Le petit Hobbit attendit sagement que son idole au pelage de lune effectue les dernières choses qu'il avait à faire avant de partir. Il le regarda se diriger vers Serpent et Calimène. Il semblait proche d'eux contrairement à lui qui s'obstinait à se maintenir à l'écart.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ils l'intimidaient tous, surtout Calimène puisque étant une fille, c'était encore pire même s'il ignorait pourquoi. Il se sentait minable comparé à eux et on ne mélangeait pas les mouchoirs pleins de morve aux draps de velours après tout.

Lorsque Ziresh fut prêt et qu'il l'invita à monter derrière lui, le petit Sinari s’exécuta avec difficultés en s'efforçant d'attirer le moins d'attention possible. Il ne l'avait déjà que trop fait...

(Jamais je ne raconterais quoi que ce soit à propos d'ici. Lorsque je rentrerais sur Yuimen, ce sera comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. Un de ces saloperies de cauchemars exagérément réalistes qui te réveillent en sursaut au beau milieu de la nuit.)

Pendant son escalade Sirop réalisa que jamais il n'avait pensé pouvoir prendre quelqu'un avec lui sur son propre cheval. Vraiment il était dans les vapes ici...S'il avait été un peu plus malin, et ce n'était pas dur, il aurait pu agir tout autrement lorsqu'il était sur les berges du fleuve Andel ce qui aurait sûrement tout changé. Lorsque ses fesses furent enfin posées sur la selle, il s'ébroua et décida que ressasser ses actions passées ne changerait rien et qu'il fallait maintenant qu'il se concentre sur le présent. Et le présent exigeait qu'il mène à bien sa mission afin de pouvoir rentrer chez lui et commencer enfin son rêve.
Après une courte inspiration pour se donner du courage il prit initiative de proposer un semblant d’embryon de plan à son compagnon si compréhensif à son égard :

"Je ne sais pas quels sont exactement les pouvoirs de ces bourricots forts sympathiques mais je suggère de commencer les recherches en sillonnant le fleuve Andel. C'est là que... je les ai perdus de vue."



Sirop monte sur le cheval de Ziresh

Il y eut comme un flash. Le capitaine Atsuhiko, Calimène et Alistair avaient disparu. J'eu comme un vertige et senti une pression étrange sur ton mon corps. Quelque chose vint me heurter de plein fouet et je sentis le métal cliqueter sous la violence du coup. Du bout des doigts je perçu de la pierre froide mais celle-ci sembla s'évanouir. La pression sur mon corps avait changé et j'en eu le ventre retournée. Je remuai, mal à l'aise. J'étais empêtrée dans mes vêtements. Je tentai de rouler sur le côté, sans succès. J'étais fort bien immobilisée. Le tissu était doux, mais ce n'était pas de la soie. J'ouvris les yeux et battis des paupières pour me faire à la lumière qui m'éblouissait momentanément.

Nul souvenir pouvant expliquer la situation ne me revint. J'étais dans un lit confortable au beau milieu d'une chambre très richement décorée. Des tentures extravagantes tapissaient les murs, des moulures dorées courraient sur les plafonds et vases de cristal et fauteuils de velours meublaient fort élégamment la pièce. C'était visiblement de facture humaine mais ça ne ressemblait pas vraiment à ce que l'on trouvait à Oranan. Ça ne ressemblait de fait à rien de particulier mais à un mélange, comme le cabinet d'un voyageur qui aurait grappillé aux quatre coins du monde des merveilles étrangères.

Avais-je été blessée ? Assommée ? Je réussis à dégager mes bras des draps et me redressai en position assise pour tester mes articulations et tâter mon crâne. Je ne me sentais pas en grande forme mais je n'avais subi aucun dommage. Observant encore la pièce, je ne vis rien digne d'intérêt ou pouvant m'apprendre grand chose. Il y avait une fenêtre d'où coulait à flot de la lumière à quelques pas du lit.

- Il y a quelqu'un ? demandai-je doucement, la gorge sèche.

Je n'obtins nulle réponse car j'étais seule dans la pièce. La porte, davantage que la fenêtre, piquait ma curiosité. Serait-elle gardée ? Glissant avec précaution du lit, j'allai ensuite maladroitement jusqu'à la porte et tentai de l'ouvrir.


