'il n'y est plus en guise de visage qu'un trou gluant noirâtre, une mélasse carmin, ocre, une bouillie de cervelle et de cheveux se mélangeant dans la fange et la pluie. Il pousse un râle de soulagement, il se sent bien, il lève le visage au ciel, sent la pluie, couler sur sa face. Il apprécie le bien-être provoqué par l'excitation du combat. Il lève les paumes au ciel et remercie Ter Zignok pour cette offrande.

Soudain, un bruit, l'attire, la femme est toujours cachée, elle l'observe, elle a peur, il le sent. Il se redresse et s'approche de la planque de fortune à grande vitesse. Elle n'essaye pas de s'enfuir, elle est tétaniser, il l'attrape de sa main rugueuse par le bras et la tire vers lui.

Elle se retrouve propulsé contre lui, sa poitrine s’aplatit, palpitante contre son torse robuste et ses yeux d’un gris perle se fondent dans les siens. il la regarde de ses yeux funèbre, abysse où rien ne transparaît.

Sa main passe sur le visage opalescent de la jeune femme y laissant une marque de sang, l'épais liquide dégouline de la joue de la brune. Il la rapproche de sa bouche, de son nez, il la sent, il hume son odeur fleurie derrière la boue et la pluie. Il perçoit ses seins se gonfler contre son torse. Il la toise, l'inspecte, mais la laisse, il n'était pas là pour cela.

Il relâche son emprise et se retourne vers les cadavres, Elle retombe sur le tapis humide de dame nature, perdue, perplexe.
il sort une dague et s'agenouille près du second combattant celui qui la tenue en haleine, le seul qui juge digne, d'absorber.

Sous le regard médusé de cette spectatrice involontaire. La pluie commence à diminuer. La lame brille du reflet d'une lune qui se libère peu à peu de ses nuages. Elle pénètre le thorax sur la gauche aisément, puis trace une entaille large allant de la ligne axillaire jusqu’au sternum. Une vague de sang noirâtre s'expulse entremêlé de viscère. Orok plonge la main à l'intérieur pour en ressortir le cœur de sa victime. Il l'amène à son visage, le contemple, à la lumière de l'astre pâle et mord dedans goulûment. Le goût ferreux ampli sa bouche, il se délecte de la fraîcheur de l'organe. Le visage recouvert du sang de son adversaire qui le contemple dans une contraction figé d'effroi, il sollicite dans sa langue son dieu et se relève.

Il s'étire grassement et se remet en route. Il laisse les deux autres, des cœur malade, celui de faible, impropre à la consommation. La pluie s'est tue, des gouttelette tombent sur les feuilles provoquant un rythme tamisé d'un tambour sur lequel les chants des insectes reprennent, indifférent au massacre qui vient de se jouer. Il marche aisément, derrière lui, penaud, désemparé, la femme le suit...


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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mer 10 Jan 2018 12:30 
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    La peur m’enchaine comme une liane qui peu à peu s’entortille autour de moi, elle m’entrave et m’empêche de bouger, tétanisée et figée comme les statues de la Déesse Gaïa. L’averse coule comme un torrent, la pluie me fait frissonner et m’empêche de visualiser nettement les trois hommes qui se rapprochent de moi, ou est-ce à cause de mes larmes qui me brouillent la vision, ou peut-être n’est-ce qu’à cause de la pénombre qui m’entoure. Mes doigts s’enfoncent dans la terre molle, mes ongles râpent le sol boueux alors que je sens cette lame froide sur mon épaule qui remonte lentement pour déchirer la bretelle de ma robe.
    Ma bouche s’ouvre dans un petit bruit apeuré, m’apprêtant à les supplier de me laisser tranquille mais c’est inutile et je laisse mes lèvres serrées, tremblantes, jusqu’à ne former qu’une ligne distincte. Le crie d’un homme qui s’étouffe aussitôt me fait lever la tête, mais je ne vois rien à cause du déluge et de l’obscurité. Je frotte mes yeux après avoir essuyé mes mains sales sur ma robe qui à l’origine était d’un joli blanc crème aux coutures dorées. L’un des trois hommes tombe sur le sol, les mains autour de son cou comme s’il voulait empêcher le sang de gicler. Il tombe à genoux sur le sol et son buste s’écroule dans un ralenti étrange et son corps s’enfonce lentement dans le bourbier, les yeux grands ouverts.
    Ahurie, je redresse la tête, j’entends le bruit métallique des épées s’entre-choquées, les lames s’abattent, violentes et fortes, tandis que mon regard se pose sur lui, sur l’orque. Je devrai profiter de ce retournement de situation pour m’éclipser mais le troisième homme ne m’en laisse pas l’opportunité. Perdue dans ma contemplation du combat, je ne l’ai pas vu se rapprocher, agrippant brutalement mes cheveux pour me trainer dans la boue vers les profondeurs de la forêt et échapper à l’assaut de l’orque. Je me débats, lui griffe les avant-bras, je lutte et m’accroche à des branchages, essayant de lui donner des coups de pieds. J’arrive à me soustraire de sa prise, je glisse à plusieurs reprises avant de retrouver mon équilibre, mais je n’ai fait que quelques pas, qu’il me rattrape aussitôt.

