Inscription: Mar 19 Nov 2013 18:33 Messages: 1366 Localisation: Oranan - Maison des Kizukis
|
Chapitre 1 : Oranan La ville d'Oranan est une très jolie ville, avec ses magnifiques murailles, ses jardins somptueux, ses arbres fleuris, et ses maisons au style unique qu'on ne voit que dans la République d'Ynorie. La vie y est moins belle, cependant, car les Garzoks d'Omyre viennent souvent attaquer la ville. La fille indigne de Thimoros veut dominer le monde et Oranan est dans sa tête de liste. Aussi, dans la Cité Verte, on ne dort que sur une oreille. Dans Oranan, les familles ne sont pas simplement couple et enfants. Il y a là clans entiers dont chaque membre est aussi proche des autres qu'un frère l'est de sa soeur. Et justement, le clan Kizuki est composé d'une petite quinzaine de personnes, dont quatre enfants en bas âge, trois adolescents, six adultes et deux anciens. Azuha est la dernière petite, fille de Ryuuhaku et Yuuyuko, deux riches marchands bien éduqués qui tiennent une boutique de papier à lettres parfumés, soeur de Koosuke qui lui a douze ans et suit un entraînement militaire pour s'engager dans la Défense de la Cité. Azuha a grandi au sein de ce clan pendant six ans. Elle a été à l'école commune où elle a commencé à apprendre à lire et écrire la langue commune, avec les autres enfants de son âge. On lui a appris l'histoire de son clan, celle de son pays. Son oncle Juuhiro a senti en elle une aura de fluide magique et a tenté de la sensibiliser à la magie, dont lui-même maitrisait un élément - celui du feu. Il l'a entraîné à se concentrer, a essayé de la pousser à lancer son premier sort, mais jamais il ne vint. Elle avait la magie en elle, mais ne lançait pour l'instant aucun sort. L'oncle parvint cependant à lui apprendre la concentration et la méditation. Chapitre 2 : Le départ Quand Azuha avait six ans, une attaque Garzok eut lieu, et son frère Koosuke, âgé alors de dix-huit ans, partit au combat, et Azuha ne le revit jamais depuis. Pas parce qu'il ne revint pas, mais parce qu'elle fut enlevée. L'attaque Orque, très extraordinairement, avait été annoncée par un voyageur qui s'en venait d'Omyre, dont l'occupation selon les apparences était le commerce de Kendralgue et disait être installé à Bouhen. Cet homme, un peu plus tard dans la semaine, lors de l'attaque sus-citée, errait dans la ville, soi-disant s'être perdu. Il appela à l'aide dans la rue afin qu'on lui indique le chemin de Bouhen ; personne ne lui répondait, personne ne venait, et Azuha le remarqua. Sa famille lui avait interdit de sortir de la maison, mais elle voulait honorer cet étranger et répondre à sa requête, aussi prétexta-t-elle une envie pressante d'uriner, et en profita pour sortir aider l'homme, qui l'enfourna dans un sac de toile, l'assoma, et la bourra dans sa cariole. La dernière image qu'elle vit fut son oncle courant vers elle en lançant un jet de flammes vers la cariole, qui évita de justesse la boule chaude. Chapitre 3 : Grikk L'inconnu d'Omyre s'appelait Grikk et était un vendeur d'esclave, et sa pauvre cariole n'était qu'une partie de sa cargaison de plusieurs remorque dont le reste attendait au détour d'un rocher, par delà les collines, cachée des vigies de la forte Oranan. Grikk lui retira l'annulaire gauche en guise d'avertissement : ce serait pire si elle tentait quoi que ce soit. Azuha fut enfermée dans une cage branlante sur roulettes de fer rouillé dont le grincement incessant est ancré dans son crâne à jamais. Grikk l'a trimbalée sur tout Nirtim, d'Est en Ouest, essayant de la vendre, elle et ses autres produits. Autant, certains se vendaient rapidement ; autant elle, personne n'en voulait. Ça tombait bien : Grikk l'aimait bien. Il essayait toujours de la vendre, mais insistait de moins en moins et tentait de moins en moins de négocier. Lui-même finit par l'utiliser comme sa propre esclave, après un an d'echecs de ventes. Elle n'était plus enfermée dans cette horrible cage ; à la place, elle portait cette chaîne au cou, que Grikk avait toujours fermement attachée