(((Je suis partie du principe qu'il fait jour, corrige-moi si je fais erreur. Et si tu as un mot à me donner, je l'intégrerai volontiers.)))

Ziresh s'y était tout de même attendu : Tsukiko ne voulait pas se séparer de ses hommes, comme à son habitude. Pas outré, mais tout de même irrité, il monta sur la monture magique qui arriva pour emmener les deux compagnons. Quand Sirop fut monta derrière lui, le jeune maître d'armes s'adressa doucement à lui.

"J'espère tout de même que ce conseiller ne va pas nous refiler un troufion incapable pour seule aide..."

Puisque le jeune sinari l'avait guidé, il n'attendit pas plus longtemps pour qu'ils puissent se déplacer. S'accrochant fortement à la crinière du pégase, incitant le semi-homme à en faire de même, il conclut :

"Alors, il nous faut aller au fleuve Andel. Si nous n'y trouvons personne, ni aucune piste, nous irons directement vers la ville."

« Je devance votre demande, sir. Les aventuriers se sont déjà présentés ici en cherchant une carte de ce monde, aussi m’en suis-je muni pour leur distribuer. »

Le garde qui lui avait précédemment parlé lui donna la carte d'Aliaénon sans problème, Endar ne s'attendait pas à autant lorsqu'il lui avait demandé la salle de cartes et surtout aucun être humain ni même sa propre race ne lui avait manifesté autant d'égard, les ynoriens avaient-ils autant de respect du fait de la hiérarchie militaire.

« Nous doublerons la garde, très bien. Et le Gouverneur Teruki tout comme le Conseiller Tsukiko seront mis au courant de vos projets et de votre soutien, sir. Pour sortir d’ici, prenez l’escalier que vous venez de monter, descendez deux étages, et vous vous retrouverez dans la Cour du palais après avoir pris la porte en face de vous. Vous pourrez alors suivre la route principale descendant le long de la cité de Fan-Ming, et sortir par les grandes portes de la ville se situant au bout de celle-ci. »

Le factionnaire lui assura que le gouverneur aura sa garde doublée avant son départ de Fan-Ming, une très bonne chose pour la suite des opérations, car il n'avait aucune idée du plan d'Oaxaca mais il savait qu'elle la jouerait beaucoup plus finement que l'armée qu'elle avait envoyé à Esseroth. Puis, le garde lui indiqua comment sortir de la cité, données qu'il se remémora plusieurs fois pour être sûr de ne plus se perdre. Tout était réglé semble-t-il et le mage n'avait eu nullement besoin d'être reçu par le conseiller, il lui suffisait juste à présent de chevaucher jusqu'à ce qui semblait être la cité des géants de glace au nord de cette forteresse selon la carte.

- Vous m'êtes d'une aide précieuse. Si jamais cette forteresse est en proie à la semi-déesse, envoyez-moi un messager vers la cité des géants de glace, je presserais le pas pour lever n'importe quel siège qu'Aliaénon subira. Que vous m'envoyez un coursier ou que le hululement d'une chouette vienne me prévenir...

Son grand loup noir grogna et tourna la tête vers le fond du couloir. L'elfe noir se tourna vers la silhouette, celle-ci était une elfe, une Hinïonne, peut-être d'Hidirain ? Haussant la voix pour se faire entendre de l'elfe, il s'exprima dans la langue des elfes blancs, langue qu'il connaissait bien en tant que fils d'un défunt marchand qui la lui avait apprise.

- Bienvenue à Fan-Ming, chère cousine elfe.

Il lui aurait bien parlé de son projet d'aller à Colomir'Thru, cité des géants de glace, mais il ne la connaissait pas assez encore pour lui confier un tel projet, il ignorait même si elle était de leur côté ou de la semi-déesse obscure. Une chance qu'il avait demandé une augmentation des effectifs pour protéger le gouverneur.

La porte n'était pas verrouillée et s'ouvrit sans broncher. Des voix me parvinrent très distinctement sans que j'y accordai grande importance. Passant son pas, je me retrouvai dans un couloir tout aussi décoré. Sur ma droite, deux gardes d'allure Ynorienne, un parchemin à la main, et un Shaakt à la peau plutôt verdâtre, ainsi qu'un loup noir de bonne taille, se tournèrent d'un seul homme vers moi. Perplexe, je me fis la remarque que la cotonnade qui m'habillait était peu appropriée face à des individus manifestement parés pour le combat et interrompu en pleine discussion.

