Endar me flatte, mais je n'y réponds que d'un maigre sourire et d'un haussement d'épaule. Je commence à m'impatienter de n'avoir aucune nouvelle du conseiller et chaque seconde qui passe c'est du temps perdu. Je ne suis plus à Kendra Kar où je pouvais passer une journée entière à ne rien faire. Je fouille dans ma poche à la recherche du sifflet tandis que le borgne arrache enfin la flèche de sa jambe ce qui accentue le flot de sang, il refuse l'aide de l'elfe il sort une autre gourde et l'engloutit avant d'en recracher un peu sur sa main pour l'appliquer sur la plaie.

Je descends de mon perchoir et reprend la parole :

" De mémoire, si vous prenez à gauche en sortant et que vous montez les escaliers vous allez tomber sur la salle du maitre d'arme. Un p'tit vieux sympa qui pourra p'tet vous guider vers un guérisseur. Et si vous allez tout droit c'est la cour, y a une écurie et un forgeron et plus loin la ville. Moi je ne peux plus me permettre d'attendre, si vous croisez le conseiller dites-lui que je suis reparti à Nagorin prévenir les Esserothiens qu'ils peuvent venir se réfugier ici puis que je suis ensuite parti pour Neo-Messaliah pour convaincre les mages du feu de nous aider. Et s'il n'est pas content... "

Je hausse les épaules et me marre, signifiant clairement que je m'en moque et sans plus attendre je souffle dans le sifflet d'argent me préparant à demander un voyage pour Nagorin.

Le mage dénommé Xël semblait bien presser de partir de Fan-Ming, en même temps être leur guide ne devait pas être une sinécure. Le borgne refusa son aide, au moins il était du genre résistant et bien équipé pour affronter ce qui s'annonçait devant eux, une information qu'il garda soigneusement en mémoire.

- A gauche en sortant et des escaliers à monter, c'est noté... Si jamais je croise le conseiller, je lui transmettrais vos sincères salutations, en attendant si le maître d'arme est toujours dans sa salle, il pourra sans doute me dire où se trouvent les cartes dans ce maudit bastion. Nous nous reverrons sans doute à Neo-Messaliah, à moins que plus probable, je ne tente de rallier les géants.

Il ne vit pas le mage sortir son sifflet d'argent, trop occupé à remplir sa besace d'une bouteille d'alcool et d'autant de victuailles pour son prochain voyage puis s'en alla aussi discrètement et rapidement que possible en suivant l'itinéraire donné par Xël, sa monture le suivant, obéissante. S'il ne rencontrait pas le conseiller, au moins il pouvait aller et venir sans que personne ne lui pose trop de questions.

Sirop atteignait la sortie quand la douce voix du conseiller Tsukiko le rappela fermement à l'ordre. Fermant les yeux, il murmura une prière inaudible avant de pénaudement faire demi-tour. Avec la joie de vivre d'une goule déprimée le petit Hobbit se traina sur l'estrade pour faire face au tas de types chevronnés aux arts de la guerre et aux visages durs qui attendaient le récit de ses "aventures" avec attention.

"Hem, bonjour à tous...je suis un de ceux qui accompagnait la princesse Honoka et heu..." débuta-t-il d'une petite voix peu enthousiaste.

Qu'est-ce qu'il fallait leur dire déjà ? Il ne se rappelait même plus de ce qu'il devait révéler ou ne pas révéler... Et puis après tout cela avait-il la moindre importance ?

"On a débuté notre voyage dans les plaines..." poursuivit-il d'une voix lasse "Juste à la sortie de Fan-Ming où nous nous sommes fait attaqués par un groupe d'Hommes Pâles qui nous a rejoint après coup et ..."

Le petit Sinari s'interrompit en soupirant. Il avait juste envie de rentrer chez lui boire du houblon jusqu'au coma, manger comme jamais et dormir pendant trois jours. Pourquoi est-ce qu'on ne le laissait pas quitter ce fichu monde de tarés où il avait déjà tant ramassé ? Une nouvelle lueur brillait dans les yeux noisettes de Sirop lorsqu'il toussota pour reprendre son récit. Tsukiko voulait qu'il raconte, il allait raconter :

"Excusez-moi. Ce groupe d'Hommes Pâles donc nous a rejoint. Oui, oui, vous avez bien entendu les gars. Ces gueux de foutriquets qui étaient prêts à nous dépouiller juste après nous avoir liquidés en beauté quelques heures seulement après notre départ ont été invités à faire parti de l'expédition comme si de rien était ! On est pas des costauds nous ?"