    « Garce ! » L’entends-je dire sentant la poigne de sa main attraper mon vêtement, me retenant par le dos pour me tirer en arrière et me bloquer le cou de son bras.

    J’essaie de le ralentir, laissant mes pieds trainer dans le sol, enfonçant mes talons, me heurtant à des cailloux et des racines. Mes mains s’agrippent à son bras en train de me tordre le cou, me coupant presque la respiration et j’enfonce mes ongles courts dans sa peau pour essayer de me libérer avant de venir le mordre à pleine dents.

    « Sale chienne ! » Crie-t-il en m’attrapant par l’épaule pour me retourner vers lui avant de sentir sa main s'abattre sur ma joue pour me gifler. L’impact me fait chanceler et lorsque je redresse la tête, je l’aperçois, impressionnant. Je lève mon doigt vers sa direction et l’homme me relâche pour lentement se retourner, comme s’il le savait, le pressentait, qu’il était-là, derrière lui. Je me recule pour m’éloigner du combat qui va s’engager entre eux et mon dos trouve refuge sous un arbre, me protégeant un peu de l’averse. J’observe la bête qui dégaine son épée, tandis que le mercenaire se prépare à se défendre.

    Je remarque facilement que le combat n’est pas équitable et la frayeur paralyse les mouvements du bossu face à la force et l’habileté de l’orque. Je reste interdite face à ce spectacle, face à cette féroce cruauté et ce déchainement agressif. Je ferme les yeux lorsque la lutte entre l’homme et la bête devient trop sanglante, mais je peux entendre les coups creux et puissants sur le crâne du mercenaire et chaque bourrade me fait sursauter imaginant sans peine l’état du combattant.

    Lorsque le silence de la forêt reprend ses droits, lorsque je n’entends plus que l’orage qui gronde au loin, j’ouvre les yeux pour admirer la bête qui lève les mains au ciel et malgré la terreur qui m’afflige, je ne peux m’empêcher de le trouver mystérieux et mirifique. Il dégage une aura à la fois diabolique et céleste que mes yeux n’arrivent pas à s’y soustraire.

    Toujours dissimulée dans la pénombre, il suffit que malencontreusement le craquement d’un branchage provoqué par mon talon attire le prédateur. Il m’observe tandis que je reste acculée dans ma planque, je n’arrive pas à bouger, je suis engourdie par le froid et la peur. Mes yeux fixent les siens tandis qu’il réduit la distance qui nous sépare. Sa main rugueuse m’attrape le bras et d’un coup sec, je me retrouve propulsé contre lui, ma poitrine s’aplatit, palpitante contre son torse robuste et mes yeux d’un gris perle se fondent dans les siens. Il possède des yeux d’un noir intense et donne l’impression qu’il y a un tunnel sans fin tant son regard est profond, qu’on en distingue pas les pupilles. J’ai un mouvement de recul lorsque sa main vient se coller sur ma joue, laissant une trace de sang qui suit un chemin sinueux jusqu’à ma bouche tremblante, entre-ouverte qui inspire et expire, affolée. Il me renifle et me toise avant de s’écarter, me laissant seule, là, le corps frissonnant après avoir senti sa chaleur corporelle.