Je m'apprêtai à les interroger mais le Shaakt me devança.

- Bienvenue à Fan-Ming, chère cousine elfe.

Il venait de parler dans ma langue natale et, sans que je pusse définir pourquoi, ceci me fit froid dans le dos.

- Merci. répondis-je simplement dans la sienne.

Le lâchant du regard, j'embrassai la scène toute entière en quête d'information.

- Pourriez-vous s'il-vous-plaît me dire où nous nous trouvons ? Et savez-vous combien de temps ai-je été happée dans les tréfonds du sommeil ?

Je n'osai leur parler de Fan-Ming, bien qu'ils ne semblaient guère menaçants. Savait-on jamais où je m'étais retrouvée...

Étonné qu'elle parle sa langue, il n'en démontra pas plus, préférant écouter ce qu'elle avait à dire. Apparemment elle était venue sur Aliaénon sans avoir obtenu plus d'informations sur ce monde du fait de sa torpeur, une conséquence de la forte magie qui sévissait sur ce monde ?

Repassant dans la langue humaine pour que les deux autres gardes puissent suivre leurs échanges, il lui donna les quelques informations qu'il disposait.

- Nous sommes sur un autre monde que Yuimen, l'Aliaénon et plus précisément comme je vous l'ai dit sur Fan-Ming par le biais du fluide spatial que vous avez passé. Je ne sais pas combien de temps vous avez dormi par contre, sans doute que la magie présente ici a eu un effet secondaire sur vous. Elle y est plus forte que sur Yuimen et plus instable d'après ce que l'on m'a dit. Pour faire court, Esseroth, une autre cité est tombée sous le joug d'Oaxaca, quelques réfugiés ont survécu et certains aventuriers qui la défendaient sont également revenus sur Fan-Ming. Quant à moi je m'appelle Endar, commandant des troupes de Khonfas et je m'apprête à former une alliance avec les géants de glace dont la cité est au nord de cette forteresse. Me rejoindrez-vous pour aider Aliaénon ?

Un léger sourire vint orner ses lèvres avant qu'il ne poursuive ses dires:
- A moins que vous êtes comme les autres Hinïons, à ne pas vouloir coopérer avec un shaakt dû à l'antique différend qui oppose nos peuples...

- Nous sommes sur un autre monde que Yuimen, l'Aliaénon et plus précisément comme je vous l'ai dit sur Fan-Ming par le biais du fluide spatial que vous avez passé. Je ne sais pas combien de temps vous avez dormi par contre, sans doute que la magie présente ici a eu un effet secondaire sur vous. Elle y est plus forte que sur Yuimen et plus instable d'après ce que l'on m'a dit. Pour faire court, Esseroth, une autre cité est tombée sous le joug d'Oaxaca, quelques réfugiés ont survécu et certains aventuriers qui la défendaient sont également revenus sur Fan-Ming. Quant à moi je m'appelle Endar, commandant des troupes de Khonfas et je m'apprête à former une alliance avec les géants de glace dont la cité est au nord de cette forteresse. Me rejoindrez-vous pour aider Aliaénon ? L'amusement retroussa le coin de sa bouche. A moins que vous ne soyez comme les autres Hinïons, à ne pas vouloir coopérer avec un shaakt dû à l'antique différend qui oppose nos peuples...

Esseroth était tombée. Cette ville ne me disait pas grand chose et je me demandai si le capitaine m'en avait parlé sans parvenir à m'en souvenir. La situation était quoi qu'il en soit peu plaisante. Une ville de perdue, c'était un poste avancé de plus pour l'ennemi. Et la défense des Oraniens et des mercenaires, que l'on appelait si élégamment aventuriers, semblait bien mince maintenant que Fan-Ming était le dernier bastion, la dernière résistance entre Oaxaca et Oranan. Ma mine était bien sombre.

Un bref instant, je me souvins de Silmeria, qui m'avait intimé de désorienter les Oraniens sur les mouvements de ses troupes. Moi qui craignaient qu'ils n'arrivent d'un côté, au lieu d'arriver de l'autre... Les choses avaient pris une toute autre dimension, au sens propre des termes, et les serres de la demi-déesse se refermaient une nouvelle fois sur des points stratégiques qui rendaient chaque jour sa menace plus pesante. J'eu une pensée pour Pohélis et les phalanges de Fenris que nous n'avions jamais réussi à rejoindre et vis clairement quelle ironie le sort me faisait à me placer en une situation fort similaire. Une seconde chance, si l'on voulait. Trop de hasards, comme toujours. Plus le temps passait et plus il semblait que les Monts Éternels ne m'apporteraient que peu de réponses et ne feraient que confirmer ce que je sentais déjà au plus profond de mon être.

