Mon irrésistible charme avait opéré une fois de plus, puisque le jeune nécromant plutôt agressif dans sa précédente demande sembla plus calme et alla jusqu’à me remercier gentiment. Je ne fis aucune remarque et laissai ce dernier examiner le précieux document, rejoignant de mon côté le petit sinari et l’élégante princesse.
A mon arrivée à leurs côtés, ils étaient en pleine conversation. Je me contentai donc de ramasser quelques bouts de pain et quelques morceaux de viande. Je pris également quelques pommes, destinées à ma Bella que je rangeai immédiatement dans mon sac.

Après avoir mangé ma pitance, tout en silence, me contentant d’admirer les magnifiques yeux noisette de la princesse, je partis en direction des montures afin de m’occuper de ma brave jument. Cette dernière leva la tête à mon arrivée et mordit à pleines dents les succulentes pommes que je lui tendis. Après l’avoir brossé consciencieusement et ajuster convenablement les besaces et équipements, je montai en selle.

Après une nuit de repos, bien que mouvementé en rêve, j’étais dispos à prendre de nouveau la route.

Attendant patiemment que les autres veuillent bien se préparer au départ, Azra observa ses compagnons. La shaakt était toujours immobile, Rosie n'était toujours pas levée, Sirop discutait avec la princesse, la princesse... et bien elle discutait avec Sirop. Le regard du garçon s'arrêta sur Honoka. Elle était si belle... mais que pouvait espérer un pauvre paysan doublé d'un mendiant ?
Il vit Mathis qui ramassait des pommes avant d'aller s'occuper de sa monture. Difficile de ne pas remarquer les regards qu'il jetait à la belle.
Cela fendait littéralement le cœur du garçon. Pour une fois, il aurait aimé que son sens de l'observation soit moins développé.

(Ce n'est pas à travers une quelconque princesse que tu accompliras ta destinée...) ricana Chandakar.

(Sans doute. Mais ça me fait mal.)

(Tu es trop fragile. Endurcit toi ! Les ténèbres accordent leur pouvoir même aux pauvres, mais pas aux faibles.)

(J'aimerais croire... je ne sais pas... quelque chose...)

(Tu aimerais croire qu'une autre voie que la mienne t'est possible. Mais c'est faux. Tu n'es déjà plus vraiment humain.)

Avec un soupire douloureux, le jeune homme répondit :

(Peut-être, mais je le resterais aussi longtemps que possible.)

Il se dirigea vers Mathis, la mine sombre. Rendrak s'étonna :

« Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as un problème ? »

« Je suis moi-même mon propre problème. »

Arrivé devant le bellâtre, le nécromancien lui déclara calmement :

« Ton intérêt pour la princesse n'est pas très discret. J'imagine que tu ne me vois pas comme un rival, l'idée même doit te paraître aussi ridicule qu'à moi... »

Il se pencha vers l'homme :

« Mais il y a toute de même une chose que je peux faire : garantir sa sécurité. Hélas, la moitié du camp préférerait se débarrasser de moi. Je ne voyagerais peut-être plus longtemps avec vous, et alors, ce sera à toi de la protéger. »

Sa voix était maintenant tranchante :

« Soit sûr que si tu échoues, s'il quelqu'un touche à un seul de ses cheveux, tu n'auras nul part ou te cacher. Ni ta mort, ni la mienne ne te mettront à l’abri de ma colère. »

Alors que je venais tout juste de prendre place sur Bella, Azra arriva à ma suite m’apostrophant sans préambule, me reprochant de porter trop d’intérêt à la ravissante princesse. La jalousie traversait tous les pores de sa peau, ce qui me fit sourire bien malgré moi. Il m’informa de son intention de protéger la princesse et me mit en garde de faire de même. Ignorant sa menace, les sourcils relevés marquant la surprise, je lui donnai la réplique :

« Quel mal y a-t-il à admirer la beauté ? »

Je pris une petite pause, esquissant un sourire amusé avant de rétorquer :

« Effectivement, je n’ai imaginé aucune seconde que vous aviez l’étoffe d’un rival. »


Ma remarque exprimait avec sincérité ma surprise. Je ne comprenais pas le changement soudain de comportement de ce nécromant. Quoiqu’à bien y penser, il était encore un enfant dans un corps d'homme, il n’avait sans doute pas encore trouvé sa voie. L’emploi du vouvoiement de ma part s’avérait volontairement choisi. Non pas que je voulais exprimer mon respect, mais plutôt lui signifier qu’une distance demeurait entre nous et que je n’avais pas l’intention de le considérer comme un ami, pas avant qu’il aie prouvé qu’il était digne de confiance.

Puis reprenant un air un peu plus sérieux, je poursuivis :

« Vous devriez davantage vous préoccuper de la guerre qui sévit sur Aliéanon. Et c’est comme alliés et non rivaux que nous devrons l’affronter. »

Je jetai alors un regard vers le capitaine qui venait tout juste de donner le signal de départ.

