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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 27 Juin 2012 21:58 
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Je passe les portes de la ville avec les soldats, suivant à vue le chariot qui emporte mon compagnon vert. J'ai déjà perdu Luneoh, je ne veux pas laisser mon Câlineur. Un pas, deux pas dans la cité, je traverse une ruelle et longe des maisons. Je suis soudain emportée par la foule qui traîne, nous entraîne, nous éloigne l'un de l'autre. Je vois le chariot tirée au loin tandis que la populace m'emmène où je ne veux pas. Je lutte et je me débats contre ce courant fou. J'ignore où ils vont et où je vais avec eux, je suis trop petite pour voir les murs désormais de cette grande ville, je ne perçois plus que les hautes tours qui l'encerclent, comme si elles contraignaient cette masse humaine à rester grouper en son sein.

Nous parvenons à un lieu que je ne connais pas où les gens crient des mots que je ne comprends pas. Cette langue chantante m'est inconnue et je tente d'en comprendre les sonorité. Je tente de parler, de l'imiter comme j'ai pu le faire avec les monstres verts dans la forêt des centaures. Mais le son de ma voix ne parvient pas jusqu'à mes oreilles, je ne parviens pas à m'entendre dans tout ce bruit qui de parler devient cacophonie, telle une insulte à mes sens orientés vers la beauté et les arts.

Toujours poussée par les gens, bien plus grands que moi, je finis par heurter une table sous laquelle je me glisse et que je me roule en boule, protégeant mes oreilles de ce bruit disharmonieux. Mes yeux captent alors la magie de ce monde d'humain : des tissus aussi fins que ceux portés à la cour Sindel où je jouais avec mon maître. Leurs couleurs sont chatoyantes, même le blanc semble briller. Je ronronne de plaisir, touchant délicatement du bout des doigts cette merveille portée, mais ma douce ode au bonheur s'étouffe dans les rires des autres. Non, pas des rires, un rire est cristallin fait pour son plaisir et celui d'autrui; ceux-ci sont tout autre, on me pointe du doigt et ils se moquent.

"T'as vu maman, un Woran des bois !"

Je sors alors de sous mon abri, me dressant de toute ma taille d'Aniathy et montre les dent. Je grogne et je crie de douleur, de fureur et de rage et je pleure de colère. Ne jamais se laisser s'insulter de Woran, être un Woran c'est risqué sa vie, chaque jour, chaque heure, chaque minute. "Si les gens te prennent pour un Woran, ils te chasseront comme un Woran et tu devras vivre comme un Woran, loin des arts, loin de la ville, loin de la musique. Jamais tu ne dois te laisser te faire traiter de Woran, jamais tu comprends !" C'est ce que me disait mon maître.

Mes yeux rouges se plissent, mes oreilles se dressent plus attentives que jamais, mes babines se serrent, je ne ronronne plus, je grogne. Dans mes mains, ma flûte se sert, j'ai vaincu un dragon, je peux bien le faire avec des humains ridicules.

Mais je n'ai pas le temps de me préparer que je suis à nouveau entraînés par la foule qui s’élance et qui danse une folle farandole. A nouveau, je suis emportée au loin et je crispe mes poings de n'avoir pas pu leur faire comprendre que je ne suis point ce qu'il croyait.

Puis je me détends, le vide se fait en moi, je me calme et dessers les poings. Je repense à Câlineur et à Luneoh, où sont-ils ? Que font-ils ? Sont-ils encore en vie d'ailleurs ? Et moi, que vais-je faire. Câlineur voulait aller au Nord, il faudrait donc que j'aille vers là pour le retrouver. La foule s'étend, s'allonge et se distend, me laissant respirer. Puis soudain une ouverture, un espace, une sortie s'ouvre à moi. Je m'y engouffre, me libérant de l'emprise de cette masse impersonnelle.

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La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche
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Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès


Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 13:14 
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Bringuebalé sans la moindre considération, coincé entre une cuisse d’orque crevé et le buste d’un second, non moins dépossédé de toute vie, Tips était toujours inconscient. Inconscient de tout ce qui venait de se passer, ce trajet de la forêt vers la ville, le passage sous les grandes portes, l’arpentement progressif dans les rues bondées de la cité, sous les regards curieux des habitants, venus apprécier la beauté d’ennemis dépecés. Inconscient toujours, lorsque les hommes d’armes de la cité avaient laissé la carriole dans un coin sombre pour aller fêter leur victoire bien méritée, laissant aux civils le soin de décharger les corps inertes et sans vie.

Il s’était réveillé lorsque le cadavre au-dessus de lui fut enfin emmené par deux Ynoriens aux yeux bridés. L’air lui parvint à nouveau, et alors que les deux s’éloignaient pour porter leur fardeau dans une grande fosse commune pleine de chaux (car les Ynoriens étaient honorables au point de donner à leurs ennemis mortels une certaine décence dans la mort, et des semblants de rites mortuaires), il se laissa glisser par terre en inspirant profondément.

« Haaaaaaan. »

Et paf, il roula sous les roues de la charrette, où il resta calfeutré le temps de reprendre plus ou moins conscience de qui il était, et de comment il était arrivé là. Ne parvenant à rien pour ce second point, et voyant le sort des autres peaux-vertes du groupe, il profita de l’absence des porteurs pour s’éclipser dans une petite ruelle plus loin, où il se sentit oppressé par la présence occurrente de portes de tous les côtés. Il finit par s’asseoir, perdu, au milieu de la sente, et se mit à grignoter ce qu’il avait en main, sans même regarder ce que c’était…

En vérité, il s’agissait de la saucisse qu’il avait regardé bondir dans la forêt. Il s’en était saisi sans y prêter attention, mais s’en félicitait maintenant à pleines dents.

« Miom mioum miom. »

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"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 18:50 
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Recrutement de Tips dans la quête 28


Attiré par l’odeur du saucisson, une corneille portant en son bec un vieux petit livre usé, s’approcha de toi.

La faim la tenaillant, elle ouvrit son large bec et laissa tomber le bouquin qui te toucha et t’engouffra, laissant au sol le reste de saucisson tant convoité. Perplexe de son erreur, l’oiseau mangea tout de même la charcuterie, récupéra ensuite le petit bouquin noir et s’envola vers d’autres cieux.

((( Et voilà, tu n’as plus qu’à te rendre à la page de garde couleur, choisir la zone de ton choix et de rp la scène qui vient de se dérouler ici,... Sois le bienvenue dans la quête 28)))

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 22:32 
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Localisation: Forêt d'Oranan
Et la charrette continue son petit bonhomme de chemin, alors que pour le notre de petit bonhomme, la situation évolue, petit à petit. Il arrive tant bien que mal, à force de bouger un peu n'importe comment - et disons le de manière fort ridicule - à se sortir progressivement de la besace maudite. Jusqu'au moment ou : VICTOIRE! Il y parvient! Bon, il faut le dire, c'est en parti dû au fait que le propriétaire de la besace a été violemment déplacé, propulsant notre petit lutin sur un autre cadavre puant. Il est donc libre...mais sa bouche l'est aussi de nouveau, pour son plus grand bonheur, mais malheureusement, il n'a plus grand monde à insulter...Enfin eu importe après tout, c'est de Luneoh dont on parle.

"Raaaaaah! Vous me le paierez tous très très très cher! On ne me traite pas de la sorte, jamais! Vous avez de la chance que je sois gentil dans le fond, sinon, il y'a bien longtemps que je vous aurais tous botté les fesses!"

Il ne se rend même pas compte qu'il est en train de descendre d'un tas de cadavres, constitué des garzoks qu'il est en ce moment même en train d'insulter. Il ne voit même pas Tips, caché sous la carriole . Et pourtant...

"Et ils sont où les deux aaaaaaautres ?! Petit gobelin veeeeeeert tout mignoooooon! Hailiiiiindraaaaaa! Ah non! Vous allez pas encore essayer de m'abandonner hein?! Z'avez pas le droooooit!"

Et il se met maintenant à courir dans les rues de la grande cité d'Oranan, à la recherche de ses deux grands amis "disparus".

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 28 Juin 2012 23:11 
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Recrutement deLuneoh dans la quête 28


Alors que tu coures, tu peux sentir une ombre derrière toi, celle d’une corneille. Cette dernière te poursuit et finit par de rattraper. Elle t’agrippe même avec ses pattes et t’apporte avec elle dans les airs. Mais pas très longtemps, car elle te relâche quelques mètres plus loin et tu tombes dans un petit livre ouvert. Dès que tu entres en contact avec les pages usées, tu te sens aspiré dans le livre. L’oiseau se posa ensuite au sol, ferma le livre, le remit dans son bec et s’envola vers d’autres cieux.

((( Et voilà, tu n’as plus qu’à te rendre à la page de garde couleur, choisir la zone de ton choix et de rp la scène qui vient de se dérouler ici,... Sois le bienvenu dans la quête 28)))

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 4 Juil 2012 17:54 
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Première mission de milice : Porté disparu
~1~



L'entretien à la milice terminé, je me redresse, salue mes interlocuteurs puis tourne les talons. Pendant que je progresse dans la ruelle, je songe à la tâche que je dois mener à bien. Je ne trouve pas utile qu'il m'ait précisé ne pas avoir droit à l'erreur, puisque je ne m'autorise pas le plus petit échec en temps normal. Ceci est d'autant plus vrai qu'une vie autre que la mienne est en jeu. La tête haute, je réfléchis tout en faisant doucement claquer mes getas au sol. Je dois donc retrouver un milicien, dont je n'ai aucune idée de l'aspect, et le ramener à la milice.

