Cette liseuse des rêves étaient une personne très étrange en fait… Néanmoins, elle nous avait accompagnés dans notre aventure et sauvés la vie plus d’une fois. Je devais bien avouer que même si je n’avais toujours pas réussi à cerner ses motivations, Netare disposait plus d’un tour dans son sac. Elle vivait dans une ville que je ne connaissais pas et me mis donc à chercher un peu mes repères à tâtons. À l’extérieur de la bâtisse, un petit jardin regorgeait d’ifs taillés, entretenus sans doute par l’armée de domestiques qu’avait la liseuse des rêves sous son égide. Je ne pus qu’être surpris par cette philosophie. D’ailleurs, je ne comprenais pas comment une jeune fille pouvait être aussi débrouillarde alors que de mon côté, je ne faisais que des bêtises plus grosses les unes que les autres. Ça en devenait navrant !
(Enfin, je ne vais pas désespérer pour ça, j’ai bien d’autres problèmes à régler pour l’instant.)
En effet, la première chose que je devais faire était rejoindre Cuilnen, la forêt entourant la ville serait plus appropriée. Le shaman devait se demander ce qu’il m’était arrivé et je lui devais bien des explications. Avant toute chose, j’allais devoir trouver une boutique magique pour vendre quelques objets, faire réparer la tunique que j’avais trouvé durant l’aventure et pourquoi pas acheter quelques fluides et autres sortilèges ! Je sortis donc de la propriété de la liseuse des rêves, espérant ne jamais y remettre les pieds pour repartir dans ce monde parallèle afin de combattre les forces sombres d’Oaxaca. Non, ce combat se ferait sur ce monde, je les affronterai du plus profond de mon âme, je me le promis.
Mais dès que je mis les pieds à l’extérieur, un attroupement commença à se faire voir. Des doigts pointèrent les cieux découverts de tout nuage, des exclamations de surprise surgirent de la foule et je pus voir Helce, le griffon fendre le ciel à toute allure pour venir se poser à quelques mètres de moi. J’étais pétrifié, il m’avait suivi ! Moi qui pensais qu’il aurait rejoint sa forêt natale pour retrouver sa famille et ses camarades, il n’en était rien ! Peut-être désirait-il tout comme moi lutter contre le mal qui commençait à envahir les terres inhabitées ? Peut-être voulait-il se battre lui aussi contre la magie de la reine noire pour protéger ce monde, son toit ? Dans tous les cas, je devais bien avouer que cela était tout sauf discret… Comment dire, cela ne m’étonnait guère de la part de cette créature un peu envahissante qui ne devait pas se douter que des âmes peu charitables auraient peut-être voulues en faire un poulet rôti… Bref ! Il était magnifique, ses plumes luisaient au soleil, lui donnant une couleur cuivrée somptueuse. Je m’approchai de lui à toute vitesse. «Helce ! Tu es en vie ! On y est arrivé, on s’en est sorti !» criai-je sous les yeux de la foule.
En revanche, je ne voyais pas comment me libérer de leurs regards. Ils n’étaient pas apeurés et me jaugeaient sans me lancer de critiques acerbes comme je m’y attendais. Se pourrait-il qu’ils soient au courant de notre petite aventure ? Me respecteraient-ils pour l’entreprise que j’avais poursuivie ces dernières semaines ? C’était en effet plausible, mais j’étais encore trop fatigué pour accepter l’idée de devenir une personnalité. Cependant, je devais bien avouer que cela était plutôt génial ! «Helce, tu devrais m’attendre à l’extérieur de la ville. Je ne dis pas que ces gens te veuillent du mal, mais, certains ne pourraient pas comprendre pourquoi un animal sauvage vienne se balader en ville. Je te rejoins dès que j’en ai terminé avec mon fatras, cela ne devrait prendre que quelques heures.»
Helce poussa un glapissement de compréhension avant de commencer à battre de ses longues ailes et de prendre de l’élan pour s’élancer dans les airs. Je le regardais, gracieux, partir vers d’autres horizons. L’attroupement ne cessait de me fixer comme si j’étais une bête de foire… Cela était clairement dramatique ! Que pouvais-je bien faire à part m’en aller, laissant les habitants aux yeux bridés se remettre de leurs émotions. Je finis par quitter le devant de la demeure de la liseuse des rêves et me mis en quête d’un magasin où je pourrais acheter et revendre ce que je désirais. J’allais avancer à tâtons, néanmoins, cela me permettrait aussi de découvrir un peu plus cette cité que je ne connaissais pour ainsi dire pas du tout. Rien que l’architecture me surprenait. Tout était si différent de ce que j’avais pu voir jusqu’à maintenant que je me demandais même si je n’avais pas changé d’univers. Pourtant les êtres semblaient «normaux» à ceci près qu’ils avaient les yeux bridés et qu’ils étaient tous tirés à quatre épingles.
(Hé bien ! Ce ne sont pas les nains qui seraient aussi propres !)
Bref ! Au bout de quelques minutes, je commençais à errer lamentablement dans les ruelles, apercevant des marchands çà et là, mais rien n’avait l’air de ressembler à ce que je cherchais… Je m’attendais donc à marcher de cette manière durant des heures entières. Cependant, une pancarte sur laquelle était inscrite une note : «À la belle aura» attira soudainement mon attention. Je m’approchai de la boutique, aimanté comme un simple bout de ferraille sans valeur.
(Se pourrait-il que ce soit ce que je recherche ? Intéressant…)
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Quête 18 : Un monde de rêve au pays des cauchemars
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