Il laissa sa tirade faire son effet avant de continuer, se mettant à faire des ronds sur l'estrade en agitant les mains :

"Nous voilà donc partis, tel de joyeux lurons, pour la géniale ville d'Andel'Ys. Ah fabuleuse cité que celle-ci je vous jure j'ai beaucoup aimé. En plus des tarés qui y pullulent et des immondes repas que les auberges osent servir aux voyageurs affamés, son dirigeant, Astique-mes couilles ou quelque chose d'approchant n'a point beaucoup plus d'esprit que les murailles de sa cité. Monsieur apprend que son monde entier est en péril, en proie à être dévasté par la rejetonne surpuissante d'un Dieu non moins surpuissant et qu'est-ce qu'il fait ce gentil bougre d'âne bâté ? Rien ! Ben oui eh ho, faut pas déconner il allait pas non plus prêter main forte à des étrangers venus spécialement pour tenter de sauver la situation, où est-ce que l'on s'est crût ?"

Le Hobbit reprit un court instant son souffle avant de reprendre, ne laissant personne l'interrompre :

"Maintenant, écoutez la suite. Elle est superbe en plus d'être totalement imprévisible !" dit-il d'un ton puant l'ironie et en faisant un clin d’œil à l'assemblée. "Figurez-vous que les Hommes Pâles qu'on a embarqué avec nous... se sont rebellés alors qu'on naviguait tranquillement sur le fleuve Andel ! On ne s'y attendait pas hein ? S'est ensuivi une mémorable baston sur les bateaux, vous auriez dû voir ça, ça vous aurait plu... Mais attendez ce n'est pas fini ! Comme si cela ne suffisait pas devinez quelle tuiles nous est encore tombées dessus sortant de la forêts comme des fleurs ? Des tonnes d'Orques ! Qui ont chargés comme des bœufs, prêtes à massacrer les bougres qui se massacraient déjà joyeusement !"

Haletant, Sirop se tut quelques secondes. Il tremblait une fois de plus mais sa frustration, sa colère n'était pas retombées. Avec douleur il lâcha :

"La vérité c'est qu'il n'y a plus d'espoirs pour Aliaénon. Les forces sont déjà déséquilibrées à la toute base et c'est un doux euphémisme, mais en plus les communautés censées s'allier contre l'envahisseur ne cessent de se tirer dans les pattes et ne sont aucunement prêtes à se sortir les doigts pour se dépêtrer de tout ça."

Le regard dans le vague, il songea à tout ceux qu'il avait abandonnés.

"Si ça se trouve, tout ceux qui étaient avec moi sont morts, et j'inclue votre princesse dans le lot. Moi je me suis barré et vous savez pourquoi ? Je vais vous dire pourquoi !"

Dans un élan de folie furieuse que la culpabilité, la fatigue et la honte nourrissaient, le petit Sinari attrapa son pantalon au niveau de l'entrejambe avec ses deux mains et le secoua brutalement :

"Vous voyez cette tâche mouillée ? C'est de la pisse ! Je me suis pissé dessus ouais !" Il se tourna ensuite vers le conseiller Tsukiko et les autres Yuiméniens. "C'est pour ça que moi, ma trouille et ma tâche de pisse on aimerait bien rentrer chez nous dès maintenant si ça ne vous ennuie pas !"

Après quoi il se dirigea d'un pas rageur vers la sortie.

Alors que chacun avait préconisé ses idées pour enrayer la progression d'Oaxaca, il ne restait plus que Sirop pour raconter tout ce qu'il s'était passé. Ce pauvre hobbit avait presque semblé traumatisé et Ziresh n'imaginait que trop peu ce qu'il avait dû vivre. Lui même, il avait connu une expérience similaire dans les mines de Lebher. Alors quand il commença à raconter tout ce qui était arrivé, son coeur se serra. Non pas parce que le récit était insoutenable... Mais parce que dos au mur, le jeune sinari s'était retrouvé à tout raconter dans un ton des plus étranges. Il n'était pas fou, mais c'était comme s'il sentait qu'il n'avait plus rien à perdre. Ce récit tragique, il l'avait finalement fait dans l'humour. Quelque chose de cinglant, alors que cela concernait probablement la mort de ses compagnons.