Soit.

Par où commencer ? Plaçant mes mains dans mes manches opposées, j'essaie de réunir toutes les informations que je possède. Alors que j'arrive devant une petite étendue végétale, je stoppe mon avancée. Inutile d'arpenter une ruelle sans but. Mes yeux se plissent quand un souffle de vent s'amuse avec mes longs cheveux noirs.

(Voyons. Je sais que ce membre de la milice enquêtait sur du pillage de tombes. )

A cette pensée, un brin de curiosité glisse dans mes yeux violins. Que peut-on bien vouloir dérober aux disparus ? Les corps des ynoriens décédés sont brûlés consciencieusement, et placés dans des urnes. Je le sais parfaitement, quand bien même je n'ai jamais assisté moi-même à une cérémonie funéraire. Un frisson désagréable me parcourt l'échine alors que je pense à la tombe de Mère.

Violemment, attirant par accident un ou deux regards sur moi, je secoue la tête. Je n'ai pas à m'inquiéter de cela. Je suis en mission, et ma priorité est donc toute autre.
Lentement, j'inspire par le nez, regardant sans le voir un végétal onduler dans la brise. Avec sérieux, je reprends le fil de ma pensée.

Les restes humains ne sont pas utilisables une fois changés en cendres. Ce n'est donc sans doute pas pour une raison sordide d'usage de corps que l'on s'y attaquerait. Dans ce pillage, qu'est-ce qui est donc visé ? Les tombes elles-mêmes ? Leur contenu ? Les personnes auxquelles elles sont liées ? S'agit-il d'une histoire d'exploitation ou de vengeance ? Il est vrai que s'attaquer à des objets et des morts est bien plus facile que de s'en prendre à des personnes aptes à se défendre.

(Le plus simple, c'est que j'aille voir au Bochi pour me faire une idée plus claire. Peut-être que je trouverai une piste concernant le disparu. Non, pas peut-être. Il le faut.)

Si ce milicien s'est volatilisé, soit c'est parce qu'il se trouvait sur une bonne piste, soit il a été imprudent dans sa manoeuvre, et a été découvert. Dans les deux cas, cela voudrait dire que le pillard, s'il agit seul, a jugé plus prudent de l'écarter. Pourtant, les membres de la milice sont des personnes entraînées. A moins d'avoir été pris en embuscade, submergé par le nombre ou avoir sous-estimé son adversaire, ce disparu n'aurait pas du avoir de difficultés à triompher.

Plus je me pose de questions, et moins les événements me semblent clairs. Si je persiste à formuler des hypothèses sans avoir de preuves, je n'avancerai sans doute pas. Râclant le sol de ma chaussure de bois, je rajuste la sangle de mon Fang Bian Chan, puis me dirige prestement vers le sud, en quête de réponses. Mais surtout en direction du Bochi.


~Suite~

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Dim 22 Juil 2012 19:32 
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Sa première nuit à Oranan, Pépin la passa sur les toits. Il avait franchi les portes juste avant que les gardes ne les fermassent, il faisait déjà nuit et il n’y avait plus personne dans la rue pour lui indiquer un endroit où dormir. Sans parler qu’avec la peur que lui avaient flanquée les deux géants armés, il n’avait pas osé le leur demander… Mais il fut enchanté de ces longues heures passées sous le dais moiré du firmament, car il put contempler la lune à loisir, et il vit même une étoile filante zébrer le ciel à toute vitesse ! Sa seule déception avant de s’endormir fut de ne pas avoir pu visiter dès son arrivée, et il était tellement excité en pensant au lendemain qu’il mit des heures à trouver le sommeil. Et il pensait à tellement de choses en même temps qu'il ne faisait même plus attention aux voix dans sa tête. De toute façon elles ne s'arrêtaient jamais, alors autant s'y habituer. Dans son demi-sommeil plein de rêves et d’espoir, il omit simplement de voir les trois petites fées qui devisaient avec légèreté en jouant au poker.

- Tu crois qu'il va y arriver ? fit la blondinette avec un sourire mutin qui pouvait tout aussi bien révéler un jeu en or.
- Oh, oui, j'ai confiance en lui. Mon petit lutillon d'amour… Je finis par m'y attacher, hein.
- Roh, ronchonna la rouquine en regardant ses cartes, mais tu lui refiles pas les trucs les plus faciles, hein.
- Eh, tu t'attendais à quoi ? Il veut devenir Chevalier. Ça s'apprend !
- Mouais, dis plutôt que tu portes la poisse.
- Moi ? Je porte la poisse, moi ? sourit la brunette à peau verte en abattant une quinte flush. Tu peux aller te rhabiller, je crois…

Et Pépin là-dessus qui commençait à pénétrer les limbes comme si de rien n’était :

- Mioum mioum… C’est pas si inconfortable que ça, finalement… Hmmm…

Et quand il se réveilla, il était déjà moins pétillant : il était entièrement réduit à son estomac qui grondait toute sa faim. *GROOOAAARRR* Alors le lutillon déambula comme une âme en peine le long des gouttières, histoire de ne pas se faire écrabouiller par tous ces géants en contrebas : il n’en avait jamais vus autant, et certainement pas massés comme ça au même endroit ! Il y avait tellement de choses à voir dans cette cité ! Mais ce ne fut que lorsqu’il se fût rempli la panse à l’étal d’un petit marché qu’il put être attentif à tout ce qu’il y avait de merveilleux sous ses yeux. Il remercia la vendeuse avec un sourire éclatant et se remit à marcher, cette fois beaucoup plus joyeux et plein d’entrain tandis qu’il dévorait de délicieux momos aux légumes.

Il regardait tout, partout, les yeux tout le temps levés vers les sculptures de dragons, les toits des pagodes, les lanternes en papiers qui reliaient deux fenêtres. (Wooow…) Les linteaux peints en rouge le laissaient sans voix, les musiciens ambulants captaient toute son attention, et chaque kimono le retenait pendant au moins un quart d’heure. Il y avait tellement d’animation ! Les rues étaient étroites pour les géants, ils y grouillaient avec d’autant plus de difficulté mais avec une énergie communicative. Dès qu’il le vit, Pépin sauta sur un conducteur de pousse-pousse et, quand il lui eût raconté son aventure, le jeune homme hâlé lui proposa de le mener à la boutique magique du coin – qui selon lui était juste à deux pas.

- Merci beaucoup, monsieur !! Votre ville est vraiment charmante, vous avez bien de la chance ! A une prochaine fois, peut-être !

Ce disant, il vit l’oranien reprendre son activité, tout de suite alpagué par deux vieilles femmes charmantes à l’air débonnaire. Le lutin se tourna vers la devanture de échoppe, mais juste comme il regardait dans la vitrine tout ce qui lui faisait envie, il sentit comme un parfum salé. (Ah, ça refoule le poisson par ici !) Mais… il y avait autre chose, et puis ce bruit tout doux… Il entendit piailler des oiseaux qu’il n’avait jamais vus, au ventre dodu et blanc. Il se promit de poser toutes ses questions au boutiquier, et puis il rentra.


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Dernière édition par Pépin le Mer 3 Juil 2013 14:08, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 25 Juil 2012 14:50 
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~3~


L'aube est déjà passée depuis quelques heures quand je me réveille, le corps encore un peu endolori. Ma décision est cependant prise, et je n'ai aucune envie d'obliger mon oncle à devoir clore la boutique pour s'occuper de moi. En conséquence, après avoir avalé quelque chose de consistant et m'être apprêté, je me prépare à quitter l'herboristerie. Juste avant de le faire, Masaya me confie quelques yus supplémentaires, m'incitant à ne pas trop forcer aujourd'hui. C'est donc suite à un geste d'affection de sa part et un échange de sourires que je sors de la boutique.

Comme je m'en doutais, les rues sont déjà assez animées. Dans la République, je doute que le moindre ynorien apte à se défendre prenne le temps de se prélasser au lit. D'un autre côté, je ne les connais pas tous non plus.
Rajustant la sangle de mon arme, je place ensuite les mains dans mes manches, songeant à ce que je vais faire. Mes plaies tirent encore un peu, mais les cataplasmes d'oncle Masaya ont fait des merveilles pour les soigner.

Pas après pas, je me perds un instant dans mes pensées.

(Je ne dois pas tout dépenser, mais si d'autres missions pour la milice surviennent, je dois être prêt. Cette faiblesse après utilisation de mes fluides... Je ne peux pas la tolérer. Que faire ? Renforcer cette énergie ? Prendre de quoi la recharger ? Bon, j'aviserai...)

Soudain, je suis tiré de mes pensées par un léger heurt. Je viens de cogner dans le bras d'un passant immobile. Je m'apprête à m'excuser quand des voix proches s'élèvent, emplies de colère.

