Therion ne comprenait rien à toute l’activité qui se déployait autour de lui, tout ce qu’il savait, c’était que ce foutu canasson l’avait ramené – hélas, inclinait-il à penser – a priori exactement là où il l’avait demandé : dans cette cité de pierre et d’hommes. Rien de bon à en attendre, il s’en doutait. Le liykor noir remarqua toutefois que l’on s’adressait à lui, une intonation qui ressemblait à un ordre, venu d’un des hommes du cru, qui embarqua une femme avec lui. Seulement, à la langue commune, il ne comprenait goutte.

Ignorant toute l’agitation, et poussant un grognement résigné, il se contente de tirer la lettre de Lothindil, et d’annoncer à la cantonnade dans sa langue :

« Est-ce que quelqu’un ici me comprend ? J’ai un message, des informations sur les troupes des garzoks. »

Endar était enfin dehors dans la cour de ce qui était à présent à ce qu'il voyait un palais au sein de cette forteresse. Une épaisse couche de neige recouvrait le sol, le craquement sonore produit par la marche de son loup noir lui rappela un souvenir bien plus particulier. Cet épais manteau laiteux lui remémorait les instants passés avec son père près d'Hidirain, cité juchée au sommet de montagnes, cependant il se souvint rapidement qu'ici il n'était plus sur Yuimen mais sur Aliaénon qu'il avait bien l'intention de sauver d'Oaxaca. Tout ceci confirmait à quel point les dieux et les demi-dieux étaient des êtres qui ne méritaient aucunement une ovation ou une quelconque adoration.

Le mage était témoin d'un bien étrange spectacle, une femme à la peau aussi pâle qu'un spectre essayait de tirer un homme à la peau aussi noire qu'un shaakt et aux yeux rougeoyant comme la braise. Ce dernier ne semblait aucunement blessé physiquement, il était simplement démoralisé et c'est lorsqu'un ynorien de Fan-Ming prit la parole pour le présenter qu'il comprit sa douleur ou du moins qu'il tenta de l'assimiler, les Shaakts n'étant pas doués en ce qui concerne l'amour, la perte d'un membre de leur famille était plus une célébration qu'une série de larmoiement. L'Ynorien restait indifférent au sort d'Egregor Carminès, délégué et citoyen de feu la cité d'Esseroth et préféra s'occuper d'un likyor noir dont il connaissait la langue si un tel terme pouvait être utilisé pour expliquer les grognements. Ce likyor noir tout en armure était bien le premier de son espèce qu'Endar rencontrait et il n'était pas pressé de renouveler l'expérience. L'humaine appartenait à une ethnie qu'il ne connaissait pas, une méconnaissance qu'il s'évertuera à combler.
C'est alors que Sinaëthin descendit le retrouver et l'appela.

- Entre un esserotherien qu'on fait monter de force dans le palais et un likyor noir, nous sommes gâtés. Nous devrions aller leur parler et surtout à l'Ynorien qui me semble être le Conseiller pour être aussi bien informé. Nous devrions leur demander de se joindre à nous pour fortifier Andel'Ys voire de remonter le fleuve jusqu'à la cité des géants de glace.

Faisant marcher au pas son loup jusqu'à être proche du petit groupe, il se présenta sommairement:

- Endar, commandant des troupes de Khonfas venu aider l'Aliaénon... L'Hinïonne et moi-même nous apprêtons à partir pour Andel'Ys puis à Colomir'Thru, cité des géants de glace, voulez-vous vous joindre à l'expédition ? Quant à vous Egregor Carminès, je sais ce qui est arrivé à votre cité mais ne voulez-vous pas venger les vôtres ? Lorsque mon père a été tué, je me suis vengé d'une bonne partie des commanditaires, le reste sera mort bien assez tôt. Si vous baissez les bras, vous déshonorez leurs mémoires à tous ceux qui sont morts bravement à cause d'Oaxaca. Aidez-nous et la cité sera de nouveau vôtre. Aidez-nous et vos camarades ne seront pas morts en vain...

Même couvert de sang, exténué et fragilisé par la perte des siens, Endar était certain qu'il ferait le bon choix et qu'il refuserait de rester cloîtrer silencieux à Fan-Ming. A présent, son attention était toute tournée vers l'Ynorien qui discutait avec le likyor.

- Êtes-vous le Conseiller Tsukiko qui a refusé de m'accorder audience ?

La question n'avait pas lieu d'être, il mettrait sa main à couper qu'il était le Conseiller mais au moins elle méritait de lui montrer qu'il n'avait pas apprécié attendre dans une cuisine plutôt que d'être reçu par lui pour obtenir tous les renseignements nécessaires à sa mission.

- Si tel est le cas, Xël vous envoie ses salutations, il est reparti à Nagorin pour veiller sur les réfugiés d'Esseroth et il compte partir chercher des alliés à Neo-Messaliah.