à sa ceinture. Un soir, elle tenta de s'échapper, et Grikk l'a terriblement punie : il lui a retiré l'oeil gauche. Une grande douleur qui resta dans la mémoire d'Azuha. Azuha effectuait les corvées que Grikk lui demandait sans aucunement pleurer ni hésiter. Elle ne s'était pas soumise à lui le moins du monde, mais achevait les tâches avec honneur et dignité, pour se convaincre elle-même qu'elle était libre de ses actes et avait choisi ce mode de vie, se donner une impression de libre arbitre, et qui sait, peut-être être libérée un jour de ces chaînes. Grikk l'appréciait de plus en plus. Et ce jour arriva. Grikk, après dix-huit mois de "bons et loyaux services" de la part d'Azuha, décida qu'elle était digne d'être libérée de ses chaînes. Elle n'en profita pas pour tenter de s'enfuir, et Grikk en fut soulagé. Il commença à la traiter en amie ; il ne lui demandait plus de faire quoi que ce soit, elle faisait tout d'elle-même, même les tâches les plus ingrates telles que nettoyer le dessous des ongles de son maître, lui laver jusqu'aux parties les plus intimes, s'assurer que les fers des esclaves en cages étaient bien scellés, les battre s'ils étaient trop bruillants... Azuha était devenue le fidèle serviteur de Grikk le Vendeur d'Hommes. Chapitre 4 : Omyre Trois ans après son enlèvement d'Oranan, Azuha fut emmenée pour peut-être la cinquième fois à Omyre, et là, pendant l'étalage des marchandises de Grikk, un client demanda combien le vendeur demandait pour la passation d'Azuha. Grikk, intrigué par une telle surprise inattendue, lui énonça un prix avoisinnant l'improbable ; dix-huit mille pièces pour cette esclave de neuf ans devenue sa compagnonne. "Elle est hors-catalogue, comprennez. C'est la mienne, donc le prix est haut." justifia-t-il. Le client, un garzok court sur pattes et fétiche, affirma confirmer la commande, et envoya son autre esclave, un jeune homme qui à première vue n'avait aucunement l'air d'être maltraité, chercher l'argent nécessaire. Celui-ci s'executa. Quand il revint, d'autres ventes eurent eu lieu, et à la transaction plusieurs esclaves avaient essayé de se venger d'Azuha en l'attaquant mais fure vite maitrisés. Azuha fut vendue. L'argent passa, puis un papier fut signé. Et là, un cheval tournait au coin de la rue et entrait sur la place. Azuha ne perdit pas de temps. Elle courut vers la trajectoire du canasson qui, monté par un homme dont les traits lui étaient inconnus - peut-être venait-il d'un autre monde que Nirtim, se dirigeait vers le Sud. Évidemment, Grikk n'avait pas prévu le coup et n'a pas réagi à temps. Le client, en revanche, a bien tenté de lui courir après, mais la petite était agile, et ses travaux de corvées lui avaient forgé une endurence et une agilité certaines, que lui n'égalait pas, à tout déléguer à son larbin d'esclave, à qui d'ailleurs il demanda de rattraper la jeune affranchie, et qui refusa, dignement. Le garzok perdit ce jour-là deux précieux esclaves. Azuha rattrapa le cheval sans trop de difficulté et lui saute dessus depuis un étal de marché, surprenant la monture et le monteur, provocant chaos et discorde. L'étonnement de l'homme lui permit de récupérer son couteau de cheville et l'utiliser après qu'il ait réussi à calmer sa bête à le menacer. Une chance pour elle que l'homme soit un jeune aventurier en quête d'action tout droit venu d'une ferme de la principauté d'Henehar. Mais ça elle ne le savait pas, et elle le traita comme ce qu'il était : un danger à maitriser et à utiliser. Tandis que le garzok rattrapait leur position, Azuha menaça de son nouveau couteau l'entre-jambe de l'homme et le somma de galoper vers les montagnes ; ce qu'il fit sans complaindre. Chapitre 5 : Rorik le Preux Rorik le Preux était un aventurier en mal d'ennui, et avait voyagé par la mer depuis Henehar pour nourrir sa soif d'aventure, découvrir du pays, et aider qui solliciterait son aide. Azuha était une enfant aux longs cheveux d'un noir de jais qui avait menacé de lui retirer sa masculinité s'il ne faisait pas galoper son cheval