"Rends-moi mes yus ! Sale voleur !"

"Un achat c'est un achat ! J'ai rien à te rendre !"

"Me vendre un carquois qui lâche à la première flèche portée, c'est une arnaque !"

Mes yeux s'écarquillent. Ces oraniens ne vont tout de même pas se battre en pleine rue ? Quand je vois les bras qui s'arment, je n'ai plus un doute. Passant entre les badauds, je décide d'intervenir. En temps que membre de la milice, je ne peux pas tolérer une telle démonstration absurde de violence en pleine rue. La silhouette des deux hommes, coiffés d'un chignon et portant une tunique rigide dans les tons grisés, se dessinent mieux à mesure que je me rapproche d'eux. Leurs expressions sont sévères, presque comme s'ils étaient à bout de nerfs. Depuis quand cette querelle dure-t-elle ?

J'arrive juste à peine à leur hauteur quand je tente de les interpeller. Soudain, une voix féminine posée, mais sévère, retentit, s'accompagnant d'une diffusion de lumière.

"Il suffit."

La sensation est étrange. Ce n'est pas comme si je n'avais plus envie de me d'interposer et d'user de force si nécessaire, mais comme si mon corps entier refoulait mon énergie combattive. D'ailleurs, les deux opposants se fixent maintenant, mais abaissent leurs poings. Chose étrange, l'air autour d'eux, et même entourant tous les témoins, semble légèrement plus clair et flou qu'en temps normal. Je perçois bien qu'ils veulent en découdre, mais c'est comme si quelque chose l'empêche. Une autre silhouette sort d'entre les quelques personnes attroupées.

C'est alors une ynorienne, légèrement plus grande que moi, qui s'avance vers les deux hommes, posant une main délicate sur leurs bras. Elle est vêtue d'une tenue qui m'est familière. Je la vois lorsque je me rends au temple de Gaïa, portée par les prêtres et les officiants de la déesse. Très claire, l'étoffe m'évoque la pureté de la divinité régissant la lumière, et contraste avec la chevelure d'ébène la masquant. La jeune femme tourne un visage doux vers les opposants, leur faisant baisser leur garde. Nul sourire sur ce visage rond et pâle, reflétant une certaine jeunesse et innocence. Pourtant, toute son attitude me donne la sensation de percevoir une chaleur presque maternelle.

Bientôt, les protagonistes énervés se détournent l'un de l'autre. La situation se tassant, le reste des curieux se disperse. Un moment immobile, j'allonge les foulées, rejoignant la jeune femme, ou plutôt jeune fille maintenant que je la vois de plus près. Ses yeux noirs se rivent aux miens, mais elle ne dit pas un mot. Ses longs cheveux, plus sombres encore que les miens, flottent légèrement dans la brise matinale. Ce n'est qu'à sa question que je me ressaisis.

"Oui ?"

Je m'incline alors légèrement, puis prends la parole.

"Bonne matinée à vous. Veuillez pardonner ma curiosité mais... Comment avez-vous fait cela ? Empêcher ainsi ces hommes de se battre ?"

Son regard me jauge, s'arrêtant sur la légère tuméfaction de ma pommette. Ses doigts délicats viennent effleurer la zone. Mes yeux violins passent rapidement de la clarté de sa main au sérieux de son visage. Une sensation de chaleur douce envahit ma peau, chassant la douleur restante. Immédiatement, je passe ma propre main dessus, surpris. Un mince sourire se dessine sur le faciès juvénile.

"C'est un jeu d'enfant pour qui sait user des dons de Gaia."

"Est-ce que... Est-il possible de me l'enseigner ?"

Immédiatement, son expression se ferme. C'est sans appel qu'elle laisse filer des mots clairs et rudes.

"Possible, mais je n'ai aucune raison ou envie de le faire."

Un instant perdu, je balaie son expression du regard. Elle a beau avoir l'air jeune, je sais que je n'ai pas affaire à une simple enfant. Doutant de ma capacité à pouvoir la faire changer d'avis, je m'incline une nouvelle fois. Un bref signe de tête ponctue son départ. Une pointe se fiche dans ma poitrine. Au moins, je sais que c'est par l'usage de fluides lumineux qu'elle a réussi cet exploit. Si je m'applique, je suis certain de pouvoir parvenir à quelque chose, avec ou sans aide. Cette idée de pouvoir empêcher des êtres de se blesser me semble véritablement utile.

Poursuivant ma route, je me dirige vers une boutique bien connue. Cette brève rencontre a eu le mérite de m'éclairer sur les objets dont j'ai besoin.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 29 Juil 2012 13:41, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Ven 27 Juil 2012 19:45 
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Oranan ou l'art martial (Partie II)


< Les portes d'Oranan

Les indications du garde étaient bien assez claires pour que je n'aie pas à demander mon chemin en route. Suivant à la lettre ses ordres, je me faufilai entre les jambes des passants. La tâche était beaucoup plus aisée qu'à Kendra-Kâr puisque bien que la citée verte n'avait rien à envier à la blanche en terme de beauté, la population y était tout de même moins présente et moins hétéroclite.

Je pris mon temps avant d'arriver à la boutique, flânant, le nez en l'air (sans pour autant perdre de vue les pieds des grands-dadais, un accident est si vite arrivé) et observant l'architecture. Elle était bien différente des villes du sud que j'avais alors visitées jusque là. Les maisons épousaient de drôles de formes géométriques et les toits étaient tantôt pointus, tantôt presque plats, se finissant en pointe dans leurs angles. Les couleurs dominantes étaient le rouge et le beige et un détail se retrouvait malgré tout sur presque tous les bâtiments. C'était cet espèce de porche, formé d'énormes poutres en bois peinturlurées de rouge et soutenu de colonnes du même type. Je me demandais bien à quoi cela pouvait bien servir ...

Continuant mon chemin sur les grandes allées pavées d'une pierre ocre, je n'en finissais pas de m'émerveiller devant ce qui me passait sous le nez. Comme à l'entrée, la végétation était omniprésente, mais elle semblait être maîtrisée, comme si la position de chaque graine plantée avait été calculée. L'ensemble donnait quelque chose de merveilleux, semblable à un jardin paradisiaque. La faune ayant par conséquent investit la citée et constituée de multiples papillons, abeilles et autres insectes fabuleux, en était sans aucun doute pour quelque chose à mes yeux.

J'arrivais finalement (et avec une minuscule déception) au croisement décrit par le garde à l'entrée. Cherchant alors des yeux la fameuse pancarte qui devait m'indiquer le bon chemin, je finis par tomber dessus. Accrochée à un mur sur ma droite, elle n'était pas bien grande mais suffisait à son rôle. Un dessin fait à l'encre noire et représentant une aiguille dessinant sur une peau s'imposait en grande partie. Juste en-dessous, écrit tellement petit que je dus m'approcher pour déchiffrer les caractères, avait été apposé un simple "Tatoueuse magique". Enfin, une flèche indiquait la direction d'une minuscule ruelle sur ma droite.

Je méditais un instant sur le terme de "tatoueuse magique". Isilmas ne m'avait pas parlé de magie et bien que je connaissais le principe du tatouage, procédé permettant d'insérer de l'encre sous la peau, rendant alors le dessin immortel, je n'avais aucune idée de ce que signifiait un tatouage magique ...

(Peut-être qu'elle dessine grâce à la magie et ainsi ne se sert pas de l'aiguille. Il parait que ça fait super mal cette aiguille ...) concluais-je alors pour moi-même.

Je pris donc la direction indiquée et m'engouffrai dans la ruelle mal éclairée malgré le soleil qui, en cette belle journée de printemps, scintillait de tout son saoul. Quelques pas et j'atteignais enfin la boutique de la tatoueuse. Le bâtiment ne payait pas de mine, mis à part une porte noire à double battants en fer forgé, finement ouvragée. L'enseigne était identique à celle sur la pancarte.

Je luttai un petit moment sur la poignée de la porte avant d'enfin parvenir à l'ouvrir et à entrer, haletant.

> La tatoueuse magique

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 11 Aoû 2012 12:37 
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- YIAAAAAAAAH-HAAAAAAAAAAAAAAA !!!

Que Pépin fût pris au dépourvu, c’était arrivé souvent depuis son départ de Bouh-Chêne, il y avait de ça une ou deux semaines. Mais alors là, jamais il n’aurait pu se targuer d’être aussi étonné. Pas que deux géants brigands fussent aussi intrigants que ça (un peu quand même, mais passons). Ce fut juste de voir ce lutin des champs, plus petit que lui, et bariolé de si jolies couleurs, à l’air tout mignon de lutin qui se respecte… mais avec un de ces langages de fripouille ! Bon, il en avait lancé, lui aussi, du « fichtre poil de grenouille » - qui comme un chacun le sait n’est pas la moindre des imprécations – mais alors là ça dépassait même le verbiage fleuri de ce vétéran de Fauche-le-vent !

