L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 88 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 8 Nov 2011 17:22 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 21 Juil 2010 02:12
Messages: 264
Localisation: Forêt d'Oranan
Luneoh est tout content de pouvoir caliner la petite créature verte du non de Tips, car oui, au risque de répéter cette vérité absolue, Luneoh aime ce qui est vert, presque autant que les chaussettes et pouvoir se tenir sur l'épaule du petit gobelin lui procure une immense joie. Il ne se rend pas compte qu'il effraie complètement le sekteg, il a complètement oublié les garzoks à proximité, plus rien d'autre ne compte que le fait de rassurer Tips, mais alors qu'il s'apprête à faire un énième et énorme bisous sur la joue du gobelin, ce dernier fonce en avant vers les trois immondes guerriers verts pour agripper un énorme chapelet de saucisses. Et cet acte signe sans aucun doute le début des ennuis pour nos trois compagnons, bien qu'aucun semble s'en rendre compte. Ayant réussi à rester accrocher au gobelin, Luneoh décide de monter sur la tête de Tips et de regarder le garzok qui s'apprête à les pourfendre tous les deux. Il le fixe longuement et l'invective en secouant sa main droite grande ouverte.

"Tu vas ranger ce truc oui! Tu vas finir par blesser quelqu'un! Non mais c'est pas possible des gens comme ça. T'as beau être tout vert, si tu fais pas attention, on va vous botter les fesses. Puis tout ça pour des saucisses! Faut apprendre à partager hein!"

Maintenant les mains sur les hanches, le regard de Luneoh se fait noir, comme s'il grondait son propre fils et il continue ainsi son sermon sans se soucier des conséquences. Il ne remarque pas les deux autres guerriers qui s'approchent d'Hailindra, l'air menaçants, il en remarque pas plus que son interlocuteur est en train de perdre patience.

"Alors maintenant vous allez déguerpir bandes de bouloums édentés, parce qu'on aime pas les gens mal élevés! Allez ouste! Du balais!"

Et le petit lutin n'a pas le temps d'en dire plus que deux doigts crasseux viennent le saisir par le col. Que ces deux même doigts, rattachés à une main énorme, elle même attaché à un bras musculeux, le soulève pour le mettre à hauteur du visage du propriétaire de cet ensemble. Ce dernier ne pousse qu'un grognement en montrant les dents et en laissant s'échapper son haleine immonde.

"Hey hey hey! Tu vas me lâcher oui! En plus tu sens la mort, c'est immonde! T'as bouffé un rogneur ou quoi ?! Pose moooooooooi! Tout de suite!"

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mer 30 Nov 2011 11:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
Le bruit fut énorme. Surprenant, impromptu, complètement inattendu. Il fit trembler la terre alentour, pour peu que Tips se fût fié à ses sensations. Rauque, puissant, terrible. Et tant d’autres mots qui ne le décriraient que trop peu, comparé à l’éructation originale, cette secousse sonique intense et vibrante, dépourvue de tout sens sémantique. Un grognement inepte, en réalité. Pour le gobelin, il avait même couvert les rugissements courroucés et surpris des orques. Et même ceux que Mélodie, soudainement moins mélodieuse, avait poussés en battant frénétiquement la peau lâche d’un tambour grave, subjuguant par son art musical déviant la troupe immonde qui leur était tombée dessus sans prévenir. Un public pour le moins complexe à satisfaire, mais dont le soudain silence étonné marquait une impression de respect. Même les cris de l’ignoble et menaçant petit lutin qui avait trouvé refuge au bout de la main d’un grand guerrier dépourvu de saucisse sèche, qui renâcla sauvagement, en plus de grogner crument contre le petit être en colère pendu à ses doigts. Ce bruit. Et cette sensation, comme si toutes ses parois internes avaient subi un séisme miniature, mais non moins intense que celui qu’il avait déjà vécu dans les monts de sa tribu, alors que les rochers roulaient sur les flancs de la montagne et écrasaient certains des siens, et les huttes, et le pied du shaman, qui s’était retrouvé fort encoléré contre Tips, bien qu’il n’eut été qu’à demi responsable de l’éboulement, suite à une partie de lancer de petites roches sur de plus grosses, instables.

Mais ici, rien ne pourrait y faire, pas même les bouloums édentés et les rogneurs rongés que le lutin invoquait pour assister au spectacle de la féline mélodie et de son tambour battant. Il se passerait inévitablement quelque chose de terrible. Car oui, Tips, après avoir dévoré toute la saucisse sèche, avait roté. Mais pas un petit rot discret, non non. Un bon gros renvoi bien gras. Certes, il n’avait réellement retenti que pour lui, mais que pouvait-il en savoir, au final ? Il avait déjà difficile de s’occuper de sa propre conscience, qu’est-ce que ça serait s’il devait se mettre à la place des autres !

Troublé par cette puissante secousse interne, venant des profondeurs de son propre petit être, il se releva, limite chancelant, et s’appuya sur la première chose qui se trouva à portée : le derrière de l’orque qui menaçait Luneoh. Il posa avec force sa main contre la fesse ronde et musclée, quoi qu’un peu confortable, du garzok terrible. Et cet appui, il en tâta les anfractuosités pour s’assurer qu’il soit sûr, afin de ne pas choir sur le sol de la sylve.

« Pfiouuu… »

Hélas, à peine le temps de souffler que le puissant orque se retourna, lutin en main, le tenaillant comme s’il allait s’en servir comme d’une salière pour saupoudrer le gobelin des pellicules du petit être au chapeau vert. Évidemment, privé de son appui, Tips s’effondra sur l’entrejambe du puissant guerrier, qui gémit sous le choc du petit casque de fer sur la grosse bourse de noix qu’il cachait, le vil, dans son pantalon, et que Tips, encore affamé, eut envie d’arracher d’un habile coup de main pour satisfaire sa faim.

Mais il n’en eut pas l’occasion. Le garzok se saisit de sa main libre pour saisir le petit gobelin par sa redingote de cuir pour le soulever au-dessus du sol, comme s’il n’avait rien pesé. Voilà un orque qui aimait bien prendre les choses en main ! Après Luneoh, c’était au tour de Tips. S’il en avait eu une troisième, il se serait sans doute saisi aussi de la belle Mélodie. Au lieu de ça, il éructa des borborygmes ineptes dans une langue rocailleuse qui pouvait, de loin, ressembler à celle des nains, mais plus moelleuse et rauque à la fois. Plus criarde encore, aussi.

Et alors que les autres immenses peaux-vertes semblaient reprendre un peu de contenance et rassemblaient leur troupe en un rang plus compact, le musicien du groupe s’approcha de la féline poupée pour récupérer son instrument, d’un air hargneux. Mais Tips n’eut guère l’occasion d’en voir davantage : la montagne qui s’était saisie de lui le hissa brusquement jusqu’à son épaule, au-dessus de laquelle il passa à moitié, pour y être maintenu d’une main de fer par son possesseur.

« Heuugh… »

Le souffle coupé, il n’eut non plus guère l’occasion de se soucier de ce qui arrivait au lutin, dans l’autre main. Peu après, pourtant, la troupe entière se remit en route d’un pas rapide, en direction du Nord des bois. Mais ça, le gobelin n’en savait rien. Il se laissait balloter comme un vulgaire sac à patates, sur sa monture bipède lancée au grand trot. Il n’y avait plus que secousses et brusqueries… Ce qui n’aidait en rien à la digestion. Cependant, nulle régurgitation : seuls quelques rots supplémentaires, plus courts et cadencés, sortirent de sa bouche pour parfumer l’air ambiant d’une délicate odeur de chair pourrie rehaussée du fumage de la saucisse. Lui ne sentait que les relents délicats d’une crêpe au chocolat à peine digérée… C’était si agréable.

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 12 Déc 2011 23:45 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 28 Juil 2010 16:33
Messages: 5005
Localisation: Aux alentours d'Oranan
Post précédent

Je suis sortie de la ville depuis une grosse heure et pourtant je n’ai pas l’impression d’avancer. La fatigue me gagne à chaque pas que j’effectue et au-delà de ça, un immense sentiment de peur, d’insécurité m’habite. Je ne suis pas armée, je n’ai rien qu’un sac de pommes qui malgré sa légèreté semble peser une tonne. Je fais des pauses régulières, m’accordant le temps nécessaire pour reprendre mon souffle.

(J’ai soif…)
(Regarde dans le sac.)

Suivant les conseils de Laïdè, je fouille, mais mes mains ne rencontrent que les fruits. Comme une idiote je n’ai pas pensé à en lui en demander avant de partir, ni même à en acheter. D’un côté, comment aurais-je pu m’en procurer une, je n’ai plus un seul yus en poche, j’ai absolument tout perdu. En même temps, je ne m’aimais pas avant, mourir et renaître m’offre une nouvelle façon de voir et de faire les choses.

Alors que je me repose, allongée dans l’herbe tendre, un bruit curieux me parvient aux oreilles. Prise de panique à l’idée que ce soit quelqu’un qui veuille m’attaquer, je rampe vers le buisson le plus proche et m’effondre derrière. Je transpire et j’ai le souffle court que je tente de calmer pour ne pas me faire repérer. Le bruit se rapproche de plus en plus de moi et mon cœur s’emballe. Comment vais-je faire pour me défendre ?

Je parviens à jeter un coup d’œil entre les feuilles et là, de nouveau une stupeur. Ranyà, ma monture offerte par l’elfe à la chevelure incandescente du Clan des Roses renifle le sol et se dirige doucement mais sûrement vers moi. Je me relève péniblement, la sueur continuant de perler sur mon front. Je m’approche avec précaution d’elle. Par Gaïa, comment m’a-t-elle rejointe ? Qui l’a guidé jusqu’ici ?

(Est-ce ton œuvre Laïdè ?)
(Non… Mais cela te permettra de te rendre plus vite dans les plaines et te rapprochera du nord du lac d’Ynorie.)
(Oui, c’est sûr que j’irais plus vite.)

Je caresse l’encolure de mon cheval, elle me renifle les cheveux et j’enfonce ma tête dans son flanc. En plus de m’apporter un appui, cela me permet de jouir d’une compagnie supplémentaire. Je tente de monter sur son dos, mais je suis trop faible pour me hisser jusqu’à la selle. Il doit bien y avoir un moyen de la monter… J’aperçois un petit rocher qui serait parfaitement utile en tant que marche pied. J’entraîne ma monture près du petit rocher et grimpe dessus. J’agrippe la selle et prend un peu d’élan pour monter.

Après maintes et maintes tentatives, je parviens laborieusement à la chevaucher. Je m’affale sur corps de Ranyà, mais arrive tout de même à saisir les rennes. Je la flatte et lui murmure la direction : dans les plaines d’Oranan. Il va me falloir faire très attention lorsque le château de Grantier sera en vue. N’étant pas armée, mieux vaut que je reste à l’abri en attendant de retrouver mes compagnons. Mais comment vais-je pouvoir me battre avec eux si je n’ai rien ?...

Je m’endors sur ma monture qui avance au pas. Au bout de deux petites heures je m’éveille alors que le soleil commence à se coucher. Je me demande comment Ranyà a fait pour avancer… Je dormais, je n’étais pas en capacité de la diriger. Alors, comment ? Je réfléchis à toutes les possibilités et soudain, la vérité me saute aux yeux.

(Merci Laïdè, je ne savais pas que tu étais capable de faire cela…)
(Il fallait que tu te reposes, j’ai donc guidé Ranyà.)

Le dévouement et l’attachement de ma faera me touche tout particulièrement. Mais soudainement je réalise que je glisse de la selle de ma monture. Je me sens tomber petit à petit, comme lorsque je sombrais dans le néant, au moment de ma mort. Je m’accroche désespérément à l’encolure de ma monture, mais je finis par tomber. La chute est dure, mais heureusement amortie par l’herbe.

(Saly !!!!!!)
(Ça va… J’ai juste mal aux fesses.)