Mais la conclusion changea étrangement tout. Qui aurait cru que mentionner cette tâche de pisse le fasse sourire, en ces temps de guerre.

Le conseiller se décida ensuite. De nombreux conseils avaient été donnés par tout le monde et maintenant, il était temps d'attribuer des missions à chacun. Sans surprise, à la façon dont elle dirigeait la Citadelle Endormie, elle fut chargée d'organiser la protection de l'avant-poste. Elle venait à peine d'arriver et déjà, une responsabilité incroyable pesait sur elle. Cela n'étonnait pas le liykor qui la savait de confiance. Il en fut de même pour Serpent qui, lui, fut chargé de faire cesser le ravitaillement des troupes ennemies et de voler leur savoir. Encore une mission qui lui ressemblait. Sirop, sans surprise, ne fut pas permis de s'en aller : il devait savoir ce qui était arrivé à la princesse et évidemment, Ziresh fut chargé de ce qu'il avait déjà tenté de faire une première fois : assassiner Vallel.

Mais plusieurs éléments l'empêchaient de mener à bien cette mission. En tout cas, pour le monde : Esseroth était en ruines et désormais, il était plus que probable que l'armée ait quitté la ville pour se diriger vers Andel'Ys. En somme, Vallel n'y serait pas et il était bien trop dangereux pour lui de partir pour une ville qu'il ne connaissait pas. De même, ses équipements n'étaient pas encore chargés. La Fleur de Lys ne le rendrait plus invisible. Seule sa broche lui éviterait un coup fatal porté par le lieutenant, comme il avait reçu le précédent.

En y réfléchissant, ce n'était pas qu'une seule mission. Assassiner le lieutenant serait impossible en cette situation, mais il pouvait encore mener d'autres missions en attendant de le trouver et enfin, de s'attribuer lui-même cette responsabilité.

"Les troupes de Vallel sont en mouvement et Esseroth est détruite. Ainsi, si je suis votre raisonnement, Conseiller Tsukiko, il semble qu'Andel'Ys soit la prochaine ville visée. Je crois que je peux faire d'une pierre deux coup, alors."

Sirop s'était bien apprêté à partir mais en avait été empêché. Le grand loup d'argent s'adressa à lui dans la plus grande humilité, et même avec un peu d'émotion.

"Sirop, j'avais promis de t'accompagner durant cette mission, et il m'a semblé que mon devoir était ailleurs... Maintenant, nous ne savons ce qu'il est advenu de tes compagnons, ni de la Princesse Honoka, si ce n'est qu'ils sont présents dans cette ville qui sera aussi sur le chemin de Vallel. Alors voilà, Sirop, ce que je te propose. Nous irons ensemble là-bas pour trouver la princesse, et lorsque ce sera fait, vous vous en irez grâce aux sifflets d'argent. Ensuite, je ferai mon possible pour aider qui que ce soit en attendant l'arrivée de Vallel sur cette ville. Et là, je mènerai mon objectif premier : l'assassiner. Je suis certain que c'est ce qui aura raison des colosses d'obsidienne -ces colosses qui ont eu raison d'Esseroth- et lorsqu'ils tomberont, nous formerons un formidable coup de théâtre. A ce moment là, Fan-Ming vaincra, j'en suis certain."

Cheminant à travers les obscures couloirs pour certains et empruntant des escaliers de marbre pour accéder à l'étage supérieur comme le lui avait indiqué le mage, il s'attendait à trouver la salle du maître d'arme, peut-être avec une alcôve remplie d'armes et d'armures qui serviraient ses propres desseins. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il tomba nez à nez avec deux factionnaires ynoriens (encore ce maudit peuple) qui gardaient une porte bien précise alors que le long couloir qu'il empruntait ,en chevauchant son loup au pelage ténébreux, était munie de plusieurs autres portes.

Quitter les lieux était néanmoins hors de question, d'une part parce qu'il était curieux de savoir ce que deux gardes protégeaient en ce lieu et d'autre part parce que revenir sur ses pas reviendrait à le considérer comme un individu suspect n'ayant rien à faire au sein de la forteresse de Fan-Ming.