« Venez donc faire un bout de chemin à mes côtés, je suis curieux de savoir comment vous vous êtes procuré une si singulière monture ! »

Je laissai donc le capitaine Hirotoshi prendre les devants accompagné de la princesse et de sa garde du corps, et je donnai un petit coup de talon à ma brave Bella lui signifiant mon désir de débuter la marche. L’épaisseur de la neige tombée ne semblait pas déranger outre mesure ma monture.

Visiblement surpris et un peu benêt, Mathis répliqua :

« Quel mal y a-t-il à admirer la beauté ? »

Avant d'ajouter qu'il ne considérait en effet pas Azra comme un rival digne de ce nom. La rage qui saisit le garçon était si froide qu'il ne réagit aucunement. Il avait juste le sentiment de quelque chose qui s'effondrait.

(Ne t'avais-je pas prévenu ?)

Le Kendran blond déclara ensuite qu'il fallait se préoccuper d'Aliaénon, avant de changer sans transition, demandant comment Azra avait eu Ombos.
Rendrak s'agitait derrière, visiblement mécontent des paroles de Mathis. Azra n'y prêta pas attention. Le liykor ne pouvait rien faire qui aille contre sa volonté. Il se contenta de lâcher d'un ton neutre et froid, fidèle à ses demi-mensonges.

« Comment j'ai obtenu Ombos ? Les braves citoyens d'Omyre m'ont envoyé me faire tuer à l'arène. J'ai vaincu un cavalier zombie et dompté sa monture. J'ai ensuite été blessé et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, j'étais dans une mangeoire, destiné à servir de nourriture aux loups de l'armée omyrienne. Je n'ai échappé à ce destin que parce que le loup en question faisait parti du groupe et m'avait protégé. Je me suis enfui sur son dos, j'ai récupéré mes équipements sur les palefreniers, après avoir recommandé leurs âmes à Phaïtos, et j'ai quitté la ville. La beauté ne m'aurait été d'aucun secours. »

Le visage fermé, il ajouta :

« La beauté... ce n'est qu'un privilège offert aux uns et interdits aux autres. Je préfère le dieu corbeau à Yuia. Lui, au moins, met tout le monde à égalité. »

Il soupira :

« Vous avez entendu mon avertissement. Maintenant, comme vous dites, revenons à cette expédition. »

Il préféra se détourner, incertain de ce qui se passerait si ses nerfs lâchaient.

Il ne restait que Marla. Elle ne semblait pas vouloir bouger pour rejoindre les autres dans la tente. Rosie trouva la situation inconfortable, intimidée de se retrouver seule en sa compagnie. Regardant partout sauf en sa direction elle espérait ne pas avoir à converser avec elle. Elle n’eut pas à le souhaiter plus longtemps, la drow indiqua ses limites rapidement.

« N'approche pas si tu veux vivre! Que personne ne nous touche! »

Ses paroles étaient plutôt claires. Rosie qui commençait à s’habituer au tempérament agressif de l’elfe noire ne s'en serait pas trouvé dérangée par cette presque menace si une créature de verre n’était pas venu se poindre dans le visage de la drow. La semi-elfe dû étouffer une exclamation en voyant la chose, mais suivant les directives, ne bougea pas. Si Marla se souhaitait ainsi, c’est qu’il n’y avait pas de danger pour elle. Toutefois, ce n’est pas le genre de spectacle qui allait aider Rosie à monter son estime qu’elle avait d’elle. Ne pouvant complètement caché son dégout, elle observa le manège de la chose un temps, mais s’en détacha lentement. Cédant plutôt son attention au sabre qu’elle voulait peut être s’octroyer, non sans un léger malaise.

Cela faisait déjà un bout de temps que les derniers guerriers c’étaient retirés. Maintenant que Marla ne bougeait plus, Rosie pouvait enfin se donner le droit de respirer plus librement. Le silence de la nuit qui au début avait semblé pesant s’avérait désormais être apaisant. Le sabre du sergent toujours entre les mains, elle commença distraitement à s’amuser a faire jouer la lumière des flammes sur sa lame argentée, observant sans grande attention le feu y danser. Ses pensées étaient tourmenté par le choix de garder ou pas une telle arme.

Quelques bruissements lui faisaient parfois lever la tête, mais à chaque fois, elle ne pouvait que constater que seul le vent en était l’auteur. Doucement, de petits flocons de neige commencèrent à descendre du ciel noir apportant avec eux une nouvelle vague de frissons. Pour se garder éveillée et pour se changer les idées alors que le froid qui lui grugeait les orteils, la semi-elfe commença à chantonner tout bas quelques notes timides, jetant à tout hasard des regards inquiets en direction de la shaakt. Elle s’inventa quelques mélodies, n’ayant plus souvenir d’aucunes chansons qu’elle aurait pu avoir appris avant qu’elle ne demande à se faire effacer la mémoire. Peut-être chantait-elle des chansons qu’elle avait connues, guidée par un instinct profond? Même si cela avait été le cas, elle ne pouvait pas vraiment le savoir.

