L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 29 Aoû 2011 00:20 
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Dès l'instant où je quitte l'Akrilla, je me retrouve seul, totalement seul, avec le silence étouffé et des parois trop proches à mon goût comme seuls compagnons. Quelques minutes de marche mal assurée me suffisent pour me calmer et remettre en question ma décision d'explorer ce tunnel seul et sans presque aucune lumière. Vous ne pouvez pas imaginer l'angoisse d'avancer sans voir à trente centimètres devant soi, l'angoisse de voir débouler une horreur juste devant son nez, l'angoisse d'être seul et pire encore, l'angoisse de ne peut-être pas vraiment l'être.

Vous l'aurez compris, je la ramène moins tandis que je progresse dans le boyau sombre. Je me sens tellement oppressé par cet environnement effrayant que j'en viens à considérer chaque nouveau pas comme une victoire. Le temps semble à nouveau s'éterniser à mesure que j'avance. Malgré moi, la de la sueur dégouline à grosses gouttes dans mon dos. Je crois ne jamais m'être senti si poisseux et misérable. Non, définitivement, je n'en mène pas large. Il faut tout de même reconnaître une chose à ce tunnel: il n'est pas piégeur. Ses parois et son sol ont l'extrême obligeance de rester très réguliers; tout au plus quelques obstacles à enjamber ou contourner, quelques virages à négocier, mais aucun embranchement, aucun piège mortel, et pour l'instant, aucune bestiole en vue.

L'on aurait pu croire que la fin de mon périple dans le boyau serait monotone et sans danger. Je l'ai d'abord cru; ou plutôt m'en suis-je persuadé afin de juguler ma panique. A vrai dire, c'est presque immédiatement après être parvenu à me rassurer que j'ai entendu le premier crissement. Il est si ténu que je le prends tout d'abord pour un effet de mon imagination angoissée. Lorsque je l'entends une seconde fois, je ne peux m'empêcher de ralentir l'allure ni retenir un rire nerveux. Mais ce n'est que quand le crissement, amplifié et indubitablement poussé par un être vivant et probablement terrifiant, m'arrive une troisième fois aux oreilles que je me fige et scrute l'obscurité presque totale devant moi. Bon sang, une bestiole est en train d'arriver vers moi!

Quelques secondes passent, durant lesquelles des bruits légers de pas retentissent, de plus en plus nombreux. Quelques secondes passent, durant lesquelles mes yeux exorbités sont fixés sur l'obscurité immobile. Quelques atroces secondes passent, durant lesquelles j'attends que surgisse l'auteur de la cacophonie qui me retourne les entrailles.

Soudain, la chose surgit à trente centimètres devant moi, et je ne peux retenir un hoquet de frayeur: emplissant presque complètement le tunnel, ce que Aurore identifie comme un scarabée géant fonce droit sur moi. La rapidité de la créature est telle que je parviens à peine à distinguer ses yeux d'un noir d'encre, globuleux, qui surplombent une paire d'atroces mandibules à l'air létal, avant qu'elle soit sur moi. Tétanisé, incapable de réagir, j'assiste comme dans un rêve à ma chute tandis que la bestiole me renverse par terre d'un coup de mandibule négligent. Alors que je pense ma dernière heure arrivée et que je vois déjà la créature me déchiqueter joyeusement et faire ripaille de mes tripes, la voilà qui se contente de me crisser bruyamment dessus avant de m'enjamber! La respiration saccadé, couché à terre, roulant des yeux affolés de tous les côtés, j'assiste à la progression indifférente de son abdomen juste au dessus de moi et bénis ma chance à chaque nouvelle seconde qu'il l'éloigne de moi.



C'est d'ailleurs louche, autant de chance d'un coup. Je n'ai pas vraiment été habitué à être dans les petits papiers de Madame la Chance, et le soulagement est bien vite gâché par un mauvais pressentiment tenace. Et pour cause: je redresse à peine le torse qu'un autre scarabée du même gabarit déboule dans ma direction. Étouffant un gémissement, et priant sans trop y croire pour un second coup de chance, je me rallonge illico et fais le mort. Malheureusement pour moi, ce scarabée-ci doit avoir faim, car il stoppe brusquement sa course avant de m'enjamber, et avec un crissement carnassier, envoie ses mandibules aiguisées droit sur ma poitrine.

Je ne dois ma survie qu'à un réflexe tout droit sorti de mon cerveau primitif: juste avant que les mandibules ne se referment, je roule vivement sur le côté et réchappe de justesse à une éventration en bonne et due forme. Je termine ma roulade et à nouveau sur le dos, j'envoie hargneusement mes deux pieds joints dans la tête de l'immonde créature. J'ignore si le coup a un quelconque effet, mais la bestiole fait un pas en arrière, ce qui me suffit pour que je recule rapidement et me relève.

Essoufflé, je m'empare de mon bâton et le brandis avec difficulté devant moi, au vu de l'espace exigu. Mais c'est précisément l'étroitesse du tunnel qui fait tout mon avantage: le scarabée est tellement gros qu'il ne peut qu'avancer ou reculer; je n'ai donc qu'à me préoccuper de sa tête. Je ne sais pas si l'on peut le dire ainsi, mais pendant un instant, nous nous jaugeons du regard, moi la respiration hachée, lui les mandibules s'agitant silencieusement, dans un statut quo théâtral. Puis soudain, il s'élance à nouveau vers moi avec toute sa vélocité. Perdant complètement mon sang-froid, je commence par tourner les talons et m'enfuir en courant, agitant mes ailes pour accélérer ma course. Je jette des regards frénétiques en arrière, et constate avec horreur que non content de garder le rythme, le scarabée est même en passe de me rattraper.

(Allez Sil', bats-toi! Tu cours à ta perte, là!)

Elle a raison (malgré son jeu de mot minable)(Hééé!); où donc crois-je pouvoir fuir comme ça? Il faut que je l'affronte, que je retrouve ma fougue d'il y a quelques heures à peine. Prenant garde à ne pas heurter une paroi avec mon bâton, je stoppe ma course et me retourne vivement pour porter à mon adversaire un coup à la tête que j'espère violent. Le scarabée cependant utilise ses mandibules jointes pour dévier le coup, et je me retrouve à faucher le vide. Il n'en faut pas plus à mon adversaire pour retenter une morsure, et je récolte une estafilade de plus sur le bras. Avec un cri de douleur, je bondis en arrière et tente de porter un autre coup au scarabée, à nouveau dévié. Pendant quelques haletantes secondes, nous exécutons cette même chorégraphie: attaque, parade, contre-attaque, esquive, attaque, parade... Je me rends bien vite compte qu'à ce rythme-là, ce sera le scarabée qui aura le dessus. Il me faut changer de tactique. Cessant de frapper de taille, je m'essaie à frapper d'estoc, et brandis mon arme telle une lance. Je crois porter mon coup de façon enfin efficace quand le scarabée -le perfide!- bloque au dernier moment mon bâton entre ses mandibules. Il pousse alors pour une raison que j'ignore un bruyant sifflement et se met à frémir. Poussant mon avantage devant ce qui semble être une manifestation de souffrance de mon adversaire, je raffermis ma prise sur mon bâton et continue de pousser. Deux secondes passent, et brusquement le scarabée lâche prise, ne pouvant apparemment pas supporter un contact prolongé avec ma brindille magique. Emporté par mon élan, je puis enfin lui porter un violent coup sur la tête, et j'ai aussitôt les tympans endoloris par un atroce cri de douleur.

Mon adversaire recule en désordre, et je sens que je tiens une opportunité. Je m'avance à sa poursuite et tente de reproduire la même attaque. Sans grande surprise, le scarabée bloque une nouvelle fois mon coup tandis que je m'attends à le voir céder comme précédemment. Mais il opère soudain un brusque mouvement transversal de la tête, ce qui m'arrache prestement mon arme des mains. Avec un crissement qu'on pourrait presque croire satisfait, l'insecte laisse tomber mon bâton devant lui et s'empresse de faire trois pas en avant pour me le rendre inaccessible. Ah la saleté!

Sans mon bâton, il me reste un seul recours: la magie (je sais, vous vous attendiez tous à ce que je dise: ma force herculéenne. Ce sera pour une autre fois.). Je profite de la pause que marque le scarabée avant de lancer une nouvelle attaque pour plonger au coeur de mon âme à la recherche de mes fluides de glace. L'opération ne dure qu'un battement de cil, et je me retrouve bientôt envahi par la puissance à l'état glacé. Je ne vois qu'une seule manière de terminer rapidement le combat (lui geler la caboche!), aussi me mets-je aussitôt à concentrer tous mes fluides dans mes deux mains, attendant que l'insecte se précipite sur moi. Je n'ai guère à patienter, et toutes mandibules dehors, le voici se précipitant à nouveau sur moi. Au moment où il est sur le point de m'embrocher, j'actionne mes ailes pour soudainement bondir. Un quart de seconde plus tard, j'atterris à pieds joints sur sa tête et m'empresse de m'accroupir, d'appliquer mes mains sur ses deux « tempes » et de relâcher toute l'énergie magique accumulée, exécutant un toucher glacé d'une puissance mortelle.

Presque immédiatement, mon adversaire est pris de violentes convulsions qui me propulsent par terre, près de sa tête, et je sais que le combat est terminé. J'assiste, muet, le coeur retourné, à l'agonie du scarabée, spectacle macabre, agité, fort bruyant et dangereux: j'y récolte un violent coup de mandibules qui, s'il ne m'a pas fêlé une côte, me laissera un énorme hématome des plus inesthétiques. Enfin il s'immobilise, s'écroule sur le flanc. Mort.

J'aurais bien aimé lancer une fanfaronnade comme « Ca t'apprendra à essayer de me manger! », mais je suis dans un tel état de peur et de stupeur que je ne peux que me taire. Et c'est probablement mieux ainsi. Encore tout tremblant et endolori, je me relève et époussète d'une main mal assurée mes habits maculés de terre. C'est terminé. Toujours incapable de parler, j'écoute Aurore me bercer de son babil en pensée, comme à son habitude quand je suis en état de choc, et mécaniquement, je me faufile entre le cadavre et la paroi pour reprendre mon chemin, sans oublier de récupérer ma précieuse brindille de saule, dont la magie se sera plus jamais à prouver.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Jeu 1 Sep 2011 20:15 
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LUI, C'EST ASHREL.

Ô lecteurs, oyez-vous ainsi que moi cette voix diluvienne qui ruisselle tel l'or luxuriant du ciel, comme l'eût fait l'incandescent san-divyna sur le feu divin de l'orfèvre ? Et quel artiste, lui qui parvint en un seul être à associer tant de grâces ! Qui parvint à, sur le plus bel argent, sertir la plus pure opale, elle-même étincelant de si nobles attraits et émerveillant les yeux de celle qui pourtant est rompue à tous les charmes ! Détournez les yeux, vils poltrons qui ne saurez souffrir autant d’éclat dans votre œil mortel, car se tient là, je puis vous le jurer, celle qui dans mon cœur augure la plus vaste révolution que jamais je connusse : celle qui scintille ainsi que l’étoile du matin, et s’annonce comme plus belle que nulle créature que j’eusse un jour eu en honneur de rencontrer – ne fusse Cétayales, mais qui à tous égards se fait l’ombre portée de Gaïa et ne se peut ainsi comparer à engeance éphémère. Jamais ne vis-je en mon œil si étourdi pourtant des fastes d’Yscambielle, des élégances si typiquement aldrydes, des reflets non menteurs d’un délicat miroir…

(…oui, bon. Elle est plus belle que moi, et alors ? Est-ce que j’en fais tout un drame ? Non.)