Et là-dessus, l’inconnu l’avait empoigné par le bras… (Nom d’une meringue, il ne faut pas l’embêter, lui !) Une force dans le poignet, au moins comme un moineau ! En même temps, heureusement qu’il l’avait si hardiment attrapé pour le faire courir comme un dératé, parce que les deux filous leur filaient le train à toute allure. D’ailleurs, Pépin se remit bien vite de toutes ses déconvenues, à peine passées et déjà trépassées, et il courut, courut à perdre haleine derrière son compagnon de l’instant. C’était un peu plus malaisé qu’à l’accoutumée, à cause de cette drôle de poupée pour qui toute cette débandade était arrivée, mais Pépin en avait à revendre et ne se laissait pas distancer.

Pourtant, ils avaient beau être plus agiles que des géants, ils pouvaient bien zigzaguer et slalomer tout leur soûl entre les passants, et se glisser sous les charrettes tête en avant… mais un coup d’œil en arrière apprit à notre petit héros que leurs poursuivants les suivaient de trop près. Il n’y avait rien à faire ! Et même si la ruelle où son sauveur l’avait entraîné était aussi bondée que la grand-rue d’à côté, pas un seul Ynorien n’essayait de comprendre ce qui se tramait là : parce que, quand même, ça avait quelque chose d’épique ! Deux voleurs géants aux trousses de lutins hauts comme trois pommes, ça ne devait pas arriver souvent. Mais ils filaient comme des flèches et les linteaux rouges d’Oranan défilaient sous leurs yeux, sans que ni vendeur ni acheteur ne tentât quoi que ce fût.

Aussi Pépin, avisant un mulet à l’arrêt à côté d’un étal, conçut soudain un plan qu’il jugeait déjà par trop oaxacique… (Hinhinhin !)

- Gnuuu ! laissa-t-il échapper en entraînant son comparse de ce côté.

Il cavala et bondit, sus à ce bel animal aux grands yeux pleins d’intelligence (ahem), et, lui demandant silencieusement pardon, il lui aiguillonna le jarret de son kunaï adoré ! Et tandis qu’ils fuyaient à nouveau, les deux lutins purent entendre le charivari causé par le mulet qui s’était rué au milieu de la chaussée, écrabouillant des pieds, renversant des badauds, mais surtout : il barra la route aux deux truands, et les lutins purent gagner un peu de temps.

Enhardi par son entourloupe – ce que de nombreux lutins auraient nommé une bonne farce bien comme il faut – il embarqua son acolyte dans une nouvelle course endiablée. Alors qu’il offrait son visage radieux au vent de la vitesse, Pépin sentit toutes les petites feuilles de son plastron frissonner et ses cheveux s’ébouriffer encore un peu plus. Pas une seule fois au cours de sa courte vie de lutillon il n’avait ressenti aussi fort les effets de l’adrénaline qui virevoltait dans ses veines comme une myriade de papillons… et pour sûr, c’était vraiment génial !

Il se surprit soudain à espérer que ce lutin (celui qu’il tenait encore fermement par le bras) ressentît autant de plaisir que lui à cette folle débandade, quand un coup de balai inopiné les fit valser sur le côté.

- GNAAAAAA-HU !!

Pépin roula, et puis il boula, et sans crier gare se retrouva dans le noir. Il se débattit un instant avec une immense masse de tissu qui lui avait chu dessus, réharnacha sa poupée, saisit son compagnon par le collet… et s’aperçut bien vite qu’ils s’étaient retrouvés enseveli sous l’étal d’un tisserand. Ils se carapatèrent sans demander leur reste, mais bientôt :

- Oh ! Qui que tu sois, je ne sais pas comment tu t’appelles mais ON S’ARRÊTE !

Le lutillon se laissa aller contre la façade la plus proche, à un endroit où aucun géant ne posait le pied. Il se ramassa sur lui-même, les mains sur les genoux en espérant que ça fît passer les points de côtés qui lui faisaient l’effet de… d’un coup de balai, tiens ! Essoufflé, il essaya quand même de rigoler. Ce fut tout sourire qu’il tandis la main à l’autre lutin :

- Mon nom c’est Pépin. Pépin Trucarion, de Bouh-Chêne, et mes amis m’appellent Pep’, Pépino, Pépitruc, Pépé, Pépinoisette, Pépin le Br… Ha ?

Alors qu’il se laissait aller à sa logorrhée tel Nataku Arashimasi avec son histoire de kraken, *ploc ! ploc ! ploc !* Des gouttes lui tombaient pile poil sur le sommet du crâne, et quand il leva les yeux il ne put s’empêcher de s’enthousiasmer un peu plus : il y avait une gouttière juste au-dessus de leur tête, et ça lui donnait plein d’idées fabuleuses ! Ça lui rappelait notamment les après-midi entiers au cours desquels il avait joué à saute-avec-moi-dans-les-flaques avec Ephélide, mais surtout, il conçut d’emblée une stratégie fameuse.

- Tu connais la blague du kraken et du tavernier ? commença-t-il alors qu’il entamait la grimpée – et son rire pointait déjà derrière ses dents.

Du coup, à peine avait-il raconté la chute qu’il se bidonnait déjà comme un lutillon né de la dernière pluie. Ils étaient désormais sur le toit d’une pagode, assis entre deux statues de dragon, et balançaient joyeusement leurs jambes dans le vide. Au loin, les rues enchevêtrées à n’en plus finir, et la mer. Pépin pouvait encore en entendre les chuchotements indolents… mais là, ce n’était pas le moment ! Parmi toutes les têtes brunes qu’ils voyaient défiler de là-haut, l’une d’elles en particulier attira son attention. Et pour cause ! Vu la manière très peu discrète dont son propriétaire essayait de se fondre dans la masse, ça ne pouvait être que celle d’un des deux voleurs qu’ils avaient voulu semer.

- Il a l’air tout seul, profitons-en ! exhorta-t-il en calant sa poupée de chiffon dans la narine de l’un des dragons de pierre. Cette fois, c’est le moment d’y aller !

Tandis qu’il s’apprêtait à bondir du toit pour écrabouiller la trombine de ce vilain voleur, le lutillon eut subitement à l’esprit une image frappante de sa dernière déconvenue en date : la fois où il s’était retrouvé pendu par les pieds, ahem. Alors ce coup-ci, il décida de se concentrer un minimum avant de hurler banzaï comme un petit fou. Il banda tous ses muscles de héros en herbe, s’efforçant de ne pas prendre une de ses postures hyper-célèbres et trop chouettes, mais un peu trop extravagantes aux yeux de Fauche-le-vent – après tout, c’était lui le maître d’armes !

Il se concentra de toutes ses forces pour établir un plan d’attaque d’ailargent, comme l’appelait Calembour. Plus fin que l’Ecureuil-Volant, moins remarquable que la Grue-Maligne-d’Oranan, cette tactique-là allait surprendre et déstabiliser le truand, pour le plus grand plaisir de Pépin. Il échauffa ses petits petons, fit craquer ses orteils et étira son dos en soufflant un grand coup. Ne restait qu’à calculer quel angle adopter pour tomber à pieds-joints en plein dans la tempe du malandrin – et que ça saute ! Il se retourna prestement, fit un petit coucou joyeux à son complice, et amorça un flip arrière pour se laisser tomber en vrille.



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Itsvara magic work - Thanks


Dernière édition par Pépin le Lun 15 Juil 2013 23:29, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Jeu 25 Oct 2012 21:25 
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~2~



Une fois mes achats effectués, je demeure quelques instants non loin de la porte du magasin. Mes yeux teinte violine fixent avec attention l'incrustation neuve sur mon Fang Bian Chan. La gemme de magie, au coloris bleuté sous l'angle que j'observe, a été minutieusement placée à quelques centimètres de la lame en croissant. Elle n'est pas sur la partie métallique, mais sur le manche, dans la zone la plus résistante dont le rôle est de tenir la tête acérée. Ce commerçant est véritablement un artiste. Non seulement cela n'a pas du être facile, mais il a également gravé un léger motif pour camoufler les dégâts nécessaires à l'incrustation.

Alors que je rajuste la sangle de mon arme sur mon buste, des pas rapides se dirigent vers le bâtiment. Je m'en écarte pour ne pas gêner la circulation, mais les foulées se stoppent à mon niveau. Levant le nez, je souris à l'intention de la personne. Il s'agit du milicien Tanigura Hidate, inhabituellement vêtu d'un yukata noir et au ceinturon blanc. Sa longue chevelure d'ynorien est enroulée sur elle-même à l'arrière de sa tête, et retenue sous un tissu clair serré par un cordon. Un lien de chanvre de petit calibre retient une bourse anodine à sa ceinture, juste au-dessus du fourreau de son katana.

Avant que j'ai le temps de le saluer, le grand humain me dépassant d'environ trois têtes me tend ses mains à plat, sur lesquelles repose un petit paquet. Plus précisément, il s'agit apparemment d'objets enveloppés dans un linge beige.

"Est-ce pour moi ?"

L'humain acquiesce vivement, tendant ses mains de plus belle. Avec gratitude, je soulève le contenant, défaisant le nœud du tissu. J'y découvre à l'intérieur une paire de bracelets larges. Ils doivent bien faire une dizaine de centimètres de longs, totalement plats, et visiblement en cuir léger. De fins motifs ondulent autour de spirales, le tout étant incrusté dans la matière. Au toucher, la température froide m'indique qu'il s'agit de filets métalliques. L'artisan a du se donner beaucoup de mal pour réussir ces objets. Tandis que j'en retourne un, je me rends compte que son diamètre dépasse largement le tour de mon avant-bras. Levant le nez vers le milicien, je décèle comme une hésitation sur son visage grave.