Sans surprise, un des deux gardes l'apostropha bien vite.

- Que venez-vous faire ici ? Et quelle manie avez-vous de chevaucher à l'intérieur ?

Pince sans rire, il lui répondit avec autant d'amabilité qu'un shaakt pouvait en avoir alors que chaque ynorien rencontré depuis lors lui avait posé plus de questions qu'un elfe noir en train de soutirer des informations par la torture, et sur ce rayon il s'y connaissait plutôt bien.

- Cette manie est une toute nouvelle tendance en Ynorie, elle est particulièrement appréciée par les membres du conseil de la République d'Ynorie...

Endar espérait que parler avec déférence de leur culture parviendrait peut-être à mettre à l'aise les soldats. Il ne leur laissa pas le temps de parler pour éviter qu'ils n'approfondissent le sujet, ses connaissances s'arrêtant là concernant l'Ynorie, et enchaîna d'un ton plus solennel:

- Endar, commandant des troupes de Khonfas venu en aide aux citoyens de l'Aliaénon, ravi de faire la connaissance de deux personnes aussi intelligentes et brillantes que vous...

En réalité, Endar n'avait jamais été réellement commandant, tout du moins officiellement puisque ce privilège était accordé aux femmes, en l'espèce à sa sœur aînée et la décennie en prison avait sans doute due effacer toutes traces de son existence au sein de la cité souterraine, mais qui sait ce que l'avenir réserve aux audacieux. La roue tourne...

- Je suis passé à travers le portail d'Oranan et j'ai été bien accueilli par la samurai en armure rouge, puis par le conseiller de Fan-Ming qui doit se trouver maintenant en réunion stratégique, il m'a conseillé de parcourir cette forteresse pour... (Je n'ai pas rencontré le conseiller mais la samurai m'a bien dit qu'il n'était pas disponible en ce moment. Qu'Est-ce qu'il serait logique de leur dire ?) Pour évidemment vérifier la structure interne du bâtiment, l'approvisionnement...

Laissant sa phrase en suspend en espérant que les gardes comprennent d'eux même qu'il avait des tâches importantes à exécuter.

- J'ai donc besoin d'aller dans cette pièce que vous gardez pour que je survole les lieux sur ordre oral du conseiller. Après si vous voulez aller le déranger en pleine réunion militaire bonne chance à vous, il semble être d'une humeur exécrable...

(Tout ça à cause de Xël, c'est la dernière fois que je demande mon chemin à un humain !)

L’Egregor que j’avais connu était disparu, il ne restait plus qu’une épave, un déchet, un être ayant perdu toute illusion, tout espoir. Il ne fit aucune opposition à mon désir de le ramener et se laissa porter comme un petit enfant, sauf qu’il était toujours aussi imposant et pesant. Plein de détermination et ayant l’espoir et l’instinct de survie pour deux, je le hissai du mieux que je pus sur notre destrier qui était enfin arrivé.

Tenant l’homme, son bâton et les rênes du cheval ailé, c’est avec soulagement que je le vis prendre de l’altitude. C’était moins une, puisque les orques arrivaient à grande trombe. Si ces derniers ne nous avaient pas attrapés, il en était autrement des crapuleuses petites créatures vertes qui nous visaient de leurs flèches. Et celles-ci firent mouche à plusieurs reprises sur notre monture d’un blanc immaculé. J’eus un bref moment de désespoir jusqu’à ce que je m’aperçoive que ces méprisables gobelins ne pouvaient rien contre l’animal essentiellement magique.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhh ! »

De ces maudites flèches, il s’en trouva une pour traverser mon biceps droit.

« Misérables félons ! » M’écriai-je de rage et de douleur.

Alors que mon sang quittait mon corps pour tacher ma chemise blanche, que je sentais mon cœur battre dans ma tempe droite, que la sueur perlait mon front, que ma vision devenait plus trouble, le cheval prit enfin de l’altitude. C’en était fini de ce pays maudit.

...


