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La fille à la capuche rouge explosa subitement, s'énervant des commentaires du jeune homme et prétendant qu'il se comportait en enfant et ne savait pas où étaient ses alliés. Qu'il n'avait que de mauvaises paroles à la bouche. Bientôt, elle s'effondra, désespérée. À la surprise du garçon, elle était parfaitement consciente de la gravité de la situation et se sentait dépassée.
« Pourquoi faut-il que tu le mentionnes à chaque fois que nos plans échouent, où que quelque chose tourne mal? On le sait qu’on est une poignée minuscule, qu’on apporte aucun renfort qui en vaille la peine, qu’on va tous mourir. Pourquoi faut-il que tu le dises tout haut, que tu nous le rappelle et que tu mines la moindre étincelle d’espoir qui nous reste. C’est notre seule arme valide que nous ayons encore pour contrer l’abandon… le désespoir… la fatigue... l'incertitude...»
Elle retomba dans son siège, épuisée. Mathis fut le premier sur elle, affirmant qu'il ne fallait pas perdre espoir et que, peu à peu, par petits groupes, avec de petites actions, ils pourraient finir par retourner les choses. Il termina par un commentaire incisif sur l'impolitesse du nécromancien. Azra n'y tenait plus. Pas question de laisser remettre en cause son désir d'aider ce monde. Il ne savait même pas pourquoi il était venu. Il avait tout à y perdre et rien à y gagner. En fait, d'une certaine manière, Rosie avait raison : il était perdu et désespéré. Juste, pas pour les raisons qu'elle imaginait.
Il se leva et s'approcha d'elle en ignorant Mathis, et il parla d'une voix dont le calme et la douceur le surpris lui-même :
« Voilà bien des paroles sages que je n'attendais plus... Peut-être ne sommes-nous pas une bande d'inconscient qui vont aveuglément à la mort, si tu es capable de voir la situation comme elle est vraiment. Ce n'est pas l'espoir qui nous fera gagner... mais le désespoir nous fera perdre à coup sûr. Le danger, il va falloir s'y faire. Je ne sais pas pour toi, mais la mort est une vieille compagne à plus d'un titre, pour moi. Si tu en as conscience, c'est une bonne chose, mais ne la laisse pas t'arrêter pour autant. Car dans ce cas, nous avons vraiment perdu. »
Il soupira tristement et jeta un regard autour de la table, particulièrement appuyé pour Mathis et Honoka :
« Je revendique mon droit à faire de l'humour noir. Je livre le plus grand combat qu'un homme puisse mener, et j'ai renoncé à ce qui était peut-être mon seul espoir de victoire pour venir ici. Que personne ne remette en cause ma volonté d'aider. Nous allons partir là-bas, et montrer aux hommes-pâles qui nous accompagnerons ce qui se prépare. Nous allons rallier tous ceux que nous pourrons, et y passer le temps qu'il faudra. Si l'armée d'Oaxaca croit pouvoir s'approprier sans peine un monde divisé où aucun peuple ne sait ce qu'est la guerre, nous allons lui montrer qu'un petit caillou peut faire trébucher même le plus grand des géants ! »
Il se tût finalement, et se laissa retomber, épuisé et rougissant, constatant que sa voix s'était beaucoup élevée sur la fin du discours et que tout le monde le regardait. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Dans sa tête, Chandakar commentait d'un air appréciateur :
(Pas mal. Ça manquait un peu de figure de style, mais la conviction était là. La prochaine fois, cependant, prévient moi avant, que je te concocte un texte un peu plus grandiose. L'ouverture sur l'humour noir ne valait pas tripette.)
Gêné, le jeune homme but un verre pour s'humidifier la gorge et se donner une contenance. Puis, il conclut d'une voix gênée :
« Faites ce que vous voulez. Moi, je partirais pour Jesuir et tenterais de convaincre ses habitants, s'il en reste. Sinon, il y a d'autres villes. J'irais aussi. J'ai une carte. C'est toujours ça de pris. »
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David le nerd
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