    Je croise mes bras autour de moi pour essayer de me réchauffer suivant les mouvements de l’orque qui tranche d’un coup de dague l’un des guerriers. Je plisse le nez, écœuré ne comprenant pas ce que l’orque est en train de faire, jusqu’à voir dans sa main, ce cœur, surement encore chaud, qui termine dans sa bouche. Je retiens un haut le cœur, portant ma main à ma bouche avant de détourner le regard et de retrouver un semblant de contenance.
    Puis j’observe tout autour de moi, je visualise les divers sentiers qui se dessinent mais je ne retrouve pas mon chemin, ils se ressemblent tous, je suis perdue et seule. Mon regard se pose une nouvelle fois sur la bête et mes pieds, tout naturellement, le suivent.

    Il a une allure rapide, il se fond dans les dédales de la forêt qui dans la pénombre paraît mystique. Je cours presque derrière lui, je me hâte pour ne pas perdre sa trace, mes pieds glissent à plusieurs reprises, ils se heurtent à des bouts de branches, s’enlisent dans la boue, s’éraflent jusqu’à avoir des petites coupures. Le bas de ma robe est sale et déchirée et je peine à garder son rythme. Je me laisse guider par mon instinct de survie, fixant inlassablement l’immense dos de l’orque, car il est devenu mon seul repère. Je ne suis pas assez courageuse pour rester seule dans la nature et assez débrouillarde pour survivre aux dangers de ce monde.

    Essoufflée, je l'observe disparaître derrière un immense arbre pour cheminer vers des rochers, je me faufile à sa suite et découvre une grotte. Je reste à l'entrée de celle-ci et je blottis mes bras autour de moi. Je n'ose pas rentrer et je me contente de surveiller les faits et gestes de la bête. Mes yeux brillent d'envie de me rapprocher du feu qui prend doucement vie mais je ne bouge pas et laisse les tremblements gagner mon corps. Je détourne le regard lorsqu'il retire le haut de sa tunique, mais je ne peux m'empêcher de lever discrètement les yeux vers lui, curieuse de déchiffrer les multitudes signes étranges et autres stigmates qui recouvrent sa peau. Il nettoie son visage dont la bouche carmin retrouve sa couleur naturelle. Je me remémore la délectation avec laquelle il a savouré le cœur du cadavre et je remarque que j’en ai encore froid dans le dos.

    Mes yeux reviennent sur lui lorsque je sens l'odeur de la viande grillée et mon ventre gargouille bruyamment et je ferme un instant les yeux pour chasser cette faim qui me tord l'estomac. Ma respiration se calme peu à peu, je passe une main sur mon visage qui doit être pâle, mes doigts tremblants glissent sur mes cheveux mouillés dont certaines mèches sont collées sur mon front et mes joues. L’orque pose sur moi un regard soutenu et je baisse les yeux sur ma robe et je m'aperçois qu'elle ne laisse rien à l'imagination. Je pivote pour coller mon dos contre la paroi froide et m’accroupis, ramenant mes genoux sous mon menton et mes bras entour mes jambes.

    Les minutes passent et à part le crépitement des flammes, un lourd silence s’installe. Je grelotte et si je ne me réchauffe pas, je vais attraper la mort. Je peux sentir la chaleur du feu qui s'estompe vers la sortie comme une tiédeur éphémère mais cela ne me suffit pas. J’hésite longuement avant de me trainer à quatre-patte vers la source de chaleur, jetant des œillades prudentes à l’orque, prête à reculer aux moindres mouvements abrupts. Sur les genoux, je tends les mains face aux flammes pour sentir la chaleur bruler le bout de mes doigts. Je soupire de contentement avant que doucement mes yeux croisent les siens. Je reste un instant figée avant d’étirer mes lèvres d’un sourire qui, à cause du froid, doit ressembler à une inquiétante contorsion…