vers les montagnes. Il le fit, donc, et ils voyagèrent ainsi pendant plusieurs heures, montant de plus en plus haut, allant de moins en moins vite, dans un froid de plus en plus mordant. Gobelins, ours, lynx, et autres créatures semblaient rôder autour, aussi, Azuha fut d'accord avec Rorik pour ralentir l'allure et voyager en silence. Après légèrement plus d'une journée, ils arrivèrent près d'un village dans les montagnes. L'affranchie s'affola. Elle imposa un arret à un kilomètre du village. Rorik lui demanda pourquoi ; elle pouvait obtenir de l'aide, là-bas. Elle lui répondit que les villes et villages du monde, pour ce qu'elle en a vu, ne sont pas dignes de confiance et que les chances étaient fortes pour qu'elle se retrouve enfermée quelque part. Elle comptait vivre d'elle-même dans ces montagnes, à compter de ce jour. - "C'est de la folie, tu vas mourir !" lui dit Rorik, tentant désespérément de la raisonner. - "Ça se pourrait bien", dit-elle, calmement. Rorik fut assez serviable pour lui proposer de prendre son cheval, pour qu'elle ne meure pas de froid juste ici et continue sa route avec de quoi fuir une bête. Elle l'accepta avec respect, se souvenant des enseignements lointains de son clan Ynorien sur l'honneur de l'offre. Ils se séparèrent dans une rafale de vents froids qui motivèrent Azuha à se mettre en route. Et Azuha contourna le village et continua de monter vers les sommets. Chapitre 6 : La fin du début La vie d'Azuha après ce jour fut étrangement plus facile que ces trois dernières années. Elle ne passa au plus qu'une journée de plus dans le danger et le grand froid. Elle chevaucha une dizaine d'heure, avant que son cheval s'effondre, puis elle-même commençait à mourir de faim et de froid tandis qu'elle marchait dans la neige. Quand un lynx fit son apparition et menaçait de l'achever, elle se mit désespérément à courir. Elle avait sorti son couteau quand il bondit et lui planta ses griffes dans le dos. Elle perdit connaissance. Chapitre 7 : Brònn Le froid l'enroba comme un berceau de glace. Elle se sentit renaître, émerger d'une nuit longue de plusieurs vies humaines. Et lorsqu'elle émergea, c'est un ciel étoilé de mille feux bleutés qui s'offrit à ses yeux - ou plutôt son oeil. Une voix douce et chaude, grave et sereine, salua Azuha. Encore en partie endormie, la jeune fille ne prit pas soin de bondir sur ses pieds pour se défendre d'une menace ; aussi gémit-elle simplement. La voix était celle d'un grand loup blanc, assis à côté de sa couche. Azuha était dans une immense grotte aux parois claires et lumineuses. Azuha tenta de s'asseoir, mais le loup lui intima de rester au repos. Elle obéit. Sentant étrangement une aura bienveillante autour de cette créature. Et lorsqu'il parlait, il semblait chanter. Le loup se présenta sous le nom de Brònn et la rassura quant aux dangers qu'il ne représentait pas, puis lui narra son sauvetage en montagnes. "Je ne sais ce qui vous poussa à monter en ces monts si haut, mais sachez que sans mon carreau vous étiez promise au trépas. Ces hauts lieux ne sont points faits pour une enfant des bas pays ; il serait sage que vous partiez et retrouviez le bois joli.", finit-il. Azuha sentit le froid lui ronger la peau. Elle se fourra encore plus dans les peaux et fourrures qui lui faisaient converture. Elle demanda où était son couteau, et il répondit qu'il lui serait remis en temps voulu. Brònn l'invita à se reposer, lui tendit une plante, qu'elle prit et commença a ronger, et lui demanda si elle était intéressée d'entendre quelque conte ou légende afin d'accompagner ses rêves vers de beaux paysages. Elle se souvint quand sa mère lui lisait les histoires du Grand Héros d'Ynorie, et fut soudain curieuse d'entendre les histoires de ce mystérieux sauveur. Ainsi Brònn raconta à Azuha comment s'était passé son propre passage à l'âge adulte, sans évidemment mentionner le contexte directement, et en exagérent tout événement, remplaçant chaque cauchemar par un Liykor Noir, chaque ombre par les ténèbres, chaque arbre et chaque