Sa chevelure, rayon de lune évanescent et lactescent tandis que les ombres au crépuscule se font ses seules compagnes, ondoie sur une gorge de cygne à la blancheur de neige et des épaules d’albâtre sculptées et polies par l’idée folle d’un génie ayant reçu en son sommeil le mirage divin de Yuia elle-même, déesse de beauté s’il en est une. Et que de fils d’argent se mêlent de cet éthéré tableau, pour ainsi concevoir beauté liée par toute puissance de magie aux affres de la terre et de ses métaux précieux ! Là sont de coruscantes étincelles sur sa vêture faite de brumes éventées, çà de mercuriennes poussières aux volutes cosmiques qui forment tiare sur son front – une reine bien entendu, qui, comme de fantasques spectres, s’enveloppe de ses ailes au plumage coutumier.

Une reine certes, mais une reine Aldryde.

Sentant, inévitablement et sans que j’y pusse rien changer, mon émerveillement s’appesantir sur elle et sur les étranges nébuleuses qui se faisaient fantômes de ses yeux, elle envoya sa main douée des plus grandes finesses en quête de la mante qui paressait dans son dos – et la dentelle étoilée, tout de suite, perdit son regard dans la nuit.

- Mais je, vous, heu… ?
ON EST MORT, TU SAIS.
- Oui-oui, je s… QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ?!!!
ASH, IL Y A DES FAÇONS DE DIRE CES CHOSES-LÀ.
AH OUI ?
- … ?!!

Se put-il, lecteurs qui faites et le savez le plus grand de mes bonheurs, que ma raison se soit fourvoyée entre les délictueux labyrinthes qu’en mon esprit je formai, alors que pour l’Aldryde je passai de paix en courroux et de haine en amour ? Certes, je puis concevoir que mon âme se fût abîmée dans telles circonvolutions d’émotions hagardes et de hasards fortuits, mais au point de tenir pour vraie une telle aberration ? Embrasser l’idée que la lumineuse envolée des lucioles mît au jour la farouche existence d’êtres passés de vie à trépas et non comme se veut d’êtres dans la force de… l’être ? (C’est moi ou je commence à avoir mal au crâne ?)

Toutefois point ne puis-je plus avant m'ensevelir sous les débris de questions sans réponses, car je ne tarde pas à ouïr non loin un grand fracas d’éboulis, mugissant comme le tonnerre en un funeste jour de tempête. Et point n’ai-je non plus de temps pour m’interroger encore, car subitement survient – pour, lecteurs, mon immense désespoir ainsi que l’atteste la fuite des lucioles à quelques coudées de là – l’Aldryde effronté qui osa diffamer le nom de mon aimée Gaïa, notre Mère à tous. Et, quoi ? Désormais n’est-ce plus cette ô combien miséricordieuse déesse qu’il vilipende et agonit, mais bien – ne vous avais-je point fait montre déjà de ses plus abjectes affronts ? – cette Akrilla glorieuse parmi toutes, infante d’or et d’argent aux charnels brouillards dont je vous fis naguère l’éloge ! Bien que, et de cela je vous dois éclairer, sans vers-luisant point n’est possible de saisir précisément dans l’air la figure de quiconque.

- Mais pour qui tu te prends, par toute la morve de Jerì ?!!

Néanmoins sans entendre ma divine maxime s’élance-t-il déjà dans le tunnel et, s’égosillant tel le sans-esprit que je discerne en lui, m'enseigne que le gouffre par lequel nous choyâmes jadis est désormais obstrué par un chapelet de roches.

(De toutes façons j’allais déjà par là, alors…)

Quel n’est pas mon malin plaisir que de le voir s’aplatir de tout son long sur le sol, s’étant dans son grotesque élan pris les pieds dans le pellucide orbe qui gît encore à terre ! J’étouffe un rire alors qu’Ashrel s’encanaille à lui tenir deux mots, assez bien choisis, sommes toutes, et qui révèlent mieux qu’aucun autre la nature véritable de cette putrescente éructation de troll ivre.

- Pauvre pomme… Voyons, Ashrel.

Mais l’Aldryde déjà nous fausse compagnie, illuminant de son absence ces heures qui dès lors ne seront plus troublées.

- On en était où, déjà ? Ah, oui. Oui-oui, vous êtes morts…

_________________
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CAHIDRICE ARO. PRINCESSE ALDRYDE, ACTUELLEMENT DANS LA MERDE.


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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 4 Sep 2011 18:13 
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QUELLE LUMIÈRE JAILLIT PAR CETTE FENÊTRE ?
C’EST L’ORIENT, ET…
ASHREL, COBALT.
PARDON.
J’AIME MIEUX ÇA.


Et bien que la Dame, aux si brumeux atours et au regard gouverné par des millions d’étoiles, soit ainsi survenue pour objecter à cette délicieuse litanie venue du fond des âges, j’en garde en mon âme le spectre évanescent. Que de joliesse en si peu de mots apparue, et qu’aimerais-je ainsi jouer de la voix et de l’inflexion émue du verbe pour enchanter les heures si sombres ! Car d’un poignant témoignage naît ici une vérité tangible, ô lecteurs qui attendez toujours la suite de mes contes : Ashrel qui commença, et Cobalt qui poursuivit sans que je vis quelle bouche était sienne dans la foule immense et grise, ne firent que donner corps à une vive clarté jaillissant soudainement des tréfonds de cette crypte qui pourrait être (maintenant que j’y pense) mon souverain sépulcre.

Oui, éblouissante fulgurance que le reflet des lucioles, de loin en loin, sur la cuirasse émaillée du nouvel hôte qui s’achemine vers nous – vers moi, et la nébuleuse multitude ! Cela offre à l’œil absorbé et contemplatif myriade de couleurs chatoyantes et dansantes sur les âpres parois, parfois percées d’un éclat de quartz aux mille facettes, et donne ainsi à voir les verts, les ors et les rougeoyantes étincelles d’une broigne que je ne connus que trop, dans les fastes jours que je passai en Yscambielle…

...

Mais, oublieux que vous êtes, n’avez-vous donc point de réminiscence de celle qui fut mon Maître, tant adoré que honni, tant révéré que maudit ? De celle qui m’enferma dans cette tour d’ivoire, cette cage dorée où mes ailes ne savaient plus s’ébattre, de celle qui choya mes magiques brûlures, de celle qui les couvrit pourtant de ce masque d’iris aux pâles versants et aux broderies infatuées ? Point de facéties, voyons, car l’heure est grave : n’avez-vous donc nul souvenir de cette tresse à quatre brins entremêlés de fils d’argent, roulant sur une épaule fière et une cotte, à demi cachée de silm, faite des élytres d’un scarabée ? Il n’y a que cela qui puisse vous faire concevoir ces irisations splendides qui éclaboussent le boyau où présentement je suis, moire aux fantasques couleurs d’une bête ici même avançant – un scarabée me fait face, oui, mais qui toutefois se montre colossal. Là n’est point en effet l’insecte d’ordinaire, habituellement employé par les forgeuses expertes pour épaulettes mirifiques ou écu kaléidoscopique – et quand ils sont énormes, déjà, pour de simples plastrons. Non, là n’est point ce jouet des chasseuses, de quelques pouces à peine, mais bel et bien une chimère, longue de bientôt quatre pieds – trismégiste titan qui ne me cède que peu d’échappatoires : démesuré, il clôt le boyau tout à fait et me prive de toute fuite, et c’est bien prestement que ses multiples membres amènent jusqu’à moi ses assassines mandibules, promesses de carnage.

L’orbe entre les mains, je me redresse de toute ma grâce sur mon menu séant, et fébrilement jette un œil de gauche et de droite : une prière pour le salut de mon être me fait espérer une brèche dans le mur – mais rien. Mon cœur heurte une cadence déchaînée, et oscille en balance entre alarme et (quand même, hein, qu’est-ce que c’est beau !) admiration face à tant de splendeurs. Mais certainement n’est-ce point là le lustre de cette apparition qui draine dans mes veines cette froideur létale qui m’enserre la poitrine dans un étau glacé !

Quelle fatalité, tout de même, quand peu de temps auparavant je jurai devant Gaïa de ne point attenter à la vie de quiconque… ou de quoi que ce soit ! Funestes s’égrainent les instants que j’écris devant vous, car point ne vois-je ici de quoi tenir une promesse qui se joue et de mon obédience, et de mes propres jours.

Voyez en effet tout à coup la bête contre moi, et ses armes terribles en un moment lancées pour se frayer chemin sur la route que de mon corps je contrarie – les effroyables pinces dentelées comme l’est le sabre indigent fendent l’air dans un sifflement aigu qui me pénètre tout entière et insinue dans ma chair les premiers allants d’une réelle angoisse (parce que là, c’est sûr, je suis dans la fiente de lutinora jusqu’au cou) ; et tandis que la tête casquée de brun bascule dans une fatale giration, je me vois projetée au sol en prostration meurtrie : strident s’échappe de ma bouche le hurlement d’effroi et de douleur, tandis que déjà je pressens dans mes côtes myriade de fêlures tout prêtes d’éclater. Mes yeux se troublent dans la vision confuse et imprécise de mon meurtrier, qui semble difracté en diverses formations qui se superposent et s’écartent tandis que mon esprit s’enfuit dans un vague tourbillon. Et néanmoins il y a quelque chose que je vois bel et bien – ou alors, plutôt que je ressens en moi-même et qui existe en mon esprit comme authentique phénomène : il y a cet éclat soudain qui s’épanche de moi sans que je l’eusse agit le moins du monde, cependant que mon corps rencontre dans un fracas sans nom la dure paroi, comme une lame levée par l’instinct sans que le bras l’eût fait mouvoir. Faible est ce Trait de lumière qui, dans le labyrinthe que crée mon vertige incessant, évite mon ennemi de peu et frappe sans crier gare le plafond du tunnel – friable, il bruisse d’un murmure augurant mille peines. Car n’eût été ce coup qui fit effondrer une à une quelques pierres aiguës mais non mortelles, la bête point n’eût cessé son pas saccadé : m’ayant atteinte comme par mégarde, elle eût sans doute continué sans attendre son avancée dans la noirceur de la nuit – mais maintenant se voit-elle abasourdie par quelque cristal désolidarisé de la voûte, et conçoit-elle m’est avis un immense courroux tout aussi bestial que cruel à mon égard.

(Bravo. Extraordinaire. Je suis bien, moi, maintenant.)