Laïdè réprime un fou rire mental, mais moi, je me laisse aller à mon hilarité. Alors que je me roule dans l’herbe, des bruits proviennent d’un buisson sur ma droite. L’angoisse s’empare aussitôt de moi et de nouveau je rampe pour me cacher derrière ma monture. Un vieil homme sort des buissons et pose son regard sur Ranyà. Il s’approche d’elle et avant que je n’aie pu esquisser un mouvement, il me voit.

Son regard est rempli de surprise. Mon cœur palpite, je n’ai aucun moyen de défense et je ne veux pas mourir de nouveau, je ne supporte pas l’idée de revivre ce que je viens de traverser. L’épuisement, l’impuissance, être dépossédée de tous mes biens les plus précieux. Je ne veux pas, je n’accepte pas que cela se reproduise. La vieil homme tient une torche et s’avance vers moi, trop près de moi, tout en gardant son visage dans l’ombre. Instinctivement je me sers de la seule arme qu’il me reste, ma main : je veux le gifler. Il s’écarte. Il place alors son visage dans la lumière et je ne peux contenir la surprise qui apparaît sur mon visage.

"Salymïa ? Mais… Que t’est-il arrivé ?

Ma…Maître ? Est-ce bien vous ou suis-je en train d’halluciner ?"

Il s’agenouille près de moi et le doute n’est plus permis. Celui qui m’a enseigné l’art de la magie de lumière se trouve bel et bien devant moi. Que fait-il ici ? Gaïa m’apporte-t-elle toujours sa bienveillance ? Il faut le croire et je commence à me demander si je mérite autant d’attention.

"Oui, c’est bien moi. Mais que fais-tu ici et que… Viens avec moi. J’ai un petit feu et des vivres, tu en as besoin."

Il m’aide à me lever et je prends appui sur lui sans me gêner. Mon état ne laisse aucune place au doute. Même si mon maître ne le sait pas exactement, il se doute qu’il m’est arrivé quelque chose de sérieux pour que je sois dans cet état. Et il a toujours su lire en moi comme dans un livre ouvert. Il m’installe près du feu et m’enveloppe d’une couverture qu’il attrape dans sa tente. Il repart chercher Ranyà et l’attache à l’arbre le plus proche.

"Alors, Salymïa, raconte-moi tout.

Je ne peux pas tout vous dire… Je… Je suis morte et les prêtresses de Gaïa à Oranan viennent de me ramener… Je suis complètement perdue pour le moment…"

Je ne peux en aucun cas lui parler du Temple des Plaisirs, de l’assassinat de mon père, de la trahison de ma mère et pourtant j’en aurais bien besoin. Je m’effondre en pleur, toutes les tensions que je viens d’accumuler lâchent d’un seul coup. Mon maître se rapproche de moi et me réconforte. Puis il me propose de me reposer, au chaud à l’intérieur de la tente. Il me résonne et m’interdit de reprendre la route ce soir.

(Tu devrais l’écouter.)

Je me résous à écouter Laïdè et mon maître et pars m’allonger dans la tente. Je ne tarde pas à sombrer rapidement dans le sommeil. Un sommeil de plomb dans lequel je ne perçois rien. Le vide, le néant. Désagréable sensation que je viens de vivre il n’y a même pas deux jours. Je ne sais combien de temps j’ai dormi, mais lorsque je me réveille, le soleil est déjà levé. Je sors de la tente et mon maître me tend une assiette. Je me restaure et discute avec mon maître.

Il m’apprend que je suis à une demi-journée à cheval du lieu de mon rendez-vous à la rencontre de mes compagnons. À cette nouvelle mon cœur s’emballe. Je vais bientôt tous pouvoir les revoir : Oryash, Cromax, Lillith, Aenaria… Cette pensée m’emplit de joie et en même temps de crainte. Comment vont-ils m’accueillir ? Ils me croient morte, comment vais-je pouvoir expliquer quelque chose que je n’ai pas compris moi-même ?

Mon maître me donne en plus des pommes, des vivres et surtout une petite gourde d’eau, percée et qui ne pourra me servir qu’une seule fois, mais elle me suffira pour cette demi-journée. Au moment de partir, mon maître me prévient de bien faire attention à moi, la région n’est pas très bien fréquentée. Il me dit avoir remarqué un château bizarre et je sais qu’il s’agit de celui de Grantier. Je devrais donc rester loin de ce lieu et attendre mes compagnons.

J’embrasse mon maître qui m’a procuré des soins, enfourche mon cheval et pars au trot, tranquille pour ne pas gâcher les forces que mon maître vient de me rendre.

_________________
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Sam 17 Déc 2011 23:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mar 14 Sep 2010 23:26
Messages: 368
Localisation: Kendra Kâr
Ne voulant à aucun prix lâcher mes nouveaux jouets, ces magnifiques tambours où Luneoh ou Tips aurait pu rentrer sans la moindre difficulté, je me fais embarquer par un garzok particulièrement grand. Sous le coup de la surprise, je manque de lâcher la percussion, mais je m'agrippe, voyant mes deux compagnons dans la même galère. Le pire est sans doute le fait que je suis couchée sur les peaux (des peaux de quoi d'ailleurs ?), la tête sous l'aisselle du monstre. Ma pauvre truffe n'en peut déjà plus au bout de trois pas, l'odeur de viande faisandée issues du sac à dos et les senteurs de transpiration me retourne l'estomac, que je n'ai heureusement pas d'ailleurs, sinon celle du vomi s'y serait sans doute ajouté.

Je ne peux que recouvrir mon petit nez blanc de mes pattes griffues, tentant de filtrer les relents de cette créature abominable. Mais cela ne suffit pas, c'est manifestement même inutile, je ne peux que subir cette puanteur. Mais pire encore, devant mes yeux, une puce... même peu couverte de poils, cette espèce d'abomination à la voix rauque a des puces. Ces petits parasites sont capables de m'absorber mes fluides vitaux, même si c'est pas le plus à leur goût. Rien que d'y penser, je commence à gratter ma longue crinière compulsivement, c'est impossible d'y résister. Mais forcément si les griffes sont entrain de gratter mes oreilles, elles ne couvrent plus mon museau agressé par les relents putrides.

Je commence à m'agiter, remuant dans tous les sens autant pour échapper aux insectes sauteurs qu'aux exhalaisons qui émanent autour de moi.

"Pas bouger, Woran !"
"Je ne suis pas un Woran !"

Sous le coup de la surprise, je me suis assise sur le tambour, dégageant ma tête de l'aisselle et retrouvant brutalement les fragrances forestières si peu familière, mais si agréables pourtant, surtout en comparaison de celles du monstres à peaux vertes.

"Toi, quoi ?"
"Aniathy..."

Une voix hurle soudain à l'arrière de la troupe, elle hurle un mot que je ne comprends pas, mais qui annonce rien de bons pour le groupe et potentiellement pour nous.

"Lui dire quoi ?"
"Centaures !"

C'est pas étonnant, les monstres verts nous ont ramenés vers le Sud, de là où on venait et donc vers le campement des centaures. Manifestement, ce sont pas des amis pour eux, peut-être un espoir de délivrance !

_________________
La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
Image
Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 24 Jan 2012 01:15 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 21 Juil 2010 02:12
Messages: 264
Localisation: Forêt d'Oranan
Prisonnier d’une énorme paluche verte, le pauvre Luneoh est incapable de faire autre chose que de gigoter inutilement, et vociférer ardemment. Alors que fait-il ? Et bien il gigote inutilement et vocifère ardemment bien sûr, comment pourrait-il en être autrement ? Et il le fait de toutes ses forces, il y met tout son cœur. Sa tête se balance de gauche à droite frénétiquement, ses épaules pivotent n’importe comment dans l’espoir de voir les petits bras qu’elles rattachent au corps se déloger de la terrible poigne garzokienne. Et ses cordes vocales, ne les oublions pas, surtout pas, car se sont sans doute elles, qui font le plus d’efforts en ce moment, vibrant frénétiquement sous l’effet de tout l’air que les poumons du petit lutin peuvent accumuler. Elles vibrent et la voix de la petite chose en salopette se fait entendre, transmettant des propos colorés, fleuris, et j’en passe, mais surtout, des propos pas forcément cohérent…Du Luneoh tout craché.

« Hey hey hey, vous nous emmenez où ? Tas de fientes de bouloum ! Hein hein ? Puis d’abord lâchez-moi, je suis pas un jouet pour lutillon, non mais franchement. Puis en plus z’allez voir les centaures, z’êtes aussi bêtes que des nains, parce que les centaures, ils servent à rien ! Puis ils sont ridicules, presque autant que vous ! Z’êtes peut-être vert, mais c’est pas pour ça qu’on peut secouer un Bouchenais comme ça nan mais oh ! Puis voilà, les centaures, sont moches, ils écoutent rien, puis à quoi peut bien leur servir leur énorme arrière train ?! J’suis sûr que Yuimen leur a refilé deux pattes et un postérieur poilu en plus pour faire rire les lutins, mais vous comprenez rien de ce que je raconte heeeeeein ?! »

Mais le petit lutin n’a pas le temps d’en dire plus, puisque le garzok, sans aucun doute excédé, le foure la tête la première dans sans besace, ne laissant que les pieds gigotant de la petite chose dépasser. Et ainsi, la tête dans un sac à l’odeur de moisi, le bouchon d’un flacon en partie enfoncé dans la bouche, Luneoh ne peut plus parler, et ne peut plus voir ce qu’il se passe autour de lui. Tout ce qu’il sait, c’est que la troupe garzok continue d’avancer.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 25 Juin 2012 22:06 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Déc 2009 02:16
Messages: 159
Localisation: Forêt d'Oranan
Elle se balançait de gauche à droite, se dandinant rythmiquement en suivant le pas cadencé des orques qui couraient. Elle rebondissait, sautillait, voltait à mesure que la course s’étendait dans la forêt. Sa forme oblongue était parfaite, idéale. Ses petits bouts mignons et fignolés avec la précision d’un artisan confirmé. La voyant ainsi, Tips se laissait imaginer l’ouvrage de sa création. Née dans le sang et la chair, d’une lame de fer, dans le chaos le plus total… Et là voilà là, si belle pourtant. Comme si rien de ce terrible passé n’avait pu altérer sa beauté. Légèrement rosée, elle témoignait de sa vie passée, non loin d’un feu de cheminée, ou d’un brasier de camp. Elle n’attendait que de mordre la vie à pleines dents… Ou plutôt à se faire mordre à pleines dents.

Oui, cette saucisse fumée qui pendouillait de la ceinture de son hôte coursier faisait rudement saliver le petit gobelin, qui ne pouvait en détacher le regard. Elle captivait toute son attention, si friable était-elle. Il en était même devenu sourd et aveugle de ce qui se passait autour. Il ne vit pas le lutin se faire ensevelir dans un sac après une longue diatribe de mots courroucés. Il n’entendit pas Mélodie s’exclamer que les orques étaient cernés de centaures, car voulant aller vers le nord, ils s’étaient laissé dériver vers le sud, droit vers l’endroit qu’ils avaient tous trois quitté peu avant, ce campement de quadrupèdes ensabotés.

D’ailleurs, il ne tarda guère qu’il fut aveugle à tout, scène de combat ou saucisse pendue. Car un coup de sabots bien placé le déstabilisa de son perchoir, qui s’en alla rouler sur le sol à moitié éclopé. Tips tomba juste la tête la première sur un roc, que son frêle petit casque n’amortit que trop peu. Et roulant sur le sol feuillu de ces bois inconnus, il atterrit aux pieds d’un forestier d’Oranan. Les forestiers étaient cette unité de l’armée d’Ynorie qui parcourait les forêts pour guetter l’arrivée de raids d’Omyre. Ils se déplaçaient généralement en campements nomades d’une vingtaine d’hommes armés d’armures légères, de chevaux, d’arcs et d’épées. Et de bottes de cuir aux semelles bien dures, qui manquèrent de peu d’écraser sa mignonne bouille verte alors qu’une terrible bataille s’engageait entre les orques et les forestiers, qui étaient épaulés des centaures, à qui ils rendaient visiblement une visite de courtoisie… Ou de contrôle.