Le temps d’un éclair et nous étions dans la Cour du Palais de Fan-Ming tel que je l’avais demandé. Notre sauveur disparut comme il était venu, nous laissant dans la neige. Le grand homme se recroquevilla sur lui-même, tête baissée, vidée de toute la vitalité qui l’habitait jadis, même sa rage l’avait quitté. Il était seul, triste, désœuvré, mais sain et sauf… contrairement à moi qui voyais ma chemise se teindre de rouge.

« A L’AIIIIIIDE !!!! » M’écriai-je.

Ne voyant personne dans les alentours, et animé d’un instinct de survie sans pareil, je déposai le bâton à côté de son propriétaire et je me levai. Du plus vite qu’il m’était possible de marcher et tout en soutenant mon bras blessé, je passai la porte d’entrée du palais pour me rendre immédiatement dans la salle d’entraînement où devait se trouver le seul homme en qui j’avais confiance : le maître d’armes.

En sueur, blessé et vidé d’une bonne partie de mon sang, je m’écriai une fois de plus :

« Aidez-nous, moi et mon compagnon dans la cour !... Je dois voir le maître d’armes ! »

Au prix de temps d’effort, je sentis ma force me faire défaut, je m’adossai donc contre un mur et fermai les yeux en attente de l’aide demandée.

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Sur un signe de tête de l'Ynorienne en armure, deux gardes vinrent fouiller Azuha. Alors qu'elle sentait leurs mains parcourir sa tunique, son œil vit le monde s'enfoncer dans des ténèbres pourpres. Azuha perdait peu à peu sa lucidité.

Une fois son sac et son corps fouillés et vérifiés, Azuha fut autorisée à passer le portail. La gardienne l'invita à prendre une espèce de boule lumineuse. Avant qu'Azuha puisse faire le moindre mouvement, ladite boule vint se poser sur son épaule. En temps normal, Azuha aurait réagit ; dans son état, elle ne put que deviner la présence de la petite créature lumineuse.

Azuha s'avança vers la grande sphère luminescente au centre de la pièce. Elle entendait des voix parler au loin, un chahut, des hennissements. Son œil se perdit dans les abysses psychédéliques des mouvements des fluides spatiaux qui formaient le Portail, tandis que sa main se tendait pour rejoindre la Lumière.

Sa main plongea dans la lumière, qui absorba son bras, et bientôt emplit la vision d'Azuha. Elle ne savait plus où elle était. Elle ne savait plus si elle était quelque part. Le sol avait disparu de sous ses pieds, qui eux-mêmes n'était plus vraiment aux bouts de ses jambes, elles aussi absentes de l'inventaire. Mais aucune douleur n'alarmait ses sens, aucune panique ne l'envahissait. La Lumière l'avait adoptée et berçait l'Enfant Perdue qu'elle était. Elle crut entendre Brònn lui chanter son chant favori.

La lumière était omniprésente. Azuha n'entendait rien, et entendait tout à la fois. Elle entendait des hennissements de chevaux. Elle entendait des cris de guerre. Elle entendait des enfants pleurer. Elle entendait des loups hurler. Elle entendait des hommes rires. Elle entendait le fer frapper le fer, la peau frapper la peau, le cuir frapper le cuir. Tant de sons différents, tant d'histoires différentes, pourtant si similaires.

Puis la lumière se dissipa et les bruits s'affaiblir. Azuha sentit son corps revenir, ses jambes, ses bras et ses pieds. Puis le sol revint se poser sous elle. La lumière se transforma en ténèbres. Elle n'entendit plus que sa propre respiration haletante, et un énorme bourdonnement sourd et grave. Les ténèbres, quant à elles, ne se dissipaient pas.

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La réunion venait de prendre fin. Toute la salle de conférence avait vibrée sous les voix claires et fortes des officiers et des aventuriers venues en renfort. Que ce soit la stratégie, les compte rendues ou la distribution des missions, chaque chose avait été dite et bien dite. Nous étions en guerre et le temps semblait lui aussi l'ennemie de Fan-Ming.

Comme promis, le conseiller "Tsukiko" confia au ménestrel les rennes des opérations d'espionnages et une carte du monde. Le rouquin s'empressa de remercier et de dérouler le document. Il arqua un sourcil face à l'étrangeté du monde qu'il dévoilait à présent sous ses yeux. Il en fit profiter Ziresh et Calimène, d'un signe de tête.