Prenant les devants, il finit par ouvrir la bouche. Autant ses premiers mots sont directs, autant les derniers semblent lui demander un peu plus d'efforts pour me parvenir.

"Compensation pour ta solde. Et... Mes félicitations... Pour ta promotion."

D'un coup, ce grand homme plaque son poing droit dans sa paume opposée, et s'incline respectueusement. Je me sens à la fois ravi du présent et gêné par son attitude. Face aux œillades de quelques curieux, je m'empresse de le remercier. Pendant quelques longues secondes, il refuse de rencontrer mon regard. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai dans l'idée que mon nouveau grade le perturbe. Tout en enfilant un premier bracelet, je lui parle.

"Nous ne sommes pas en service. Pour le moment, je ne suis pas l'instructeur D'Esh Elvohk, mais simplement l'ynorien Kiyoheiki."

Mes paroles semblent avoir immédiatement un impact positif puisque l'homme se redresse. Il me semble presque soulagé. Je sais bien que je vais devoir respecter davantage le protocole et la hiérarchie maintenant que je dois servir d'exemple aux apprentis, mais dans la vie civile, je ne vois pas pourquoi je devrais en jouer. Vivement, je fais glisser le bracelet sur ma peau. Comme je le pensais, le cuir ne tient qu'à mi-hauteur sur mon bras, bien au-dessus du coude. C'est plus une protection de biceps que d'avant-bras, mais j'y trouve toutefois un aspect pratique. Le plastron de la milice ne protège en effet que mon torse et le dessus des épaules. Avoir ce duo de bracelets couvre davantage ma peau, quand bien même ils me semblent trop fins pour me protéger avec efficacité.

Le milicien me regarde tandis que j'enfile le second bracelet, en retroussant la manche de mon habit. Après lui avoir rendu le tissu, je fais quelques rotations de bras, m'assurant être à l'aise avec. Est-ce l'effet de leur présence ? Toujours est-il que j'ai l'impression que mes mouvements sont plus précis et assurés. Affichant un air ravi, je souris sans retenue à mon camarade.

"Merci beaucoup, j'en prendrai soin."

Hidate esquisse brièvement un sourire, puis il fait un pas de côté, m'invitant à marcher avec lui. En avançant tranquillement, nous arriverons à temps voire même en avance, pour retrouver les jumeaux et mon oncle à l'auberge. Je ne sais pas encore ce que j'ai envie de manger, mais je dois reconnaitre que je suis un peu las du poisson séché. D'ailleurs, depuis combien de temps n'avons-nous pas profité d'une belle viande blanche ? Rien qu'en imaginer le fumet me met l'eau à la bouche.

Je suis aussi motivé par l'opportunité de voir Junji et Genji avant leur départ. Je ne connais pas grand-chose sur les missions à long terme, mais si je peux faire quoi que ce soit pour eux, je ne vais pas hésiter.




[Acquisition rp des Bracelets de Plénitude]

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Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 28 Oct 2012 02:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Sam 27 Oct 2012 12:59 
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À allure tranquille, et dans un relatif silence si ce n'est le bruit normal d'une cité active, Genji et moi marchons dans une rue sans pour autant échanger un mot. Je sens poindre l'inquiétude, mais je m'interdis de lui forcer la main. Si ses pensées sont occupées par un problème grave, l'interroger à ce sujet de front risque juste de le contrarier. Par moments, je lui jette un coup d'oeil, découvrant soit un faciès tourné vers le sol, soit un regard passant de badaud à badaud sans s'y attarder. Il lui arrive toutefois de poser les yeux sur moi, et d'en esquisser un sourire. Cette expression est hélas rapidement balayée par un air songeur.

Le jeune ynorien a l'air si absorbé par ses réflexions que je dois le retenir par le bras pour éviter qu'il ne heurte un passant pressé. Je devine à son expression surprise qu'il n'a pas compris mon geste. Il faut attendre qu'il s'aperçoive qu'un grommellement mécontent lui est adressé pour qu'il réalise ce qui vient de se passer. Un léger sourire en coin, il émet un rire dépité.

"Je suis un peu trop dans la Lune, on dirait..."

Sur ce, nous reprenons la route en direction du temple de Gaïa. C'est à mon tour d'être si intrigué par le comportement de mon camarade que je manque de peu cogner quelqu'un. Sauf que cette fois il s'agit d'un très jeune garçon, et que non content de trébucher, ce dernier tombe au sol. Quand il se reprend, regardant ses mains écorchées, mon coeur m'interdit de le laisser ainsi. Retournant sur mes pas, je mets un genou à terre, fixant l'enfant dans les yeux.

Si jeune, et déjà un caractère bien trempé. Le garçon se mordille la lèvre, contenant ses larmes comme il le peut. D'une voix amicale, je l'encourage.

"Aller, debout. Un grand garçon comme toi doit pouvoir se relever seul, n'est-ce pas ?"

Le gamin me scrute, fait la moue, puis il me prouve être oranien en se levant sans aide. Rapidement, j'inspecte ses plaies. Elles ne sont pas profondes, mais suffisamment étendues pour piquer de façon désagréable. Rivant mes yeux violets aux siens, j'y détecte une pointe de curiosité. D'un geste, je l'invite à tendre ses mains. Plaçant la mienne au-dessus, je concentre mes fluides de lumière pour soigner ces plaies, blessures de guerre typiques de l'enfance. Le petit, vêtu d'une tunique que j'estime un peu grande pour lui, observe ses "bobos" disparus, puis il me scrute. Sous le regard curieux de Genji, je souris à l'enfant, puis lui tapote amicalement la tête.

"Et voilà. Fais quand même attention à l'avenir."

Tandis que je me redresse, une figure adolescente surgit d'une ruelle proche, interpellant le petit. Le nouvel arrivant tend l'index, faisant la morale à celui-ci, qui s'était soustrait à sa surveillance. C'est visiblement un ynorien, arborant la chevelure noire, la forme d'yeux et la peau typique de notre peuple. Ses habits sont de bonne facture, mais peut-être un peu usés. Après que l'enfant se soit expliqué, l'adolescent me jette un regard. Je suis certain qu'il s'apprête à me remercier, mais à la place il se fait soudain muet. Ignorant ma présence, il demande à son jeune frère si je ne lui ai rien fait d'étrange, de méchant et même si je l'ai touché sans son accord.

La remarque me blesse un peu. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressenti la répulsion d'autrui que j'en avais occulté l'existence. Le moins que je puisse dire, c'est que ces mots simples font autant d'effet qu'une dague. Soudain, sans que je comprenne exactement pourquoi, Genji décide de prendre la parole en haussant le ton.

"Ton frère manque de le heurter, il tombe tout seul et se blesse. Mon ami prend le temps de l'encourager, de le soigner, et toi tu le traites comme le dernier des garzoks ? Ingrat !"

Je suis surpris par le soudain éclat de voix du milicien. Quelque chose ne va vraiment pas pour qu'il soit à fleur de peau à ce point. L'adolescent fait une moue mécontente, mais son jeune frère calme le jeu en m'adressant un remerciement un peu maladroit à grand renfort de "messire l'elfe". A leur départ, je regarde mon camarade avec inquiétude. Je ne peux pas rester muet après cela.

"Qu'est-ce qui vous prend, Genji ? Cela ne vous ressemble pas de réagir de cette façon."

Au lieu de me répondre, mon jeune ami me pose quelques questions.

"Vous aimez les enfants ? Vous projetez d'en avoir un jour ?"

Perplexe, je hausse un sourcil, me questionnant sur le sérieux de mon interlocuteur. Il ne plaisante pas. Bras croisés, il me fixe avec insistance, comme si ce que j'allais lui répondre était décisif. J'y réfléchis quelques instants, puis pousse un léger souffle.

"Oui, j'apprécie les enfants, mais simplement parce qu'ils sont le futur de la République. Même si à mon échelle je ne peux pas faire grand-chose, je sais qu'en étant milicien, je les protège d'une certaine façon. Et pour votre seconde question..."

Je souris avec une certaine gêne.

"Regardez-moi. Je suis bien plus petit que les dames de la République. Je n'ai ni statut particulier ni appui familial à faire valoir dans une union. Et vous avez vu l'accueil qu'un inconnu me réserve ? Je ne dirais pas que c'est normal, mais c'est compréhensible. Je suis loin de ressembler au gendre, père ou époux idéal."

Le visage de Genji, jusque-là fermé, se détend brutalement. Plus encore, il semble gêné par ce qu'il m'a contraint à dire. L'agressivité émanant de lui décroit subitement. Comme s'il se rappelait de mes questions, il prend une soudaine inspiration et m'avoue à demie-voix ce qui le tracasse.

"Je suis inquiet, c'est vrai. Ayame... Elle est enceinte."

"Pardon ?"