animal par "le Père" et chaque soupçon d'espoir et de force vitale, de magie de glace par "la Mère". Et Azuha se rendormit, réchauffée par la majestuosité d'un conte merveilleusement narré. Brònn était une créature tellement généreuse, et lorsqu'il lui présenta le reste de sa communauté, tous étaient très gentils et sympathiques également ; aucun ne semblait être vicié. Oaxaca n'avait aucune emprise sur ces grottes haut-perchées, et la vie prenait un tout nouveau sens pour Azuha. Mais il faisait froid. Le froid devint rapidement un problème. Elle pouvait à peine quitter les douzaines de fourrures que Brònn lui avait préparé à son recueil et avait l'impression que le moindre choc allait la briser comme une de ces magnifiques statues de glace dont la grotte dans laquelle elle était regorgeait. Azuha devait trouver un moyen de survivre, et surtout un moyen de récupérer, car elle s'affaiblissait de plus en plus. C'est après quelques jours de repos dans la couche improvisée que Brònn, avec qui elle avait passé beaucoup de temps et d'agréables moments, décida de lui dédier une statue et un poème, car il estimait qu'aucun homme n'avait jamais fait ce qu'elle avait accomplie - il voulait surtout la rendre heureuse, au moins pour les derniers jours de sa vie. Il sculpta alors à ses côtés, à partir de la roche claire du mur de la grotte, tout en chantant, une magnifique représentation sculptée dans la glace qu'il créa de sa magie. Le moment était magique ; Azuha croyait vivre un rêve, où après toute sa vie entière de misères et de hargne, son combat était enfin récompensé. Yuia avait pour elle remplacé Phaitos, et c'était par la glace qu'elle allait s'en aller. La statue de Brònn représentait Azuha, avec ses longs cheveux, bravant vents et tempètes de neige, sur le dur chemin de la vie, et sa chanson racontait comment elle s'était battue contre maints dangers et nombre périls. Azuha, dans un dernier effort, voulut alors prendre la même pose que la statue, les larmes de ses yeux tombant au sol déjà glacées. Elle parvint à prendre la pose, et le froid qui lui mordait la peau était son blizzard à elle. Elle regarda sa statue, qui avait l'air fière et brave, sans peur ; et décida qu'elle l'était aussi. Elle voulu ignorer le froid, au début, mais c'était sans appel, il était trop puissant. Puis une idée saugrenue lui vint. Et si le froid n'était pas son ennemi ? Et si le froid était son allié ? Et si le froid était là pour l'aider ? Car après-tout, c'est ici dans le froid qu'elle a pu échapper au vice humain des bas pays. Alors, Azuha ferma les yeux, et se concentra comme son oncle lui avait appris, et accueillit le froid en elle comme source d'énergie. Une énergie puissante, mais fragile ; une énergie tout de même. Et Azuha n'avait plus froid. Certes le froid dégradait toujours son corps d'enfant humaine, mais la douleur n'était plus là ; du moins pas entièrement. Azuha put dorénavent se déplacer dans la grotte en gardant un vêtement de fourrure sur elle sans trop de difficulté. Et chaque jour, elle méditait à côté de la statue pour accepter encore un peu plus le froid. Chapitre 8 : Les Purs Quand Brònn lui demanda comment Azuha semblait gagner en énergie de jour en jour, elle lui répondit qu'elle n'était sûr de rien, mais que c'était comme si le froid était devenue pour elle une source de vie. Brònn y vit de suite une bénédiction de la Mère. Azuha était acceptée par la Mère pour être l'une d'entre eux, et il en parla aux autres, qui ne virent aucun inconvénient à partager son point de vue. Ils étaient quarante-et-un, ils la surpasseraient en tous cas si un combat devait dans l'absolu avoir lieu. Azuha fut donc accueillie dans la communauté, après une demie année de visite clandestine. Elle fut élevée avec les autres enfants de ces Grands Loups Blancs, qui eux-mêmes n'étaient pas plus petit qu'elle. On lui apprit à se protéger du froid ; les techniques étaient taillées pour des loups de leur espèce, donc elle-même n'avait pas tant à gagner puisqu'elle n'avait pas de fourrure, mais