- Je sais bien où est Fan-Ming, répondis-je sans animosité aucune, je parlais de ce bâtiment. Enchantée de vous rencontrer Endar.

J'avais eu peu d'agréables expériences avec la compagnie des Shaakts mais il me semblait avisé de rester optimiste tout en n'attendant pas grand chose d'un tel personnage. Je ne pouvais ainsi qu'avoir de bonnes surprises et ne risquais pas, autrement, d'être désappointée.

- Je m'appelle Sinaëthin. J'omis le nom de ma famille et celui de mon père, car il me semblait que ceci était peu d'usage chez les Shaakts. Et il semblerait bien que ma route m'ait conduite toute droite à vous... Je suis venue pour prêter main forte contre Oaxaca et c'est ce que je ferai. S'il est une mission pour laquelle vous souhaiteriez mon assistance, alors permettez que j'y participe. Je plissai brièvement des yeux. Permettez toutefois que j'exprime ma surprise de voir Khonfas se dresser contre celle qui est la reine incontestée de bien de vos semblables.

Le Hobbit ne manqua pas de sauter sur l'occasion de descendre le conseiller qui l'obligeait à rester ici contre son gré.

"Avec son quotient intellectuel de courge il en serait bien capable." grognonna-t-il en s'agrippant de toutes ses forces à la crinière du cheval comme le lui conseilla son partenaire qui avait prit place derrière lui.

Il n'était pas sans savoir que le départ vers le fleuve Andel allait être brutal.

Elle semblait avoir un certain talent en tant qu'oratrice, un talent très utile pour la mission qu'Endar voulait réaliser, cependant la carte lui indiqua bien vite que le trajet vers Colomir'Thru serait long et qu'il faudrait de toute manière passer par Andel'Ys. Il s'inclina légèrement pour la remercier de se présenter devant lui. Il tiqua légèrement lorsqu'elle ne lui donna que son prénom: Sinaëthin, les hinïons adoraient prononcer leur nom pour souligner leur longue et digne lignée.

- Il est rare qu'une hinïonne ne donne pas son nom, votre peuple adore ainsi montrer leur arbre généalogique contrairement aux Shaakts qui ne se basent que sur la force brute et la malice pour monter en grade. A dire vrai, peu d'elfes noirs vivent très vieux, ceci explique cela. Je suis heureux de voir que les elfes blancs prennent au sérieux la menace que représente Oaxaca plutôt que de se terrer dans leur citadelle cachée à Hidirain.

Il l'observa attentivement et ce qu'il vit le satisfaisait, elle avait cette lueur particulière dans les yeux, cette lueur de guerrière qui avait vu de nombreux cadavres.

- J'avais prévu de former une alliance avec les géants de glace et de reprendre Esseroth, une tactique qui mettra sans doute en difficulté les garzoks et les sektegs qui seront sur deux fronts à la fois mais pour cela nous avons besoin d'un minimum de troupes et d'engins de sièges, choses que ni le conseiller ni le gouverneur ne nous donneront. A moins que nous trouvons un quelconque poison existant dans l'Aliaénon et que nous nous infiltrons au sein de la cité... Qu'en dîtes-vous Sinaëthin ?

Lorsqu'il la vit plisser les yeux et mettre en doute sa volonté de lutter contre la demi-déesse, il sourit largement.

-Qu'est-ce que le commandant des troupes de Khonfas fait ici, pas vrai ? Lutter contre la demi-déesse que la plupart des shaakts ont accepté, c'est assez suspect, je l'admets et si j'avais été un espion, vous m'auriez démasqué de suite. D'abord, les shaakts vénèrent en priorité la déesse-araignée qui n'est autre que Thimoros et non sa fille en réalité. J'ai été emprisonné dans les geôles de Khonfas par les matriarches pendant une décennie, à entendre les cris des autres prisonniers déchiquetés par les rejetons de la déesse-araignée, balancé dans l'arène pour combattre n'importe quel individu ou les prêtresses m'auraient mutilé en me transformant en une araignée, alors évidemment je ne vénère ni l'un ni l'autre. Pas mal de shaakts ont envie de se rebeller et cette mission semble être une excellente occasion de renverser le pouvoir originel à Khonfas. Voir Oaxaca gagner signifierait ma perte. Demandez aux gardes, ils auront peut-être une carte supplémentaire, cela vous donnera d'autres idées que les miennes peut-être.