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Dernière édition par Abigaël le Sam 13 Jan 2018 12:24, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Sam 13 Jan 2018 11:08 
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Il marche aisément, derrière lui, penaud, perdue, la femme le suit, il l'entend, elle fait du bruit elle ne sait pas se déplacer en forêt.
Au détour d'un arbre, l'improbable duo arrive près d'une grotte. Trois énormes rochers forment l'entrée, Orok s'y engouffre. À l'intérieur, un campement de fortune, l'odeur âcre d'un ancien feu de camp et l'humidité se partagent l'atmosphère. Il se penche, un briquet à la main et après quelques secondes à percuter une roche, il déclenche quelques étincelles qui allument le feu. Peu à peu, l'air, se réchauffe. Il a trouvé cette petite grotte, facilement, il en a fait son campement pour quelques nuits, demain il le sait il la quittera, il doit trouver cet objet en sa possession il pourra réaliser son destin.

Il l'aperçoit, chétive et grelottante sur le seuil de la tanière, il grimace, mais ne fait rien. Il enlève alors le haut de sa tunique et l'étend sur un rocher, découvrant un corps musclé et recouvert de tatouages étranges, de ligne discontinue et incompréhensible ainsi que d'ancienne cicatrice. Un bol avec de l'eau attend non loin de son sac, il y plonge les mains et se nettoie le visage. L'eau se teinte de sang, elle devient une mélasse noirâtre.

Il jette le liquide souillé et remet le réceptacle contre la mur, ou un filet d'eau ruisselle et ne tardera pas à le remplir à nouveau. Il sort de son sac une couverture en fourrure qu'il endosse à la manière d'une cape avant de s'asseoir près du feu. Il sort alors d'une chasse précédente des tranches de viande qu'il découpe finement avec sa dague. Il est assis près du feu et mange, il observe cet animal apeuré qui la suivit jusque-là. N'a-t-elle pas peur se demande-t-il, ou poussé par son instinct de survie, elle a suivi le chemin qui était le moins dangereux. L’Éclat des flammes danse sur son corps trempé, sa robe n'est plus qu'un voile diaphane qui peine à cacher ses formes, ses seins, ses cuisses, elle tremble.

Elle passe ses mains dans ses cheveux ébène, ils ont un reflet bleu avec la lumière, ils lui collent au visage. Il la jauge toujours, décrivant chacun de ses gestes, elle perçoit son regard sur elle, se recroqueville pour se cacher, pour disparaître à ses œillades non-consenties. Il plisse les yeux et ouvre sa gourde pour boire, puis la repose pour reprendre à manger.

Imperturbable, il continue son examen, elle doit avoir faim ce dit-il, froid, il l'étudie comme une espèce rare. Il attend de voir sa réaction va-t-elle s'approcher ou mourir geler à l'entrée de la grotte. Finalement, l'instinct de conservation prend le dessus sur la peur primaire de cet inconnu. Elle avance prudemment à quatre pattes vers les flammes, vers la chaleur, ses cheveux retombent sur ses seins qui se balancent doucement en cadence. Elle se colle au sol, souhaitant ne pas attirer les foudres de l'orque. Il la laisse faire, mastiquant toujours sa pitance, l'observant le déhancher comme un félin.

Il n'a rien dit, elle tend ses petites mains contre le feu, pour en apprécier toute la chaleur salvatrice et déjà, c'est tout son corps qui reprend des couleurs. Ses joues s'empourprent légèrement, sas mains sont moins douloureuses, elle ses yeux gris perle sur les siens, pour s'enfoncer dans son abîme. Elle esquisse un rictus mal à l'aise. Il termine sa viande et reste silencieux à la toiser.
Puis, il engouffre la main dans son sac pour un sortir un bout de chair, luisant et crue, il lui montre en le sous-pesant devant elle. Il se lève délicatement, prenant soin de ne pas l'effrayer, arborant toujours la nourriture about de bras en guise de récompense. Il contourne le petit brasier pour se rapprocher d'elle. Il n'est plus qu'à quelques centimètres, chacun de ses gestes son mesuré, il ne veut pas la faire fuir, juste la nourrir.
La voix la plus apaisé possible dans une langue commune, un peu usée, avec un accent guttural lié à ses origines, Orok lui demande.