C’est avec intérêt que j’écoutai la réponse du maître d’armes, je faisais confiance en ce vieil homme qui semblait plein de sagesses. Malheureusement, il n’avait que peu de réponses à me fournir. N’étant pas un enchanteur lui-même, pas davantage un chercheur magique, il n’était pas en position de m’informer sur ces pierres magiques. Cependant, mon sourire s’élargit lorsqu’il précisa qu’il y avait des experts de la question dans la ville même de Fan-Ming mais aucunement au palais. Le maître d’armes pensait que la décision du gouverneur face à la magie en était une de prudence. La magie étant instable, le gouverneur préférait ne pas prendre de risques. Je ne pus deviner ce qu’en pensait lui-même le maître d’armes, puisqu’il n’exposait pas son opinion personnelle, mais celle du gouverneur. La belle Honoka, pour sa part, exprimait haut et fort son désaccord concernant la décision du gouverneur. Si fort en fait que le vieil Ynorien, la prévient de se contenir, jugeant que les murs du palais étaient pourvus de fines oreilles.

Néanmoins, c’est avec de la frustration perceptible dans la voix que la princesse insista sur l’importance de la magie pour sauver Aliéanon, puisque les troupes d’Oaxaca en usaient.
Je les regardai tour à tour avant de me décider à exprimer mon opinion d’une voix calme cependant :

« Je pense aussi que la magie pourrait nous sauver du pire nous permettant de nous défendre plus efficacement contre les troupes ennemies qui ne cessent d’avancer. »

Tout en parlant, je réfléchissais et des idées contradictoires se confrontaient dans mon cerveau.

« Ce n’est pas pour rien que la ville d’Esseroth a été attaquée en premier. Les sbires d'Oaxaca devaient y chercher quelques choses qui aient un rapport avec la magie… Mais d’un autre côté, il est étrange que cette ville fût dévastée malgré la présence de magie en son sein… Je ne peux concevoir que tous les Esserothiens soient décédés, certains doivent s’être certainement enfuis. »

Je m’arrêtai une fois de plus, ne sachant plus très bien quoi penser. C’est à ce moment que la princesse m’invita à l’accompagner chez son frère le gouverneur afin de lui faire part d’une soi-disante demande d’Andel’Ys et de la découverte des troupes d’Oaxaca.

La présence de la princesse à mes côtés me plaisait bien. Son parfum enivrant, cette vivacité, cet entêtement à sauver les démunis, le petit pli qui se formait sur son front lorsqu’elle était contrariée (ce qui était le cas à ce moment-là), la douceur de ses délicates mains, tout ça me charmait au plus haut point. Il était idiot de refuser sa proposition de lui tenir compagnie.

Mais ma décision était prise et je lui annonçai de ma voix la plus douce tout en la fixant de mes beaux yeux bleus.

« Je regrette, mais je ne vous accompagnerai pas. Je veux d’abord savoir ce qu’il en retourne de ces pierres magiques avant d’en discuter avec le gouverneur ou qui que ce soit. »

Puis me retournant vers le maître d’armes :

« Je voudrais rencontrer l’un de ces chercheurs magiques. Vous avez précisé qu’ils fréquentaient les bas de quartiers de la ville. Pouvez-vous me donner un nom, une adresse et un billet afin que je puisse être reçu sans opposition de l’un d’eux ? »

Je jetai un coup d’œil à mon bras blessé avant d’enchaîner.

« Je vous remercie à tous les deux pour les soins prodigués. Mais même recouvert d’une livrée pour dissimuler mon bras blessé afin de ne pas attirer les malfrats par ma vulnérabilité, je crains de ne pas posséder toutes mes capacités pour affronter les brigands. Pourriez-vous me fournir une escorte ? Un combattant aguerri qui plus est connaît ces bas quartiers dont vous parlez ? »

Pendant ce temps, énervée, la princesse s’était retournée pour se retrouver nez à nez avec l’homme aux allures négligées que j’avais brièvement croisé à mon arrivée dans la cour du palais.

Discrètement, ma main s’approcha de l’une de mes dagues accrochées à ma ceinture. Si cet individu louche s’attaquait à la princesse, il me restait un bras valide pour lui porter secours.

La cour close de murs de pierre ancienne était drapée d'une chape de neige enchanteresse qui donnait une impression de profonde sérénité. J'entendais presque les flocons tomber au sol. Je franchissais la dernière volée de marches et retrouvai Endar. Il se tenait quelques pas devant moi, le loup noir à ses côtés, aux aguets. Au centre de la cour, deux chevaux ailés aux robes splendides s'agitaient. Une femme à la peau blanche et yeux de sang s'affairaient sur un individu à la peau sombre qui se trouvait au sol tandis qu'un Ynorien conversait avec une grande créature mi humaine mi féline au pelage sombre - un Liykor. Plus que perplexe je ne savais que penser de la scène qui se déroulait sous mes yeux. Endar prit la parole en ne s'adressant qu'à moi.