- Il est rare qu'une Hinïonne ne donne pas son nom, votre peuple adore ainsi montrer leur arbre généalogique contrairement aux Shaakts qui ne se basent que sur la force brute et la malice pour monter en grade. A dire vrai, peu d'elfes noirs vivent très vieux, ceci explique cela.

Il me surprit en relevant la délicatesse dont j'avais fait preuve. Il était manifestement aussi éduqué que je l'étais sur ce qui dépassait notre propre culture.

- Je suis heureux de voir que les elfes blancs prennent au sérieux la menace que représente Oaxaca plutôt que de se terrer dans leur citadelle cachée à Hidirain. reprit-il, avant de faire une courte pause, me jaugeant brièvement. J'avais prévu de former une alliance avec les géants de glace et de reprendre Esseroth, une tactique qui mettra sans doute en difficulté les Garzoks et les Sektegs qui seront sur deux fronts à la fois mais pour cela nous avons besoin d'un minimum de troupes et d'engins de sièges, choses que ni le conseiller ni le gouverneur ne nous donneront. A moins que nous trouvions un quelconque poison existant dans l'Aliaénon et que nous nous infiltrons au sein de la cité... Qu'en dites-vous Sinaëthin ?

Je ne répondis pas aussitôt.

- Qu'est-ce que le commandant des troupes de Khonfas fait ici, pas vrai ? Lutter contre la demi-déesse que la plupart des Shaakts ont accepté, c'est assez suspect, je l'admets et si j'avais été un espion, vous m'auriez démasqué de suite. D'abord, les Shaakts vénèrent en priorité la déesse-araignée qui n'est autre que Thimoros et non sa fille en réalité.

Sur ce point je restai perplexe. Thimoros était pour moi une figure masculine. Cette déesse-araignée était-elle une manifestation comme une autre de Thimoros ? Un second visage ? Une imposture ? La curiosité m'avait piquée mais ceci était bien loin de ce qui nous préoccupait alors.

- J'ai été emprisonné dans les geôles de Khonfas par les matriarches pendant une décennie, à entendre les cris des autres prisonniers déchiquetés par les rejetons de la déesse-araignée, balancé dans l'arène pour combattre n'importe quel individu où les prêtresses m'auraient mutilé en me transformant en une araignée, alors évidemment je ne vénère ni l'un ni l'autre. Pas mal de Shaakts ont envie de se rebeller et cette mission semble être une excellente occasion de renverser le pouvoir originel à Khonfas. Voir Oaxaca gagner signifierait ma perte. Demandez aux gardes, ils auront peut-être une carte supplémentaire, cela vous donnera d'autres idées que les miennes peut-être.

Je prenais toute la mesure de ce que j'ignorais sur les Shaakts. Je connaissais leurs villes, sur le papier, les noms, leur langue et je connaissais bien sûr leur système matriarcale mais j'étais loin de me douter qu'une telle division existait au sein de ce peuple.

- Vous nous auriez peut-être été plus utile transformé en araignée. me permis-je de plaisanter.

Le poison était une chose vile que les Shaakts appréciaient et que je trouvais lamentable mais à dire vrai aux grands maux les grands remèdes... Je repris mon sérieux. Il n'y avait pas de temps à perdre.

- Pourquoi le poison ? Et quelle application ? Sur les armes, en projection, dans leurs vivres ? Je ne lui laissai pas le temps de répondre. Je ne vois pas encore le mérite de cette idée mais c'est toujours une idée... Peut-être pourriez-vous m'éclairer plus avant sur la situation militaire de Fan-Ming, les positions des différentes factions, les alternatives possibles, le climat et la topographie alentours... Des cartes seraient les bienvenues, reprenant ces différents éléments. Il doit y avoir une salle, un salon, un réfectoire ou un bureau dans ce bâtiment j'imagine ? Si vous voulez bien me laisser le temps de passer une tenue plus convenable et de récupérer mes effets...

