Sirop réussit finalement à se dégager des tentacules d'Azra et non sans un air triomphant, ricana haut et fort avant de refaire face au pauvre Trifalgin qui s'était éloigné, plus aucune trace de son dégoûtant sourire sur sa trombine toute pâle. Mais heureusement pour on ne sait qui entre les deux, le tavernier s'interposa, menaçant de mettre Sirop le vaillant vengeur à la porte. Incrédule le Sinari répliqua :

"Mais c'est lui que vous devriez foutre dehors !"

Le Capitaine Hirotoshi s'adressa alors à son tour à lui en le priant de revenir s'assoir. Après quelques secondes de vide mental, le Sinari gloussa stupidement :

"Mais vous n'êtes qu'une bande de rac*hips*...tous là !"

Mais à ce moment-là, Sirop reçut une gerbe de liquide en pleine face, ce qui le laissa tout penaud. À bout, le nécromancien venait de lui vider le contenu du pichet de bière fraîche commandé par Trifalgin sur la figure. Mais encore plus glacée que la boisson qui dégoulinait sur son visage, ce fut la tirade qu'il formula ensuite qui réussit à percer le mur alcoolisé du petit Sinari, touchant ce dernier en plein cœur.

Déstabilisé, Sirop étouffa un gros rôt qui gonfla ses joues puis pointa le chirurgien-barbier du doigt, les yeux levés vers Azra qui le toisait sévèrement :

"Mais c'est *hips* lui ! Tu sais ce qu'il à osé faire ?" gémit-il comme s'il avait vingt ans. "Il..."

Le Hobbit, stupéfait, plissa alors les yeux avant de les tourner vers Trifalgin :

"Il..." répéta-t-il, les sourcils froncés d'incompréhension.

Mais qu'avait-il fait en fait ? Il ne pouvait pas avoir tué de Hobbit, cela n'avait été rien de plus qu'un délire inventé à cause de l'alcool, une sorte de fixette qu'ont les personnes ivres. Alors qu'est-ce que cet étrange type avait-il bien pu lui faire ? L'esprit embrouillé mais dorénavant plus raisonnable qu'il y'eut quelques instants, le Sinari ne se souvint même plus du sac ensanglanté ainsi que de ses paroles étranges sur la chair de Hobbit, ce qui aurait pu justifier un minimum son comportement.

Était-ce le liquide froid où l'engueulade d'Azra qui lui avait un peu remit les idées en place, nul ne pouvait le savoir. Tout ce dont le Hobbit était maintenant sûr c'était qu'il avait été assez saoul dans sa vie pour savoir que le lendemain, quand tout sera terminé et qu'il aurait recouvré toutes ses facultés mentales, il allait amèrement regretter. Très amèrement regretter.
Ressentant soudain un mélange de peur, de culpabilité et de tristesse que l'alcool décupla sans pitié, Sirop, son glaive touchant le sol de l'auberge, se frotta profondément un œil avec le poing fermé, comme un bébé, et gémit :

"Je suis fatigué."

Dans un premier temps, le petit imbécile commença par traverser une phase d'insulte plus douce avant de sembler enfin réaliser ce qu'il faisait. Soulagé, Azra le prit par le col de son poing d'acier, autant pour l'emmener dans sa chambre que pour l'empêcher de tomber endormi. Mais avant, il se tourna vers l'aubergiste et le client pour s'excuser :

« J'ignore ce que mon compagnon vous voulait. Il faut croire que l'alcool ne lui réussi pas... Rassurez-vous, cependant, il aboie beaucoup, mais je ne l'ai jamais vu mordre ! »

Il n'avait qu'une hâte : dormir. Mais avant, il fallait s'assurer que rien ne risquait de gêner la mission, comme de mauvaises rumeurs à leur propos.

En s'avançant en direction du bar, Marla remarqua une respiration forte et après un coup d'œil sur le sol derrière celui-ci, elle remarqua qu'il y avait quelqu'un sur le sol. Grâce à sa vision plus adaptée aux ténèbres qu'au jour, elle reconnut aisément le tenancier du lieu. Pour passer elle allait devoir l'enjamber....ou le tuer. Sur ce léger temps de réflexion, elle distingua une autre respiration un peu plus lointaine et sifflante. Il y avait donc une autre personne endormie dans la cuisine, elle supposa qu'il s'agissait du cuisinier et non d'un garde, ce qui aller faciliter leur exécution au cas ou...