Bref, tout dans les vapes qu’il était, il ne participa guère à cette bataille mémorable, qui vit vainqueur les troupes d’Oranan. Sa carcasse assommée se fit juste ramasser par ces hommes pleins d’honneur, qui entassèrent sur une charrette les corps sans âme des peaux-vertes défuntes. Il fut mis parmi elles, sans même avoir de nouvelles de ses deux compagnons d’infortune. Il ne vit rien non plus du trajet qui le ramena, parmi tous ces morts, dans la capitale du pays d’Ynorie, passant bien malgré lui de grandes portes de pierres, ô cauchemar terrible.

_________________
"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 26 Juin 2012 08:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mar 14 Sep 2010 23:26
Messages: 368
Localisation: Kendra Kâr
Le monstre vert vient de me recoller sous son aisselle puante, frappant de ses tambours dans un rythme de fou. J'ignore ce qu'il tente de faire ainsi et des cris se font entendre. Au bout d'un moment qui me semble une éternité, mon porteur finit par arrêter ses boum-boums et me dépose à terre.

"Toi, pas bouger !"

Comme si j'allais écouter ce gros balourd incapable de comprendre la subtilité que son instrument de musique peut produire. A peine s'est-t-il retourné que je me mets à courir pour m'écarter de ce groupement déchaîné. Mes chaussons glissent sur le sol forestier et gênent mes déplacements, mais je finis quand même par me retrouver hors du combat qui fait rage. D'un coté, les créatures vertes, de l'autre les centaures rencontrés plus tôt dans la journée, avec un sursaut de joie, je reconnais Sèmeparoles et Tremblepensée qui combattent au coté d'humains à la peau légèrement jaune, eux aussi je les ai déjà vu, dans la ville qu'il nous a fallu traverser. Mais la bataille rangée ne m'intéresse guère, des yeux je cherche mes deux amis : câlineur et Luneoh. Très vite, je repère le petit vert, couché près d'un arbre, préparant sans doute une de ces attaques dont il a le secret, mais aucune trace du lutin. J'espère pour lui qu'il a été déposé au sol à l'abri comme le monstre vert l'a fait pour moi, je tente de humer son odeur caractéristique de chaussettes, mais ne parvient pas pour si peu à le repérer dans cet agglomérat de senteurs trop variées.

Le combat s'achève très vite, laissant place à un silence oppressant. Ce sont les humains qui ont gagné, les centaures aussi. Les premiers fouillent les monstres verts d'ailleurs, prenant tout ce qui pourrait avoir l'une ou l'autre valeur : sac à dos, pochettes, armes... Laissant les corps là. Les morts humains sont hissés dans une charrette, Câlineur aussi, lui qui n'a plus bougé depuis le début du combat.

"Je vous avais dit de ne pas revenir vers la centaurée..."
"Tremblepensée !"
"Que fais-tu là et où on sont donc les autres ?"
"C'est compliqué. Y a eu le dragon en os d'abord,..."
"En même temps, ça ne m'intéresse pas. La forêt c'est pas pour toi, va voir les humains, pars avec eux."

Ne souhaitant pas me voir changer en arbuste, j'obéis prestement et cours rejoindre les humains. Ce sont tous des hommes, jeunes, avec des armures et des armes impressionnantes, tellement que je n'ose pas vraiment les approcher, restant à une distance convenable. Le chariot est parti depuis quelques temps, emportant le Câlineur vers une destination inconnue... et toujours aucune trace de Luneoh...

Bientôt la compagnie passe les hautes portes, moi à sa suite.

_________________
La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
Image
Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 22:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 21 Juil 2010 02:12
Messages: 264
Localisation: Forêt d'Oranan
Toujours dans une position fort délicate, la tête en bas, un objet au gout passablement immonde dans la bouche, empêchant notre petit lutin de dire quoi que ce soit, ou tout du moins quoi que ce soit de compréhensible,il fait la seul chose qu'il peut faire: Il se débat. Frénétiquement, il gigote, se dandine, se trémousse, enfin vous l'aurez compris, il bouge dans tous les sens. Il veut sortir de cette position plus qu'inconfortable, il veut sortir de cette besace qui sent la charogne moisie, il veut sortir pour botter les fesses de ce garzok malpoli! Il a beau être tout vert, il ne faut tout de même pas pousser le bouchon trop loin, surtout pas dans la bouche de Luneoh, fier lutin de Bouh-Chêne. Il y a des limites à ne pas franchir! Et vous savez, en cet instant, Luneoh pourrait être en plein milieu d'un champ de bataille qu'il n'en aurait rien à faire et qu'il ne s'en rendrait même pas compte.

Bon, d'accord j'avoue, IL EST en plein milieu d'un champ de bataille. Les garzoks, y compris celui transportant le lutin, se battent férocement et farouchement contre les centaures et une poignée de soldat Ynoriens, le cris fusent, les métaux s'entrechoquent, et comme je vous l'avais dit, notre petit héros vert ne se rend compte de rien. Il continue de se débattre désespérément! Même lorsque son "porteur" meurt, même lorsque le cadavre de ce dernier est envoyé sans ménagement sur une charrette avec ses congénères. Non Luneoh est dans son monde et continue de bouger dans tous les sens. Il en vient même à oublier, temporairement cela va sans dire, ses deux compagnons, Tips et Hailindra.

Et c'est alors qu'une charrette sur laquelle sont empilés un tas de cadavres puants et un lutin gigotant, guidée par quelques guerriers Ynoriens, se dirige vers la ville d'Oranan, jusqu'à en traverser les portes.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 25 Avr 2014 23:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
La forêt était silencieuse. Silmeria avait su se glisser sous un nid de verdure et y ramper jusqu'à atteindre un sentier peu encombré, de là, sous le coup de l'adrénaline, elle tira sa carcasse saignante encore sur une centaine de mètres. Retournant dans les fourrés de crainte de se faire remarquer et aligner par la flèche d'un Oranien, elle marcha trois pas et chuta lourdement dans un creux, le sol était inégal et la chute douloureuse. Silmeria avait la robe ensanglantée, la flèche était toujours plantée dans sa chair. Faute d'un chirurgien et d'un guérisseur, elle savait qu'elle n'avait pas le luxe d'attendre, il fallait s'opérer elle même. Contre un arbre, elle positionna son dos et tenta de briser la flèche de façon à l'arracher du côté de sa poitrine.

La manœuvre était difficile, sa respiration était dure et la douleur lui grimpait à la tête. Elle savait que la flèche n'était pas loin du cœur mais que l'extraire risquerait d'abîmer celui-ci. Le bois craqua après une courte pression. Silmeria eut un long et puissant vertige qu'elle imaginait dû à une grosse coulée de sang. Serrant les dents le plus possible, elle attrapa la pointe de la flèche qui avait percé de peu sa poitrine. Elle tira du bout des ongles et senti sa peau se déchirer dans le mouvement. La fugitive s'arrêta pour souffler, l'exercice était pénible et il fallait ensuite bander ses plaies. Les manches de sa robe feraient l'affaire, assez longues pour faire le tour du corps et bander correctement la plaie, et puis, elle n'avait pas l'embarras du choix.

Après avoir arraché la pointe et la tige qui allait avec, elle entoura sa poitrine sous le sein à l'aide de la manche qu'elle noua et fixa le mieux possible à l'aide de l'aiguille d'argent qu'elle cachait dans ses cheveux. Puis, elle ferma les yeux, si elle devait mourir, elle préférait le faire dans un sommeil, même tourmenté. La pluie tomba doucement, quelques gouttes qui se transformèrent vite en averse puissante, bien qu'elle soit sous un arbre, Silmeria ne tarda pas à être trempé, mais c'était bien là le cadet de ses soucis.

Au bout de quelques minutes, la boue s'était formée partout et la forêt, submergée par cette averse n'arrivait pas à absorber dans la terre toute cette pluie. Les rongeurs se terraient plus profondément dans leurs abris et terre et les oiseaux nocturnes restaient sur leurs branches, l'air confit, enveloppés dans un manteau de plumes.

Ses forces revenaient un peu, l'adrénaline retombait et sa respiration revenait à la normale. Cette flèche aurait pu être la dernière, maintenant, si tout se passait bien, elle ne serait qu'une signature de plus, gravée dans sa chair. Une ombre s'approcha de la femme.

« Regardez donc qui gît dans la boue. »

Un frisson. Silmeria ouvrit les yeux et réalisa. Hrist. Sa jumelle maléfique, se tenait devant elle, droite, fière et posa sur elle un regard des plus glacials.

« On peine à croire que tu étais, il y a peu encore, la grande Baronne de Keresztur. Silmeria... Tu as tant changé. »

Silmeria, dans son tourment réalisa soudain que tout était lié. C'était Hrist la cause de la mort d'Ayri, probablement elle qui avait accéléré l'attaque sur le château lorsque les assassins envoyés dans la Baronnie avaient échoués. Le cerveau de Silmeria s'affolait, l'adrénaline et la colère lui montait à la tête, elle ne dit rien mais brusquement, se leva pour attaquer sa jumelle.

Hrist évita la dague qui fendait l'air, la Frémissante cruelle et moqueuse s'y attendait certainement. La douleur à la poitrine refit brusquement surface, Silmeria reçut un violent choc au crâne, son mouvement trop rapide et brusque avait provoqué un vertige auquel son corps succombait lourdement. Hrist frappa la femme dans le dos, d'un coup de bonne, renversant cette dernière par tête, face première dans la boue.

« Tu m'as manquée, Silmeria. »

Hrist s'avança doucement, elle semblait décidée à prendre son temps, savourer l'instant tant convoité. Tuer Silmeria, elle y tenait tant. Elle tira son arme. Silmeria rampait jusqu'à sa dague, blessée et affaiblie, elle savait que ses chances étaient moindres, Hrist était une tueuse hors-pair, elle n'avait rien à voir avec ces assassins arrêtés dans son domaine quelques mois plus tôt.

Se retournant, elle fit face à la Frémissante qui s'approchait toujours, les bottes s'enfonçant dans la boue et les cheveux noirs collés au visage sous l'effet de la pluie, Silmeria ne pouvait pas voir si elle portait une armure, la tueuse n'avait pas retiré sa cape qui enveloppait totalement son corps.

Bien que Silmeria soit tolérante à la douleur, celle-ci se faisait plus difficile à supporter, son bandage n'était pas fait pour résister aux mouvements et encore moins à un combat. Hrist était de plus en plus proche et Silmeria se releva le plus vite possible en faisant attention à ne pas retomber, empêtrée dans la boue qui lui collait la robe et les membres.

Debout, elle pointait Hrist du bout de sa dague, elles s'arrêtèrent de bouger et se toisèrent un long moment, en silence. La pluie tombait toujours, glacée sur ces corps bouillants de colère. La vue de Silmeria revint vite à la normale, les nerfs et l'adrénaline avaient fait leur effet, elle était maintenant dopée par la colère et son assaillante, par la vengeance. Le théâtre de la mort d'une de ces femmes serait la forêt d'Ynorie, peu fréquentée par les hommes. Sans les savoir, ces deux femmes joutaient sur un territoire fréquenté par les Orques.

Hrist rangea son arme. Silmeria d'abord surprise, estima qu'elle n'aurait pas deux chances d'en finir et fondit comme un animal sur la tueuse. Hrist pu esquiver l'assaut porté à sa poitrine par le kukri de sa proie. Elle évita aussi sans peine le second, sa victime étant lourdement handicapée par sa blessure, c'était comme se mesurer à un novice.

La Frémissante profita du manège et finit par saisir le poignet armé de Silmeria et lui frappa le muscle de la cuisse à l'aide de son genou, paralysant la jambe de sa victime qui manqua de tomber à terre. Tordant le poignet de la femme, Hrist rapprochait doucement la main armée de Silmeria vers la gorge de cette dernière, trop affaiblie pour résister à la pression exercée sur ses membres. Avant que la lame affûtée ne rentre en contact avec sa peau blanche de son cou, Silmeria se laissa tomber, faisant poids mort pour déséquilibrer Hrist qui cette fois-ci, n'avait pas envisagé cette possibilité. Une fois à terre, ayant presque entrainée son assassin dans sa chute, Silmeria envoya un violent coup de botte dans l'estomac de Hrist qu'elle entendit couiner sur le coup.