Mon flanc toujours est-il aux prises avec de furieux élancements, mais point ne crois-je être déjà aux mains du noir Phaïtos qui, semble-t-il, m’attend et m’appelle en ce jour comme la reine que je suis. (Il doit se dire que ça serait classe, une princesse Aldryde aux Enfers…) Mais je refuse en mon fort intérieur que ce jour fût celui qui me verra mettre ma si noble élégance et les charmes de mon doux visage au service des ténèbres !

Mon esprit tout entier se tourne vers cette arme, l’unique que je possédai jamais, que je perdis naguère dans l’acide vicié et gangrené du Mantis – elle est sous mes yeux, tandis que nébuleusement je la rêve, indubitablement corrodée, verdissante et désormais vénéneuse. Elle, cadeau que Cérahe me fit au prix même de sa vie qu’elle mit en danger lorsqu’elle tua le loup… Etrange me vient cette pensée de Cérahe au moment où l’ennemi se exhibe ses menaces – pensée d’une seconde à peine est déjà si périlleuse ! Nonobstant, comment ne puis-je vers elle m’incliner en cette heure ? Alors que ce Maître de Lumière, toute entier versé au service de Gaïa, martela sa vie au contact des armes, moi-même je fis vœu opposé : quelle eût été son élan si en ma présente posture elle se fut trouvée ? Eût-elle aussitôt dégainé sa lourde épée arborant les glyphes de Gaïa ? Eût-elle saisi en son cœur les soubresauts puissants qui fondent sa magie, et en eût-elle usé à de malsaines actions ?

Ô, lecteurs, ainsi me voyez-vous, pitoyable gisante comme la pierre transfigurée, avec dans le cœur farouches bouillonnements de conjectures incongrues – et là, la bête qui tourne tout entière sa face contre moi. N’eussé-je chu en pareille position, ses mandibules criminelles m’eussent élaguée, mais la taille immense qui me brave et m’effraie le fait aux dépens de la célérité et de la souplesse des mouvements. Et la pince luisante sous la lueur miroitante des lucioles a beau vouloir racler le mur au-dessus de ma tête, rien n’y fait : l’envergure de son ellipse ne peut atteindre le faîte de ma chevelure à la blondeur de miel.

(HAHA ! Il fait moins le malin tout de suite, hein ?)

Aussi attends-je, l’ouïe perdue dans les crissements affreux de sa cuirasse et le grognement sinistre de la terre grattée. (Mais c’est qu’il s’entête !) Longuement s’étire l’attente, en effet, car la bête paraît prête à en découdre ici-même, en cet instant, et refuse tout autre issue à notre risible algarade – conflit qui ne dût même jamais avoir lieu. Et cette opiniâtreté, lecteurs qu’en mon cœur je ne peux qu’adorer, me confine à l’impatience – déjà, je vaticine : interminables jours, à gésir seulement sous la roide et inflexible férule de mon assaillant, sans pouvoir ni manger, ni boire, et point non plus, et ce moment viendra, respirer car l’air altéré insensiblement se raréfie. Toutefois, point ne suis-je Cérahe, et point ne veux-je aujourd’hui ni jamais, tant qu’en mon cœur résonnera le clair nom de Gaïa, voir de ma main périr nouvel être.

(Gaïa !)

Mes circonvolutions mentales ne me mènent qu’en portes qui se referment de toutes parts !

(Qu’attends-tu donc, pauvre Aro, que Zewen soit clément ?)

Ma posture, de plus, perd à mesure que ma patience s’évapore les derniers restes de confort qu’elle pût avoir. Je m’agite, remue, dans des accès d'agacement qui pourraient être laids si je n’étais de telle merveilleuse complexion. Et tandis que dans des sursauts malhabiles je tente d’offrir à mon flanc les douceurs de ma couverture de fourrure – elle-même pendue à mon côté – et ce sans rencontrer du sommet de mon crâne les pinces gigantesques du scarabée géant, je perçois sur ma hanche la rondeur désagréable de mon écoscarcelle. (Hm, comme si je n’étais pas assez mal installée…) Alors retiré-je de dessous moi ma bourse en écosse de petit pois, et afin de, pour ainsi dire, tuer le temps, j’en mire l’intérieur avec force attention – n’étaient-ce ces bruits écœurants de la bête creusant et creusant encore une excavation au-dessus de moi, qui mettent à mal les résurgences de volonté qui demeurent en moi. Je dénombre alors la flasque de potion que je préparai pour l’Aldryde scélérat, monceaux de trésors scintillants d’or, ainsi que…

(Heu.)

Avez-vous, ainsi que je ne le crois pas, plus de mémoire que moi des événements passés que j’eusse pu vous raconter ? Car se trouve là entre mes doigts un rutilant fragment de miroir brisé, qui ne ressurgit nullement entre mes souvenirs…

ARO ?
- Hm ?
C’EST CÉTAYALES QUI TE L’A DONNÉ, NE T’EN SOUVIENS-TU DONC PAS ?

Qu’est-ce à dire ? La voix de celui nommé Cobalt vibre en mon âme, mais ses paroles ne m’évoquent rien… L’empire de la divine Femme-Arbre sur mes sens et ma conscience ne me laissa que peu de traces de ce qui m’amena en Ynorie – alors que pourtant je traversai d’un bout à l’autre une terre dont je ne savais rien.

USE-EN À BON ESCIENT.
- Comment ça ?
TU VAS VITE LE SAVOIR.

L’affilé éclat hyalin glisse et roule entre mes doigts, qui ne savent comment et par où le saisir. Alors que je l’approche de mon visage, le spectre qui m’apparaît me fait soudain frémir : mais quelle est donc cette apparition, tenant plutôt des ombres que de la vie ? N’eût été le masque d’iris aux fastueux décors, je ne m’eusse reconnue dans ces traits : l’œil sombre et hagard, envolée d’un esprit dans les abîmes de déconfiture, d’abattement, tout autant que de peine, d’effroi et de chagrin ; le cheveu, quant à lui, entièrement défait des superbes sculptures qui le tenait en arabesques princières, et terne, et plein de sang et de fange ; la peau, d’ordinaire d’une opalescence de lait, brunie et défraîchie par de trop nombreuses heures d’angoisse… Que t’est-il arrivé, toi qui te présente sous les noms glorieux d’Yscaelle et de Cahië, et qui est à présent plus parente des chonkras dans leur boue ?

Mais l’image tout de suite disparaît, pour laisser place à un tourbillon de mots chantants qui me happent dans leur valse dorée – la magie qui s’acquière sans se courber au labeur ? Car, oui, lecteurs, sachez mon puits torrentueux de puissance s’éveille de la tangence de ces formules dont je m’abreuve sans même le vouloir ! Je goûte l’ascendant de ces mots sur mon esprit, et n’y puis rien ! Grande est la paix qui tout à coup me submerge, et je sais qu’à mon tour je saurai en envahir mon ennemi aux si féroces desseins. La magie noie mes pores, baigne mon regard, perce mon derme et fulmine dans l’air comme les crépitement de la foudre – la bête cesse en un instant son va-et-vient lugubre, du fait d’un Calme animal

...

… mais il est trop tard ! Ouvrez l’oreille ainsi que moi, lecteurs, pour ouïr maintenant ces craquements mortels qui déchirent la terre !

(Ça sent pas bon. Pas bon du tout.)

Libérée de ma cage par le scarabée qui n’éventre plus la parois de sa pince, je me relève subitement, la poitrine rompue de battements sans frein – la panique plus que tout autre chose m’assaille en cet instant, car je crois reconnaître la facétie du destin. L’excavation peu à peu ouverte par l’ennemi rongeant la terre a tôt fait de rejoindre les fissures que moi-même j’ouvrai naguère de mon Trait de lumière, et la crypte tout entière est sur le point de se fendre en éboulements meurtriers ! Je ne crois qu’en mes jambes, et malgré la douleur qui me tenaille toujours les côtes, je me mets sous vos yeux à courir vers le fond du tunnel, mue par une force que jamais je ne connus : la peur, certainement, de se savoir mourir bientôt.

Point ne me retourné-je cependant que les grondements des pierres s’adjoignent au cri d’agonie lancé par la bête qui se trouve prise au piège dans un boyau trop étroit pour sa haute stature – bien trop affolée serais-je de connaître avec précision ce qui m’attend ! Mais le bruit, comme celui d’un torrent qui se déverse soudainement à la levée d’un barrage, me poursuit bien plus vite que je ne puis moi-même avancer. Le plafond tout entier s’ouvre, béant, abîme inversée qui me promet ma mort – et je cavale sans plus penser à rien qu’à ma fuite éperdue ! Soudain un coude. Soudain un autre. Soudain… soudain le corps sans vie d’un autre scarabée ? L’éboulement à sa rencontre forme un appel d’air qui me soulève comme une plume – et là, je sens tout à fait cette fin qui m’attend…

Pourtant non ! Je me vois propulsée en avant, dans une roulade digne des plus habiles acrobates – une pensée pour les lucioles qui j’espère n’auront point trépassé – et m’écroule contre l’Aldryde que je viens frapper avec toute la véhémence de mon envolée ! Tous deux, nous dévalons ce qui reste de tunnel, et, ne pouvant manifestement pas apprécier un nouveau virage, nous nous emplafonnons dans un mur – immédiatement crevé par la puissance de l’impact.

Me redressant sur lui, qui gît comme un damné, je ne peux qu’avoir le souffle coupé par la vue que l’on m’offre. A un grognement de lui, je lui jette un regard.

- Salut…

Mais mon esprit tout entier demeure dans la contemplation de cette merveille, songe solitaire, fantasme d’enfant, cristallines formations d’un monde que je veux mien.






(((Apprentissage par parchemin (miroir) de Calme animal.)))

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 9 Sep 2011 18:14 
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Lente, aérienne et légère, elle semblait flotter, dans cette atmosphère forestière dont la vive frénésie venait de laisser la place à une paix naturelle emplie de sérénité. Lentement, par d’irréels mouvements de vas-et-viens dessinant dans les airs des arabesques étranges et élégantes, elle semblait glisser sur l’air. Sa destination n’était connue de personne, et nul ne saurait prétendre la deviner, tant elle semblait aléatoire dans les lents mouvements qu’elle dessinait. À quelques moments, les rayons lointains du soleil perçaient la canopée épaisse pour éclairer l’une de ses faces, et révéler la beauté de ses couleurs chatoyantes. Un vert vif et énergique qui tendait, à sa base, sur un jaune léger. Inaccessible tout en étant bien réelle, évanescente mais totalement tangible, elle était un mystère dissimulé qui rendaient aux mondes oniriques leur part de vérité. L’incarnation illusoire d’un songe d’été emplissait le cœur des témoins de la scène d’une candeur bucolique empreinte de soupirs vagues et lointains. Lointains comme l’esprit qui flottait, qui flottait comme elle, au gré des faibles courants d’air de cette clairière calmée. Le décor en arrière-plan changeait alors qu’elle virevoltait avec douceur, passant du même vert vif à un brun très sombre et profond, mêlé d’ombres et de mystères, d’où filtraient quelques lointains rayons isolés. Et enfin, alors qu’elle arrêta sa lente course, elle se posa sur une couleur tirant initialement du rouge. Mais un rouge pâle, parsemé de nervures noirâtres, signes de la nécrose qui s’était affairée à rendre cette chair saignante putrescente et morte.