Avant même que nous quittâmes la cour, deux chevaux ailés firent leur apparition. Le premier portait un liykor noir presque aussi imposant que sa monture. Si ce n’était qu’il était habillé d’un pantalon sombre et d’une cotte de mailles gris acier, il aurait pu être confondu avec un immense loup. Son pelage noir, son long museau, ses oreilles pointues sans cesse en mouvement, ses crocs blancs et ses iris d’un jaune orangé flamboyant rappelaient plus la bête sauvage que l’humanoïde.

Je détournai le regard de cet inconnu poilu pour observer les deux dames qui chevauchaient le deuxième étalon. Il y avait d’abord la jolie phalange de Fenris et son loup, puis la ravissante princesse Honoka. Tout comme le maître d’armes, j’avais poussé un soupir de soulagement lorsque je l’eus reconnu. Toujours gracieuse et soucieuse du bien-être des autres avant le sien, elle se précipita à ma rencontre afin de s’informer de ce qui m’était arrivé.

« Alors que nous étions sur le point de quitter Esseroth, une bande d’affreux gobelins nous ont attaqués. Heureusement,le cheval s’est envolé avant qu’ils ne réussissent à nous tuer. »

Le vieil ynorien ordonna aux autres arrivants de s’occuper d’Egregor alors qu’il me conduisait à l’intérieur du palais pour me soigner. Je cessai dès lors de me préoccuper de l’Esserothien, il était entre bonnes mains, il était temps que je pense enfin à moi.
Nous pénétrâmes dans cette même salle d’entraînement où nous nous étions entretenus avec les autres aventuriers et le conseiller lors de ma toute première journée sur Aliéanon. Nous nous rendîmes jusqu’au fond où je découvris une salle de bain comportant tout le nécessaire de soin.
Les aidant du mieux que je pouvais, je laissai Honoka et l’ynorien me hisser sur une table de pierre douce au toucher. Conscient qu’ils inspectaient mon bras blessé, je fermai les yeux tandis que le vieil homme m’expliquait ce qu’il s’apprêtait à faire alors que la princesse me maintenait le bras immobile de ses douces mains. Me doutant que l’extraction allait être douloureuse, je serrai les dents.

C’est à ce moment que je sentis un liquide froid s’immiscer dans mes chairs.

« Aaaaaaaaaaaaaaahhh ! » Ce liquide brûlait mes tissus et n’avait qu’augmenté la douleur déjà présente. Malgré ma résolution de paraître brave devant la ravissante dame à mes côtés, je n’avais pu retenir ce cri déchirant.

Alors que je prenais une grande respiration pour me calmer, voilà que d’une main habile et expérimentée, la flèche fut retirée de mon bras, m’arrachant par le fait même un second cri. Telle une infirmière dévouée envers son patient, la jeune femme épongea le sang qui coulait de mes plaies pendant que l’ynorien préparait un baume de soin. Ouvrant les yeux, je lui répondis enfin :

« Je ne possède hélas aucune potion magique… mais je ne veux pas rester ici plusieurs jours sur mon fessier, alors que d’autres aventuriers risquent leur vie pour sauver Aliénon et ses habitants. »

J’avais certes à cœur ma mission de sauvetage, mais la présence de la princesse à mes côtés m’avait incité à lui montrer mon courage. Un courage bien supérieur à ce qu’il était en réalité.

Mon bras était pansé, mais la douleur se faisant toujours intense, je demeurai couché sur le lit de pierre. Tout en réfléchissant aux dernières paroles de mon soigneur, je l’interrogeai.

« Je ne comprends pas pourquoi le gouverneur interdit le magie... je pense même au contraire que nous devrons nous en servir si nous voulons sauver Aliéanon. »

Je m’accordai un petit répit avant de poursuivre :

« Avant de vous dire ce que j’ai trouvé sur Esseroth et de vous exposer les hypothèses que j’ai déduites, j’aurais quelques questions à vous poser. »

Une fois de plus, je m’arrêtai quelques secondes.