Alors qu’elle commençait à épuiser son inspiration, elle repéra un mouvement venant de la yourte des aventuriers. Le Liykor en émergea. La jeune femme se leva pour lui faire face. Elle avait toujours en main le sabre du sergent qui à partir de cet instant fut désormais siens, redoutant par-dessous tout, une attaque.

Il s’en avéra tout autrement. Il lui proposait de prendre le relais. Rosie demeura interdite un instant se demandant si elle pouvait vraiment se permettre de lui laisser la garde alors qu’elle hésitait toujours à faire confiance à son maitre. Toutefois, elle était tellement soulagée à l’idée de pouvoir fermer l’œil un brin qu’elle était pratiquement prête à prendre le risque. Rapidement, sa méfiance cédait sa place au désir de se blottir dans un coin et de fermer les yeux. Dire que la veille, elle avait failli succomber au sommeil épuisée de sa journée de cheval périlleuse et voilà qu’elle était désormais celle qui veillait le camp. Elle soupira puis lentement, évalua le Liykor d’un regard flou et c’est en se mordillant la lèvre qu’elle accepta le relais d’un signe de tête. Doucement elle se leva de son siège, non sans jeter un coup d’œil en direction de la Shaakt qui n’avait toujours pas vraiment bougé depuis longtemps. La semi-elfe se demandait bien si elle devait avertir le mort-vivant à propos de ce spectacle auquel elle avait assisté plus tôt dans la nuit juste avant que la drow ne tombe dans un silence de mort pour la nuit. Jugeant qu’il était défavorable pour le l’union du groupe de donner une arme de suspections au nécromancien, elle s’en abstint. Elle crut toutefois utile de mentionner tout bas l’avertissement quasi menaçante que la drow lui avait envoyé.

« Elle ne veut pas être dérangée ni approchée. En d’autre cas, elle ne répondra pas de ses actes… C’est elle qui le dit.»

C’était une façon moins agressive de répéter ce que Marla lui avait vraiment dit. Rosie préférait sa propre version, bien que toujours menaçante. Sur ce, elle laissa le peu qui restait de la nuit à l’imposant Rendrak.

Elle ne fit que quelques pas avant de s’arrêter devant la masse ronflante de Mérové qui dormait enroulé sur lui-même, les pattes bien à l’abri sous son corps. La jeune femme jeta un œil à la yourte puis à son compagnon, encore vers la yourte pour finir de nouveau sur l’ours. Elle sourit légèrement et vint se blottir contre le flan de l’animal dont l’épaisse fourrure avait été réchauffée par les flammes dansantes du feu de camp. La semi-elfe vit cela comme un compromis, voyant la possibilité de garder un œil sur le Liykor tout de même. L’ours posa sa lourde tête sur elle. Recroquevillée, Rosie disparut soudainement complètement sous sa cape de fourrure. Délivrée de sa garde nocturne, elle se laissa bercer par les respirations lentes de l'ours endormit et dans un soupir, elle sombra dans un sommeil profond et sans rêve; Le néant noir d'une nuit trop courte.


Le lendemain, des bruits de pas dans la neige et l'écho de plusieurs voix non loin la tirèrent doucement de ses songes. Elle ne daigna toutefois pas ouvrir les yeux, voulant profiter encore un peu de son repos à l'intérieur de son cocon de chaleur. Elle replia d'avantage ses jambes contre elle.


C'est les délires de la Shaakt qui achevèrent de la réveiller la poussant à ouvrir enfin les yeux dans une obscurité chaude. Résignée à se lever, elle repoussa sa cape de fourrure D'un mouvement lent pour y découvrir une lumière étincelante et agressante. Éblouis, elle plissa les yeux tout en laissant échapper un léger râlement de mécontentement alors que le vent glacial vint lui mordre violemment le visage. Il lui fallut faire preuve d'une volonté surhumaine pour ne pas retourner se replier dans sa cachette. Elle se leva donc péniblement, se maudissant de sa générosité de la veille et s'empressa de plaquer contre elle sa cape dont l'intérieur avait gardé sa chaleur. La jeune femme fit quelques pas incertains laissant derrière elle un Mérové ronflant sous une fine couche de flocons, le feu de camp les ayant épargnés de la neige fraichement tombée.


Les yeux trahissant son sommeil qui pesait encore lourdement, Rosie vint s’asseoir plus près du feu en l'attente d'un départ imminent. Elle garda sa ration du matin pour Mérové. Faible portion pour un ours, mais toujours mieux que rien du tout. Il saura bien se trouver autre chose par la suite.