Tuer le tavernier maintenant serai simple, elle pourrait se servir du sang pour laisser le symbole d'Oaxaca. Non, certains la soupçonnait d'appartenir à l'autre camp, cela jetterait encore plus le doute sur son appartenance. Il fallait que ces personnes vivent... Attrapant et relevant doucement sa robe et son piwafwi, la sombre entreprit d'enjamber le tavernier. Il serait dommage qu'un morceau de tissu le chatouille et le réveille. Marla fit également attention à ne rien heurter, un bruit sourd, un objet qui tombe et cette fois-ci, c'était l'auberge entière qui pouvait se réveiller.

Une fois dans la cuisine, Marla fit attention à tout ce qui pouvait dépasser et se trouver sur son passage, un manche de casserole, de poêle ou encore un couvert. Profitant du fait d'analyser la cuisine, la sombre profita cet instant pour chercher un couteau, tirer à l'arbalète ferait trop de bruit, le carreau serait trop fragile si les hommes pâles se réveillaient. Puis, avec précaution, Marla s'avança en direction de la porte de la remise.

Il est curieux et pourtant fréquent de constater à quel point l’ambiance d’une auberge peut être propice à la discussion, à la réconciliation. Les convives qui au départ se parlaient à peine, se mettaient à déballer leurs pensées les plus secrètes. Certes la consommation de l’alcool y était pour quelque chose, mais n’était à mon avis la seule responsable.

Quoiqu’il en soit, malgré les quelques verres de vin qui emplissaient mon estomac, j’avais conservé toute ma tête et je conversai avec l’homme d’Esseroth envers qui j’avais nourri ma rancune tout au long du trajet dans les plaines. Il m’expliqua d’un ton certes las ses motivations et pointa du menton, la troupe qui m’accompagnait m’affirmant qu’il y avait matière à douter de leur motivation. Je les regardai à mon tour se chamailler avant de lui répondre une dernière fois.

« Notre troupe est en effet composée de gens différents ayant tous des styles particuliers qui peuvent nous surprendre à bien des égards. »

Cela dit, voyant qu’Egregor souhaitait prendre congé, je ne le retins davantage


« Bonne idée, je vais faire de même. »

Je laissai donc Egregor s’en aller, me retournant vers l’aubergiste afin de me procurer une chambre à mon tour. Le petit sinari et Azra se chamaillaient, mais je ne m’occupai point de ces enfantillages, il était plus important de m’occuper de mon propre bien-être, de mon sommeil.

Tout penaud et soudainement mort de fatigue, Sirop se laissa entraîner par celui qui l'empoigna fermement par le col, lâchant son petit glaive qui tomba au sol avec un bruit métallique.

"M'en fous j'ai peur de rien de toute façon je suis un héros bordel...et le repas était nul à chier je reviendrais plus jamais ici 'pouvez toujours courir j'vous déteste tous..." marmonnait-il mollement.

La courte nuit de la veille, la journée de cheval, le stress accumulé depuis deux jours et les longue journées sans sieste étaient fatals au petit Hobbit. Rajoutez à cet éreintant cocktail l'effet sommeillant de l'alcool et vous obtenez un Sinari dormant littéralement debout ne contrôlant plus du tout sa langue, ses émotions et ses gestes.

(((il se laisse entraîner par Azra jusque dans sa chambre)))

Malgré la fatigue qui m’envahissait, c’est d’un pas agile et alerte que je gravis les marches de l'escalier qui m’amenèrent à la chambre qui m’était assignée. Une fois à l’intérieur, j’avisai immédiatement le lit de bois surmonté d’une épaisse paillasse.

Je m’y assis aussitôt pour enlever mes bottes. Je retirai également mes armes et ma besace que je déposai sur le guéridon près du lit. Après avoir jeté un regard circulaire à la pièce humblement meublé, je m’approchai de l’armoire de facture modeste, et ouvris toutes les portes et tiroirs espérant y trouver quelque chose d’intéressant. Simple habitude de ma part, qui sait ce qu’un ancien client avait pu oublier lors de son séjour ?