Durant tout son trajet, deux grands yeux globuleux emplis d’un émerveillement simple et innocent l’avaient suivie, cette feuille de l’arbre qui venait d’être abattu involontairement par la maladresse de l’être plein d’admiration qui se tenait là, bras ballants, bouche entrouverte et parée d’un sourire émerveillé. Le petit gobelin chétif n’avait rien suivi de cette fin de combat acharné. Il n’avait d’ailleurs rien suivi de l’entièreté du combat. Après avoir recouvré ses esprits remués, ou en tout cas le peu qu’il parvint à récupérer, il s’était relevé, le regard fixé de manière ingénue sur ce bout de végétal qui entamait sa danse aérienne. Ce faisant, il avait laissé choir sans s’en rendre compte le petit lutin qui avait atterri sur son petit bedon, manquant presque de lui écraser la tête sous le pas unique qu’il avait alors fait, pour mieux voir ce spectacle ravissant.

Il n’avait guère prêté attention, non plus, à la féline poupée musicienne, sa Mélodie enfin retrouvée, celle qu’il avait tant et tant cherchée. Sa voix chantante n’avait qu’effleuré l’esprit léger, et par trop concentré sur une démonstration de la beauté à son état le plus pur. Quelques notes de voix sans sens avaient égayé la chute de la feuille, et il avait alors tenté de leur accorder une signification purement esthétique. Un chant mélodieux qui accompagnait la bise légère dans son menuet fuyant et lointain.

Le regard fixe, le gobelin semblait avoir subi un choc plus rude qu’il n’y était paru à la base. Semblait, bien entendu, puisque son état ne résultat que de son être, d’une manière tout à fait habituelle. Son esprit s’était juste bloqué sur quelque chose de splendide, et son émerveillement s’était occuper de lentement le déconnecter de toute réalité. Maintenant que le spectacle était terminé, que la poésie de cet instant fugace s’était tarie, rien ne persistait plus, et l’esprit de Tips vagabondait sans rien penser, dans le vide d’un crâne trop grand pour lui. Rien ne pouvait l’en tirer. Il y resterait à jamais perdu, inondé par les limbes d’une vie déchue et déçue, finalement, n’ayant trouvé d’autre but que sa propre existence misér…

« ATCHAAAAAAAAAA ! »

L’éternuement avait été tonitruant, et son écho raisonna plusieurs seconde dans les bois,entre les arbres dressés comme des remparts médusés. La morve qui avait éructé du petit nez vert avait été projetée avec une telle vitesse qu’en atterrissant avec violence sur la petite feuille esseulée sur son tapis de chair, elle l’en avait déplacée, retournée, et désormais décorée d’une visqueuse et gluante particule nasale.

« Oh ben… »

Et oui, le rhume avait remis la cervelle de Tips dans le bon sens de fonctionnement, et il cligna plusieurs fois des yeux devant son œuvre post-moderne involontaire avant de reporter son attention autour de lui. Il n’y avait plus que deux autres êtres. Le petit individu au long bonnet pointu, et sa douce Mélodie, qui pavanait dans de superbes bottes poilues immaculées. Une mine réjouie et abrutie para les traits mignons du très craquant petit gobelin. Comme si tout, soudain, lui revint, il s’élança vers elle avec engouement, et sans faire attention. Il voulait juste la serrer encore, trop heureux de l’avoir trouvée, et ne se souvenant même plus pourquoi il avait été séparé d’elle.

Hélas les pas hasardeux d’un gobelin insouciant se prirent dans les nombreux déchets matériels que les touristes centaures, grandes créatures au corps de cheval, et au buste d’humain, avaient laissés derrière eux, suite à leur départ subit. Étourdi, il se retourna nerveusement vers la cause de sa chute : il avait marché sur une sorte de pavois, de targe. Un petit bouclier rond qui l’avait fait trébucher. Une rondache solide de cuir et de bois, garnie de métal à certains endroits. Oubliant son profond désir d’enlacer Mélodie, il s’empara de l’objet pour le soupeser. Et là, il fut encore plus stupéfait de constater que ledit bouclier dissimulait les traits d’une épée magnifique, à la garde parsemée de végétaux mouvants, qui n’étaient pas sans lui rappeler le merveilleux spectacle de la chute d’une feuille. Elle était splendide, et couplée au bouclier, elle lui faisait irrémédiablement penser à l’image des nobles et divins aventuriers, qui brandissaient l’arme haut et vaillamment avant de mener leurs épiques aventures. Son regard globuleux s’était mis à briller de mille feux sacrés. Impossible de résister, il devait s’en emparer. Pour la rendre à l’aventurier qui l’avait ainsi laissée, bien entendu. Pauvre hère qui la cherchait sans doute, sans plus la retrouver. Ainsi, il la glissa dans une attache de cuir, sur son dos, intégrée dans sa large cotte de maille, à un endroit visiblement prévu à cet effet et qu’il n’avait jamais remarqué auparavant. Ce qui n’était pas dur à deviner : il n’avait pas pour habitude de mirer son propre dos, exception faites des fois où, lors de son bain annuel, il la remettait à l’envers, jusqu’à l’année suivante.

Il garda en main le bouclier, et sa Morgenstern précieuse, et glissa dans son sac la petite dague courbe qu’il avait récemment utilisée. Sa petite main fouineuse toucha un petit sachet, qu’il glissa aussi dans son sac, avec une sorte de torchère minérale de couleur verte. Très jolie, elle aussi. En rangeant tout ça à la va-vite dans sa besace désordonnée, il y effleura sa boussole désorientée, son cadran déboussolé. Voilà la solution qui lui permettrait de retrouver le porteur initial de cette épée épique. Il mira les directions, sans comprendre même le fonctionnement de ce qu’il voyait. La petite flèche tournait frénétiquement, mais finit par se stabiliser dans une direction.

« Là ! »

Il pointa du doigt vers le Nord, sans savoir de quelle direction il s’agissait vraiment. Il ignorait le précieux dicton nain qui dictait sévèrement : Jamais au Nord. Donc il commença à marcher dans cette direction, sans plus même se soucier des autres, qu’il avait complètement oubliés.

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"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Jeu 15 Sep 2011 23:44 
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A mon grand, très grand soulagement, après le combat contre le scarabée, le chemin s'est révélé relativement court et d'un calme plat. J'ai pourtant progressé d'un pas bien plus lent et laborieux qu'avant l'attaque, ayant récolté quelques vilaines blessures dans l'échauffourée, mais il faut croire que je n'étais plus très loin de la sortie du tunnel. Embrouillé comme je l'ai été pendant la marche, je serais bien incapable de vous dire exactement combien de temps m'a pris la fin du périple; d'autant plus qu'il s'avère très difficile de garder une notion du temps correcte lorsqu'on déambule dans un paysage monotone et plongé dans l'obscurité.

La sortie du tunnel, cependant, se révèle être mouvementée; et c'est un euphémisme. Alors que je chemine tranquillement, clopinant à ma petite allure, respirant presque calmement car sentant la fin de la randonnée souterraine approcher, un vacarme assourdissant et n'augurant rien de bon retentit quelques mètres derrière moi. Presque résigné à voir une nouvelle tuile me tomber dessus (comme si je pouvais lutter contre le cosmos!), je serre les dents et me retourne pour scruter la catastrophe qui court vers moi. « Catastrophe », j'ai bien choisi mon mot; car qui donc vois-je débouler à toute vitesse dans ma direction? L'Akrilla timbrée! J'ai à peine le temps de distinguer son masque violet pâle qu'elle me percute violemment et nous voilà partis dans une tourneboulade digne des plus grandes chutes comiques de l'histoire.

Imaginez donc: dix longues secondes de chocs et heurts divers contre le sol et le crâne de cette chère Akrilla. Cette fichue dégénérée aurait tenté de me tuer qu'elle ne s'y serait pas prise autrement. Dix secondes, donc, de douleur et de cris inarticulés. A croire que chaque nouveau rebond nous fait monter d'une note dans la gamme. Nous finissons par percuter brutalement la paroi du tunnel, qui sous l'impact, ne résiste pas et se brise.

(Quelle sortie fracassante!)
(Toujours le mot pour rire, à ce que je vois...)
Parfois, je me passerais bien des commentaires d'Aurore. J'ai MAL, nom d'un bouloum, un peu de respect.

Meurtri, tellement contusionné qu'on m'appellera l'Aldryde Bleu dans peu de temps, je gis sur le dos, à moitié sonné. Gémissant mollement, je tente de me redresser, mais une charge imposante me cloue au sol. Perdu, j'ouvre un oeil incertain pour voir ce qui écrase ainsi mon torse endolori, et reconnaissant le poids (malheureusement pas encore) mort qui m'empêche de me relever, je pousse un long soupir.
A son salut que je trouve très fortement déplacé en cette circonstance, je réponds froidement en la poussant sur le côté (le tutoiement m'est venu naturellement pour cette réplique; je ne saurais l'expliquer):

« Bouge. Tu m'écrases, la grosse. »

Je comprends au vif fou rire qui prend d'un coup Aurore que j'ai dû dire quelque chose de particulièrement méchant. Eh bien, tant mieux. J'en ai plus qu'assez de cette folle, et elle peut s'estimer heureuse qu'il ne vient plus l'envie de la trucider. Je me relève lentement, serrant les dents à cause de la douleur qui vrille chacun de mes membres. Ah, elle ne m'a pas raté, la bougresse!

Alors que je me redresse difficilement, mon regard se porte pour la première fois au loin, et je reste interloqué. Je peux me vanter d'avoir vu Kendra-Kâr la Blanche depuis le ciel, figure de proue de l'architecture humaine, je peux être fier d'avoir admiré le port majestueux de Luinwë, chef-d'oeuvre s'il en est de l'art de bâtir elfique, je peux même déclarer sans rougir que les profondeurs insondables de l'océan me sont connues. Mais jamais, jamais mes yeux aguerris, coutumiers de la beauté de ce monde -je peux presque le dire sans pédanterie-, ne se seraient attendus à douter d'eux-mêmes du fait de l'extraordinaire beauté d'un paysage.


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Baignée d'une étrange lueur, clarté diffuse d'un jour absent, une cité sans nom se dresse au loin devant moi. Le coeur de la ville, ensemble lumineux et aérien de bâtiments en pierre blanche, rayonne du fond d'une grotte gigantesque évoquant, par la multiplicité des stalagmites et stalactites qui s'y dressent, les mâchoires jalouses d'une huître qui protège sa perle. La cavité en elle-même est un subtil et élégant mélange d'éléments naturel et d'ajouts, constructions d'une main intelligente: se mêlant aux pylônes de roche , de-ci, de-là, d'immenses colonnes de cristal diffusent leur aura violacée et envoûtante, donnant à l'ensemble une justesse esthétique au-delà des mots. En observant plus avant, on constate que des racines, un peu partout, s'immiscent entre les bâtiments et les colonnes, laissant deviner la présence d'un arbre imposant à la surface. Une harmonie parfaite entre minéral et végétal semble régner là, et c'est béat de stupeur qu'on l'admire. Mais ce n'est là que la coquille, et que dire de la perle! De ce que je puis apercevoir, je peine à trouver les mots pour retransmettre fidèlement le spectacle qui s'offre à moi. La cité épouse la silhouette d'un cône, et semble organisée en une cascade de constructions qui s'étend dans toutes les directions et dont le sommet n'est autre qu'un Soleil miniature, pierre précieuse gigantesque et rutilante qui dispense sa lumière magique et caressante à ses habitants.