« Lors de notre excursion dans les plaines, ou bien dans l’auberge, je ne me souviens plus trop bien. Il me semble que l’on m’a raconté que certains minerais rares et certaines pierres précieuses du sol d'Aliéanon sont empruntes de magie, et les gens de Fan-Ming les rapatrient sur Yuimen pour qu’elles soient étudiées par de sages enchanteurs. »

Je pris une dernière et longue respiration avant de poursuivre :

«Je crois avoir trouvé de ces pierres précieuses sur Esseroth et je suppose que la magie y circule. Je les ai mis en lieu sûr en attendant, mais j’ai l’intuition que ses pouvoirs pourraient nous être utiles. Parlez-moi de ces pierres, des études faites par les enchanteurs et de la position du gouverneur. »

Voilà, j’avais débité ce que je savais tout en prenant soin de garder anonyme la source de mes informations. Je m’étais adressé aux deux personnes m’entourant espérant qu’au moins l’une d’elles puisse répondre à mes questions.

Ses sourcils se froncèrent lorsqu'elle se permit de plaisanter sur un tel sujet, néanmoins il ne pouvait pas lui en vouloir, les Hinïons ne connaissaient pas les pratiques des elfes noirs, ils les méprisaient tout juste tout comme ces derniers crachaient sur l'honneur des elfes blancs.

- Devenir un Rath'arghus est un déshonneur pour un Shaakt et si vous voulez savoir ce qu'est le rituel, il est dit que les bras du vaincu sont arrachés du corps avant d'être remplacé par les pattes d'une araignée, je pense qu'en songeant à cette image, la réalité apparaît moins délicieuse tout d'un coup...

Il déplia la carte que le garde lui avait donné, réfléchissant à la direction qu'il devrait prendre jusqu'à la cité des géants de glace, il semblait qu'il devait prendre le lac Andel et suivre le fleuve jusqu'aux flancs de la montagne. Et puis Oaxaca semblait presser d'en finir avec eux accompagnée d'une armée innombrable. La sombre semi-déesse possédait-elle autant de troupes pour songer à attaquer Oranan sur deux flancs ? Si Esseroth était perdu et occupé comme il le pensait, les troupes remonteraient les berges pour se rendre en direction de Fan-Ming et dans ce cas là, Andel'Ys semblait la cible prioritaire qu'il fallait à tout prix protéger. Elle ne releva pas sa stratégie d'alliance avec des géants de glace, en même temps, Endar n'était pas certain de pouvoir arriver à temps avec des troupes étrangères.

- Outre que le poison est une arme de prédilection des elfes noirs, il sera utile contre une armée aussi nombreuse que celle réunie par la semi-déesse. Un poison placé soigneusement dans quelques barriques d'alcool, les Garzoks raffolant d'alcools forts et écœurants. Quant à la situation militaire actuelle, les murs de Fan-Ming semblent très épais et résistants, cela ressemble à une antique forteresse donc si j'étais Oaxaca, j'attaquerai Fan-Ming tout à la fin, surtout que ce sont tous des guerriers chevronnés ici. Les positions des autres factions, je l'ignore totalement mais si je dois me baser sur l'accueil reçu ici, je doute que Fan-Ming sacrifie une partie de ses troupes pour les autres cités et je ne vois pas pourquoi il en serait différemment pour les autres cités. Selon la carte que j'ai dans les mains, Fan-Ming est positionnée près de montagnes, j'imagine que dehors il fait froid et possible qu'il neige même. Si vous voulez m'accompagner, nous devrions déjà partir en direction d'une cité portuaire nommé Andel'Ys et la fortifier, si j'étais Oaxaca, je prendrais cette cité avant d'envahir Fan-Ming, elle est proche d'un axe maritime et tous les aventuriers passeraient par cette ville pour accéder aux autres cités.

Prenant un petit de temps de réflexion pour souffler, il finit ce qu'il devait lui donner comme information.

- Bien sûr, allez-y mettre des vêtements adaptés et rejoignez moi dans la cour. Descendez l'escalier jusqu'à une salle à manger et puis redescendez encore deux étages et vous serez dans la cour, je vous y attendrais. Pour des cartes plus détaillés, je n'en ai aucune idée de l'endroit où elles peuvent se trouver, je pense que la carte que j'ai en main est la carte la plus précise qu'ils ont dans leur cargaison. Nous devrions faire vite, le temps joue contre nous.

Il la salua et passa devant elle, suivant les instructions données par le factionnaire ynorien pour se rendre dans la cour.