- Entre un esserotherien qu'on fait monter de force dans le palais et un likyor noir, nous sommes gâtés. Nous devrions aller leur parler et surtout à l'Ynorien qui me semble être le Conseiller pour être aussi bien informé. Nous devrions leur demander de se joindre à nous pour fortifier Andel'Ys voire de remonter le fleuve jusqu'à la cité des géants de glace.

Il s'avança alors jusqu'aux individus de la cour.

- Endar, commandant des troupes de Khonfas venu aider l'Aliaénon... L'Hinïonne et moi-même nous apprêtons à partir pour Andel'Ys puis à Colomir'Thru, cité des géants de glace, voulez-vous vous joindre à l'expédition ?

Je fis la moue. Il fallait que l'on discute de tout ceci, j'avais des doutes sur son plan et c'était bien la raison pour laquelle je souhaitais que l'on prenne le temps de jeter un oeil aux cartes et qu'il me fasse part de ses réflexions. Je ne voyais cependant pas vraiment pourquoi il m'avait conduite dans cette cour...

- Quant à vous Egregor Carminès, je sais ce qui est arrivé à votre cité mais ne voulez-vous pas venger les vôtres ?

Il s'adressait à l'homme au sol.

- Lorsque mon père a été tué, je me suis vengé d'une bonne partie des commanditaires, le reste sera mort bien assez tôt. Si vous baissez les bras, vous déshonorez leurs mémoires à tous ceux qui sont morts bravement à cause d'Oaxaca. Aidez-nous et la cité sera de nouveau vôtre. Aidez-nous et vos camarades ne seront pas morts en vain...

Il se tourna finalement vers l'Ynorien qui discutait avec le Liykor.

- Êtes-vous le Conseiller Tsukiko qui a refusé de m'accorder audience ? Si tel est le cas, Xël vous envoie ses salutations, il est reparti à Nagorin pour veiller sur les réfugiés d'Esseroth et il compte partir chercher des alliés à Neo-Messaliah.

Je n'avais l'intention de couper la parole à personne mais la situation commençait à être on ne peut plus irritante.

- Auriez-vous l'amabilité de m'expliquer ce qu'il se passe ? Je vous rappelle par ailleurs que nous devions justement discuter de ces idées de poison et de géants des glaces... Peut-être la priorité serait-elle de laver et panser les blessures de ces gens de quelque crème ou cataplasme et boire quelque chose de chaud et prendre le temps de faire le point tous ensembles sur les actions à mener...

Je m'approchai de la Phalange de Fenris et de celui qui se dénommait Egregor Carminès.

- Puis-je vous aider ? leur demandai-je tout simplement, comme ils paraissaient tous deux mal en point.

Therion ignora tous les membres de ces races bipèdes qui causaient autour de lui, s’adressant surtout au conseiller. Il n’était pas non plus franchement réjouit de tomber sur ce spécimen, le faisan, mais au moins parlait-il sa langue, et pourrait-il peut-être faire quelque chose. Après tout, c’était à lui que l’elfe destinait le message.

« La femelle qui est venue avec moi a tout écrit sur ce papier. » répondit-il au conseiller, en lui tendant la missive. « Y’a ce qu’elle a vu, ce qu’elle sait. Surtout une mer de garzoks qui coule sur ce monde. Je dois aller la retrouver chez les elfes. Elle a dit de n’envoyer personne d’autre. Prenez ce message, donnez moi des informations s’il le faut, et je repars. »

Je me sens étrange au moment de la traversée du fluide, comme si mon corps perdait une partie de son essence, de son existence qui partait s’emmêler avec les fibres du temps et de l’espace pour lui revenir l’instant d’après, renouant mon esprit et mon enveloppe charnelle dans un tout nouvel univers.

La pièce autour de moi recèle tant de faste qu’elle me met presque mal à l’aise. Bien que je sois une princesse du désert, habituée à un certain luxe, celui, ostentatoire, qui se trouve autour de moi me laisse pantoise. La richesse de l’intérieur de cette grande pièce contraste étrangement aux murs percés de rares meurtrières, comme si le lieu où je suis se tient toujours apprêté à faire la guerre. Je suppose que c’est une bonne chose au vu des raisons de ma visite en ce lieu.

Seule une porte me permet de sortir de cette pièce par ailleurs vide, mais elle est gardée par vingt guerriers vêtus d’armures atypiques qui semblent patienter. S'ils sont destinés à impressionner, le résultat est là. Leur immobilisme travaillé les place parmi les rangs des guerriers expérimentés, à n’en pas douter, et je gage qu’ils me surveillent étroitement. A peine cette pensée émise que l’un des guerriers se détache du groupe, une femme aux traits ynoriens, une peau de nacre, lisse, des yeux noirs et des cheveux de jais pour accentuer plus encore le contraste recelé par sa personne. Car cette femme est une guerrière émérite, à n’en pas douter, il suffit d’observer sa façon de se mouvoir, sa rigueur militaire et l’arme gigantesque qu’elle possède, constituée d’un long manche terminé par une lame de plusieurs dizaines de centimètres. Je n’en avais jamais vu auparavant.