Puis finalement, je me rendis à la fenêtre, y jetai un coup d’œil, puis tirai les rideaux et retournai à mon lit pour m’y étendre.

On emmena Sirop au loin. Soulagé, le nécromancien soupira et se frotta les yeux. Il n'y avait presque plus personne dans la pièce, hormis Rosie. Elle semblait perdue dans ses pensées, immobile sur sa chaise. D'une certaine manière, elle était plutôt jolie sous ses airs de fille des bois... Aussi, puisqu'elle traversait un moment de doute, Azra s'approcha d'elle, en veillant à se tenir à l'écart de l'ours dont il se méfiait un peu. Il tendit une main pour l'aider à se lever dans un effort de galanterie inhabituel et tenta de plaisanter :

« Une chance que ces gens avalent des couleuvres aussi facilement que leur poisson froid, hein ? On est encore passé près de la catastrophe. Mais maintenant, une nuit de repos s'annonce et franchement, ça va nous faire du bien à tous. Vous venez ? »

L’observation par la fenêtre ne m’avait apporté aucune information supplémentaire, sinon que le temps s’était rafraîchi et que les nuits étaient paisibles sur Andel’Ys. Les gardes d’Astidenix devaient y être pour quelque chose. L’armoire quant à elle ne contenait qu’une couverture et une vieille chemise. Après avoir constaté que les poches de cette dernière étaient vides, je repartis vers mon lit avec le drap de laine sous mon bras.

Alors qu’assis sur la paillasse de paille je dépliais la couverture de laine grise que j’avais trouvée dans la grande armoire de bois, un petit insecte ailé s’envola sans crier gare et passa juste sous mon nez.


« Ahhh ! » Bien qu’inoffensif, le papillon de nuit brun et gris avait réussi à me faire sursauter et il s’en était fallu de peu pour que je tombe du lit. Non perturbée par mon cri de sursaut, il revient prendre sa place sur le tissu gris.

« Un peu plus et tu me faisais culbuter sur le plancher toi ! »

M’exclamai-je tout en donnant une légère pichenette au papillon de nuit, qui ne semblait pas vouloir se déloger de la couverture grise.

Étendu confortablement sur la paillasse, je réfléchis un petit moment aux événements de la journée puis peu à peu je sentis le sommeil me gagner.

Rosie mâchait doucement les légumes ternes de sa soupe, les yeux plongés dans le bouillon clair toujours fumant. Elle contemplait son faible reflet qui se dissipait à chaque fois qu’elle venait en perturber la surface pour y quérir la promesse d’un repas frugale. Elle s’y vit ternie et fatiguée. Qu’avait t’elle fait à ce monde pour qu’on l’éloigne sans cesse de ses propres buts.

Gênée de son propre désarroi, La semi-elfe ne daigna plus lever les yeux de son repas. Même Sirop et ses pitreries agressives de saoulons ne lui arrachèrent pas un regard, sauf lorsqu’il passa à un cheveux de lui entailler le visage, mais déjà, il était trop loin d’elle pour qu’elle lui fasse remarquer. Dans tous les cas, elle n’avait plus l’intention de tenter quoi que ce soit pour empêcher le petit homme d’aller plus loin dans ses folies. Elle avait tenté un minimum pour détourner son attention du vice de l’alcool, mais le hobbit demandait beaucoup plus d’attention qu’elle était capable de lui fournir en ce moment. Elle se consola d’entendre Azra en prendre la charge. Ne se sentant plus responsable de quoi que ce soit, elle se laissa inviter par le vin qui trainait inoffensivement là. Le liquide chaud vint lui engourdir la langue doucement et lui brouilla sournoisement la vu. La jeune femme n’avait pas l’habitude de boire. Il faut dire qu’elle avait rarement eu l’occasion de trainer dans des lieux qui encourageait sa consommation et encore moins eu les compagnons pour rendre ses moments agréables. Elle se laissa bercer par l’alcool et comprenait lentement pourquoi le sinari s’était mis dans cet état. Il ne lui en fallut pas beaucoup pour qu’elle commence à sentir son corps ramollir, la fatigue et son inhabitude y étant pour beaucoup.