Le campement commençait à s’affairer autour d'elle, peu d'entre eux était encore retenu dans une douce torpeur. Seulement, Marla était dans une fureur noire, elle avait déjà ressentit cet accès de colère dévastateur des années auparavant, ce qui a valu la destruction totale d'un comptoir marchand par des flammes aussi noires que les abysses. Elle avait besoin de repère, bien qu'adepte du chaos, la prêtresse était perdue avec cette voix tout droit sortie de son esprit. Elle sortit donc la carte du monde de son piwafwi et la déroula sur la croupe du cheval.

Dans les plaines Ynoriennes les menant à Andel'Ys, c'est en examinant avec attention la copie de la carte fait la veille, qu'elle vit Nogarim, cette soit disant citée légendaire. Il y avait quelque chose de troublant. Pourquoi une citée légendaire était déjà cartographié? Généralement, ces cités sont légendaires parce qu'elles sont perdues...Alors pourquoi était-elle déjà sur la carte? Elle reporta son attention sur le chemin qu'elle allait devoir parcourir avant de rejoindre Esseroth.

Que devait-elle faire? Réunir les différentes cités de ce monde? Même s'ils ne connaissent rien à la vilenie des shaakts, qui accorderait sa confiance à une étrangère? Suivre l'omyrien et lui trancher la gorge à la première occasion? D'autres opposants se dresseront, elle en était sûre. Aller en direction de la citée légendaire? Et que ferait-elle une fois là-bas? Et si elle était encore habité? Rejoindre le front et faire barrage aux suivant d'Oaxaca serait plus dur. S'infiltrer dans les lignes ennemies? Hors de question de renier Valshabarath et de vénérer sa fille qui n'a pas le quart de sa puissance.

(De nombreuses questions, mais sont-elles bonnes?)

(Qui es-tu exactement?)

(En voilà de bonne question! Mais des questions auxquelles je ne peux répondre. Mais si tu veux savoir quoi, sache que je suis plus vieille que les shaakts, que je suis éternelle et que ta mère et sa mère avant elle n'étaient pas digne de me rencontrer. Par contre, j'ai très bien connu celle qui fonda la maison Maev'ar...Ou ce qu'il en reste)

(Tu as connu Faerlynle T'rilynnillee Maev'ar? Mais il y a de cela presque dix-sept mille ans! Dans les premières années de Khonfas! C'est impossible!)

(Apprend à écouter Yathrin...je suis éternelle! Et oui à quelques siècles près, c'est cela, tu connais bien l'histoire de ta famille...)

(Elle a décidé d'établir la citée avec Kelnozz Rylktar, dit l'invisible, il devint même son conseiller par la suite.)

( Maintenant tu en sais un peu plus sur moi yathrin...ahahahahaha!)

Marla ne savait pas quoi répondre face à cette révélation, la bouche grande ouverte, l'esprit embrumé, le bout battant la mesure, sa respiration saccadée et ses genoux flageolants, la shaakt manqua de peu de s'écouler sur le sol. Elle se rattrapa à la selle de son cheval tout en froissant la carte qu'elle avait toujours dans sa main. Elle avait vraiment perdu l'esprit. Pourquoi penser à ses ancêtres tout à coup? Cela n'avait aucun sens.

( Il suffit jeune imbécile, je t'avais déjà dit d'arrêter avec ce genre de pensée idiote. Je suis ce qu'on appelle une Faera, un être ancien, presque aussi vieux que les dieux, composé de fluide, j'ai connu bien des mondes et bien des maitres, j'ai également porté une multitude de noms....)

(Et pourquoi venir me parler de cela? Quel est le rapport avec moi?)

( D'après toi quel était le souhait de Faerlynle T'rilynnillee?)

(Simple que notre maison domine les autres!)

(Vrai pour chaque maison, mais non...En ces temps-là, les maisons nobles étaient principalement des écoles, sorcellerie, fait d'armes, commandement, roublardise...Toutes avaient besoin les unes des autres pour exister. Et ton ascendante avait pour but de rallier tout les shaakts en une seule et même maison. L'œil de l'emblème de la maison Maev'ar qui est également sur ton médaillon, est une partie du symbole de la maison Do'tyl, aujourd'hui oublié comme le veut la tradition.)

(Alors pourquoi en parles-tu?)

(Ton ancêtre voulait réunir les maisons sous une même bannière, faire trembler le monde de la surface, qu'ils n'oublient pas leur peur de ce qui se cache dans les tréfonds du monde. Une seule et même maison, une seule et même voix. Aujourd'hui, ta maison est en proie à une scission et au bord de l'extinction.)

( Une scission?)

(Tes frères adoraient déjà Oaxaca et ta mère pensait à la rejoindre...)