La tueuse n'avait aucune armure sous sa cape, pas même quelque chose qui ressemblait à une protection en cuir, elle pouvait donc frapper à hauteur de poitrine pour équilibrer l'affrontement ou mieux encore, la tuer sur place. Silmeria, profitant de l'instant, roula sur le côté et fut entraînée dans une pente raide fournie en buissons, ronces et bois morts divers sur lesquels elle manqua de se blesser davantage.

Le temps lui était compté, face à son adversaire, Silmeria savait que la meilleure option était la fuite, essayer de la semer dans les bois à la faveur de la pénombre et de s'exiler loin, très loin. En terminer avec son passé, c'était ce qu'elle avait de mieux à faire, faute de pouvoir tuer Hrist ici, ce soir.

Elle entendait lors de sa course, bien que ralentie par ses plaies, Hrist crier son nom dans les bois. Sans se retourner, elle vit des mouvements, juste en face d'elle mais la précipitation et la noirceur de la nuit firent qu'elle réagit trop tard et reçut un coup au visage, lui fendant l'arcade.

Silmeria retomba une fois de plus, beaucoup plus douloureusement cette fois et elle se trouvait face à trois orques aux visages terrifiants, lardés de cuir noir aux rivés de bronze, les mains calleuses qui serraient les armes bien tranchantes. L'un d'eux se pencha vers elle, la soulevant du sol en lui tirant les cheveux et colla son épée contre sa gorge. Ses deux compères ricanaient jusqu'à ce qu'un nouveau bruit dans la forêt se fit entendre.

« Hey. Elle est à moi ! »

On lâcha Silmeria qui une fois à terre, estima qu'il n'était pas bon de remuer tout de suite pour s'échapper, toutefois, elle prit quand même soin de se retourner pour observer la scène, les orques étaient trois et pourraient bien tuer Hrist, dans la mêlée, elle caressait l'espoir de pouvoir s'enfuir.

La tueuse était droite, impériale, cette fois-ci, on distinguait mieux son visage, les longs cheveux noirs contrastaient sur sa peau pâle et ses yeux sombres, dévoilant les pires traits de sa prestance. Un orque s'approcha, amusé de voir deux femmes seules dans la forêt. Tira lentement son épée comme s'il en savourait le raclement métallique sur le fourreau, il n'était plus qu'à deux pas de Hrist qui ne lui faisait pas face, elle s'était placée de profil tandis que les deux autres molosses d'Omyre, eux, ne bougeaient pas.

Hrist, désarmée, attendit le premier coup de l'orque, elle esquiva l'attaque en lui attrapant le poignet et lui envoya un violent coup de coude dans la tempe. L'orque lâcha son arme à la faveur de Hrist qui la lui enfonça dans le crâne d'une attaque descendante.

Il tomba comme une masse, Silmeria en resta bouche bée et les deux orques, ivres de colères et aussi, intérieurement verts de peur se ruèrent sur la tueuse.
Silmeria s'enfuit de nouveau, espérant que le combat dure un peu plus longtemps que le premier pour mettre de la distance entre elle et sa jumelle. C'était mal estimer la gravité de ses blessures.

La forêt devenait de plus en plus dense, et en son for intérieur, elle savait que les orques grouillaient ici, les trios perdus de Garzock sont rares, trop pour relever de la coïncidence, d'autres trainaient leurs carcasses malodorantes dans les parages et elle souhaitait plutôt qu'ils rencontrent Hrist qu'elle même, faute d'être capable de se défendre contre l'un ou contre l'autre. La peur au ventre, pour la première fois, lui fit abandonner presque tout espoir de voir le soleil se lever.

De son côté, Hrist avait fait des boulettes de ses deux assaillants, laissant derrière son sillage trois cadavres amoureusement mutilés. Elle se remit en chasse et sa détermination semblait sans faille. Elle se savait proche du but et des larmes de joie perlaient au coin de ses yeux.

Silmeria arrivait au bout du chemin praticable. Un fossé séparait sa route et la suivante, à quelques mètres plus loin. Impossible de sauter sans y laisser sa peau, la pente était trop abrupte pour bien se réceptionner. Silmeria se retourna, derrière elle, la fugitive vit Hrist avancer, l'air mauvais.

Silmeria dégaina de nouveau son arme, Hrist ne dit rien, elle non plus. Toutes deux entamèrent un combat au corps à corps brutal et sans pitié, la lune, ronde et argentée, veillait à éclairer le combat. La pluie avait cessé, mais les deux femmes étaient trop absorbées par la haine pour s'en rendre compte. Le claquement du métal attira l'oeil de quelques créatures nocturnes, les chouettes se turent et gardèrent un oeil sévère sur le combat, oubliant les petits rongeurs qui, curieux, observèrent avant de s'enfuir croquer des fruits secs tombés des arbres.

Hrist avait clairement le dessus, Silmeria en difficulté, savait que le jeu cruel de son adversaire était de la rendre la plus faible possible avant de l'exécuter comme une bête. La Frémissante retenait ses coups et veillait à, lorsqu'elle le voulait, ne couper que superficiellement sa victime qui s'entêtait à lui rendre ses coups, avec nettement moins de succès.

Lorsque Silmeria finit à genoux, Hrist n'avait que de petites coupures sans gravité le long des bras et des mains. Silmeria, en plus de la flèche reçue, avait de sévères coupures au bras gauche qui handicapaient totalement sa maîtrise et sa combativité, elle l'ignorait, mais ses tendons étaient coupés. La lune se reflétait sur le le sang qui coulait le long de ses bras.

« J'ai un peu de peine pour ma jolie petite poule de Silmeria. Regarde la, dans la boue et terrassée, on dirait une volaille, il ne lui reste plus qu'à lui lier les pattes et la mettre en cocotte. »

Les yeux fichés sur la terre humide, elle vit apparaître dans son champ de vision, les bottes de l'assassin qui la traquait.

« La Mort n'est jamais un hôte très bien venu»


Sa voix était douce, maternelle. En dépit de la haine, toutes deux étaient empruntes d'un amour fusionnel, l'une pour l'autre, mais il était trop tard. Hrist se baissa et fit glisser sa main le long des cheveux de Silmeria, tirant doucement la chevelure vers l'arrière pour exposer sa gorge. Silmeria avait perdu son Kukri dans l'herbe, à deux pas d'elle. Hors de portée. Hrist était calme, sa respiration et son contrôle étaient parfaits, même après un combat. Sa seule solution, résidait dans sa troisième arme, la plus discrète. L'aiguille. Hrist approchait son arme de la gorge de Silmeria qui, vive comme l'anguille, tira l'aiguille de son bandage et l'enfonça dans le corps de Hrist, dans trop savoir où. Hrist ayant vu le mouvement, glissa son arme sur la gorge de Silmeria, mais trop tard.

Toutes deux tombèrent à la pleine lune. Aucune des deux n'était encore morte. Silmeria sentait la détresse la gagner à mesure que ses forces la fuyaient, à tel point que la lune se tripla au dessus de son visage. Hrist était tombée à côté d'elle, sur le ventre, impossible de voir où était porté le coup et s'il avait été fatal ou non.

Silmeria n'osait pas toucher sa gorge, la douleur lui indiquait qu'elle avait manqué son coup, probablement porté trop bas mais trop de sang semblait avoir coulé, ses forces absentes, elle ferma les yeux à défaut d'avoir une meilleure idée.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Jeu 21 Aoû 2014 23:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 17 Aoû 2014 22:04
Messages: 17
Localisation: La Forêt d'Ynorie
Poste précédent

Sorike était prêt, autant qu'il pouvait l'être du moins. Il avait quitté le domaine Agaru avant l'aube, sachant qu'il devrait marcher toute la journée pour atteindre la forêt. Son détour par le temple de Rana et son passage à la boutique lui avaient pris peu de temps, mais il souhaitait atteindre la forêt d'Ynorie avant le coucher du soleil. Une fois ses achats effectués il avait donc traversé la ville, franchi ses portes, jeté un dernier coup d'oeil en direction du temple de sa déesse et avait pris la route vers le Nord-Est, marchant d'un pas vif. Quelques heures passèrent sans encombre, Sorike apercevait la forêt au loin, entre deux massifs, mais il n'avait pas l'impression de s'approcher. C'était à vrai dire la première fois de sa vie qu'il partait en voyage, car il devait bien l'admettre, lire un livre où un héros parcours le monde était différent de parcourir le monde soi-même.

Peu à peu la fatigue le gagnait, il avait faim et soif, ses pieds lui faisaient mal et continuer de marcher lui était insupportable. Pourquoi les héros de ses livres n'avaient ils jamais faim ? Ils ne semblaient manger qu'à la fin de leurs aventures autour d'un banquet plein de bière et de viande... Oh, de la viande, rien qu'à y penser le rôdeur salivait, et il n'aurait sans doute pas craché sur une pinte de bière, ne serait-ce que pour se désaltérer quelque peu. S'il n'avait pas subit une formation militaire et ne s'était infligé un entraînement quotidien, Sorike aurait sans doute déjà baissé les bras, mais il avait encore des ressources et de toute manière la forêt était maintenant plus proche que la ville. Encore quelques kilomètres et il atteindrait son objectif. Une fois sur place il trouverait un abri, à manger et de l'eau. En tout cas, c'est la pensée qui le faisait avancer sans s'arrêter.

Enfin, il arriva à la forêt, s'arrêta devant le premier arbre, inspira profondément et se sentit revigoré, pour un temps. Il s'assied au pied d'un arbre, ouvrit son sac et fit le bilan à voix haute :

" Alors, j'ai une petite potion de soin, une corde, un grappin, un katana et une cape de dissimulation... Je n'ai donc rien à manger, rien à boire, rien pour m'abriter ni de quoi allumer un feu... J'ai faim, j'ai soif et j'ai envie de dormir... "

Ce constat était accablant, il se sentit particulièrement stupide et pire : le ciel s'assombrissait tandis que le soleil commençait à se coucher. Il prit donc la première décision stupide d'une longue série : trouver un endroit ou dormir et penser au reste le lendemain. Il s'enfonça donc dans la forêt, à l'aveuglette, jusqu'à atteindre un arbre au pied duquel il pourrait s'allonger. Il ramassa des feuilles mortes un peu partout aux alentours, les entassa pour s'improviser un futon de fortune et s'emmitoufla sous sa cape elfique avant de fermer les yeux pour s'endormir... Mais il ne dormit pas, et cette nuit fut sans doute la plus longue de toute son existence. Il faisait froid, il y avait des insectes, des bruits étranges. Sorike se sentait épié de toute part, encore une sensation dont on ne parlait pas dans ses livres... Une idée lui vint alors, il s'agenouilla et commença à prier Yuimen, qui selon lui était sans doute le plus à même de le protéger dans de pareilles circonstances, et Rana ne lui en voudrait pas car elle savait que c'était elle qui comptait le plus à ses yeux...

Effectivement, l'égo de Sorike était démesuré, il était persuadé que les dieux suivaient chacun de ses gestes et accordaient grande importance à ses prières. La faim, la soif et la fatigue étaient certainement en partie responsable de cette façon de penser mais ce genre de considérations ne lui effleuraient pas l'esprit le moins du monde. Le fait de prier lui fit oublier ses soucis, pendant quelques minutes, mais déjà ses muscles lui criaient de s'allonger et de dormir, rester à genoux était bien plus éprouvant qu'à l'accoutumée. L'avantage quand on grandit dans une famille telle que la sienne, c'est qu'on mange trois fois par jour, qu'on dort au chaud et qu'on boit quand on a soif, l'inconvénient de ce mode de vie est qu'une fois confronté à la faim, au froid et a la soif, on n'a aucune idée de comment réagir.

Aux bruits de la forêt nocturne se mêlaient les gargouillis de son ventre, impossible de dormir, impossible de bouger, allait-il mourir cette nuit ? Non, il savait qu'il ne mourrait pas, que la nuit ne serait pas éternelle et que le soleil finirait par se lever, il planifia donc intérieurement le déroulement de la journée du lendemain...