Prise par sa légère ivresse, mais ses lourdes pensés, elle ne remarqua pas vraiment que la pièce se vidait lentement et que le silence la gagnait peu à peu. La semi-elfe fixait désormais un bol vide et les quelques miettes de pain qu’elle avait laissées derrière, un verre à la main. Elle sursauta presque lorsque le nécromancien vint à elle, mais seul son cœur bondit. Plus où moins sûre à quoi il faisait allusion, le visage flegmatique, elle posa ses yeux vitreux sur lui, clairement perdue.

« Je… je veux dormir je crois. »

Rosie accepta volontiers la main que lui tendit le jeune homme, l’heure et l’envie n’étant plus à l’orgueil. Peu à peu alors qu’elle se levait, ses traits se déformèrent par l’inquiétude, réalisant brusquement à quel point la salle était désormais si vide.

« J’espère que tout ça n’est pas de ma faute Azra. Je crois que c’est moi qui aie vexé tous ces gens. »


Rosie agrippa plus fermement sa main qu’elle n’avait pas lâchée malgré qu’elle fût levée. Les événements de la soirée lui revenant à l'esprit.

« Je tiens à ce que tu saches que je ne suis pas une mauvaise personne normalement. Pardonne-moi Azra, pardonne-moi pour ce que j’ai dit … Puis tu dois promettre de ne pas partir seul demain sans rien nous dire et puis... et puis... Je suis si fatiguée »

Elle le relâcha, le visage perdu.

«... allons dormir.»

Les idées vagues, elle lui tapota mollement l’épaule tout en se détournant de lui pour prendre la direction des escaliers non sans percuter légèrement les quelques chaises qui obstruaient le chemin.

« Et puis le repas… Je suis sûre que ce ne serait jamais arrivé si on nous avait plutôt servit des côtelettes comme on en fait chez nous. En des temps pareil on se sent toujours mieux quand on mange des choses qu’on connait. »

Rosie sourit tristement puis se retourna pour s'assurer que le Nécromancien allait aussi dormir. La voyant s’éloigner Mérové se leva à sa suite et vola au passage le poisson à peine entamé par le hobbit, faisait fit des convenances. Il n’était pas si pressé de la suivre, cherchant de quoi se contenter davantage avant d’atteindre les marches.

À bout, Sirop se laissa donc transporter jusque dans sa chambre par Azra ou par qui que ce fût-ce d'ailleurs. Dans un état second, il pénétra dans la petite pièce et, avant de s'écrouler sur sa paillasse, fit un maladroit et dangereux tour sur lui-même pour lancé en direction de celui qui fermait la porte, n'en démordant pas :

"Faites quand même gaffe à ce qu'il aille pas coller un coup de poignards ou autres pinces dans le dos de quelqu'un ! Ce serait ballot !"

Puis, avec un autre tournicotas et sans même s'en rendre compte, il s'écroula sur son lit. Alors que tout se floutait autour de lui et deux grands voiles s’abattaient sur ses yeux rougit, il marmonna le nez dans son oreiller déjà tâché du vin qui dégoulinait de ses cheveux :

"Si je dis ça c'est pour v...RONFL !"



(((Le petit est enfin couché)))

Lorsqu'elle leva les yeux vers lui, il réalisa qu'elle avait un peu trop abusé de la boisson du coin. Ce n'était pourtant pas la quantité... mais bon, elle était de petite stature. Elle avait visiblement très sommeil et s'inquiétait de savoir si c'était elle qui avait déclenché tout ce bazar, pour se mettre ensuite à présenter frénétiquement des excuses en s'accrochant à la main du jeune homme.
Aussitôt, des alarmes s'allumèrent dans l'esprit de celui-ci, lui signalant la proximité inhabituelle d'un membre de cette espèce de créatures semi-mythiques et assurément cryptiques que sont les femmes. Dans un premier temps, il rougit en gargouillant :

« Ben, euh... bah... ghhh... »

La conscience rappela qu'en tant que créatures à la perfection transcendantales, les femmes ne devaient pas être approchées par un minable comme lui. Le cerveau interne, plus primitif, répondit à cela qu'il serait temps de s'occuper de choses bassement matérielles comme la reproduction. Bien sûr, il présenta les choses sous un exposé simplifié qui se résumait à : « Baiseeeeeer !!!! »
La conscience entra donc dans une phase défensive et monopolisa l'ensemble des connexions nerveuses avant que le cerveau interne ne puisse en prendre le contrôle.
Heureusement, la moelle épinière d'Azra avait évolué avec le temps, apprenant à se doter d'une conscience propre quand le centre de décision se mettait à faire l'andouille comme ça. Elle détourna court-circuita toutes les communications et le nécromancien passa en mode zombie, entièrement automatisé le temps de passer cette période de crise majeure.