- Devenir un Rath'arghus est un déshonneur pour un Shaakt et si vous voulez savoir ce qu'est le rituel, il est dit que les bras du vaincu sont arrachés du corps avant d'être remplacé par les pattes d'une araignée, je pense qu'en songeant à cette image, la réalité apparaît moins délicieuse tout d'un coup...

Je restai interdite. J'avais manifestement touché une corde sensible et n'aurait peut-être pas dû me permettre de plaisanter à ce sujet. Et on s'étonnait de me trouver froide et d'un sérieux mortel... Il déplia la carte sans vraiment me la montrer.

- Outre que le poison est une arme de prédilection des elfes noirs, il sera utile contre une armée aussi nombreuse que celle réunie par la semi-déesse. Un poison placé soigneusement dans quelques barriques d'alcool, les Garzoks raffolant d'alcools forts et écœurants... Quant à la situation militaire actuelle, les murs de Fan-Ming semblent très épais et résistants, cela ressemble à une antique forteresse donc si j'étais Oaxaca, j'attaquerai Fan-Ming tout à la fin, surtout que ce sont tous des guerriers chevronnés ici. Les positions des autres factions, je l'ignore totalement mais si je dois me baser sur l'accueil reçu ici, je doute que Fan-Ming sacrifie une partie de ses troupes pour les autres cités et je ne vois pas pourquoi il en serait différemment pour les autres cités. Selon la carte que j'ai dans les mains, Fan-Ming est positionnée près de montagnes, j'imagine que dehors il fait froid et possible qu'il neige même. Si vous voulez m'accompagner, nous devrions déjà partir en direction d'une cité portuaire nommé Andel'Ys et la fortifier, si j'étais Oaxaca, je prendrais cette cité avant d'envahir Fan-Ming, elle est proche d'un axe maritime et tous les aventuriers passeraient par cette ville pour accéder aux autres cités.

Il prit le temps de souffler et me laissa donc le temps d'assimiler les informations. L'armée n'était donc pas au pied de Fan-Ming, elle se concentrait sur une seule cité à la fois et l'idée était de la mettre en déroute avant qu'elle n'arrive jusque là. Puis il sembla se souvenir de ma suggestion de discuter stratégie en des conditions plus appropriées.

- Bien sûr, allez-y, mettez des vêtements adaptés et rejoignez moi dans la cour. Descendez l'escalier jusqu'à une salle à manger et puis redescendez encore deux étages et vous serez dans la cour, je vous y attendrai. Pour des cartes plus détaillées, je n'ai aucune idée de l'endroit où elles peuvent se trouver, je pense que la carte que j'ai en main est la carte la plus précise qu'ils ont dans leur cargaison. Nous devrions faire vite, le temps joue contre nous.

- Soit.

Je saluai brièvement les deux soldats Ynoriens et m'en retournai dans la pièce que je venais de quitter. Une commode se trouvait sur le côté de la porte. Dessus étaient disposées une vasque en pierre, une cruche en métal qui devait contenir de l'eau ainsi qu'une brosse de crin. Je versai un peu d'eau la vasque, m'en passai rapidement sur le visage et boudai la brosse. Dans le premier tiroir de la commode, qui était étonnamment profond, se trouvait l'essentiel de mes affaires : L'étrange pantalon ample en coton parme, la tunique de soie bordeaux, la ceinture de soie bleutée, mes bijoux, ma besace, ma cape, la côte de mithrill, mon bouclier de poignet... L'étrange casque légué par Oaxaca attendait sur un fauteuil, juste à côté, au pied duquel se trouvaient mes cuissardes. Mon arc, lui, reposait adossé à la commode, avec mon carquois. Rapide et efficace, je m'équipai de tout ceci, bijoux compris, un peu surprise d'ailleurs en retombant sur la bague de Sirius. Une bague qui changeait la couleur des cheveux... Changer de visage encore, ou de couleurs de cheveux sur du long terme, mais sur une heure ? A part pour satisfaire à d'étranges lubies, ceci avait peu d'intérêt. Je la mis toutefois et sortis de ma besace un lien en cuir pour attacher mes cheveux. Une simple tresse remontant haut sur le crâne me permettait de ne pas être gênée par des mèches folles. Je n'allais sans doute pas avoir le temps de me recoiffer avant de quitter le bâtiment... Une fois parée je ressortis de la pièce et suivis les indications du Shaakt, déboulant peu de temps après dans la cour.

- Endar ?