(Demain, je mange, je bois et je trouve un abri)

Ce plan était parfait, un sourire se dessina sur ses lèvres, il n'avait qu'à attendre la fin de la nuit et tout rentrerait dans l'ordre. Il leva les yeux vers le ciel et entreprit de compter les étoiles. Cette occupation fit passer le temps un peu moins lentement, jusqu'à ce que l'aube les chasse pour laisser place au merveilleux spectacle du soleil levant. La première nuit de l'homme libre qu'il était venait de s'achever. Il se leva, s'étira et remercia Yuimen de lui avoir permit de vivre un jour de plus, il en fit de même avec Rana et, dans son élan décida d'adresser une pensée à Moura, histoire qu'elle ne pense pas qu'il l'avait oubliée. Il constata alors qu'il avait mal partout, qu'il était épuisé, qu'il avait faim et soif... Rien n'avait changé depuis la veille, son état avait même empiré. Une rivière, Sorike devait trouver une rivière. Le jeune rôdeur se leva, assembla ses affaires et se remit en route.

La température était correcte, la forêt était dense et riche en baies et champignons variés. Le problème était que Sorike n'avait aucune idée de ce qui était comestible ou non. De toute manière il lui fallait avant tout trouver un point d'eau, et une idée lui vint : Les animaux devaient boire, s'il pouvait repérer des marques d'un quelconque animal, il pourrait remonter sa trace et peut être trouver un lac ou un étang. Il commença donc ses recherches, collectant différentes baies et champignons au passage en vue d'expérimentations futures. Il repéra de petite traces de pas d'origine animale, mais n'avait aucune idée de l'origine de celles-ci. Elles étaient relativement espacées ce qui laissait entendre que l'animal était grand ou se déplaçait vite. Le fait qu'elles ne fut pas trop profondes pouvait signifier que l'animal était plutôt léger... Il pensa à un élan ou une biche, il avait faim. Il remonta donc la piste sur plusieurs centaines de mètres, ramassant toujours ce qu'il trouvait de potentiellement comestible sur son chemin.

" Moura, par pitié, montre moi le chemin vers un fleuve, une rivière, un étang, un lac... Une flaque d'eau ferait l'affaire ! "

Sa gorge était sèche, son estomac grondait, ses muscles endoloris ne continuaient de fonctionner que par pur instinct de survie, ce même instinct qu'il regrettait de ne pas avoir cherché a développer un peu plus avant de se lancer à corps perdu dans une épreuve de survie sans surveillance, ni aide, ni quoi que ce soit qui puisse lui garantir une quelconque chance de survie. Quoi qu'il en fut il poursuivait son avancée, mais au bout de quelques minutes il se rendit compte que les traces avaient disparues et qu'il avançait sans aucune piste. Il s'arrêta au pied d'un arbre, tourna sur lui même pour regarder ce qui l'entourait et sentit le désespoir l'envahir. Il était seul, sans vivres, au milieu d'une forêt, sans aucune idée de ce qu'il faisait là. Comment allait-il faire pour en sortir vivant ? N'avait-il pas entendu dire que certaines personnes y avaient disparues ? Décidément, venir ici était l'idée la plus stupide qu'il avait jamais eu, ses rêves d'aventure et d'héroïsme lui semblaient soudain bien lointains.

Il parait que quand on touche le fond, on trouve toujours un moyen de remonter. Cette pensée lui fut certainement salutaire. Remonter, prendre de la hauteur, peut être était-ce un moyen de voir d'avantage, de repérer un point d'eau. Cette décision fut la première bonne idée de sa carrière, il sortit la corde et le grappin de son sac et après quelques tentatives ratées parvint à agripper une branche solide et en hauteur. Il grimpa alors et monta jusqu'au sommet de l'arbre, scruta autour de lui et se rendit compte qu'il ne pouvait pas voir grand chose. Il n'était pas monter sur l'un des plus hauts arbres du coin et sa vue était quelque peu obstruée... Il se frappa le front du plat de la main, récupéra son matériel tout en redescendant de l'arbre. Il se mit alors en route pour en trouver un plus grand que les autres. Après quelques minutes il atteignit un arbre beaucoup plus large que les autres, il leva la tête pour constater qu'il semblait également bien plus haut. Cette fois-ci devait être la bonne. Il réutilisa sa corde et son grappin puis grimpa jusqu'en haut. Il scruta alors l'horizon, s'interrogeant sur comment repérer un point d'eau, et pour la première fois la chance lui sourit, car il repéra un lac pas trop loin d'où il se trouvait. Il mémorisa l'emplacement du lac, redescendit avec son matériel et se mit en route, oubliant un instant la faim, la douleur et la soif.

En chemin il fut assailli par des ennemis bien trop nombreux pour un combat équitable : des mouches, des moustiques, des abeilles... Il tentait vainement de repousser leurs assauts en agitant les mains, mais au bout d'un moment il en eu assez et ôta sa tunique, s'en servant comme une arme improvisée pour chasser les insectes, ce qui finalement fonctionna. En tout cas c'est ce qu'il pensait, car le simple fait de continuer d'avancer l'en aurait finalement débarrassé. Cette lutte acharnée lui avait valu une ou deux piqûres, mais Sorike n'était pas à ça prêt. Il continua son aventure pour atteindre le lac, des larmes de joies coulèrent le long de ses joues tant il était heureux. Il ôta ses vêtements et plongea, buvant jusqu'à plus soif à presque s'en étouffer. Lorsqu'il ressortit de l'eau il se sentait revigoré. Il utilisa sa tunique pour s'essuyer et renfila le reste de ses vêtements. Il était temps pour lui de construire un abri proche du lac, d'autant plus que la nuit n'allait pas tarder à tomber.

Sorike se mit donc en quête d'un endroit où se poser, puis une idée lui vint : Il serait plus simple de construire un abri sous un arbre, mais pas n'importe quel arbre car il faudrait pouvoir se protéger de la pluie, du vent et du froid... Un arbre penché, voir tombé, s'il parvenait à empiler des branches le long de ce genre d'arbre, qu'il y entassait des feuilles et de la mousse, il devrait pouvoir se protéger pour la nuit, mais il fallait quelque chose de solide. Il finit par trouver ce qu'il cherchait à une quinzaine de minutes du lac. Un arbre au large tronc penché et appuyé sur un autre arbre droit et robuste. Sorike déballa ses affaires et décida que cet endroit serait celui où il s'installerait. Il leva les yeux au ciel et estima qu'il ne lui restait que très peu de temps avant que le soleil ne se couche. Cette fois-ci il aurait un abri, c'était décidé. Il mémorisa l'emplacement de son arbre et ramassa des branches aux alentours. Après quelques allez-retours il avait constitué un stock de branches suffisant pour fonder son abri. Une fois les fondations posées il alla chercher des rameaux et feuillages afin de recouvrir l'abri et le protéger du vent et la pluie. Pour une fois il était plutôt content de ce qu'il avait réussi à faire, mais la nuit tombait et il se faisait tard, les quelques baies et champignons qu'il avait ramassé lui semblait bien appétissants. S'il n'en mangeait qu'un peu, il ne devrait pas en mourir, c'est ce qu'il espérait. Il faisait cependant trop sombre pour les distinguer, cette nuit encore, Sorike allait jeûner. Mais au moins pour une fois, il allait pouvoir dormir...

_________________
Sorike Agaru, Rôdeur


Dernière édition par Erkios le Ven 22 Aoû 2014 18:17, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 22 Aoû 2014 05:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 17 Aoû 2014 22:04
Messages: 17
Localisation: La Forêt d'Ynorie
L'abri de Sorike était si bien fermé qu'il ne laissait passer les rayons du soleil, si bien que l'aube ne le réveilla pas. En revanche, son estomac criant famine le tira de sa torpeur. Il avait dormit d'un lourd sommeil ne lui ayant laissé aucun souvenir d'un quelconque rêve, sans doute était il trop épuisé pour rêver... Ou s'il avait rêvé il ne s'en souvenait pas. Bref, après s'être interrogé de manière très philosophique sur la différence entre ne pas rêver et ne pas se souvenir d'avoir rêvé, il décida qu'il était temps pour lui de manger. Il ouvrit son sac et en sortit les baies et champignons qu'il avait ramassé la veille. Il estima qu'il serait mieux de garder les champignons pour le soir, lorsqu'il aurait fait un feu et trouvé un moyen de les cuire. Les baies quant à elle pouvait, selon lui, être mangées crues sans trop de risque.

(A moins qu'elles ne soient toxiques...)

Légèrement inquiet il adressa ses prières à Yuimen, le priant de ne pas le rappeler à la terre pour avoir mangé quelques baies. Il y en avait de plusieurs couleurs, des noires, des rouges, des violettes, des vertes... Il en goutta d'abord une noire, et le goût ne lui déplut pas, à la fois doux et sucré. Il décida que pour aujourd'hui il se contenterait de ces baies, car une nouvelle idée lui était venue : S'il tombait malade il pourrait identifier quelle baie en est la cause, c'est la raison pour laquelle il n'en expérimenterait qu'un seul type chaque jour. Il mangea donc la dizaine de baies noires qu'il avait en sa possession et se sentit rassasié. Il espérait sincèrement qu'elles ne le tueraient pas...

" Elles étaient trop bonnes pour être mortelles... "

Il était temps pour lui de faire du feu, il repartit donc en quête de matières premières pour en allumer un, du bois mort, des feuilles, des pierres. Il n'avait aucune idée du temps qu'il lui restait avant la tombée de la nuit. Le fait d'avoir autant dormi lui avait fait perdre la notion du temps. Le fait était qu'il avait dormi la moitié de la journée et qu'il ne lui restait donc que l'autre moitié pour rassembler de quoi allumer un feu et surtout, de l'allumer. Sans difficulté il avait amassé suffisamment de bois pour entretenir un feu toute la nuit, et quelques pierres lisses qu'il espérait utiliser comme plaques chauffantes. Restait donc la partie la plus difficile : Allumer un feu.

En théorie, il savait le faire, il avait après tout suivit un enseignement au sein de sa famille et certaines techniques lui avaient été transmises. L'ennui est qu'il n'avait jamais essayé de le faire, il regrettait déjà de ne pas avoir essayé avant de partir. Mais sa vie était en jeu, et il ne pouvait retourner en arrière. Il fendit donc en deux une branche d'environ 6 centimètres d'épaisseur, en dessous de laquelle il entassa de l'herbe sèche. Il prit ensuite une branche d'à peu prêt 3 centimètres de diamètre et commença un mouvement de va et viens qui, grâce au frottement, devrait générer des braises qui tomberaient sur l'herbe sèche et l'enflammeraient. Le geste était épuisant et aucun résultat ne semblait vouloir se produire. Il s'arrêta un instant et tenta de se remémorer précisément ce qu'on lui avait enseigné. Il se souvint alors d'un élément crucial, le geste devait être régulier et précis, sans quoi il n'avait aucun intérêt car c'est de cette régularité que naissait la chaleur suffisante à l'embrasement. Il s'attela donc de nouveau à la tâche et, après d'importants efforts, pu voire naître de la fumée, puis l'herbe sèche commencer à s'embraser. Il attrapa délicatement l'herbe et commença à souffler dessus, et une flamme naquit. Il posa l'herbe au sol et y ajouta quelques petites branches mortes, entoura le tout avec des pierres pour délimiter son feu de camp improvisé et poussa un profond soupir de soulagement, il avait réussi.

Le crépuscule était tombé tandis que Sorike s'était épuisé, mais cela n'avait pas été vain. N'étant toujours pas malade, il estima que les baies noires étaient sans danger, il était donc temps pour lui de faire une nouvelle expérience : Il réunit quelques champignons blancs à longue tige, les posa sur une pierre lisse qu'il place au dessus de son feu, en équilibre sur deux autres pierres bien ancrées dans le sol. Les champignons chauffèrent et il les mangea. Le goût était plutôt neutre, et Sorike avait toujours un peu faim. Il regarda en direction de ses champignons et en prit un en forme de sabot de cheval, et ses cours lui revinrent en mémoire. Il avait mis la main sur de l'amadouvier, et se frappa le front en se disant qu'allumer un feu avec ce champignon aurait peut-être été plus simple. Il savait que ce champignon n'était pas comestible mais l'amadou qu'on pouvait en tirer était une substance inflammable. Il mit donc ces amadouviers de côté, rangea ses affaires dans son sac, amena le tout dans son abri de fortune et décida de dormir, sa faim n'étant pas suffisamment important pour le déranger. Cette nuit fut bien plus douce que la précédente, il avait effectivement pu calmer son estomac et avait réussi à faire du feu. La perspective de devoir recommencer tous les jours ne lui plaisait guère mais il savait qu'avec le temps ça serait plus facile. Sur ses pensées il s'endormit et passa la troisième nuit de sa nouvelle vie.