Cette déclaration brisa la concentration de Marla, la faisant reprendre le contrôle sur la réalité, juste assez pour qu'elle se rende compte que tout le monde levait le camp. Elle enroula la carte et la cacha dans les plis de son piwafwi avant de remonter en selle. Son cheval noir commençait déjà à avancer quand elle monta dessus. Plus troublé part les dernières déclarations qu'en colère, elle ne savait plus quoi penser. Elle se mit en route, fermant la marche de l'expédition.

Finalement, le camp fut levé et le chemin vers Andelys commença. Rendrak s'approcha pour murmurer à Azra. Rosie lui avait glissé la nuit dernière que la shaakt ne voulait pas être dérangée.

(C'est plutôt compréhensible.) lança Arek, d'un ton amusé.

(Que veux-tu dire ?)

(Elle se découvre une faera. Pour avoir été choisie, c'est qu'elle doit être quelqu'un d'exceptionnel...)

Le garçon contint un mouvement de surprise. Une faera ? Comme... une autre Arek ? C'était juste... stupéfiant ! Il se contenta cependant de répondre une pensée maussade :

(Exceptionnellement folle, oui...)

(Je devrais peut-être lui parler, lui demander des explications...)

(Apparemment, elle ne veut pas être dérangée... enfin bon, on verra, pour l'instant, j'ai une autre discussion plus importante à mener.)

La progression dans la neige n'était pas des plus aisée, et Ombos était une monture somme toute assez basse. En revanche, il était taillé pour les terrains difficiles et se jouait sans peine de la neige. Le jeune homme n'eut donc aucune peine à rejoindre Karin pour lui dire :

« Salut. Écoute, je suis un peu inquiet. Il est impossible de te faire entrer dans la ville, on serait immédiatement rejeté. Du coup il y a deux solutions : soit toi et tes hommes attendez à la sortie pour qu'on vous prenne en bateau, en espérant que les marins vous laissent monter, soit on file à pied ensemble vers Jesuir. Le problème, c'est que ça va être un sacré voyage, long et dangereux. Penses-tu que toi et tes hommes pourriez passer pour de simples mercenaires et embarquer ? Ou préfères-tu tenter le voyage à pied ? »

Pendant les heures de chevauchée qui suivirent, Marla ne cessait de ressasser ce que la Faera venait de lui dire. Sa mère avait donc failli, sa maison entière n'était plus que l'ombre de ce qu'elle était jadis, une des pionnières de la citée de Khonfas. Elle-même n'était pas digne d'être de la maison Maev'ar. Comment aurait réagi son ancêtre si elle savait ce qu'était devenue sa maison? Qu'aurait fait son ancêtre?

(Cela je peux te le dire, mais je doute que tu veuilles savoir...)

La sombre ne savait plus quoi penser, elle était déjà accablée par les dernières nouvelles. Rien ne semblait pouvoir lui remonter le moral, elle avait le poids de sa maison sur les épaules, sa lignée entière la regardait. Elle ne voulait qu'une seule chose, tuer un maximum de servant d'Oaxaca pour laver le nom de sa maison.

(Je pense que c'est un bon plan pour commencer Yathrin, mais avant cela il y a un contrat que tu te dois d'honorer!)

( Pourquoi me suis-tu?)

(Parce que je sais bien des choses, de nombreuses institutions se sont élevées avec moi, mais oublie cela pour le moment sinon l'avenir changera)

(Tu vois l'avenir?)

(Je le décrypte plutôt, l'avenir est un torrent furieux qui change du tout au tout, si je t'en révèle trop, il se peut que tu meures bien plus rapidement...ou bien plus tard..Bref, n'y pense pas puisque cela est un tout qui te dépasse et même moi...)

Les explications de la faera laissèrent Marla vagabonder dans des probabilités folles et elle comprit ce que voulait dire celle-ci, elle laissa de côté ces dangereuses pensées préférant se concentrer sur la discussion avec celle-ci.

(Donc le pacte Yathrin, celui-ci se conclut par un nom.)

(Un nom?)

(Oui, je serai tienne si tu parviens à me nommer, je sais également parler de nombreuses langues, même celles qui ont disparu ou venant d'autre monde. Je sais également de nombreuses choses qui pourront te servir...et ici, à part moi...tu n'as personne...)

Elle marquait de nombreux points, elle était un avantage de poids pour la shaakt, elle se voyait déjà demander à sa faera de surveiller ses arrières en permanence.

(Tu peux oublier ce souhait Yathrin, cela fait partie de tes propres épreuves de survivre...)

(Donc tu te vois comme un guide, une personne qui saura redonner à la maison Maev'ar sa gloire datant?)

(Un guide oui...c'est à peu près cela)

( Et quoi de mieux que Faerlynle T'rilynnillee? Être guidé par une de mes ancêtres, je ne vois pas de meilleurs noms. Qu'en penses-tu?)