"Tenez compagnons, je ne sais si vous en aurez besoin mais jeter un œil sur ce plan. Je compte me rendre ici." Il tapota du doigt la citadelle d'Elscar'olth. "Ne dit-on pas que l'endroit le plus sûr pour ne pas se faire voir de son ennemi est d'être près de lui?" Il fit un sourire, mais le barde ressentait tout de même l'inquiétante présence du doute coulant dans son dos.

"J'aurais bien fait un détour par Jésuir ou encore la tour qui se trouve à l'ouest des landes noires afin d'en apprendre d'avantage sur la cité noire... Mais nous n'avons pas beaucoup de temps. J'ai totalement conscience que la mort peut m'attendre la bas..." le barde sembla pensif, il marqua un petit temps, puis son regard s'illumina. Une idée l'avait frappé et il reprit avec plus d'entrain cette fois.

"Finalement, je vais tout de même faire un crochet par Jésuir" Il leur indiqua sur la carte. "J'y trouverais peut-être des informations qui me permettront d'entrer dans la capitale des Landes Noires sans attirer l'attention. Je suis capable de beaucoup d'illusions, mais si par bonheur je pouvais me dégotter quelques atours orques... cela me facilitera grandement la tâche. Je suppose que vous allez chacun vous attelez à vos ordre de mission. Je n'ai plus qu'à vous souhaitez bonne chance et une victoire digne des chanson de légende."

Il sortit de son sac le sifflet d'argent et fit quelques pas dans le couloir extérieur. Il se retournât une dernière fois vers les aventuriers et ceux présent pour une dernière annonce:
" N'oubliez pas... La chanson de la bataille d'Aliaénon sera écrite par Serpent le ménestrel...ou ne sera pas. Assurez vous d'en être les principaux acteurs." Il sourit et porta le sifflet à ses lèvres pour appeler le destrier magique.

Il pensa fortement à sa destination : "Jésuir". Dès que la bête fantastique aura fait son apparition, il la chevauchera jusqu'aux savanes.

Au grand bonheur d'Heartless, la potion avait fait son effet, et bien que la douleur persistait un peu, le sang avait cessé de dégouliner et la plaie avait cicatrisé rapidement. Mais malgré ce spectacle, Xël perdait patience...

- De mémoire, si vous prenez à gauche en sortant et que vous montez les escaliers vous allez tomber sur la salle du maitre d'arme. Un p'tit vieux sympa qui pourra p'tet vous guider vers un guérisseur. Et si vous allez tout droit c'est la cour, y a une écurie et un forgeron et plus loin la ville. Moi je ne peux plus me permettre d'attendre, si vous croisez le conseiller dites-lui que je suis reparti à Nagorin prévenir les Esserothiens qu'ils peuvent venir se réfugier ici puis que je suis ensuite parti pour Neo-Messaliah pour convaincre les mages du feu de nous aider. Et s'il n'est pas content...

Le mage tourna les talons et se dirigea vers l'extérieur. Endar, quant à lui, avisa qu'il était judicieux de collecter des informations sur la géographie d'Aliaénon, et s'en alla voir le maître d'armes, laissa Heartless seul dans la salle d'attente. Ce dernier ne se mit pas en tête de l'accompagner, il n'était pas terriblement à l'aise avec les cartes et sa jambe n'avait pas regagné toute ses sensations.

Craintif, il posa le pied sur le sol et essaya de se tenir debout. Il sentit un certain déconfort au niveau du mollet, mais rien d'handicapant. Il pouvait marcher, mais où aller ? Ce n'était pas comme si il connaissait l'endroit comme sa poche, et les deux autres ne l'avaient pas attendu pour emprunter leurs voies séparées. Ce fut alors qu'il entendit un léger écho venant de derrière les murs, probablement la voix d'un homme. Après une seconde d'hésitation, il décida de se laisser aller au bonheur de la chance et d'enquêter l'origine de ce bruit.

((( tentative de se déplacer vers l'origine de l'appel à l'aide de Mathis )))

Faible et étourdi, j’allais malgré tout tenter d’entrer dans le palais lorsque je vis des hommes s’approcher de nous. Il y eut d’abord deux gardes, puis un homme barbu, peu soigné, guidé par un seul œil bleu et enfin celui que j’avais appelé et en qui j’avais toute ma confiance : le maître d’armes.