Je finis par retrouver une respiration régulière après quelques instants de contemplation ébahie. Soudain, je remarque que les dimensions de la ville ne sont pas celles auxquelles je suis habitué; j'entends par là que la cité sans nom semble être une cité du Petit Peuple. Je consulte immédiatement Aurore:
(Dis la Faera, tu reconnais cette cité?)
(Non... Enfin peut-être. Je ne sais pas.)
(Comment ça, tu ne sais pas?)
(Je crois que vous venez de tomber sur une cité oubliée depuis des siècles. Et je crois que toi, particulièrement, ne devrais pas te trouver là...)

Je commence à m'alarmer du ton prudent de ma Faera. Que veut-elle dire « je ne devrais pas me trouver là »? Saisi d'un mauvais pressentiment, je m'apprête à l'interroger plus avant quand je distingue trois silhouettes ailées s'approcher de nous à grande vitesse. Il ne me faut pas plus longtemps pour comprendre le sens des paroles de ma Faera et pour comprendre la mouise dans laquelle je me suis ENCORE fourré. Nom d'un bouloum, des Aldrydes foncent droit sur nous. Il me semble sentir quelque chose chuter en moi, et je pâlis. Je ne suis pas prêt à affronter trois folles d'un coup, certainement pas après deux combats épuisants. Nerveusement, je tâte diverses parties de mon équipement, vérifiant que je possède toujours mes armes sur moi. Indécis, je ne sais pas encore par où prendre la fuite. N'accordant même pas un regard ou un avertissement à la timbrée qui m'a traîné là, je suis sur le point de m'envoler à tire-d'aile quand je note que les silhouettes en approche n'ont en fait rien de... féminin. Serait-il possible...? Des mâles, ici? En liberté?

On peut dire que cette journée aura été riche en émotions, et en rencontres avec mes semblables. Complètement abasourdi, retourné, frémissant, je vois atterrir devant moi trois représentants mâles de l'espèce Aldryde. Trois mâles, comme moi. Je n'en crois pas mes yeux.

La première chose qui me frappe, c'est qu'ils sont tous plus grands que moi. Et quand je dis plus grand, je dis une différence de taille de plusieurs centimètres. Les salauds. La seconde chose, c'est qu'ils sont aussi sacrément plus baraqués que moi. Je pensais que la seule chose qu'on pouvait voir saillir sur un corps, c'étaient les côtes. Mais non, apparemment, une foule de muscles peuvent apparaître tout autant. Les salauds. Ils arborent tous les trois un visage fermé et un uniforme en silm. Je ne manque pas de noter qu'ils ont tous les trois les cheveux sombres. Ils ont goûté à la colonne de glace, assurément.

L'Aldryde du milieu s'avance, l'air sévère, et je ne peux m'empêcher d'admirer sa prestance, son assurance. Ce ne serait pas lui qui se ferait bringuebaler de tous les côtés par un destin blagueur. Il prend la parole d'une voix suave mais hostile:

« Une Akrilla et un mâle, seuls? Je suis sûr que votre histoire doit être passionnante. Malheureusement, nous n'en saurons jamais rien car vous n'avez rien à faire ici. Nous allons vous escorter dehors.»

En vérité, je l'écoute à peine, bouleversé de me retrouver en face de trois compagnons d'infortune. Je fais un pas dans sa direction et lui réponds d'une voix émue:
« Alors vous aussi, vous avez subi la folie des Akrillas? »
Mon interlocuteur me regarde comme si je viens de proférer une énormité, et échange des regards circonspects avec ses camarades. Je poursuis néanmoins, tout à ma soif de savoir:
« Comment se fait-il que vous soyez en liberté tous les trois? Y en a-t-il d'autres? Vous avez tué les folles, c'est ça? Ne me dites pas que c'est une ville de mâles libres?! »

Si au cours de mon discours, j'avais pu voir le visage de mes interlocuteurs peu à peu se décomposer, j'aurais pu essayer d'anticiper leur réaction. Malheureusement pour moi, j'étais bien incapable d'y prêter attention. Le mâle du milieu me coupe soudain d'un cri sec:
« Saisissez-le! »

Trop étonné pour me débattre, je laisse les deux autres mâles me saisir par les bras et me mettre à genoux. Le chef s'approche alors et m'assène une violente manchette sur la nuque tout en commentant d'une voix neutre:
« Celui-ci est complètement cinglé. »

Alors que je perds conscience et maudis ces sales traîtres à leur condition, je distingue une dernière phrase du chef:
« Reine Camélia a été claire: personne ne doit pénétrer Ararielle. Assommez l'autre. On va les remonter à la surface. »

Tout ça pour ça. Non mais je vous jure. Me revoici étreignant les brumes de l'inconscience.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Ven 16 Sep 2011 19:24 
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- Ah ! Ah, non mais – mais Monsieur, non-non, ça va pas être possible, ça. Ouh-ouh ? Monsieur ? Non mais vous m’écoutez, oui ?
- Cessez vos simagrées, elle n’arrête pas de piailler. Alors allez-y, assommez-là : j’en prends la responsabilité auprès de la Reine.

Ô lecteurs, limpide se fait désormais votre encéphale si peu habile lorsqu’il s’agit d’arcanes, et d’énigmes – jeux que, et j’en suis fort aise, j’aime à maîtriser en tous temps pour que demeure un instant le mystère aux ailes grises sur les mânes du devenir.

...

Les secondes hâtivement s’égrainent, tandis que vos yeux rivés sur mes lignes s’acheminent aussi promptement que l’escargot léthargique qui se noie dans la fange. Aussi devrai-je être brève dans mon discours, et tout autant dans la description que je me devais de vous faire de ce qui m’émerveilla naguère, mais qui ne fut pourtant pour moi et l’Aldryde que berceau de mésaventures !

On me tire, on me traîne, indigente engeance qui n’a cure de la beauté et de la complexion suprême des reines Akrillas et de leur férule puissante ! Moi qui jadis combattais le mal incarné dans la chair putrescente, moi qui jouait de mal en pis avec le Mantis à la vénéneuse hématie et avec le fourbe et scélérat, chétif et arrogant, impie, grotesque et infantile mâle, moi encore qui suis sujette de Gaïa, grande Mère qui tourne chaque jour son auguste œil vers mon pèlerinage, et protégée de Cétayales ! Et MOI, on m’empoigne par l’épaule, tant et tant que de violettes ecchymoses se feront bientôt voir sur l’albâtre poli de ma peau diaphane !

Mon iris s’embrase avec fureur – ses funestes irisations violacées s’éteignant dans la noirceur d’une nuit sans lune – tandis qu’elle se tourne avec l’emphase toute princière qui me sied lorsque s’ébranlent les trémors de mon ire vers les instigateurs attentatoires de cette vile mascarade ! Quand nous marchions encore, l’ordonnateur avançait d’un pas assuré : c’est dire qu’il n’est tout entier que vigueur, force, et maîtrise ; pourtant ne puis-je fustiger de mes yeux, toute prisonnière que je suis, que son dos dont les muscles aguerris et déliés ondulent sous la roide tunique de son uniforme de silm. (Rien à voir avec l'autre, là !) N’eussé-je connus en mon cœur les terribles trémulations d’un courroux quasi-divin, j’eusse sans médire incliné l’œil à plus long examen – mais il faut dire, et cela ne se peut astreindre dans l’esprit, que cette démarche-là met à l’œuvre plus que le dos lui-même (suivez mon regard…) et que ces mèches sombres où dansent de fugaces étincelles ne laissent pas de m’interroger sur le visage de leur possesseur.

BREF.

Oui, car l’heure est grave. Mon ouïe encore se fait obscure ravine où clament les effroyables échos de son commandement – la poigne se durcit sur la rondeur parfaite de mon épaule à la si tendre chair ; moi-même roidie par tant d’outrecuidance, je ne pense qu’à mon récit, que jamais je ne pourrai achever avant que de connaître sur ma tempe le sermon mécréant d’une main par trop irrévérencieuse.

Et c’est dire !

L’Aldryde félon à Gaïa que je connus naguère et dont jamais je n’appris le nom depuis lors, lui qui s’était essayé à quelque hardiesse, ce fut lui qui tout d’abord essuya l’horion pugnace de celui qui pourtant eût pu le reconnaître en frère, et l’algie le terrassa, sans que j’y pusse rien faire – le heurt à mon encontre ne viendrait que trop promptement, et je ne pus, face à ces traits de barbarie virile, qu’apercevoir ce funeste augure qui poignit plus tard dans les dernières paroles du charmant – mais non moins crapuleux – Capitaine.

Point ne marchons, point ne parlons – seule me trouvé-je sous les faisceaux divins de la grande Ararielle, seule entre quatre démons de l’Ancien Monde, ces chantres de l’Age d’Or où n’étaient encore ces geôles glacées qui emmurent les mâles… Ne vous en étiez-vous pas fait le questionnement en votre fort intérieur ? Que sont ces Chevaliers parjures dans l’antre même de la légende Akrilla ?

...

- HA !

Avant que de n’avoir abattu son poing sur mon front disposé à porter la couronne, celui qui voulut trop vite m’offenser joue de malchance et achoppe dans son élan quand l’interrompt un brusque et fort aiguisé Trait de Lumière. Il crie. Tant mieux.

(Quoi ?)

Je fis promesse à ma déesse de ne point occire, mais qu’en est-il de se défendre par malices et maléfices ? Je ne dis rien de cela dans mon admirable pénitence, que je sache. Alors, lecteurs qu’en mon cœur j’aime plus que tout, je ne nie point l’audace de me débattre quand mon cœur m’en dit. Car qu’en sera-t-il de nous, de lui, Aldryde atrabilaire qui vomit naguère son indécente haine sur notre Mère à tous, de moi, grande Akrilla à la gloire sans pareille ?

- HAA !

Mais point ne puis-je plus avant continuer mon récit, mes questions sans frein, ni même vous faire connaître le conte d’Ararielle la Magnifique – ni vous en décrire l’immensité luxuriante qui déploie ses fastes sous mes yeux ébahis – car voilà l’heure où l’ire se partage, où le coup ne peut qu’en appeler un autre, où les limbes aux circonvolutions éternellement poursuivies dans les confins du monde m’appellent et m’enveloppent, sans que je ne sentisse même le terrassement de mon esprit. Je m'égare comme naviguant au coeur d'un nuage, avec seulement à l'esprit l'oeil du Capitaine enfin tourné vers moi - bleu, saphir prodigieux où éclot grande commisération, il m'accompagne dans mon ultime transhumance.

Vers quoi ?