Elle m’accueille, se présentant sous le nom de Katsuya, Membre des Vingt. Des vingt guerriers je suppose. Elle poursuit en m’indiquant la direction probable du conseiller Tsukiko et des aventuriers.

Je hoche la tête à son encontre.

- Je suis bien l’une des aventurières de Yuimen, Charis Kel Asheara est mon nom et je suis venue chercher rédemption en ce monde étrange. Je vous remercie de votre accueil.

Je hoche une nouvelle fois de la tête et me dirige vers ce qui semble être le rez-de-chaussée et la cours, où se trouvent supposément mes confrères aventuriers. Arrivée dehors, je frissonne, peu habituée au froid ambiant qui règne dans cette ville. Sur le sol se trouve de la neige. Il m'a déjà été donné d'en voir, alors que je voyageais avec mon père dans les montagnes d'Hidirain, dans ma jeunesse. En d'autre temps, qui me paraissent si lointains, j'aurais joué des traces que mes pas laissent dessus. Je l'ai toujours trouvée magnifique et intrigante, mais le moment n'est pas venu pour les considérations aussi futiles.

Plusieurs personnes se trouvent dans la cour, dont une créature étrange, semi-homme, semi-loup, à en croire ses traits. Il est d’une taille impressionnante et un pelage aussi noir que la nuit, quoique parsemé de gris sur l’échine, le recouvre. S’il est le premier à attirer mon regard, je ne tarde pas à m’intéresser aux autres. Plusieurs races différentes se retrouvent ici et je ne doute pas que j’ai affaire aux aventuriers dont on m’a parlé. J’espère qu’ils sauront m’éclairer.

Je m’avance vers eux, les laisse finir une discussion que je ne comprends guère avant de profiter d’une petite accalmie dans leurs paroles pour m’avancer et me présenter.

- Bonjour. Je me nomme Charis Kel Asheara du clan des Asheara du désert d’Imiftil, j’arrive tout juste d’Oranan et l’on m’a dit que ce monde avait besoin d’aide, cependant j’ignore encore quelle aide je pourrais apporter. Pourriez-vous s'il vous plaît me dresser un aperçu de la situation ?

Le Shaakt plissa subrepticement des yeux.

- Allez voir les géants de glace sans rien en retour ce ne serait nullement conseillé, mais je n'irais pas les mains vides à Colomir'Thru, ils seront donc de notre côté. Faîtes ce que vous voulez, panser les blessures, discutez, cependant je n'ai aucunement envie de m'appesantir plus encore sur une longue réflexion qui ne changera rien à la situation actuelle. Je préfère guerroyer plutôt que de rester dans l'ombre pendant encore une décennie.

Je fronçai les sourcils. Il m'avait l'air bien jeune tout d'un coup. Il avait une idée derrière la tête mais ne souhaitait pas m'en informer et s'était contenté d'insinuer que je nous faisais perdre du temps. Il avait par ailleurs hâte de se battre, ce qui n'était pas bon signe. Qui se plaignait de ne pas avoir de guerre à mener ? Qui était impatient de plonger les mains dans le sang et d'entendre les échos de milliers d'agonies ? Un Shaakt. Juste un Shaakt.

Une jeune femme dans une ample robe claire, pénétra alors la cour. Une capuche dissimulait partiellement son visage mais ses yeux d'un bleu vif n'en ressortaient que d'autant mieux. Tandis que la neige commençait à se déposer sur elle, elle prit la parole. Elle se prénommait Charis Kel Asheara, du clan des Asheara du désert d’Imiftil, et arrivait tout comme moi d'Oranan, s'interrogeant elle aussi sur la situation actuelle et la manière dont elle pouvait se rendre utile. Le Shaakt réagit aussitôt.

- Endar, enchanté. Depuis quand les clans du désert d'Imiftil s'intéressent à la guerre menée contre Oaxaca ? Une cité, Esseroth, a été prise par les forces d'Oaxaca et apparemment selon le Conseiller, l'armée remonte le fleuve jusqu'à la dernière cité alliée à Fan-Ming, Andel'Ys et c'est bien ce que je vous reproche Conseiller, fit-il en aparté au concerné, non seulement vous n'avez mis que deux factionnaires pour protéger le Gouverneur, j'ai dû demander un renforcement des effectifs, mais vous pensez qu'un autre peuple va venir protéger Fan-Ming alors que ni Oranan ni votre cité ne les a aidé lorsqu'ils ont été attaqués. Néanmoins, cela ne sert à rien d'en discuter plus longuement, il vaut mieux que nous nous occupions des dernières cités libres et d’unir les peuples contre Oaxaca et lui rendre la monnaie de sa pièce.