(Je pense que celle-ci en serait honorée, fille des Maev'ar.)

Un sourire en coin illumina le visage penaud de la shaakt, elle s'autorisa à regarder autour d'elle, la neigé était toujours présente et l'aveuglait, le paysage n'avait presque pas changé, l'expédition avançait sans peine. Savaient-ils seulement ce qui se tramait dans l'esprit de la shaakt?

Alors que Sirop écoutait d'une oreille de moins en moins concentrée les petites explications de la Princesse Honoka sur la cité Andel'ys, la Shaakt attira encore l'attention sur elle en beuglant soudainement. Le nécromancien la réprimanda tout de suite et le Sinari approuva d'un indiscret hochement de la tête et les sourcils fronçés. Contre toute attentes, il commençait à apprécier ce sombre individu finalement...

Les explications de la Princesse terminées, Sirop ne put s'empêcher de passer du coq à l'âne :

"Et sinon, comme vous avez des pommes, vous auriez pas du clafoutis, par hasard ?"

Aussitôt sa stupide question formulée, Sirop, les lèvres pincées, ouvrit de grands yeux paniqués et surpris. Mais que diable demandait-il à LA Princesse ?
Pour se rattraper, il émit un rire très forcé en ajoutant :

"Ah. Ah. AH. Je plaisante bien sûr..." Il montre la pomme qu'il lui reste dans la main et se lève nerveusement. "Je vous prie de m'excuser, j'ai dis à mon vaillant Crindor que je lui en apporterais une hier soir..."

Et il laisse la princesse ainsi non sans jeter un regard autour de lui pour s'assurer que personne n'avait entendu sa nouvelle bourde. Il s'approcha de son cheval et lui donna la pomme en levant bien haut le bras :

"Tiens, mon vieux, tu dois avoir faim." dit-il par compassion à Crindor qui la dévora en une bouchée gourmande.

En effet, il devait être dur de trouver de quoi brouter par ici...

Ils reprirent leur voyage peu après. Voyage qui s'annonçait calme et paisible au grand bonheur ou au grand malheur du petit Hobbit. Tout n'était que blancheur aveuglante autour d'eux et comme hier, Sirop se mit en effet très vite à s'ennuyer ferme malgré la paix rassurante du périple.
Il avait en outre, l'impression fort désagréable d'avoir oublié quelque chose nécessaire à sa matinée mais il ne savait pas quoi... Il avait crut à un moment qu'il s'agissait de gourdes qu'il avait ramassé mais il les avait bien toutes mises dans son sac juste avant de partir. Alors qu'était-ce ?
Non-désireux de se prendre la tête bien longtemps, le petit Hobbit regarda ses compagnons avant de rester bloqué sur le beau et classe Mathis.
Sirop ne put empêcher sa mine de s'assombrir... Qu'est-ce qu'il le jalousait... Il avait tout pour lui : fière allure, beau visage, taille raisonnable, poids plus que raisonnable...Et en plus semblait doter d'un vrai esprit d'aventurier avec son propre code, ses propres valeurs... Sirop souffla pour se donner du courage puis éperonna son cheval pour arriver à la même hauteur que le bellâtre, et après avoir jeter un coup d’œil autour pour être sûr que personne n'entende, commença à parler à voix mi-basse :

"Mathis ? Je pense à ce que vous m'aviez dit alors que nous étions encore à Fan-Ming, sur le point de partir... juste après qu'Egregor nous ait "montré" en vous utilisant comme ...hum... cobaye, ses pouvoirs..."

Le Sinari se tut quelques secondes pour puiser le courage nécessaire à la formulation de la suite de sa tirade... ce n'était pas facile pour lui en ce moment de poser la question qu'il allait poser...

"Que...herm...que pensez-vous de la peur ?"

Au lieu de le jalouser amèrement et de le détester, Sirop avait plutôt décider que Mathis, ayant tout pour lui, serait une sorte de modèle. Ce gus étant en tout points supérieur au Sinari, il serait stupide de ne pas lui demander conseil et d'apprendre de lui des choses qui le ferait devenir un véritable aventurier.

(((EDIT :Je le précise, Sirop a prit les quatre autres gourdes d'alcool pour les mettre dans son sac)))

Laissant ma jument rousse adopter son propre rythme de marche dans les sentiers enneigés, j’écoutai la réponse du jeune homme à ma question concernant sa monture. D’un ton neutre et froid, Azra raconta sa petite histoire. Curieux dans connaître un peu plus sur ce jeune homme qui me semblait suspect, je l’écoutai attentivement. Le voyage s’annonçait long, autant en profiter pour analyser mes compagnons de route.