"Oh, pas de moi ! Encore heureux ! C'est bien mon frère le père... Ayame me l'a appris il y a quelques jours, parce que cela commence à se voir. Junji n'est pas encore au courant, elle voulait qu'il lui propose l'union sans que l'arrivée d'un enfant l'y oblige. Et maintenant, nous allons partir en mission pour plusieurs mois... "

Genji détourne la tête, secouant cette dernière lentement.

"Quel mauvais concours de circonstances. D'ici peu, Ayame ne pourra plus accepter de missions à cause de son état. Ils vont être endettés jusqu'au cou pour démarrer leur nouvelle vie, avec une bouche de plus à nourrir. Même la date de leur Union a du être reportée. Junji n'en a pas encore pleinement conscience, et cela m'inquiète."

Un air presque abattu s'affiche sur son visage.

"Nous avons déjà énormément profité de l'aide de notre cousine Akiko. Il serait déraisonnable de lui en demander davantage..."

Visiblement, Genji semble s'être ouvert et est enclin à me parler davantage. Sans dire un mot pour le moment, je l'incite à reprendre la marche en direction du temple. Certes, je veux en savoir plus, surtout pour savoir si je peux faire quoi que ce soit. Sauf que parler de difficultés personnelles en pleine rue est plutôt imprudent. Les ragots et rumeurs pour se distraire de la guerre ont tendance à rapidement circuler en ville.



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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Lun 5 Nov 2012 02:47 
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~2~


Arrivé en vue de l'intersection donnant sur la façade des locaux de la milice, je décide de changer d'approche. J'avais d'abord prévu d'attendre les recrues dans le bâtiment pour me présenter à eux d'entrée, mais une autre idée vient chasser celle-ci. Ôtant mon arme de mon épaule, je la cale contre mon torse. Je relève ensuite ma capuche en masquant ainsi une partie de mon visage, avant de m'adosser à la paroi. Si je tourne la tête sur ma gauche, je peux voir la ruelle passant devant l'office, rejointe perpendiculairement par celle où je me trouve. Je sais que les apprentis en devenir doivent arriver sous peu, et j'ai bien l'intention de les observer un moment avant de les rencontrer.

Silencieux, attentif, je fais preuve de patience. Quelques badauds passent sans me prêter la plus petite attention, ou s'intéresser au bâtiment proche. À chaque passage, je me sens un peu plus tendu ou impatient. Les deux sensations sont si emmêlées que je ne parviens pas à les distinguer. Mon regard est bientôt attiré par un trio d'enfants avoisinant les cinq années, trottinant à grand renfort de rires. Mon expression s'apaise en les entendant. Par ces temps troublés, percevoir l'innocence et la joie des jeunes pousses me rend fier d'être milicien.

D'un coup, lorsqu'ils bifurquent, un son brutal résonne dans la ruelle. Les rires cessent, coupés par une voix féminine au ton outré.

"Ah ! Fichus avortons ! Regardez où vous allez ! Voilà pourquoi je déteste les rejetons d'humains !"

La rudesse de cette femme m'interpelle. Faire un tel commentaire en pleine rue n'est vraiment pas digne d'éloges. Serrant mon arme contre mon buste, je m'apprête à me défaire du mur quand je perçois de nouveau la voix féminine.

"Place ! Place ! Vous gênez le passage d'une milicienne !"

A grands pas, une haute silhouette apparait dans mon champ de vision. Faisant à vue de nez dans les un mètre quatre-vingt, cette personne arbore une coiffure sobre et élégante. Une chevelure d'un blond presque blanc est retenue vers la partie haute et arrière de son crâne, tandis que deux mèches encadrent son visage. Peau claire, oreilles pointues décorée pour la droite d'un bijou élaboré semblant par moment dégager de la lumière, il s'agit visiblement d'une Hinïon. En dépit de sa taille, elle me semble plutôt jeune. Sa tenue consiste en un yukata d'un vert sombre à la ceinture duquel est retenue une sacoche à rabat. Elle serait à la mode oranienne si ses pieds n'étaient pas protégés par des bottes épaisses, d'un blanc crème.

Après avoir fait un rapide tour dans l'office, elle en ressort avec une expression vexée. Croisant les bras, elle tape du pied et souffle, comme impatiente. Sous ma capuche, mon expression se ferme un peu. S'il s'agit là de l'une des apprentis, je note déjà de mauvais points dans son attitude. Je veux bien que tout le monde ne soit pas fou des enfants, mais se conduire publiquement ainsi envers eux n'est pas tolérable. Je détourne les yeux en songeant à son attitude. Elle grommelle et s'impatiente. J'espère qu'elle a juste eu une mauvaise matinée, et que ce n'est pas là son caractère habituel.

(Par Rana, cela commence bien.)

J'ai à peine le temps de secouer négativement la tête qu'une autre personne se présente. Cette fois-ci, c'est un ynorien. Taille supérieure à la mienne d'une tête, chevelure brune retenue en queue-de-cheval, peau claire et yukata sombre, presque noir. À son tour, il entre dans le bâtiment et en ressort presque aussitôt. Deux choses me frappent chez lui. La première est qu'il s'agit de l'adolescent dont j'ai soigné le jeune frère dans la rue. Ce même jeune humain qui m'a traité froidement, comme si j'avais pu être une menace pour son parent. La deuxième chose est son regard. Acéré, distant, et braqué sur l'elfe qui l'observe en retour.

C'est cette dernière qui intervient en premier.

"Baisse les yeux, humain. Ton insolence m'agace."

Le gamin se met à se curer ouvertement l'oreille, conservant un visage neutre.

"Bizarre, j'ai cru entendre un son désagréable. Juste mon imagination, sans doute."

"Eh ! Fais attention à tes paroles, demie-portion ! Si tu me cherches, c'est la milice que tu auras à dos."

"Peuh ! Elle est tombée bien bas cette milice pour recruter des faiblards dans ton genre. Dégage, personne n'a besoin de toi ici, surtout dans ma milice. "

"Toi ? Milicien ? Laisse-moi rire !"

Instinctivement, ma main monte à mon visage. Frottant légèrement mes paupières, je ne parviens pas à m'empêcher de secouer la tête. Agir en instructeur ne va déjà pas être simple, mais je ne vois quasiment aucune qualité à travers leurs paroles. L'adolescent ne m'apprécie déjà pas, mais si son esprit s'échauffe, me faire respecter va être encore plus difficile. Au moins, ils n'en viennent pas aux mains, c'est déjà cela.

(Et ils sont à peine deux. Par les Déesses, que me réserve la suite ?)



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Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 7 Déc 2012 18:09, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Lun 5 Nov 2012 13:17 
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~3~



Frottant ma tempe, tentant de relativiser et de reprendre confiance en mes capacités, je remarque soudain une présence sur ma droite. Une fine silhouette s'approche, la tête couverte d'un chapeau de paille conique. Sa tenue d'un rouge profond, presque sanguin, me surprend un peu tant elle contraste avec la clarté du sol dallé. C'est visiblement une jeune ynorienne. Yeux en amande et sombres, longue chevelure noire et lisse laissée libre dans son dos, elle s'avance doucement, comme avec hésitation. À sa ceinture pend un fourreau de petite taille. Sans doute s'agit-il d'une lame de type tanto ou wakizashi.

Alors que je pousse un léger souffle, la jeune fille change soudain de trajectoire, s'avançant dans ma direction. Au son de sa voix, chargée d'une pointe d'inquiétude, je lève le nez, sans pour autant me défaire de ma capuche.

"Veuillez m'excuser si je vous importune mais... Vous vous sentez bien ?"

Est-ce parce que j'ai la main levée contre mon visage ? Est-ce ma posture qui la fait réagir ainsi ? A-t-elle remarqué que je suis en partie shaakt et est intriguée par ma présence ? Il est aussi possible que ce soit juste une personne aimable s'inquiétant réellement pour un inconnu.

Je lui adresse un sourire.

"Je vous remercie, mais ne vous inquiétez pas, c'est juste passager. Du moins, je l'espère."

L'ynorienne semble un peu soulagée. Le déplacement de son regard entre la façade du bâtiment et moi m'indique qu'elle a l'intention de repartir, sans parvenir à s'y résoudre. Craint-elle de mal faire ? Amusé par sa réaction, je fais un bref signe de tête avant de reprendre la parole.

"Vous semblez pressée. À votre place, je n'aimerais pas être en retard."

Mes mots semblent la décider. Vivement, elle s'incline poliment, puis se dirige vers la milice. Du coin de l'oeil, je la vois y entrer une première fois après avoir soigneusement évité le duo en pleine querelle. Peu après, alors qu'elle s'apprête à en émerger, elle fait volte-face. J'imagine qu'elle a demandé des précisions sur un sujet quelconque. Il n'empêche que je suis content de savoir que toute jeunesse n'a pas perdu son sens civique. Ce n'est, hélas, pas la majorité des gens qui s'inquiéterait de l'état d'un inconnu.

Quand je la vois se mettre à attendre non loin de la porte, jetant par moment un regard dans ma direction, je me surprends à espérer qu'il s'agisse également d'une apprentie. Fermant les yeux, je m'oblige à chasser cette idée. En tant qu'instructeur, je ne dois absolument pas marquer de préférence pour une recrue en particulier. Non seulement ce serait injuste envers les autres, mais je risque en prime d'être aveugle aux erreurs commises.