Un tremblement dans l'air, un vrombissement muet, et sept personnes se matérialisèrent un peu à l'écart mais au beau milieu de cette même cour enneigée. Paniquée, je me saisis immédiatement de mon arc et les mis en joue, mon coeur s'affolant. Mais ils ne se jetèrent pas sur nous et restèrent un instant ébahis, tout comme nous. Ils avaient l'air sous le choc. Il y avait un homme chapeauté à l'air nonchalant, portant de hautes cuissardes travaillées et un manteau au col de fourrure, des bijoux à ses mains et à son cou. Un sourire en coin animait vaguement son visage torve encadré de cheveux mi-longs et bruns. À ses côtés apparût une jeune femme à la chevelure d'un rose foncé intense, à la peau clair, parée de robe et corset tout étant manifestement taillée pour l'aventure, une lueur farouche dans ses yeux vairons. Une homme mince à la crinière blonde et emmitouflé dans une cape bleue se matérialisa en même temps, ainsi qu'un homme et à la peau basanée et aux yeux d'une couleur sombre mal définie ainsi qu'un homme chauve aux airs de moines, qui me laissait une vague impression d'innocence, drapé de noir et portant épaulettes et plastron. Enfin un autre homme blond, portant chemise et veston, le regard vagabond, et une blonde au regard clair et pourtant intense qui avait grande allure et semblait être une maîtresse dans l'art d'analyser et maîtriser ses pairs - une manipulatrice sans aucun doute.

L'homme chapeauté s'approcha d'Egregor.

- Egregor. Egregor qu’as-tu donc ? Il se retourna vers nous, inquiet. Que s’est-il passé, pourquoi est-il dans cet état ?

- J’ai vu notre cité. Détruite, jonchée de morts. Notre peuple. Nos amis. J’ai… j’ai tenté de les détruire mais… Je n’ai pas assez de force. Je ne le peux… »

Egregor se tourna vers moi, répondant à ma sollicitude avec le regard de l'homme dont l'honneur a été bafoué et qui a perdu beaucoup mais a encore le coeur gonflé par la rage de vaincre et l'espoir alimenté par le besoin irrépressible de rendre la justice.

- Un soutien, pour me relever. La vengeance aura lieu, mais plus tard, quand j’aurai recouvré mes forces.

J'acquiesçai à cet homme qui semblait avoir connu bien des âges et ne plus être assez jeune pour de telles bravades. J'avais baissé mon arc et le repassai donc dans mon dos avant de lui tendre mon avant-bras et de passer mon autre bras dans son dos. Le conseiller Tsukiho s'éloigna du Liykor avec lequel il s'entretenait et s'adressa à Endar.

- Je ne vous ai refusé aucune audience, elfe, mais je suis bel et bien Tsukiko, Conseiller de Fan-Ming et de son Gouverneur, Teruki. Sachez que j’étais en plein conseil de guerre avec vos semblables, afin d’organiser la défense de Fan-Ming au mieux concernant les armées qui s’apprêtent à déferler sur nous.

Il n'avait manifestement pas apprécié la remarque du Shaakt. Après une brève inspiration, il s'adressa toute l'étrange assemblée de la cour réunie, regardant tour à tour les uns puis les autres, d'une voix forte et claire, propre à motiver les troupes et à faire taire les questions qui peuvent attendre.

- Merci à tous les aventuriers de Yuimen d’être venus apporter leur soutien à Oranan et à Fan-Ming. Il y a fort à faire, ici en ce monde. Nous déplorons la perte d’Esseroth, rapide et meurtrière, et mettrons tout en œuvre pour reprendre cette grande cité libre une fois que Fan-Ming sera hors de danger. Car telle est la priorité absolue : protéger Fan-Ming et l’accès à Yuimen. À tout prix. Pour cela, certains aventuriers sont en mission spéciale de reconnaissance et d’action. Certains sont partis au cœur des lignes ennemies pour tenter de couper la retraite en annihilant le fluide d’Elscar’Olth.

Je tiquai. Ce devait être une cité ennemie, le portail aux mains d’Oaxaca. J’aurais bien demandé plus d’information, des détails, mais l’heure n’était pas à ce genre de détail. J’écoutai donc le conseiller en silence, comme toutes les autres personnes qui se tenaient alors là debout sous la neige d’un autre monde.

- D’autres sont envoyés vers Nagorin, Vraithel’Ar, Andel’Ys et Jesuir pour s’assurer leur soutien. Deux courageux se rendent actuellement sur les rives du Fleuve Andel pour tenter d’assassiner Vallel, notre ennemi en ce monde, lieutenant d’Oaxaca. Je tressaillis à la mention des Treize. Les armées de Fan-Ming s’organisent en ce moment même pour assurer la défense de la cité, préparant les murs et les troupes de manière à contrer ce qu’on connait des forces ennemies.