Tu veux ? Tiens, prends

Il approche sa main avec la nourriture près de ses lèvres purpurine.


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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Sam 13 Jan 2018 12:23 
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    La chaleur réchauffe mon épiderme comme une caresse qui me démange, j’ai envie de me débarrasser de ma robe et de gratter chaque partie de ma peau, mais le regard de mon vis-à-vis, intense et saisissant me rappelle violemment, comme une gifle, ma situation. Mon sourire contrit se fane lentement face au silence pesant de l’orque qui continue de manger sans rien dire, ni rien exprimer. Je continue de l’observer, toujours sur mes gardes, tandis que mon ventre se serre à chacune de ses bouchées. La faim me tiraille et l’odeur de la viande, même crue, me fait plisser le nez, comme un souris à la recherche de son fromage.

    Je baisse un instant les yeux vers les flammes pour chasser l’appel de la nourriture et essaie tant bien que mal de me réchauffer. Je relève lentement les yeux lorsque j’entends du bruit de l’autre-côté du feu. Il se déplace vers moi après avoir fouillé dans un sac pour me tendre un morceau de viande, tel un délicieux appât, jusqu’à se retrouver à quelques centimètres de moi. Mes yeux n’ont pas quitté la nourriture et c’est avec surprise que mes pupilles cendrées se retrouvent si proches de celles d’une noirceur opaque. La chair de poule picote mes avant-bras lorsque j’entends pour la première fois sa voix, elle est basse et caverneuse avec une sonorité qui étrangement me plait.

    J’attrape la viande cru qu’il plaque presque contre ma bouche et l’odeur me fait grimacer. Mes doigts sont un contraste saisissant face à ceux puissants de l’orque, ma main est petite et fine face à la sienne grande et large. Je jette le morceau dans la cendre chaude pour qu’elle grille, sentant son regard sur mon visage qui reste de profil, les yeux braqués sur le feu. J’observe ma pitance, je devrai m’inquiéter de sa provenance, c’est peut-être celle d’un humain, mais j’ai tellement faim que je ne préfère pas lui demander.

    « Merci… » Dis-je, ma tête légèrement en biais vers lui avant de m’en détourner pour me préoccuper du bout de viande. Je l’attrape du bout des doigts, je me brule et m’y prends plusieurs fois pour arriver à le retourner et cuir l’autre côté.

    Je peux toujours sentir ses yeux envoutant sur moi, c’est à la fois angoissant et gênant. Mes joues ne sont pas seulement empourprées à cause de la chaleur provenant du feu, mais de cette insistance qui m’embarrasse et me préoccupe. Je retire la viande du feu je n’attends même pas qu’elle tiédisse, je mords à pleines dents dans la chair tendre, me brulant la bouche et la langue. Je dévore mon repas comme une affamée jusqu’à me sucer, un à un, chaque doigts pour en récupérer toute la saveur.

    Puis, de nouveau, le silence. Cette atmosphère est à la fois grisante et angoissante. Je regarde les flammes et ose de temps à temps l’observer du coin des yeux. Il m’observe comme-ci j’étais un animal étrange. Il est vrai, ça ne doit pas être commun qu’une jeune-femme suive un orque jusqu’à se perdre dans une grotte au fin fond d'une forêt, mais je n’avais pas d’autres choix entre celui d'être livrée par moi-même ou de le suivre et d’espérer que… Je resterai en vie.

    N’en pouvant plus de ce calme oppressant, je décide de me tourner vers lui.

    « Abigaël. » Dis-je en me tournant vers lui en posant ma main entre mes deux seins pour me présenter et d’un geste lent et réservé, je tends mon bras vers lui. Je pose le bout de mes doigts sur son torse, pour qu'il comprenne et puisse à son tour me donner son nom.



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Dernière édition par Abigaël le Dim 14 Jan 2018 16:02, édité 1 fois.

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