« Bien sûr que non, ce n'est pas de ta faute. Et puis, ça fait du bien aux gens d'extérioriser. Tu as raison, nous avons tous sommeil. »

Elle murmura que c'était peut-être le mauvais repas qui avait posé problème également. La voix d'Arek retentit alors pour la première fois depuis longtemps :

(Je me demande ce qui lui arrive... Son comportement ressemble à celui de quelqu'un qui a quelque chose à confesser. Peut-être un jour... tu es un genre de prêtre après tout...)

Mais comme la conscience d'Azra commençait à peine à se remettre en fonctionnement, il n'y prêta pas attention. Ayant mené la fille en rouge à l'étage, il se demanda un instant ce qu'il faisait là, puis, incertain :

« Hum... tu sais quelles sont nos chambres ? »

Toujours à moitié zombie, il tendit sans faire attention une main et poussa la porte la plus proche, au hasard.

Rosie n’étant guère en état de se montrer difficile et n’ayant pas plus que ça le souci du confort, répondit lentement au jeune homme frêle, peu avisée de son malaise.

« Peu m’importe quelle chambre... je dors sur le plancher... Je partage. Je suis une bonne personne.»

Il s’avérait, étonnement, qu’elle avait plus souvent dormi dans la poussière que dans un vrai lit depuis les derniers mois et s’y sentait pratiquement plus à l’aise. Progressivement elle prenait de ses habitudes irrégulières sans vraiment s’en rendre compte. Dès qu’elle trouva une pièce qui lui semblait convenable, elle s’installa donc dans un coin, sortie sa cape rouge et se recroquevilla entre ses plis à l’odeur familière.


« Je dors bien avec Mérové. » Ajouta-t-elle pour elle-même.

Elle ferma les yeux en attendant que son gros compagnon velu la rejoigne pour qu’elle se blottisse dans son pelage. L’ours n’allait justement pas tarder.

Juste avant d'arriver sur le pas de la porte de la remise, la sombre trouva l'objet de ses désirs, un couteau. Passant le doigt sur le fil, elle aperçut sans nul l'ombre d'un doute le tranchant de celui-ci... Seulement, elle savait fort bien qu'il ne servait qu'a couper de la chair, contre une armure ce couteau servirait aussi bien qu'un cure-dent. Une fois à la porte de la remise, elle marqua un temps d'arrêt pour écouter les ronflements réguliers des hommes pâles et vérifier qu'elle n'avait pas troublé leurs repos.

(Tic-Tac, l'aube approche et tu n'as pas autant de temps que tu le crois... Imagine que le général à mis une escorte pour vérifier que tu t'en vas effectivement...)

Faerlynle n'avait pas tort, elle devait se hâter, mais sans pour autant négliger de prendre ses précautions. Marla ouvrit doucement la porte de la remise et ne la referma pas, laissant celle-ci entrebâiller pour son chemin retour.

Elle déclara d'un air absent qu'elle était prête à dormir par terre. Azra répondit d'une voix pâteuse en entrant dans la chambre.

« Pas très confortable... moi je ne refuse pas un lit si on me l'offre, mais c'est vous qui voyez. »

Puis, il ajouta, totalement sans arrière-pensé car encore sous le contrôle de la moelle épinière :

« Si vous voulez une place, je dois pouvoir vous en laisser une petite... »

Mais sans attendre de réponse, il tituba jusqu'au lit en question sans même refermer la porte et s'effondra dessus. Il dormait avant même de sentir l'impact.
Dans les ténèbres de la nuit, Chandakar lui apparut, comme d'habitude. Mais pour une fois, l'échange fut bref :

(Azra, notre grand destin t'appelle ! Je...)

(La ferme, je dors.)

Et, chose incroyable, la liche obéit. Et il dormit d'un sommeil sans rêve jusqu'au matin.