Il fit une brève pause, reprenant au passage son souffle et nous laissant prendre la mesure de ce qu’il nous annonçait.

- Il est encore des cités qui ne savent pas notre besoin d’hommes. Treeof, Arothiir, cités des Hommes pâles. Methbe-el et Neo-Messaliah, cités du désert. Colomir’Thu, cité des montagnes. Et même Arthim’Olth, dans la Lande Noire, dont on ignore l’affiliation. Et ici-même, la préparation a besoin d’esprits ingénieux et de mains. Certains ont insisté sur l’importance de troubler l’avancée des troupes le long des deux grandes forêts. Il faut trouver le moyen de les ralentir, de les arrêter, de les houspiller. Voilà votre rôle ici, aventuriers. Voilà ce que votre monde attend que vous fassiez.

Je jetai un œil aux autres aventuriers, tentant de déchiffrer leurs visages. Pas deux ne se ressemblaient, mais tous étaient animés, pour divers motifs, par le même souhait d’arrêter Oaxaca ici, et définitivement, si c’était possible. Lorsque mon regard revint sur l’Ynorien, celui-ci avait sorti plusieurs sifflets de métal argentés, liés à des cordons de cuir, de sa besace m’en donna un tout comme il en avait donné un au Shaakt et surement à d’autres.

- Voilà qui vous aidera à voyager promptement d’un lieu à l’autre…

Des sifflets pour appeler mes montures ailées. Ou les faire simplement apparaître ? Une formidable magie. Je doutai qu'elle fonctionne hors d'Aliéanon... Toutes ces explications avaient laissé le conseiller fatigué. Pourtant j'avais des questions et espéraient que lui, sinon les autres individus présents, auraient des réponses à mes questions et des informations utiles pour organiser la défense de Fan-Ming - et des autres cités.

- Avez-vous envisager une stratégie particulière pour défendre Fan-Ming Conseiller ? Des atouts particuliers sur lesquels vous reposer tandis que nous allons au-devant des troupes ennemis et tentons de les gêner et de rallier d'autres cités pour une défense plus globale ?

Je me tournai vers les autres, m'excusant en inclinant légèrement la tête et en joignant les mains devant moi alors qu'Egregor n'avait plus besoin de mon soutien.

- Elscar’Olth est-elle une cité comme celle-ci, avec un portail ? Dont des choses déplaisantes pourraient venir ? S'agit-il de simplement de couper la retraite aux troupes ou y aurait-il moyen selon vous d'atteindre l'une des têtes de l'armée pour la désorganiser voire d'ouvrir une brèche dans la défense des Treize ? Et les autres cités, ont-elles toutes des portails et sont-ils tous sécurisés ?

Perturbée d'avoir si peu d'information et ne sachant que faire, je déblatérais, partageant ces pensées qui fourmillaient sous mon crâne dans l'espoir d'y voir plus clair et de construire des idées plus précises applicables sous forme de plans d'actions. Car je n'avais jusqu'à présent entendu que des paroles, sans voir le bout du né d'une stratégie clairement définie.

- Êtes-vous le stratège de cette cité ? demandai-je encore au Conseiller, priant pour qu'il y ait un individu plus compétent à consulter.

Comme il me regardait de ses petits yeux las tout en calmant sa respiration, j'assaillis les personnes accompagnant Egregor et ayant apparu par magie.

- Venez-vous d'autres cités ? Et par la Dame comment êtes-vous ainsi apparu ici ? Quels pouvoirs avez-vous donc ?

Je ne voyais que peu d'armes sur les sept mystérieuses apparitions, hormis un arc et un peu de ferraille - davantage en protection que façonnant des armes. Ils voyageaient léger et pouvaient manifestement se transporter d'un lieu à l'autre, si l'exploit pouvait être reproduit, voilà qui aurait pu faciliter d'éventuelles missions d'infiltrations mais la solution était trop simple, les choses devaient l'être bien moins.

L'hinïonne ne semblait pas partager son plan, il ne pouvait lui en vouloir, ses projets étant d'aller à Neo-Messaliah et Colomir'Thru pour trouver des alliés. Pour autant, il ne comptait pas leur expliquer dans les moindres détails sa stratégie, d'une part parce que rien ne confirmait ni n'infirmait la présence d'espion comme l'avait souligné le sire Sirius et d'autre part parce qu'il se moquait bien de la déchéance de la république d'Ynorie et des autres royaumes humains. Sauver Fan-Ming et par ce biais Oranan ne rentrait nullement dans ses prétentions mais il ne pouvait laisser ce monde en proie à la folie de la semi-déesse sombre.