Ce vieil ynorien à l’allure fière et noble arriva à mes côtés. Sans perdre un instant, il s’enquit de mon état, tout en affirmant qu’il faudrait retirer la flèche qui traversait mon bras. Vieux, mais toujours alerte, il me soutint fermement.


« Nous arrivons tout juste d’Esseroth. Les orques et les gobelins ont tout dévastés et Egregor a endossé le rôle de justicier.»

Je m’arrêtai là, réprimant orgueilleusement un cri de douleur.

« Oui, je peux marcher. » Répondis-je à sa question. « Sitôt, ma flèche retirée, je voudrais vous parler en privé. »

Ma douleur était intense, mais je tentais de me concentrer sur ma respiration afin de l’oublier. Puis, ne voulant perdre une goutte de sang supplémentaire, j’étais prêt à marcher afin de me rendre le plus tôt possible à un endroit où l’on me soignerait.

"Ah parfait ! Vous me piégez ici donc !" lança Sirop d'une voix tremblotante au conseiller Tsukiko au milieu du tapage que faisaient les officiers en se retirant.

Le Sinari avait mit du temps à digérer la décision qui avait été prise pour lui à propos de son nouveau rôle dans le bourbier Aliaénien. Et lui qui avait bêtement crût qu'on le laisserait partir comme ça, les mains dans les poches ! Les arguments de cette peau de vache de conseiller étaient de plus logiques et sensés mais celui-ci plus encore que de porter atteinte à la survie du petit Hobbit, l'obligeait également à faire face à ses responsabilités et à ses actes ce qui pour l'heure se révélai bien plus ardu et cruel qu'une confrontation directe avec Phaïtos.

Dans les tourbillons de pensées et d'émotions négatives qui agitaient son cerveau peu habitués aux casse-tête de ce genre, le petit Hobbit eut du mal à ne pas envoyer paître le sympathique Ziresh qui venait à lui pour faire une proposition. Et bien lui en fit que d'écouter le Liykor puisque celui-ci avait dans l'idée de l'aider à retrouver ses compagnons, lui assurant une protection certaine. Après quoi Sirop pourrait rentrer tranquillement sur Yuimen retrouver pour un bon bout de temps les plaines paisible de la Comté de Shory. Cependant, devait-il accepter ? Bien que l'idée lui paraissait dans un premier temps confortable l'était-elle tant que ça ? Ne devrait-il pas, après avoir retrouver tout le monde, subir les quolibets, insultes et autres de ceux qu'il avait pleutrement abandonner ? Et ce devant ce fier homme-loup qui avait déjà risqué sa vie à maintes reprises là où lui ne s'était contenté que de fuir ? Pire encore : et si jamais il s'avérait qu'ils étaient tous mort ? La princesse, Azra, Rosie, l'homme qui l'avait sauvé alors qu'ils ne s'étaient jamais parlés... Supporterait-il d'être le seul à s'en être sorti ? Que lui ferais alors faire la culpabilité ? Se tuer ?

Les yeux dans le vague, il finit par réussir à se convaincre que tout ce qu'il pouvait faire en l'instant était de suivre le Liykor et de foncer tête baissée dans les conséquences de sa couardise en espérant qu'il puisse après ça rentrer chez lui et vivre normalement la vie qu'il avait toujours voulut vivre. Sans oublier de prier sans s'arrêter pour que la mort n'es pas emporté ses quelques espoirs de rétablissement de situation.
Assommé par ses peurs et ses démons le petit Hobbit ne put que balbutier un faible et frêle :

"D...D'accord."

...pour répondre à Ziresh.

Ziresh fut particulièrement soulagé en entendant la réponse de Sirop. Lui qui semblait outré de ne pas être permis de rentrer chez lui, qui semblait si en colère, voir l'acceptation de cette quête malgré tout ce que ce pauvre sinari avait vécu conforta le loup dans l'idée que ce jeune semi-homme était plus fort qu'il ne voulait le laisser paraître. Mais il devait l'admettre lui-même : malgré la noblesse de la quête qu'il venait de s'imposer, il avait une peur infinie. Il était mort une première fois après tout et ce n'était que grâce à une intervention divine et inconnue qu'il s'en était sorti. Cela n'arriverait pas deux fois. Il voulut rester un instant, voir si d'autres personnes pouvaient éventuellement le suivre, mais ces missions avaient déjà été attribuées et chacun avait des responsabilités extrêmement importantes. Il ne pouvait pas les en détacher.