Cette fois-ci il se réveilla à l'aube, et cette fois non plu il ne se souvenait pas d'avoir rêver. Il s'imagina avoir fait des cauchemars si terribles que son esprit les avait occulté pour lui éviter de perdre la raison. Cette perspective le fit sourire avec une certaine fierté, son esprit était assez intelligent pour occulter ce genre de choses... Après ces flatteries encourageantes, il s'étira, quitta son abri et se dirigea vers le lac. Une fois arrivé il repéra au loin une silhouette animale qui s'abreuvait. Sur le moment il regretta de ne pas avoir d'arc, mais de toute manière il n'avait rien pour stocker la viande, il devrait donc trouver un gibier plus petit qu'il pourrait manger en une fois, un lapin ferait l'affaire. Il se baigna donc, observant ce qui l'entourait, s'abreuvant tranquillement. Il repéra un oiseau plonger dans l'eau en piqué et en ressortir avec un poisson dans le bec, il eut alors une idée de génie : Il pouvait tenter de pêcher. L'ennui était qu'il n'avait absolument rien pour le faire, il y réfléchirait en cherchant des provisions pour la journée.

Une fois sa baignade terminé, il se rhabilla et retourna à son camp, commença à se dire que construire une cabane pourrait être bien, mais un fois de plus il du constater qu'il manquait de matériel, il devrait donc se contenter de son abri pour le moment. Il retourna alors à l'exploration de la forêt pour ramasser d'autres baies et champignons, et répéta cette même activité tous les jours pendant une semaine, à la fin de laquelle il avait pu faire la différence entre les baies comestibles et celles qui le rendaient malade. Les rouges et les vertes étaient vraisemblablement plutôt mauvaises pour la santé. Quant aux champignons, il n'avait testé que la moitié de ceux qu'il avait ramassé. Les quelques souvenirs qu'il avait de ses cours lui avaient permis d'écarter certains champignons qu'il savait mortels, tandis qu'il en savait certains comestibles. Il aurait pu se contenter de ce qu'il savait, mais il voulait expérimenter. Après tout, que lui arriverait-il s'il se retrouvait avec uniquement des champignons dont il ne connaissait pas les effets ? Mieux valait prévenir que guérir, et mieux valait guérir que mourir, il devait courir le risque.

C'est la raison pour laquelle il entreprit de goûter des petits champignons noirs à tige fine, oubliant d'allumer un feu pour les cuire car il avait vraiment faim. Une demi heure après les avoir ingéré, quelque chose de très étrange se produisit, les arbres autour de lui se pliaient, leurs feuilles se mettaient à briller, et l'environnement tout entier semblait tourner autour de lui. Sorike fut pris de panique, sans doute une sorcière Orque lui avait jeté un sort. Il dégaina son katana, se mit en position de combat et attendit, scrutant ses étranges arbres et feuilles continuer de bouger. Pendant des heures il lutta contre des chimères, des monstres l'assaillaient de toute part et disparaissaient en fumée au contact de sa lame, les éléments se déchaînaient autour de lui, et c'est alors qu'une idée lui vint : il devait faire du feu pour repousser le mal. Comment cette idée lui était-elle venue ? Lui même ne saurait l'expliquer, mais il se jeta sur son matériel et s'acharna sur le feu, priant Moura, Yuimen et Rana tous en même temps pour qu'ils le protégèrent des mauvais esprits. Le feu finit par prendre et les flammes se mirent à danser autour de lui, sans pour autant le brûler. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, il avait peur, et faisait face à un ennemi invisible. Il agitait à nouveau son katana et le dirigeait maintenant vers les flammes volantes, et sa lutte dura plusieurs heures. La nuit finit par tomber, ses visions avaient laissés place à une profonde inquiétude, il se sentait de nouveau observé, mais lentement il retrouvait ses esprits, puis il comprit que les champignons devaient être la cause de ces hallucinations. Il se jura de ne plus jamais y toucher et alla se coucher. Cette nuit là, il rêva. A son réveil, il se remémora ce rêve qu'il ne pourrait sans doute jamais oublier.

Sorike se trouvait dans un couloir agrémenté de torches murales dont les flammes étaient bleu pâle. Il avançait sans but, gardant un œil rivé sur les flammes fantomatiques qui ne cessaient de défiler devant lui. Ces torches étant le seul élément marquant de son environnement, il ne pouvait en détacher son regard, mais après une marche qui lui avait paru durer une éternité il se retrouva face à deux chemins différents. L'un était si sombre qu'il semblait dévorer toute parcelle de lumière essayant de s'y engouffrer. L'autre chemin était également sombre mais au bout on pouvait apercevoir une lumière blanche. Une voix résonna alors dans le couloir, une voix calme et ferme.

" Plus on s'approche de la lumière, plus on se connaît plein d'ombres "

D'une certaine manière, Sorike savait qu'il devait faire un choix, mais il n'était pas prêt, il ne pouvait pas encore choisir.

" Tous les héros ne sont pas de lumière, l'aventure a sa part de ténèbres "

Sorike ne comprenait pas, il ne voulait pas comprendre, il était trop tôt. Un sentiment oppressant le gagna, une angoisse indescriptible telle un étau se resserrant lentement sur son cœur. Il avait besoin d'air, il avait besoin de respirer c'était urgent. Il se rendit alors compte qu'il se noyait, au fond d'un puits, il leva les yeux vers le ciel pour y apercevoir la pleine lune, il entendit le hurlement d'un loup, fut prit de panique et se réveilla soudainement. Il faisait encore nuit, des sueurs froides sortaient de tous les pores de sa peau, les images en elles-mêmes n'étaient pas effrayantes, mais ce sentiment était insupportable, il pria Rana de ne pas le laisser se souvenir de ce genre de rêves à l'avenir, mais ne ferma plus l’œil jusqu'au levé du jour.

Quelques semaines passèrent, au cours desquels Sorike avait améliorer son campement. Il avait trouvé un moyen d'attraper des poissons, et s'alimentait donc plutôt correctement. Il avait donc pu reprendre l'entraînement, nageant le matin et maniant le katana l'après-midi. Il était même parvenu à concevoir des pièges à lapin qui lui avaient permis d'une part d'utiliser la viande pour se nourrir mais en plus d'utiliser la peau pour concevoir un récipient de fortune. Grâce à cela il était en mesure d'explorer la forêt plus en profondeur, pendant plusieurs jours et de revenir à son camps lorsqu'il souhaitait se reposer. Ces explorations le menèrent à un endroit de la forêt qu'il n'avait pas encore parcouru, une odeur nauséabonde venait d'un endroit pas très éloigné. Curieux d'en connaître l'origine, le rôdeur s'aventura avec précaution, après avoir enfilé sa cape de dissimulation. Il arriva alors où il souhaitait se rendre et ce qu'il vit le poussa à vomir au pied d'un arbre sur lequel il venait de s'appuyer. Il se trouvait devant un campement Orque, trois d'entre eux étaient étendu sur le sol, morts et encore rongés par charognes et insectes. La légerté de leur tenue laissait présumer qu'il s'agissait d'un groupe de chasseurs. Sorike était soulagé de ne pas être tombé sur des Orques vivants, il entreprit alors de fouiller le camp, espérant y trouver un arc, une hache, ou ne serait-ce qu'un récipient pour cuisiner plus correctement, mais tandis qu'il fouillait il entendit un craquement derrière lui. Instinctivement, il dégaina son katana et se retourna pour se retrouver nez à nez avec ce qui semblait être un survivant du campement. Le premier combat de sa vie était sur le point de commencer.

_________________
Sorike Agaru, Rôdeur


Dernière édition par Erkios le Ven 22 Aoû 2014 18:27, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 22 Aoû 2014 17:17 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 17 Aoû 2014 22:04
Messages: 17
Localisation: La Forêt d'Ynorie
L'Orque qui lui faisait face était effrayant, il surpassait Sorike d'au moins deux têtes et semblait deux fois plus large que lui. Sa tête hideuse était repoussante, mais l'expression de son visage semblait emprunte de douleur, il transpirait beaucoup, avait le souffle court, il apparut évident à Erkios qu'il était blessé. L'espace d'un instant il envisagea de lui proposer son aide, mais il se ravisa aussitôt en se rappelant que les Orques étaient les ennemis jurés de son peuple depuis la nuit des temps. La pitié n'était pas à envisager dans ce genre de situation, surtout pas pour un ennemi qui utilisait des ossements humains pour construire sa maison ! L'Orque était armé d'une machette, équipée d'une tenue en peau et d'un casque tribal. Cet accoutrement ne laissait guère d'ouvertures pour un manieur de katana dont la spécialité était de trancher son adversaire et non de le transpercer. Sorike n'avait pas droit à l'erreur.

L'Orque poussa un cri rauque et passa à l'attaque, ses mouvements étaient lents et indisciplinés, Sorike para plusieurs attaques, cherchant à cerner le rythme de son adversaire. Le bruit des lames s'entrechoquant raisonnaient dans la forêt d'Ynorie, Sorike était sur la défensive, sentant l'intégralité de ses muscles s'engourdir il ne parvenait pas à passer à l'attaque. Cette sensation était trop gênante, bien qu'il fut en mesure de se défendre il se sentait incapable de passer à l'attaque. Son adversaire en revanche continuait d'attaquer, Sorike parait, esquivait, et petit à petit parvenait à anticiper les attaques de son ennemi. Le problème était qu'il commençait à fatiguer, l'adrénaline qui parcourait son corps lui montait un peu trop à la tête et il commençait à transpirer. Il eut un court instant d'égarement et l'Orque saisit cette opportunité pour asséner un direct au visage qui fit tomber Sorike à la renverse.

Sorike était sur le dos, les bras en croix et légèrement sonné. Il sentit que sa mort était proche, il allait disparaître avant d'avoir accompli quoi que ce soit de sa vie... Non, c'était hors de question ! Au moment ou son adversaire fut sur le point de l'achever, Sorike roula vers la droite, se redressa et se remit en garde face à son ennemi. Cette fois-ci il n'avait cependant plus peur de passer à l'attaque, son instinct de survie lui dictant clairement qu'il devait tuer ou mourir. Il passa donc à l'attaque, et cette fois c'était son adversaire qui était sur la défensive. Sorike porta un coup vertical, de haut en bas, puis enchaîna avec un coup en diagonale, remontant sa lame au niveau du cou de son ennemi. Il tenta alors de le décapiter en frappant à l'horizontale, mais son adversaire avait paré le premier coup, esquivé le second et dévié le troisième. Aucun des deux opposants ne semblait pouvoir se distinguer, et les deux adversaire montraient des signes de fatigue apparents.

Ils se regardaient en chiens de faïence, n'ayant de toute manière rien a se dire, ils savaient tout deux que c'était un duel à mort, la moindre erreur pouvait être fatale. L'Orque passa de nouveau à l'attaque, Sorike parait, contre-attaquait, reprenait temporairement l'avantage, puis l'adversaire faisait de même. Les passes d'armes s’enchaînaient, deux styles de combat totalement différents s'affrontaient et semblaient se valoir. Les deux opposants avaient cerné le rythme de l'autre, ils essayaient tout deux de reprendre l'avantage mais se heurtaient toujours à une riposte. La haine ancestrale que se vouaient leur deux peuples semblait bouillir dans leurs veines, c'était comme s'ils étaient tout deux voués à s'affronter pour exterminer l'existence de l'autre. D'une certaine manière ils se ressemblaient. Ils avaient effectivement tout deux été éduqués de manière à haïr l'autre, ils avaient tout deux été former à éliminer l'autre, et ils savaient tout deux que celui qui flancherait le premier serait plongé dans le néant.

