~
Auparavant~
~36~
Notre camarade elfique confirme ce que je pensais : vouloir aller à la rencontre des elfes. Elle évoque ensuite une femme enroulée dans une carpette, faisant référence à un fait qui m'est totalement inconnu. Je m'efforce de ne pas marquer mon incompréhension, mais acquiesce quand elle précise qu'Astinor et elle feront peut-être mieux qu'un émissaire lambda. J'avise discrètement notre propre émissaire, intrigué par son absence de réaction. Le garde répond à ma question concernant le trajet. Le jour suivant, dans la soirée. J'acquiesce puis tente de visualiser le chemin.
Alors que quelque chose me vient à l'esprit, notre interlocuteur évoque un certain Dercaloz, chaman, qui aurait eu un contact avec les elfes. La seule contrainte à cette source d'information potentielle est qu'il faut que Lothindil rencontre d'abord le meneur des lieux. Je ne parviens pas à m'empêcher de la regarder. Si elle est parvenue à attirer l'ire du gouverneur de Fan-Ming, il n'est pas improbable que cela se reproduise.
Ma précédente idée me revient, et avant que ma concitoyenne ne nous incite à reprendre la route, j'interpelle l'autre cavalière.
"
Qu'il soit dangereux ou non, puisse lire le destin des êtres de ce monde dans des écailles de tortue ou pas, vous ne devriez pas laisser passer cette chance."
Je marque un léger temps d'arrêt avant de reprendre, en m'adressant à la jeune ynorienne.
"
Je sais que nous devons faire vite, émissaire Kizuki, mais il nous faut aller dans la même direction que Lothindil encore quelques temps."
Je me retourne légèrement sur ma selle, tapotant les sacs d'avoine.
"
Ceci peut nourrir ma monture, mais pas remplir nos estomacs. Et je ne dispose pas de vivres pour tenir plus d'une journée sur la route."
Mes yeux violets glissent sur le bagage de Lothindil, où je l'ai vu ranger ses aliments, puis remontent sur son visage. Je tente de faire discrètement un signe de tête négatif, pour lui faire comprendre que ce n'est pas après ses rations que j'en ai. Je n'ai pas menti. Le problème des vivres est réel, mais je l'ai un peu accru pour avoir une raison de ne pas laisser notre camarade aller seule dans cette cité. J'ai beau avoir un devoir envers ma concitoyenne, la République a besoin que nous réunissions autant d'alliés que possible. Et si cette rencontre est un pas en avant vers cet objectif, il n'y a pas à hésiter.