C’est ainsi que j’appris que ce nécromant capturé par les habitants d’Omyre se retrouva dans une arène appelé à combattre. Il vainquit un cavalier zombie et dompta sa monture. D’autres combattants le blessèrent et il perdit conscience. A son réveil, il se retrouva dans une mangeoire des loups en guise d’amuse-gueule. Si ce n’avait été de la présence du loup qu’il avait apprivoisé, il aurait rejoint le monde des morts. La vie sauve, il prit la fuite à dos de son nouveau compagnon.
Je n’avais émis aucun commentaire tout au long du récit, et je n’en fis pas davantage à la fin. Cela ne signifie pas pour autant que je croyais à toute son histoire. Dompter une bête sauvage en si peu de temps me semblait peu crédible. Je gardai mes réflexions pour moi et laissai le jeune homme déblatérer sur l’inutilité de la beauté. Puis le jeune homme ralentit le pas pour garder la queue de la file et discuter avec l’assassin.

Pour ma part, je conservai ma place au centre du convoi, protéger par les vents de devant autant que ceux de face. Emmitouflé dans ma cape de fourrure, je gardais le cap, attendant impatiemment une température plus clémente. Ce qui ne tarda pas d’arriver. Peu à peu, la neige dense se raréfie.

Alors que je ne m’y attendais point, le hobbit talonna sa monture pour se placer à ma hauteur. Le voyant hésitant, je le saluai poliment d’un signe de tête puis attendit patiemment qu’il se résigne à me dévoiler ce qui semblait le tracasser. A voix plutôt basse et saccadée, il me rappela ma mésaventure de la journée précédente, plus précisément ce moment où l’Essotherien sans raison valable, s’était servi de ses pouvoirs magiques pour manipuler outrageusement mon sang.

Après quelques secondes d’hésitation, le petit homme se décida à me poser sa question. Il souhaitait que je lui expose en détail ma théorie sur la peur. Assez content de la crédibilité qu’il semblait m’accorder, je ne me fis pas prier pour lui répondre.

« Avoir peur est une sensation des plus normale et essentiel à la survie. Contrairement à ce que les gens pensent, avoir peur n’est aucunement un signe de lâcheté, mais démontre plutôt une vision réaliste de la situation. Le plus difficile cependant et de canaliser cette peur, la contrôler afin d’éviter de nous faire submerger. »

Sirop avait d'abord craint que Mathis ne le traite avec dédain, sévérité ou colère comme le faisait Egregor, Marla ou encore Chihiro à cause de ses agissements de parfaits couards ou qu'au moins il lui jetterait un regard condescendant, mélangé à de la pitié. Mais Mathis semblait quelqu'un de bon jusqu'au plus profond de l'âme qui ne semblait pas juger les gens ni sur l'apparence, ni sur les ragots qui circulaient...ou alors n'était-il tout simplement pas au courant que lui, Sirop Papum de Shory avait préféré se cacher dans de la neige au lieu de défendre la Princesse Honoka. Cette dernière, au grand soulagement du Sinari n'était d'ailleurs pas revenu sur ce qui s'était passé hier soir et le Hobbit se promit d'aller lui présenter des excuses à elle et Chihiro pour son comportement. Histoire qu'il n'y ait plus aucun malaise.

Sirop écouta donc les paroles bien formulées du beau-gosse avec beaucoup plus d’intérêt que la présentation de la cité d'Andel'ys de la Princesse plus tôt dans la matinée et à peine Mathis eut terminé sa dernière phrase que le petit Hobbit le questionna à nouveau, comme un petit garçon qui demanderait à un magicien comment il faisait pour faire apparaître un lapin de son chapeau, se fichant à présent qu'on l'entende :

"Et comment vous faites ça ?"

Car si pour Mathis, la peur n'était pas quelque chose de négatif, il disait aussi qu'il ne fallait toutefois pas la laisser contrôler ses actes. Et c'était bien là le problème du petit Sirop...

Karin répondit que les hommes-pâles ne les connaissaient que de réputation, ce qui était plutôt rassurant. Faisant bondir Ombos dans la neige, Azra rejoignit le capitaine pour lui expliquer que normalement, les bandits ne poseraient pas de problème.

« Gardons les en arrière, qu'ils ne se fassent pas trop remarquer, et ils devraient pouvoir embarquer, si nous obtenons ces navires... »

C'était déjà un poids de retiré des épaules du garçon. Il s'éloigna, sans attendre spécialement de réponses.

(Quand je pense que nous peinons pour avoir quelques alliés alors qu'il nous faudrait une armée...)

(La guerre n'est jamais une chose facile, crois en mon expérience ! Expérience que ne te sera que peu utile, je le crains, dans ce monde si différent... En attendant, peut-être devrais-je aller parler à ma... consœur...)

Bien que guère enthousiaste à ce sujet, Azra accepta de s'approcher de la shaakt. Elle avait le regard dans le vide, sans doute un peu comme lui quand il discutait avec un de ses hôtes intérieurs. Il la regarda, sans pouvoir retenir un petit sourire, mais ce fut Arek qui prit la parole.