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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Dim 18 Sep 2011 17:40 
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Je sautille, essayant mes chaussons tandis que le petit vert s'approprie deux ou trois choses trouvées au sol, dont un bouclier. Je m'attarde un instant sur son équipement, contrairement à moi, il ressemble à un véritable guerrier, puissant comme il avait pu nous le démontrer durant le combat; imprévisible, attaquant comme on ne l'attend pas pour mieux surprendre son adversaire. Il sort un objet de sa poche et après un bref moment, il pointe une direction et s'en va, comme s'il avait quelque chose à faire.

J'hésite un long instant, que faire ? Rester et chercher Luneoh dans les feuilles mortes qui composent le tapis végétal et courir le risque d'éveiller un nouveau monstre d'os et de chair pourrie ou de tomber sur le papillon qui transforme la lumière en danger ? Suivre le câlinant sans savoir où il va ? Partir à la recherche des centaures ? Retourner sur le Naora ?

Mes doigts s'égarent sur ma flûte, mes yeux sur le décor et mes narines sur l'odeur infecte issue de la créature vaincue. Une chose est certaine, il me faut sortir de cette maudite forêt puante et dangereuse. A vrai dire j'aurais jamais dû y entrer. Quelle idée aussi de chercher des chaussettes dans la forêt ? Peut-être Luneoh savait-il où en trouver, mais ça ne semblait pas être le cas. Puis le câlineur semble savoir où il veut aller lui ? Puis au Nord, je n'ai jamais été, il doit y avoir des musiques que je ne connais pas encore là-bas !

Ma décision est prise, je suivrais le câlineur, il doit connaître des belles musiques ! Je cours vers celui que j'ai décidé être mon compagnon. Un pas, deux pas, un bond... Le ciel apparait à travers l'épaisse canopée et semble le traverser. A moins que... je regarde vers le bas... Non, ce n'est pas le ciel qui s'approche, c'est moi qui traverse les branches, elles me griffent, me bousculent, me gênent, me heurtent. Mon rire éclate à travers ces lieux où seuls les chants des oiseaux percent le silence. Sans me soucier des conséquences, je m'esclaffe, ayant découvert quelque chose d'énorme et d'extrêmement drôle, dérangeant par la même occasion quelques piafs nichant haut dans les branches. Puis apparaît le ciel bleu, j'ai l'impression de voler, la sensation est grisante, du bonheur à l'état pur.

Puis vient le moment de redescendre. Tout ce qui monte tombe toujours me disait mon vieux maître, il semblerait bien qu'il ait raison. La chute semble plus rapide que l'ascension. Je regarde toujours le ciel et concentre mes oreilles sur les chants des oiseaux. Je ressens un grand vide en moi, ainsi qu'une pointe d'excitation. Une fois passée les branches qui freinent ma chute, je me décide à regarder vers le bas. Le vide qui se forme alors est énorme, aussi impressionnant que le bonheur l'était. Très vite, je vois ce qui m'attend : le petit machin vert. Mon saut m'a mené auprès du petit vert que je voulais suivre. J'espérais le rattraper mais certainement pas ainsi !

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La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
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Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Sam 24 Sep 2011 18:49 
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Une ombre projetée grandissait sur le sol. Son ciel devenait sombre, son jour devenait nuit. L’heure n’était pourtant pas à la soirée et bien plus haut, toujours le soleil rayonnait. Mais l’ombre continuait de grandir, comme un nuage passe sur une vie, comme la terreur passe sur l’envie. La mort approchait, indéniable, menaçante, écrasante sous son apparence la plus immonde, sous ses traits les plus affreux. Il voulut fuir, courir loin de là, s’en aller à toute allure pour ne plus revenir, ne plus sentir cette énorme menace létale peser au-dessus de lui. Horreur et damnation, terreur et imprécation son heure était arrivée, sans l’ombre d’une suspicion. Il glissait sur les feuilles, paniqué et tout con. Ses efforts acharnés étaient tant vains qu’abscons. Le temps sur sa vie se refermait comme un cocon, arrachant d’un pas rude tout ce dont elle lui avait fait don. L’ombre s’étendait, se rapprochait, plus vite encore qu’il ne l’avait pensé, qu’il ne l’avait craint, ou espéré. Tout était ténèbres au-dessus de lui. Le ciel tombait. La fuite fut avortée sans précipitation.

SPROUTCH.

Ainsi mourut Fred le hanneton, sous un immense petit peton, chaussé de cuir sur tout le long. Le pas du gobelin mignon n’avait souffert de la moindre hésitation. Et tout niais qu’il était, il ne s’était rendu compte de son inattention. Il marchait, dans la forêt, vers la bonne direction. Laquelle, il l’ignorait, mais ce n’était pas sans raison. Sa boussole magique, puissante relique du pierreux dragon lui indiquait le nord, à peu près ou environ.

Et…

Une ombre grandissait sur le sol. Son ciel devenait sombre, son jour devenait nuit. Il leva le regard, ahuri, mais ne vit que le soleil qui perlait entre les hautes feuilles de la canopée forestière, brulant sa pupille. Il voulut s’en protéger, mais ne parvint qu’à se fourrer le doigt dans l’œil. Littéralement. La main, presque, même. Il ne put voir la créature qui lui bondissait dessus, depuis les hauts troncs et lointaines branches. Sa tête allait se retrouver broyée sous la chute de l’aniathy qui choyait lourdement sur lui. Son petit cou frêle aux cervicales fragiles ne résisterait pas à un tel choc… L’horreur était perceptible, dans les doigts du narrateur qui peinait à rapporter le sordide avenir, la sombre destinée, le funeste futur que Tips attendait. Dans une seconde, son petit corps serait percuté de plein fouet, le craquement sinistre de ses os broyés résonnerait dans la triste forêt de cette jolie fin de journée. Et dire que juste avant, la chute d’une feuille il admirait, naïf et innocent, comme il avait toujours été. Les larmes embueraient les regards des promeneurs qui poseraient les yeux sur le corps d’un gobelin au grand cœur. Leur gorge se serrerait, leurs larmes couleraient, devant sa trogne si mignonne, et ses grands yeux fermés. Et puis soudain…

« ATCHAAAA ! »

Ce fichu rhume l’accaparait décidément bien trop souvent ! La force et la puissance de cet éternuement fit se pencher le petit corps frêle au dernier instant. Il le plia en deux, et Tips manqua de tomber en avant, sur une pente longue dans les feuilles séchées du sol de la sylve. Et… PAF, Haïlindra lui tomba droit sur ses petites fesses relevées, sur son minuscule popotin offert aux cieux gracieux par un excès de crottes de nez.

Morve ou pas, il en fut propulsé, et Mélodie avec, dans un roulé-boulé sans fin. La pente légère ne l’était pas tant, finalement. Et longue, surtout, elle était. Vers le nord, elle se dirigeait, précipitant le destin. Les feuilles du sol volaient à tous vents, au rythme des « Peuh ! », des « Ha ! », des « Gnii ! », des Croutch, Crac, Poc, shric et autres sons de chute divers et variés.

Tout en bas, bien plus loin, ils se retrouvèrent. Lui était courbaturé, plein de coups, mais vierge de toute plaie. Le tapis feuillu qui avait accompagné la chute s’étendait toujours sur la terre tendre. Son élément. La chute de la chute fut empreinte de l’émotion si belle et vive de retrouvailles attendues…

« Aïeuuuh. »

Hem. La chute de la chute fut empreinte de l’émotion si belle et vive de retrouvailles attendues !! Le regard étourdi du gobelin ébaubi se posa sur la douce petite Aniathy.

« Mélodie ! »

Sa voix, chargée de pleurs, de joie et d’abandon trahit le bonheur que soulevait chez lui cette apparition. Certes, ils s’étaient quittés quelques minutes auparavant, à peine, mais bon. Qu’importe la durée pour un petit cœur tendre et bon. La joie d’une retrouvaille était au-dessus de ça, et sans plus d’hésitation, il bondit sur la petite poupée féline, pour la câliner de tout son long.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mer 28 Sep 2011 11:53 
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A quel moment ai-je réalisé que m'approcher du sol à une allure aussi vive ne se ferait sans doute pas sans mal, que ça soit pour moi ou pour mon ami d'ailleurs ? De mes bras félins, je pouvais presque le toucher, je pouvais humer son odeur très âcre, j'allais le tuer et mourir par la même occasion... Destin heureux et tragique d'une aniathy qui cherchait la musique que de trépasser dans le bonheur de retrouvailles...

(Mais qu'est-ce que tu racontes encore comme bêtise ?)

Vous n'imaginez pas la quantité de choses qui peuvent vous traverser l'esprit durant une chute de quatre petits mètres. Au moins, aucune pensée triste n'effleure mon esprit, tout au plus essayé-je d'esquisser le portrait d'un Enfer plein de fleurs de Lune grises argentées. Un paysage magnifique où je retrouverais mon maître adoré, mais aussi le petit être vert qui m'appelle Mélodie. Je vois déjà les rayons de Sithi faire briller les pétales des petits cônes gris argent. Le ciel n'est plus bleu, mais rouge, mauve, jaune faisant étinceler tout autour de nous d'une lumière splendide...

Atchaaaa!

C'est terrible comme un petit bruit peut d'un coup tout changer. Un simple éternuement, rien d'autre, mais pourtant assez puissant pour faire vibrer l'air et renverser le cours des choses. La créature, au bord d'un fossé, se retrouve plonger dans les feuilles, m'exposant son postérieur en guise de coussin d'atterrissage. Je me retrouve ainsi, emmêlée avec lui, glissant sur une pente qui amorti mon choc.

En fait glisser est un doux euphémisme, nous nous retrouvons à rouler dans les feuilles mortes en direction du fond du fossé, vers une destination pour le moins mystérieuse. Autour de nous, toute la nature s'agite, un écureuil nous évite dans un volée de feuilles mortes; un renard curieux sort la tête de son terrier pour nous regarder dévaler ainsi sa pente. N'y voyant sans doute là qu'un combat entre un gros chat blanc et une créature verte, il se détourne de notre vue, finalement désintéressé.

Pour ma part, je compose avec la boule épineuse de la masse d'arme de mon ami qui elle ne semble pas me vouloir que du bien. Je me retrouve très vite à lutter plus contre ses attaque en traître que contre le terrain qui nous conduit droit vers le bas. J'ai l'impression d'être un chat inconscient entrain de poursuivre une pelote de laine qui a décidé de s'échapper, je donne des coups de pattes à gauche à droite, ne quittant plus la boule du regard. Ce n'est qu'à la moitié de la pente que je finis par l'attraper et à me cramponner à elle, me retrouvant balader à cause de la chaîne qui est au bout. J'ignore qui est celui qui a inventé une arme aussi terrible, mais il n'avait sans doute jamais songé au danger de dévaler un escarpement avec ça à proximité.

C'est donc finalement avec un plaisir sans limite que j'accueille l'arrêt de la descente, malgré la brutalité du freinage. Miraculeusement, à part quelques zones de poils arrachés et une douleur lancinante à l'épaule suite à un coup de masse, je suis en bon état.

