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Alors que l'elfe avait conservé son attitude dédaigneuse, le milicien sembla se calmer davantage après les explications d'Heartless.
- Nous y voilà. Bien. J’espère que vos doutes concernant un traître sont infondés. J’augure de grands dangers pour notre ville et l’ensemble de Yuimen, si c’est le cas...
Il expliqua ensuite la situation. Lorsqu'il évoqua le nom d'Oaxaca, Sirius réalisa qu'il n'en avait pas fini avec ses serviteurs. Il ne saisit pas bien les détails de tout ce que disait le commandant, mais la fille de Thimoros avait vraisemblablement trouvé un moyen de s'infiltrer dans Oranan en utilisant des sortes de passages, un peu comme des tunnels. Seulement, l'évocation de "fluides spatiaux" suggérait quelque chose de bien plus obscur, et surtout quelque chose dont le borgne ne connaissait jusqu'alors pas l'existence. Il parla aussi de "mondes", un mot si vague qu'en vérité il ne semblait pas désigner quelque chose de connu. Il cita celui d'"Aliaénon", un autre mot inconnu du voleur. En bref, il fallait aller là-bas et empêcher l'avancée de l'armée oaxienne car les forces d'Oranan devaient restées concentrées dans la capitale. Heartless réalisa qu'après avoir entendu un tel discours, et surtout de tels secrets, retourner en arrière n'était plus une option. Aussi, lorsque le chef leur demanda leur collaboration, il sut qu'il n'y avait qu'une seule réponse possible.
- Oui bah, oui...
Ce fut à cet instant que le shaakt, assis sur son loup disproportionné, dépassa Heartless, les yeux rivés sur une fumée étrange qui semblait provenir de la pièce gardée par le soldat.
- Veuillez m'excuser cher milicien, une décennie enfermé dans les geôles glaciales de Khonfas n'aide pas à canaliser son envie d'aller au combat. Plutôt que de discours gluants et débordants de niaiserie, je préfère les champs de bataille. Que ce soit votre camp ou l'autre qui gagne, mon monde ne changera pas, les prêtresses shaakts continueront de nous traquer et mon peuple continuera de souffrir. Votre peuple a aidé les elfes gris et nous a forcé à nous terrer dans les profondeurs de ce monde, néanmoins, je vais vous aider...
Sirius savait que les elfes étaient des créatures sans âge, mais la manière de s'exprimer de ce spécimen-là lui donnait envie de lui mettre des claques comme à un enfant gâté. Et en plus, il se montrait particulièrement entreprenant, tandis qu'il se préparait à pénétrer seul dans la pièce défendue sans plus de cérémonie. Un tel toupet... même Sirius aurait eu du mal à agir ainsi, après les graves paroles du guerrier. Il pensa à Rosa... tous les shaakts étaient-ils aussi froids ? Ils avaient l'air d'un peuple brisé... Mais le pirate ne perdit pas plus de temps à penser et fit mine de suivre le dresseur du loup comme si son entrain allait de soi dans l'urgence de la situation.
- Et on y va comment, à Aliénaon ?
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