(Salutation ! Tes fluides me sont familiers, alors que j'ai connu peu des nôtres... Tu ne sembles pas encore complète... non-nommée... Moi, j'ai été Sombraran, Noerkar-au-ailes-noires et Selkis le mangeur d'âmes, peut-être, sous un de ces noms m'as-tu connue ? Aujourd'hui je suis...)

Elle émit un petit soupir résigné.

(… Arek.)

La chevauchée se déroulait sans encombre, à mesure que les heures passaient, la neige se faisait plus légère, plus éparse, pour finir par presque disparaitre, soulageant quelque peu la vue de la shaakt. Marla ne pouvait s'empêcher de penser à ses ancêtres. Ce sujet ne l'avait aucunement fasciné puisque personne de cette époque maintenant révolue était encore en vie.

(Comment était Faerlynle de ton temps?)

(Je ne peux te répondre précisément, autre temps, autres mœurs et par conséquent des réactions différentes. Mais ses croyances étaient une flamme qu'on ne pouvait éteindre. Elle serait morte pour elles.)

La shaakt songea à ce que cela signifiait, elle qui avait fui sa maison, la laissant aux mains de ses rivales, elle voulait y retourner et se venger, les faire tomber une par une. Seule l'ainée été tombé dans le temple hors de Khonfas.

(Et que penses-tu de mon souhait de rejoindre ma tante à Gwadh et reprendre ce qui me revient?)

Mais aucune réponse ne vint, se souvenant des échanges précédant concernant l'avenir, Faerlynle ne voulait pas lui répondre, la shaakt commençait à comprendre le fonctionnement des faeras, petit à petit. Elle s'extirpa de ses pensées quand l'omyrien arriva à sa hauteur. Seulement ce ne fut pas lui qui parla... Elle venait d'entendre une autre voix, elle savait que quelque chose clochait et s'empressa de saisir son arbalète, seulement la puissante voix de Faerlynle l'en empêcha.

(CALME! Sombraran...il me semblait bien que c'était toi...La dernière fois que nous nous sommes rencontrées était lors de l'assaut du cœur du monde il me semble...Dar-Kunor était mon nom en ce temps la...Plus tard Yathrin...Ton nouveau nom ne semble pas te plaire...Arek, mais tu peux me nommer à partir de maintenant Faerlynle T'rilynnillee)

Les questions se bousculaient dans l'esprit de la shaakt et la réprimande de Faerlynle vis-à-vis du flot de questions, venait de la déstabiliser. Elle savait que le nécromant y était pour quelque chose et elle le regarda d'un air sombre, comme si, celui-ci, était la cause de tous ses malheurs.

Une voix arrogante gronda :

(CALME! Sombraran...il me semblait bien que c'était toi...La dernière fois que nous nous sommes rencontrées était lors de l'assaut du cœur du monde il me semble...Dar-Kunor était mon nom en ce temps là...Plus tard Yathrin...Ton nouveau nom ne semble pas te plaire...Arek, mais tu peux me nommer à partir de maintenant Faerlynle T'rilynnillee)

Pendant un instant, Azra resta interdit, puis il comprit qu'il venait d'entendre la faera de la shaakt. Mais qu'était donc ce « cœur du monde » ? Il se souvenait vaguement d'une légende, en rapport avec Phaïtos, Thimoros et Meno, le dieu du feu...
Arek dû être perturbée car le bracelet du jeune homme lui transmis une sensation bizarre, et, malgré la luminosité de la neige, il devina que les yeux du corbeau s'étaient brièvement animés d'une lueur rouge.

(Dar Kunor... ou Faerlynle T'rilynnillee... tu fus servante de Thimoros... J'étais la fidèle suivante de mon premier maître, Phaïtos.)

Azra sursauta. Arek ? La faera d'un dieu ? Bien que ce ne soit pas une nouvelle, il prenait enfin pleinement conscience de l'ancienneté de sa compagne. Elle parlait d'une voix mélancolique, comme d'un bonheur perdu.

(Sombre période, et glorieuse aussi. Lorsque je m'infiltrais au cœur du domaine du seigneur des flammes pour... Mais peu importe, c'est du passé.)

(Quoi ! Qu'est-ce qu'il s'est passé !) s'exclama Azra.

Mais elle ne lui répondit pas. Elle poursuivit :

(Ta nouvelle maîtresse semble en avoir après mon maître. Puisque nous nous battrons à nouveau côte à côte, ne pourrais-tu la calmer ? Et nous partirons au combat ensemble, comme au bon vieux temps... même si c'est à travers nos instru... nos hôtes !)

Le cœur d'Azra fit un bond. Il repensa à ce shaakt manipulé et douta une fois de plus de l'honnêteté des intentions d'Arek.