A peine ai-je lâché le boulet métallique que je suis projetée à terre par la petite créature dans un "Mélodie" rempli d'amour. Ca y est, je suis prisonnière, incapable de réagir autrement qu'en ronronnant et en me frottant à la petite créature. A nouveau, le bonheur irradie de ma personne, il est certain que cet être vert sait comment prendre une aniathy comme moi dans le sens du poils.

"Câlineur !!!"

Nous sommes ainsi heureux, chacun ayant retrouvé l'autre, qu'importe le nom, seul l'être qu'il représente a un sens en cet instant. Je veux bien qu'il me nomme "Mélodie" ou "Hailindra" c'est comme il veut.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mer 28 Sep 2011 14:54 
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Luneoh court, encore, évoluant habilement dans l'univers forestier dont il est coutumier, sautant par dessus des branche, passant sous des racines, il court, toujours, pour rattraper ses deux compagnons. Mais n'oublions pas que Luneoh est petit, très petit, bien plus qu'une aniathy ou qu'un gobelin, et il n'est pas aisé de rattraper de tels gens, aux jambes aussi grandes qu'un lutin et demi ou deux. Pourtant Luneoh, tout têtu qu'il est, n'abandonne pas et n'en fini pas de courir tout en râlant, bien évidemment. A grand renfort de "Bande d'idiots", "Crottes de Débilapin" et autres "Résidus de cervelle de Bouloum", il fonce, file, dans la forêt d'Ynorie. Il a trouvé des amis notre petit lutin, et il ne veut pas les perdre alors oui, il court, car il veut absolument les rattraper. Sans doute seront-ils victimes de quelques unes de ses farces, moqueries et habitudes lutines en tous genres, mais dans le fond, il les aime bien, alors il ne veut pas les perdre et il veut voyager avec eux. Oui, Hailindra est toute gentille et joue de la jolie musique, et Tips et bien...Il est vert, et Luneoh aime le vert.

Allant aussi vite que possible, il fonce droit devant, jusqu'à entendre d'étranges bruits. Mais tout insouciant, et je dirais même inconscient qu'il est, notre petit Luneoh n'y prête pas vraiment attention et continue de foncer tête baissée. Il faut dire, il est tellement décidé à rattraper Tips et Hailindra qu'il ne ferait même pas attention s'il passait à côté d'un Lutinora jouant aux cartes avec un Bouloum sur le dos d'un elfe. Mais soudain le terrain se fait pentu et Luneoh s'arrête brusquement. Bien étrange de la part d'un petit être qui n'a pas peur de grand chose et qui est habitué aux cascades et cabrioles farfelues. Puis il éclate de rire : "Hahahahahaha!!" Et soudain tout s'éclaire. En bas de la descente recouverte d'un tapis de feuille, se trouve les deux compagnons de Luneoh qu'il a si ardemment poursuivi. De son point de vue, il est difficile de dire ce qu'ils font vraiment, mais il les voit tout les deux au sol, l'un sur l'autre et il n'imagine qu'une seule chose, Tips et Hailindra dévalant la pente à toute vitesse bien malgré eux.

Il s'empresse de les rejoindre, glissant sur les feuilles , la bras tendu sur les cotés pour garder l'équilibre, comme dans ce conte lutin que Luneoh aime beaucoup. Celui ou Flocon, un super lutin des montagnes, héros adoré de Luneoh, descend une montagne à toute vitesse en glissant sur un bout de bois. Mais maintenant le voilà à près du gobelin et de l'aniathy et c'est en dansant gaiment qu'il s'exclame:

"Je vous ai rattrapéééééés!"

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2011 19:56 
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Le cri joyeux qui accueillit le mignon gobelin en ses bras grand ouverts fit bondir le cœur de Tips au moins aussi vite qu’il n’avait rebondi sur le sol, se cognant sur les feuilles mortes, en dévalant la pente. Câlineur. Il ignorait la signification de cette supplique sans doute fort joyeuse, mais il en était tout émoustillé, et frotta sa grosse tête ronde sur la joue de la féline poupée. Ah il était bien, il était beau. Tout sentait bon le sable chaud… Heu. Les feuilles des sous-bois, plutôt. Ce parfum sylvestre aux relents de terreau.

Mais tout bien qu’il était, le destin allait bientôt mettre fin à ces retrouvailles nouvelles. Un destin implacable, cruel, injuste. Un destin qui prit sa forme la plus terrible pour s’abattre sur le petit couple innocent, sur ces deux âmes heureuses se câlinant le soir, au fond d’un bois. Une forme dont la taille était à la hauteur du malheur qu’il allait répandre sur deux vies pourtant bien parties. Le lutin était là. Et ce petit fouineur au bonnet vert avait entamé une danse tribale et bondissante. Il sautillait d’un pied à l’autre tout en s’exclamant gaiement qu’il les avait retrouvés. Aux oreilles longues et pleines de cires de Tips, cela sonnait comme une menace latente, un sombre augure aux traits funestes. Oh oui, il avait déjà entendu ces mots, prononcés par le chef-guerrier de son précieux clan décimé. Quand Tips faisait des bêtises, lorsqu’on lui confiait une tâche - c'est-à-dire à peu près tout le temps - et qu’il s’en rendait compte par lui-même - ce qui était déjà nettement plus rare – il avait pris comme habitude de se cacher sous sa couverture de poils de yack puant, dans sa hutte. Toujours au même endroit, crédule qu’il était. Et lorsque son terrible chef parvenait à mettre la main dessus, approximativement deux minutes après qu’il ait trouvé bon de se cacher, généralement, il se prenait la punition de sa vie. Une bonne paire de claque, et un mois de corvée. Étant donné le nombre de maladresses qu’il commettait, sa faible notion du temps qui passe, et le caractère opportuniste du chef de clan, il n’avait connu que la corvée, de toute sa petite vie.

Aussi, lorsque le lutin les énonça si joyeusement, il ne put s’empêcher de penser qu’un sadisme presque animal animait son esprit fantasque et rieur. Tips n’osait imaginer ce qu’il allait prochainement subir. Il n’en était pas capable, de toute façon. Il savait juste qu’il fallait avoir peur, et craindre la petite créature comme il avait craint le chef de guerre. Aussi réagit-il de la manière la plus censée qu’il trouva…

« AAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Il hurla, de toute la puissance de ses poumons malingres, enfermés dans son petit torse fragile. Sa bouche grande ouverte n’en émit pas moins un son strident et clairement assourdissant. Il n’avait hélas pas pensé à s’éloigner de l’aniathy pour hurler de la sorte. Si bien que son cri se répercuta intégralement dans l’oreille de la poupée magique. De sa pleine puissance. Et aussi dans celle du lutin, du coup, qui se trouvait tout à côté.

Puis, terrorisé, il entra dans un mutisme complet et tremblant. Tout son corps se mit à trembloter de peur, et il roula sur le côté pour se reculer prestement de la position du lutin. Il recula jusqu’à percuter un arbre, contre lequel il s’agenouilla, tout racrapoté sur lui-même, tremblant de plus belle. Ses grands yeux restaient fixés sur le lutin, et étaient immergés de craintes et de larmes. Larmes qu’il tentait vainement de ravaler, car trop souvent on lui avait dit que pleurer n’était pas l’apanage des gobelins. Les guerriers du clan ne pleuraient pas. Et pour rester fidèle à leur mémoire, il ne devait pas pleurer non plus, lui qui était dernier membre de ce clan, défenseur des siens, décimés par sa faute, par son insouciance.

Il ne voyait plus que le lutin, ne faisait plus attention qu’à lui. Il n’entendit même pas les grognements inepte et les pas pressés et lourd d’une troupe d’orques, au moins une vingtaine, qui arriverait bien vite sur leur position, alertés par le cri de Tips. Il était terrorisé.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Sam 1 Oct 2011 22:32 
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Le bonheur résonne toujours en moi tel une symphonie vive. Si les Dieux et les Sindels m'avaient offert la possibilité de chanter au lieu de ronronner quand je suis heureuse, je partirais dans un hymne à l'amitié rayonnant de joie et d'allégresse. Mais je suis comme j'ai été faite et donc je ronronne, me frottant à cette petite tête vertes ornées d'oreilles aussi triangulaires que les miennes, malgré une taille plus imposantes. Mes poils blancs viennent se mêler aux trois cheveux de mon câlineur. Cette béatitude envahissante déforme les durées, transformant les secondes en heures, voire en jour ou en mois. En cet instant, Zewen ne maîtrise plus le temps, s'il existe une divinité du plaisir, elle vient de supplanter le père des Dieux, le réduisant à presque rien.

Coupure nette. Un froid glacial s'insère en moi, détruisant la chaleur de la joie éprouvée un instant auparavant. J'essaye de comprendre ce qu'il vient de se passer, tout autour de nous, était tellement merveilleux une petite poussière de secondes que cette brutale rupture en est surprenante, bouleversante créant un creux infini en moi.

Nous ne sommes plus deux au fond de ce fossé, mais trois. Luneoh, que, tiraillée par un choix digne des chansons épiques des légendes sindeldis que je dansais à la Cour de la Reine, j'avais dû abandonné quelques chutes de feuilles plus tôt, vient à peine de nous rejoindre, tout heureux de nous avoir retrouvés. Je lui ferais une fête exceptionnelle, si au même instant, mon câlineur n'était pas recroquevillé, prostrée dans une phobie qui fait peine à voir et qui me laisse sans voix, ni ronronnement d'ailleurs, seul avec un vide qui me transperce. Ce ne peut être l'arrivée du lutin, j'en suis certaine, qui cause cette terreur dans les yeux si grands du petit être vert. Mais comment pourrais-je réfléchir avec cette douleur pulsante qui assourdit mes oreilles et impose à mon cerveau un tempo qui m'empêche d'ordonnée mes idées et mes question ?

(Rythmée ! Mais bien sûr c'est la solution !)

Les sifflements qui suivent le cri de mon compagnon n'ont rien à voir avec la mesure aussi précise que celle du métronome oscillant de mon maître. Mes yeux balancent naturellement comme s'ils suivaient le poids au bout de la ficelle, mais là c'est le son, celui d'une percussion guerrière annonciatrice de grand malheur et non de danses folles guidées par la seule ivresse. Je regarde le lutin, puis mon compagnon vert, toujours roulé en boule, il faut que je sache, que je comprenne, peut m'importe la stridulation qui vrille mes tympans, pour le sortir de sa léthargie. Je me hisse sur la pente, glissant sur le tapis mouvant de feuilles mortes, me rattrapant aux troncs d'arbres...

Parvenue au terme de ma folle escalade, je distingue tout d'abord d'énormes pattes, chaussées par du cuir sales, parfois trouées. Poursuivant mon observation, je tombe sur des armures, des armes, des tambours plus haut que Luneoh, certains ayant presque ma taille. Ce n'est pas un guerrier, mais une troupe complète. Les écureuils s'enfuient, les blaireaux aussi, je ne tarde guère à faire la même chose et à redescendre, glissant au fond du trou où se trouvent mes compagnons.

"Câlineur, tu n'as rien à craindre. N'aie pas peur..."