elle survivait. Mais quand elle apprit que la température à l'intérieur de la grotte était bien plus basse que celle à l'extérieur, elle ne put retenir sa surprise ; il faisait déjà bien trop froid ici. On lui apprit également à survivre dans la montagne. Il était inutile de songer s'y aventurer pour l'instant selon elle, mais un jour si elle doit quitter cette grotte, ces informations lui seront grandement utiles, aussi écouta-t-elle comment éviter les animaux les plus dangereux, comment trouver ce Manioc des glaces, comment ne pas déclencher d'avalanches ou de glissements pendant ses déplacements. On lui apprit à respecter les Géniteurs, Père et Mère du peuple Pur. Elle-même n'était pas un des leurs, aussi se demanda ce qu'elle était vis à vis de ces deux dieux ; on lui dit que la Mère l'avait acceptée, mais la vérité était que partout où elle était allée, elle entendit parler de nombreux dieux, sauf ces deux-là. On lui apprit à penser, à verser et à proser, à chanter, à conter. Elle aimait particulièrement ces leçons car elles lui rappelaient beaucoup sa vie d'enfant à Oranan, où sa grand-mère aimait beaucoup parler de choses de la vie, où sa cousine aimait beaucoup chanter aux oiseaux, où sa mère aimait beaucoup lui conter des histoires ; mais cette vie était terminée, et ici elle en retrouvait un petit bout. On lui apprit enfin à maîtriser la Glace. Une surprise pour elle : elle y parvenait. Au même rythme que les autres enfants, elle apprenait à sculpter, et à maitriser les fluides. Certains autres enfants se découvraient des fluides magiques de Terre, mais elle-même était parcourue par un fluide glacial. L'emprise qu'elle avait sur lui était au début très faible, mais elle apprit à le maitriser, et apprit à générer de la glace à partir du froid environnant, et elle s'en servit assez tôt pour faire une sculpture de Brònn aux côtés de la sienne, dans ce qui était avant sa chambre - elle dormait maintenant avec les autres enfants, dont la chaleur corporelle suffisait à produire une chaleur suffisante pour qu'elle se repose sans soucis. Elle fit rapidement part de ses plans à Brònn : elle comptait redescendre de la montagne après son passage à l'âge adulte, car elle se devait de retrouver sa famille à qui elle fut enlevée, et vivre la vie qu'elle aurait dû avoir depuis le début. Il comprit aisément son besoin, aussi décida-t-il, bien qu'il était peu commun de le faire, de lui parler du Troisième Art. Les Arts chez les Purs étaient très importants, et ils estimaient leur maitrise de ceux-ci comme un atout sur les autres peuples ; et Brònn restait persuadé qu'Azuha était, malgré les apparences, une Pure également ; aussi devait-elle maitriser ces arts. Elle en maitrisait deux, elle devait maitriser le troisième. Le Troisième Art était l'Art de la Sexualité. Les rapports sexuels, dans ce peuple, étaient beaucoup plus que de simples moyens de se reproduire ; ils étaient des sculptures artistiques vivantes et animées, un spectacle intime, au public restreint des deux participants. Brònn passa donc les deux dernières années qu'Azuha passerait ici à lui enseigner cet art. Beaucoup de théories, de règles, et d'histoire, au début ; puis vint la pratique. Azuha était un cas particulier, du fait de sa taille et de son corps ; aussi Brònn ne put faire son partenaire. Azuha devait donc pratiquer seule, avec un partenaire sculpté dans la glace dont Brònn dictait les actes. Ces moments étaient embarassants, au début, puis de moins en moins car Azuha faisait confiance à Brònn depuis sa rencontre avec lui. Chapitre 9 : Adulte Six ans passèrent, et Azuha avait enfin quinze années de vie derrière elle ; elle était prête à passer à l'âge adulte. Dans son peuple à elle, elle était encore adolescente ; mais dans cette communauté de Purs, l'âge adulte était à quinze ans, et comme il était admis qu'elle était une Pure cachée, à quinze ans serait-elle donc adulte aussi. Le rite était que tous les jeunes, à leur quinzième anniversaire, étaient amenés, yeux bandés et oreilles bouchés, bien