- Allez voir les géants de glace sans rien en retour ce ne serait nullement conseillé, mais je n'irais pas les mains vides à Colomir'Thru, ils seront donc de notre côté. Faîtes ce que vous voulez, panser les blessures, discutez, cependant je n'ai aucunement envie de m'appesantir plus encore sur une longue réflexion qui ne changera rien à la situation actuelle. Je préfère guerroyer plutôt que de rester dans l'ombre pendant encore une décennie.

Une jeune femme d'un des clans du désert d'Imifitil se présenta à eux puis demanda plus ample information sur la situation actuelle ce qui conforma, à son grand désespoir, l'envie de l'elfe blanche de discuter d'une meilleure stratégie.

-Endar, enchanté. Depuis quand les clans du désert d'Imiftil s'intéressent-ils à la guerre menée contre Oaxaca ?
En effet, il n'avait pas le souvenir que les clans du désert avaient déjà envoyé l'un des leurs pour s'occuper de la demi-déesse même s'il ne la vénérait pas comme à Khonfas.

- Une cité, Esseroth, a été prise par les forces d'Oaxaca et apparemment selon le Conseiller, l'armée remonte le fleuve jusqu'à la dernière cité alliée à Fan-Ming, Andel'Ys, lui résuma-t-il.

Le Conseiller lui rétorqua qu'il ne lui avait nullement refusé une audience, Endar pensa que c'était une question de point concernant ce point là et il lui rappela les erreurs stratégiques qu'il avait commises.

- C'est bien ce que je vous reproche Conseiller car, non seulement vous n'avez mis que deux factionnaires pour protéger le Gouverneur, j'ai dû demander un renforcement des effectifs, mais vous pensez qu'un autre peuple va venir protéger Fan-Ming alors que ni Oranan ni votre cité ne les a aidé lorsqu'ils ont été attaqués. Néanmoins, cela ne sert à rien d'en discuter plus longuement, il vaut mieux que nous nous occupions des dernières cités libres et d’unir les peuples contre Oaxaca et lui rendre la monnaie de sa pièce.

A ce moment là, la magie semblait s'accumuler dans la couloir et il sentit sa propre magie lui faire écho faisant palpiter ses veines. Un portail apparut alors recrachant ce qui semblait être des esserotheriens, un homme au chapeau à la peau presque aussi sombre qu'Egregor. A ce propos, l'homme au chapeau se précipita au chevet d'Egregor et leur conversation confirma leur appartenance à la défunte cité. Se tournant vers l'elfe blanche et lui-même, il leur assura qu'il y aura vengeance une fois qu'il sera reposé.
D'autres personnes accompagnèrent l'ami d'Egregor, une femme aux cheveux fuchsia, un homme à la peau basanée, un homme aux cheveux longs et un chauve. Étaient-ils les réfugiés d'Esseroth qui avaient élus domicile à Nagorin ? Il n'écouta que d'une oreille les propos du Conseiller, sa destination étant tracée depuis longtemps, ce n'est que lorsqu'il sentit quelque chose dans sa main qu'il s'intéressa de nouveau au Conseiller.
(Des sifflets ?)
Dans son esprit, il savait déjà à quoi ils servaient avant même de les avoir utilisé. Une magie qui permettait de partager la connaissance sans doute, ce n'était qu'une théorie mais elle n'était pas si idiote que cela. L'hinïonne voulut savoir plus en détails sur les atouts de Fan-Ming.
(Oui, leur égoïsme, mais ce n'est pas un atout), pensa Endar en esquissant un sourire sarcastique.
Lorsqu'elle lui demanda s'il était stratège, il manqua de s'étouffer. Il aurait préféré avoir une prêtresse shaakt comme stratège plutôt que cet Ynorien.

- Conseiller, navré d'avoir été aussi direct auparavant mais je ne suis pas là pour protéger seulement Fan-Ming et Oranan. Auriez-vous des filets pour que je puisse en utiliser un pour ma monture ?

Il ne lui manquait plus qu'un filet ou des attaches pour emmener sa monture et il pourrait enfin partir de Fan-Ming pour commencer à exécuter son projet.

On ne peut avoir raison à tous les coups ! Cet homme ne s'avérait pas dangereux, mais tout au plus idiot et sans manière. Ne voulant se présenter comme tout homme du monde, il dit n’être personne. Je concevais parfaitement qu'il n'était pas grand-chose, mais s'il voulait taire sa vraie identité, il n'avait qu'à inventer un nom quelconque, personne ne s'en serait douté ! Le borgne annonça par la suite qu’il venait à peine de traverser le portail à partir de Yuimen afin de venir porter main forte aux aventuriers déjà présents. Je faillis m'étrangler lorsque je l'entendis terminer sa phrase en appelant la princesse Honoka: "Belle plante !" Je ne savais pas encore quelle aide, il pouvait nous apporter, mais je doutais fort qu'il soit un bon diplomate !