Dans tous les cas, ils ne pouvaient pas se permettre d'attendre. Puisque Sirop avait accepté, ils allaient tous les deux pouvoir partir. Il prit seulement un moment, quelques minutes, pour laisser le temps au sinari de se préparer et pour discuter avec le Conseiller.

"Nous partons dans quelques minutes, Sirop. Prépare-toi de la manière qui te convient."

Enfin, il se dirigea vers l'ynorien qui les avait guidés jusqu'ici.

"Monsieur, il va sans dire que j'ai conscience du danger vers lequel je m'oriente et je ne puis avoir suffisamment de fierté pour affirmer mener cette mission à bien en étant seul. J'emporte Sirop avec moi pour sauver la princesse et nos compagnons, mais j'aurai sans aucun doute besoin d'hommes lorsque viendra le moment de vaincre Vallel. Si vous avez de quelconques ressources pour m'aider, alors s'il vous plait, essayez de me les envoyer, je vous prie."

Il vit ensuite la Dame Ligure, Calimène, son amie. Cela le peinait de se séparer d'elle, et même de Serpent aussi, mais leurs responsabilités semblaient les forcer à se disperser partout dans ce monde.

"Je ferai tout mon possible pour revenir ici, Calimène. Nous ne pouvons pas être séparés encore une fois."

Enfin, puisqu'il était prêt, il se dirigea vers un coin un peu moins peuplé de la salle et souffla dans le sifflet d'argent qui lui avait été offert. Ce faisant, il appela Sirop.

"Monte avec moi, Sirop. Nous t'économiserons un coup de sifflet. Et pas de peur : après cette mission tu pourras vivre tranquillement dans une tour d'ivoire, et les récits de tes aventures feront trembler tout Shôry !"

Les deux gardes ynoriens semblaient le croire, à vrai dire, il ne pensait pas que cela aurait été si facile de le convaincre. Il y avait seulement une chose qu'il n'avait pas du tout prévu.


« Heu… je ne remets pas en doute ce que le Conseiller aurait pu vous dire, même si ça me semble étrange qu’il ait confié une tâche si ingrate à un dirigeant d’armée, mais… il ne vous a certainement pas dit de fouiller cette pièce. Il s’agit de la chambre du Gouverneur Teruki. Il serait… malvenu de l’y déranger. »

- Oui, fouiller toutes les pièces c'est plutôt une tâche ingrate pour un dirigeant d'armée, il faut me pardonner, difficile d'admettre pour un commandant qu'on est perdu au sein d'une forteresse mais Khonfas est souterraine, ici, tous les couloirs se ressemblent.

Faisant mine d'être gêné, il finit par regarder les deux factionnaires ynoriens.

- Je ne venais pas déranger le gouverneur Teruki, même si vous pourriez lui dire que Fan-Ming aura mon soutien et que j'ai dans l'intention de rallier la cité des géants. Du coup, j'étais à la recherche de la salle de carte pour pouvoir partir de cette citadelle et chercher des alliés contre Oaxaca, peut-être pourriez-vous m'indiquer le chemin ?

Il trouvait étrange tout de même que seulement deux gardes gardaient la chambrée d'un gouverneur, c'est à croire qu'il ne devait pas être aussi apprécié que cela par rapport au Conseiller. S'il avait été un assassin, il n'aurait eu aucun souci à les tuer tous les deux avant d'assassiner le gouverneur Teruki. Même s'il ne le connaissait aucunement, il pouvait être tout aussi bien un imbécile qu'un chef avisé, l'important était qu'en l'enlevant, Oaxaca pouvait facilement porter un coup dur à Fan-Ming.

- Avant de partir pour la cité des géants, j'aimerais que vous augmentiez les effectifs de surveillance du gouverneur Teruki, au pire, j'irais demander au conseiller d'envoyer une division pour assurer une plus grande sécurité, il faut qu'il prenne conscience qu'il représente un moyen de pression pour cette citadelle si Oaxaca décide d'envoyer un de ses agents. Vous y penserez ?