loin de la communauté, et il lui est demandé de rester seul une semaine durant avant de retrouver par lui-même le chemin de la grotte. S'ils ne rentraient jamais, c'était qu'ils n'étaient pas apte à être adultes ; tant pis. Il en fut de même pour Azuha, bien qu'on l'emmena quelques mètres moins haut que la plupart des autres. On lui rendit son couteau pour l'occasion. On l'emmena loin, sans qu'elle put tracer aucune piste. Azuha avait tous les désavantages possibles par rapport aux autres Purs, dans ce rite : elle était humaine et beaucoup plus vulnérable au froid, et il lui manquait un oeil et un doigt. Mais les Purs étaient de bons maîtres, et les leçons de concentration de son oncle n'ont pas été vaines non plus. Azuha put survivre une semaine, suivant les bons conseils de ses maîtres. Une des premières choses qu'elle fit fut de couper ses cheveux avec le couteau ; ils seraient devenus trop lourds, gelés, et ils l'encombreraient en cas de nécessité de mouvements furtifs et précis. Elle se protégea du froid dans une petite grotte qu'elle trouva au bout de quelques heures ; elle utilisa la Glace pour se faire une barrière contre le vent ; elle traquait le manioc comme un chasseur traque le gibier ; elle méditait tous les jours pour comprendre son environnement et devenir partie de lui, devenir invisible. Elle remercia intérieurement Grikk de l'avoir gardée si longtemps, car ils dormirent bien souvent à la belle étoile, et parfois sous la pluie, et dormir au froid - relatif à l'environnement - ne lui posait plus souci et elle pouvait reposer son esprit dans des conditions qui dérangeraient beaucoup d'hommes. Azuha était devenue une véritable jeune fille sauvage, capable de survivre dans le haut froid des montagnes. En plus, elle avait maintenant une arme. Une semaine passa, plus rapidement et facilement que prévu, et elle se mit en quête de retrouver la grotte de Brònn et ses frères, pour leur dire au revoir et redescendre. Là, c'était une autre paire de manches, car il fallait monter. Le froid se faisait de plus en plus mordant. Ceci dit, Azuha eut de la chance, car il n'y eut pas besoin de beaucoup de temps pour qu'elle sente sur sa peau l'air se réchauffer de temps à autres, très légèrement, ce qui indiquait la présence de beaucoup d'animaux. Elle suivit la chaleur à tâton, ne sachant pas vraiment comment se diriger, mais son oeil lui montrait, par l'épaisseur des couches de neiges, où des créatures avaient marché. Les distinctions étaient très faibles, mais après une semaine dans le froid, la neige, et la montagne, on s'habitue à certaines caractéristiques et dès qu'elles changent on le remarque. Azuha rejoint la caverne en quatre jours ; trois de plus que ce qu'ils ont mis pour l'y déposer. Elle était maintenant adulte. Chapitre 10 : Le Retour Après cette épreuve, une cérémonie eut lieu afin de la saluer et lui souhaiter courage pour son avenir. Elle dit adieu à Brònn, qui lui offrit son pendentif, et se mit en route vers le village où elle s'était séparée de Rorik le Preux six ans auparavent. Le voyage se fit sans encombre, grâce à ses aptitudes de survie en montagne. Une fois au village, il faisait nuit, et elle parvint à voler un cheval, qu'elle se jura de protéger plus longtemps que le précédent, et qu'elle chevaucha pour descendre le long de la route. Au matin, elle arriva dans une ville, toujours dans les montagnes. Une grande ville dans une crique. Elle la traversa sans aucun problème, et continua sa route à travers une forêt dense, jusqu'à trouver devant elle une grande porte en fer. Le mur en lui-même était haut et imposant, mais la porte par laquelle on pouvait passer ne semblait pas très haute, et Azuha dut descendre de son cheval et le tenir par la crinière pour passer l'ouverture. Elle remonta en scelle et continua sa route. Plusieurs jours plus tard, qu'elle passa à voyager, se nourir de plantes en tout genre et de petits animaux, elle arriva à Oranan, et il faisait chaud.
Dernière édition par Azuha le Mar 16 Fév 2016 10:44, édité 8 fois.
|
|