Alors que je descendis enfin de la table, le maître d’armes prit la parole et à ma grande surprise, il s'offrit de m'accompagner dans les bas quartiers de la cité, m'informant toutefois que je n'avais pas à craindre la présence de bandits. La criminalité y était à un niveau très bas, précisant qu'il s'agissait là sans doute de l'un des seuls points positifs de la tyrannie du gouverneur.

(La tyrannie du gouverneur ?)

Demandant précédemment à la princesse de jouer la carte de la prudence en ces murs, le voilà , qu'il se permettait à son tour de douter de la façon dont son supérieur dirigeait la cité. Bien que curieux d’en savoir plus, je décidai tout de même d’attendre d’être hors du palais avant de la questionner davantage.

« C’est gentil à vous de m’accompagner, il me sera ainsi plus facile d’entrer en contact avec les chercheurs qui se seraient méfiés d’un étranger, raison pour laquelle je vous avais demandé de me signer un pli. Encre et papier seront désormais inutiles, puisque je vous aurai à mes côtés. Et je vous demande pardon pour ma méprise, lorsque vous avez parlé de bas quartiers, j’ai supposé à tort qu’ils étaient malfamés. Néanmoins, nous ne sommes jamais à l’abri du danger, et vu l’état de mon bras, j’apprécie votre offre de m’escorter. »

Quoi qu'il en soit, apparemment plus contrariée que je ne l'aurais pensé, la belle dame ne daigna se retourner pour me regarder, craignant sans doute de succomber à mon charme irrésistible. D'un ton tranchant, elle ne me répondit point, signifiant à Personne, (c'était désormais le nom que je lui affublerais) qu'il devait l'accompagner, me reprochant de façon indirecte d'enquêter sur les pierres au lieu de la suivre dans les appartements du gouverneur. Puisqu'elle me tournait le dos, je me permis de décrocher un petit sourire. Il était clair qu'elle aurait préféré ma présence à ses côtés plutôt que celle de cet homme mal élevé. Malgré l'attirance certaine que j'avais pour cette femme, je me devais de poursuivre la petite idée que j'avais en tête et de commencer mon enquête. Je la regardai donc quitter les lieux précipitamment, sans faire aucun geste pour la rejoindre.
Me retournant enfin vers le maître d’armes, je lui annonçai:

« Je serais prêt à partir immédiatement si cela vous convient, monsieur »

Alistair se réveilla en sursaut, comme après un long mauvais rêve. Le problème, c'est qu'il ne se souvenait pas s'être endormi. D'ailleurs, il ne se souvenait pas de grand chose. Il était pratiquement nu, installé dans un lit plutôt confortable comparé à ce qu'il avait connu ces derniers mois, ses affaires reposant sur une chaise à sa droite.

Se redressant, le voleur sentit une vague de nausées le parcourir ; et d'un seul coup, presque tout lui revint. Oranan, le voyage jusqu'à Fan-Ming, la Dame Chevalier qu'il avait pour projet d'emmener dans sa couche, un étrange personnage aux longs cheveux roux qui lui tendait un sifflet magique et puis... plus rien.

« Ce doit être cette saloperie de mal du fluide, » geignit-il péniblement. « Je savais bien qu'il fallait se méfier de la magie. »

Puisant dans ses forces, Alistair s'habille le plus rapidement possible et quitta sa chambre. Il avait l'impression d'avoir dormi pendant des jours. Et le mauvais pressentiment que cette impression était fondée. D'où l'incroyable faim, sûrement. Il erra dans les couloirs et les escaliers du bâtiment pendant plusieurs minutes, traversant cuisines, salle de repos, poste de garde, chambres individuelles, dortoirs... jusqu'à enfin voir la lumière du jour.

Ses vertiges avaient presque disparus maintenant, mais c'était au tour du soleil de l'agresser. Ses yeux s'était rapidement déshabitués à la luminosité. Après quelques secondes de plissements d'yeux, le voleur recouvra la vue pour identifier d'où venait le brouhaha ambiant. Il était apparemment dans la cour du palais, où un groupe de personnes sortis de nulle part discouraient devant un certain nombre d'aventuriers.

A la fin du discours, Alistair s'approcha du seul membre de l'équipée qu'il semblait connaitre, Sináëthin.

« Dame elfe, » l'aborda le voleur le plus poliment possible. Il savait qu'elle ne l'appréciait guère, mais il avait maintenant besoin d'informations et devait éviter de la froisser. « Savez vous où est Dame Calimène ? Et que s'est-il donc passer pendant que je... dormais ? »

A peine eut-il terminé sa phrase qu'Alistair se souvint d'un détail embêtant : l'elfe avait elle aussi subit le mal du fluide. Pour peu que le problème ait duré aussi longtemps pour elle que pour lui, elle aurait sans doute très peu de réponses à ses questions.

((Cromax, Siiwih, si j'ai fait une connerie essayez de me prévenir avant demain soir si possible, que j'ai le temps de rectifier avant la maj.))