J'avais vu l'état du ciel autant que la seconde interlocutrice toujours montée. Oui, la neige ne tarderait pas à tomber, sans doute, possiblement, à vrai dire la neige n'était pas vraiment chose courante sur le Naora et j'espérais vraiment ne pas avoir à y faire. Je me pris une réprimande salace par la jeune borgne, sur le point du repas elle n'a pas totalement tort, mais je ne vois pas lui expliquer que l'idée était d'Astinor, pas de moi à la base. Ils partent pour la capitale des hommes pâles, Andél'Ys, si je me souviens bien, les sans-magies de ce monde. D'une certaine manière, cela tombe bien, j'avais fixé comme première piste la forêt à l'Ouest de cette ville. Si elle connait le chemin, il serait plus simple qu'on parte ensemble. Reste le soucis de Therion, à qui le rendez-vous a été donné au coucher du soleil, et il s'en faut de plusieurs heures encore. Nous pourrions partir à sa recherche, mais il pourrait être n'importe où dans la plaine ou dans la montagne autour de la ville et le temps à le chercher serait mieux utilisé à autre chose, genre se renseigner mutuellement sur ce que nous avons pu apprendre.
(Elle a osé dire quoi là ?) (Elle nous prend pour des traitres, manquait plus que ça.)
Sa dernière phrase, prononcée en Ynorien, explique d'un coup beaucoup mieux la remontrance que je viens de prendre et le choix posé. Il m'est difficile de réfléchir, tandis qu'Astinor hurle dans ma tête, voulant à tout prix que je venge notre honneur. (Elle t'a traité de traître !) (Elle ne nous connait pas !) (Tu vas voir. Une bonne baffe et s'tout !) (Diplomatie, tu connais ?) ('sert à rien. Un bon poing dans la gueule pour prouver qu't'es la plus forte !) (Ou pour prouver qu'elle avait raison.) (En quoi défendre son honneur c'est traître ?) (Frapper un allié, c'est être traître !) (C'est payer ses dettes !)
Inutile de discuter avec elle, il faut juste que j'évite de la laisser faire. Je respire à grand coup pour garder mon calme et verrouille l'accès à mon corps. C'est vraiment pas le moment qu'elle s'emporte, elle nous a déjà causé assez de soucis en tapant sur le nobliau à l'entrée.
(T'inquiètes, je la musèle, mais fait vite !)
Profitant du court répit offert par ma faera, je me lance dans une demande rapide en langage commun :
"Nous avions dit à la tombée de la nuit. Therion ne comprend pas le langage commun et je doute qu'il sache lire. Je ne peux pas lui laisser d'instructions écrites. C'est une brute, comme tout ceux de sa race; mais il déteste les Garzoks autant que nous."
(Magne ton cul !)
Je décide de sauter directement au final, de manière à poser la décision avant qu'Astinor fasse l'andouille, que ça soit par ma voix ou pire, par mes mains.
"Je viens avec vous. Mais on lui laisse une piste qu'il pourra suivre."
(Idée à la con. Suivre celle qui a pas confiance, ou attendre le loup de meute.) (Ils dormiront cette nuit. Therion pas, il nous rejoindra cette nuit !) (En même temps, j'm'en fous du toutou !)
L'autre Ynorien semble convaincu que nous laisserons une trace avec la neige. Je décide de lui faire confiance, mais me décide quand même à laisser des marques plus tangible de notre passage pour le Liykor. Il connait mes pouvoirs de druide, je devrais pouvoir faire des pistes valables, compréhensible par lui.
(J'ai toujours faim.) (Moi pas. T'attendras ce soir !) (Gnagnagna.)
Pendant qu'Astinor part bouder dans un coin de mon esprit, je saute d'un bon souple sur le dos d'un Harniän manifestement ravi de me sentir dessus, et pas la jeune borgne.
"Anata ga arui te tōku shutoku suru koto wa arimasen." 1
Je m'entends prononcer cette parole en Ynorien, et non en langue commune. Je n'ose pas croire que je viens de me faire trahir par ma propre faera, qui d'ailleurs ricane dans mon esprit avec Astinor.
(Au moins, elle sait que tu sais être civilisée.) (T'avais rien de mieux comme idée ?) (Si, peut-être...) (T'es une peste quand tu veux.) (Leona me disait ça tout le temps... J'ai toujours trouvé ce pouvoir de traduction vraiment marrant.)
Je soupire, ce pouvoir des langues est très utile, dommage que je ne puisse pas le contrôler et qu'il dépende d'une autre âme que la mienne. A chaque pouvoir ses désavantages disait mon père, et manifestement, il savait de quoi il parlait.
"Tu peux prendre quelques minutes pour aller te chercher un cheval, ou une charrette pour deux, voire même pour monter sur l'un de nos deux chevaux. J'attendrais ce soir pour manger."
Disant cela, je trouve le moyen d'accrocher ma proie par une corne à une sangle de mes sacs de monture.
--------------- 1) Tu n'iras pas loin à pied.
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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