Les minutes semblaient être des heures, deux adversaires mettant leur vie en jeu dans un duel épuisant physiquement et psychologiquement. Sorike avait l'avantage d'être en forme au début du combat tandis que son adversaire était vraisemblablement déjà blessé. Mais la fatigue l'avait vite gagné et il devait en finir. Il décida de changer d'approche. Il changea de posture pour adapter un style de combat plus rapide. Au lieu d'essayer de trancher son adversaire il décida d'essayer de le déstabiliser en enchaînant des coups d'estoc. Il visait la tête, la gorge, les épaules, le ventre, variant ses cibles et modifiant sa vitesse pour perturber son adversaire. Il truquait son propre rythme, et l'Orque avait de plus en plus de mal à parer. Sorike avançait et son ennemi reculait. Le rôdeur poussa son adversaire jusqu'à ce que ce dernier trébuche sur le cadavre de l'un de ses congénères. Sorike s'élança alors et enfonça sa lame dans la gorge de son opposant. Ce dernier mourut sur le coup, Sorike retira sa lame, l'essuya sur les vêtements de son ennemi et la rangea dans son fourreau. Il fit alors quelques pas en titubant et tomba à genoux, tournant dos au macabre spectacle du camp improvisé de ces orques. Il s'était battu et avait tué son ennemi, il avait survécu à un combat à mort, mais l'orque était blessé à l'origine, que serait-il advenu de lui s'il avait affronté un ennemi en pleine possession de ses moyens ?

Sorike se retrouva alors à quatre pattes et vomit le peu qu'il avait dans l'estomac, le contre-coup était trop violent. L'odeur du sang, l'odeur de la mort, la fatigue accumulée, l'adrénaline retombée... Il fut prit de vertige, prêt à perdre connaissance, mais il ne pouvait pas, il ne devait pas. Son ennemi était mort, s'il y en avait eu d'autres ils auraient rappliqué depuis longtemps, mais il ne devait pas s'éterniser car après tout il n'avait aucune idée de ce qui avait tué les trois autres. Il s'éloigna de son propre vomi, retrouva son calme et entreprit de fouiller le camp et les dépouilles. Il constata quelques traces de morsures assez profondes, des traces de griffes, il repensa aux hurlements de loup qu'il avait entendu dans son rêve, tout cela était inquiétant, il ne devait pas s'attarder, mais l'opportunité de trouver quelque chose d'utile était trop tentante, c'est la raison pour laquelle il fouilla minutieusement l'intégralité du campement de fortune.

_________________
Sorike Agaru, Rôdeur


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 1 Sep 2014 04:24 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 17 Aoû 2014 22:04
Messages: 17
Localisation: La Forêt d'Ynorie
Les fouilles de Sorike lui permirent de trouver du matériel très utile. Il récupéra la machette de son ennemi, bien plus utile qu'un katana pour survivre en forêt, ainsi que son casque tribal, qu'il enfila. Le rôdeur mit également la main sur un briquet d'amadou, deux arcs, deux carquois contenant quelques flèches et une lance. Il n'avait évidemment pas la place de tout conserver, et de toute manière il n'en avait pas besoin. Il réunit l'intégralité des flèches dans un seul carquois, embarqua l'arc qui lui semblait en meilleur état et poursuivit l'inspection. En fouillant un abri il trouva une bourse contenant une centaine de yus, ainsi qu'un objet incrusté de dents étonnamment longues, des dents de géant peut-être ? Il décida de le prendre, se demandant s'il s'agissait d'une arme ou d'un objet décoratif. L'inspection était terminée. Il était temps pour le jeune rôdeur de retourner à son camp.

Sorike était épuisé, il avançait lentement et se remémorait le premier combat de sa vie. Son adversaire était déjà blessé avant le début du combat, des Orques étaient déjà mort au campement. Il se rendit compte qu'il avait eut beaucoup de chance. S'il était tombé sur les chasseurs Orques en pleine forme il n'aurait pas eu le temps de dire un mot qu'il aurait été éliminé sur le champ. Il frissonna à cette idée, remercia Rana de lui avoir porté chance et se promit qu'à l'avenir il serait plus prudent.

La nuit commençait à tomber, il était à une journée de marche de son camp et était trop fatigué pour faire le trajet de nuit. Il entreprit donc de ramasser des feuilles mortes, des brindilles et du bois plus consistant pour faire un feu qui durerait. Il réunit le tout au pied d'un arbre, entassa les feuilles mortes, sortit son nouveau briquet de sa poche, alluma un feu et l'alimenta en bois. Il regarda les flammes de son feu de camp avec satisfaction, ce briquet était un don du ciel. Sorike s'allongea prêt du feu et s'endormit rapidement.

_________________
Sorike Agaru, Rôdeur


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 14 Nov 2014 23:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 12 Oct 2009 22:23
Messages: 8551
Localisation: Le Hollan... La Rascasse Volante !
La Fuite - Chapitre IV



La Fuite

Chapitre V




Mercurio ne tarda pas à galoper à quatre pattes. Lorsque la mort est à nos trousses, on reprends immédiatement nos instincts archaïques. Il ne pensait à rien. Juste mettre un maximum de distance entre lui et cette abomination volante. Ses cris de saurien, le souffle de ses ailes qui rebroussait sa fourrure... Ça devait rester derrière, bien derrière. Et s'éloignait.
Il n'était pas le seul à fuir. Outre ses compagnons de route dont il avait complètement omis l'existence à ce moment et qu'il ne voyait ni n'entendait plus depuis un bon moment, toute la forêt décampait à toute allure. Le temps des cachettes et des ruses étaient terminés à cet instant, tous étaient devenus de simples proies. Les oiseux s'envolaient en groupes bruyants. Lapins, renards, loups, serpents, écureuils, cerfs... Tous courraient côte à côte sans s'en soucier. A un moment, Mercurio vit même un brok'nud dément, à quelques mètres de lui, foncer à travers les arbres en déchiquetant tous les obstacles se dressant devant lui.
Cette vision ne l'accapara qu'un instant, mais un instant de trop.
Il ne regardait plus devant lui et ne vit pas le tronc effondré sur son passage, se cogna les pattes contre et, la vitesse incriminé, virevolta par-dessus jusqu'à se cogner la poitrine contre un autre arbre idiot qui n'avait rien de mieux à faire que de rester planter là. Il se retrouva alors au sol, meurtri par l'accident dont il venait d'être victime. L'arbre, comme pour se moquer de lui, laissa tomber contre Mercurio une partie de ses aiguilles et de petites branches après le coup.

L'humoran, allongé sur le côte, le souffle coupé, le torse encore près de la base du tronc, restait encore conscient, mais ne pouvait plus bouger.
Toussant, gémissant au sol, les animaux fuyards contournaient ou sautaient par-dessus l'obstacle qu'il était sans subtilité. Une biche imbécile et maladroite le cogna même d'un coup de sabot dans l'épaule durant sa course.

Le guérisseur était mal en point.
Cette pause imposée lui remit les idées en place et il se remit à réfléchir. Il était son propre patient maintenant. Il avait la patte droite cassée, il l'avait entendu craquer. L'avant-bras droit, lui aussi, s'était reçu le choc de plein fouet et une grande douleur en émanait. Peut-être une fracture interne. Mais si ce n'était que ça ! Ça serait bien simple !
Le problème, s'était le second choc. Il avait entendu un autre craquement à ce niveau-là et savoir ce qu'il se passait ne le réconfortait pas une seconde. La cage thoracique s'était méchamment défoncée, sur ce coup-là. Une ou plusieurs côtes avaient pété sur la gauche, c'était certain. Peut-être même que le sternum s'était déplacé, ça expliquerait ses difficultés à respirer.

Bouger ne pouvait faire qu'empirer les choses, mais il n'avait pas le choix, il devait tenter de se soigner bon gré mal gré. Le dragon était toujours audible, bien qu'il l'entendait bien plus lointain maintenant et si Zewen voulait continuer à s'acharner, qui sait quelle créature plus brusque aurait pu foncer vers l'humoran à terre sans faire de manière. Il fallait bouger.

Incapable de se servir du bras droit, il dût utiliser ce qu'il lui restait de force dans le bras gauche pour s'éloigner du tronc. Le mouvement l'amenant à s'allonger sur le dos, il sentit comme un horrible pincement lui enserrant l'intérieur de la poitrine. Il hurla de douleur d'un cri de la gorge. Loin d'un rugissement, on aurait dit la plainte gutturale grave d'un gros chat de gouttière après une grosse chute. A sa suite, il ne put se retenir de lâcher quelques soubresauts de douleurs, les larmes pesantes aux yeux et se retenant de tousser, car cela faisait trop mal.

Mercurio désespérait de son état. C'était trop con.
Être poursuivi par un dragon pour finir tué par une connerie d'arbre. Même s'il ne comptait pas rentrer dans la légende, il espérait pour sa mort quelque chose d'un peu plus classe ou, au moins, digne. Pas de mourir comme une charogne, à petit feu, à cause de quelques os pétés en plein milieu d'une forêt qu'il ne connaissait même pas.

Et ce foutu collier qui lui enserrait toujours le cou ! Si seulement il avait trouvé un moyen de le jarter de là !
... Le collier ! Mercurio réalisa soudainement que ce n'était pas le seul élément qui lui entourait le cou. Il avait toujours son chapelet de Gaïa. De sa main gauche, il tenta de l'arracher de là d'un coup sec, ce qui réussit. La chaîne se brisa, les boules roulant contre contre crâne ou s'éloignant dans les herbes environnantes. Il laissa son bras retomber au sol, une boule maintenant capturée entre ses doigts. Il aurait bien voulu voir la boule qu'il tenait, mais garder le bras levé était une épreuve trop intense. Il se contenta alors de la faire rouler entre ses doigts et dans le creux de sa main, comme pour s'assurer qu'elle était bien là, bien réelle.

L'humoran n'avait jamais été particulièrement dévoué envers les dieux. Outre quelques prières à Jeri qui se voulaient plus auto-stimulante qu'autre chose et quelques beuveries en l'honneur de Kubi, il avait toujours ressenti les "vrais" dieux comme étant bien éloigné des préoccupations des mortels. Après tout, des tas d'idiots les priaient chaque jours sans résultats. Mais là, il sentait qu'il avait besoin d'un miracle. Il ne pouvait pas s'en sortir seul, c'était certain. Alors quitte à invoquer une aide divine, autant ne pas y aller à moitié.
Il commença à baragouiner quelques formules maladroites qu'il avait entendu ça et là, mélangeant des formules de politesses étranges avec des mots dont il ne comprenait même pas le sens dans l'espoir d'être mieux écouter, mais le naturel revint bien vite au galop. Loin d'être un quémandeur, sa doléance se transformait petit à petit en engueulade, traitant Gaïa de grosse truie des ports si elle ne venait pas l'aider, se justifiant en disant qu'il n'avait pas rejoint Oaxaca et que ça méritait au moins cette récompense. Il se mit aussi à menacer Phaïtos, menaçant de lui botter le cul s'il le voyait arriver dans le coin. La prière était tantôt parlé, tantôt pensé sans suite logique. La tête commençait à lui tourner et sans doute commençait-il à délirer. Toujours était-il qu'il trouva vite trop parlé pour pas grand-chose et que les dieux, c'est quand même de la blague. Soit disant qu'ils ont une puissance même pas imaginable mais quand t'as besoin d'eux, tu peux toujours les attendre et même si tu leur souhaites les pires hémorroïdes hémorragiques avant de faire culbuter par trois trolls des montagnes et la continuation de l'agrandissement rectal au fer rouge qu'ils vont même pas te regarder la tronche pour voir si ça en vaut la peine.