Patientant encore un peu, j'observe la nouvelle venue tenter timidement d'intervenir entre les deux fortes têtes. Une moue déçue pare mes traits quand l'elfe et l'humain commencent par lui crier de se mêler de ses affaires, avant de superbement l'ignorer. Courageuse ou simplement inconsciente des risques, l'humaine au chapeau essaie de s'interposer physiquement entre eux. Comme je le craignais, elle est repoussée par les deux à la fois. Ce n'est qu'à son soudain mouvement que je remarque la présence d'une quatrième personne, un jeune homme aussi grand que l'hinïon, et apparemment en armure.

Mes yeux s'arrondissent à son attitude. Non seulement il n'essaie pas de retenir l'ynorienne, la laissant tomber en pleine rue, mais il se permet de la contourner avec une expression hautaine. C'est étrange. Il a les yeux légèrement bridés, mais sa chevelure longue est d'un coloris doré. Il est loin d'être laid, mais son comportement m'irrite. Vu l'échange de regard entre lui et l'elfe, je suis certain qu'ils se connaissent. Aucun sourire pourtant, juste une expression un peu plus légère pour les deux.

Tout comme ses prédécesseurs, le dernier arrivé fait un tour à l'office et en sort visiblement irrité. Croisant soudainement les bras, il adresse la parole à la première arrivée.

"C'est le bouquet ! Un minable petit instructeur ose faire attendre notre personne !"

Malgré ma patience et mon sang-froid d'ynorien, entendre ainsi une recrue rabaisser son supérieur met à l'épreuve mon moral. Je ne sais pas pour qui cet humain se prend, mais ni son phrasé ni son attitude ne le font monter dans mon estime.
Délaissant son altercation avec son voisin, l'elfe sourit en coin.

"Pauvre petit maître. Te voilà obligé d'attendre au milieu de la plèbe !"

"Silence, femme ! Et pour t'adresser à notre personne, après nous avoir demandé humblement la permission, tu utiliseras le vous, comme toute créature connaissant sa place !"

"D'abord ce n'est pas femme, c'est Dame Id'Sharylzakië, malpoli. Et je ne vois pas pourquoi je devrais respecter un bambin ayant à peine le tiers de mon âge !"

L'ynorien brun se permet d'intervenir à son tour, tout aussi brutalement que ses compatriotes.

"Continuez comme ça devant la milice. Non, sérieusement, histoire de finir en geôle pour trouble à l'ordre public, et que je puisse enfin m'entendre penser."

"Silence paysan ! Courrouce-nous encore une fois, et notre famille se fera une joie de saisir tes biens en guise de réparation !"

L'ambiance devient de plus en plus tendue. Malgré tout, la jeune fille au chapeau tente une nouvelle fois de calmer le jeu.

"Ne vous énervez pas. L'instructeur ne va pas tarder. En fait, je suis persuadée qu'il est plus proche qu'on ne le pense."

"Il a intérêt. Je n'aime pas perdre mon temps."

"Humph ! Au moins une chose sur laquelle tu es d'accord avec nous. Et qu'est-ce que c'est que ce nom ridicule ? D'esh... Déch... Déchet de veau ?"

"Peuh ! Aussi mélodieux qu'un nom d'garzok !"

Là, c'en est trop. Qu'ils aient un caractère difficile, soit, mais qu'ils se permettent de se moquer de mon nom de famille, là, je ne peux plus rester passif. Fang Bian Chan en main, je m'avance résolument vers le petit groupe. Immédiatement, l'ynorienne à coiffe se tourne dans ma direction et s'écarte de mon passage. D'une main, j'abaisse ma capuche, scrutant les visages des recrues.

"Que ? Encore toi ? Retourne dans ton souterrain, le shaakt. Tu n'es pas à ta place ici."

Malgré le mépris que m'inspire la remarque du brun, je l'ignore totalement, et braque mes yeux violins droit dans le regard du blond. Pendant un bref instant, je le perçois déstabilisé. J'en profite pour prendre la parole d'une voix calme, mais forte.

"Cela se prononce d'Esh Elvohk."

Fichant ensuite mon regard comme une dague sur le visage du brun, je continue.

"J'ai hérité ce nom de mon père, un shaakt aimant Oranan, et j'en suis fier."

Orientant mon visage vers la silhouette féminine à chapeau, je songe un bref instant à son comportement. Elle devait savoir qui j'étais, sans doute après avoir demandé une brève description de mon apparence dans les locaux. Ceci expliquerait qu'elle ait tenté d'intervenir, en laissant entendre que je n'étais pas loin. Je poursuis sur ma lancée, balayant des yeux l'ensemble des visages.

"Sauf si vos cervelles sont trop occupées par de petits soucis personnels, vous aurez compris que je suis l'instructeur d'Esh Elvohk Kiyoheiki."

Levant la tête en direction de l'elfe qui me toise, je plisse les yeux. Il y a encore un mois, j'aurais eu une certaine crainte à m'adresser à plus grand que moi. Maintenant que je connais Hidate et un bon nombre d'autres personnes de haute stature, je ne suis guère impressionné. Je charge ma voix de cette même assurance.

"Et je dois dire que ce que j'ai observé ne fait vraiment pas honneur au nom de la milice. À mes yeux, vous n'êtes pas des apprentis. Vous n'êtes qu'une bande de gamins qu'on a lancé dans un nouveau jeu, sans en expliquer les règles."

Certaines bouches s'ouvrent, mais j'y coupe court.

"Je ne veux pas vous entendre ! J'ai déjà eu droit à un bel échantillon, et je n'en suis pas encore remis... Apprentis, en rang !"

Autant les ynoriens aux cheveux sombres obéissent, autant les deux grands apprentis restent immobiles. L'humain se permet même de me jeter un regard dédaigneux. Je n'aime pas devoir en arriver là, mais je n'ai visiblement pas le choix. Faisant un moulinet avec mon arme, j'avance vivement la lame en croissant en direction de la tête de l'humain. Surpris, celui-ci recule, allant se coller au mur derrière lui. Palpant son visage avec précipitation, sa voix sur un ton soudainement plus aigu s'élève.

"Mais qu'est-ce que tu..."

Je lui coupe la parole, bien décidé à me faire respecter.

"J'ai dit en rang. Et quand on s'adresse à son supérieur, on dit vous, apprenti."

Je n'aime pas du tout cette façon de procéder, mais si je n'assois pas mon autorité dès le départ, le caractère des uns et des autres risque de faire échouer la mission, ou pire, de les mettre en danger. En dépit de ce mauvais départ, ils restent des citoyens de la République, et je me dois de les protéger au mieux de mes capacités.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 10 Nov 2012 17:03, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Rues et ruelles
MessagePosté: Mer 7 Nov 2012 14:39 
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Je sens sur ma personne les regards surpris des apprentis suite à mon geste. Je n'ai pas cherché à le blesser, juste à lui faire peur. Visiblement, cela a fonctionné. Malgré ses grands airs, l'humain blond a du mal à empêcher ses mains de trembler. Tout en ramenant le Fang Bian Chan à la verticale de ma main droite, je scrute les faciès des apprentis. Que ce soit avec un agacement visible ou pas, ils finissent par s'aligner, sans pour autant marquer la posture respectueuse que je suis en droit d'attendre. Pour le moment, je laisse ce détail de côté. Qui sait ? Si cela se trouve, aucun d'entre eux ne souhaitera rester apprenti bien longtemps. En vérité, je préfère largement qu'ils quittent le service de leur propre initiative, plutôt que de poursuivre et saboter les missions par manque de professionnalisme.

D'un geste précis, je replace la sangle autour de mon épaule droite, dégageant légèrement la cape. Je reprends ensuite la parole.

"Bien. Vous voyez, ce n'est pas bien compliqué. Pour ceux qui ne le sauraient pas, nous allons devoir effectuer une mission en travaillant de concert. Je vous l'expliquerai, mais je veux d'abord vous connaître un peu mieux. "

Je dirige alors mon regard vers l'elfe dont le visage incliné vers l'arrière rend encore plus évident le fait qu'elle me toise. Elle a beau me dépasser d'un demi-mètre, je ne cille pas pour autant.

"Commençons par vous, apprentie Id'Sharylzakië."

Les yeux de l'hinïon s'arrondissent un peu.

"Mais ! Mais comment est-ce que tu..."

"Ahem !"

"Hum ? Ah oui, vous... Comment est-ce que vous connaissez mon nom ?"

"Tout le quartier doit l'avoir entendu un peu plus tôt, apprentie. Si vous êtes toujours aussi bruyante, je ne donne pas cher de votre peau à la longue."

L'elfe plisse les yeux et croise les bras, prenant la posture d'une enfant qu'on viendrait de confronter après une bêtise.

"Commençons donc. Présentez-vous, que tout le monde sache qui vous êtes. Et dites-nous un peu ce qui vous a poussé à vouloir intégrer la milice."