Il est tellement simple de prendre une voix rassurante quand il y a juste un vide en soi.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 3 Oct 2011 12:47 
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A votre avis, que pense un petit lutin comme Luneoh quand il voit un gobelin comme Tips avoir peur comme ça ? Enfin peur est un euphémisme, car le gobelin est tout de même parti se recroqueviller un peu plus loin au pied d'un arbre. Un peu comme les petit lutillons, quand on leur raconte que le grand lutin noir, Rondin des Bois, va venir les chercher avec son armée de castors. Pourtant, personne n'a évoqué Rondin des Bois, et Luneoh est à des lieux de s'imaginer que c'est lui qui inspire une telle terreur au petit gobelin. Et c'est tout naturellement, qu'il s'avance vers lui, dans l'espoir de le rassurer, de le faire rire, ou toutes autres choses qui serait à l'opposé de l'effroi et de la tristesse. Bon, c'est bien sûr, sans compter sur le cri strident et partiellement perforateur de tympan que le gobelin a poussé quelques secondes plus tôt. Le petit Luneoh ne comprend plus rien, il a du mal à retrouver son équilibre et il n'entend pas les bruit de pas, nombreux, très nombreux qui approche, il ne remarque pas vraiment non plus Hailindra grimper dans un arbre, car quand il reprend ses esprits, elle est déjà de retour.

Le petit lutin s'avance doucement vers Tips, le gobelin peureux, encore un peu plus, puis encore un peu, à l'instar de la troupe garzok. Mais Luneoh n'a cure des terribles créatures vertes qui approchent, non, il veut juste rassurer son nouvel ami.

"Ooooooh, mais qu'est-ce qui te fait peur comme ça ? T'en fais pas,, je te protège!"

Et sur ces mots, Luneoh grimpe sur l'épaule de Tips avant de lui déposer un énorme bisou sur la joue. Moment de tendresse fugace, qui risque d'être bien vite balayé, car au même moment, le premier des orques montre le bout de son..nez? Groin ? Museau ? Peu importe, toujours est-il que maintenant un deuxième apparait, aussi hideux que le premier et tout aussi lourdement armé. Doubles haches, lourdes épées à deux mains, arbalètes, sales trognes...euh! Si croyez moi, leur faciès peut servir d'arme! Ils sont vraiment laid et pourrais faire fuir le plus courageux des lutins! Mais Luneoh est trop occupé à câliner Tips pour le rassurer qu'il n'a rien vu. Pourtant, la troupe approche un peu plus, toujours un peu plus, et ce n'est qu'une question de secondes avant qu'il ne repère le drôle de petit groupe composé d'un lutin, d'un gobelin et d'une aniathy.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Lun 10 Oct 2011 15:22 
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Elle lui enserrait la gorge, lui contractait les tripes, asséchait sa bouche, faisant trembler ses petites lèvres. Elle était terrible, oppressante, si inattendue. Il n’avait plus qu’une envie : se remettre à elle sans attendre, sans plus se soucier de la réalité. Elle était si forte, et lui si faible. Elle le contraignait, le racrapotait sur lui-même davantage encore qu’il ne l’était. C’était horrible, vraiment. Un grondement sourd s’en fit le premier témoignage externe, et celui-ci accéléra la respiration du pauvre gobelin victime de lui-même. Elle était si surprenante, là, dans cette forêt qu’il avait pourtant admirée plus tôt.

La faim. Ah… oui la faim. Parce qu’en plus d’avoir peur et d’être terrorisé par le petit lutin au regard écrasant, Tips venait de se découvrir une faim de loup. Il avait envie de crêpes au chocolat, sans plus attendre, qu’importait la forme qu’elles avaient. Et celle-ci venait brutalement de supplanter la panique qui l’avait submergé l’instant d’avant. Et puis, il n’avait plus aucune raison d’avoir peur : Mélodie venait de le lui affirmer. Elle l’avait ordonné. Alors non, plus aucune raison d’être effrayé.

« Aaahhhh… »

Un gémissement plaintif, suite à un second gargouillement sombre en directe provenance de son estomac torturé. Et les menaces du lutin terrible sur son pauvre être verdâtres n’y changeraient rien. Ni ses attaques baveuses sur ses petites joues pâles. Ni ses tentatives de le contraindre de ses minuscules petits bras tous tendres et câlins. Heu. Tendres et câlins ? Non, le vil, il tentait de manipuler le pauvre gobelin pour le laisser aller à des élans incontrôlés de tendresse. Mais Tips ne se laisserait pas faire, non ! Il ne savait absolument plus ce qu’il pensait une seconde avant, mais il était résolu. Et sa faim fut la première chose à laquelle il se raccrocha. Dans sa ligne de mire, droit devant ses yeux, un chapelet de saucisses sèches venait d’apparaitre. Ô divines saucisses salvatrices qui agrandirent d’un coup d’un seul ses yeux globuleux, alors qu’un mince filet de bave perlait de sa bouche entrouverte pour dégouliner sur le petit bonnet vert du lutin Luneoh.

Le fait que le chapelet de saucisse pendait mollement à l’équipement d’un puissant et gigantesque guerrier orque, entouré de ses semblables, tous ayant dégainé leurs armes terribles, lances à l’empan énorme, haches aux formes abominables, tranchoirs aussi larges que hauts. Non, rien n’importait autre que cette saucisse pendouillant au rythme des grognements ineptes de l’immense créature les dominant tous les trois de son imposante stature. D’ailleurs les grognements qui affirmaient dans une langue noire et chaotique inconnue de Tips qu’ils feraient mieux de se relever et de les suivre s’ils ne voulaient pas finir de décoration sanguinolente à la verdure de la forêt, le petit gobelin niais ne les entendait même pas, trop pris par l’unicité du désir qui envahissait tout son être : celui de manger.

Ainsi, il se releva doucement de sa position, ne prenant garde au lutin, qu’il reste ou non accroché à lui, ou même à Mélodie, à son côté. Et sans plus attendre, dicté par cette tenaille forçant son estomac d’agir de la sorte, il bondit avec virulence sur la saucisse qui pendouillait, dents en avant. Il l’arracha du paquetage de l’orque en la mordant sans pitié. Pas suffisamment pour la trancher, mais bien assez pour la faire glisser de la besace, qui, déséquilibrée, déversa tout son contenu sur les herbes et feuilles sylvaines. : Outre en cuir solidement fermée par un bouchon de bois, ustensiles divers en ossements, crânes-trophées, viande sèche, pierres d’affutage, et lourdes chaines. Rien n’importait d’autre, pour Tips, que la saucisse qu’il tenait en bouche, désormais, répandant sur ses papilles l’étonnant et ô combien chéri goût de crêpes au chocolat. Décidément, il allait de surprise en surprise, le petit. Combien de formes étranges pourraient encore revêtir ces divinités culinaires ? C’en était troublant. Mais il ne se posait pas vraiment la question, en réalité. Il était trop occupé à ronger la saucisse, à la dévorer, à l’avaler toute crue dans des petits bruits gloutons.

Bon… les petits bruits délicats de sa vive mastication étaient fort couverts, alentours, par les hurlements colériques, cris et grognements de surprise et de rage de la troupe garzok qui s’était vue dépossédée d’un saucisson sec, ni des menaces grondantes de l’éclaireur dont le contenu du sac s’était intégralement déversé hors de celui-ci. Il brandissait son tranchoir en tremblant de rage, bave écumant sur ses lèvres retroussées sur des dents noirâtres et dignes d’un véritable carnassier. Cette arme, il allait l’abattre sur Tips dans un instant, sans en douter. Et le gobelin n’en avait aucune conscience. Aucune. Il mangeait, sa faim s’amenuisait. Il était heureux.

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 Sujet du message: Re: La Forêt d'Ynorie
MessagePosté: Mar 11 Oct 2011 16:15 
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L'odeur de feuilles mortes et d'humus remonte à ma truffe tandis que Luneoh et moi-même tentions de rassurer notre nouvel ami. Mais cette senteur si agréable est troublée par la présence d'un indigeste mélange de graisses, de suif, de sueurs, de pourriture et de décomposition avancée qui de surcroît s'approche de nous à chaque seconde. Les garzoks sont là, je ne peux pas l'ignorer, juste au-dessus de nous, ils nous ont vus, ou à défaut entendu, j'en suis certaine. Le vide qui est en moi, et l'odeur pour le moins pestilentielle qui rôde autour de ces êtres ne sont pas signe de grandes joies.

"Egarok, trenog gargok dreiik."1

Les créatures finissent par arriver près de nous, hurlant de leur voix rocailleuse des termes que je ne comprends pas. J'ignore quelle langue ils peuvent bien parler, mais certainement pas la mienne, c'est certain. Je parviens à trouver une rythmicité intéressante dans leur baragouin, à vrai dire, il faut voir chaque syllabe comme un battement de tambour, chaque coup, est à la fois semblable et distinct, tout se trouvant dans la nuance de la frappe.

(Est-ce ainsi qu'ils chantent ? Leur musique est-elle aussi rude que leur voix ?)

Perdue dans mes réflexions, je ne remarque qu'à peine Tips sautant en avant droit vers un morceau de viande qui dépassait d'un sac, répandant son contenu sur le sol forestier.

A nouveau, les créatures parlent, exhibant leur langage à mes tympans avides de nouvelles sonorités. Une rythmique claire apparaît dans leur phrasé, ou plutôt deux en fait. La première, plus rocailleuse tournent sur un lot rapide de syllabes et s'achève plus haut et plus poussé; tandis que la seconde est plus douce, a quelque chose de soumis, elle est plus lente, légèrement sifflé comme si la main sur le tambour au lieu de faire une frappe nette glissait la paume sur la peau de bête. Est-ce des rôles ou des accents, je ne parviens pas à le savoir pour l'instant. Le gros couvert de cicatrices en tête et celui qui lève son arme utilise la première cadence alors que le plus petit du groupe, juste à coté de nous la seconde.

Obnubilée par cette découverte, il faut à tout prix que j'essaye, que je teste. Et pour ça, le tambour déposé par la brute féroce qui lève son arme me paraît idéal. Il est gros, il est lourd, il doit bien résonner. Je commence à frapper la première rythmique, la seule dont j'ai pu saisir des sons, sans pour autant les comprendre.

"Egarok, trenog gargok dreiik."

Trop de fatras autour de moi, je ne parviens pas à comparer le tambour et ma propre sonorité, ma propre voix ne parvenant pas jusqu'à mes pavillons triangulaires. Je saute alors sur le tambour et recommence la succession de mes frappes, beaucoup plus fort, criant au passage, les mots entendus plus avant :

"EGAROK, TRENOG GARGOK DREIIK !"

Surprise par le changement opéré par ma propre voix, je tombe au sol, ne comprenant pas ce qui vient de se passer et sentant que cela va mal finir. Même le garzok qui avait sa lame immense dressée vient de la laisser retomber mollement à ses cotés, me regardant en clignant des yeux de surprise... Comme toute la troupe en fait...


(((1 : Traduction approximative "Bougez-vous le cul, suivez-nous où on vous transforme en charpie !")))

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La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
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Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


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