Se réduisant à se dire que ça n'en valait pas la peine, il laissa tomber les dieux et essaya autre chose. Ces perles, soit disant qu'elles aidaient à soigner, alors pourquoi pas sur lui-même ? Il chercha toute l'énergie et tout les fluides qu'il pouvait récupérer en lui pour les concentrer dans la boule. Celle-ci s'illumina, bien plus que ses mains le faisaient lors d'un soin. Il les sentait, ces fluides, dans son propre corps, se heurtait à son état déplorable. Très vite, il ne put continuer et se relâcha. La bille, resplendissante de lumière blanche, récupéra sa pâleur d'origine et les fluides dont elle avait été concentré retournèrent à l'intérieur du corps de Mercurio, comme s'il fut soigné par un autre.

A ce moment précis, il vit la lumière du soleil filtrait à travers les feuillages et se sentit perdre conscience...



[Tentative d'apprentissage de "Guérison harassante"]



Après la Tempête - Chapitre I

_________________

Playlist de Mercurio

A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

--------------------
Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi


Dernière édition par Mercurio le Dim 23 Nov 2014 22:17, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 23 Nov 2014 22:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 12 Oct 2009 22:23
Messages: 8551
Localisation: Le Hollan... La Rascasse Volante !
La Fuite - Chapitre V



Après la Tempête

Chapitre I




L'humoran se réveilla mollement.
Il n'avait pas bougé, il était toujours étalé là, en plein milieu de la forêt. Il se releva sans réfléchir, essayant de s'orienter.
C'est quelques secondes après avoir tourner en rond sur lui-même qu'il réalisa : Il n'était plus blessé ! Cela soulevait quelques questions cependant. Était-ce grâce aux boules du chapelet et à sa magie ou bien Gaïa avait-elle entendu son appel à l'aide ?
Après tout, peu importait. Ce qui importait, c'était qu'il était vivant et en pleine forme. D'ailleurs, combien de temps avait-il pu dormir ? Le soleil ne semblait même pas avoir changé de place. Avait-il fait le tour de l'horloge ? Bien possible, il se sentait comme sorti d'hibernation. En parlant de ça, il avait aussi une fringale inimaginable.

Il marcha alors un petit peu au hasard, sans vraiment réfléchir sur où il allait.
Le bruit de ses pas dans l'humus était étrangement bruyant. Comment ça se faisait ?
La forêt. La forêt était totalement silencieuse. Pas un souffle de vent dans les feuilles, pas un oiseau qui chantait, pas un animal qui criait. Rien.
Le dragon. Par les dieux. Le dragon. Comment avait-il pu oublier ce foutu enfoiré de sa mère la jouvencelle à dix trous de dragon infernal des enfers de la mort de sa race de lézard aux putains d'ailes de poulet de l'enfer qui crachait du feu comme un putain de saltimbanque au rabais complètement taré lèche-cul de Thimoros ? Comment ?
Son corps tout entier palpitait rien que d'y penser, comme pour le préparer une nouvelle fois à courir pour sa vie. Lui-même angoissait. Il ne savait vraiment pas où il en était. Il ne savait même pas où il était ! S'il fallait fuir, il ne savait même pas par où !

Bon, il fallait se calmer.
Si le dragon ne l'avait pas trouvé pendant son inconscience, c'est qu'il ne devait pas avoir l’œil aussi affûté que ça. Peut-être même qu'il était reparti à Omyre. Oui, c'est ça. Il était reparti à Omyre. Forcément. Une demi-déesse, ça devait avoir autre chose à faire d'un dragon que de le faire courir après quatre débiles pendant des jours et des jours. Et oui. C'était tout à fait logique. Transcendant même.

Allez, c'était pas tout ça, mais il fallait se bouger, quand même. Deux minutes. Qu'est-ce qu'il avait dit, l'autre, là, le Serpent, concernant le fait de se repérer en forêt ? Un truc avec la mousse. Ah oui. La mousse indique le nord. Bon, c'était déjà ça. Il y avait un truc avec le soleil aussi, mais il n'arrivait pas à s'en rappeler. Tant pis. Suivre le sud, c'était déjà bien. Si le nord, c'est Omyre alors le nord, c'est la mort. Donc logiquement, le sud, c'est la vie. La belle et longue vie. La vie qui dure un million d'années. Et toujours en été. Voilà.

Suivre le sud.

Mercurio avançait sans conviction dans ce bois. Il n'y avait vraiment plus rien ni personne ici. Même les fourmis et les mouches avaient déserté les lieux. C'était flippant.

Et il marcha encore et encore. Pendant des heures. Avec uniquement le bruit de ses pas. De temps en temps, une bourrasque de vent bousculait faiblement les hautes branches. En contraste avec le silence qui régnait, ce bruit sonnait comme apocalyptique. Il était étrange de remarquer qu'un environnement aussi bête qu'une forêt, une fois vidé de sa vie, pouvait paraître aussi inquiétante.

Soudain, l'humoran entendit une voix bien rocailleuse l'interpellant vivement :
"Monsieur ? Monsieur !"

Il tourna la tête et vit un bratien, en pantalon vert, avec un gros sac de baroudeur sur le dos, s'avançait vers lui avec un grand sourire amical.

Surpris par cette apparition, il lui adressa, circonspect :
"Que... Qui t'es toi et qu'est-ce tu fous là ?"

"Bonjour monsieur, je me nomme Enki de Javron. Je suis encyclopédiste, spécialiste en cartographie et zoologie.", dit-il en tendant la main.

Mercurio la lui serra, fronçant les sourcils d'incompréhension face à l'énergumène qui venait d'apparaître devant lui.
"... C'est super tout ça. Heu, moi c'est Mercurio. Tutoies-moi hein.", dit-il tout simplement. Si l'humoran n'était pas spécialement une flèche, il comprenait bien que ce n'était pas une bonne idée de dire qu'il était de Dahràm et encore moins de dire qu'il était pirate dans un pays clairement en guerre contre Oaxaca. Il continua cependant : "Et qu'est-ce qu'un heu... érudit, voilà, comme toi, viens foutre ici donc ?"

"Vous... Heu, je veux dire... Tu n'as pas vu ?"

"Pas vu quoi ?"

"Je campais tranquillement à la lisière de la forêt hier soir et ce matin, l'aube s'était à peine levé que patatras ! J'entends un énorme bruit qui vient des bois, comme un vrombissement ! Puis je vois des nuages entiers d'oiseaux qui volent vers le sud ! Puis, peu après, pareil pour tous les animaux de la forêt ! Des tas d'animaux de toutes sortes, qui courraient direction le sud ! C'est un mystère super-excitant ! Il faut que je découvre ce qui a poussé les animaux à fuir comme ça ! Tu serais au courant de quelque chose, toi ?"

"Plutôt oui, c'était un dragon ! Il a failli me bouloter !"

"Un dragon ?! Mais ça fait des siècles qu'aucun n'a été vu vivant ! A quoi il ressemblait ? Quelle taille il avait ? Il crachait du feu ? Quel genre de son émettait-il ? Tu as vu la couleur de ses yeux ? La grandeur de ces écailles ?", dit-il en sortant d'une poche de son sac un carnet usé et une mine de plomb, prêt à noter le moindre mot de l'humoran.

"T'es pas fini ou quoi ? Je te dis qu'il y a peut-être un putain de dragon qui traîne dans le coin ! Faut qu'on se casse !"

"Ah non, au contraire ! Je passerais pas après l'occasion d'être le premier érudit depuis Archimas de Tanasun à pouvoir faire une étude physique et éthologique d'un dragon vivant ! Surtout que ce bon vieux Archimas nous a pas laissé grand-chose..."

"Bon, écoute, mec, si tu veux aller te faire buter, c'est ton problème. Mais alors, juste dis-moi comment je peux me barrer de cette putain de forêt et par où je dois aller pour rejoindre Oranan !"

"Pour sortir de la forêt, c'est simple. Là tu continues plein ouest sur quinze kilomètres environ et tu vas tomber sur la grand-route d'Oranan. Mais je serais toi, je me rapprocherais pas trop de la ville..."

"Quoi ? Pourquoi ?"

"J'étais dans la ville, il y a trois jours. La garde est allée me chercher jusque dans ma chambre à l'auberge ! Ils ont évacué tous les étrangers et les marchands de passage de la ville et ont fermé les portes de la ville derrière eux ! J'ai entendu dire qu'il y avait une grosse invasion qui se préparait, alors j'ai pas traîné pour partir. Si ça se trouve, la ville est en train d'être assiégée par les peaux-vertes en ce moment-même !"

Bon, d'accord. Après l'île et le dragon, Mercurio se retrouvait en plein milieu d'un pays en guerre. Fantastique. Vraiment. Il se demandait quand même vraiment pourquoi il s'était barré de Dahràm. C'était pas jouasse, de vivre de la brutalité des bandits et des escarres des papis, mais au moins il ne se retrouvait pas dans des situations débiles et mortelles sans arrêt.
L'humoran ne savait franchement pas quoi faire. Le nord, plutôt mourir que d'y revenir. Même à Dahràm. Après s'être mis Oaxaca à dos, il n'allait certainement pas s'amuser à y revenir de si tôt.
Pour ce qui était de Henehar, il était aussi sceptique. Même si l'affection de Eir lui aurait fait le plus grand bien, il s'agissait tout de même d'une petite ville gelée sans véritable intérêt qu'il avait dû fuir d'une manière peu convenable. Il était certain que son retour là-bas ne serait très convivial.

Mercurio s'étonna de remarquer un changement dans sa façon de penser.
Il avait vécu la majorité de sa vie en glandeur sans but qui se satisfaisait d'une petite routine à base d'alcools frelatés et de femelles tarifées. Ce n'était pas bien glorieux avec le recul, mais dans ses souvenirs, il n'était pas malheureux de cette existence simple. Et maintenant, ça lui semblait impossible d'en revenir à ça. Ce n'était simplement plus le même. Idem pour ce qui était de son petit train-train de guérisseur. C'était quand même la plupart du temps chiant à en mourir. Il se souvenait soudain de ce qui l'avait poussé à prendre le large et, finalement, il avait eu de la chance de tomber sur Heartless. Ce crétin des hautes mers était certes un horripilant excentrique avec une facile tendance à la brutalité la plus crue, mais il fallait avouer qu'on ne s'ennuyait pas, avec lui. Sa tendance à tout prendre de haut et à la légère était certes d'une arrogance sans nom, mais ça donnait de la fraîcheur à des moments pas forcément drôle.
Il n'arrivait pas à le croire. Heartless lui manquait. Il devait avoir un sacré coup au moral pour en être à ce point là. Mais c'était révélateur. Seul, il ne pouvait plus maintenant que déprimer. Mais si Heartless était porté disparu et peut-être même mort, il lui restait un autre ami. Klaus. Bon, certes, à part savoir qu'il avait embarqué dans une compagnie marchande de Tulorim, il n'avait pas vraiment d'infos sur ce qu'il pouvait être devenu, depuis le temps. Mais il n'avait pas vraiment d'autres aspirations pour le moment. Et puis ça lui ferait du bien, de voir un visage connu.
C'était décidé. Tulorim devait être sa destination. Mais bon, pour l'heure, il fallait surtout se barrer de ce pays.

"Putain. Faut que j'me casse de là moi, y a pas à chier. Si je peux pas aller à Oranan, où c'est que je pourrais prendre un bateau ?"

"Bouhen a un grand port, mais ce n'est pas tout proche..."

"Ah ? Comment j'y vais ?"

"Pour aller à Bouhen, en évitant la ville ? Continue vers le sud encore et encore jusqu'à tomber sur le lac Nostyla. Tu pourrais y arriver avant la nuit, en partant maintenant. Une fois là-bas, tu longes vers l'ouest et tu tomberas sur la route qui mène au royaume kendrain."

"C'est loin Bouhen ?"

"A pied ? Un peu moins d'une semaine."

"... D'accord.", dit l'humoran, ne sachant comment terminer cette conversation. "Bon ben merci mec. J'espère qu'tu vas pas te faire buter."

"Et bien... Merci... Toi aussi.", dit le bratien, n'étant pas plus inspiré que lui.

Et c'est sur ces quelques paroles qu'Enki et Mercurio se séparèrent.



Après la Tempête - Chapitre II

_________________

Playlist de Mercurio

A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

--------------------
Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 88 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016