"Mon nom est Mégara Id'Sharylzakië, soixante-douze ans cette année. Vous n'avez pas besoin de connaître les détails de mes motivations. Sachez juste que je veux faire ravaler ses paroles à un membre de ma famille, et que devenir milicienne est la passerelle la plus rapide pour y arriver."

Sur ce, elle serre le poing. Je garde mes pensées pour moi, puis oriente mon regard vers l'ynorien brun. Ce dernier me scrute d'ailleurs, mais quand nos regards se croisent, il affiche un air dégoûté. Faisant fi de cette attitude ouvertement hostile à mon égard, je lui fais signe de se présenter à son tour. Après avoir lâché un souffle agacé, il prend la parole.

"Apprenti Yamanori Daichi, quinze ans. Je veux être milicien parce que la paie tombe vite, et..."

Il esquisse un sourire en coin, ajoutant un commentaire si agressif que je me demande s'il est vraiment sérieux.

"Parce que cela ne doit pas être bien compliqué si même des elfes de toutes les couleurs y arrivent !"

Si je me fie à mes impressions, ce gamin vient de dire exactement ce qu'il pense. Cela pourrait être une qualité, mais en cet instant ce n'est pas bon du tout, et la réaction ne se fait pas attendre. L'apprentie Id'Sharylzakië lui adresse un regard acéré, et étend une main sur laquelle de soudains éclairs miniatures apparaissent. Information supplémentaire, l'elfe possède donc des fluides de foudre. En réponse, l'ynorien commence à sortir son katana de son fourreau. Préférant prévenir que d'user mes fluides à guérir des blessures inutiles, j'ôte mon arme de mon épaule, et place la lame plate entre eux d'un geste vif.

J'ai beau être patient, ce type de situations m'agace au plus haut point.

"Suffit ! Si vous voulez vous battre, le ferez au terrain d'entraînement, et en dehors de votre service. Vous, apprenti Yamanori, rengainez immédiatement cette arme. Un katana ne doit être sorti de son fourreau qu'avec l'intention de tuer. Il va sans dire que si c'est ce que vous avez actuellement derrière la tête concernant votre camarade, vous n'avez pas votre place dans nos rangs. "

Au son moqueur de l'hinïon, pouffant de la remontrance et de l'air courroucé de l'adolescent, je braque mon regard sur elle.

"Vous vous croyez peut-être exempte de reproches ? Si vous réagissez de manière belliqueuse dès que vous pensez entendre une provocation, vous allez tomber tête la première dans les pièges et embuscades de nos ennemis. Si vous ne savez pas garder votre sang-froid, vous allez juste devenir un poids mort pour la milice."

Mes mots sont durs, mais vrais. Si cette jeune personne réagit au quart de tour, non seulement elle va se mettre en danger, mais aussi impliquer des compagnons d'armes qui risquent de devoir tenter des actes imprudents pour l'aider. Vu l'absence d'une quelconque lame sur elle, elle doit se reposer entièrement sur sa magie. Or, je sais pertinemment que ce don a ses limites. Peu importe qu'elle ait confiance en ses capacités, je doute sérieusement que cela lui serve contre des adversaires misant sur le corps à corps.

Pendant que les deux autres digèrent mes paroles, je tourne mon regard vers le blond. Il semble s'être remis de mon geste menaçant, et tente de m'intimider du regard. C'est ce que je crois en tous cas, puisqu'il me fixe avec une expression hautaine. Sans que je lui donne la parole, il la prend de lui-même.

"Apprenti Mizutaka Andreï, dix-neuf ans. Nous devenons milicien pour remplacer les idiots de la frontière. Même pas capables de protéger nos gens contre de stupides garzoks, honteux ! Et sachez que nous sommes fils du capitaine Mizutaka, celui qui a contré de nombreux raids garzoks sans la plus petite égratignure ! Alors continuez à nous provoquer, instructeur, et vous en répondrez devant notre père ! Et il n'est pas aussi compréhensif que nous !

Malgré l'air hautain que ses paroles lui donnent, je ne parviens pas à m'empêcher de le trouver ridicule. Il bombe le torse, comme persuadé de sa supériorité, mais sa façon de s'exprimer me parait si forcée que je ne parviens pas à le prendre au sérieux. Un léger tremblement agite mes épaules tant j'ai du mal à contenir mon rire. Le faciès humain perd de sa superbe et, accompagnant ses mots d'une gestuelle agacée, le jeune homme fait un pas en avant.

"Qu'est-ce qui vous fait rire ?"

Franc et direct, masquant difficilement mon sourire, je lui réponds.

"D'accord, votre père est apparemment quelqu'un d'important..."

Laissant un instant mes paroles en suspend, j'enchaine.

"Mais et vous dans tout cela ? "

Silence de sa part et regard interloqué, comme s'il ne comprenait pas ce que je lui disais. Inspirant tranquillement, je m'explique un peu plus clairement, sentant sur moi les regards de l'ensemble des apprentis.

"Tout ce que je vois face à moi, c'est un gamin qui se cache derrière la figure de son père. Ne me dites rien... Vous êtes du genre à régler vos difficultés ou contraindre vos interlocuteurs par une intervention paternelle, n'est-ce pas ?"

Un petit applaudissement ponctue mes paroles, venant des mains de l'elfe. Un sourire narquois aux lèvres, elle jette un regard chargé de moquerie sur son voisin de droite.

"Le résumé d'une vie en une phrase. Je n'aurais pas fait mieux. Bravo instructeur. Finalement, vous n'êtes pas aussi... Enfin, j'ai un peu plus d'estime pour vous."

J'ignore si je dois prendre ces paroles comme un compliment, mais je ne rebondis pas dessus. Je continue de regarder l'humain blond, y découvrant une expression entre contrariété et confusion. Je n'arrive pas à croire que personne ne lui ait jamais fait une remarque de ce genre. Cela me parait pourtant évident. Et si cela se trouve, c'est uniquement parce que son parent est dans la milice qu'il y est entré.

Malgré mon envie de persister dans cette voie, je garde à l'esprit que je suis instructeur, et qu'il n'est pas dans mon intérêt de démoraliser les recrues. Tout en retenant la sangle du Fang Bian Chan, j'attends de croiser le regard de mon interlocuteur pour reprendre.

"La milice ne fonctionne pas sur le principe de la naissance, apprenti Mizutaka, mais sur le mérite. Ce n'est pas parce que l'un des membres de votre famille est un gradé que vous allez forcément grimper les échelons à grande vitesse. Si vous êtes incapable de faire preuve de qualités personnelles..."

Mon visage se tourne vers l'hinïon.

"De vous contrôler, en mettant ainsi en péril vos camarades ou l'issue de la mission..."

Mes yeux coloris violacés se rivent ensuite au visage de l'ynorien brun.

"Ou de travailler en équipe, que vous appréciiez vos compagnons ou pas..."

Pour finir, je jette un coup d'oeil à la dernière recrue, me rendant compte qu'elle semble boire chacun de mes mots.

"Non seulement vous aurez du mal à vous faire accepter comme des miliciens, mais en prime vous finirez par y laisser votre peau."

Je laisse mes paroles être assimilées par mes auditeurs. C'est en conservant une expression calme que je note les œillades des uns et des autres sur leurs voisins. Un sentiment de devoir accompli m'étreint quelques instants quand je songe que mes mots ne sont apparemment pas tombés dans l'oreille de sourds. Je ne suis pas naïf pour autant, et mon but n'est pas d'effacer leurs personnalités respectives, chose qui semble par ailleurs difficile vu leurs caractères. Je souhaite simplement qu'ils gardent à l'esprit quelques lignes de conduite indispensables pour leurs vies d'apprentis.

Esquissant un sourire malgré tout, je reporte mon attention sur l'ynorienne à chapeau.

"À votre tour, apprentie."

Celle-ci se redresse. Je n'arrive pas à savoir si c'est le reflet de son habit sur sa peau pâle ou si c'est un léger embarras qui fait rougir son visage. C'est d'ailleurs avec une certaine précipitation qu'elle se présente à son tour.

"A... Apprentie Aoyumi Junko ! Seize ans. Si je me suis engagée, c'est pour servir les intérêts de la République, pour me prouver que je ne suis pas une incapable... Et aussi pour avoir un jour l'occasion de prendre ma revanche sur nos ennemis du nord... "

Elle fait alors un pas hors du rang et s'incline en direction des autres apprentis et de moi-même, finissant son introduction.

"Heureuse de vous connaitre, instructeur et camarades apprentis."

Lorsqu'elle se redresse, elle affiche un doux sourire quelque peu intimidé. Discrètement, j'observe les expressions des recrues. L'hinïon tente de masquer un sourire presque tendre, Yamanori ne parvient pas à détacher ses yeux d'elle, et Mizutaka semble ne pas savoir quoi répondre. Amusé, je les incite à lui rendre sa salutation de la même façon. Mon coeur cogne un peu quand je vois mes apprentis sembler prendre conscience de l'existence de leurs camarades. Et dire qu'il y a une poignée de minutes, ils se montraient encore les dents. Rien ne dit que cela ne va pas recommencer, d'ailleurs.

Prochaine étape, tout en les gardant sous contrôle, leur expliquer la mission un peu plus en détails.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 7 Déc 2012 18:27, édité 4 fois.

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